Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeMar 6 Nov 2012 - 19:22


L’odeur de l’herbe, son crissement au contact de ses griffes, ses pieds qui s’enfonçaient dans un nid de mousse, la texture rugueuse des racines, des troncs, des branches, toutes ses sensations exaltaient Elandril toujours plus. Depuis qu’il était rentré de la Péninsule, il n’avait de cesse d’avoir l’impression de renaître. De redécouvrir la Prime Forêt d’un œil tout nouveau. D’abord, il était rentré d’Olyssea. Déchu, souffrant, honteux et renié. Puis il s’était repenti et Celle-Qui-Marche-Dans-La-Brume lui avait pardonné, l’avait lavé de tous ses pêchés. Alors il avait pu revivre. Sentir la Symphonie, plus forte que jamais. En Terres Humaines, il avait été sourd, son oreille meurtrie des cris agonisants de souches et de champs labourés. Maintenant qu’il était retourné chez lui, ses sens s’étaient vus décuplés. Ensuite vint le Loup. La Bête, celle qui était réelle, celle qui l’observait de ses yeux suppliants, la fourrure entachée de sang coagulé. Elandril avait su de suite ce qui convenait de faire. Il devait offrir, à tous les deux, une nouvelle résurrection. Alors, il l’avait accueillie en son sein. Loup et Bête ne faisaient plus qu’un.

Le corps du Loup prit une embardée, vira à l’angle d’un grand chêne et redoubla d’allure. Ses muscles dansaient sur son échine. Il semblait savoir pertinemment où aller. Un regard en arrière lui assura qu’il n’était pas suivi, que sa meute était restée sur place, tel qu’il leur avait fait comprendre. Elandril savait que les loups mages étaient des créatures solitaires, mais l’influence d’un elfe dans l’esprit de la Bête avait du bouleverser les lois de la nature. Et c’était bien contre son gré qu’elle était devenu chef de meute. Le Loup avait bien tenté de s’en débarrasser, de fuir, mais c’était l’Elfe qui l’avait retenu, maintenant qu’il arrivait à contrôler son totem. Elandril, qui avait vécu son enfance parmi les loups, sauvage.

La route du Roux le mena à longer le cours d’une rivière, qui serpentait tortueusement à travers la forêt épaisse. Pas loin, les troncs décimés de Wyslena, recouverts d’une nouvelle jeunesse, paraissaient le scruter. Il sentait leur présence, dans l’air, dans la Symphonie. Leur souffrance s’était muée en chant de vie, et la sève n’avait laissé que peu de marques. Anaëh récupérait si vite ce qu’on tentait de lui arracher. C’est à cet endroit, devenu presque sanctuaire, que se retrouva le Loup. Le calme s’était fait roi et il y régnait une espèce d’atmosphère religieuse. Parcourant les quelques pas qui le séparaient de l’eau, il se mit à s’abreuver à longues lampées. Le liquide frais le réveilla. Il avait un goût de roche, de mousse, de moisissure, de poissons et de cuivre. Ses papilles l’alertèrent lorsqu’il ressentit la saveur si caractéristique du sang. Relevant sa gueule dégoulinante d’eau, le Loup huma l’air. Ce n’est pas loin. Prudent, le Roux remonta le fleuve vers l’amont, en marchant sur la terre pour éviter d’alerter quiconque de ses éclaboussures. Quelques pas lui suffirent pour retrouver, derrière un fourré, un daguet agonisant, qui se vidait de son sang dans le lit de la rivière. Lorsqu’il aperçut le Loup, l’animal blessé tenta de se dérober mais à l’évidence, la patte rompue, les os à l’air et l’estomac vomissant de viscères, il ne pouvait aller très loin. Puis leurs regards se croisèrent et il se calma, sachant que tout était fini pour lui. Le Loup s’avança à pas feutrés, veillant bien à ne pas souiller son poil de sang. Il approcha sa tête velue du jeune daguet. Rien ne bougeait. Alors, leurs gueules se touchèrent, presque amoureusement. Le museau rencontra la truffe du cervidé et resta posé un moment, le souffle chaud du loup se déversant sur l’animal, comme s’il déversait en lui une paix intérieure nouvelle. L’animal ferma doucement les yeux. Alors, d’un mouvement doux et minutieux, ses crocs se refermèrent sur son cou et le Loup lui offrit un repos éternel.

Le daguet n’avait presque pas bronché. Il savait que l’on ne pouvait plus rien pour lui, que la vie lui échappait tout aussi vite que ses entrailles. Le Loup n’avait fait qu’abréger ses souffrances. Maintenant, il allait devoir honorer son corps. Transformer sa chair en force, qu’il revive à travers lui. Il commença par la viande de l’abdomen, les viscères, avant qu’elles ne glissent dans le courant. Puis griffa les membres, pour les décrocher du corps. À chaque bouchée, le Loup redevenait Elfe. Les poils se raccourcissaient. Ses doigts aux ongles encore longs et durs s'agrippèrent au daguet. Les crocs mastiquaient, mais sa mâchoire rapetissait doucement. Le Roux mua si bien que, lorsqu’un bruit se fit entendre derrière lui, ce fut un Elandril barbouillé de sang qui pivota sa tête d’un mouvement vif.

Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Taurë
Elfe
Taurë


Nombre de messages : 142
Âge : 34
Date d'inscription : 03/09/2012

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 713 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeMer 7 Nov 2012 - 8:34

Toute cette vitalité, ce dynamisme ! Quelle force se dégageait de chaque détail de ce majestueux tableau, dressé en aval de la Gardienne. Le flot du ruisseau presque rivière, impétueux et pur comme la Forêt, le chant des quelques oiseaux présents, eux aussi admirant le spectacle, les chétives branches pliant sous la force du vent soufflant ; c'était toutes ces choses, aussi simples, banales soient-elles, qui faisaient de l'Anaëh, un véritable lieu de bonheur, un refuge et une forteresse sûre. Assise sur une haute et large branche d'un noyer, Taurë admirait ce spectacle. Il ne s'y passait rien, à part l'indétrônable bruit du grand ruisseau, dont les flots se brisaient avec une grande force sur les rochers voisins. Les arbres contaient à la Gardienne le passé de cet endroit ; il y avait eu de très belles choses, et des attristantes. Bercée par la mélodieuse psalmodie des noyers, chênes, et autres ébéniers, arbres fruitiers ou saisonniers, ce fut le départ en vol des oiseaux présents qui ramena l’Élue de la Mère à sa conscience.

Elle s'adonnait souvent à de telles escapades mentales, laissant la sève la plus profonde des arbres la sonder, en comprendre les moindres secrets, dont seule elle était la détentrice. La Gardienne s'en abreuvait comme d'un nectar inéluctablement nécessaire à toute survie, la sienne passant par dessus tout. Clignant quelque peu des yeux pour retrouver une « vision » saine, la Choisie ne s'arrêta tout de même pas d'écouter les arbres ; car sinon elle n'aurait pu entendre ce que ces derniers s’empressèrent de lui chuchoter : un loup se tenait dans le lit du ruisseau, s'abreuvant comme la Nature le voulait. Ils lui communiquèrent où il se trouvait, et ainsi Taurë put aisément dessiner mentalement la position du ruisseau, celle des arbres et enfin, celle du loup. Se penchant, tout au plus, de quelques centimètres, elle descendit d'une branche sur laquelle, une nouvelle fois, elle s'installa, tout en regardant la créature s'abreuver.

Sans savoir pourquoi, elle le vit lever soudainement la tête. L'avait-elle effrayée ? Elle demeura immobile, adossée à l'arbre. Elle se refusait de communiquer avec le loup. Le spectacle qu'il offrait à la Gardienne ne se devait pas d'être rompu par cette dernière. C'était une grande vision, qui en appelait à tous les sens. L'ouïe, par le chant des oiseaux et la force du fleuve, l'odorat, par les arômes que dégageaient muguet, jasmin et roses. Le toucher, car l’Élue se tenait adossée à un arbre, et en appréciait la rugosité des branches. Le goût, car Taurë profitait pleinement de quelques baies trouvées ci et là. Et tout cela, ces quatre sens et à l'aide des arbres, permettaient à la Choisie de se peindre le tableau, parfait et sans tâches. Elle revint à elle lorsque la chétive créature s'élança entre quelques arbres, afin de pénétrer dans une clairière, plus bas, à quelques mètres de la Gardienne.

Là, un spectacle plus représentatif de la Nature encore se dressa face à Taurë, par la vision que la Symphonie lui offrait. C'était un animal inoffensif, blessé de surcroît, blessé, mourant et condamné. Si la Gardienne savait depuis quelques minutes sa présence, elle ne s'était pas déplacée pour le sauver : si la Prime Déesse créa ainsi ces animaux, pour servir de nourriture à d'autres, qui était la Gardienne pour oser défier ce cycle ? Elle demeura sur la branche, renfermant ses moindres gestes, afin de ne point effrayer le loup dans son repas. De nouveau elle se dressa un portrait, mais qui fut rapidement biaisé et faussé, au fur et à mesure que la Symphonie lui apprenait qu'elle ne regardait non plus un loup, mais un Elfe. Un Druide ! Un Être de la Forêt, comme son propre père. En souvenir de son père, qu'elle n'avait pas revu depuis maintenant trente décennies, elle saisit délicatement sa petite harpe, et, ne craignant plus de gêner le jeune Druide, entama une douce mélopée.


A l'entente de la mélodie, le Druide vira sa tête vers la Gardienne. Elle ne s'arrêta pas pour autant de jouer. Elle laissait ses doigts glisser sur les cordes du petit instrument de poche, qui, une fois son utilisation achevée, le rangea à sa ceinture, avant de descendre doucement de l'arbre. Pieds à terre, elle sentit l'herbe se pencher sur ses orteils, les fleurs se pencher comme pour réclamer son attention. Elle s'approcha de ce qui restait du daguet, adressant un sourire à l'inconnu qu'elle ne saurait voir, sinon s'imaginer son apparence. Elle mit les deux genoux au sol, puis posa ses fesses sur ses talons, avant de tourner le regard vide vers l'Elfe.

« Tol rhûn unqualë ette andave, jünià lepse onna melià sulca ñwalme. Sölà anïlmïe aundä ? »
Agonisant ici depuis longtemps, il doit t'être reconnaissant à présent. Comment te nommes tu ?
Revenir en haut Aller en bas
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeJeu 8 Nov 2012 - 21:37



Une Elfe.

La créature le dévisageait de ses yeux d’émeraude, mais Elandril ne bougea pas d’un cil. Elle dégageait une aura particulière, qui semblait déteindre sur la Forêt, les plantes, toute la vie autour d’elle, une aura à la fois familière et étrangère. Lorsqu’elle vint s’approcher de lui, le druide recula, recroquevillé, pour échapper à son contact, laissant derrière lui les ossements rougis du daguet. Il tenait à laisser une distance suffisante entre eux. Elandril n’était toujours pas habitué au contact social. Toujours reclus, isolé de toute les civilisations, il avait appris à craindre l’Étranger et ne vivait que de la Prime Forêt. Quelques Elfes seulement avaient réussi à gagner sa confiance. Alors, il pouvait se montrer jovial, drôle et joueur. Mais cette facette là d’Elandril n’était offerte qu’à un petit nombre de privilégiés.

« Pourquoi tu l’as pas libéré de son martyr, si t’es ici depuis un moment ? »

L’elfique du sylvain était sec et dur. À l’évidence, il ne savait pas à qui il s’adressait. Mais quand bien même, c’était sa façon à lui de s’exprimer à ses semblables. Craintif et indélicat. Il regardait le visage serein de l’elfe d’un air méfiant et restait là, sur ses quatre membres, complètement nu. Seule une cape de poils drus et roux était maintenue à son cou par un os blanchâtre, lui faisait plus l’effet d’une seconde peau que d’un vêtement, mais ne cachait rien de son intimité. Elandril s’était bien rendu compte que, ces derniers jours, la Symphonie s’était fait plus retentissante, plus forte, plus puissante. Mais comme lors du Voile, quand tout avait été bouleversé, il n’avait su si c’était un bon ou au mauvais présage. La magie qui s’était installée sur Miradelphia n’avait pas fait que renaître l’Anaëh, elle était également à l’origine du schisme d’Elandril. Sans le Voile, la Bête n’aurait jamais existé, les Olysséens jamais assassinés, mais sans le Voile, il n’aurait jamais été druide.

« Comment je me nomme n’a aucune importance. Je suis Elfe. Je suis Loup. Un fils de la Mère. Un être peuplant l’Œuvre, comme je vis à travers Elle. Là est tout ce qui compte vraiment. La question est, qu’est-tu ? »

Décidément, sa curiosité avait pris le dessus. En temps normal, il aurait fui le contact et le dialogue. Mais cette elfe l’intriguait. Il pouvait sentir son aura à quelques mètres d’elle, sans s’approcher. Sentir la Symphonie en émoi, les végétaux excités et les animaux agités. Et lui, il était le félin qui s’approchait lentement, précautionneusement, rasant l’herbe pour s’approcher d’une créature qu’il ne connaissait pas.


Spoiler:

Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Taurë
Elfe
Taurë


Nombre de messages : 142
Âge : 34
Date d'inscription : 03/09/2012

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 713 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeVen 9 Nov 2012 - 8:23

Taurë fut quelque peu...surprise de l'écartement dont le Druide fit preuve vis à vis d'elle. La Gardienne savait que les Druides, bien qu'ils comportent une part Animale en eux, ne se comportaient pas comme celui ci se tenait en sa présence. Il se sentait proche de la Nature - en devenait même naturiste, selon les Gens de la Forêt - et faisait preuve d'une dévotion digne des Druides. Défenseurs des Forêts, Êtres cultivés et respectés, solitaires pour l'immense majorité des cas...le Druide qui se tenait croupi face à elle ne cessait de lui rappeler son père et l'enseignement qu'elle avait reçu de lui avant d'être envoyée dans la Forêt. Elle se perdait au loin dans ses pensées, mais revint vite à la réalité lorsqu'une question lui fut posée.

« Ce n'est pas mon rôle de briser le cycle de la Nature. Il fut attaqué par une autre créature de la Mère. La Nature veut ainsi les choses, que certains soient les proies des autres, qui suis-je pour l'envoyer dans l'Au-Delà ? »

La sécheresse dont faisait preuve le Druide n'était pas le ton dont Taurë avait l'habitude qu'on lui parle, du temps où elle n'était qu'une simple Immortelle ou pas. C'était amusant comme tout de voir comment un Être de la Forêt parlait, sans savoir, vu sa seconde question, à la Gardienne de la Nature. Qu'il lui parle abruptement, cela était excusable, tant qu'il demeurait poli. Mais la réponse du Loup, comme il se désignait lui même, ne convenait pas à ce que Taurë avait demandé. Du même ton de voix, calme et monotone, un brin poétique tel une psalmodie, elle lui adressa ces mots, en tournant ces yeux vides d'émeraude vers lui.

« Tes paroles honorent une dévotion sans failles. Mais je ne t'ai pas demandé ce que tu étais. A défaut de voir, ce sont les Arbres, les Gens de la Forêt, qui me parlent et me guident. Tu me demandes ce que je suis, et je te réponds : je suis le Vaisseau de la Mère, la Choisie de l'Aînée, l’Élue de la Nature, la Gardienne de Kÿria. »

Le Vaisseau se tourna alors vers le Druide. Les Arbres parlaient de lui, et contaient une histoire triste, sanglante et mouvementée. Il était mention de l'ancienne Gardienne de la Nature, celle qui l'avait précédée. La Gardienne, après avoir clos les yeux du daguet mort depuis quelques minutes, se releva, marchant doucement dans la clairière, non en direction du Druide, qui tel un animal, semblait peureux, distant, et donc dressait ses défenses qui demeuraient verbales. S'emparant d'une baie et après l'avoir goûté, l’Élue se tourna de nouveau vers le Loup. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle voulait savoir, et pour cela, elle redemanda :

« Quel est ton nom, Druide ? »

Revenir en haut Aller en bas
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeLun 12 Nov 2012 - 23:21



Ainsi donc c’était elle. L’Élue de la Mère. Les Bras de la Forêt. La Colère de la Nature. La Voix, Celle-Qui-Guide. Tant de puissance, reposant sur les minuscules épaules de cet elfe. Son image différenciait tant de la Blanche-Elfe, qu’Elandril n’avait d’abord rien vu. Il était devenu sourd à cause de la frénésie de la Forêt, son instinct animal prenait parfois le dessus. Mais si cette Elfe ne se déplaçait pas dans un halo de brume, de parlait pas d’une voix lointaine, le visage pâle et les mots pleines d’une sagesse ancestrale, le Roux ne pouvait plus douter de l’identité de son interlocutrice. Il fixa ses yeux verts d’un air curieux et intéressé, comme un prédateur se serait approché d’une proie plutôt succulente, comme s’il tentait de lire en ses prunelles aveugles, les mots muets de la Mère.

« Ma génitrice me nomma Elandril, puisque t’y tiens. Elandril Lorin Lothinaël. Le nom de Lothinaël devait être familier pour la gardienne, mais le Elandril n’en tint pas rigueur. Si elle changea d’expression, il n’y fit pas attention. Mais les noms comptent pas. Sang n’est qu’Œuvre. Œuvre est tout ce qui importe. Aujourd’hui, je ne suis que Loup. Essence de Forêt. »

Il n’avait pas parlé depuis si longtemps à ses semblables, que le son de sa voix était même étrange à sa propre. Ses mots étaient déformés d’un accent fort et indescriptible, comme s’il ne savait plus très bien parler l’elfique. Mais c’était le Loup qui s’exprimait là. Le Roux s’arrêta un instant et s’approcha de la gardienne, d’un pas furtif. Il s’approcha d’elle, si près qu’à un instant, on eut l’impression qu’il allait l’embrasser. Mais non, il n’en fit rien. Si Elandril avait embrassé l’Hirondelle, c’était qu’il avait senti le Lien s’établir entre eux. Non. Le Roux se contenta ici de sentir son visage. D’humer son parfum, s’imprégner de l’odeur de ses cheveux. La Femme-Elfe aurait pu se sentir humiliée ou offensée, mais il n’en avait cure. Ses narines se dilatèrent au fur et à mesure qu’il découvrait la gardienne. Son flair les dispensa de présentations, son odorat lui apprenait tout ce dont il voulait savoir. Cela dura un court instant mais qui devait paraître éternité. Elandril sentit l’odeur de pin et de sève. D’herbe sur ses pieds et de parfum doux de femme sur son corps. Une fois qu’il eut empli ses poumons de son essence, il s’éloigna lentement, replongeant ses yeux dans ceux qui étaient opacifiés d’une couleur verte.

« Est-ce vraiment Mère qui loge dans tes prunelles ? Est-ce vraiment la Créatrice qui guide tes pas, qui vit à travers toi, Verte-Elfe ? Tes mots te sont-ils murmurés par Sa Douce Voix ? Qu’as-tu donc fait pour t’attirer les faveurs de Notre Mère ? Pourquoi est-tu venue au Roux ? »

Tant de questions, qui n’attendaient pas forcément de réponses. Le Loup s’exprimait dans beaucoup d’entre-elles, et Elandril n’avait pas réussi à calmer sa curiosité. C’était la première fois que le Roux rencontrait une Gardienne. Certes, il avait connu Aerlinn, qui était son Maître, mais il émanait d’elle une étrange aura à chaque fois qu’il se retrouvait en sa compagnie, aura qui n’était pas la même qu’avec la Verte-Elfe. Peut-être était-ce parce qu’elle était encore jeune ? La Forêt ne chantait le retour de la gardienne depuis seulement quelques jours. Il était peut-être bien le premier à rencontrer cet être.

Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Taurë
Elfe
Taurë


Nombre de messages : 142
Âge : 34
Date d'inscription : 03/09/2012

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 713 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeMar 13 Nov 2012 - 20:00

La voix rauque de l'Elfe, qui s'était lui même nommé Elandril, résonnait comme tranchante dans les oreilles de la Gardienne. Comme un novice dans l'apprentissage de la langue de la Prime Race, celui qui préférait se voir nommer « Loup » parlait comme un ignorant de la syntaxe de l'Ancienne Langue, en phrases saccadées et tranchées. Mais l’Élue ne s'en souciait point. Taurë apprenait peu à peu à écouter les contes que les Gens murmuraient à ses oreilles. Si le Vaisseau ne connaissait point de Lothinaël, ce nom n'était point inconnu aux Gens, qui de leur douce et harmonieuse psalmodie, lui contèrent de qui le Loup était le fils.

« Tu n'es pas inconnu de la Forêt, Elandril Lorin Lothinaël, ni toi, ni ton nom, car celui ci est gravé dans la mémoire de l'Anaëh. Les noms comptent, jeune Druide, car ce sont eux qui sont portés par leurs détenteurs, et ce sont eux qui laissent leurs empreintes dans le passé. Si Loup est ce que tu es, alors Loup sera ton nom, et c'est ainsi que l'Anaëh se souviendra de toi, et c'est comme cela, lorsque le moment sera venu, que la Mère t'appellera lorsque tu seras à ses côtés. »

Ce qui suivit ne fut pas sans étonner la nouvelle Gardienne. Comme une bête qui flaire une menace, ou quelque chose ou bien quelqu'un qui l'intrigue, l'Elfe s'approcha de l'Elue immobile toujours à moitié allongée dans l'herbe, et de ses narines, parcourut le corps frêle et chétif du Vaisseau immobile. Si cela l'a surpris, elle n'en fut pas pour autant dérangée, elle en venait à considérer le Druide comme un Loup à part entière. Lorsque son visage s'approcha à quelques millimètres du sien, et qu'elle sentait le souffle de la Bête, palper l'arôme de fauve que dégageait Elandril, Taurë ne sut comment agir. Même si elle n'en montra rien, elle resta figée quelques instants, car Lothinaël était le premier homme à l'approcher d'aussi prêt. Pas même son père, et encore moins son frère ne l'avaient dispensée d'accolades, et aucun mâle ne pouvait se vanter d'avoir frôlé le visage de l'Elfe, pour la simple raison que jadis à la cour, on la craignait et on ne l'appréciait guère. Cependant, elle ne laissa rien paraître, et ne souffla pas de soulagement lorsqu'elle sentit la proximité se rompre, pour se succéder à une série de question.

« Je suis les Pupilles de la Mère, Ses mains, Sa voix et Sa volonté. Elle peut parler à travers moi, guider mes pas et ma volonté, m'ordonner et me parler. C'est un Honneur immense que de La savoir perchée au dessus de mon épaule, et tout comme elle me guide, Elle m'a menée vers toi, cela, j'en ignore les raisons. Elle nous regarde sûrement en ce moment, Lothinaël. Quand au pourquoi de mon Élévation...mes actes furent toujours réfléchis afin que leurs conséquences soient bonnes pour le Peuple de la Mère. A cela, rajoute que de mon père et des Aleyïa Adäm, je tiens un savoir immense sur notre Mère. Et toi, dis moi, que fais tu dans la Forêt ? Guides-tu tes semblables ? Les conseilles-tu ? Fais-tu honneur à la Mère ? »

Revenir en haut Aller en bas
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 12:06



« Si je fais honneur à Mère ? »

Le Roux manqua d’éclater de rire, lorsqu’il entendit les questions de la Verte-Elfe. S’il s’abstint, un sourire s’étala tout de même sur son visage, dévoilant des dents légèrement jaunies. La question lui semblait si ridicule. Voulait-elle faire allusion à son passé ? À la période sombre de sa vie où il était déchu, où il avait trahi ses Frères-Bois pour s’enfuir poursuivre leurs bûcherons ? Faisait-elle allusion à sa folie incontrôlable, qui avait causé la perte de nombreux Humains ? Elandril sentait encore le goût de leur sang, si amer et si cuivré, sur sa langue. C’était comme un souvenir à moitié effacé, mais qui luttait toujours et encore pour s’accrocher au présent.

« Si t’es que le jouet de Mère, qui es-tu pour me demander une chose pareille ? Seule Elle peut juger si je suis digne de Sa fierté. Ni toi. Ni moi, Verte-Elfe. La Créatrice peut parler par tes lèvres, mais là, c’est que l’Elfe que j’entends. »

Le Roux s’éloigna légèrement de la Gradienne, et se tourna dos à elle. Intérieurement, il sentait le Loup écouter paisiblement la conversation qu’ils avaient. Il ne pouvait s’exprimer à sa place, faute de mots. Mais ce qui voulait lui transmettre lui venait dans l’esprit sous forme d’images, de sons, qu’Elandril tentait silencieusement de taire. Il fut tenté un instant de partir. Sans dire mot. Il était las de cette conversation. Certes, il s’était montré curieux de rencontrer l’Élue de la Mère, mais s’était vite rendu compte que c’était avec l’Elfe qu’il conversait, et non avec la Déesse comme il l’aurait souhaité. Que connaissait une Elfe à son passé ? Que pouvait-elle faire pour lui, sinon écouter inutilement ses mots ? Même le Tigre n’avait pu rien faire, si ce n’est que faire empirer les choses. Non, Elandril avait perdu toute confiance à son peuple originel. Il était déçu, las.

« Druide n’est pas guide. Loup l’est encore moins. Je suis Gardien de la Forêt. Protecteur de l’Œuvre. Je ne mène que mon Sang. Seule sa Création importe ; le Chêne, la Fougère, la Mousse, l’Aulne, le Laurier, la Souris, le Renard, le Lapin, Faune et Flore. Les Oreilles-Pointues n’ont pas besoin de mon aide. Ils ont choisi leur propre voie, guidés par prêtres. J’aide dans le besoin, mais je guide pas. Je ne suis plus l’un d’eux. Un os brisé pour chaque brindille rompue. T’y connais rien, Verte-Elfe. Seule Mère sait. »

Être Elfe était plus une honte qu’une fierté, pour Elandril. Il y avait beaucoup de choses qu’il ne pouvait assumer, des choses faites par ses Dits-Frères, une Histoire, un Passé, une Culture. Son nom avait été donné par ses parents, nom qui était intimement lié à son passé, à ce qu’il était sensé être. On avait tenté de décider pour lui, de lui coller une étiquette, mais le Roux avait choisi une toute autre voie. Et à aucun moment il ne regrettait son choix, car il savait que c’était le bon.

« Mais si je fais honneur à Mère, si tu veux savoir pour de vrai, écoute au fond de toi, Verte-Elfe. Écoute vent, murmures, chant, feuilles, herbe, pluie. Écoute mots soufflés par Elle seule, qui retentissent en toi. Peut-être Elle te dira si je mérite Sa satisfaction, Son estime ou … Sa déception. Peut-être pas. Mais me demande pas à moi de te dire à Sa place. »

En parlant, Elandril s'était retourné. Et sur sa dernière phrase, il planta ses yeux mordorés sauvages dans les yeux verts de la Verte-Elfe. Si le Roux ne craignait absolument pas la Gardienne, il était littéralement effrayé par ce que penserait la Créatrice de lui. De son passé, de son schisme, sa folie. Allait-Elle Se montrer compatissante, même après tout le sang qu’il avait versé pour se venger de chaque sève écoulée ? Allait-Elle lui pardonner, enfin lui accorder Son pardon, pour le salut de son esprit ? Personne ne pouvait savoir.
Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Taurë
Elfe
Taurë


Nombre de messages : 142
Âge : 34
Date d'inscription : 03/09/2012

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 713 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 13:20

Quelle désillusion cruelle. Après avoir passé près de deux siècles en étant la victime de critiques acerbes, de paroles armées de piques à son égard, assaillie de tous les côtés, même par ceux pour lesquels elle aurait volontiers donné sa vie, l'ancienne conseillère avait erré seule avec pour unique compagnie les Arbres pendant onze longues années, sans rencontres ni contact avec ses semblables, et voilà que devenue Gardienne, un Druide, un être comme son père, détenteur du même savoir qu'elle, sinon inférieur, l'un de ceux qui lui doivent le respect, elle n'en reçoit que des leçons fortement mal dispensées quand à leur destinataire. Pour toute réponse à sa question, elle ne reçut qu'une longue tirade, qui pouvait se résumer par « Demande à ta Mère », ou, dans le cas présent, « Demande à notre Mère ». Était-il donc si ignorant de ses propres actes, au point qu'il nécessitait un témoin, un héraut pour raconter sa vie ?

« Elandril, aurais-tu oublié, que parmi la Création de la Mère, nous en faisons également partis ? Que le Peuple Immortel fut façonné de Sa main, que nos premiers frères qui arpentèrent ce monde, autrefois vierge et pur, n'étaient autre que le résultat de la Volonté de l'Aînée ? Ce que tant ont oubliés, il est de ton devoir de te rappeler. »

Auparavant assise, elle se leva, laissant la Parole des Arbres la guider vers son interlocuteur. Elle le contourna, de sa démarche lente et gracieuse, gardant ses yeux sur lui. Il riva les siens sur elle également. Une fois revenu devant lui, elle se rabaissa à sa hauteur, se servant de la plante des pieds comme appui, elle plia ses jambes afin que leurs visages soient à la même hauteur. Par son immobilité, les détails contés par le Peuple des Bois se multipliaient dans leur exactitude. A présent, il lui était possible de s'imaginer les reliefs du visage, les multiples imperfections du corps du Druide...elle-même dressait une peinture de la couleur orangée de ses cheveux. Même si les Arbres parlaient, elle désirait apprendre du Druide même que trouverait-elle à questionner la Mère sur lui. Alors elle se prit dans le jeu également, et c'est avec un sourire que sa main droite s'anima pour saisir le menton et la mâchoire du Loup. Le pouce sur le côté gauche de son visage, les autres doigts à l'opposé, elle lui murmura ces quelques mots :

« Tu n'es donc pas capable de me le dire toi même ? Et que vais-je entendre, si tel est le cas ? Serais-je déçue, amusée, apeurée, surprise, satisfaite ? Parle moi, Elandril, car c'est de ta bouche, non de la Sienne, que je veux savoir cela, car ta vie est tâchée d'une marque indélébile que je ne saurais voir. »

Sa main, tenant toujours la mâchoire, glissa doucement pour ne maintenir son emprise que sur son menton. Puis sa main le lâcha, mais ne recula pas pour autant. Elle fit le tour de son visage, frôlant ses joues, son front, son nez et ses yeux, ses lèvres et ses oreilles. Elle délaissa le visage du Loup l'espace d'un instant, où elle prit le temps nécessaire pour s'allonger de moitié et replier ses jambes vers elle. S'appuyant de sa main droite sur le sol, elle garda la gauche sur sa propre cuisse, et, obliquant légèrement la tête comme par compassion, et avec un sourire semblant contenir de la pitié, elle ne lâcha que ces derniers mots en attendant la réponse du Loup :

« Que cela te plaise ou pas, tu es né Elfe, Elandril, et tu le resteras. Que tu sois Loup, Druide ou aucun des deux, tu es une Création de la Mère par ton sang, non par ton rang. »
Revenir en haut Aller en bas
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 14:41



« Je sais très bien ce qu’est la Création de Mère, t’as pas besoin d’apprendre à moi, Verte-Elfe. Mes Frères-Arbres me content leur histoire, mes Frères-Sang se chargent du reste. J’ai assez appris de ton peuple. Assez pour savoir que je en fais pas partie. Dans immortalité, offert par Tari, les Oreilles-Pointues se sont perdus. Regarde autour de toi. Peux-tu dire qu’ils sont toujours à l’image des créations de Mère ? La longue vie a changé âmes et la guerre souillé cœurs. Depuis, les grandes maisons de roche se sont élevées, plus haut que les cimes de mes Frères-Arbres. Quand Elle voulait qu’ils vivent en son Œuvre, les Oreilles-Pointes l’ont toisée, en haut de leurs constructions. Il faudrait être sourd, pour pas attendre les conflits qui troublent Chant Sacré, entre Elfes-Bois et Elfes-Roche. Même mélancolie que Chant-du-Déclin. T’as oublié que le grand fléau du monde, a été engendré par les Oreilles-Pointues ? Sa voix était dure et implacable. Le Roux ne pouvait accepter que la Verte-Elfe le força à lui dire ce qu’il était, tel que ses parents avaient voulu décider de son sort. Il n’était plus Elfe et ça, il le savait au plus profond de lui-même. Je nie pas que Oreilles-Pointues font partie de sa Création. Jamais dit. Mais, me dis pas que je faire partie de ton Peuple, Verte-Elfe. Car là, je préfèrerais mettre fin à mon sang. »

Un silence suivit ses paroles. Un silence pesant où ne retentissait que le bruissement des feuilles et le doux clapotement de la rivière. Il avait peut-être été un peu brusque envers la gardienne, mais il n’arrivait pas encore totalement à contrôler son Loup-Totem. Parfois, il arrivait qu’il réussisse à influencer ses émotions, ses mots. Et parfois encore, c’était lui qui arrivait à parler par ses lèvres. Là, Elandril était impuissant, perdant complètement le contrôle. Ce fut la Verte-Elfe qui rompit le silence. Elle se leva, doucement, puis s’approcha de lui. Encore une fois, le Roux aurait volontiers fui. Mais elle était la Gardienne. Il voulait savoir pourquoi elle était venue à lui, pourquoi Elle l’avait menée jusqu’à lui. Aussi bien que lorsque ses doigts effleurèrent sa peau, il fut tenté de mordre dans sa chair, pour punir l’être qui osait le toucher. Quel goût avait le sang d’une gardienne ? Serait-il semblable à celui des Elfes ? Mais bien que l’envie ne lui manquait pas, il n’en fit rien, si ce n’est qu’afficher une étrange expression sur son visage. Comme elle l’avait laissé sentir sa peau, le Roux la laissa découvrir son visage avec son toucher, malgré l’aversion que cela lui procurait. Sa main s’immobilisa alors, et elle se remit à lui poser de nouveau la question qu’il trouvait si stupide.

« Je pourrais te conter mon histoire, Verte-Elfe, mais je ne le ferai pas. Toi, tu demandes ce que pense Mère de moi. Mais c’est toi qui vante être Son oreille. Ses lèvres. Alors me demande pas d’être Son vaisseau à ta place. C’est ton fardeau, pas le mien. Seule Elle peut dire ce qu’Elle pense de moi. J’ai pas la prétention de savoir, ni même deviner. Quant à mon vécu, ce Chant ne te plairait pas. Il est bien trop empreint de sang, folie et haine. Trop peu nombreux sont ceux qui en connaissent la mélodie. »

Là encore, Elandril était catégorique. Seule la Blanche-Brume savait réellement le mal qu’il abritait. Et une fois Son enseignement passé, il s’était juré de garder cette partie de son histoire dans le secret. Certes, il ne l’oublierait jamais, car il savait qu’on apprenait de ses erreurs, mais nul n’était digne de savoir. Il avait déjà fait confiance, dans l’espoir d’obtenir de l’aide par le passé, mais cela n’avait fait qu’empirer les choses. Gardienne ou pas, la Verte-Elfe n’apprendrait rien de son passé. Mère savait. Et Elle n’avait pas besoin de l’apprendre des oreilles de Son vaisseau. Mais l’Elfe continua. Elle continua a proférer des paroles qui ne faisait qu’énerver le Roux. Tu es né Elfe, Elandril, et tu le resteras. Il sentait le goût de la colère dans sa bouche. Lorsqu’elle eut fini, il se déroba violemment à son contact, pour échapper à ses mains. Il ne tolérait pas qu’elle le touchât encore plus longtemps.

« Qui es-tu pour dire ce que je suis de ce que je ne suis pas, Verte-Elfe ? Que sais-tu de moi, si tu souhaites si ardemment connaître mon Chant ? Je suis une création de Mère. Mais me dicte pas ce que je devrais être. Il repensa à ses derniers mots, proférés avec tant de conviction : Tu es une Création de la Mère par ton sang, non par ton rang. Il repensa alors au Loup, à l’Hirondelle, et à la meute. Tout cela faisait partie de ce qu’il était vraiment. Tu serais curieuse de savoir de quoi est fait mon Sang. »
Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Taurë
Elfe
Taurë


Nombre de messages : 142
Âge : 34
Date d'inscription : 03/09/2012

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 713 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 20:23

« Tu te trompes, Elandril. »

C'était malheureux à dire, mais tel était la dure vérité pour le Loup. Bien sûr, il ne savait qui elle fût pendant un temps, et elle se garda de le couper pour lui annoncer, mais cela serait impoli de sa part. Il ne l'était pas, pourquoi elle le serait ? Le Loup, bien que naïf, n'en demeurait pas moins une bonne compagnie, unique en son genre, tant par sa foi que sa dévotion aveugle envers la Déesse. Il possédait une vitalité et une force non soupçonnée, mais toute l'impulsivité et l'ignorance d'une jeunesse effrontée. S'il ne s'était pas délivré de l'emprise de sa main, Taurë aurait prolongée sa découverte, comme...quelqu'un, un Être que l'on découvre : c'était assez fantastique et unique pour elle.

« Que vaut-il mieux, Elandril ? Avoir pêché contre notre Mère, et se repentir ? Ou laisser les fautifs qui se repentissent dans le Mal qu'ils ont commis ? Qui, des Elfes que tu nommes Pierres, et de toi, est le plus coupable ? Eux, qui se sont, selon toi, détourné du chemin de notre Mère, ou toi, qui ne leur accorde aucun pardon ? Tu ne connais pas les Elfes qui habitent les Cités, pourquoi ne leur accordes-tu pas de la clémence, comme toi tu aimerais en recevoir si tu agissais mal ? Sache, Louveteau, que malgré le fait que mon Père est un Druide, j'ai pendant deux siècles habiter et côtoyer ce qui faisait jadis le pouvoir de notre Nation. N'en suis-je pas maintenant Son Élue ? Si par Sa Volonté, tu es l'engeance d'Immortels, tu vivras tel quel, avec les fléaux que tu attribues à notre Race, mais ne sois pas de mauvaise foi, Louveteau : Les Elfes ne sont point mauvais. A défaut d'être meilleurs, ils ne sont point pire, et que tu les perçoives comme mauvais ne me dérange pas, mais ne leur attribue pas la cause de maux sans raisons, car alors tu diffamerais sans raison la Création de la Mère. »


Main tendue, paume vers le ciel, la Gardienne invoqua sa magie et la laissa faire son effet : sur le creux de sa paume vint se loger une petite graine de fleur. Sous son souffle, la tige perça la fine coquille de tissus, entamant son ascension, se dotant de petites piques...puis vinrent les premiers pétales se dotant d'une timide couleur immaculée qui s'empourpra à la vue du monde. Ils prirent de l'ampleur, jusqu'à devenir une magnifique rose rouge, sous le regard vide de Taurë et celui du Louveteau. S'emparant par la tige de la rose, elle la tendit à Elandril. La métaphore était simple. Tous les fils de l'Aînée naissaient pareils, égaux et tous les mêmes dans le coeur de la Mère, mais il leur était laissé de choisir leurs voies, leur destinée. S'il appartenait au Loup de ne plus se revendiquer Elfe, alors il n'était pas plus Druide que fils de la Mère, car seuls Ses fils demeuraient Agent de la Forêt.

« En effet, curieuse je le suis. Conte moi, Louveteau. J'aime les Histoires de mes Semblables. »

Et à « Semblables », elle ne précisait pas si elle entendait d'être Elfe, ou Être de la Forêt.
Revenir en haut Aller en bas
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeJeu 22 Nov 2012 - 19:38


Le Roux reconsidéra un instant la gardienne. Me prend-elle pour un animal ignare ? Une jeune volaille sans poils, à peine sortie de l’œuf ? Ou se gausse t’elle de moi ? Il se sentait comme un enfant puni, dont la mère tentait de lui faire la leçon. Cependant, ce n’était pas la bonne Mère qui s’adressait à lui, mais bien la Verte-Elfe, qui le regardait de haut. Et le Loup n’aimait pas, cette façon qu’elle avait de lui parler. Louveteau. La Bête s’était secouée, lorsque ces mots étaient sortis de la bouche de la Verte-Elfe. Que savait-elle sur sa vie ? Sur les épreuves qu’il avait franchies ? Rien. Absolument rien. Sans la déesse, elle n’était qu’un pantin inanimé, comme une coquille vide. Sans la déesse, elle n’était qu’une Bois-Elfe. Il lança d’une voix plus froide, distante et sans appel :

« C’est pas à moi, de donner pardon. De repentir. Tu te méprends sur mes paroles, et crois mieux savoir. Je juge pas l’Elfe-Bois. Je dis juste que j’en suis pas. Que mes frères sont écorces, racines, branches. Grands-ailes, crocs et fourrure. Fais, toi, si ça t’amuse ; brasser du vent, parler au vide. Accorder le pardon à des sourds. Mais sache que si Mère t’a prise comme pantin de chair, toi qu’est si fière, c’est peut-être pour corriger tes défauts. Non pas récompenser. Mais servir de toi, pour relever tes frères. Car seule Elle peut le faire, maintenant. Elle seule peut sauver les Elfes d’Anaëh du Déclin-Nouveau. Elandril marqua une brève pause.
- Maintenant, Verte-Elfe, cesse de m’appeler ainsi. Je ne te le répèterai pas. Je ne suis plus louveteau. Pas plus que je ne suis ton fils. »

Puis le druide observa la gardienne. Celle-ci avait fait apparaître sur sa main, une simple et minuscule petite graine. Elle était lovée dans le creux de sa main et semblait observer le monde immense autour d’elle, si ridicule à côté de la grandeur de l’Œuvre. Alors, Elandril sentit crépiter l’air autour de lui, cet étrange trouble dans l’air, si caractéristique de la magie. Et d’un souffle, qu’il put sentir effleurer son visage, la graine se mua en filament. Le filament de doubla, tripla, jusqu’à former des entrelacs végétaux, qui s’entremêlèrent, se débattant comme des serpents affamés. Puis lorsque l’un vint prendre la gorge du second, le sang jaillit. Les pétales, rouges écarlates, naquirent de leur combat pour s’étendre sur la main de l’Élue. La tige, durcie et épaissie, fut dardée d’épines qui transperçaient la membrane du végétal. Alors, la croissance de la fleur cessa, aussi promptement que le grésillement de l’air. Il ne restait que la fleur, à la fois terrible et belle. Elandril fixa un instant la fleur. De son nez, il vint flairer son odeur. La saveur était si forte, qu’elle fit éternuer le Roux. Lorsqu’il eut compris, il s’éloigna d’elle.

« Tu prends moi pour un enfant, Verte-Elfe. Tu prétends savoir, mais tu ne sais écouter. N’as-tu l’oreille que pour Mère, et point pour Ses fils ? Je t’ai dit que mon Chant était trop dangereux. Trop puissant et trop fort. Il pourrait réveiller vieux-maux. Je ne te conterai rien. »

Évoquer son passé était encore douloureux pour Elandril. S’il avait appris à se contrôler et à oublier pour passer à autre chose, il n’appréciait pas revenir en arrière. Mais la Verte-Elfe insistant, il allait en finir, pour avoir la paix.

« Tu aimes histoires, comme tu dis, mais la mienne est écrite de sang et de souffrances, tu sais. Alors tu veux quand même savoir. Toujours. Quelle étrange gardienne tu fais. Mon Chant, est fait de notes graves et tristes, qui accélèrent et ralentissent par le grès du vent, Verte-Elfe. Incontrôlable. Psychédélique. Rien qu’à l’entendre, on pourrait vivre mille torpeurs. Parfois, il devient plus langoureux, plus calme, telle légèreté de l’Hirondelle. Mais elle en redevient aussitôt féroce, sauvage, saccadée. Je ne veux te chanter ces notes, Verte-Elfe. Elles pourraient ouvrir vieilles blessures. Défaire ce qui est fait. Blanche-Brume a guidé mon Chant. Il n’y a plus à faire, désormais. »

Un long silence suivit ses paroles. Les derniers mots prononcés semblaient résonner dans la forêt, emportés par le cours d’eau. Au sol, une colonie de fourmis était venue curer les méandres de viande encore accrochés au os du daguet. Dans sa tête, tout était trouble. Il avait rejeté des images qui le hantaient. Ses mains avaient tremblé, mais il l’avait caché à la gardienne. Elandril était faible, mais Elandril n’était plus. Depuis que la mélodie s’était calmée, il ne restait que le Loup. Le Loup fort et puissant.
Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Taurë
Elfe
Taurë


Nombre de messages : 142
Âge : 34
Date d'inscription : 03/09/2012

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 713 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeSam 24 Nov 2012 - 18:11

Qu’on se le dise, Taurë appréciait le Louveteau. Il endurait la vie tel qu’elle se présentait à lui, acceptant ses mégardes, appréciant ses bienfaits. Mais plus encore, quelque chose qu’il chérissait plus que sa vie, plus que tout autre chose, c’était l’Anaëh. Cette Entité divine, le Louveteau devant lequel se tenait la Gardienne aurait sacrifié n’importe qui, n’importe quoi sur Son autel. Au fond, même s’ils demeuraient bien différends, Taurë se voyait en lui : elle aussi, si Elle lui intimait, sacrifierait la vie d’innocents pour satisfaire Sa volonté. Si Elle lui intimait demain de ravager une ville, nul doute qu’elle y consentirait, tel une esclave, au nom de sa dévotion et de sa foi. Or, ni esclave ou patin qu’elle était, si elle demeurait l’Elue, c’est car la Mère avait vu en elle le potentiel de guider. Incarner le rôle de Prophète ne la gênait nullement, s’en voyait honorée et la Favorite s’apprêtait à le faire de tout son être. Mais il advenait que cette noble pensée ne résidait pas encore en elle à cet instant. Pour elle, l’Anaëh se devait d’être défendue, et il lui appartenait de diriger les Légions de la Mère afin d’en chasser les intrus. Il était triste de voir que certains Fils se trompaient d’ennemis. A l’avertissement du Louveteau, la Gardienne sourit, mais ne répondit pas. Elle attendit la fin de sa tirade pour répondre.

« Seule la Mère peut relever les Elfes, oui, tu as raison. Mais Elle le fera à travers ma personne, et ne te crois pas exempt de ce Relèvement. Nos cousins habitant les cités ne sont pas sourds, Jeune Loup. » Elle marqua une pause, souriant intérieurement à sa malice rhétorique. « Tu es un véritable Frère des Arbres, Elandril. Pieux, dévot et fort. Mais naïf. Et prends garde, Elandril, et pèse mes mots. » Taurë approcha son visage près de celui du Loup, aussi prêt que lui lorsqu’il l’avait flairée. « Là où la foi, la dévotion et la force ne peuvent aller au-delà, la naïveté s’immisce, trouble la perception et germe le doute. »

Elle se retira, puis se releva, baissant ses émeraudes sur son interlocuteur. Un sourire vit le jour sur son visage, tel une mère contemplant son nouveau-né. Comme elle tenait toujours la rose par la tige, elle la posa devant lui, un présent en signe d’affection. Détendant ses jambes, elle en chassa la sensation désagréable due à son immobilité depuis quelques minutes. Une fois cela fait, elle se laissa tomber les cheveux lisses, chassant le lien faisant office de joug sur sa chevelure, et ployant les genoux, se remit à la hauteur du Loup, à quelques centimètres cependant de son visage. Elle laissait les Arbres le décrire, la Symphonie guider sa perception afin qu’un net portrait en jaillisse. Alors elle inclinait le visage de droite à gauche, lentement, remarquant chaque nouveau détail qui se dévoilait, chaque petite imperfection sur le visage du Druide. Il n’était pas sans lui rappeler son père.

« N’oublie pas qui tu es, Elandril. Un jour viendra où l’Anaëh nécessitera le secours des Cités comme elle en a déjà requiert le soutien dans Son Histoire. Alors tous les Fils et Filles de la Mère marcheront ensemble. »

Revenir en haut Aller en bas
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeMer 28 Nov 2012 - 23:31


Jeune Loup. Décidément, Taurë s’entêtait à le prendre pour un enfant. Voilà qu’elle se mettait à le fixer de ses yeux aveugles, un sourire aux lèvres qui ne lui rappelait que trop l’expression que seule sa mère biologique lui réservait. Le voir étalé sur le visage d’une autre elfe n’avait que le don de l’énerver encore plus. Elle ne l’appelait plus Louveteau, mais son nouveau surnom ne lui plaisait guère davantage. Mais il n’en dit rien. Conscient que s’il lui disait quoi que ce soit, elle n’en aurait rien à faire. Il continua à écouter silencieusement les mots de la gardienne, prenant bien soin de garder son avis pour lui. Il avait espéré parler à Mère, mais savait que la rencontre serait quasiment impossible. Elandril avait appris la magie des Gardiens et la façon dont les Cinq s’exprimaient à travers eux. Chacun avait Sa façon différente de le faire mais une intervention divine était rare. Et Mère n’allait pas se manifester simplement pour parler du chant des oiseaux et de la beauté d’une rose avec un druide. Mais Elandril en tira au moins la satisfaction de savoir que Mère ne lui en voulait pas pour son passé sanglant. Sinon, elle se serait empressée de le punir à travers Son instrument. Peut-être avait-Elle autre chose à songer, des cas plus graves que le sien. Qui méritaient vraiment Son appui. Lorsque l’Élue s’arrêta de parler, le Roux lui fit face. Encore une fois, elle essayait de lui donner des leçons dont elle ne savait rien.

« Mère ne vit pas qu’à travers toi, Verte-Elfe. Ses yeux dévisageaient la gardienne, d’un regard dédaigneux. Elle a yeux pour Création. Douceur pour enfants à Elle. Ta situation de jeune-élue ne t’accorde aucune faveur, alors calme et refroidis ardeurs à toi. Tu es pas supérieure à nous. Maintenant, je suis las de parler avec toi. J’ai choses à finir. »

Puis, sans accorder un seul autre regard vers la Verte-Elfe, Elandril se retourna, abandonnant la rose au sol. La jeune Gardienne se révélait être têtue et prétentieuse. Quoi que lui disait le Roux, elle semblait ne rien écouter et préférer proliférer de beaux mots, vides de sens. Elle pensait connaître Elandril, mais elle ne savait absolument rien de lui. Ce dernier ne lui laissa pas le temps de répondre à ses paroles, car il s’était aussitôt éloigné des Yeux-Emeraude pour rejoindre le daguet qui ne pouvait qu’attendre, le rituel interrompu par la Verte-Elfe. Le Druide s’empara délicatement des os fins et saignants qui gisaient au sol, chassant d’un mouvement vif les fourmis qui tentaient de grignoter les vestiges de l’animal. Il les emmena dans le sous-bois, où il trouva le creux d’un arbre mousseux et meuble pour y creuser un trou. Sa besogne lui prit un certain temps, il n’avait ni outil ni acier pour creuser. Seulement ses doigts et ses ongles-griffes. Il remua la terre, la souleva, enfonça ses doigts dans le sol frais, gorgé d’humidité. Lorsque l’ouverture fut assez grande et assez profonde, il déposa les restes du daguet. Tandis qu’il recouvrait la tombe improvisée de terre, il entama son prière silencieuse :

« Fils de Mère, ton corps rejoint Œuvre. Tes os deviennent Terre. Terre, source de vie de Frères-Écorce. Ta chair devient force. Je m'efforcerai d’être digne du don que tu m’as fait. Tu vis à travers moi désormais, Frère. Repose en paix. »

Lorsque sa voix se fut tue, un monticule de terre recouvrait le daguet. Il n’y avait plus aucun reste de l’animal. Ses os étaient terre et sa chair, force. Tel était le cycle de la vie. Tout se transforme. Il déposa les monceaux de mousses qu’il avait délogé afin que la Nature reprenne le dessus et élimine la croute qui lui faisait surface. Son rituel enfin terminé, il resta un instant assis en tailleur -une position étonnamment elfique pour Elandril- à méditer. Il apaisa son âme, reposa son corps qui manquait ardemment d’énergie et de sommeil. Ouvrit ses oreilles à la Symphonie, complètement déchainée par la présence de la gardienne. Le Loup ronronnait tranquillement en lui, sa soif tarie et son esprit paisible. Cet état lui fit un grand bien et lui permit de récupérer un peu.

Après quelques minutes, le Roux ouvrit les yeux à nouveau. D’un mouvement lent et mesuré, il se jucha à nouveau sur ses quatre membres et se retourna pour faire face à la Verte-Elfe, voir ce qu’elle faisait pendant qu’il achevait son rituel, mais sans prononcer un seul mot.

Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Taurë
Elfe
Taurë


Nombre de messages : 142
Âge : 34
Date d'inscription : 03/09/2012

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 713 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeSam 1 Déc 2012 - 10:47

La Gardienne ne répliqua pas de suite aux dernières paroles du druide Tandis qu'elle demeurait calme, munie de paroles avisées et teintées de sagesse, lui s'armait de mots acerbes et se voulait probablement vexant Mais à défaut de réussir, il essayait et échouait On n'énervait pas ainsi Taurë. Il fallait s'y prendre d'une certaine manière, la blesser afin de la faire réagir et recueillir des répliques, et non du mépris et du dédain. De préférence, si on devait la blesser, il fallait le faire de manière assez violente pour ne craindre aucun relèvement de sa part. Sinon...elle envoyait à terre son ennemi, et là, il ne se relevait pas. Mais là, les paroles d'Elandril n'étaient pas issues de méchanceté...juste d'ignorance. Elle ne sut ce qu'il fit pendant un instant. Elle entendit la terre qu'on creusait, un silence, et rien d'autre. Cependant, la jeune Elfe savait qu'il demeurait là. Sans aucune autre forme de procès, sa harpe fut détachée de sa ceinture, et ses cordes s'animèrent, jouées par des doigts virtuoses glissant aléatoirement tout en douceur.
Sa tâche semblait-elle achevée ici ? Si tant est qu'elle en eût réellement une...Si la Volonté de la Mère était de l'envoyer dans ce bosquet afin d'y croiser ce Louveteau, ce n'était certainement pas Taurë qui la remettrait en question. Mais elle ne pouvait se demander pourquoi ses pas la guidèrent ici, ou ceux de l'animal le menèrent à elle, si c'était pour s'adresser comme un enfant sourd. Après quelques notes jouées, elle cessa sa musique, laissant le chant des oiseaux et le lit du ruisseau reprendre leurs droits et s'établir en maîtres sonores de la scène. Elle se releva, élançant ses bras vers le ciel afin de s'étirer. Prenant tout le temps dont elle disposait, elle défroissa sa robe qu'elle sentait toute pliée, et jetant ses yeux céladons sur le druide.

« Espères-tu quelque chose de moi, ou nous en avons terminés ? »

Revenir en haut Aller en bas
Elandril
Elfe
Elandril


Nombre de messages : 2860
Âge : 32
Date d'inscription : 08/07/2008

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 124 ans.
Taille
:
Niveau Magique : Apprenti.
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitimeVen 4 Jan 2013 - 0:23


Elandril allait partir quand la voix de la Verte-Elfe le retint. Qu’espérait-il d’elle ? De l’Elfe, pas grand chose. Mais de Mère… Il y avait nombre de questions qui hantaient l’esprit d’Elandril, nombre de questions sans réponses. Pourquoi Sa Gardienne était-elle venue le rencontrer, si ce n’est que pour parler avec prétention de choses dont elle ignorait ? Était-elle vraiment venue pour lui ? Mère l’avait-elle vraiment envoyée dans un but précis ? Dans ce cas là, il aurait du interroger la Verte-Elfe. Lui demander ce qui l’avait poussée à venir le rencontrer. Il avait tant espéré converser avec Mère par son biais qu’il en avait oublié qu’Elle ne viendrait jamais pour sa seule personne. Il avait fait preuve d’égocentrisme et de stupidité. Jamais la Verte-Elfe ne serait l’Aînée. Elle n’était que l’intermédiaire et la déesse n’était pas venue pour Elandril. Quand il avait entendu la frénésie du Chant des Frères-Verts, il croyait à l’arrivée de Mère. Mais il s’était de toute évidence trompé.

Pourtant, il aurait aimé savoir pourquoi Elle l’avait transformé ainsi. Depuis la Malenuit, sa vie s’était vue transformée. Un mal qui le rongeait depuis longtemps s’était encré en lui et rien n’arrivait par hasard. La présence de Mère en Anaëh avait tout chamboulé et avait scellé son sort, il aurait juste aimé savoir pourquoi. Comment. Mais visiblement, Elle pensait que c’était à lui de trouver seul, les réponses à ses questions. À vrai dire, peut-être qu’Elle ne l’avait pas abandonné. La Blanche-Brume était pourtant venue à lui, l’avait fait renaître et il était revenu Loup d’entre les ténèbres de sa folie.

Malgré toutes ces interrogations, qui se bousculaient dans son esprit, Elandril se tourna vers Taurë. À son oreille, le Chant-Nature euphorique, parasité par la présence de la gardienne, se muait doucement. Il était temps pour lui de partir.

« Non, Verte-Elfe. Je espère rien de toi. Je espère juste que toi saura sauver ton Peuple de Déclin-Nouveau. Que Mère te guidera pour aider Frères-Perdus, quand elle a pas pu. Toi être encore jeune, encore à apprendre, comme nous tous. Mais toi, Mère éclaire ton chemin de bienveillance. J’espère que tu saura la servir. Maintenant, Frères-Arbres m’appellent. Nos chemins se croiseront de nouveau, je sais. Puisse-tu connaître paix et réussite dans ta quête, Verte-Elfe. Que les Étoiles veillent sur toi. Adieu. »

C’était l’Elfe qui avait prononcé ces derniers mots mais c’était en Loup qu’il s’en était allé.

Revenir en haut Aller en bas
http://eliandar.deviantart.com/
Contenu sponsorisé





Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë Empty
MessageSujet: Re: Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë   Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Quand le Loup rencontre l'Elfe. | Taurë
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Quand le malheur frappe une nouvelle fois [Loup]
» L’avènement d’un nouveau dieu [Taurë]
» Taurë
» Libres ! | PV Taurë
» La lignée effondrée | PV Taurë

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: ANAËH :: Terres d'Ardamir-
Sauter vers: