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 Voyage dans l'immensité de la démence

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Këda
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MessageSujet: Voyage dans l'immensité de la démence    Voyage dans l'immensité de la démence  I_icon_minitimeSam 15 Juin 2013 - 18:19

Assis, là, il pleure. C'est la seule chose qu'il peut toujours faire, la seule chose qu'il a le droit de faire, la seule et véritable chose qu'il a le droit de montrer. Ses mains tremblent. Non. Son corps entier est secoué de sanglots insupportables, des sanglots rauques qui s'échappent parfois de sa bouche, des sanglots qui viennent du plus profond de son âme. Leur douceur est pourtant si agréable, si réconfortante, si apaisante. Il n'a jamais été dans un tel état, hormis le soir, ou plutôt le matin, où il avait découvert l'étendue de son carnage sur le corps de Saufy.

Saufy. Si seulement elle pouvait être là, à côté de lui. Elle aurait su. Elle l'aurait réconforté comme elle savait si bien le faire. Mais que de regrets de la part de son assassin, cela en devient ironiquement pathétique. Il souffre mille morts, agonisant devant l'horreur de ses crimes criant à l'aide, lançant un hurlement déchirant de désespoir. Lorsque la mort n'est pas permise, comment vivre ? Une fin, définitive, ne pouvant survenir, que reste-t-il ?

Il le sait. Il ne reste rien. Parce que rien ne peut commencer sans être terminé. Il a chaud, il a froid, il tremble plus encore. Son ventre se tord, ses boyaux se contractent et se desserrent violemment, dans le but peut-être d'échapper à un quelconque désagrément. Oui, un désagrément. Il ne digère pas le sang. Pas plus que la chair crue, arraché sur une proie encore vivante. Physiologiquement parlant, il ne peut être ce monstre, il ne peut avoir ces pulsions.

« Que tu crois oui. Tu es cette bête immonde, tu as toi-même assassiné, non, ce n'est même plus assassiner à ce stade, tu as toi-même massacré des gens. Te nourrissant psychologiquement de leur peur avant de leur prendre leur sang et leur chair. Je te conseille fortement de ne pas te leurrer, hybride. Tu ne trompes que toi. Et ce mentir et une chose bien plus affreuse que de mentir aux autres. Mais ce n'est pas cette écart qui t'impressionnera, n'est-ce pas ? Toi qui a pris tant de vie, et tant de corps... »

Il aimerait qu'elle se taise, parce qu'il n'en peut plus, il ne supporte plus. Il subit sans jamais pouvoir riposter. Le pire ennemi de l'homme est l'homme dit-on ? Et bien, oui, il est son ennemi, celui qu'il ne pourra vaincre qu'en mourant, celui qu'il ne pourra éliminer qu'en l'emmenant avec lui dans la tombe. Un hoquet, qui aurait plus du ressembler à un rire méprisant s'échappe de sa gorge. Un filet de sang coule à la commissure de ses lèvres. Il sait que ce n'est pas le sien.

Précipitamment, il se lève et se penche en avant, une main sur son ventre, l'autre contre un tronc qui est à portée de main. Des morceaux. Il sent des morceaux remonter le long de son œsophage. C'est plus qu'il ne peut. Le flot rouge se déverse sur la terre sèche, éclaboussant ses pieds et le bas de ses jambes. Ses genoux tremblent et la fièvre chauffe tant son front qu'il commence à perler. Il se dégoûte. Il se déteste. Il écrase ses phalanges contre le tronc, et n'en retire aucune satisfaction. Il ne réussit qu'à ressentir une vague douleur, quelque chose qui le chatouille, un futur hématome peut-être. Dans la mesure du possible bien sûr. On n'a pas d'hématome sur un os.

Il se recule en titubant et se rassoit lourdement par terre. Involontairement, il bascule sur le dos, et sa colonne heurte violemment le sol. Sa tête est étrangement en arrière, comme s'il devait regarder le ciel. Il regarde le ciel. Noir. Aucun nuage, mais il ne perçoit pas les étoiles. Un instant lui suffit pour discerner la multitude de points lumineux. Il lève, comme pas réflexe, sa main devant ses yeux, inspectant cette peau trop claire pour être drow, foncée pour un elfe. Quoique possible.

Mais cette main qu'il a devant ses yeux, cette main a tué. Plusieurs fois oui, il devrait être habitué, il ne devrait pas ainsi réagir. Cette nuit, ou plutôt, hier soir devrait-on dire ? A peine réveillé il La sent. Et lors il a peur. Oui, parce qu'il a repéré un village. Un groupement de chaumières. Alors il a peur. Mais il ne pense pas qu'Elle ait de suite autant soif de violence. A tel point qu'il baisse sa vigilance, et qu'Elle s'engouffre dans la brèche.


La liberté, c'est tout ce qu'Elle a jamais demandé. Non. Rien de plus. Une fois encore, Elle jubile. Elle sait l'hybride faible et souffrant, Elle sait qu'il cherche des justification à ce qu'il est, à la justifier Elle. Sa présence le trouble oui, et ce à juste titre. Enfin, qu'importe, Elle est libre, et c'est là tout ce qui compte. C'est d'ailleurs tout ce qui a jamais compté.
Dans le noir, il dort, comme en sommeil léger, mais un sommeil qui lui sera si désagréable qu'il en paiera le prix lors de son réveil. Il ne peut savoir, il ne peut voir. Il est seulement présent, comme une entité, sentant son corps se mouvoir, mais n'ayant aucune conscience qu'il est à lui. Une sensation qu'il ne trouve pas étrange non. Puisqu'il n'a aucune conscience, aucune notion de ce qui est normal ou non, de ce qui doit être fait ou non. Sa conscience s'est réduite à une petite lueur, au fond de son esprit.
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Këda
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MessageSujet: Re: Voyage dans l'immensité de la démence    Voyage dans l'immensité de la démence  I_icon_minitimeMer 3 Juil 2013 - 14:05


L'immensité s'étend devant Elle. La magnificence de la vie qui s'offre à ses yeux, la terre qui défile sous ses pas, qu'Elle avale au rythme de  sa course. Elle sera bientôt sortie de la forêt, oui, et Elle peut déjà voir se dessiner devant Elle les silhouettes humaines qu'Elle videra bientôt de toute trace de vie. La nuit et les arbres la dissimulent encore aux yeux curieux qui pourraient se pointer aux fenêtres.

C'est pourquoi Elle n'exalte réellement que lorsqu'Elle est à découvert. Dans la plaine, sur la terre tantôt nue, tantôt recouverte d'un duvet verdoyant, et sous le poids de la nuit, Elle se sent plus libre que jamais, plus puissante et plus heureuse qu'Elle ne pense l'être de nouveau un jour. Son ventre qui crie famine sera bientôt rassasié. Oui. Bientôt, Elle se délectera de la peur, du sang et de la violence. Les hurlements... Elle peut presque les entendre. Comme reconstituer le carnage qu'Elle n'a pas encore commis, comme planifier le meurtre avant même d'avoir tout les éléments. Mais Elle ne planifie rien. Parce que l'art réside dans l'instinct.

Un instinct si fort qu'il la pousse, toujours et encore. Si fort qu'Elle existe peut-être grâce à lui... Non pas. Elle ne peut exister grâce à quelque chose provenant de l'hybride. Elle n'est coincée dans ce corps que par la volonté d'un sorcier on ne peut plus fou. Elle secoue rapidement la tête pour chasser ces pensées. Rien ne sert de se lamenter sur le passé, pas quand l'instant présent est si beau, si pur, si parfait. Elle aperçoit rapidement de la fumée, au delà d'une colline. Elle s'arrête alors sur la butte, et observe, silencieusement. Cinq maisons, séparées par assez de distances pour que les cris n'alertent pas d'une masure à l'autre. Beaucoup de terrain cependant, beaucoup de découvert.

Mais là n'était pas tout l'attrait de la chose ? Toute l'excitation, toute l'adrénaline ? Elle se savait presque morte si Elle se faisait enfermer. Mais avant cela, il faudrait l'attraper, ce sans y laisser la vie. Et Elle tenait trop à sa liberté pour se la laisser ravir facilement. Sous le couvert de la nuit, Elle se met enfin en mouvement. Agile, Elle entame la descente de la pente. Elle a décidé d'assaillir d'abord la maison la plus éloignée de toutes, comme pour se mettre en jambes. Cela faisait un moment qu'Elle n'était pas sortie. Non, c'est faux. Mais chaque fois, Elle faisait comme si.

Elle commence donc par la gauche. Elle ne court plus, Elle marche, doucement, silencieusement. Son ventre la brûle quelque peu. L'hybride a rejeté son repas, comme chaque fois. Mais ce n'est pas ce qui compte. Elle traverse le champs devant Elle, et rejoint un bâtiment inhabité. Il n'y a plus qu'une courte étendue vide qui la sépare de la maison. Ramper ? A quoi bon, Elle serait beaucoup plus lente, et Elle risquerait de se faire repérer. Elle remarque de la lumière dans une pièce. La chambre peut-être.

Parcourant la distance à découvert, Elle se plaque le long du mur. De la pierre, froide. Sans vie. Elle inspire profondément et longe celle-ci jusqu'à la fenêtre. L'ouverture, étroite, est bouchée par des planches de bois. Mais étant mal imbriquées, Elle peut aisément voir à travers. Sans être vue bien entendu. Il s'agit bien là de la chambre. La bougie vient de s'éteindre. Un couple, dans les draps. D'âge moyen. Elle a toujours le plus grand mal à donner un nombre d'années aux humains. Elle a tendance à les vieillir plus que de raison.

Enfin qu'importe. Elle attend d'entendre leur respiration lente, et de voir une complète immobilisation des corps pour faire le tour de la maison. Pas d'enfants, ni d'amis, ou de parents. Seulement eux. L'adrénaline monte. L'excitation monte le long de son échine lorsqu'Elle entre par une porte mal fermée et qu'Elle avance, dans le noir, invisible. Elle s'approche lentement de la chambre, faisant attention à ses pas, cherchant sans cesse du regard un endroit sur où poser son pied, un endroit qu'Elle savait silencieux.

L'un des deux ronfle. Elle ne supporte pas ça, cela lui vrille les oreilles. Elle grince des dents, inconsciemment. Le son sourd qui provient de la gorge lui rappel ses tentatives de communication, il lui rappelle la douleur, il lui rappelle ses échecs. Un grognement, bas, imperceptible s'échappe de ses lèvres. Elle tuerait celui-là en premier. Furtivement, Elle s'introduit dans le pièce, soulevant le rideau qui la sépare de celle où Elle se tient. Elle marche jusqu'au lit et reste un instant là, debout, regardant ses proies dormir. L'homme. C'est l'homme qui produit ce son bas et des plus désagréables. Il dort à gauche de lit. Elle s'approche, s'accroupie pour pouvoir mieux l'observer. Elle sert la garde de sa dague dans la main. D'un geste vif, Elle tranche la carotide. Un flot de sang s'écoule alors sur le drap d'une propreté douteuse.

Le manque de lumière le rend terne, mais son odeur reste toujours la même. Elle aurait bien goûté mais Elle sent que la femme bouge. S'éveille-t-elle ? Un sourire dévoile ses dents. Blanches dans le noir. Blanches sur du sombre. Éclatantes de promesses. Les yeux qui la regardent sont vitreux. Dans sa brève agonie, il a voulu regarder qui lui avait ravie la vie. Il n'a très certainement pas réussi. Mais ce cadavre ne l'intéresse plus. Elle est attirée par la chaleur du corps qui se demande s'il rêve encore ou non. Avant qu'elle n'ait put le déterminer, Elle l'immobilise, assise sur elle, une main sur sa bouche, l'autre maintenant ses épaules contre le matelas.

Le lit. L'endroit où on se sent assez en sécurité pour se livrer au sommeil, où on se pense assez protégé pour se laisser aller à la plus totale fragilité, à la plus complète inconscience. Quelle bassesse que de profiter de cet instant ! Elle sourit à l'humaine, émettant un doux grognement, ne voyant pas l'utilité de se déchirer de nouveau la gorge pour quelqu'un qui allait mourir dans la demie heure qui suivait. Ou qui serait tout du moins laissée pour morte.

Elle dégage les cheveux blonds couvrant le cou de sa proie et tourne violemment sa tête, découvrant complètement la peau tannée par le soleil. Sa main caresse cette parcelle de son corps avant que ses dents ne s'y enfoncent entièrement. La chaire cède dans un craquement imperceptible sous la pression de sa mâchoire. Elle sent le corps se tendre sous elle, remuer, et surtout, Elle entend un hurlement des plus plaisant. Elle frissonne lorsque ce son se propage dans la nuit, et qu'il vient frapper ses oreilles.

Relevant la tête, la bouche dégoulinante de vermeille, Elle l'oblige à la regarder. La peur, trop grande, écartant ses pupilles au maximum, et la souffrance. Des larmes qui coulent le long de ses joues. Son visage se tord lorsqu'Elle laboure sa joue, faisant disparaître les sillons que creusent les pleurs dans un mélange de carmin et de chaire meurtrie. La femme crie toujours, encore. Mais lorsqu'elle se rend compte que celui qui dormait avec elle n'est plus qu'un corps froid, elle se tétanise, complètement. Plus aucun hurlement ne sort de sa bouche, son regard est fixe, complètement terrifié.

Elle n'est plus qu'une poupée entre ses mains. Une poupée qui devient son jouet, une poupée qui est son repas, une poupée encore en vie. Elle n'a pas touché d'artère, et la perte de sang, bien qu'impressionnante n'est pas fatale, pas de suite. Elle s'acharne sur la blessure, déchirant la peau, léchant le liquide qui coule le long de sa gorge, goûtant parfois même la douceur de sa chaire. La douleur paraît lui redonner vie, et des gémissements interminables traversent ses lèvres. Dans un ultime espoir, elle tente de se dégager, plus violemment que toutes les autres fois.

Son poing s'abat sur la pommette qui vole en éclat. Cette fois-ci, elle est bel et bien inconsciente. Elle reste un instant là, observant le spectacle qu'Elle avait mis en scène. Puis, doucement, Elle se retire de la chambre, et quitte la maison pour une autre, laissant derrière Elle un homme proprement mort et les reste de son repas encore en vie. Plus pour très longtemps. Elle s'assurerait de sa mort avant de partir d'ici. Mais là, c'est une autre famille qui l'attend. Un autre sang. Une autre saveur. Le froid de la nuit lui fait sentir combien Elle est forte. Elle jubile. Et ce n'est pas l'envie qui l'empêche d'hurler sa joie. Plutôt la prudence.
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MessageSujet: Re: Voyage dans l'immensité de la démence    Voyage dans l'immensité de la démence  I_icon_minitimeMar 17 Sep 2013 - 19:02

L'ivresse de l'abondance. Sentir la toute puissance. Etre invincible. L'horreur qu' Elle inspire l'emplit d'une satisfaction profonde. Comme si Elle était enfin à sa place. Comme si elle faisait enfin ce qu'Elle devait faire. Ombre bestiale, annonciatrice de la mort. Et de la délivrance suprême. La fin d'une vie, la fin d'une errance, et l'occasion de pouvoir servir à quelque chose. L'occasion d'être enfin ce pourquoi on est né. Ils sont nés pour être, ce soir, son repas, son divertissement. Pour faire sa joie et son ivresse.

Elle erre dans le village, désormais dénué de vie. Elle les a tous tué. Pas tous goûté. Certains ne lui faisaient pas envie, et d'autres étaient de trop. Mais Elle a du tout de même tous les tuer. Parce qu'Elle aime ça. Et que, tant qu'Elle saura qu'il y a la vie, Elle n'aura cesse de vouloir la détruire. Parce que c'est ce qu'Elle est. Viscéralement. Profondément. Elle tue. Elle se nourrit de la souffrance, de la haine. N'est que pure violence. Mais là, rassasier, heureuse et épanouie, Elle est comme saisit par quelque chose.

Elle devait retourner là-bas, voir si... Si elle était encore en vie. Un sourire aux lèvres, Elle court vers la première demeure. Vers le lieu de son premier massacre. Et avant même de la voir, Elle hume la douce odeur du sang. Son sourire devient un rictus carnassier, une horrible grimace qui s'étire jusqu'aux yeux. Elle passe la porte. Le rideau. Et là, le lit. Le sang. L'homme, et la femme. Un râlement rauque, et des bulles, s'échappent de sa gorge. Encore en vie. Lentement, Elle s'approche d'elle. Son pas est allongé, animal. Sa posture n'est pas plus rassurante. La femme a les yeux grands ouverts.Ouverts sur son funeste destin.

Elle pose une main sur son épaule. Là où elle a arraché. Ses doigts se poissent de sang. Doigts qu'Elle porte à sa bouche. Sa respiration, à elle, s'accélère. Elle panique, elle ne sait plus, elle est faible, et mourante. Elle sait son mari mort. Elle sait qu'elle va mourir. Ce qui lui donne un plaisir immense. Ses doigts remontent le long de son cou, et commencent à enserrer la gorge. La femme ne se débat même pas. L'autre main vient se poser contre sa tête. Et d'un mouvement rapide, Elle lui brise le cou.

Enfin. Elle a finit. Elle est rassasiée, comblée. Sortit de la maison, Elle remonte doucement la pente. Et Elle
le sent revenir, peu à peu. Bientôt, ce sera finit. Le trou noir. Et l'emprisonnement. Jusqu'à la prochaine fois. Mais... un bruit l'alerte. Elle se retourne, pas aussi rapidement qu'elle l'aurait voulu, mais se retourne tout de même. Un homme planté là. Qui part en courant. Elle n'a pas la force de le rattraper. Elle n'a pas l'envie. Parce qu'Elle est trop fatiguée pour lutter. Parce qu'Elle s'endort.

Il sent. L'herbe, d'abord. Puis lui. Il se sent, tant son odeur est puissante. Il n'a pas conscience de ce qui l'entoure, il n'a pas encore entièrement recouvert ses esprits. Il sait bien qu'il doit être en position allongée, mais il ne ressent pas son corps. Seul sa joue et ses yeux sont sensibles. Sa joue, parce qu'elle est humide, et sur le sol. Ses yeux, parce qu'il ne peut les ouvrir, parce que ses paupières lui font l'effet de deux plombs. Et, le plus horrible dans tout cela, c'est qu'il n'arrive pas à penser. Il n'arrive pas à émerger de cette désagréable et dangereuse latence.

Alors il reste là un temps, inerte, sur le sol. Il attend que ses sensations, que sa capacité de penser lui reviennent. Comme mort. Respirant à peine. Il est conscient, de l'air qui entre dans sa gorge, qui emplit sa cage thoracique, pour ensuite faire le chemin inverse. La fraîcheur de l'air qu'il réchauffe pour l'envoyer de nouveau dehors, réchauffée pour un instant. Il peut sentir, petit à petit, ses bras, ses mains, ses doigts. Ses jambes et ses pieds. Son dos. Son ventre. Et son visage. Il sent qu'il ne peut pas encore ouvrir les yeux. Et il sent aussi sa faculté de penser revenir. Peu à peu. Il sait alors qu'il ne doit pas rester là, pas trop longtemps. Il sait aussi qu'il a envie de vomir. Il sait pourtant qu'il est bien. Que ce bien être est la dernière sensation qu'il a ressentit.

Maintenant, il peut ouvrir les yeux. Il fait grand jour, et le soleil frappe ses rétines de plein fouet. Il brûle ses yeux, enflamme ses iris. Les rend si chatoyants ! Qu'importe. Il garde les yeux ouverts, en attendant que la vue lui revienne. Aveugle pendant un instant, il voit mieux que n'importe qui. La colline. La forêt. La nuit. Il voit. Jusqu'à ce qu'il en soit privé, qu'il revienne à la réalité. A plat ventre dans l'herbe, la joue aplatie, il ramène ses bras contre lui, et pli ses jambes. Pour être de nouveau debout. Pour être de nouveau opérationnel. Et prêt à la fuite. Il ne sait encore pourquoi cette idée de danger l'obsède, mais il sait que son instinct ne le trompe jamais. Alors il s'y fit.

La position verticale lui donne l'impression d'être un moment instable, il est désorienté, complètement perdu. Mais avant que ses sens aient put complètement se rétablir, il renvoie son repas de la veille. Du rouge. Et un souvenir. La veille. La veille même, il a vomit ainsi. La veille même, il était malade. Pourquoi, il ne sait plus. Qu'importe, il oublie pour le moment. Pour le moment, il est trop occupé à vider le contenu de son estomac sur le sol. Il est trop occupé à rapidement se reprendre pour fuir. En Aduram. Là où il est en relative sécurité. L'endroit qu'il connaît le mieux au monde.

Endroit qu'il finit par joindre dans des délais on ne peut plus raisonnable. Et là, seulement là, il s'autorise à un examen minutieux de lui-même. Ses mains, tout d'abord. Rouges. Son torse. Rouge. Ses pieds. Noirs. Il se souvient. Elle. C'est encore Elle. Et Elle a tué. Elle a massacré. Elle s'est rassasiée. Et Elle était au bord de l'extase. Sans que lui ne puisse rien faire. Comme chaque fois. Il passe une main sur son visage, laissant sans aucun doute ses traînée de sang au passage. Il doit avoir les esprits clairs pour trouver un point d'eau. Et se laver. Enlever tout ce vermeille qui tache sa peau. Et ses vêtements.

Alors, quand il s'engouffre nu dans la rivière, il regarde la sueur et la crasse se répandre dans l'eau avec joie. Il sent l'immense poids qui l'écrase le quitter, petit à petit. Il fond, et devient néant. Il s'allonge, s'immerge complètement. Offert à quiconque pourrait le tuer. Jusqu'à ce qu'il décide de se relever. Et de guetter. Guetter celui ou celle qui viendra le traquer. Parce qu'il se souvient. Un homme a vu. Et il a du le dénoncer. Obligatoirement. Alors il va être chassé. Comme une bête. Comme une proie. Et il veut connaître son chasseur.
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