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 Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]

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Decado
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MessageSujet: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeLun 20 Mai 2013 - 21:14


    Spoiler:

    Citation :
    « Le temps est la gangrène de l'âme, il apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre, le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère. »


    « Chroniques », par Decado Salyrann
    Quartier Doeb, à la nuit tombée...

    Cadoras, dit La Main avait retrouvé sa vieille chambre « et » son état civile.
    Contrairement à leurs assertions, les autorités de Sol'Dorn n'avaient pas la mémoire longue...
    La semaine dernière, le petit homme s'était vu accusé d'une tentative de vol qui avait bien faillit l'entraîner sur le sable chaud du Bae'd, coincé entre les cris des condamnés et les hurlements de la foule en délire.
    À Sol'Dorn, l'accusation et la condamnation étant quasiment la même chose, Cadoras avait été traîné dans les geôles de la cité et supplicié. Il était sur le point d'avouer lorsqu'une missive cachetée était arrivée entre les mains de l'intendant. L'homme avait sourcillé un instant avant d'afficher ce genre de moue qui évoquait à Cadoras la face d'un Frakar, ces créature voraces que l'on trouvait parfois dans les landes d'Estrévent, et à qui l'on avait subtilisé un morceau de viande particulièrement tendre et alléchant.
    Deux heures plus tard, le petit homme crasseux comparaissait libre.
    Quelqu'un avait payé sa caution et manifestement acheté le silence de ses geôliers.

    Un inconnu...?
    Pas tant que ça.
    Un assassin qu'il connaissait bien...et il savait pertinemment que les raisons d'une telle ébauche de déférences n'avaient rien à voir avec une quelconque marque de compassion.
    Il y avait une rumeur qui circulait dans le quartier Doeb...une rumeur affabulant sur la mort d'un chef de guilde et la disparition d'un tueur qui avait l’habitude de frayer avec des Drows.

    Avec des regards nerveux à la ronde pour s'assurer qu'il était seul, il se plaqua tout près de la porte, histoire de cacher ses gestes à d'éventuels mouchards invisibles, et entreprit de désactiver la dizaine de pièges mortels disposés des deux côtés du chambranle, de haut en bas. Muni d'un trousseau de clés, il ouvrit ensuite trois serrures, désarma un autre mécanisme : explosif, celui-là, poussa la porte, entra, la referma, et réactiva les sécurités. Le tout lui prit plus de dix minutes, mais chaque fois qu'il revenait chez lui, il respectait scrupuleusement ce rituel.
    Il repensa à l'assassin.
    Sans crier gare, cet homme était entré dans sa vie, lui promettant monts et merveilles s'il exécutait certaines de ses besognes...
    ...lui donnant aussi à voir ce qui l'attendait s'il le décevait.

    Une dernière fois, il re-vérifia les verrous de sa porte d'entrée.
    Tout paraissait normal.
    Pourtant il sentit sa nuque se hérisser...un signale subtil, une brise intangible qui lui signalait que quelque chose ne se trouvait pas à sa place habituelle. Il regarda autour de lui...sonda les ombres...examina les plis des rideaux devant une fenêtre murée par ses soins, puis son lit à la tenue impeccable avec les draps et les couvertures tirées sans un faux pli, et méticuleusement glissés sous le matelas afin de laisser le plancher, dessous, parfaitement visible...
    Cadoras se pencha légèrement et regarda sous le lit.
    Personne ne s'y cachait.

    La teinture alors ?
    Prudent, le voyou adopta une approche détournée afin de ne pas pousser l'intrus dans ses retranchements.
    Puis il attaqua d'un mouvement vif, dague brandie...peine perdue. La teinture écartée, il constata qu'il n'y avait personne.
    Amusé par sa paranoïa, il rit, soulagé...et se tétanisa de frayeur lorsqu'une main se plaqua sur sa bouche, la fine lame d'un couteau lui frôlant la gorge.


    « Avez-vous pu obtenir l'audience que je vous avais demandé ? », lui chuchota une voix familière à l'oreille.

    Il y avait dans ce murmure une force et un calme étonnants.
    L'agresseur fit passer ses doigts de la bouche de Cadoras à son front pour lui incliner la tête en arrière et lui rappeler la vulnérabilité de sa position.
    Le voleur, tremblant, ne répondit pas. Comment renverser la situation à son avantage ? La fuite était l'une des possibilités les moins probables qui s'offrait à lui. L’homme, mince mais musclé, maintenait la lame contre sa gorge d'une main beaucoup trop ferme. Il n'avait pas d'échappatoire...


    « Alors, ces infos ? Je fatigue... », chuchota de nouveau l'inconnu.

    « C'est vous ?", articula Cadoras avec peine.

    « À votre avis ? », répondit l'autre, un soupçon d'amusement dans sa voix sombre et acérée.
    D'un geste vif, il le repoussa violement et le saisit par l'épaule pour le forcer à se tourner vers lui.
    De fines mèches opalines ébouriffées, un visage d’albâtre, presque trop lisse et harmonieux pour appartenir à celui d'un humain et des prunelles écarlates, scintillant dans la pénombre d'une rémanence inquiétante.
    L'homme, malgré la vésanie de son apparence, aurait été séduisant si son regard n'avait pas été aussi froid et rogue.
    Un regard que Cadoras n'avait que trop croisé ces derniers temps.
    Peu de temps après sa sortie de prison, l'homme avait sillonné les tavernes et les gargotes du quartier militaire à la recherche de gardes à soudoyer pour organiser une rencontre avec l’assassin.
    Il avait bien faillit y laisser des plumes d'ailleurs.

    La dague, s'enfonça un peu plus dans la gorge du ladre, le ramenant à la réalité.
    L’assassin ne lui faisait pas confiance, et Cadoras le savait. Il tressaillit…
    Malgré toutes ses précautions, Decado - car c'était bien de lui qu'il s'agissait - s'était introduit dans son repaire, s'y cachant à merveille...La Main s'avisa que les draps étaient froissés.
    Ne venait-t-il pas de les voir impeccablement lisse ?


    « La troupe d’Houndaer part en patrouille dans trois heures, vous la trouverez sur la grande place du quartier des échoppes, joigniez-vous y, puis quittez-là lorsque vous aurez atteint les portes de la cité. Il y a un uniforme dans le tiroir gauche… », dit-t'il en désignant une commode poussiéreuse au coin de la chambre, son visage se crispa fortement tandis qu'une goutte de sang perlait de sa nuque. « …il devrait convenir, mais couvrez votre visage. Pour le reste, Houndaer fermera les yeux sur votre identité. »
    Sa lame, toujours plaquée sur la gorge de sa victime, l'épéiste s'avança jusqu'au bureau et farfouilla dans le tiroir.
    Il en tira une change de vêtements neufs ainsi qu’un manteau pourpre frappé à l’emblème de la cité.
    Relâchant Cadoras, il jeta le tout sur son épaule.


    « Parfait... », murmura-t'il.

    Se détournant, il gagna la porte et sous l'oeil du petit homme, décrivit plusieurs arabesques de ses mains pour déjouer tous les pièges et lever les verrous.
    Là où il lui avait fallu plusieurs minutes, de clés réputées impossibles à reproduire et une connaissance approfondie des mécanismes, il suffit de quelques secondes...et de ses mains nues...au visiteur qui se retourna pour jeter quelque chose aux pieds du voleur médusé.
    Un ressort.


    « Celui du piège du bas était trop relâché pour servir encore. » Expliqua-t'il. « Je l'ai remplacé. »

    Sur ces mots, l’assassin sorti et referma derrière lui. Des cliquetis ponctuèrent la réactivation expresse de toutes les sécurités.
    À pas prudents, Cadoras approcha du lit puis tira sèchement les couvertures. Le trou pratiqué dans le matelas était de la taille d'un homme.
    Il éclata de rire malgré lui.

    ...d'un rire sans joie. Jaune et nerveux.


    --------------------

    Quartier des échoppes.

    À quelle vitesse la nouvelle de la mort d'Istovir circulait-t’elle ?

    Decado ne saurait le dire, mais il se pensait déjà observé. Monté sur un alezan, il circulait à travers les allées et les ruelles. Arborant l’uniforme caractéristique de la garde de la cité, il avait passé une écharpe de soie noire autour de ses épaules et de son visage, à la manière des nomades Zurthans.
    Chaques jours, la faune bariolée de Sol’Dorn vivotait sur le fil du rasoir. Elle avait développé une acuité sensorielle inconnue dans bien des cultures. Les gens des rues utilisaient des systèmes de communication remarquablement élaborés, les cris, les sifflets, les signes de tête, jusqu'aux simples postures...

    Après quelques tours et détours, il atteignit la grande place.
    On y faisait ouvertement commerce d'herbes et de décoctions, d'armes, de joaillerie et de bonne chaire. Aude vivante du raffinement, l'avenue était le haut lieu de l'hédonisme vu par la lie de la société.
    S'il avait récolté quelques pièces sonnantes et trébuchantes, un mendiant pouvait s'offrir assez d'herbes pour se sentir, quelques instants, le roi du monde...ah, s'entourer de belles de nuit puis s'imbiber d'assez de drogues pour oublier les pustules qui rongeaient sa pauvre carcasse…
    Dans ce quartier, les miséreux comme les aisés pouvaient vivre pour quelques heures l'existence d'un pacha.
    Tout était poudre aux yeux, ravalement de façade sur des ruines infestées de rats, oripeaux de luxe sur des fillettes terrifiées au regard vide...les parfums capiteux couvraient les relents de la sueur et de la crasse.
    Ces merveilles de pacotille contentaient la faune des rues, dont pour certains, la misère était leur seul « réalité ».
    Quelque part, Sol’Dorn n'était, aux yeux de l'épéiste, guère différente de Thaar.
    Ou peut-être était-ce lui qui avait fini par succomber à son propre négativisme ?

    Un rictus se mua sur ses traits délicats tandis qu'il remontait l'avenue, mécontent de son humeur introspective. Sur son chemin, plusieurs catins tentèrent de l'aborder. Certaines, grandes et sulfureuses, d'autres vieillissantes et pathétiques. Un simple regard suffit à les dissuader.
    Les contacts charnels faisaient ressurgir en lui des souvenirs douloureux.
    Il ne s'était jamais abaissé à succomber aux tentations malsaines du quartier des échoppes. Considérant les plaisirs de la chaire comme une faiblesse, Decado acceptait uniquement la générosité des riches caïds qui lui offraient la jouissance de leur harem. Il méprisait les alcools et les hallucinogènes susceptibles d'émousser son esprit et se défiait des prostituées, même si elles se révélaient souvent d'excellentes sources d'information. Comment se fier à des dames capables de se vendre au premier venu ?

    À la lueur des torches et des lanternes, il vit que plusieurs cavaliers anonymes, emmitouflés dans leur manteau pourpre, se regroupaient au loin. Certains se plaignant amèrement de devoir patrouiller sur les routes par une nuit aussi froide. Silencieusement, Decado se joignit à eux en hochant la tête avec commisération aux propos d’un bavard qui régalait le groupe du récit de ses malheurs.
    Personne ne remarqua la supercherie.
    L’heure était déjà bien avancée lorsqu’Houndaer, un Elfe Noir au traits tirés et à la silhouette puissante, se montra enfin. Sans mot dire, il se plaça à la tête de la troupe qui débuta sa lente procession à travers la cité.


    « … »

    Decado se plaça en queue de file, et durant de longues minutes, le silence des hommes ne fut plus que perturbé par le tintement régulier des sabots sur le pavé, et le brouhaha incessant des badauds de la venelle.

    Jusqu’à ce que…


Dernière édition par Decado le Dim 18 Aoû 2013 - 19:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeVen 7 Juin 2013 - 17:48

Il ne sait plus où il est, ni ce qu'il fait. Qui il est. Ses oreilles sifflent, et le sang goutte d'une de ses blessures. La plus grave certainement, celle qui cingle son dos à chaque pas, à chaque mouvement d'épaule. Celle qu'il s'est laissé infliger.

Le liquide vermeille coule doucement dans sa bouche, comme un nectar enivrant d'un cru des plus appréciable. Le sucre et le fer se mêlent à la perfection, faisant exploser ses papilles de bonheur. Celui-ci est incomparable à ceux qu'Elle a put goûter jusqu'à présent. Elle sert sa mâchoire un peu plus fort et sent la chaire plier sous ses crocs. Lorsqu'elle éclate, une nouvelle vague déferle dans sa bouche, comme s'il était encore vivant. Il est encore vivant.
La lame qui s'abat sur son dos, l'hybride l'avait perçue. Il avait profité de son festin, de ces délicieuses sensations que lui procurait son corps, pour endormir ses sens et tromper sa vigilance. Ses lèvres se détachent du corps, éclaboussant de rouge celui qui est sous elle. Elle tente de hurler, de revenir, de reprendre le contrôle, mais elle n'y arrive pas, la douleur est cuisante et le plaisir ne suffit plus. Elle s'effondre et ne bouge plus.

L'homme était mort à son réveil et lui avait la nausée. Il avait alors enterré le cadavre plein de sang, après avoir dûment rendu son festin. Oui, il se souvient. Mais il a mal, tellement mal qu'il ne sait si tout cela est vrai. Depuis quand fait-il inconsciemment des choses aussi horrible, aussi cruelles, aussi sanglantes ? Il sait qu'il tue parfois, lorsqu'Elle le veut. Oui, il le sait pertinemment. Mais au paravent, il n'y a jamais assisté réellement, n'a jamais eu de souvenirs, n'a jamais réellement su.

Ce qui le dégoûte, c'est qu'elle s'en régale, qu'Elle aime ce qu'Elle fait, et qu'Elle se régale. Ce, tant de la peur que de la chair de ses victimes. Qui deviennent alors ses victimes à lui. Il essaye d'oublier, de refouler tout ces cris, ces hurlements et ces supplications au fond de son esprit, là où Elle se cache, là où il réussit à La maintenir. Il espère peut-être ainsi pouvoir oublier. Oublier oui. Il ne peut pas, c'est là, gravé dans son esprit, dans sa mémoire.

Il hurlerait bien de rage, mais il est aux abords de la ville. C'est assez déconseillé s'il veut avoir une chance de survie. Blessé comme il est, il ne peut décemment se défendre. La douleur traverse son dos par passes, reléguant ses autres dégâts à une urgence bien moindre. Il s'arrête bientôt, se jetant à genoux sur le sol. L'ouverture rouge béante, exposée au ciel, au danger, à la botte d'un cavalier qui passerait par là. Mais il n'en peut plus.

La sueur dégouline le long de son visage et les tremblements se fond de plus en plus violent. Il sert les dents, tentant tant bien que mal d'arrêter le claquement de ses dents. La peur pour sa vie l'envahit alors pour la première fois. Il est là, proche des autres, à la merci de n'importe qui passant par là, sans possibilité de se défendre. Les mains contre le sol, son souffle est rauque, et ses poumons lui font mal. S'il ne se soigne pas rapidement, il risque une infection.

Il s'y prend à plusieurs fois pour se redresser entièrement. Ses bras lui font défaut, il ne peut s'appuyer dessus correctement. Il s'épuise, ses efforts sont de plus en plus difficiles à fournir. Son corps commence à l'abandonner. Intérieurement, il peste contre Elle. Elle qui l'a forcé à se blesser. Elle qui le tue à petit feu. Elle qui ne veut pas mourir non plus.

Il sent un flux d'adrénaline traverser ses veines, lui redonnant une impression éphémère de puissance. Il ne va pas se laisser abattre. Il ne mourra pas là, comme un chien, en bordure de ville. C'est hors de question. Il faut qu'il relègue la douleur à une préoccupation moindre, qu'il s'attelle à ses soins. Doucement, pour ne pas perdre une goutte de sang supplémentaire, il enlève les morceaux de tissus qui restent de sa tunique en lambeaux et il sert les dents quand il sent un morceau effleurer les bords de sa chair à vif.

Non loin, il a repéré une plante que le vieil elfe lui faisait souvent mâcher avant de l'appliquer sur ses blessures. Lorsqu'il en cueille une poignée et qu'il la fourre dans sa bouche, il sent les goût amer de la feuille sur sa langue. Ses dents déchiquettent le végétale en petits morceaux, laissant la sève et la salive se mêler pour former une sorte de pâte. L'hybride se sert des morceaux de sa tunique comme d'un pansement, appliquant méticuleusement le remède sur sa plaie. Tout du moins, aussi méticuleusement qu'il peut le faire en étant blessé au dos.

Il retient une grimace lorsqu'il sert son bandage. La fraîcheur de la pâte lui fait du bien. Il ose espérer que sa blessure se refermera rapidement, et qu'il pourra grimper à un arbre pour dormir s'il le nécessite. Il ose espérer qu'il pourra se défendre, ou tout du moins s'enfuir. Mais est-ce prudent d'espérer ? Qu'importe, il ne réfléchira pas dessus ce soir, il est trop épuisé pour cela.

Il peut s'estimer heureux, ses sens ne se sont pas émoussés. Et il entend parfaitement le groupe de cavaliers qui s'approche dangereusement de lui. Il a beau regarder à autour de lui, il ne perçoit aucune cachette sûre, aucun endroit ou replis où il serait en sécurité relative. Il gagne donc rapidement un mur et s'affale contre celui-ci, tentant une énième fois de réprimer un gémissement de douleur. Il n'a plus qu'à espérer.
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Decado
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeDim 18 Aoû 2013 - 19:28


    Zekhyal était mal-à-l'aise...ce n'était pas l'approche des cavaliers qui le rendait nerveux, ni le silence, désuet et aberrant, à une heure aussi impromptue de la nuit chaude qui faisait naître la tension en lui, et nouait ses sens dans une étreinte polaire et viscérale. Le demi-drow fit signe aux autres assassins de se tenir prêts et se laissa glisser le long de la toiture jusqu'au linteau d'une moulure, à une bonne dizaine de mètres au-dessus de l'avenue. L'endroit offrait une vue panoramique qui lui permettait d'embrasser chaque détails de la scène avec une précision attisée.
    Le lieu semblait idéal...le timing parfait...et pourtant...
    Sa main se crispa légèrement sur la poignée de son épée tandis que des gouttes de sueur perlaient lentement sur son visage cendré. Il avait enveloppé ses armes dans de la toile et des chiffons pour les empêcher de cliqueter lorsqu'ils passeraient à l'acte. Lui et ses hommes avaient traqué le renégat dans un silence mortel, il était sûre d'avoir été parfaitement invisible...
    ...mais il n'arrivait à pas à entraver l'inquiétude primal qui vivotait au creux de son estomac. Certes, la peur ne lui était pas inconnue. Depuis ses premiers pas dans la grande toile de Sol'Dorn, quelque cinq décennies plus tôt, il avait éprouvé la crainte lorsque ses oncles, Guillon et Paragol battaient sa mère, et lorsqu'il sentait le mépris qui chatoyait dans leur regard à chaque fois qu'ils posaient les yeux sur lui.
    "Tu es un monstre...une aberration", lui avait-t'on dis, "...et ta mère est une traînée."
    Et puis, un jour, elle ne s'était pas relevée.
    Ses oncles l'avaient enfermé dans un sac et l'avaient jeté dans l'Obhliv'Ihonn. La toile s'était déchirée lorsque le courant l'avait entraîné, et il s'était réveillé au milieu de la vase et des ordures rejetés par les dockers sur l'un des quais du port fluvial, au petit matin. Il avait été terrifié...il avait eut peur en survivant dans les venelles crasseuses de la cité en compagnie d'autres gamins laissé pour compte, il avait eut peur lorsque qu'il avait débuté comme tire-laine pour le compte de Solaufein il y a longtemps...et enfin il avait eut peur lorsque sa dague avait trancher les gorges de Guillon et Paragol à la sortie d'une taverne.

    Sa vie entière avait été régis par la crainte, mais au fil du temps il avait découvert qu'elle pouvait être une force lorsqu'on en tirait parti...si on lui cédait du terrain, elle se changeait en une créature sombre et prédatrice, prête à vous terrasser, mais si on l'affrontait, elle rapetissait jusqu'à n'être qu'un minuscule insecte nuisible. On pouvait même la retourner contre ses adversaires et la savourer.
    Prendre une vie, voler un homme, baiser avec une putain que l'on ne projetait pas de payer.
    La peur était un met délicat et savoureux.
    Et puis un jour, il y avait eu Decado.
    Longtemps, Zekhyal s'était demandé pourquoi Solaufein s'était entiché de cet humain pitoyable, dont les exploits ne lui parvenaient que par bribes durant les longues soirées passées avec Istovir à sillonner les lieux malfamés de la cité.


    "Il est spécial...", lui disait toujours l'elfe noir. "...il ne raisonne pas comme un humain ordinaire, et tu sais à quel point Solaufein aime l'exotisme et le mirifique."

    Il s'était moqué des paroles d'Istovir jusqu'à ce qu'on lui assigne Decado pour un assassinat routinier. À l'époque tout juste sorti de l'adolescence le jeune homme entamait ses premiers pas dans la guilde de Solaufein, et Zekhyal avait alors sauté sur l'occasion.
    Humilier un humain lui avait toujours fait plaisir après tout.
    Il s'était imbibé de cette certitude jusqu'à ce qu'il croise le regard de tueur, calme...glacial et dédaigneux. Des qualités standards qui ne dérogeaient pas aux assassins si ce n'était cet " autre chose " qui miroitait dans ces iris sanguines...une impression de danger impalpable, quelque chose d'inextricablement fort, un magnétisme froid et séduisant qui vous murmurait doucement :
    "Provoque-moi...cherche-moi...et je briserais tes rêves."

    C'était à ce moment-là qu'il avait détesté l'humain, et éprouvé cette sensation déplaisante qu'il ne parviendrait jamais à éroder complètement l'infime touche d'effrois qu'il ressentait à chaque fois que le regard andrinople se posait sur lui.
    Il ferma les yeux et soupira longuement.

    *Enfin...tout serait bientôt terminé.*, songea-t'il. Il avait payé grassement Cadoras pour l'informer sur les agissements du tueur, et Decado ne se douterait jamais de la trahison.
    Il ne verrait même pas la mort arriver.

    Un sourire pervers se mua sur ses lèvres lorsqu'il avisa la silhouette nonchalante de l'assassin en contrebas.
    Légèrement en retrait par rapport à ses compagnons, il se profilait avec ce calme et cette confiance si agaçante aux yeux du demi-drow.
    Il leva le bras et une vingtaine d'arbalètes se braquèrent sur le groupe.
    Il donna l'ordre.
    C'est à cet instant que tout aurait pu se finir...que l'assassinat, la précision, et le calcul auraient été parfaits si la silhouette chancelante de l'inconnu n'avait pas traversée la venelle devant le cavalier de tête pour s'effondrer contre le muret.
    Le soldat avait pilé net, et toute la cohorte s'était arrêtée. Les carreaux avaient été décochés...
    ...et la scène s'était changée en pandémonium.
    De nombreux jets avaient manqué leur cible, et la silhouette de Decado s'était subitement dévissée sur sa selle pour esquiver deux tirs successifs.

    D’autres cavaliers n’eurent pas cette chance et s’effondrèrent sur les pavés, le corps criblé de projectiles.


    "Tona' !", jura Zekhyal en tirant ses armes. "Wun' alust ! Elgg uns'aa jar nindolen auflaqui !"
    (Malédiction ! En avant ! Massacrez-moi ces chiens !")

    Et la tuerie commença...
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Këda
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeSam 7 Sep 2013 - 18:39


Il halète contre le mur. Il est faible, trop faible. Et ces hommes, qui se battent... Mais il ne peut pas bouger, son dos le lance terriblement. Et il a peur d'arracher son pansement. Enfin, si on peut appeler cela un pansement. Il est beaucoup trop fatigué pour faire quoique ce soit, et les flèches, le combat... Il espère ne pas être pris pour cible, il espère ne pas être achevé comme un vulgaire chien à l'agonie. La fraîcheur de la nuit s'immisce sous ses vêtements. Il grelotte. Epuisé, il ne manque plus que le froid. Il doit bouger d'ici. Et comme pour le lui confirmer, un homme s'effondre non loin de lui.

Un corps encore chaud. Que la vie vient tout juste de quitter. Il prend appui sur sa main gauche et grimace de douleur. Mais il n'a pas le temps de s'attarder dessus, seul compte l’abri. Et même si son dos le brûle encore, et qu'il sent une vague de douleur déferler en lui chaque fois qu'il bouge les épaules, il peut se mouvoir. Tant qu'il peut bouger, il peut survivre. Si jamais il s'arrête, si jamais il abandonne, il sait qu'il est mort. Mais après ça, n'a-t-il pas plus envie de mourir que de vivre ? Non. Non, non. Il ne doit pas prendre de décision dans cet état, la douleur et la colère, l'épuisement et le froid, son de très mauvais conseillers.

Il se lève péniblement et chancelle. Il aimerait éviter le corps de l'homme, il aimerait pouvoir l'enjamber, seulement, il ne peut pas. Il est coincé de ce côté. Obligé de retourner dans la rue. En espérant qu'il passerait au travers des jets de flèches nourrit et des passes d'armes. Une lame siffle justement à son oreille. Un couteau de lancé. Egaré certainement. Personne ne vient le récupérer. Un mauvais lanceur en somme. Les homme sont tous mauvais. Faibles. Pathétiques. Et terriblement idiots. Mais passe encore, il n'a pas réellement le temps ni l'envie de s'en occuper maintenant. Bon, il n'est pas tellement en état non plus.

Il ne peut que remonter la rue par laquelle ils sont arrivés. Et les longer pendant un bon moment. Des cavaliers. Gardes ? Mm, il en doute. Qu'importe. L'essentiel est qu'ils auront, pour la plupart, un mal fou à le distinguer. Parce qu'ils ne voient pas dans la nuit. Exception faite du drow en tête de colonne. Il se rappelle. Il doit être à Sol'Dorn. Oui, dans cette ville qu'il veut connaître. Au cas où. Parce que le savoir est lié à la vie. Et que son manque entraîne inexorablement à la mort. Mais pourquoi ? Pourquoi vouloir vivre ? Il a tué Saufy. Que reste-t-il ? Elle. Il reste Elle. Et seulement Elle.Peut-être qu'il a pensé à un remède. Une potion. De la magie. Il ne se souvient pas. Il sent ses jambes vaciller. Mais il tient bon. Il doit continuer à avancer. Il le faut. Quitte à mourir, autant mourir en ayant essayé.

Même s'il doute qu'il mourra ce soir. Personne ne fait réellement attention à lui, hormis peut-être un ou deux qui le frôlent. Et quelques un qui aperçoivent un mouvement. Qui tournent la tête dans sa direction, mais qui ne croisent jamais son regard. Regarder les gens les accroche. Les incite à rester. A aller plus en avant. Ce n'est certainement pas ce qu'il veut pour le moment. Passer inaperçue, jusqu'à l'échelle qu'il aperçoit au coin de la rue lui suffira amplement. Joindre le toit. Et dormir. Dans un grenier. Dans une chambre. Sur le toit. Même s'il préfère entrer dans un grenier.

Mais lorsqu'il arrive enfin à son but, un bruit le fait se retourner. Et là, il croise le regard d'un homme. Qui l'a vu. Il ne faiblit pas. Il sait que s'il détourne précipitamment les yeux, il se désignera coupable. Et il sera poursuivit. Sa position ne laisse que très peu de doutes sur son état physique. Presque avachit contre le mur, penché en avant, le visage pâle. Ses yeux, rouges, sont devenus des flambeaux dans la nuit.
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Decado
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeLun 9 Sep 2013 - 18:02


    Decado pivota sur sa selle et plongea sur le côté, esquivant in extremist les deux projectiles. Il atterrit avec grâce sur les pavés de la ruelle et enchaîna deux roulades afin d’encaisser le choc consécutif à sa chute. Il put ainsi se relever avec l’efficacité nécessaire pour se défendre, Vress’Ive dans une main, Jinv’undus dans l’autre. Une fois debout face aux mercenaires, il les repoussa à grands coups d’épée, frappant durement de sa dague ceux qui esquivaient ses bottes.
    Il était cerné, mais cela ne portait pas à conséquence pour cet agile guerrier. Intervenant de tous côtés avec ses lames, il se permit même de lâcher
    Jinv’undus une fraction de seconde, le temps d’inverser sa prise, afin d’embrocher un Drow qui s’apprêtait à lui sauter dans le dos.
    Puis il se détourna de nouveau et éleva la poignée de son épée. Il se pencha en arrière et sortit son arme du corps convulsé dans laquelle elle était plantée. Il la lâcha encore et, ayant de nouveau adopté une prise ordinaire, la fit tournoyer au-dessus de lui avant de fendre un autre ennemi de l’épaule à la hanche.
    La puissance du coup arrêta net la charge du vaurien, qui s’écroula lorsque la lame de couleur cordiérite lui déchira la poitrine. Il s’immobilisa après un dernier rebond sur le sol.
    Seul face à tant d’adversaires, l’adonis n’eut pas le temps de savourer sa victoire.
    Il ne cessait de bouger, de frapper, de tuer.
    Il n’avait pas une seconde pour réfléchir, ce qui était une excellente chose .
    Il n’avait pas le temps de penser à Istovir…à Saulofein…aux années d’égoïsme passées entre les venelles crépusculaire de Sol’dorn…à la peur…à la douleur…à la haine…à celui qu’il avait autrefois été…à celui qu'il ne voulait plus être…
    …à la liberté ?
    Il se contentait d’exister, de survivre, tout simplement, dans l’extase du combat, égaré au bord du précipice qu’était la mort. Affûtés par des décennies de pratiques, ses muscles se contractaient avec une harmonie parfaite, tandis que chacune de ses frappes n’intervenaient qu’au dernier moment, juste à temps, en raison du nombre grandissant d’ennemis qui le cernaient.

    Ses prunelles alizarines étincelèrent tandis que son beau visage se crispa fortement.
    Et pourtant...il finirait par ne plus être assez vif si la rixe se prolongeait, et ses adversaires prendraient le dessus.
    Il ne pouvait pas laisser faire ça.
    Ses deux lames virevoltant dans un ballet d’arabesques étincelantes, l’épéiste se déporta sur le côté, repérant une ouverture sur sa droite, et par delà, la silhouette chancelante de l’éclaireur qui avait coupé la route de la patrouille.
    Il plissa les yeux, car un détail ne collait pas.


    * Chancelante ? *

    Il en aurait bientôt le cœur net de toute façon.
    Et puis il devait savoir qui l’avait trahi.
    Esquivant les frappes, bondissant au-dessus des corps, Decado fonça sur l’homme qui se retourna à son approche.

    Un homme qui n’en n’était pas vraiment un, constata l’assassin en avisant les iris améthystes et le teint, étrangement terne de son épiderme. Le faciès était délicat et les oreilles effilées.
    Un demi-drow ou un hybride.
    Et ce dernier semblait perdu, manifestement mal-en-point.

    L’albinos y fit abstraction.


    « Qui a ordonné la traque ? »

    Demanda-t-il sur un ton froid, et étrangement calme malgré le chaos ambiant.
    Ses prunelles incarnates l’observant avec une intensité obscure et magnétique.
    Elles étaient implacables…


    « Combien êtes-vous ? »

    Persista Decado en molestant l’elfe métissé malgré son manque de réaction.
    Il était loin de se douter de l’aspect erratique de sa présence…
    …une présence qui n’était dû que par le pur fruit du hasard.

    Trois silhouettes se détachèrent des combats et filèrent dans sa direction.
    Parmi eux, il reconnut Zekhyal, l’un des anciens sbires de Solaufein qui avait rejoint Istovir, durant sa prise de pouvoir.
    L’assassin jura, reporta ses yeux rogues sur les traits de l’inconnu…et lui cogna violement la tête contre le muret.

    Profitant de sa confusion, il passa son bras sur ses épaules, et disparu dans une impasse, soutenant l’elfe meurtrit de tout son poids.
    Il aurait tout le loisir de l’interroger une fois tiré d’affaire…
    …si, tout du moins, il y parvenait.
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Këda
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeSam 14 Sep 2013 - 22:41

Voilà qu'il se ru désormais sur lui. Mauvais. Très mauvais. Il n'a pas peur, non, parce que finalement, ce n'est qu'un homme, mais dans son état actuel... Dans son état actuel, il n'est pas sûr de pouvoir fuir une dizaine d'hommes, encore moins de les abattre. Alors il ressent un semblant d'inquiétude. Chose qui ne s'améliore pas lorsqu'il vient lui hurler en plein visage. En réalité, il ne doit pas parler si fort. Mais sa fatigue et sa souffrance ne font pas de ses sens une source sûre, comme il en était persuadé un instant plus tôt.

Agressé tant physiquement que sensoriellement, il perd quelque peu pied. Il a du mal à suivre, à lier avec cohérence les propos qui lui sont jeté en pleine figure. Mais avant qu'il n'ait put répliquer, la paume de la main de l'homme vient frapper son front et son crâne part en arrière. Heureusement qu'il n'est pas collé au mur, mais qu'il en est quelque peu éloigné. Et que l'autre, tout aussi bon qu'il soit, ne reste qu'un homme, et est en conséquent plus faible que lui. Sa tête ne fait qu'effleurer la pierre et il est momentanément sonné.

L'autre en profite pour le soulever et l'emmener quelque part. Il pense à cet instant que, heureusement merci, quelqu'un l'aide enfin à fuir cette cohue. Qui est due à il ne sait quelle querelle, entre des protagonistes dont il est sur de ne pas connaître les noms. Ni même les visages. La brume désépaissit lentement et il recouvre rapidement la vue. Mais son dos lui fait souffrir le martyr, et, dans son besoin, il pèse de tout son poids, ou peu s'en faut, sur l'épaule secourable qu'il a à proximité. Il sait qu'il risque de passer un mauvais moment, quand l'autre se sentira en sécurité. Cependant, a-t-il vraiment le choix ? Certes non. Autant en profiter.

Celui qui lui prête son bras le fait prendre des ruelles, toutes plus insalubres les unes que les autres, et où la misère règne, souveraine du royaume des ombres. Lui n'a cure d'où il marche. Mais l'hybride tente lamentablement d'éviter une flaque, un cailloux, ou un pied. Il bute à chaque pas, mais on ne s'en souci guère. Il est nécessaire de fuir. Le pourquoi du comment ne l'avancera pas plus, il décide donc de se focaliser sur l'évacuation de sa douleur et de sa fatigue.

« Tu sais pertinemment que seule une nuit de sommeil profond, et un soin plus étudier sont les seuls remèdes. Alors à quoi bon essayer de faire passer le tout avec un coup de « je ne suis pas fatigué, j'ai encore moins mal » ? Ça n'arrangera rien. Arrête ça de suite, laisse toi tomber ! Repose toi dans un coin, dans un cul-de-sac, ou dans un grenier. » Rien que ça. Pour se faire de nouveau maltraité ? Assommé cette fois, peut-être ? Non merci. Autant essayer de souffler. Inspirer profondément. Rassembler la souffrance. En un seul et même endroit. Son dos n'est pas si loin de ses poumons. Même pas du tout. Expirer longuement. Évacuer cette souffrance, utiliser la respiration comme conduit, comme mécanisme pour éloigner toute douleur. Technique purement psychologique. Mais parfois efficace.

Ce qui lui manque, là, de suite, c'est le calme. La concentration. Cependant, n'est-il pas habitué ? Si, bien évidemment. Alors il continue. Toujours et encore. Même si c'est incomplet. Même si ce n'est pas utile. Parce qu'il est sûr que cela finira par payer. Qu'il finira par y voir plus clair. Et que son dos ne sera bientôt plus un problème principal, tant pour son corps que pour son esprit. Le prochain sur la liste, c'est la fatigue. Comment l'endiguer ? Comment la contenir ? L'empêcher de nuire ? C'est ce qu'il aimerait savoir.

Il sent qu'il arrive bientôt au bout de ses peines lorsqu'ils entrent brusquement dans une arrière coure, par une porte dérobée. Il ferme un instant les yeux, expire, et les ré-ouvre. Un endroit banal, mais pas sale. La bâtisse qui leur fait face et qui s'ouvre sur cette petite coure n'est pas des plus infecte. Et elle est, disons, assez bien entretenue. Plaqué contre le mur, à côté de la porte, l'humain entravant ses bras, il ne dit mot. Il voit bien que l'autre hésite à lui clore la bouche d'une façon certaine, mais il n'en fait rien devant son silence.

Dans la ruelle, il entend des pas. Une demie-douzaine d'hommes. Ce devait être eux qui les poursuivait. Puis un cheval, qui trotte un peu plus loin. Son esprit est un peu plus claire, et des choses commencent à se mettre en place. Lui n'est qu'une victime, mauvais endroit, mauvais moment. Un dommage collatéral. Mais les autres, les autres devaient s'affronter. Et maintenant que l'un est en fuite, ils cherchent à le retrouver. Manque de chance, il est avec lui.
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Decado
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeMar 17 Juin 2014 - 18:51

    Au cœur de la pénombre, la lune jouait de ses caprices sur les reliefs sporadiques de Sol’Dorn ; la sournoise, la mirifique, l’intrigante… Transformant l’effervescence bariolée des foules en une véritable kyrielle d’évènements disparates. Là où les camelots marchandaient âprement leurs brimborions, déambulaient les aigrefins et les coupeurs de bourses. Les prostituées louvoyaient avec une nonchalance suggestive aux abords des ruelles, proposant leurs services aux badauds insouciants. Plus loin, une bande de bateleurs se querellaient une bourse garnie tandis qu’un infirme en haillons traînait son pied-bot à travers les venelles poussiéreuses, quémandant quelques piécettes d’argent à qui voulaient bien entendre ses lamentations.
    Et dans les profondeurs de toute cette maestria, là où la foule était le plus dense, se profilaient deux silhouettes fugitives…
    L’andrinople vermillon de ses iris balayant chaque mouvement, chaque détaille, du marché bondé, Decado Salyrann remontait comme une flèche la venelle populeuse. Maintenant d’une poigne d’acier le bras du demi-drow sur ses épaules, l’autre enserrant fermement sa taille gracile, l’adonis se mouvait pourtant avec facilité. Ses gestes étaient fluides et efficaces alors qu’une impérissable concentration brillait dans son regard acéré. Son faciès aux lignes satinées semblait exempt de stresse. L’esprit clair, il avait conscience des hurlements, des bousculades, et de la colère de Zekhyal à l’autre bout du marché. Il ressentait l’angoisse et la peur, la promesse de la souffrance, d’une mort lente et déplaisante, il pouvait déjà anticiper la satisfaction dans le regard de sa Némésis, ses sarcasmes, sa cruauté…

    Il laissa les émotions contradictoires couler en lui comme il l’avait toujours fait, les empêchant de stagner, convertissant la peur et toutes les subtilités parasitaires qui en résultaient en une colère froide et implacable. C’était son don particulier, sa force, l’engrenage qui lui avait permis d’avancer dans l’univers impitoyable qui était le sien, et qui avait fait de lui l’homme qu’il avait besoin d’être : un guerrier crépusculaire, un tueur implacable, raffiné même, un perfectionniste, un athlète et un artiste aux manières orgueilleuses. Il avait taillé sa discipline dans une gemme d’obsidienne, aspirant toujours à l’excellence pour endiguer l’abondance de ses défauts, et oublier l’enfant doux et fragile qui avait arpenté les bas-fonds de Thaar, il y a vingt ans. Enfouissant avec lui les souvenirs des larmes sur le visage émacié d’une femme malade…d’un passé fantôme qui ne lui avait jamais vraiment appartenu…des images de tendresse perdue, de compassion mourante, de souffrance, de perte et de faiblesse.
    Des images lointaines, qui n’existaient plus que dans les limbes de ses rêves…

    Il s’extirpa de la cohue tandis qu’un calme glacé l’envahissait, empruntant un passage poussiéreux et malodorant qui les amena directement sur la cour d’une bâtisse endormie. Relâchant son étreinte de la taille de sa victime, il arracha son propre manteau, le roula en boule et le lança aussi loin qu’il le pu dans une allée adjacente.
    L’inconnu était toujours désarçonné lorsqu’il le ramena contre lui, mais Decado y fit abstraction. Il lui noua les mains et le plaqua sans douceur contre la paroi en grès d’un vieux parapet. L’espace d’une seconde leurs regards se croisèrent, et l’albinos y imprima subtilement sa volonté…


    * Remue les lèvres, ouvre la bouche, avise toi d’émettre ne serait-ce qu’un son, et c’est la mort. *

    Lui susurra le rouge liquide de ses iris…
    Il y avait un calme et une profondeur dans ces yeux-là qui transcendait l’apparente pureté de son minois ; froid, intense, inaccessible.
    De l’autre côté, des bruits de pas résonnèrent dans la venelle, bientôt suivit par des éclats de voix lorsqu’on avisa la cape froissée un peu plus loin. Il y eut de la précipitation, de nouveaux cris, et lentement, le brouhaha s’estompa avec évanescence.
    Decado patienta encore quelques minutes et se redressa, traînant derrière lui son captif jusqu’à un interstice entre deux mures qui débouchait dans une sorte d’entrepôt désaffecté.
    Ça et là, des vestiges de mobilier étaient éparpillés...
    Une vieille commode disloquée gisait au fond de la pièce, à côté d’un fauteuil lacéré. La bourrure avait été dispersée sur les lattes du parquet noircit et une forte odeur d’urine emplissait les lieux. Une niché d’oiseaux avait élu domicile entre les poutres, sous les tuiles fracturées du plafond, laissant diffuser entre les interstices de minces rayons de lune qui effleuraient timidement la surface des lieux.
    L'endroit conviendrait.
    Sans mots dire, l’assassin poussa le demi-drow jusqu’au fauteuil et l’étudia. Il était grand et taillé, plus trapu que lui mais avec cette touche gracile qui clarifiait si bien la race elfique ; Drows et Sylvains confondus. Sa chevelure avait la teinte de la nuit et son regard brillait d’un pourpre iridescent…reflétant un subtile mélange de mépris, de colère, et de souffrance ; trois adjectifs que l’assassin avait toujours considéré avec une intime familiarité jusqu’à aujourd’hui.
    Son visage était très beau, dénué de ces petites imperfections propices à l’humanité, et sa peau lisse avait la teinte bistre du bois d'Acajou.
    Un hybride donc.

    Decado tira
    Vress’Ive et la fit lentement glisser sur le torse de l’inconnu, s’attardant sur les blessures qui le tailladaient, il fronça les sourcilles en avisant chaque lésion et fit remonter la dague jusque sous la pointe de son menton. Il y avait dans ce geste quelque chose de tendre, d’intime presque.
    L’albinos soupira et son minois se fit moins dure…
    …à l’exception de son regard, sombre et brûlant.


    « L'vlos vrine'winithus giliv, dosst hery ph'ichl zhuanth ulu inbal. Dil’ha l'brawl 'ileka. »
    (« Le sang a arrêté de couler, tes blessures ne sont pas assez fraîches. Tu n’as pas adhéré à la rixe de tout à l'heure. »)


    Murmura t’il dans un Drow parfait. Sa voix était rauque, presque métallique, et il s’exprimait sans emphase, ce qui rendait sa diction parfaitement éloquente.

    « Dos phuul wun l'xusst k'lar a l'xusst draeval, tlun Usstan ditronw ? »
    (« Tu t’es trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, je me trompe ? »)


    Il pressa un peu plus sa dague sous le menton de l’inconnu, et une fine goutte de sang perla sur l’acier couleur minuit.

    « Que dois-je faire de toi ? », ponctua t’il, en commun, cette fois-ci.
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeJeu 26 Juin 2014 - 14:24


Jeté ainsi dans le fauteuil, son dos le lance. S'il a réussi, un temps soit peu, à ne plus sentir la lacération, désormais il n'y arrive plus. La douleur est revenue, comme s'il n'avait rien tenté pour l'apaiser. Comme s'il n'avait pas déjà essayé de la faire disparaître. Et l'autre devant lui, l'autre le nargue, l'autre le regarde, l'autre le touche. Qu'est-il pour ainsi penser qu'il est le plus fort ? L'hybride est peut-être blessé, mais les manières de l'humain ne lui plaisent pas. Un simple humain. Voilà ce qu'il a devant lui. Un humain qui, de toute évidence, se prend pour plus fort qu'il ne l'est. Toute fois, il tique lorsqu'il lui adresse la parole. Du drow. Où a-t-il bien pu apprendre cela ? Non, question idiote, ils sont à Sol'Dorn, pas étonnant qu'il sache parler la langue. Et puis, à la vue de son accoutrement, il doit fréquenter les drows. Et pas n'importe lesquels, ceux de la nuit, ceux qui se déplacent sans bruit, ceux qui ravissent sans état d'âme. Oui, il vaut certainement mieux pour lui passer pour un des leurs. Ou au moins, pour un semi.
Et maintenant, il fait perler son sang. C'en est un peu trop pour lui. Ses mâchoires se contractent, et ses yeux se plantent dans les iris étrangement rouge.

 - Naut obsul ussa'kulg. Na'naust inbal zhaun lil noalith ussa'phuul, nindol zhah sreen. Alors arrête de jouer et dis moi plutôt ce que tu comptes faire de moi. Avant que je ne décide qu'il est plus confortable pour moi de te tuer.

Il n'a pas tressailli un seul instant, ses mots sont sortis si vite de sa bouche qu'il se demande si l'autre les a compris. Après tout, peut-être ne parlait-il pas parfaitement le drow. Peut-être avait-il quelques lacunes, et peut-être que ses menaces étaient passées inaperçues. Enfin, il ne le pense pas. Il pense au contraire que l'humain a plus que compris. Et puis, une seule pulsion de l'hybride suffirait à envoyer valser la lame à l'autre bout de la pièce. Même s'il pense bien que là n'est pas sa seule arme, l'humain devrait être déstabilisé un temps suffisant pour qu'il lui saute à la gorge et arrache sans état d'âme la peau claire de son cou. Mais trêve de rêveries. Le bâtard n'a aucune envie de se battre. Aucune envie de faire couler le sang. Ou plutôt, il a plus envie de soigner la blessure qui barre son dos que de voir couler le carmin. Parce que bon, avec cette plaie ouverte, il est certain de ne pas se donner entièrement. Et quoi de plus frustrant que de perdre contre quelqu'un qui ne se donne pas complètement ?

 - Si tu veux te battre, jeune humain, va donc chercher quelqu'un d'autre. Je n'ai pas pris part à la rixe et je ne prendrai pas part à un duel. Cesse donc de jouer avec ma chair ainsi, et dis moi pourquoi tu m'as amené ici.

Après tout, il aurait très bien pu le laisser pourrir dans la rue, au milieu des cadavres, ou dans le caniveau. Pourquoi a-t-il fallu qu'il le ramène ici, dans ce trou à rat, dans cette pièce qui pue le renfermé ? Des relents de pourriture et de brûler viennent de temps à autre chatouiller ses narines. Des cris, de rage, de douleur et de plaisirs, se fracassent par intermittence sur ses tympans. Et si la lune est désormais à son comble, le reste de la nuit promet d'être long.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeDim 7 Sep 2014 - 18:37

    « Naut obsul ussa'kulg. Na'naust inbal zhaun lil noalith ussa'phuul, nindol zhah sreen. Alors arrête de jouer et dis-moi plutôt ce que tu comptes faire de moi. Avant que je ne décide qu'il est plus confortable pour moi de te tuer. »

    Les mots cinglent comme des serres incandescentes, mais l’assassin reste de marbre.
    En réalité Decado ne fut ni ému, ni surpris par les allégations du noir éphèbe – combien de fois avait-il essuyé ce genre de fiel, jadis ? À une époque doublée d’une conjecture révolue - alors que les menaces flottent avec évanescence dans l’air, farouches mais stériles, un sourire désabusé coule comme une chancre sur ses lèvres d’albâtre. L’alizarine de ses iris toujours figée sur le pourpre manganèse des siennes, l’albinos achevait sa brève extrospection, comme s’il tentait d’en décrypter les abysse.
    Comme s’il "parvenait" à les décrypter ?

    *Encore une âme brisée par les aléas de la vie.*, songea-t’il, sans vraiment en éprouver de la compassion, si ce n’est une vague de mépris, imperceptible, sur son minois dont l’expression illustrait perpétuellement cet état de fait…
    …ça et le cynisme…
    Car Decado Salyrann, dans son existence égoïste, avait-il jamais éprouvé de la compassion pour qui que ce soit ?
    L’empathie en revanche était indissoluble. L’assassin avait toujours été doué pour discerner les émotions masquées ; la douleur travestie en sourire, le mensonge sous la connivence, et la haine réfrénée par la discipline…
    C’était cette même empathie qui lui avait permis de survivre à travers le cauchemar éveillé qu’était Sol’Dorn, qui l’avait élevé au-dessus de la fange Doebienne dans ses décisions, et qui, en une fraction de seconde, avait orienté ses choix sur la nature de sa relation avenir avec l’hybride.
    Il l’avait détesté au premier regard.
    En fait il aurait tout aussi bien pu profiter de son état de faiblesse et frapper dans la ruelle, mais quelque chose d’insoupçonné avait pris le pas sur la logique. Un détail, dans ces yeux fauves, que Decado n’avait pas toujours l’habitude de percevoir. Un détail qui, pour une fois, lui avait offert l’occasion de ne pas considérer ses propres barrières affectives.

    C’était comme s’il avait regardé dans ses propres yeux…qui regardait dans ses propres yeux…qui regardait dans ses propres yeux…qui regardaient dans ses propres yeux…
    …qui contemplaient sa propre déchéance.

    Un rictus, presque imperceptible, altéra ses traits raffinés, il flotta un instant jusqu’à ce que la discipline n’évapore les sphaignes fantômes de cet état de faiblesse. L’homme de chaire redevint d’acier, et ses paroles raisonnèrent dans l’espace comme une bise boréale ; tranchantes et narquoises.


    « J’espère que tu n’as pas l’attention de leur tenir le même discours, au-dehors, lorsque tu m’auras tué. », la dague s’éloigna lentement du menton d’ébène pour trancher les liens qui l’entravaient. « Nous nous affronterions tous les deux. L’un de nous mourrait. Le bruis alerterait les sentinelles, et le vainqueur rejoindrait l’autre dans le royaume de Tyra dans les minutes qui suivent. »

    « Je n'ai pas pris part à la rixe et je ne prendrai pas part à un duel. Cesse donc de jouer avec ma chair ainsi, et dis-moi pourquoi tu m'as amené ici. »

    « Tu t’es amené ici toi-même… », répondit Decado du tac-au-tac. « …que tu aies choisit d’adhérer ou non à cette rixe ne change rien. Tu t’es retrouvé là, comme un Falafeor prisonnier d’un feu de forêt. Je t’ai pris pour quelqu’un d’autre, et eux aussi, à l’extérieur, t’auraient pris pour ce que tu n’es pas. Tu serais mort si je ne m'étais pas encombré de toi…même temporairement. », susurra-il comme pour suggérer un sort potentiel s’il n’avait pas déceler la vérité. - non qu'il sous-estimait les capacités de son étrange comparse, l'assassin ne commettait jamais cette erreure, mais il estimait également les siennes s'il avait à combattre l'hybride diminué.

    De la pointe de sa dague, il tira de sa besace une chaînette d’acier au bout de laquelle ballottait une petite fiole remplie d’un liquide translucide - trésors dérisoire récupérer sur la dépouille d'Istovir.

    « Si je t’abandonne ici dans ton état, les séides de Zekhyal te trouveront. Ils tenteront de te soutirer des informations que tu ne connais pas, et tu mourras lentement, douloureusement, mais certainement. Si tu m’aides à quitter Sol’Dorn, je réduirais tes blessures et tu t’en sortiras "vivant". »

    L’assassin marqua une pause, comme pour laisser à son comparse le temps de la réflexion.
    La potion ballottait toujours au bout de sa chaîne.
    Et le regard de Decado était intense…


    « Alors, dis-moi. Que dois-je faire de toi ? »
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeDim 14 Sep 2014 - 10:45


Il se croit malin. Tellement malin. Et il pense qu'il l'a sauvé. Que pour ça, il lui est redevable. Mais il se trompe. Il se trompe tellement que cela en devient risible. Qui est-i pour penser qu'il peut le sauver ? Qui est-il pour prétendre pouvoir le maintenir en vie ? Personne. Il n'est personne, cela se voit sur son visage, cela se voit dans son comportement, cela se lit dans ses yeux. Il n'est qu'un enfant de la rue, rien de plus, rien de moins. Et ce n'est pas un enfant de la rue qui peut prétendre pouvoir le maintenir en vie. Non, absolument pas. Mais ça, il n'a pas l'air de le comprendre. Il pense qu'il est le puissant, il pense qu'il a le pouvoir, parce qu'il a échappé à bien des choses. Mais le pauvre bougre reste humain. Et peu importe les réflexes qu'il a pu développer, il reste humain. Le fait qu'il ne le comprenne pas l'agace. Profondément. Qu'il dise pouvoir le soigner, qu'il fasse miroiter un remède sous ses yeux, comme s'il s'agissait là du seul but que devait avoir sa vie pour l'instant, risque de lui faire rapidement perdre son calme. Parce que, si pour l'instant il se contient, il se pourrait que rapidement, il ne fasse plus cet effort.

 - Je pense que tu ne saisis pas bien la situation. Je ne t'ai jamais demandé quoique ce soit. Toi seul a choisi de me prendre. Toi seul a choisi de m'amener ici. Et si ce Zekhyal me trouve, alors ce n'est absolument pas ton problème. Ne commence pas à me menacer. Parce qu'il se pourrait bien que ce soit toi qui ne ressorte pas vivant de cette ville.

Il n'aime pas vraiment le ton que prend la conversation, le fait de renchérir ne le sert pas vraiment, mais il n'a pas le choix. Il ne veut pas que l'autre pense avoir l'avantage. Certes il est blessé, et certes il ne peut se soigner seul. Mais peu importe. L'humain n'a pas à lui faire croire qu'il est le seul à pouvoir l'aider. Parce que c'est faux. Une fois la nuit passée, il pourra sortir de cet endroit glauque où l'a emmené celui qui prétend être son seul espoir. Il pourra trouver quelqu'un, sans se mettre excessivement en danger. Et ce Zekhyal dont il parle, comme s'il devait le craindre, il n'en a cure. Aujourd'hui, s'il est encore en vie, ce n'est pas grâce aux autres. Mais bel et bien grâce à lui. La fiole qu'on balance devant ses yeux, comme si on voulait l'hypnotiser l'agace. Il se redresse légèrement dans le fauteuil où l'a jeté l'humain et sent son bandage se froisser. Ce qui lui arrache une moue de mécontentement. S'il ne tient pas toute la nuit, et même tout le petit matin, il ne sait pas s'il aura la possibilité d'en refaire un, et il craint pour sa blessure.

 - Je n'ai pas besoin de cette fiole. Et je pense que tu le sais. N'essaye pas de m'obliger à faire certaines choses pour toi. Ca ne fonctionnera pas. Maintenant, je réitère ma question. Pourquoi m'as-tu amené ici ? Et cette fois, réponds moi franchement. Ou il se pourrait bien que je préfère te planter là.

L'humain lui avait dit qu'il voulait son aide. Et ce en étant le plus sérieux possible. Seulement, l'hybride a du mal à voir où il veut en venir. Il veut son aide, mais il lui fait comprendre qu'il est trop faible pour s'en sortir seul. Dans ce cas, comment pourrait-il lui être d'une quelconque utilité ? Non, il serait plutôt un poids, dans ces conditions. A moins qu'il sache que l'hybride, même blessé comme il l'est, est plus compétant que lui en ce moment. Enfin, ça l'étonnerait beaucoup, mais bon, on ne sait jamais.
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeLun 15 Sep 2014 - 20:16

    «L’assassin et son comparse sont introuvables. », déclara la femme, nerveuse, au demi-drow. « Que dois-je faire ? »

    Zekhyal l’évalua d’un œil sévère et elle se rapetissa devant lui. Elle n’avait pas à poser ce type de questions. Après tout, sa mission était des plus rudimentaires ; surveiller les allées et venues de la lie sur les grands axes qui démarquaient le Doeb des faubourgs, ratisser chaque venelles, chaques tavernes, chaques toitures.
    Il lui avait confié plus d’une trentaine d’hommes pour ça…
    La traqueuse se mordit la lèvre inférieure et rassembla tout son courage pour poursuivre ; elle savait que si elle ne le faisait pas, elle encourrait un danger bien plus grand qu’en suscitant la colère de son supérieur.


    « Pardonnez-moi, messire… », balbutia-elle en cherchant ses mots. « Mais depuis l’attaque, les rues sont infestées de miliciens... Et…nous ne pouvons nous permettre de payer des pot-de-vin pour soudoyer… », Zekhyal lui adressa un coup d’œil extrêmement froid, dépourvu de toute émotion. La femme, en dépit de ses peurs, ne pouvait soutenir un tel regard. Elle baissa les yeux, adoptant une posture soumise et contrite, avant de réussir à murmurer, « Je vous présente mes excuses. »

    « Considère que c’est une chance que tu ne connaisses personne ici à soudoyer. » Déclara le demi-drow. Il tendit le bras, prit son menton dans sa main et lui releva doucement la tête. L’échine de la pisteuse se raidit lorsqu’elle considéra les traits farouches du matassin. « Car, bien sûr, rien de ce que la milice aurait à te faire subir ne serait à même de rivaliser avec l’exquise agonie que tu connaîtrais par ma main vindicative. Veille à ne jamais l’oublier… Et si ton cou délicat est un jour pris dans un nœud coulant, fais en sorte de te détendre complètement lorsque la trappe s’ouvrira sous tes pieds. Une brisure nette est préférable à ce qu’on m’a dit. »

    « Je…mais…je… », bafouilla la pauvre femme.
    Ses tremblements étaient si intenses qu’elle se serait effondrée à terre si Zekhyal ne l’avait pas retenue. Le demi-drow l’interrompit en plaçant un index charbonneux sur ses lèvres.


    « Tu m’as bien servi aujourd’hui encore. », susurra-il. – Aucun mot n’aurait pu s’apparenter d’avantage à une condamnation aux oreilles de la jeune femme agitée et terrifiée. – « Comme tu l’as toujours fait depuis que tu as choisi d’adhérer à l’Enclave il y a des années… », ajouta-t-il en soulignant sa complicité. « Un petit extra cette fois. », poursuivit le matassin qui souriait désormais, ce qui semblait ajouter à sa cruauté. D’un geste, il relâcha la pisteuse et porta la main à son ceinturon, non sur ses armes, mais sur la petite bourse qu’il jeta aux pieds de sa subordonnée. « Rien que de l’or. »

    L’espace d’un instant, un éclat d’avidité passa dans les yeux de la jeune femme. Puis elle déglutit à grand-peine, se demandant si le capitaine de la garde Doeben accepterait le pot-de-vin. Elle s’empara néanmoins de la bourse, et sans demander son reste, sauta de la toiture du lourd bâtiment qui dominait les arpèges du quartier Doeb. Par un habile jeu de souplesse, d’escalade, et de prise rapides, elle se laissa couler jusqu’en bas pour se mêler à la foule bariolée…

    --------------------

    « Je pense que tu ne saisis pas bien la situation. Je ne t'ai jamais demandé quoique ce soit. Toi seul a choisi de me prendre. Toi seul a choisi de m'amener ici. Et si ce Zekhyal me trouve, alors ce n'est absolument pas ton problème. Ne commence pas à me menacer. Parce qu'il se pourrait bien que ce soit toi qui ne ressorte pas vivant de cette ville. »

    « Ah, l’orgeuil et la condescendance… Bien sûre. », murmura l’assassin dont le sourire méprisant n’avait pas quitté l’opaline de son faciès insipide. Ses yeux rogues le détaillèrent d’un air critique. Tandis que l’autre repris sa diatribe.

    « Je n'ai pas besoin de cette fiole. Et je pense que tu le sais. N'essaye pas de m'obliger à faire certaines choses pour toi. Ca ne fonctionnera pas. Maintenant, je réitère ma question. Pourquoi m'as-tu amené ici ? Et cette fois, réponds moi franchement. Ou il se pourrait bien que je préfère te planter là. »

    Il n’avait jamais entendu autant d’ineptie, pas même de la bouche d’un individu aussi impérialiste que Saulofein.

    « Hélas tu es blessé et tu saignes, comment compte-tu t’en sortir dans ton état ? », déclara-il avec un flegme doucereux. « La plupart des tiens sont tellement convaincus par la prééminence de leur éternité qu’ils viennent à en déprécier tant de choses… Prêt à faire étalage de leur arrogance devant la moindre argutie. » Avec une lenteur calculée, il fit glisser la potion dans sa besace. Comme pour souligner à l’hybride obstiné qu’il venait peut-être de passer à côté d’un détail salutaire. Ses mains coulèrent le long de son corps, jusqu’à effleurer les poignées de ses armes du bout des doigts. « Tu veux savoir pourquoi tu es ici, à vociférer sur ce fauteuil. Soit. Je t’ai amené avec moi car je t’ai pris pour l’un des sbires de Zekhyal, le demi-drow à l’origine de l’attaque dans les ruelles. J’avais l’intention de te torturer jusqu’à ce que tu me dises combien d’homme sont à ma recherche, et quels axes du Doeb étaient le moins susceptibles d’abriter des sentinelles. Puis je t’aurais tranché la gorge en laissant ton corps pourrir dans cet endroit.» Il y avait un tel calme, une telle conviction dans ses propos, et un état de fait qui ne laissait place qu’à deux hypothèses. Soit Decado était inconscient et complètement fou. Soit l’assassin avait mûrement pris le temps d’analyser sa position.

    « Je ne t’obligerais pas à faire quoi que ce soit, mais tu comprendras que, dans mon propre intérêt, je ne peux te laisser quitter cet endroit si tu refuses de marcher à mes côtés. Dans la logique du pragmatisme, un homme de mon acabit…de mon engeance, si tu préfères, ne croirait pas en ta neutralité, ni à ton indifférence. Tu représenterais un ennemi potentiel. »

    La dernière phrase raisonna comme un glas inflexible dans l’espace obscur de l’entrepôt. De plus, Këda pu également constater un changement mineur dans la posture de Decado ; son poids était rabattu en avant, sur la plante des pieds, le dos parfaitement droit, en équilibre. Son regard fixe, quant à lui, s’imprégnait graduellement d’une douce chaleur enfiévrée.
    Ses doigts effleuraient toujours ses armes.


    « Et je ne laisse jamais d’ennemis vivants dans mon sillage. »
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MessageSujet: Re: Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda]   Flash Back - Intrigues au crépuscule [Këda] I_icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 8:35

L'humain doit avoir compris, depuis le temps, qu'il n'est aucunement effrayant aux yeux de l'hybride. Alors pourquoi continue-t-il son petit numéro ? Pourquoi ne cesse-t-il pas ses menaces et ses sourires, disons entendus ? Peut-être qu'il en est incapable. Peut-être qu'il a besoin de provoquer, jusqu'à en payer les frais. Peut-être qu'il est comme ces chats, qui hérissent le poils, courbent le dos et crachent, pour paraître plus terrifiant. Peut-être qu'il n'est que façade. Oui, ce doit être ça. Mais cette façade énerve l'hybride. Elle l'énerve tellement qu'il se demande un instant s'il n'engagerait pas le duel seulement pour lui prouver qu'il est plus faible. Sauf que cette idée n'est qu'éphémère, elle disparaît bien vite pour laisser place à une autre, bien plus intéressante, lui semble-t-il. Il va faire semblant. Parce que l'humain ne s'y attendra pas, parce qu'il espère tant gagner, il espère tant être efficace qu'il ne se doutera pas un instant qu'il est roulé. S'il fait comme s'il craignait pour sa vie, alors tout ceci sera crédible. C'est ce que font les gens en général, n'est-ce pas ? Ils ont peur pour leur vie, ont peur de la mort et font tout pour y échapper. Sauf que, malheureusement pour l'humain, lui n'est pas comme les autres. Lui aimerait bien mourir. Lui ne craint absolument pas la mort. Mais ça, il ne le sait pas. Alors, passant sur le petit monologue de moral qu'il lui a fait à propos des êtres de son genre, de l'éternité et de ce qui s'en suit, il baisse les yeux et soupir. Quand ses yeux croisent de nouveau les iris couleur sang, il affiche une grimace défaitiste, comme s'il se pliait désormais aux règles de son ravisseur.

- Bien, répond-il doucement. Tu as gagné, je vais t'aider. Je ne sais pas en quoi je pourrai t'être utile, mais je préfère ça que d'être mort d'ici demain matin.

Son dos est légèrement courbé, comme s'il attendait des ordres, ou des coups, ou les deux à la fois même. Comme s'il était soumis. Ses épaules sont affaissées, ses jambes sont rassemblées contre le fauteuil, ses pieds presque glissés dessous, dans une position purement défensive. Aucun signe d'agressivité n'est lisible dans sa posture, ou dans sa voix. Rien que de la crainte et de la soumission. L'humain doit jubiler. Enfin il l'a soumis. Enfin il s'est trouvé un sous fifre. Et qui n'est pas des moindres. Blessé, certes, mais pas faible pour autant. Les rayons des lunes se faufilent à travers les maigres espaces dans les planches, et inondent le décors d'une lumière blafarde, presque translucide. Ce qui rend l'albinos plus blanc qu'il ne l'est en réalité. Pour peu, il pourrait penser que tout ceci n'est qu'un rêve. Mais la douleur qui sourde dans son dos depuis le début lui rappelle à chaque instant que ce n'en est pas un. Loin de là. Le report de poids qu'il avait noté chez celui qui se tenait debout, devant lui, ne l'a pas plus inquiété que ça. Certes, il n'est plus dans la même optique, et certes il veut lui forcer la main. Mais ce n'est qu'un crachat de plus de la part du chat.

- Tu dois... avoir un plan, quelque chose comme ça, non ?

L'hésitation se fait palpable dans sa voix. Comme s'il ne savait pas s'il avait le droit de parler, même pire, de lui poser une question. Mais il continua tout de même, parce que quitte à parler, autant parler pour quelque chose.

- Parce que, si je te suis, plus le temps passe, plus nous sommes en danger. J'aimerai autant éviter qu'on finisse mal, alors nous devrions partir au plus vite, n'est-ce pas ?

Le fait de lui demander son avis de cette manière, de rendre irraisonnable la réponse contraire, lui donne l'illusion de la décision alors que l'hybride a lui-même décidé avant. Mais rien de tout cela n'est intentionnel. Ce ne sont là que des questions simples, et innocentes. Presque des questions d'enfants. Presque. Et avant même qu'il ne puisse lui répondre quoique ce soit, il ajoute :

- Au fait, je m'appelle Onna.*

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