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 Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.

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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeSam 2 Fév 2013 - 5:55

Barkios de printemps, septième jour de la quatrième ennéade, en l'an six du onzième Cycle

On aurait cru Erac assiégé. La riante bourgade des ducs d’Erac, dominé par leur donjon, sortait pourtant d’une guerre courte et sanglante. Léandre du Lyron, qui était passé du statut de « vrai duc d’Erac » à celui d’ « usurpateur », avait été vaincu à quelques lieues de là, sur le Pont-Lamor, et embastillé ensuite à la Ferté-Gislain, qui avait servi, pour quelques heures seulement, de dernier bastion au sire d’Harren et ses derniers féaux – ceux qui n’avaient point fui lors de la défaite du Pont-Lamor. On avait bien vite vu le baron d’Ancenis, Aemon le Quatrième, rejoindre la compagnie de Léandre pour quelque affaire de famille qui eut déplu au sire Régent.

Pis encore, on avait entendu, quelques jours auparavant, la défaite et la capture du sire goupil. Arétria et Olysséa écrasées, la rébellion avait fait long feu, et l’autorité du roi en sortait renforcée. La Couronne était sans adversaire sérieux, et sa Paix déclarée. Alors pourquoi diable une armée forte de cinq mille soldats s’était ralliée tout autour de la cité ducale, plantant devant ses murs un océan de toiles, d’auvents et d’entrepôts ? Cette forte troupe, arrivée quelques jours auparavant, avait répondu à la semonce royale et venait, principalement, de ses fiefs personnels du Christabellain. A présent sans occupation, elle attendait, désoeuvrée, de futurs ordres, bloquée devant une ville qui ne voulait pas ouvrir ses portes à un parti aussi grand, qui aurait pu, s’il l’avait voulu, raser Erac jusqu’à ses fondations en une grosse après-midi.

C’est que les bourgeois éraciens craignaient que le sire Régent, après son saccage de Diantra l’insoumise quelques mois plus tôt, n’eut pris la fâcheuse habitude de tronquater les villes ayant adopté les couleurs ennemies. Ce ne serait guère urbain, déclaraient bourgmestre et échevins, il n’aurait pas la main aussi lourde !, continuaient-ils pour se tranquilliser. Mais en secret on avait un peu peur. La ville et ses habitants étaient dans la situation délicate et angoissante du prisonnier de guerre qui attend sa sentence. Certes, on avait envoyé les clefs de la cité dès que la nouvelle de la chute de Léandre fut connue, mais ce retournement de dernière minute n’offrait pas vraiment le beau rôle à Erac-la-ville. Aussi patientait-on comme on pouvait, en jetant des coups d’œil à l’armée au repos, aux portes de la ville…

La première tâche que leur fit parvenir le prince du sang fut d’héberger la baronne d’Hautval comme il se devait lors de sa visite au duché. Cette mission plongea les autorités locales dans une inquiétude encore plus grande. Car tous savaient les liens pour le moins ambigus que l’Ivrey entretenait avec sa famille, la Maison d’Ancenis. Entre son mariage avec sa cousine annulé quelques années plus tard, et la défection de son seigneur de frère quelques ennéades plus tôt, les édiles avaient du mal à lire clairement dans la politique familiale du régent, et tentaient mille interprétations sur ce qui aurait plu à celui-ci. Devait-on traiter les Ancenis comme des moins que rien, leur offrir à peine de l’eau croupie et du pain sec tout en crachant dedans, ou satisferait-il Monseigneur de les voir traités avec les égards les meilleurs, comme si l’on accueillait la famille royale elle-même ?

Un nouvel élément vint s’ajouter à l’équation insoluble, et la majorité des bourgeois y vit un bon argument pour la deuxième alternative : le seigneur Raymond venait avec sa fille pour recevoir le Sénéchalat de l’Eraçon tout entier. L’attribution, tenue jusqu’alors par la sœur du roi et fille de feu le duc Charles d’Erac, était bien trop prestigieuse pour être confiée à un traître, aussi Dame la Baronne et Messire Raymond devaient-ils être hébergés avec tous les honneurs dus. Et quand ces derniers arrivèrent en ville, l’on fit sonner les cloches des temples et des beffrois, tandis que l’ensemble des magistrats les accueillirent sur le parvis du logis ducal. Par mesure de sécurité, et par crainte que le Régent, qu’on disait très vain sur ces choses, ne le prenne mal, on avait évité de draper la ville de banderoles, de guirlandes et de bannières, attendant, pour ceci, son arrivée en personne.

Addonc le séjour des Ancenis dans la cité des ducs fut des plus agréable tant le pouvoir local voulut les accommoder. Rien ne leur fut épargné, que ce soit les festins chaque soir en leur honneur ou les invitations, qui avaient plu, des bonnes familles les conviant à quelque rencontre souvent accompagnée de cadeaux. Mais pour agréable qu’était l’accueil autochtone, il commençait à être long. Le sire Régent les avait mandés pour la quatrième ennéade, et celle-ci était déjà fort avancée…

Et quand on ne l’attendit plus, le régent arriva avec une suite réduite d’une centaine de gentilshommes. L’homme était rompu aux longues et harassantes chevauchées, si bien que lorsqu’il fut aux pieds de la ville, la populace en était encore à parer la ville de ses mille atours. Son esprit occupé à de toutes autres choses, il ne sembla pas prendre ombrage du médiocre accueil qui lui fit fait, traversa la ville comme s’il eut été dans la lande, il rejoignit le Logis des ducs avec empressement avant de faire dire à la baronne et son oncle sa présence ainsi leur rencontre, plus tard dans la journée.

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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeMar 19 Fév 2013 - 22:18

    Ce que la Baronne retenu de cette harassante semaine fut ce nombre important de lettres qui lui furent parvenues. En effet, elle croulait littéralement sous la paperasse. Elle avait multiplié les efforts de sa plume afin de ramener son père au sein de la Baronnie ce qui fut fait plus vite qu’elle ne crut, une bonne chose de faite. L’armée de Hautval avait malheureusement dû rebrousser chemin ce qui irrita autant ses hommes que leur Baronne. Une entreprise de cette envergure échouée par l’incapacité de son cousin à voir cette ombre effrayante se glisser sous ses pieds. Elle fut profondément déçue de savoir qu’il perdit si vite et si lamentablement. Evidemment, elle évita de s’étendre sur ce sujet.

    Des courriers furent envoyés un peu partout afin de prendre les justes nouvelles. Léandre avait été vaincu. Aemon mit au trou au même titre que l’Usurpateur. Le Comte d’Arétria fut mis en échec et sa femme, la Baronne d’Olysséa avait disparu l’on ne sait où. Cela annonçait la victoire triomphante du Régent qui prétendait simplement servir l’autorité royale et le succès de son ex-belle-sœur, désormais marquise de Sainte-Berthilde, Arsinoé d’Olysséa. Tout ceci irritait au plus haut point la Dame d’Obsidienne qui avait déjà envisagé plusieurs alternatives d’un futur proche. Olysséa était désormais à la merci de cette marquise qui écarterait certainement l’héritier légitime, le fils du Comte et de la Baronne, si ce dernier n’était pas mort. L’intervention d’Odélian et bien évidemment de son vassal d’Etherna ne la mit pas de meilleure humeur. Elle passa de longues heures à tourner en rond et remuer toutes ses informations au sein de son esprit. Et cela, malgré la lettre d’Aetius d’Ivrey, n’annonçait pour elle rien de bon. La rage pulsait en elle avec une vivacité peu commune et elle ne l’évacuait qu’au cours des nuits passées avec son amant ou par épuisement lors d’entrainement visant à perfectionner son art de la maîtrise des vents car même si elle ne possédait que peu de temps pour elle en raison des nombreuses réunions du Conseil des Anciens, le soir le sommeil ne venait que rarement et c’est là qu’elle s’occupait à sa façon.

    L’heure du départ était enfin venue et armée de sa suite, la Baronne de Hautval fit route vers Érac. C’est le troisième jour de la quatrième ennéade du mois de Barkios, lors d’une après-midi printanière, qu’ils arrivèrent. Le trajet se fit sans encombre et l’accueil fut… agréable. Raymond d’Ancenis ne manqua pas de faire sensation et ce malgré la méfiance des ducs. En effet, le cadet ancenois avait un talent non des moindres, il avait le don de savoir se faire bien voir et qu’on le prenne en sympathie. Son adresse en tant qu’orateur était l’un de ses atouts tout comme le fait qu’il aimait profiter de la vie et rien ne rassemble plus les hommes que lors de somptueux diners où le vin et la boustifaille coulent à flot. Il aimait raconter ses exploits lors des batailles selon lui épiques et prêtait un grand intérêt aux diverses histoires que pouvaient lui raconter les ducs autant sur le passé éraçien que sur les ancêtres de leur famille. La Baronne de Hautval, elle, était bien plus en retrait, murée éternellement dans cet écrin obsidien. Elle se contentait des politesses d’usage et se liait plus par devoir qu’envie aux dames. Elle côtoyait peu le monde des hommes mais s’imposait parfois afin de faire valoir son rang sans pour autant offenser quelconque gens. Cependant devant cette retenue, son esprit était terriblement agité ce qui témoignait des nombreuses lettres qu’elle continuait d’envoyer ci et là afin de s’assurer de ne rater aucune nouvelles importantes. Cela faisait déjà trois jours qu’ils séjournaient au château et un courrier marqua particulièrement la Baronne qui rentra dans une rage sans nom. Elle voyait rouge et préféra s’éclipser en secret du château afin de côtoyer la lisière d’une petite étendue boisée où elle pourrait faire éclater toute cette colère qui menaçait de se déchainer. Malheureusement pour elle, la Garde d’Obsidienne sachant très bien le tempérament de leur Maitresse eut quelques soupçons à ce propos. Sans alerter quiconque, qui à cette heure où tous devaient dormir, Albérich de Hautval prit en chasse la Baronne. Tout cela se solda par quelques blessures pour le pauvre chevalier qui sut la ramener à la raison. Evidemment cet épisode resta secret pour tous si ce n’est pour la Garde personnelle de la Dame.

    Le septième jour, l’arrivée d’Aetius fut annoncée et fut grand bruit au sein des couloirs. Les domestiques s’afféraient à apprêter les derniers préparatifs pour le somptueux diner et cette grande réception qu’on désirait réserver au Régent. Raymond d’Ancenis était de belle humeur tout du contraire de sa fille qui était, elle, maussade mais s’efforçait de le faire paraitre le moins possible. Lorsque l’adultérin ancenois fut reposé et donna ses directives. Ces dernières furent transmises.

    Il était l’heure de s’apprêter et Blanche rechignait déjà face à ses caméristes et sa dame de compagnie.

      « Pourquoi devrais-je me rendre belle et désirable pour l’homme qui m’a battue puis jetée ? »


    Toutes se regardèrent à moitié gênées, ce fut sa dame de compagnie qui trouva les mots justes.

      « Afin de comprendre quel joyau magnifique, il a perdu, MaDame. »


    Blanche jeta un coup d’œil à sa dame de compagnie puis leva les yeux au ciel. Leïla l’une de ses domestiques finissaient de serrer son corsage afin d’affiner davantage sa taille et mettre sa poitrine généreuse en valeur. Une fois qu’elle fut prête. C’est accompagné de sa suite et de celle de son père qu’elle avança en direction de la Grande salle. La Baronne de Hautval apparut parée d’une robe somptueuse d’un beige clair printanier auxquelles s’ajoutaient quelques broderies de fils d’or. Ses manches se stoppaient au coude et se terminaient par quelques voiles se prêtant à ceux des pans de sa toilette. Une coiffe de même coloris lui couvrait une partie de sa chevelure d’ébène. Enfin, un beau collier en or lui parait le cou. Accompagnée de son père, ses saphirs balayèrent la salle et elle eut un certain haut le cœur lorsque son regard pénétrant croisa la silhouette du Régent. Elle sentit à nouveau la colère monter en elle si bien qu’une de ses mains commençaient à trembloter sous ses voiles. Machinalement, elle pianotait le vide jusqu’à se faire arrêter par une main gantelée. C’était celle d’Albérich. Le geste fut discret, à peine visible. Son minois se détourna l’ombre d’un instant vers son chevalier à qui elle adressa durant une once de seconde un regard tendre avant de se murer à nouveau dans cette expression froide. De toute façon, Raymond semblait rayonner pour deux. Déjà, il levait les bras au ciel.

      « Nous sommes honorés, moi et ma fille, que son Altesse, le Régent, Aetius d'Ivrey, décide de nous recevoir et sommes, qui plus est, ravis de voir que vous avez bonne mine. Nous remercions les Cinq de bénir chacune de vos entreprises bien que je suis certain que vos victoires relèvent avant tout de votre ferveur à défendre notre Roi et de votre génie stratégique. »


    Il finit ses mots avec un sourire en coin avant de saluer comme il se doit le Régent. La Baronne de Hautval se contenta d’une révérence bien basse tout en élégance. Elle ne prononça pas un mot. L’on put croire qu’elle approuvait son père même si au fond d’elle-même, elle n’avait qu’une envie cracher tout ce fiel que ce personnage l’inspirait. Ils attendirent que le Comte de Scylla les autorise à s’installer avant de faire quoique ce soit.
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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Re: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeDim 24 Fév 2013 - 17:15

« Cher oncle, belle cousine ; dans mes bras ! »

Lorsque les Ancenis furent introduits dans la salle aulique, Aetius se trouvait parmi une foule de nobles, de clercs et de capitaines. Installé en hauteur sur une cathèdre sise sur une estrade de bois (qui devait représenter le trône ducal), il entendait plus qu’il n’écoutait les flatteries et interrogations de la valetaille. Les récriminations des commandants de l’armée christabellaine, les plaintes des bourgeois vis-à-vis de cette même armée, les questions, enfin, des édiles locaux sur le sort réservé à la cité. A peine arrivé, on le harcelait, lui ! Avait-il une tête à s’occuper des détails, vraiment ? Cà ! voilà que sa parentèle s’en venait lui présenter ses félicitations. En les voyant, il sourit, jaugea un instant son oncle bien-aimé, puis sa parente et ancienne femme, qui le fixait d’un bien vilain regard. Le prince détourna le sien pour se reporter sur Raymond, à la mine plus aimable.

C’était un digne Ancenis, le Raymond. Chevalier batailleur, il avait hérité de toutes les qualités des barons à la Stryge. Volage et de bonne société, son visage dégageait quelque chose proche de la joie triomphatrice, comme si son sourire était un gant lancée au bas-monde et ses petites misères. Bien sur ses pieds, d’une mise étudiée voire coquette, l’homme accusait cependant le frimas de son âge. Autour de ses yeux d’azur s’installaient quelques rides qu’accentuaient les bamboches des dernières soirées, tandis que ses cheveux, autrefois d’un noir de jais comme l’était son père, barbe, moustache et chevelure avaient tourné poivre-sel. Tout ceci achevait de donner à son oncle une certaine hauteur que lui donnait l’âge, comme si le fait d’avoir tutoyé la cinquantaine était gage de sagesse et d’expérience. Il était resté, restait et resterait certainement, dans l’esprit du prince, le tonton Raymond, son aîné et le frère de son père, une figure incontournable de la famille Ancenis, dont le conseil était à requérir sinon à rechercher.

Sa fille, cependant, n’était pas dans les mêmes dispositions que Raymond. Renfermée, rembrunie, légèrement en retrait par rapport à son père, elle s’était pliée en une révérence qui jurait avec la sècheresse qui sourdait presque de son être. Aetius lui aurait bien rendu son dédain, mais ses récents triomphes et le constat qu’elle était fort jolie en cette après-midi d’été l’en empêcha.
Au lieu de cela, il se leva et descendit l’estrade pour aller serrer contre lui Raymond et lui baiser les joues. Cependant qu’il donnait l’accolade à son oncle, le souvenir de son frère, dans une situation très-similaire quelques jours plus tôt, vint lui glacer l’échine. Une pensée accompagna cette froideur soudaine : combien d’Ancenis devrait-il encore frapper pour que leur hostilité cesse, si jamais elle cessait un jour ? Il recula un peu et tenta de reconstruire un vague sourire un peu triste tout en jetant un ultime coup d’œil à son futur sénéchal ducal, comme s’il essayait de lire dans le visage de celui-ci une ombre de ressentiment, d’agressivité, le signe avant-coureur d’une nouvelle trahison. Il porta une main sur l’épaule de son ancien beau-père et se tourna vers Blanche.

Son sourire, dès lors, reprit force. Il s’abaissa un peu devant elle, tandis que sa main portait celle de Blanche jusqu’à ses lèvres pour y appliquer un baise-main. Tout était plus facile avec sa cousine : elle le haïssait, et c’était tout. Une ennéade plus tôt, et s’il n’avait pas engeôlé son propre frère le baron d’Ancenis, nul doute que l’oste de sa chère cousine se serait jetée sur les compagnies du roi comme le faucon sur un lièvre. Une fois sa révérence faite, il jeta un coup d’œil sur la cohorte qui suivait la baronne d’Hautval, et notamment du joli-cœur qui frôlait presque sa cousine, puis fixa l’azur de la dame à nouveau.

« Ma mie, je suis heureux de vous voir, malgré tout, » proféra-t-il d’une voix monocorde avant de lancer à ses deux invités : « J’espère que l’attente n’a pas été trop longue et le voyage agréable ; vous imaginez bien que les dieux, s’ils bénirent mes entreprises, ne se sont guères intéressés aux détails et me laissèrent la charge de régler quelque menues affaires dans le nord. »

Parlait-il du soulèvement du comte d’Arétria ? Cela manifestait une arrogance bien grande, ou un besoin très politique de faire comprendre à ses parents que sa victoire avait été aussi écrasante que gagnée d’avance. Une façon de rappeler l’étendue de sa puissance et l’entièreté de son triomphe sur les princes locaux, de faire comprendre à qui voulait bien écouter ses avertissements qu’il n’était pas question de lutter contre messire Régent.
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeMer 27 Fév 2013 - 18:43

    Les mots du Régent firent sourire davantage Raymond d’Ancenis vêtu de ses habits apparats. Il avait préféré le confort à la dureté de son armure de cérémonie et avait opté pour une approche de noble gentilhomme et ainsi éviter de donner l’impression d’arriver en digne conquérant. Non, l’Ancenois s’attirait plutôt la sympathie et misait un peu sur son zèle tout en gardant un côté sérieux. Certes le temps n’avait pas épargné son oncle mais ce dernier gardait malgré tout la forme. Son embonpoint était léger et lui donnait plutôt l’apparence d’un gaillard à l’allure imposante à qui on ne désirerait certainement pas chercher tracas. Après tout, la boustifaille et le vin étaient l’un de ses péchés mignons. Les rides et cicatrices avaient marqués son visage autant que sa chevelure autrefois d’un noir de jais qui s’était grisée à certain endroit. Une fois que le Régent fut disposé à descendre de son piédestal et s’approcher, l’étreinte chaleureuse de son Oncle ne se fit pas attendre. Ses bras puissant enserrèrent Aetius avec toute la sympathie et la joie de le retrouver qu’il pouvait lui témoigner. A plusieurs reprises, il tapota le dos de ce dernier en soupirant quelques « Ah lala » comme si ils se remémoraient les souvenirs de cet homme durant son enfance et adolescence. Le contact fut rompu et Raymond eut tout le loisir d’admirer les tourments du Comte resurgir sur ses traits. Sa réponse fut simple et univoque un sourire confiant et bienveillant lui fut offert tandis que sa main imposante serrait dès lors l’épaule du Détenteur du pouvoir royal. Malheureusement pour lui, il n’était pas aisé de lire dans les yeux du "Baron" qui comptait bien trop d’expérience à ce jour que pour dévoiler quoique ce soit. Cependant il ne verrait aucune traîtrise. Certes il avaitl mal pris l’épisode du divorce de sa fille comme si cette dernière ne fut pas assez bien pour le Régent et son honneur en fut meurtri. Sa rancune était tenace mais il savait reconnaître là où étaient ses intérêts et parfois, il était préférable de mettre ses ressentiments de côté. En toute logique, Raymond ne trahirait pas Aetius d’Ivrey. Relâchant son neveu, il observa d’un œil sévère l’échange entre sa fille et son altesse.

    Blanche savait pertinemment qu’elle devait éviter toute fausse note sous peine d’être en proie à quelques réprimandes. Machinalement le revers de sa main lui fut tendu et le contact des lèvres de son ancien époux l’ébranla toute entière. Ce baise-main lui rappela tous ces chaleureux moments qu’elle avait pu passer en sa compagnie. L’ombre d’un instant, la haine et la froideur de ce si vilain regard s’évapora pour laisser place à un grand trouble. Mais elle se reprit si tôt. Ses saphirs ne manquèrent pas de répondre à ceux de son homologue. Sa voix monocorde sonna pour elle comme une douce plaisanterie. En effet le contenu de ses dires et le ton qu’il employait étaient en totale contradiction pour elle. Sa réponse ne tarda pas venir, d’un timbre mielleux.

      « Tout le plaisir est pour moi votre Altesse. »


    Raymond reprit la parole, coupant court à toute possible réponse de sa fille. Il voulait éviter qu’elle contrarie le Régent car il savait combien Blanche le tenait en grippe depuis leur divorce.

      « Le voyage et l’accueil furent des plus agréables. Nous avons conscience que certaines affaires passent avant tout. En attendant… » Il fit signe à une domestique de s’approcher afin de saisir un ciboire empli de vin qu’il leva si tôt en proclamant « Gloire au Roi, Eliam Ier, Gloire au Régent ! Gloire à Aetius, Prince de Sang ! »


    Les hommes de Raymond reprirent en chœur cette glorification. Peut-être même les ducs présents au sein de la salle aussi. Blanche jeta un coup d’œil à ses hommes derrière qui firent pareil avec moi de ferveur. Ils avaient compris qu’ils avaient eu l’accord de leur Maitresse. Après cela le Banquet pouvait aisément commencer et ce dans la bonne humeur. Lorsque le Régent donna sa bénédiction, le vin pouvait désormais couler à flot, le plus divin des millésimes qui eurent été donnés d’être. Les mets succulents, poulardes, pintades, cochons-de-lait et autres s’enchainérent dans la bonne humeur jusqu’à ce qu’on n’en puisse plus. Evidemment, la réception n’était sans doute pas à la hauteur du futur mariage du Régent. Il y’avait des occasions qui devaient marquer les esprits plus que celle-ci.

    Aucun incident ne fut à signaler jusqu’à la fin du festin. Le Régent put voir d’un mauvais œil ou non l’étroite proximité entre le garde personnel de la Baronne de Hautval et Blanche. Certains signes ne trompaient pas bien qu’elle demeurait emmurée dans son étroite carapace de glace. L’heure tardive dispersa les premiers convives. Blanche légèrement éméchée relâcha son attention. Elle était en grande conversation avec l’une des femmes d'un des ducs d’Erac. C’est ce moment-là que choisit Albérich pour aller titiller le Régent. Le chevalier en armure noire ouvrit les hostilités en accusant le Comte d’avoir manqué de respect à sa Maîtresse et que son attitude faisait honte au code d’honneur chevaleresques et qu’il était impensable qu’on batte une femme de son rang. Des tensions naquirent entre les deux hommes qui commencèrent à attirer l’attention. La frimousse de la Baronne se redressa en leur direction et elle comprit bien vite ce qui était entrain de se passer. Vivement, elle se redressa, afin de faire tonner sa voix dans la salle, ordonnant à son chevalier de se taire et de tenir sa place mais il était déjà trop tard. Le commandant de la Garde d’Obsidienne venait de provoquer en duel le Régent. Albérich connaissait les talents d' Aetius en tant que duelliste et il savait que son adversaire serait à sa mesure cependant il était convaincu de le battre. Après tout son amour pour Blanche d’Ancenis était si pur qu’il était assiuré que les Cinq seraient de son côté.
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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Re: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeDim 10 Mar 2013 - 20:22

Etaient-ce les vapeurs de l’alcool qui avaient ainsi excité l’agressivité du brave Albérich ? Quelque Caruw débouché qui lui aurait chuchoté cette provocation ? Quoi qu’il en soit, le jeune gandin avait le chic pour imposer le silence. Et dans la pièce, ce fut vite l’ambiance de nécropole qui s’installa lorsque le régent, alors qu’il était tranquillement en train de siroter sa coupe, posa les yeux sur le cuistre. Là, considérant d’un œil vague à cause qu’il avait trop bu le commandant de sa bien-aimée cousine, il put sentir un éclair de joie le traverser. L’homme, droit et sec dans sa proclamation, le fixait d’un air de défi, tandis que le régent, toujours, se contentait de l’appréhender sans trop savoir. Ce fut à cet instant que vint la joie. Aetius se leva à son tour, comme pour être à égalité, et pour seule réponse, dit.

« Soit, Messire, un cadavre de plus ou de moins en Eraçon ne fera pas de différence… Demain, à l’aube, je vous attendrai pour un duel à l’ancienne mode. »

La réplique, et cette ultime précision, ranima l’assemblée. Le silence mourut, et une rumeur stupéfaite emplit la sale à moitié vide. Des gloussements de damoiseaux heureux d’avoir bu jusque-là, des considérations sinistres pour les plus anciens, qui n’avaient plus vu un de ces duels depuis maintenant longtemps. C’est que l’ancienne mode signifiait une pratique des plus barbares : le combat ne cessait qu’à la mort d’un des duellistes. Depuis quelques décennies, on avait délaissé cette coutume, ou bien l’avait-on habillé quelque peu en épargnant la vie du vaincu au dernier moment, quand celui-ci demandait grâce. On précisait donc la nature du duel pour l’esbroufe, ou pour impressionner un peu l’adversaire. Cependant, et en ce cas précis, il n’était pas peu nombreux, ceux qui s’interrogeaient sur le degré de courtoisie de la rencontre entre Albérich et Aetius.

Ce dernier, en effet, traînait derrière lui de fort mauvaises réputations. Nonobstant une liste de combats déjà remplie pour un jeune homme, on le prétendait également la plus fine lame du royaume et une soif immodérée pour le sang. Comment expliquer, sinon, l’ombre du régicide, cette terrible accusation, qui le suivait partout, ou encore les guerres, ou le saccage de la cité royale ? Non-da, voilà un homme, à croire les racontars, qui aimait bien tuer. Et en cet instant, le comte Ivrey ne semblait pas vouloir leur donner tort. Jetant un dernier regard à sa cousine et son chevalier servant un sourire carnassier sur les lèvres, il déserta alors les lieux, s’offrant le luxe de quitter, le pas bientôt emboîté par ses féaux.

L’aube fut sur les combattants en un rien, car les nuits étaient courtes. Dans un souci de discrétion, et au grand dam du prince, on organisa la rencontre au sein du château, dans l’une des cours intérieures. Malgré la petite heure, une foule s’était massée sous les patios qui couronnaient le petit jardin, à peine une pelouse, à peine un solarium ! pour voir l’attraction de ces deux armures de fer combattant pour la dame de Hautval. Ainsi la foule avait éventé l’effet recherché : celui de la surprise. Car en effet, l’une des autres hypothèses – avec celle de la soif de sang du sieur régent – pour expliquer la promptitude avec laquelle on exécuta ce jugement était de ne pas éclabousser la famille des Ancenis avec ces querelles de sang. Hélas, c’était trop tard, et une foule de témoins assistait donc à la présentation des accusations.
Plastronnés de pied en cap, les deux champions débattirent encore de leur cause, le sieur Alberich arguant que l’Ivrey avait flétri l’honneur de sa dame, lui causant ainsi grand-dommage et se couvrant lui-même d’opprobre, tandis que le dit Aetius répliquait quant à lui que son union avait sa cousine Blanche de Hautval courrouçait les dieux, et qu’il n’avait pu faire autrement que de détruire le foyer sacrilège, et que toute autre conduite aurait été traiter mauvaisement son âme et celle de sa cousine. Lorsque le maréchal et les prêtres eurent entendu les deux guerriers, et sans qu’ils ne soulevassent d’objection de peur d’aller contre l’intention du régent, le signal fut donné et ils entrèrent en lice.

Au premier choc, messire l’Ivrey fut atteint d’un coup d’épée à la cuisse et un cri de surprise s’éleva du public, qui frémit à la vue du sang. Cependant le chevalier, loin d’être épouvanté, n’en montra que plus d’ardeur. Alors un sentiment de frayeur s’empara des assistants ; la victoire ne se déclarait pour aucun des deux champions ; toutes les bouches étaient muettes ; on respirait à peine. En ce moment Aetius, rassemblant ses forces et son courage, s’approcha de son adversaire et s’écria : « Ce jour va décider de notre querelle. » De la main gauche il saisit Alberich par le dos de son casque, le tira vers lui et, reculant de quelques pas, le déstabilisa et le renversa à terre. Comme le commandant se relevait, une grêle de coups s’abattit sur lui, tambourinant casque et corps, tant que, sonné par l’ultime assaut, il laissa paraître, sans défense, le défaut de sa cuirasse. L’ayant vu, le prince du sang dégaina son poignard et le frappa mortellement.

Rien de tel pour commencer une bonne journée.
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeVen 15 Mar 2013 - 16:08

    « Ainsi soit-il » Furent les dernières paroles d’Albérich à l’encontre du Régent. Le Comte se retira dès lors dans ses appartements et c’est sous la rumeur de l’assemblée que le Chevalier fit de même sans adresser un quelconque regard à quiconque. La Dame de Hautval fixa son garde du corps quitter la salle, le cœur palpitant en proie à la panique. A son tour, elle préféra quitter la scène et s’éclipser quelques heures dans sa chambre. Son sommeil ne venait pas et à une heure tardive, elle alla trouver son père afin de discuter de l’évènement. Ce dernier lui avait d’abord reproché de ne pas savoir tenir ses hommes mais avait ensuite souligné le courage et la bravoure de ce dernier. Peu d’homme avait encore foi en cette chevalerie d’un autre temps et Raymond respectait et était content de voir qu’il existait encore des hommes de sa trempe. Légèrement apaisée, elle quitta les appartements de ses parents pour retrouver ceux de son amant.

    La nuit fut si courte. La Baronne aurait tant aimé quelques heures de plus car il y avait une chance sur deux de ne plus jamais le revoir. L’écuyer d’Albérich l’aida à se préparer et le Chevalier de Hautval se présenta au sein de cette petite cours réunissant déjà tant de monde. Le sang appelle le sang. Il ne s’étonnait pas que beaucoup d’entre eux avaient fait l’effort de se réveiller pour assister au duel renfermant l’avenir du Royaume des Hommes mais Albérich était confiant. Les hommes, ses hommes, de la Garde d’Obsidienne étaient, eux, aussi présents afin de soutenir leur Commandant. Blanche s’était elle aussi apprêtée vêtue d’une robe noire et d’un voile ébène, signe de deuil. Il y aurait irrémédiablement un mort. Elle le savait à moins qu’un des deux ne soient cléments et connaissant les deux caractères, cette hypothétique clémence serait inexistante.

    Avec l’arrivée du Régent, le duel put commencer. Les deux diables combattirent avec la ferveur que leur insufflait Mogar et étaient guidés par l’appel de la Mort, celui de Tari. La première entaille fut pour le Régent où tous retinrent leur souffle et s’offusquèrent que le Comte soit touché, preuve que ce dernier n’était pas un surhomme, qu’il n’était pas invincible. Il pouvait être la proie d’une lame ! Cependant cette blessure fut pour l’Ivrey comme un gain d’hystérie gorgeant ses veines, telle une drogue, pour mieux combattre alors. La fin justifie les moyens et s’est d’un poignard bien placé qu’Albérich mourut, une mare de sang commençant à se rependre sous sa dépouille. Il eut un ultime regard pour sa Dame à qui ses lèvres semblèrent lui dédier un dernier mot d’adieu.
    Le teint blafard sous son voile, Blanche manqua de défaillir et s’évanouir. Tremblante, elle fixait le corps gisant sans vie de son amant. Cela ne pouvait pas être réel. Qu’avait-elle bien pu faire aux Dieux pour que ces derniers s’acharnent ainsi sur sa pauvre personne. L’ombre d’un battement de cil, elle voulut se jeter sur sa dépouille, hurler et pleurer toutes les larmes que pouvaient contenir son corps frêle mais elle ne fit rien. Elle était paralysée, prise d’une envie de vomir, en proie à un nœud clouant sa gorge. Ce n’était pas possible… C’est le gantelet d’Odeline qui se pressa sur son épaule qui l’arracha à cette inertie léthargique. « MaDame… » Souffla-t-elle. Blanche ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Ravalant sa salive, elle finit par articuler à l’intention de ses gens.

      « Qu’on demande des Prêtres de Tyra et qu’Albérich de Hautval soit enterré selon les honneurs et le rang qui lui sont dus pour tous les services rendus envers sa patrie… Je… vous prie de m’excuser… Je ne me sens pas très bien. »


    Blanche fit une révérence maladroite face au Régent, la tête bien basse manquant de s’effondrer. Elle ne savait pas comment se positionner face à l'Ivrey, cet homme lui apportait tant de malheur. Elle pensa qu'il aimait être cruel à son encontre et qu'il la détestait du plus profond de son coeur si celui-ci existait vraiment. Elle regarda une dernière fois la dépouille de son bien aimé Commandant avant de tourner les talons suivies de près par ses servantes qui la soutenaient voyant tout le mal que leur Dame avait pour rester debout. Ce sont ses gardes personnelles qui s’occupèrent du corps. Ces derniers ne voulurent pas que les domestiques s’en chargent, après tout c’était leur chef, leur camarade… Le Régent put profiter de son nouveau triomphe qui embellissait encore sa réputation de bretteur d’excellence et soigner ses vilaines blessures. Quelques heures passèrent, ces longues heures où la Baronne était inconsolable. On lui annonça qu’il était temps de se préparer pour la Cérémonie d’enterrement et le rapatriement d’Albérich de Hautval en son beau pays. Les Hommages, eux, avaient été repoussés au lendemain en raison de cet évènement impromptu. Lors de la liturgie, tous les Hautvalois étaient présents. Cette dernière fut faite selon la coutume. Blanche put dire adieu à son amant bien qu’elle était toujours dans le déni. Enfin au soir, la dépouille fut rapatriée en Hautval avec une petite délégation de la Garde d’Obsidienne. La promesse d’un enterrement plus officiel, une fois la Baronne de retour au sein de ses terres, fut faite.

    A l’heure du repas, Blanche d’Ancenis demeura absente du festin. La Baronne s’était cloitrée toute la journée au sein de sa chambre. Elle n’était sortie que pour l’enterrement du Commandant de sa Garde personnelle et était rentrée aussitôt en demandant qu’on la laisse seule. La Dame de Hautval était là, assise sur le sol, vêtue d’une camise de lin blanc. Les pieds nus, ses yeux humides, drogués par la colère, la souffrance et la rancœur, circulaient de temps à autre sur le désordre de ses appartements, ils ondulaient entre les malles retournées, les étoffes déchirées, les parchemins éparpillés. Elle n’avait pas voulu s’alimenter depuis l’aube mortelle et se contentait de s’hydrater avec du vin et de l’eau.

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MessageSujet: Re: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeVen 5 Avr 2013 - 21:08


Le passage était étroit, presque sinueux. Pavé de pierre et recouvert de poussières, une odeur de renfermé se dégageait du maigre passage secret. Et, éclairé par une chandelle, deux hommes tentaient tant bien que mal de se frayer un chemin. A la tête, c’était un serviteur du logis ducal, une canaille qui avait son utilité. Derniers services rendus à la Couronne : mener Aetius jusqu’à la chambre de sa cousine éplorée.

Il était déjà tard, et le festin s’était terminé tôt. C’est que le meurtre du capitaine de la garde d’Hautval avait, semble-t-il, quelque peu refroidi le dîner mondain. Sans oublier l’hôte, l’Ivrey, qui s’était montré particulièrement absent, du moins en esprit, des réjouissances. Etait-ce le duel qui le rongeait ? Non pas, c’était bien Blanche. Il ne pouvait s’empêcher de penser à elle. Dès le moment où il avait vu ce chevalier s’aboucher avec sa cousine, Aetius avait éprouvé une antipathie prononcée pour ce Jean-foutre. Animé par les instincts, certes simples mais efficaces, du chevalier outragé, il était dévoré par les flammes de la jalousie et, pensait-il, de l’amour ravivé par la proximité mortelle qu’entretenait la baronne de Hautval avec son chevalier servant.

Aussi l’avait-il tué, le damoiseau ! Et depuis, l’odeur de son sang et la vue de Blanche horrifiée lui collaient à la peau. Après l’euphorie de l’après-meurtre, ses pensées se dirigeant pourtant vers le mort et sa maîtresse, comme des leitmotiv. Aetius, en bon chevalier qu’il était, sentait qu’il devait aller retrouver Blanche. Après tout, il avait vaincu, il avait défait son chevalier. Il croyait sans se l’avouer que cet acte lui accordait un droit sur elle, qu’elle lui appartenait de nouveau. L’odeur du sang le prouvait.

« On y est m’sire régent, » chuchota alors le serviteur en jetant un coup d’œil derrière lui. L’Ivrey sortit de ses rêveries, plus décidé que jamais. « Là. » fit enfin son complice en désignant une petite clinche. Elle permettait d’ouvrir un pan de mur de la chambre de la baronne d’Hautval, permettant, autrefois, aux ducs de visiter certaines pièces en toute discrétion, ou bien de disparaître en toute sécurité. Le régent aspira un grand coup, souleva avec une lenteur infinie la clinche, et entra.

*

La chambrée avait semblé subir les humeurs de son occupante. Sous la lumière chiche de quelques bougies, des ombres de vêtements et de coffres éventrés jonchaient le sol de bois. Là, debout, dos à lui, c’était Blanche dans une grande chainse. Ses cheveux étaient détachés, et il l’entendait renifler à mesure qu’il s’approchait à pas de loup. Quand il fut assez près, il fit savoir sa présence. Elle se retourna, surprise. Elle avait la figure bouffie de larmes. Aetius esquissa un sourire… avant qu’elle ne lui saute dessus, le projetant à terre. Surprise à son tour, il ne comprit rien jusqu’à ce qu’il vit les yeux de son ancienne femme. Des yeux comme des poignards. Le giflant, le maintenant au sol, elle commença à l’étrangler, la haine venant aider sa force.

La lutte commença alors, et lorsqu’il se dégagea de Blanche, tentant que bien que mal de la maintenir inoffensive. Mais le chagrin l’aveuglait, et celle-ci revenait à la charge jusqu’à ce que, finalement, il la propulse sur le lit. Là, la dominant à son tour, il la tenait, s’imposait sur la chainse blanche et le corps de sa cousine, qui ne s’en débattait pas moins. Et comme il avait chaud, et comme elle le giflait et le mordait, il la désirait. Installé sur elle, glissant sur ses bras ses grandes mains dures pour la tenir, il approchait son visage de ses dents, et reculait quand elle tentait de le mordre. L’emprise se fit, peu à peu, plus lâche, et la résistance de Blanche moins forte.

Alors il baisa son cou, puis baisa ses lèvres. Et, surprise !, celle-ci lui rendit son baiser. Ils s’embrassèrent ainsi, tandis que les bras d’Aetius l’enlacèrent. Et tandis qu’elle, qui semblait tout à l’ouvrage, laissa glisser sa main sous l’oreiller. En sortant un poignard, elle tenta de l’enfoncer dans son adversaire, qui détourna la lame d’un geste du bras. Celui-ci, tout à fait dégrisé, se saisit du couteau. Sa main, autrefois caressante, compressa la gorge offerte de sa cousine, alors que leurs regards, méprisants, pleins de défi, s’affrontaient l’un l’autre. Le silence était total quand Aetius leva son bras, armé de la dague. Et, abaissant dans un éclair l’arme, il la planta dans la tête de lit. Et reprit son affaire, allant se perdre dans les cheveux de sa cousine.
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MessageSujet: Re: Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers.   Des Ancenis à Erac ? C'est le monde à l'envers. I_icon_minitimeVen 12 Juil 2013 - 16:09



    Blanche avait pleuré toutes les larmes de son corps tant bien est qu'elle était incapable d'en verser une de plus. Les joues néanmoins encore humides, la Bête noire tourna sa frimousse en la direction du Régent lorsque ce dernier fit savoir sa présence. Elle fut d'abord surprise et jeta un regard en direction de la porte close, jamais l'un de ses gens n'aurait fait rentrer le mal en sa chambre. Aetius était apparu comme par magie et elle pensa que le vin et la faim lui jouaient des tours. Et puisque son esprit était captif des limbes, l'Ancenis fut submergée par ses méchantes humeurs. La colère, la haine la firent sauter au cou de Régent qu'elle pressait dans l'unique but de l'étrangler avant que ses ongles ne lui griffent les joues que ses paumes giflent sa peau avec hystérie. Évidemment, elle ne s'attendait pas à ce qu'il se laisse faire, bien du contraire. Après maintes essais, le Régent réussit un coup de maître en l'expédiant sur sa couche. Elle y retomba lourdement, le bois heurtant ses reins, la douleur la fit grimacer mais sa hargne resta, elle, intacte. Elle voulut se jeter à nouveau sur lui et son beau cousin la prit de court en venant la dominer de toute sa carrure, installé sur son corps agité. Les poignets liés, Aetius jouait avec le feu en approchant de temps à autre sa frimousse bien trop près. Elle faisait claquer ses dents dans le but de le mordre. La lutte prit bientôt une autre tournure et la sauvageonne semblait s'épuiser, comprenant qu'elle n'arriverait jamais à ses fins. Le regard n'en était pas moins expressif, lui, dégoulinant de haine et de mépris pourtant il y avait autre chose aussi, une émotion insoupçonnée. Les lèvres du Régent s'emparèrent bientôt de son cou puis de ses lèvres d'une caresse envieuse. Il pouvait sentir sa cousine trembler légèrement sous lui et se montrer plus docile en lâchant quelques soupirs, haletante car son cœur lui battait toujours la chamade. Débutant son office, la Dame se laissa faire, allant quérir discrètement de sa main une lame sous son oreiller. Elle joua la soumise pour mieux frapper. Sans aucune hésitation, elle enfonça la dague dans son dos attendant enfin la délivrance tant souhaitée. Blanche avait fermé les yeux, cet instant, elle le savourerait mais c'était sans compter sur la vigilance de son cousin qui chassa le poignard et échappa à une si belle mort. Comment avait-il su ? La connaissait-il plus qu'elle n'eut cru ? Lorsqu'il releva sa tête vers elle avec ce regard et cette expression qu'elle ne pouvait définir, la lame à la main, Blanche retint son souffle. Les yeux si grands ouverts, faisant face à la mort, son coeur se serra, battant tant, qu'elle en avait mal à la poitrine. Une kyrielle de sentiments se lisait dans ses deux saphirs : une fusion entre la peur et l'émerveillement. Blanche était à la fois tétanisée et fascinée. Lorsqu'elle vit l'arme s'abattre, elle garda ses deux billes cérulées ouvertes, une sourire énigmatique étira légèrement ses lippes. Il était venu le temps de la libération d'une autre façon qu'elle l'avait imaginé. Cependant cet instant n'arriva jamais puisque la dague se logea dans le bois.

    A cet instant, une décharge envahit son corps entier, prise d'une étrange pulsion alors qu'il retournait se perdre dans sa chevelure d'ébène et embrasser son cou. Blanche relâcha un petit soupire et, envoûtée, elle ferma les yeux pour se perdre dans le plaisir de la chair. Une passion sans nom l'animait, la consumant toute entière. Les doigts ne tardèrent à prendre possession du corps de son ancien époux. Les mains parcouraient ses courbes, chiffonnant les étoffes qu'il portait pour finalement les lui arracher, ainsi fut le sort de sa chemise. Sa bouche s'invitait à ses lèvres, ses dents mordillaient la peau de son cou, ses ongles traçaient de longs sillons dans l'échine de son dos. Chacun des deux se dévorait, ivres de stupre. Les corps furent bientôt nus et l'étreinte se montra aussi passionnée qu'au premier jour. Elle l'aimait autant qu'elle le haïssait. Leur relation était particulière oscillant entre deux opposés. A nouveau, ils purent s'adonner à tous les petits jeux qu'ils avaient pratiqués et qu'ils adoraient sans aucun interdit. Leur amour brula jusqu'au petit matin où les deux amants s'endormirent dans les bras l'un de l'autre. Le repos fut de courte durée car chacun avait ses propres obligations.


    En public, la froideur était de rigueur mais lorsqu'ils pouvaient se retrouver en cachette, ce même jeu du chat et de la souris, de la proie et du prédateur recommençait inlassablement. Quelques jours plus tard, les hommages furent rendus et le Régent dut repartir car il avait des affaires à régler dont un mariage à préparer. Raymond d'Ancenis devint Sénéchal d'Érac. Ils savourèrent ensemble les derniers instants avant de se quitter. De toute façon, il avait promis de venir lui rendre visite. D'abord espacées, puis régulières, son amant fut tôt mis au courant de ce qui couvait en son sein. De cet amour particulier et ces unions adultères naquirent un garçon avec quelques semaines d'avance.

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