|
| Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] | |
| | Auteur | Message |
---|
Dun Eyr
Ancien
Nombre de messages : 2219 Âge : 31 Date d'inscription : 14/04/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 149 Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Ven 8 Mar 2013 - 22:45 | |
|       Depuis le soir de la confrontation avec les traqueurs du Seigneur Protecteur Adantar, les Nains — ce qu'il en restait — avaient chevauché plein Ouest au travers du Brissalion ; devant eux ne s'étendait alors plus la forêt encombrée de l’Epine Dorée, mais la vaste plaine dégagée de la Nanie du Sud. Libérés de leurs bandes de tissu, les sabots des chevaux elfiques battaient maintenant la campagne comme un tambour de guerre ; les Nains filaient en toute hâte vers le Couchant, et deux nuits seulement avaient passé depuis qu’ils avaient quitté les contreforts de Yaiwecilya, que les fugitifs parvenaient dans le petit matin aux portes de Lante.       La cité du Sud étendait largement ses murailles abaissées devant les Almiens, et la Porte de l’Est était encore close à cette heure. Plus loin sur la gauche, les reliefs irréguliers de l’Enclave se laissaient deviner, et le soleil naissant incendiait de reflets d’or les maigres palissades de bois qui ceinturaient le faubourg des étrangers. Enfin, trônant au-dessus de cette cité colossale, s’élevait le Fort Mithral, dont les tourelles crénelées demeuraient encore inachevées.
      La faim et la fatigue tenaillaient Dun Eyr et ses Nains, tandis que leurs montures pantelaient après leur course folle ; l’Elfe Neglendir ne parvenait pas à reprendre son souffle, et il promenait alentour un regard attristé sur la vaste plaine du Brissalion, à l'horizon de laquelle ne se dessinait pas même l’ombre d’une forêt d’arbres.       Le Haut-Prêtre talonna son cheval pour approcher la Porte de l’Est et, d’une grande voir, il interpella les gardes de Lante :
      « Nains ! Faites connaître au Roi Valek que des Almiens sont à sa porte, et que des Elfes les traquent. »
      Les factionnaires ne manquèrent pas de marquer leur surprise : il était de notoriété publique que Valek avait tenté d’apaiser les relations tissées entre la Cité du Sud et les Elfes avoisinants, et cela faisait plusieurs années qu’aucune guerre n’était venu lécher les murailles de Lante. Mais le regard noir de Dun Eyr, et les blessures encore rouges parsemant certains de ses compagnons, durent achever de convaincre les gardes de faire leur devoir.
      « Et dites au Roi Valek, reprit le Haut-Prêtre en regardant Neglendir, que Dun Eyr d’Almia lui apporte un captif qui pourrait bouleverser le sort des Nains. »
      En lui-même, le Haut-Prêtre sentait confusément qu’il n’était pas le bienvenu, avec ses présages de guerre : le Roi Valek ne portait pas la réputation d'être un va-t-en-guerre, et les Almiens n’avaient pas même reçu un salut de sa part lorsqu’il avait accédé au trône de Lante. Depuis les profondeurs reconquises d’Almia, les adorateurs du Père des Batailles, massés autour d’Agrarald et protégés par Dun Eyr, ne trouveraient certainement pas grâce aux yeux du souverain de la Cité du Sud.       Le Haut-Prêtre décida néanmoins de faire un geste encourageant, et il ordonna à ses Nains restés en arrière :
      « Rangez vos armes, tous ! Ce n’est pas un jour pour que des Nains se déchirent. »
      Et entre ses dents, Dun Eyr ajouta plus pour lui-même :
      « A moins qu’ils ne reste plus d’autre échappatoire... »
Dernière édition par Dun Eyr le Sam 13 Avr 2013 - 18:28, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Dim 10 Mar 2013 - 10:35 | |
| Le soleil vint trouver Valek penché sur sa table, en train de rédiger un nouveau traité qui allait permettre de continuer la construction de Fort Mithral. Les travaux allaient bien lentement en ce moment, par manque de main d'oeuvre et de matériaux. En troquant avec ses voisins le roi de Lante avait réussi à se procurer la pierre qu'il fallait et avec cette nouvelle loi il allait débloquer le marché du travail. Pourquoi donc fallait il donner du travail qu'aux nains ? Privés humains et elfes de liberté et leur imposer une loi martiale ne suffisait donc pas. Pour placer des blocs de granit là où on le demandait il ne fallait pas non plus faire parti des Ingénieurs de la Nanie. Sa plume grattait donc allègrement le parchemin. Issu des classes militaires et ayant erré seul des années durant Valek avait encore du mal à s'exprimer et chaque nouvelle loi qu'il présentait était courte. Mais heureusement pour lui un des érudits de la Nanie lui apprenaient à écrire dans la langue humaine et surtout à s'exprimer d'une manière pompeuse. Et lorsque pendant plus de cent ans on avait peu parlé et ce avec franchise il était bien difficile de réussir.
Une goutte d'encre tomba sur le papier, marquant ainsi la dernière lettre et la fin de la loi. Valek secoua la tête de haut en bas tant il était satisfait de lui et il fit passer le parchemin au dessus de sa bougie, pour permettre à l'encre de sécher. Lorsque ce fut fait il sourit, plia le parchemin et fit couler de la cire chaude, et rouge, sur le papier. Puis il apposa son sceau à l'aide de sa bague. Voilà une bonne chose de faite. Le roi de Lante était satisfait de lui et il avait fini son travail. Avec un peu de chance ce serait la seule journée de la semaine où il devrait se lever si tôt. Le nain s'étira et sauta sur ses petites jambes, son parchemin à la main et le donna un de ses coursiers qui l'amènerait immédiatement au chantier.
"Mon Roi !, lança un nain, que Valek reconnut comme l'un des gardes, qui posa immédiatement un genoux au sol. - Relèves toi soldat. Quel vent t'amène donc ici ? - Un mauvais vent je le crains. Dun Eyr, qui prétends venir d'Almia, est à nos portes. Il vous demande l'asile et dit avoir un captif qui pourrait changer l'avenir des nains. - Amènes donc moi le voir."
Pendant que le garde guidait Valek à travers les couloirs du palais le Roi de Lante se posa nombre de questions. Comment était il possible qu'Almia soit l'objet d'une reconquête par les nains. Il avait bien entendu des rumeurs selon laquelle les plus fidèles croyants, en particulier ceux de Morgar, s'y dirigeaient mais les patrouilles qu'il avait envoyé dans les montagnes n'avaient rien vues de tel. L'antique cité naine était difficile d'accès et aux dernières nouvelles de sources sûres elle avait été prise d'assaut par les gobelins. Des survivants s'y battaient ils toujours ? Mais la question n'était pas là. Valek connaissait Dun Eyr, l'ayant déjà croisé alors qu'il était acclamé comme le Tueur de Chimères. Quel captif amenait il donc ? Un elfe noir qui venait s'aventurer sur les territoires ? Ce qui pouvait signifier la guerre et une invasion. Ou peut être pas ? Valek fit signe à une dizaine d'hommes de le suivre tandis que les lourdes portes s'ouvraient.
"Dun Eyr ! Je ne peux refuser l'asile à des frères nains. Rentres donc ! Mais saches qu'à la moindre preuve que tes actions peuvent nuir à Lante et tu seras expulsé de la ville." |
| | | Dun Eyr
Ancien
Nombre de messages : 2219 Âge : 31 Date d'inscription : 14/04/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 149 Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Dim 10 Mar 2013 - 23:03 | |
|       Lorsque Valek, Seigneur de Lante, parut à la porte Est de la cité du Brissalion, Dun Eyr le salua de la courte révérence des Nains ; étant Almien de naissance, libéré de ses obligations envers la Couronne depuis la mort de Garmin et la chute de Kirgan, le Haut-Prêtre ne devait aucun hommage à ce Roi-ci. Le Lirganique aurait pu se courber devant le Baron d’Alonna, bien qu’il n’en soit jamais devenu vassal, mais un simple salut respectueux suffirait pour le seigneur Cri-de-Runes.
      « Dun Eyr d’Almia, Prophète de la Reconquête, te salue, Valek, Roi de Lante. »
      On avait connu des rencontres plus cordiales. Juchés qu’ils étaient sur leurs chevaux volés, le reste des Nains qui avaient traversé la Forêt gardait le silence, et leurs mines paraissaient revêches ; il ne devait rien y avoir de plus joyeux à lire sur le visage de Neglendir, lequel ne pouvait voir d’amélioration de son sort à passer des mains d’un Nain à celles d’un autre Nain. Mais Dun Eyr ne se retourna pas pour jauger la figure de l’Intendant, et sa barbe resta résolument tournée face aux portes de Lante.       Le seigneur de la Cité les accueillit avec la froide politesse d’un lointain cousin, et ne leur offrit aucun honneur que d’autres maraudeurs des clans du Nord n’auraient reçu eux aussi. Pour le Haut-Prêtre, qui n’était pas retourné à Lante depuis la fin d’Ironwrist et l’avènement du nouveau Roi, ces paroles froides sonnaient étrangement dans l’air de l’Automne ; le Nain s’efforça pourtant d’y répondre avec dignité et élégance.
      « Mes pas ne m’ont pas amené dans la Cité du Sud, depuis que tu as repris la Couronne de Lante ; mais je n’ai pas oublié que selon tes propres lois, Roi Valek, seuls les Nains peuvent franchir la muraille de pierre. Alors je resterai au-dehors de tes remparts ; car c’est un Elfe qui se tient là, ligoté et entravé, son cheval lié derrière le mien. »
      Depuis la selle de sa monture dérobée aux enclos de l’Epine Dorée, Dun Eyr dominait largement le Roi Valek et sa garde à dix pas de là ; on ne voyait en effet que rarement, dans les plaines du Nord, un Nain chevaucher plus haut que l’encolure d’un poney.
      « Tu as souvenir comme moi, Valek, Roi de Lante, reprit le Lirganique, qu’aucun secours n’est venu de la Forêt lorsque le Voile a recouvert la Nanie ; que l’Hiver a abattu nos frères, certains jusqu’à la lisière de l’Anaëh, sans jamais qu’un Elfe ne traverse la plaine du Brissalion. »
      Il était difficile d’oublier ces scènes ; pour tout Nain qui avait arpenté les montagnes, à l’heure ou Kirgan était dévorée par les flammes et que s’écoulait le long flot de ses rescapés, le premier Hiver avait apporté son lot de fuyards ravagés par le givre, ou bien moissonnés par les ours.
      « La Montagne ne pardonnera pas son affront à la Forêt, Valek, poursuivit le Nain ; et voici un Elfe de l’Epine Dorée, qui offrira aux Nains la rétribution du secours que les Nains n’ont jamais obtenu. »
      Le Haut-Prêtre évaluait de l’œil l’assurance des gardes rassemblés autour de leur souverain. Ces Nains-là étaient en tous points différents de ceux qui luttaient dans l’Almia : aucun des factionnaires de Lante ne semblaient avoir souvenir de la guerre, et les paroles féroces du Lirganique devaient en surprendre plus d’un.
      « Sachant cela, Roi Valek, enchaîna Dun Eyr, nous, Almiens, demandons l’asile dans les murs de Fort-Mithral, le temps d’arrêter ce que nous ferons de l’Elfe. »
|
| | | Invité Invité
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Lun 11 Mar 2013 - 19:54 | |
| Quelle surprise de Valek de découvrir une troupe de nains qui apparemment avaient vécu récemment le combat, les privations et la fuite. Et quelle aussi de voir que l'homme qui se disait le Prophète de la Reconquête refuse de monter le respect qui était dû à un roi. Valek n'appréciait guère cet homme, non pas par le fait qu'il soit un des Haut Prêtes de Lirgan lui même croyait profondément en la magie runique. Non ce qui déplaisait à Valek était bien entendu l'elfe qui était sans conteste le captif dont parlait le garde. Valek se redressa et posa ses mains sur ses hanches. Arrivant pourtant à peine au poitrail de la monture du Prêtre il lança :
"Tu es un frère. Je t'accueille comme tel. Pourquoi ne me fais tu pas l'honneur de descendre de ta monture et d'accepter mon logis et mon asile ? Tu es face à un roi, qui plus est tu es sur son territoire."
Ainsi donc Dun Eyr croyait que les elfes avaient littéralement abandonnés les nains durant les voiles. Mais dans ce cas là il faudrait tuer tous les peuples qui vivaient sur le continent. Qu'en était il des humains qui avaient eu du mal à céder Lante aux survivants de Kirgan ? Et où était passé les Drows ? Même les nains ne faisaient guère d'effort pour se réunir. Loin à l'ouest Thanor s'était refermée sur elle même, bien qu'elle commerce ouvertement avec les humains, et rares étaient les nouvelles qui en parvenaient. Et Almia ? Jusqu'en ce jour il n'avait guère entendu parler des combats qui semblaient y avoir lieu. Almia n'était au mieux qu'un immense camp de réfugié et au pire un cloaque rempli des pires nains, encore sous l'effet de la folie. Valek garda un visage de marbre tandis qu'il parlait mais sa voix était d'une rare froideur.
"Tu te dis Prophète de la Reconquête mais qu'a tu fais pendant que le Général Ironwrist et moi même nous occupions de réunir les fils de Mogar entre les murs de Lante ? A tu cherché à réunifier la Nanie ? Non. Tu ne vaux pas mieux que les nains sauvages qui vivent loin au nord dans les montagnes. Les temps ont changé et notre peuple n'est plus celui qu'il était. La guerre gronde et je me dois de défendre mon royaume. Que connais tu à la politique ? Que sais tu de ce qui se passe de part le monde ? Rien. On ne mène pas des négociations en enlevant un elfe. Et comment oses te présenter ici à Lante alors que le Seigneur de l'Epine Dorée nous apporte son aide ?"
Valek recula, faisant claquer sa cape et fit signe à ses hommes. Ceux ci, entraînés, dégainèrent aussitôt leurs armes et d'autres soldats jaillirent de la porte tandis que quelques archers se plaçaient autour de la troupe menée par Dun. Valek avait le visage triste, il haïssait tuer des vies inutilement et encore plus celles des nains. Pourquoi donc le Voile avait il frappé aussi fort ? Le Roi se tourna vers le Haut Prêtre et le toisa, bombant le torse bien qu'il soit bien trop petit pour arriver à la taille du nain.
"J'ai pardonné à la Forêt. Et je représente la Montagne. Désormais tu as le choix. Relâches et confies moi ton prisonnier et je te défendrais contre tes poursuivants et les calmerai en leur remettant ce pauvre homme. Ou alors laisses le moi et fuis. Choisis cette voie sinon je me verrais dans l'obligation de tuer tes hommes et de te donner aux elfes. Elfes et nains doivent s'allier pour survivre. Et ta folie est un obstacle. Le Voile frapperait donc il dans le Nord encore et toujours ?"
Valek recula à nouveau et passa sa main sur sa hache... |
| | | Dun Eyr
Ancien
Nombre de messages : 2219 Âge : 31 Date d'inscription : 14/04/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 149 Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Ven 22 Mar 2013 - 0:26 | |
|       D’une œillade, le Lirganique embrassa la scène qui se déroulait devant lui ; voilà qu’en un instant avaient surgi de nouvelles haches, et que des archers s’arrondissaient en une demi-lune face à Dun Eyr et aux siens. Le Nain fut saisi d’une grande surprise à voir que Lante était tenue par un tel va-t-en-guerre, belliqueux au point de porter l’arme contre ses propres frères ; peut-être était-ce dans la cité du Brissalion que, finalement, le Voile ne s’était jamais dissipé...       Quant aux insultes, elles coulèrent sur le Haut-Prêtre sans y débusquer une accroche. On l’avait maudit pour avoir pris la route de la Péninsule alors que s’effondrait la Nanie ; puis béni tandis que les navires de Soltariel ouvraient leurs flancs, et distribuaient le blé dans le port de Thanor. La gloire était une compagne passagère ; et dans les plaines longtemps évitées du Brissalion, Dun Eyr ne devait plus avoir qu’un reliquat de prestige, il s’en doutait bien.
      « Valek, rétorqua le Nain d’une voix encore douce, tu es Roi dans la Plaine, mais pas dans la Montagne. Je vois là des archers, des guerriers comme jamais les armées du Nord n’en ont compté : aurais-tu oublié que nous lançons des haches plutôt que des flèches ? Et maintenant, tu menaces de me combattre, moi qui viens en ami ressusciter les anciennes ententes qui, il y a huit ans à peine, liaient encore Almia à Lante. »
      Dun Eyr n’avait pas tiré sa lame ; il avait pour lui la puissance des runes, qui saurait bien dévier quelques flèches si la palabre tournait à l’affrontement. Jamais Lirgan n’abandonnait son héraut ; et c’était sans compter que Briessa, la Grande Engenderesse, avait béni le Nain deux jours plus tôt. Aussi, le Haut-Prêtre ne fit-il pas un geste, et derrière lui ses compagnons demeurèrent cois sur l’encolure de leurs chevaux.
      « Lante est esseulée, Valek, Roi, constata Dun Eyr d’une voix douce, et ses routes sont reprises par les herbes : il n’y a plus de caravane vers le Sud, pas plus qu’on a vu de Nain de Thanor marcher jusqu’au Brissalion depuis longtemps. Des clans du Nord, aucun n’a rejoint ta bannière ; les sauvages ne te reconnaissent pas. Je viens t’apporter l’amitié de l’Almia renaissante, mais tu juges bon de la troquer contre l’assistance d’Elfes qui n’ont plus quitté leur Forêt depuis des siècles. »
      Le Haut-Prêtre avait parcouru les terres du Sud plus que ne l’avait fait Valek, et avait appris auprès des Barons de Péninsule les rouages des pactes et traités. Lante ne pourrait tenir longtemps seule dans sa Plaine : à voir l’Enclave rampante qui rongeait ses flancs, c’était d’ailleurs prodigieux qu’une famine n’ait pas encore dévasté la cité.
      « Les dieux ont imposé, voilà sept ans, une épreuve à la Montagne, reprit Dun Eyr. Chacun d’entre nos frères a supporté l’ordalie comme il croyait juste et bon ; et si tu crois que la salut de Lante est dans l’assistance des Elfes, alors je vous laisserai en paix, Roi Valek, toi et les tiens. »
      Une question, toutefois, brûlait les lèvres de Dun Eyr.
      « Mais je n’ai vu encore aucun signe de ce pacte de la Plaine avec la Forêt, constata le Nain de sa voix douce. Que tu me montres une seule preuve de tes alliances avec les longues-oreilles, et je te laisserai mener comme tu l’entends ceux d’entre les Nains qui te reconnaissent, Valek. »
- HRP:
Comme annoncé, c’est maintenant à Taurë de poster
|
| | | Taurë
Elfe
Nombre de messages : 142 Âge : 35 Date d'inscription : 03/09/2012
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 713 ans. Taille : Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Dim 31 Mar 2013 - 21:30 | |
| Les cieux n'étaient zébrés que par quelques nuages disparates, voguant ci et là, soufflés par la toute puissance du vent. Les cimes vertigineuses des monts Nains perçaient les fines nuées, mais n'en rompaient pas la couleur : le blanc des sommets enneigés épousait à merveille la couleur des habitants des cieux, bien qu'on pouvait imaginer la présence de quelque nid d'oiseaux, octroyant le paysage immaculé de minuscules tâches opaques. Poussé par la contrainte qui lui permettait de voler, le volatile ne semblait que prêter d'importance au beau et rare paysage qui se profilait sous ses yeux perçants : sa tâche n'était pas de contempler. Les émeraudes qui luisaient au centre de ses pupilles témoignaient, pour qui avait vu, de son ascendance Immortelle. Sa présence n'était que temporaire, et sa mission courte mais indispensable. Il ne fallait pas défier la volonté des Dieux et de leurs Vaisseaux, et si un jour tel cas survenait, les Élus disposaient d'un large éventail de compétences afin de rappeler aux Mortels à qui leur présence était due. Nul doute ne subsistait qu'une grande colère s'était emparée de la Gardienne, lorsque la Voix de la Mère lui murmura qu'un impondérable était survenu. On en voulait à son plan, à ses désirs et à sa personne, et s'opposer au héraut temporaire de Taurë revenait à s'opposer à elle. Le temps lui manquait pour traverser les étendues qui séparaient Lante de la Forêt, et si elle même ne pouvait se déplacer pour convaincre par sa personne, elle envoya ceux qui servaient la Mère, en espérant que nul ne serait assez fou pour s'opposer à Elle.
Lorsque les murailles de Lante furent en vue, l'Aigle géant amorça sa descente vertigineuse, et sans qu'alarme ou tracas débutèrent, il posa ses imposantes serres sur les créneaux des remparts. Il fissura l'une des pierres par son atterrissage, et provoqua dans son sillage beaucoup de poussière. Immensément calme, repliant ses ailes et ne manifestant aucune animosité, ses émeraudes saillantes oscillèrent entre les présents, dans la quête de celui à qui son message devait être délivré. Celui ci était simple, une poignée de mots...dont la réponse s'avérerait décisive pour le Roi Nain, son Peuple et sa Cité.
|
| | | Invité Invité
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Mer 3 Avr 2013 - 13:04 | |
| Les mots de Dun Eyr étaient des mots puissants et surtout qui touchaient Valek en plein dans sa poitrine. Il avait toujours apprécié la puissance quasi divine qui émanait des hommes et des femmes qui avaient prêté serment envers leurs dieux et surtout de les servir jusqu'à ce que mort s'en suivre. Certains vivaient une existence paisible, emplie de prières et autres sacrifices pour montrer sa dévotion aux dieux. D'autres non. Et Valek et Dun Eyr faisaient parti de ces hommes. Ils avaient traversé monts et vaux, combattus des ennemis au point d'en avoir encore des cauchemars. Ils avaient connu la mort mais aussi la simple joie de vivre.
Et désormais le Roi de Lante et de la Plaine avait de lourdes responsabilités sur ses épaules. Il lui en avait coûté de devoir entraîner ces hommes à l'arc mais il avait gardé la tradition de la hache parmi son armée et ses hommes. Il ne craignait pas la colère des Almiens mais plus la culpabilité et le manque d'honneur et de patriotisme s'il venait à lever la main sur des frères nains. Serait il assez fou et surtout remonté pour le faire ? Il en doutait, au fil des ans Valek avait appris à se contrôler et surtout à réfléchir sur ses actions et surtout leurs conséquences. Valek haussa les épaules et planta violemment sa hache dans le sol.
"Vois tu frère nain je suis un guerrier, fils de Mogar mais aussi cousin de la hache et petit frère des runes. Je suis tout comme toi un Nain mais les jours sont sombres. Et je crains pour ma ville. L'attaque ne saura tarder. Les humains lorgnent mon territoire de part ses fertiles terres. Et pourquoi donc ferais confiance à un homme dont j'ai entendu le nom comme un traître et un opportuniste. Non je ne pense pas cela de toi même je trouve traître d'enlever un innocent habitant des profonds bois."
Valek soupira et laissa un sourire amical transparaître sur ses traits bien que ses yeux, fatigués par une longue nuit mais aussi par la vie, certes peu mouvementée mais difficile, qu'il vivait chaque jour depuis son intronisation. Dun Eyr n'avait guère tort, il était tout à fait vrai que Lante était bloquée. Les humains ne s'aventuraient que rarement et les sauvages... Et bien ils restaient toujours attaché à la folie qui avait traversée et dominée la Nanie des mois durant. Valek avait fait bien peu de choses, malgré la surpopulation de la ville. Il était peu être temps de changer les choses. Les elfes étaient des hommes bons mais leur parole pouvait difficile à être avalée. Mais Valek pouvait tout aussi bien jouer sur un double jeu... Il allait ouvrir la bouche lorsque un aigle gigantesque apparut et se posa sur les murailles.
"Par Mogar !"
Les hommes de Valek réagirent presque aussitôt se tournant vers cette menace. Mais leur roi, d'un geste brusque, leur fit presque aussitôt signe de s'arrêter. Il s'avança vers Dun Eyr et le salua d'une rapide révérence, ce qu'il n'avait toujours pas fait. Puis, le visage marqué d'une fureur peut être injustifiée mais aussi par ce que sa décision venait d'être prise il se recula et prit la tablette de cire ainsi que le stylet qui se trouvait à sa ceinture. Après avoir gravé des runes dessus il regarda droit dans les yeux son frère nain :
"Par ces runes je te protèges de ma propre vie. Si tout mal t'est fait ce même mal me fera fait. Je ne te veux aucun mal. Juste détendre cette situation bien trop orageuse. Entres dans les murs de ma ville et je te défendrai. Et renvoies cet être d'où qu'il vient. Je ne refuserai jamais l'asile à des compatriotes. Mais je n'aimes qu'on ne me force la main."
Et Valek effaça les runes, laissant affluer la magie des Dieux... |
| | | Dun Eyr
Ancien
Nombre de messages : 2219 Âge : 31 Date d'inscription : 14/04/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 149 Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] Ven 12 Avr 2013 - 19:41 | |
|       « Entre dans les murs de ma ville et je te défendrai. Et renvoie cet être d’où il vient. »
      Un soupir gonfla les lèvres de Dun Eyr, comme son regard se posait sur l’émissaire de Briessa. L’oiseau savait intimider l’orgueilleux Roi dans la Plaine, mais il n’avait pas le pouvoir de faire céder ses convictions. Voilà que la conversation avait achevé une rotation complète, et ils se retrouvaient à prononcer les mêmes phrases qui avaient ouvert la rencontre. Le Lirganique était lié par un vœu divin passé devant la déesse Ours, jamais il ne rendrait Neglendir à sa liberté, pas même contre toutes les murailles de Nanie.
      « Tu dois être bien généreux pour juger les bois innocents, Valek, déclara le Haut-Prêtre juché sur son cheval : les Forêts sont opulentes, mais elles ont laissé tes frères mourir à leur lisière. Tes efforts vers Malereg sont sans espoir, renonce : tu n’effaceras pas du Petit Peuple le souvenir de six années de mépris et de famine. »
      Dun Eyr eut un regard derrière lui, pour ses guerriers harassés et sales : ceux-là retournaient dans le Nord pour combattre. Dans l’Almia, la flamme de Mogar n’avait jamais vacillé.
      « L’alliance des Nains avec les Elfes est morte avec le Dixième Cycle, Valek, et la disparition du Roi Garmin a démantelé nos derniers pactes envers la Communauté de la Lumière. La Forêt est sur le point d’entrer en guerre, et les Nains ne veulent pas combattre aux côtés des longues-oreilles. Ces accords là ont perdu tout leur sens depuis de longues années. »
      Au sortilège du Roi, Dun Eyr ne répondit pas. Il était missionné par Briessa et ces quelques mots runiques le touchaient à peine, peut-être même avaient-ils été absorbés par la magie de la déesse Ours. L’Almien leva le poing droit et en frappa sa main gauche, le salut ancien de Mogar.
      « Je sais à présent quel Roi mène Lante et il a mon estime, reprit Dun Eyr. Puisse Mogar lui rappeler que sa ville est un ancien Comté des Hommes, mais que lui est pleinement Nain ; et qu’il doit décider comme un authentique enfant du Père. »
      Le Lirganique se recula tandis que l'aigle géant s'envolait depuis les remparts de Lante. La rencontre était achevée, et pour cette fois ils se quittaient en paix. Après un nouveau salut, les Nains firent tourner les talons à leurs chevaux, et la troupe s’élança vers le Nord ; derrière eux planaient les larges ailes de l'oiseau de Briessa.       Almia attendait le retour de ses guerriers.
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] | |
| |
| | | | Du sel sur les cicatrices : Négociations autour d'une tête. [Terminé] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |