Confrontation de l'Acier autour d'un Verre Brisé. [Katrina][Violence]

Ce RP est susceptible de contenir des propos décrivant une violence pouvant choquer les personnes sensibles.

Naelis...Carrefour de l'Ithri'Vaan. Muraille inflexible, premier rempart de la Péninsule contre leurs ennemis, les Sombres, la cité se relevait peu à peu de la gifle qui lui fut assénée plus tôt dans l'année par les vestiges d'un Ost jadis glorieux. Mais si la cité d'Hereon fut victime d'une gifle, alors les troupes Sombres s'en sortirent avec la tête en moins. Qui de mieux placé que Deloth pouvait en parler, lui, qui encore jeune lieutenant, avait dirigé pour la première fois ses propres troupes à l'instar d'autres Humains, contre les soldats du Puy ? Ce fut âpre combat, mais ils en sortirent victorieux, et les remparts de la cité tinrent bon, déjouant tous les paris qui avaient pu se jouer sur cette bataille. Mais cet épisode guerrier, séquence douloureuse d'une vie révolue, n'était pas le dernier en date dans la mémoire de l'assassin. Si cette ville réputée impartiale concernant les races n'avait jamais tenue de place pondérale durant toute sa vie, l'année qui marqua le schisme de l'assassin ramena avec elle son lot de surprises, notamment qu'il y commit quelques assassinats qui, du moins l'espérait-il, resteraient gravés dans les mémoires. Il y avait même rencontré, et l'avait déjouée, la lieutenante de la garde, une nommée Glinaina, sa...compatriote, pour laquelle même il avait livré combat afin de la délivrer à cette même bataille dont les souvenirs affluaient plus tôt.

Revenu de Péninsule, l'herbe fut remplacée par le sable chaud, et les derniers jours de Karfias ne semblaient pas prompt à céder leur étouffante chaleur aux douces aubes de leurs successeurs. Ces derniers temps furent instructifs pour l'assassin. Il revenait de la capitale des Humains, où il avait pu se repaître d'une aimée, avant de la quitter à son plus grand dam. Sur la route du retour, sur les plaines ensanglantées par de nombreuses années de guerre civile, il avait revue l'une de ses rivales, Cérya. « Rivaux » était un bien grand mot pour définir l'étrange duo. C'était une relation assez vache, l'un tout comme l'autre demeurant trop fier et trop orgueilleux pour reconnaître une évidence qui réjouirait tout être normal. Or, ni Cérya ni Deloth n'étaient des Êtres normaux et banals, et aucun n'avouait à l'autre, du moins pour l'instant, ce qu'il ressentait pour son rival. Étonnamment, et logiquement, leur histoire avait pourtant débuté sur les traces d'une traque, la chasseuse ayant pour objectif d'écourter les jours de l'Elfe, qui répondit à son échec en la violant. A leurs retrouvailles datant de deux jours, elle lui avait laissée de nombreux souvenirs, certains agréables, d'autres moins. Ils se délaissaient en bon terme avec la promesse de se revoir, mais Deloth à présent traînait avec lui une main percée en sa paume, et une cuisse tailladée, le forçant à boiter.

Ses handicaps ne l'empêchaient nullement de se battre, toutefois, il en perdait de sa rapidité, et jouir de son talent ambidextre lui était difficile. Il maniait toujours aussi bien sa main droite - dans l'unique but de se défendre, point de sous entendus - mais sa gauche demeurant blessée, cela lui était ardu. Pas impossible, mais ardu. Quand à sa cuisse, outre réduire sa rapidité, cela n'avait pas de grandes conséquences. Il pouvait oublier la douleur et savoir courir si le besoin s'en faisait sentir, escalader en cas nécessité. Listant ses atouts malgré ses faiblesses du moment, il pensait à Cérya, se promettant intérieurement de juger, de qui des deux, demeurait le plus fort. Mais en aucun cas, il n'attenterait à sa vie. Tout perdu dans ses pensées qu'il était, il ne saisit que distraitement la bouteille d'alcool que le tavernier lui tendait, déposant sur le comptoir de quoi payer ladite bouteille et la nuit. Il prit place sur une banquette, son arsenal, constitué de ses deux sabres, attirait plus l’œil que nécessaire. Son vaste manteau sombre avait beau cacher les lames rangées dans leurs fourreaux, les poignées demeuraient visibles car elles dépassaient de ses épaules et pour cause de la taverne bien éclairée. Un œil attentif, avisé et connaisseur remarquerait les gravures Elfiques sur les poignées et les gardes, tandis qu'un ignare n'y aurait vu que d'hérétiques symboles. Visage assombri par sa capuche, il ne prit pas la peine d'enlever son manteau, sa dague demeurant invisible grâce à ce dernier, ne rompait son habitude d'être cachée aux yeux de tous, horizontalement sanglée au niveau de sa ceinture, dans son dos. Se servant un verre d'alcool qu'il glissa dans son gosier dans la foulée, il se fondit parmi les manants, n'attirant pas l'attention plus que nécessaire, sinon ses armes, en plus de sa carrure. Cette dernière était déjà des plus satisfaisantes pour un Être Humain, mais elle impressionnait d'autant plus lorsqu'on devinait que Deloth était un Elfe. Tous savaient que le Peuple Immortel était reconnu pour sa grâce, les muscles et les carrures n'important nullement les Éternels, tant les mâles que les femelles. Rajoutez à cela que la tenue de l'assassin, entièrement sombre par ses hautes bottes à talons, son pantalon, sa chemise et son vaste manteau à capuchon, ne prêtait pas forcément à la confiance. La fourrure qui ornait le col de la couche supérieure empêchait de bien discerner le visage qui s'y tapissait. Un portrait intéressant, séduisant et dangereux.

Être aussi loin de sa terre patrie n'était pas chose courante. Seulement, c'était chose qui pouvait se produire néanmoins. Et donc, en cette journée, la femme de main de la duchesse de Soltariel se trouvait à Naelis en Ithri'Vaan. Ce n'était cependant pas relié à ses fonctions auprès de la duchesse, dont elle était pour le moment libérée jusqu'à son retour qui ne devait pas non plus trop tarder. Elle avait donc parcouru une distance qu'elle n'avait jamais parcourue de sa vie avant sur le dos de l'étalon qui lui avait été prêté pour le voyage. Une brave bête très docile et travaillante qui avait rapidement séduit la spadassin, lui laissant ainsi un compagnon pour la route. Comme à ses habitudes, la spadassin avait un corset de cuir souple et solide, qui lui assurait une protection minimale tout en lui laissant encore l'amplitude de mouvement dont elle avait besoin. Une jupe tombait vers le sol pour masquer ses jambes, échancrées de manière à ne pas l'entraver en cas de combat. Jambière et botte de cuir complétaient le portrait avec les protecteurs d'avant-bras métallique. À sa gauche se trouvait le fourreau qui contenait le sabre de la spadassin, son arme à elle, l'extension de son propre bras. Sur le dos de l'étalon, elle ne devait pas effrayer beaucoup de gens, mais elle avait en même temps une certaine quiétude puisque les gens n'avaient pas vraiment envie de découvrir si elle savait manié la lame ou non à leurs dépens. Cela dit, son corps courbaturé du trajet souhaitait pouvoir se remettre un peu de l'épreuve et avoir un petit moment de confort, ce qui poussa bien évidemment la jeune femme à chercher un endroit où se poser un instant, le temps de reprendre un peu de force.

C'est donc ainsi qu'elle trouva une taverne pour prendre un peu de repos. Elle irait ensuite chercher l'objectif de ce voyage qui l'amenait à Naelis. Il s'agissait en fait tout banalement d'un ancien contact qui avait donné signe de vie et qui avait exprimé le besoin de la rencontrer loin de tout l'ancien tourbillon d'évènements qui les avait fait se connaître. La raison? Elle l'ignorait. Mais, elle savait une chose, c'est que ce genre de contact n'aurait pas insisté pour qu'elle prenne d'aussi grandes dispositions inutilement. Dans le pire des cas, s'il s'agissait d'une demande de service pour ses talents de spadassin, elle pourrait facilement envoyé un autre membre de son regroupement, qui aurait sans nul bien plus d'expérience et de succès qu'elle. Et puis, avec ses nouvelles fonctions, elle n'avait pas le temps de s'attarder sur une demande de ce genre, aussi attristant que cela puisse être. Le temps ayant changé au cours du voyage et une pluie ayant décidé de tombé du ciel; Katrina avait enfilé une cape de voyage dont le capuchon couvrait sa tête pour l'épargner de l'eau qui tombait du ciel et coulait sur le tissu prévu pour résister à l'assaut de la pluie. Arrivée à la taverne, elle mit gracieusement pied au sol et confia son étalon au garçon d'écurie qu'elle récompensa avec plaisir pour le service avec un peu de l'argent dans sa bourse. Sans plus s'attarder, persuadée que le garçon prendrait toutes les dispositions nécessaires, elle entra donc sans le bâtiment pour se trouver une place où elle pourrait profité du temps simplement, se remettre sur pied et aller rencontré son contact qui n'était plus très loin d'ici.

De sa démarche dansante, elle se fraya un chemin dans l'établissement, laissant la capuche qui couvrait sa tête plus tôt retomber contre son dos. Si sa présence attirait un peu d'attention, elle n'était pas non plus le centre de l'attention. De plus, avec sa cape de voyage sur les épaules, son sabre n'était que très peu visible, le fourreau longeant la jambe de la jeune femme et le manche de l'arme n'était pas des plus tape-à-l'oeil. C'est donc sans trop de problèmes qu'elle put trouver un endroit où se poser à son aise et, avec une bonne humeur qui lui était coutume, elle prit à boire pour laisser le temps filer un peu. Elle mangerait sûrement d'ici peu, mais pour le moment, la nourriture ne l'intéressait que très peu. Le fait d'être assise et de pouvoir étendre les jambes était déjà une libération des plus agréables, tout comme son dos qui n'avait plus à encaisser les coups chaque fois que son animal avançait vers sa destination. C'état tout simplement exquis et agréable, d'une simplicité qui faisait preuve d'un résultat plus que certain. Observant les environs de manière détendue, elle ne vit pas grand chose d'intérêt. Certaines personnes avait des particularités attirant plus l'oeil que d'autres, alors que certains avaient visiblement un peu trop profité du bon temps ici et attirait tout autant l'attention. Elle remarqua au passage une silhouette qui ne dégageait pas vraiment grand chose d'inspirant et dont les deux armes étaient assez voyantes. Le genre de type que la jeune femme préférait éviter. C'était le mieux pour ne pas s'attirer d'ennui.

Enfin, maintenant qu'elle avait pris un peu de temps pour ne rien faire et tout simplement se détendre, elle n'était plus contre l'idée de manger. En même temps, les odeurs qui flottaient dans l'air aidaient un peu à la chose. Souplement, la spadassin se remit sur ses pieds et entreprit de progresser jusqu'au comptoir pour voir ce qu'elle pouvait obtenir en ce lieu pour contenter son estomac. Presque rendue au comptoir, elle eut la mauvaise chance de rencontrer un homme un peu trop ivre qui visiblement avait décidé de tenter une chance avec elle. Se contentant tout bonnement de décliner au début, elle laissa son visage démontré un peu d'impatience quand ce dernier ne sembla pas vouloir abandonner l'objectif qu'il avait en tête. Alors qu'elle le dépassait en espérant qu'il en trouverait une autre, elle eut la désagréable surprise de sentir la main de ce dernier lui saisir le bras. Elle tenta de se dégager rapidement et efficacement pour ne pas que l'attention se tourne sur eux ou que la situation dégénère. Dans le mouvement, sa cape laissa voir l'arme qui pendait à son flanc et l'homme en fut visiblement surpris, car il la relâcha et eut même un petit sursaut qui fit perdre l'équilibre à la spadassin légèrement prise au dépourvu. Reprenant au mieux son équilibre, elle sentit une masse derrière elle avec laquelle elle entra légèrement en collision, lui permettant de se stabiliser. Comme l'homme qui l'avait abordé ne semblait plus intéressé par elle, Katrina se retourna pour voir sa malencontreuse victime. Il s'agissait bien évidemment de la silhouette qu'elle avait jugé bon d'éviter. Parfois la vie était cruelle.

« Veuillez me pardonner, c'était un malheureux incident. »

L'assassin solitaire se prélassait de son isolement. Seul, dans la banquette de coin comme il les préférait, il profitait de son verre, préparant minutieusement un peu de tabac. Depuis de nombreuses semaines, c'était la première fois qu'il pouvait prendre un peu de repos, loin des femmes et des Lames. Non pas qu'il en soit lassé, loin de là, mais il aimait parfois se retrouver et être seul. Souvent, ses pensées s'assombrissaient en pensant à de funestes idées, les présages de son passé semblaient le rattraper lors de ses rares moments de solitude. On ne le provoquait pas, on venait à l'éviter même, dans la taverne. C'était tant mieux. Ce n'était pas lui qui allait provoquer une rixe. Il fit glisser les dernières miettes de tabac collées à ses doigts sur la feuille qu'il avait minutieusement préparé, satisfait de son travail. La longue tige de tabac prenait place sur la longueur du papier, qui n'attendait plus qu'à être imbibé de salive en guise de colle. Avec un sourire fier, il allait commencer à s'atteler doucement à cette dernière tâche, lorsque, tournant le regard par pur réflexe, il vit une silhouette le bousculer. Tenant la feuille dans la main, tout le tabac fit un saut pour se disperser sur la table. Surpris, Deloth ne put retenir son coude qui tapa dans son verre, vidant le contenu sur la table. Il glissa doucement, et se brisa sur le sol de la taverne, attirant quelques regards sur eux.

« Veuillez me pardonner, c'était un malheureux incident. »

« Ouais, c'est ça. En espérant qu'il se reproduise pas, dans ton intérêt plutôt que le mien. »

L'assassin n'accorda pas plus d'attention à celle qui lui était rentré dedans. Elle lui devait un verre, mais ce n'était pas ce soir qu'il désirait se repaître d'une femme, surtout que celle là était munie d'un sabre à son flanc. Bien que cela ne l'effraya nullement, il savait que les femmes de ce pays demeuraient susceptibles de se voir considérées comme des objets, et s'indignaient si elles ne recevaient pas une lettre afin de prendre des nouvelles. Il regarda d'un air déçu ce qui aurait dû être une belle tige de tabac, et s'affairant à en faire une seconde, il toisa son interlocutrice qui demeurait toujours debout.

« Autre chose ? »

Irritée par l'attitude de l'homme qu'elle avait bousculé, elle fit cependant l'effort de ne rien faire sous l'impulsion de l'irritation. Après tout, l'homme avait des raisons de se montrer aussi peu agréable. Bien que la situation était un accident, il était vrai que ce dernier avait été le plus indisposé. Enfin, rien ne servait de confronter inutilement ce personnage sur son attitude, mieux valait tourner la page et l'oublié sans plus, pour ainsi retourner à la tranquillité qu'elle avait eue avant que tout cela n'arrive. Des regards avaient bien évidemment pris soin de se tourner sur la scène qui se déroulait et cela indisposait grandement la jeune femme qui n'aimait pas qu'on porte trop d'attention sur elle. Et comme l'autre semblait enclin à utiliser la violence pour régler ses problèmes, la situation pourrait vite dégénérer et faire en sorte que beaucoup plus de personnes ne s'intéressent à la scène, ce que la spadassin préférait éviter. Doucement, elle aborda la serveuse qui était venue suite au dégât causé. Délicatement, elle lui remit compensation pour la perte qui était survenue quand le verre avait brisé. Ensuite, elle remit la somme nécessaire pour que le sombre personnage puisse récupérer un nouveau verre plein pour réparer la perte qu'il avait subie lui aussi. Katrina savait reconnaître ses torts et les réparer, parce qu'elle savait que quand on accumulait les dettes envers une personne, on finissait par engager quelqu'un comme elle pour régler la situation. Mieux valait éviter de s'attirer les foudres de qui que ce soit. Quant à ce qui était de son intérêt, la jeune femme savait très bien comment assurer son propre intérêt. Était-ce une menace envers elle? À quoi bon? Enfin, les hommes avaient le sang chaud et faisaient parfois preuve de démonstration impulsive inutile.

« Non, je vous laisse profiter de votre quiétude en paix et je ne vous indisposerai plus. »

Le ton de la spadassin était clairement agacé. Si elle était encore là, c'est qu'elle venait de finir d'arranger les choses avec la serveuse, ce n'était sûrement pas pour les beaux pommeaux d'épées qui surgissaient de la cape de l'individu. Visiblement, la patience et la tolérance de cet homme, qu'il soit humain ou non, étaient limitées. Peut-être que s'il avait été plus agréable et moins prompt à la menace, elle aurait pris un peu de temps pour s'assurer qu'il était satisfait de la compensation offerte, mais là, il avait loupé sa chance. Le sabre de la spadassin toujours masqué par sa cape aux regards de la foule, elle ne savait pas si l'homme l'avait vu ou non. De toute façon, cela ne changeait rien, elle n'était pas ici pour croiser le fer, à moins que ce rustre personnage ne se montre belliqueux. Seulement, elle n'appréciait guère la façon qu'avait celui-ci d'agir avec elle et malgré son apparente douceur et légèreté, elle restait une femme avec un caractère bien défini. Après tout, elle avait choisi une voie qui demandait d'avoir un peu de caractère non?

« J'espère que plus personne n'osera vous importuner, pour votre intérêt plutôt que le mien. »

Exposant ainsi clairement qu'elle n'était pas très réceptive à la menace et à l'emploi de la violence dans les paroles pour l'intimider; elle tourna talon pour reprendre sa route. Ses bottes de cuir se posant souplement et doucement sur le sol, elle continuait à se diriger vers le comptoir où se trouvait l'aubergiste pour aller chercher quelque chose à se mettre sous la dent. Est-ce que cet homme réagirait mal à ses propos? Peut-être, mais la spadassin n'aimait pas qu'on tente de l'intimider et c'était ce que celui-ci avait semblé faire, alors voilà. Du reste, s'il n'était pas satisfait, il devrait se contenter de ce qu'il avait, elle n'avait pas de temps à perdre avec lui. Sentant que les regards avaient repris leur occupation d'origine, elle se sentait déjà plus à l'aise. Pourquoi avait-il fallu que ce soit ce rustre personnage qui croise sa route? Enfin, on ne pouvait pas prévoir et choisir ce que la vie nous réservait non plus. Commandant à manger au tenancier, elle prit une respiration pour se calmer et revenir au calme. Mieux valait oublier ce passage et retourner à la raison de sa présence ici... un peu de détente avant de reprendre le chemin pour rejoindre son contact qui était tout près d'ici.

Deloth se leva, se faufilant dans la fente que le passage de l'Humaine avait provoqué. Elle s'était accoudée au bar, et de sa main droite, il lui tira l'épaule pour qu'elle lui fasse face. Il plaqua violemment de sa main droite l'argent qu'elle lui avait laissée sur le comptoir, assénant presque comme une claque au bois. Le choc des pièces contre le bois eut l'effet comme d'une gifle, ce qui eut l'occasion d'attirer l'attention sur eux. Il approcha son visage de celle de l'Humaine. Sa lèvre supérieur était mouvée en un rictus de colère retenue. Elle brisait son verre, et venait l'insulter en lui donnant de l'argent ?

« Tu me prends pour un mendiant, à me laisser ton argent ? Ai-je l'air d'en manquer ? Reprends-le, je ne prends pas d'argent gagné au coin d'une rue. »

La pique acerbe eut le mérite de provoquer quelques éclats de rires dans l'assemblée, quelques ivrognes abonnés aux rires dès que la discussion touchait aux putains. L'insulte était violente, mais l'offense l'était tout autant, et Deloth n'était pas homme à se repaître de la monnaie des autres non demandées. Il laissa l'argent devant sa légitime propriétaire, et un après un dernier regard dédaigneux voilé par le pan du capuchon, l'assassin entama sa marche vers la sortie, non sans gratifier la femme d'un coup d'épaules. Leurs cuisses s’entrechoquèrent, et l'assassin sentit la forme et entendit le bruit d'une arme. Il ne s'attarda pas, poussant sans ménagements la porte lourde de bois, faisant grincer ses battements. Il apprécia l'air frais du crépuscule, s'avançant de quelques pas jusqu'au bord des créneaux, où il profita de la vue quelques minutes. Il y resta là, prenant le temps de terminer son tabac par de petites bouffées. L'heure devenait tardive, et lui rappelait quelques souvenirs qui lui arrachèrent un souvenir.

Brusquement, alors qu'elle attendait de recevoir sa commande, elle se retrouva à faire un demi-tour sur elle-même pour regarder dans la direction face à laquelle était son dos quelques secondes avant. Sous la surprise, la main de la jeune femme avait bien évidemment été rapprocher de son sabre. Elle ne l'avait pas empoigné, sachant que parfois la meilleure solution était d'éviter la confrontation directe, mais se tenait prête à faire face à qui venait de lui infliger ce mouvement qu'elle n'avait aucunement dicté à son corps. Un frisson de colère la traversa néanmoins quand elle aperçut la cause de ce dérangement. Que voulait-il encore ce rustre personnage? Retenant son sursaut en entendant le claquement, qu'elle put par la suite associer à la main qui venait de s'abattre sur le comptoir, elle fixa ses yeux froids où devraient se trouver ceux de la silhouette qui commençait à réellement l'importuner. L'affaire était close, qu'avait-il encore à vouloir s'offusquer. Un autre de ses hommes qui devaient toujours trouver une source d'indignation à tout? Le genre a hurlé à l'insulte quand on lui remettait un privilège ou une récompense sûrement. Le genre de personne que la spadassin détestait. Seulement, elle savait qu'en tant que femme son opinion n'avait que peu de valeur, voire aucune, et qu'il ne servait à rien de le laisser savoir. Quand il prit la parole, la jeune femme serra les poings d'indignation et lui rendit un regard meurtrier et rempli de haine. Pathétiques et pitoyables, les hommes aussi limités que lui ne trouvaient généralement pas mieux que de s'attaquer à la réputation des femmes que par ce genre d'insulte. C'était à la fois pitoyable et ridicule que les hommes ne trouvent pas mieux et pas plus vrai.

« Je vous prends surtout pour un homme frustré d'être à ce point mauvais avec les femmes que celles qui se trouvent au coin des rues se refusent à vous malgré votre argent. »

Alors que la silhouette de l'homme quittait les lieux, des gloussements plus ou moins retenus accueillirent la réponse de la spadassin qui laissa une légère mimique dégoûtée passer sur son visage. Puis, elle soupira et se retourna pour prendre sa nourriture, reprenant l'argent qui lui avait été rendu sans plus, pour finalement retourner à sa table. Elle mangea en profitant du confort, jusqu'à oublier cette rencontre désagréable qu'elle venait de faire, ne trouvant pas le moindre intérêt à se focaliser sur cela. Après tout, l'homme était parti, alors elle pouvait enfin être sûre de ne plus être dérangée durant ce court moment de repos qu'elle avait avant de terminer sa route. Doucement, l'attention que ce rustre avait amenée sur elle se dissipa et l'ambiance de l'endroit reprit son cours normal pour finalement bien vite oublier un évènement de ce genre qui était plus ou moins fréquent dans un établissement de ce type. Après tout, les hommes saouls devenaient souvent très imposants lorsqu'il réglait leur différend avec autrui, surtout quand le regard des autres vous donnait cette impression de grandeur qu'aimaient certains. C'est donc une fois son repas fini et son corps reposer, qu'elle décida de reprendre la route et enfin terminer ce périple qui l'avait conduit ici.

Une fois que tout fut réglé avec le tenancier, elle sortit à l'extérieur en passant par la porte principale, soupirant d'aise en sentant le vent contre son visage. Pas que l'atmosphère à l'intérieur soit désagréable ou répugnante, loin de là; seulement, rien ne valait la brise du grand air. La même mimique dégoûtée ne put être contenue cependant quand son regard croisa la forme qu'elle reconnut aussitôt comme l'individu qui l'avait incommodé un peu plus tôt. Encore là lui? Elle qui pensait avoir réussi à en faire du passé, que faisait-il encore là? Incapable de bouger un moment, la jeune femme hésitait entre l'ignorer et se rendre à l'écurie récupérer son cheval ou bien a aller laver l'insulte qui lui avait été faite. Elle avait bien évidemment encore souvenir d'avoir vu deux armes très ostensibles. Elle ne doutait pas non plus qu'il savait qu'elle était elle-même également armée. Puis, finalement, elle se dit que de perdre du temps, de l'énergie et de se blesser pour de simples futilités était stupide. Son choix était donc fait, elle devait aller à l'écurie pour récupérer son cheval et quitter l'endroit. Seulement, elle ne se sentait pas à l'aise de tourner le dos à une telle personne. C'est avec un regard vers l'arrière régulier et une vigilance intense qu'elle revint à elle pour prendre le chemin de l'écurie.

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