[Libre] Quand Aléra vous accueille...

Seren ? Je suis désolé, vous avez déjà beaucoup travaillée aujourd'hui mais pourriez-vous préparer une nouvelle chambre ? Nouveau un nouvel arrivant et tout le monde est déjà occupée.

La jeune femme sourit doucement au religieux en réponse à sa délicatesse. L'homme savait quelle était son histoire et il ne voulait pas épuisée à la tâche une personne qui, il y avait peu de temps encore, ignorait ce qu'était le travail et la douleur.

Ne vous inquiétez pas, mon Père. J'y vais.

Le vieil homme lui rendit son sourire et posa une main bienveillante sur son épaule.

Prenez un peu de repos ensuite. Votre fils a sans doute besoin de sa mère.

Seren inclina légèrement la tête et partit à son office.
Cela faisait maintenant deux semaines qu'elle et Ewen étaient arrivés en ville. N'ayant pas pour habitude marcher, et avec le bébé, il leur avait fallu pas moins de 5 jours pour faire le trajet jusqu'à Sybrondil. Suivant les consignes de son père, ils avaient rendu visite à l'un de ses amis. Ce fut sa femme qui les accueillit, elle avait été avertie de leur venue par un messager trois jours plus tôt et les attendait avec impatience. Le malheur qui avait frappé Seren, il pouvait frapper n'importe qu'elle autre femme et elle avait de la compassion pour elle. La noble épouse les fit manger devant le feu, leur permettant de se reposer autant que possible. La jeune mère put enfin poser son fils qui n'avait quitté ses bras que pour aller dans ces de son oncle, le temps pour elle de reposer ses muscles.
Les jumeaux étaient épuisés. Les promenades dans les jardins ne les avaient pas préparés à un tel périple. Ils n'avaient plus de bras, plus de jambes, plus de dos. Il leur semblait n'être arrivé jusque là que par miracle. Leurs souliers étaient abîmés, leurs vêtements tachetés, leurs cheveux mal peignés... Ils n'avaient pu prendre soin d'eux durant le trajet. Comment auraient-ils fait ? Pas de paravent, pas de baignoire, pas de brosse ni de savon.
L'épouse les choya et leur expliqua qu'elle avait cherché du travail pour eux. Il se trouvait que le nouveau Baron arriverait bientôt à Sybrondil et le Temple d'Aléra aurait bien besoin d'aide pour les soins aux pèlerins. Cela n'était pas grand chose mais au moins auraient-ils un toit au dessus de leur tête. Les moines étaient au courant de leur situation, elle avait su leur présenter les choses et ils semblaient compréhensifs. Cela leur permettrait d'entamer leur nouvelle vie un peu plus calmement.

Ainsi, le soir même ils rejoignirent ledit Temple et dormirent dans un lit pour la première fois depuis 5 jours. Le lendemain, on leur expliqua ce qu'il y avait à faire. Seren resterait dans le bâtiment où les pèlerins sont accueillis. Puisque c'était là qu'ils logeaient, elle serait près de son fils. Quant à Ewen, on lui confierait sans doute des tâches plus physiques et il pourrait être amené à aller à l'extérieur du Temple pour réapprovisionner les réserves par exemple.

Seren actionna délicatement le loquet de la porte et passa la tête dans la pièce. Aux gazouillis qui flottaient dans la pièce, elle comprit que Léandre était réveillé. Elle referma alors de manière un peu moins discrète et s'approcha du berceau. Reconnaissant la voix de sa main, le bébé sourit et gazouilla de plus belle. Des mains délicates le soulevèrent pour l'extirper de son berceau d'emprunt et des bras de portèrent jusqu'au lit où son lange fut changer. Propre et chaudement emmitouflé dans une couverture, la jeune mère lui donna le sein. Habituellement, elle mettait un linge pour préserver son frère mais elle ne l'avait pas vu de la journée et ignorait même quand il rentrerait. Elle profitait donc de son absence pour observer son fils, le couvrant d'un regard tendre.
Léandre était un enfant paisible. Il faisait déjà ses nuits et, le jour, il attendait simplement que sa mère passe pour s'occuper de lui, sans un cri, sans un pleur. Il restait éveillé de plus en plus longtemps et avait beaucoup grandit. Il commençait à sourire et à rire. Elle avait déjà réussi à jouer avec lui, faisant mine de le chatouiller. Il semblait avoir adoré ce moment de complicité avec sa mère, au moins autant qu'elle. Auprès de lui, elle oubliait tous ses malheurs et ses muscles endoloris. Elle était aussi heureuse qu'il était innocent et ne pouvait s'empêcher de se demander si elle aurait autant aimé son premier enfant s'il avait été issu d'une union maritale, comme cela aurait dû l'être.



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HRP : Intéressé pour RP ? Nous MP. :)

Effectivement, Ewen avait passé sa journée à l'extérieur, comme les habitants du temple le leur avait expliqué : il avait été envoyé ravitailler l'établissement en nourriture. Le jeune homme l'avait donc fait mais, s'il n'était toujours pas rentré au milieu de l'après-midi, c'est qu'il avait une autre idée en tête.
Une fois le ravitaillement "en poche", le garçon s'était en effet mis à visiter un certain nombre de forges et d'armureries. Durant les cinq jours de voyage que les jumeaux et Léandre avaient dû endurer, il avait beaucoup réfléchi à la manière dont il pourrait leur permettre d'avoir un peu d'argent pour vivre. Ils avaient peut-être pour l'heure des bourses remplies et des bijoux à vendre mais, sur le long terme, ils se retrouveraient à la rue, à demander aux passants de leur glisser une petite pièce. Et ça, c'était absolument hors de question.
En bon jeune homme de la noblesse, l'esprit d'Ewen s'était naturellement tourné vers les tournois. Et quoi?! Les meilleurschevaliers récupéraient après tout une somme rondelette!
Le rouquin y avait donc vaguement pensé mais, lorsqu'il avait appris qu'un tournoi serait justement organisé sous peu en l'honneur du nouveau baron, sa décision avait été prise : il en serait. Ne restait donc plus qu'à trouver l'équipement... A savoir un destrier, une armure, un casque, un écu et des lances... C'était donc dans ce but qu'Ewen avait entamé sa prospection.
Il s'était donc renseigné sur les prix. Un écu en bois ne serait pas excessivement cher. Ni les lances. L'armure et le destrier, par contre... Même en échangeant tout ce qu'il possédait, il ne pourrait jamais réunir la somme. Les emprunter, peut-être? Mais qui accepterait?
C'est donc légèrement dépité que le garçon reprit la route du temple. D'autant qu'un autre problème se posait : il lui faudrait arborer ses propres couleurs, du fait qu'il n'était plus rattaché à la maison de Milahn. Et donc s’inventer sa propre héraldique.

Lorsqu'il fut rentré, le soleil disparaissait paresseusement derrière l'horizon. Ewen apporta en plusieurs aller et retour sa cargaison -ou lui avait pour l'occasion confié une charrette- puis, une fois son travail achevé, il se dirigea vers la chambre de Seren qui, pensait-il, devrait s'y trouver à cette heure. Il frappa doucement, des fois que Léandre ne soit pas encore endormi et afin de ne pas l’effrayer.

Seren releva la tête et vit en son frère entrer. Le léger choc sur la porte ou bien le bruit du loquet l'avait visiblement de se réveiller. Assise à la table, une plume dans une main, un parchemin sous l'autre, elle était apparemment en train d'écrire, soit à leurs parents, soit pour un pèlerin qui ne maîtrisait pas cet art. Épuisée, elle s'était endormie en plein ouvrage. A bien y regarder, on pouvait effectivement voir les traces de sa fatigue dans les quelques lignes qu'elle avait déjà pu rédiger : les mots étaient de moins en moins lisibles, les phrases avaient de moins en moins de sens et l'écriture déviait de plus en plus jusqu'à dessiner un magnifique arc de cercle. Seren était probablement bien incapable de se relire. C'était à se demander pourquoi elle ne s'était pas arrêtée plus tôt. Peut-être son esprit ne s'était-il même pas rendu compte de ce qu'elle était en train de faire.
Léandre, lui, était toujours éveillé et gazouillait en essayant de mâchouiller un de ses orteils. Il avait mangé comme un ogre mais le sommeil ne semblait pas encore l'atteindre.

C'est toi, dit-elle, l'esprit encore embrumé.

Elle posa sa plume dans l'encrier et frotta sa joue. Sa tête était tombée sur le papier et elle sentait l'encre séchée tirailler doucement sa peau.

Où étais-tu ? Je ne t'ai pas vu de la journée.

Seren se leva. Visiblement, sa main de suffirait pas à enlever la tâche sur sa joue. Elle attrapa donc un bout de tissu qu'elle humidifia avant de reprendre son nettoyage.

Le jeune homme ne put retenir un léger ricanement à la vue de sa sœur dans le cirage, la joue marquée d'encre. Il ne répondit pas immédiatement à sa question et marcha jusqu'au petit lit où était installé Léandre. Son neveu lui sourit, visiblement ravi -mais tout le ravissait, de toute manière-, et tendit ses petites mains vers son oncle. Celui-ci lui sourit à son tour, attendrit, et lui tendit gentiment l'un de ses doigts. L'enfant loucha un bref instant sur cet immense doigt tendu vers lui, puis finit par l'agripper fermement des deux mains.

J'ai été envoyé chercher de la nourriture pour le temple et ses pèlerins, dit-il finalement en tournant la tête vers Seren.

Mais comme je n'étais pas bien au courant des prix pratiqués dans ce domaine, j'ai fais le tour de plusieurs marchés avant de me décider. C'est pour ça que ça a mis un peu de temps...

Un semi-mensonge, en somme... Ewen reporta son attention sur l'enfant alors que celui-ci commençait à mâchouiller avec entrain le doigt qu'il avait entre les mains. Bah... Sans dents, cela ne devrait pas poser de problème particulier...

Pour demain, j'imagine qu'ils auront besoin de moi pour déplacer certains meubles faisant un certain poids. Si trop de monde arrive au temple, il faudra faire de la place. Et peut-être que je retournerai en ville pou...

Le garçon s'interrompit et grimaça. Peut-être que de simples gencives pouvaient faire mal, après tout. Le rouquin retira délicatement son doigt des mains -et de la bouche...- de Léandre, lui lançant au passage un regard accusateur. L'enfant se contenta d'émettre ce qui s'apparentait à un gloussement, mais il ne tenta pas de récupérer son nouveau jouet. La blague qu'il venait de faire à son oncle lui suffisait visiblement.

... pour voir si certains pèlerins ne se sont pas perdus en cherchant le temple, acheva-t-il en se massant doucement le doigt.

Tout en écoutant son frère, Seren frottait sa joue. Régulièrement, elle s'arrêtait pour observer l'état du bout de tissu. S'il y avait du noir, elle trouvait un coin encore propre et l'appliquait à nouveau sur sa peau. L'encre était si bien attachée que cela dura tout le discours d'Ewen.
Lorsqu'il acheva, elle lui sourit.

Ne te rend pas trop indispensable. Une fois la fête passée, les moines d'Aléra n'auront plus besoin de nous, ou en tout cas pas de nous deux. Peut-être pourrons-nous négocier un délai durant lequel ils nous hébergeront plus ou moins gracieusement, le temps pour nous de voir quelques nobles pour quémander du travail.

Enfin propre, Seren posa le linge souillé sur la table et s'approcha du berceau. Comme à l'accoutumée, Léandre l'accueillit avec un grand sourire, agitant ses bras et ses jambes de bonheur. Sa jeune mère se pencha pour le prendre dans ses bras.

Il faut dormir, mon trésor. La nuit est là et tu n'es pas un animal nocturne.

Voilà bien l'amoureuse de la faune qui parlait...
Doucement, elle commença à le bercer pour essayer de l'apaiser tout en lui susurrant quelques mots. Elle avait déjà pu s'apercevoir que le son de sa voix apaisait son fils et qu'il s'endormait plus aisément lorsqu'elle parlait. Puis elle se tourna vers son frère.

Peux-tu allumer quelques bougies, s'il te plaît ?

Puisque l'on en parle, as-tu une idée de ce que tu comptes proposer à nos employeurs ? Nous n'avons que peu de choses à offrir hélas... mais je pense que notre éducation peut être un atout.

Ewen hocha la tête et, une minute plus tard, la lueur émanant de plusieurs bougies rendit la pièce un peu moins sombre. Le jeune homme se retourna alors vers sa jumelle.

Nous avons bien de l'argent et des bijoux, mais... je préfèrerais que nous les gardions pour les situations où nous n'aurions vraiment pas le choix, répondit-il en se gardant bien de trop penser au fait que dépenser son argent dans de l'équipement pour participer à des tournois n'était pas spécialement "nécessaire".

Je pense aussi que les "payer" grâce à l'éducation que nous avons reçu serait une solution qui satisferait tout le monde.

Un léger sourire étira les lèvres du garçon.

Tant que nous ne nous endormons pas sur notre travail, bien sûr, ajouta-t-il en lançant un bref regard amusé en direction du bout de tissu souillé que Seren avait utilisé pour se nettoyer la joue. Puis le jeune homme redevint sérieux.

Auras-tu besoin d'aide pour écrire? Mon écriture n'est pas aussi soignée que la tienne, mais si cela peut t'offrir plus de temps pour t'occuper de Léandre...

Seren hocha la tête. Elle était également d'avis de garder les bijoux de leur mère pour les situations d'urgence. L'hiver viendrait bien trop vite... Peut-être n'auraient-ils pas le temps se mettre à l'abri avant que le grand froid soit là. Ils n'étaient pas habitués à avoir froid, sans compter la présence de Léandre. Ils auraient donc besoin d'un abri, d'un toit au dessus de leur tête... et peut-être aussi de vêtements chauds.

Peut-être qu'une place de précepteur...
Une seule famille suffirait à nous mettre à l'abri du besoin pendant plusieurs années, alors imagine si nous en trouvions ne serait-ce que deux...

Doux rêve alors que Seren contemple son fils chaudement blottit dans ses bras et qui se laisse bercer. Elle n'avait pas la connaissance et l'expérience d'un véritable professeur, aussi ses enseignements ne seraient-ils valables que durant les premières années... Elle devrait trouver régulièrement un nouvel employeur tout en accumulant suffisamment de savoir pour pouvoir rester plus longtemps auprès d'une même famille. Mais les livres ne sauraient tout apprendre... Et les leçons devaient se monnayer.

En attendant, je peux continuer de jouer les scribes durant nos étapes. Cela pourra toujours nous permettre d'acheter notre pain.

Un regard noir fit comprendre à Ewen qu'il avait de la chance qu'elle ait son fils dans les bras et qu'elle essayait de l'endormir autrement il aurait passé un mauvais moment.

Non, je m'y remettrai dès qu'il dormira.
As-tu mangé ? Moi, pas. Que dirais-tu d'aller nous chercher à manger en cuisine ?

Seren accompagna sa demande de l'un de ses sourires tendres. Avec tout le travail qu'ils arrivaient à abattre ensemble, ils avaient gagné un morceau de pain et quelques légumes en guise de repas. Le goût de la viande manquait à la jeune femme... mais elle devrait s'en passer, sans doute pendant longtemps.

Au regard noir de sa sœur, Ewen répondit par des yeux de chaton mignon vraiment trèèès malheureux. Cela n'avait jusque là jamais marché, mais il ne désespérait pas de voir un jour cette redoutable technique fonctionner. En attendant, c'était Seren qui dominait son frère de la tête et des épaules dans l'attendrissement ; au sourire de la jeune mère, le garçon ne put que marmonner un vague grommellement, mais on sentait bien qu'il était dans l'incapacité totale d'adresser quelque reproche que ce soit à sa jumelle lorsqu'elle s'adressait à lui de la sorte. D'autant plus avec un nourrisson dans les bras...
Le jeune homme sortit donc, referma la porte derrière lui et fila vers les cuisines. Une dizaine de minutes plus tard, il était de retour avec un plateau -une simple planche de bois- dans les mains, plateau recouvert de deux assiettes fumantes de légumes, de quelques tranches de pain, d'un pichet d'eau et de deux verres.

Voilà, annonça-t-il joyeusement. Le discret sourire qui éclairait son visage semblait plus lié au fait d'avoir contenté sa sœur qu'à ce qui se trouvait sur son plateau improvisé. Il disposa soigneusement le tout sur la petite table qui se trouvait dans la chambre.

Précepteur, disais-tu donc? demanda-t-il en redevenant sérieux. Ca pourrait être bien. Et plus nous acquerrons d'expérience, plus les familles nous voudront. Je pourrais peut-être apprendre aux fils des nobles le maniement de l'épée, et aussi à séduire les damoiselles de la cour.

Et bien... Le jeune homme s'exprimait comme un expert incontesté en la matière, alors qu'il n'avait jusque là jamais séduit personne et que sa maîtrise de l'épée, si elle était plus que correcte, n'était pas non plus digne de celle de beaucoup de nobles ayant rencontré le champ de bataille...