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 Que la terre lui soit légère.

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Blanche d'Ancenis
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Wenceslas de Karlsburg
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeVen 19 Juil 2013 - 13:36

Wenceslas avait suivi la procession dans un respectueux silence. Arrivé tout juste la veille dans la capitale, le seigneur venu du nord avait bien cru qu'il arriverait trop tard pour assister aux funérailles royales. On honorait aujourd'hui la mémoire d'un Roi, d'une princesse et d'un régent, disparus tragiquement dans un étrange incident magique. Pour autant qu'il le sache, la dynastie Fiiram n'était plus, la couronne attendait une tête et le trône un postérieur. Autant dire que le prochain souverain aurait intérêt à avoir la tête sur les épaules - et faire en sorte de la conserver - et le postérieur assez robuste, car il ne faisait pas de doute que la question de la succession ferait l'objet d'une lutte acharnée. Le sang coule toujours lorsqu'on a le malheur d'hésiter entre deux successeurs légitimes, mais ce n'est rien à côté de ce qui peut arriver lorsqu'il n'existe aucun héritier.

La marche funèbre en direction de la basilique ne se fit pas sans heurt. L'apparition d'un vieillard sur les toits déclencha une agitation populaire, l'effet de masse amplifiant comme toujours les peurs et les superstitions. Il ne faisait pas bon pour un mage de se faire remarquer à Diantra, ces temps-ci. L'inexplicable incident qui avait plongé la royauté dans le chaos n'allait certes pas favoriser leur réputation, et il était certain que nombre d'ordres magiques allaient devoir souffrir dans les prochains mois de toutes sortes de soupçons et accusations - peut-être pas si infondées que ça, d'ailleurs. Wenceslas lui-même avait toujours observé une certaine méfiance à l'égard de la magie. Un grand pouvoir implique une grande prise de risque, et lui-même n'avait jamais reçu la moindre formation aux arts des arcanes, peu représentés là d'où il venait.
Quoiqu'il en soit, il ignora l'incident et se contenta de suivre la procession. Pénétrant dans la vaste basilique de Notre Dame de Deina, au milieu des nobles et dames, Wenceslas contempla les trois cercueils drapés d'or et les effigies déposées sur chacun d'eux. Il n'accorda pas une grande attention au travail du sculpteur, n'ayant pas eu l'occasion de connaître suffisamment les trois défunts pour les comparer avec leurs doubles de pierre.

Tandis que le chant des moines commençait à résonner dans les murs de l'édifice, il entendit non-loin de lui un noble aviser ses proches de la présence d'Arsinoé d'Olyssea, marquise de Sainte-Berthilde et veuve du défunt régent. Les yeux gris du seigneur de Karlsburg se tournèrent alors en direction de la concernée, ne la voyant d'abord que de dos derrière ses longs cheveux d'or. Il eut l'occasion, lorsqu'elle tourna la tête, de découvrir un visage endeuillé, bien compréhensible en ce jour où l'on honorait le disparu qui fut jadis son sauveur. La secourant au moment de la rébellion d'Anseric de la Rochepont et de Clélia d'Olyssea, Aetius d'Ivrey avait d'abord conforté la marquise dans ses possessions, avant de lui faire partager les siennes propres. Elle s'était élevée grâce à lui, et elle lui devait tout, mais son protecteur était passé de vie à trépas.
Qu'elle accède à ma demande, et elle pourra compter sur le soutien qui lui a toujours fait défaut du temps de mon prédecesseur, songea Wenceslas. Mais l'heure n'était pas au marchandage, et il y avait des convenances à respecter. Une veuve pleurait son époux, un peuple pleurait son Roi. On aurait tout le temps de quémander plus tard, mais pas trop non plus...
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeVen 19 Juil 2013 - 15:38



    Lasse telle était la Dame du Val. Assise sur sa cathèdre, elle faisait face à sa tablée qui d'un regard anxieux et inquisiteur analysait ses moindre faits et gestes. D'une main désinvolte, la lettre chut sur le bois. Un silence étouffant envahissait le pièce du Conseil des Anciens et certains convoitaient déjà ce parchemin si mystérieux. Les doigts de l'Obsidienne massèrent quelques secondes ses tempes, paupières closes. Elle faisait le vide jusqu'à finalement redresser le buste et indiquer à un scribe de lire le courrier. Les pensées de la Dame s'égarait le temps de la lecture qui confirmait les rumeurs allant bon train. Voilà pourquoi, Blanche d'Ancenis se vêtait de robes et coiffes couleur encre depuis quelques jours. Grand fut le ras-de-marée qui ravagea son cœur à cette nouvelle. Tyra se montrait si cruelle envers l'Ancenis. Ses deux mains ne suffisaient désormais plus à compter les êtres cher que la Dame des Limbes lui avait arraché trop tôt si bien que la Baronne commençait à développer une certaine aversion pour le Culte de la Mort. La fin de la missive sonna le clairon de vives réactions qui laissaient la Dame du Val silencieuse. Elle observait les uns et les autres parlementer sans y prendre part. Lorsque sa silhouette se dressa de toute sa hauteur enserrée dans ses riches étoffes d'ébènes, tous se turent et observèrent plutôt la progression de leur Dame autours de la tablée. Ils semblaient attendre une quelconque directive de sa part. Ses pensées remises en ordre, Blanche se lança dans un discours plutôt rassurant dans un premier temps avant de soulever les points d'ombre. De cette réunion, des lettres en ressortirent, envoyée aux quatre coins de la Baronnie et plus loin encore, s'étendant en Erac, Velteroc et Ancenis.

    La famille Ancenis au grand complet séjournait dans l'une de ses dépendances dans les beaux quartiers de Diantra. C'était l'occasion de se retrouver et de resserrer davantage la fraternité de cette lignée qui n'oubliaient jamais les liens du sang. Blanche avait ainsi retrouver ses nombreux cousins et cousines tant appréciés dont Aemon. Les retrouvailles avec sa sœur Madelyne furent presque poignantes. Elle était aussi heureuse de revoir ses -grandes-tantes et -grands-oncles, etc. Ainsi sur place, la Dame du Val apprit que son époux était présent et domiciliait à l'Hôtel Royal. Elle lui rendit donc visite et lui apprit une heureuse nouvelle.


    *



    La Baronne et Comtesse se tenait là, non loin du cercueil de son feu cousin et ancien époux. Les frères et Oncles d'Aetius se tenaient en première ligne derrière la Marquise et ses gens. Blanche d'Ancenis était en seconde ligne au côté de sa mère Eugénie et sa soeur, Madeleyne. Elle montait son frison, Sinir, un étalon à la robe d'ébène et la crinière ondulée. Le port altier, elle n'avait de cesse de fixer le cercueil de son amant. La douleur était palpable, les traits légèrement tirés accentués par son voile de jais brodé dissimulant sa longue et épaisse chevelure sombre. L'agitation environnante la tira de son écrin de mélancolie, découvrant un vieillard déraisonnable. Évidemment qui d'autre que son mari pour se mêler des affaires qui n'étaient point les siennes. Le minois en peine se tournait dés lors vers l’escorte de son Seigneur et Maître faisant grand bruit. Elle ne tarda pas à découvrir la silhouette de son mari manchot tenter de monter une échelle afin de faire descendre ce barbon. Dés lors les regards accusateurs de sa famille se tournaient vers elle et plus particulièrement celui de son père chez qui elle pouvait lire toute sa colère. La Baronne avait tant honte mais n'en baissa pas moins le menton. Ses grands yeux bleus pénétrants fixèrent tour à tour les visages réprobateurs des siens. Elle savait ce qui lui restait à faire que le Comte craigne sa colère. Sa frimousse se tourna en la direction de celle son époux, tentant de capter un instant son attention. Ne pouvait-il pas sentir le glas cinglant de ses yeux semblable à deux lames froides s'insérer dans ses chairs. Le visage mauvais et l'expression presque méprisante, les traits de l'Obsidienne transpiraientt toute l'irritation qu'il lui avait inspiré. Après avoir relevé le menton d'un air hautain, elle se détourna et ne lui accorda plus une seule once d'attention. Cette dernière fut tournée vers la Marquise à qui elle adressa un air profondément désolée.

    Finalement, les obsèques se poursuivirent. Blanche, la mine tant éplorée, était l'une des seules dans la famille avec sa sœur, Adèle à ne point pleurer. Eugénie, Madeleyne, Judith ne cessaient de verser leurs larmes en silence, bercées par les chants grégoriens. Oscillant entre deux mondes, la Dame du Val gardait paupières closes susurrant pour elle-même la berceuse que lui chantonnait sa mère lors de son enfance.
    « Tout va bien, ne t'en fais pas. »



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Altiom d'Ydril
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeLun 22 Juil 2013 - 1:20

Cinq cent soixante-quatorze. Altiom les auraient comptées une par une pour s'en assurer si sa légendaire feignantise ne s'en était mêlée. Le postérieur vissé sur son rocher, en lisière d'un bois décrépit, il observait celui tout aussi égrotant que formaient ces tours emblématiques. Le pays tout entier lui semblait agoniser depuis quelques années. La Malenuit, les révoltes incessantes, le morcellement du Royaume. Le doux chant de la guerre, dont les échos venaient se perdre jusqu'en Ydril. Cette impression, lointaine et angoissante, que tout allait de mal en pis, partout, de plus en plus, de plus en plus vite. Cette lassitude qui venait lentement l'accabler, peser sur ses épaules, lui rappeler que peu importe son rang, peu importe son pouvoir, il resterait à jamais impuissant. Et ce ciel terriblement gris. Diable, pour la première fois son visage se creusait sous le poids du trouble, délaissant son sempiternel sourire taquin. Il soupira longuement, les yeux toujours rivés sur la cité, comme se préparant aux épreuves à venir.
- Messer, fit l'un des gardes archontaux, concerné -ledit Messer leur rabâchant pourtant à longueur de journée de ne pas l'affubler d'autre appellation que son nom seul-, nous devrions reprendre la route.
- Pressé d'aller à un enterrement capitaine?
- Ce fatras de solennités marquera le début de la fin pour l'empire que s'est taillé le régent. Bientôt nous reprendrons la Calmerrèse, et je compte bien être là où tout va commencer.
- Vous pensez trop à la guerre, fit Altiom, las.
- Et vous pas assez, répondit l'homme d'un ton excessivement dur, avant de se reprendre: sauf votre respect Messer. Mais ce n'était que trop vrai. Le monde l'y poussait avec un acharnement tout singulier, mais lui se bornait à rêvasser de paix semblait-il. Ne pouvant qu'acquiescer -et cette fatalité l'abattant d'autant plus-, le régent laissa échapper un nouveau soupir avant d'ordonner le départ. Rapidement la colonne se remit en branle, le bosquet résonnant un temps du cahot des chariots et des bronchades des destriers. Si le drille d'Ydril avait abandonné son habituelle joie de vivre, il restait fidèle à lui-même en matière de protocole. Qu'importait l'étalage de richesses, les déploiements de force et autres preuves d'opulence, il laisserait les quasi-centaines de troupiers et caméristes à ceux que la ridicule démonstration intéressait. Voyager avait beau être l'une des plus grandes passions du bougre, il comptait bien revenir aussi vite qu'il serait arrivé cette fois-ci. Une trentaine de servants et deux bonnes douzaines de gardes au plus étaient de la partie, histoire d'éviter de passer pour un gros rapiat tout-de-même. Et c'était déjà-là bien plus d'emmerdement que nécessaire, de l'archontale bouche-même. Des funérailles pire qu'une festaille! Non, jamais Altiom ne comprendrait cette morbide satisfaction que tout sang bleu digne de ce nom affectait en secret devant la mort d'un souverain. Cette excitation perverse que la bestiale coterie refrénait de son mieux avant l'ultime instant, avant d'enfin se jeter d'un bond calculé sur la carcasse pourrissante que devenait le Royaume, la bave aux lèvres, tout jubilant de sadisme. Dieux que ses pairs le dégoûtaient.

Supposé loger dans l'hostel royal, le luron avait bien évidemment fui la bâtisse sitôt installé. Se faufilant au travers des corridors, couvert par ses gens, dos aux murs, à croupeton derrière les rambardes ou manquant de renverser tout ce que comptait l'endroit de vases, jarres et chandeliers sous les regards tantôt indifférents tantôt interdits des grouillots, l'animal parvint finalement à son but sans la moindre anicroche. A peine avait-il entendu deux-trois "à l'assassin, au violeur, AU RÉGICIIIIIIDE" et quelques épées qu'on défouraille en chemin.
Bref, l'ignoble individu sacrifia lâchement ses hommes d'armes au mortel ennui qu'empuantissait la maisonnée pour s'en aller pinter jusqu'à plus soif! Les rues semblaient pavées tant de tristesse que de joie ou de colère. Tristesse pour le roi, joie pour le renouveau, colère pour les mages sans doute. Et chacun y trouvait apparemment son compte! L'aubergiste faisait salle pleine du soir au matin, la diseuse de bonne aventure enchaînait les révélations -LES JOURS SE F'RONT NUIT, LES DIEUX FOUL'RONT NOS TERRES ET CE S'RA L'DÉBUT D'UN NOUVEL ÂGE!! OUI "ENCORE"!! Ça f'ra cinq écus sinon-, et le barde poussait bien haut la chansonnette. On en avait d'ailleurs pour tous les goûts, du plus classique au plus exotique, tel cet olibrius baragouinant plus d'insanités qu'un Mecan en manque de rhum, et tout pareillement accoutré, que la plèbe avait semblait-il baptisé Fatale Ballista.

- JE SENS QU'CET ENTERREMENT VA ÊÊTRE UNE PUUURE SOIRÉÉE, OÙ ON FAIT OOOOOÉHO-HO-HO-HOOOOOÉHO!! Par les balloches pendouillantes de Mogar l'archonte en avait déjà trop vu pour la journée! L'alcool le destin faisant bien les choses, il touchait probablement à la fin de son calvaire. Trouvant bien vite place dans le bouge le plus proche, il entreprit de tromper sa lassitude à grands coups de Rousse du Brissalion, priant en secret les Dieux que le breuvage ait raison de lui avant que ne commence la procession.

Avant de les maudire quelques pintes plus tard. Toujours capable de mettre un pied devant l'autre lorsqu'il entendit les premières trompettes, le loustic n'eut d'autre choix que de se ruer à l'hostel enfiler tenue plus seyante pour prendre part à la cérémonie et faire taire sa conscience outragée. Naturellement, le bâtiment était désespérément vide de sang bleu lorsqu'il y déboula. Montant quatre à quatre les marches jusqu'à sa chambrée, le bestiau se retrouvait déjà à moitié désapé en plein couloir, enfilant les premières frusques à portée sitôt arrivé. Chemise suderonne et pantalon de cuir noir, fagoté pour la farniente plus que le deuil, il s'attendait à se prendre une colossale veste à défaut d'en avoir passée une.
Mais contre toute attente -et surtout la sienne-, Altiom parvint à se joindre au cortège in extremis. Montant son fidèle Altivo, il partit se placer aux côtés de ses compatriotes. La mine basse, tant du fait de l'atmosphère que de ses Rousses qu'il sentait lui remonter au cerveau, le pauvret se promettait silencieusement d'éviter ce genre de couillonnade durant son prochain enterrement royal. Et si possible de ne pas déclencher d'émeute cette fois-ci (qui ne serait jamais que la troisième en trois visites, mais c'est que le bougre était diablement optimiste). Comatant déjà à moitié, les chants monocordes et le pas berçant de son canasson n'aidant franchement pas, il fut miraculeusement sorti de ses réflexions nébuleuses par quelque piaulerie suraiguë. Bon tchû c'qu'elle couinait c't'affaire-là! Sans pouvoir réprimer un "foutredieu" pâteux, l'archonte finit par comprendre qu'il était question de boules de feu et d'un drôle de zigomar dont l'affublement jurait avec... à peu près l'ensemble de la création à vrai dire. Et bien évidemment l'esprit aviné du drille mit vingt bonnes secondes -le titanesque effort trahi par tant de froncements des sourcils- à faire le rapprochement. Lâchant un second foutredieu, il partit à la suite des Velteriens, déjà occupés à rosser du gueux. Incapable de bien voir au travers de la troupaille, il n'atteignit son archimage favoris qu'une fois celui-ci "maîtrisé par le service d'ordre". Du moins fut-ce ce que sa carafe fatiguée parvint à tirer de la situation. A la vue d'un tel spectacle une peur panique lui saisit les entrailles. Sans ce vieux grigou c'en était fini de son combat! Avec lui s'éteindrait son espoir déjà vacillant, le symbole de toute une époque, l'une des dernières forces œuvrant à la paix de ce monde!

- Mais.. MAIS NAKOR SORS-TOI D'LÀ!! FAIS TOMBER LA FOUDRE, RÔTIS-LES SUR PLACE, DÉCHAÎNE LES ENFERS, MERDE FAIS QUELQUE CHOSE!! beugla-t-il en défouraillant sans réfléchir. Oui, comme d'habitude. Au moins le vacarme ambiant couvrit-il la teneur de ses vociférations à toute la noblesse péninsulaire.
- Altiom! Apaise-toi mon enfant ... ces messieurs m'accompagnent tranquillement jusqu'au logis de mon ami Monseigneur de Velteroc. La tuile.
- Oh... Eeeeeh bien ça va encore être à moi d'payer une tournée pour m'faire pardonner, lança l'animal en rengainant après un long, loooooong silence. Mais si possible pas dans l'immédiat, les funérailles attendent et.. ma foi j'ai bien peur d'avoir déjà trop forcé sur la mule pour aujourd'hui! Rejoignant la procession avec le comte, cet apôtre d'Ydrilote crut bon d'ajouter après s'être présenté: oh et.. pour le "rôtis-les sur place", j'le pensais pas vraiment.
Mais trêve de bouffonneries, tout ce beau monde finit par pénétrer la célébrissime cathédrale tandis que se levaient les lunes d'or et d'argent. Après moult grincements, et autant d'échos, les portes furent refermées et l'assemblée plongée dans un autre monde. Un monde de candélabres, d'oraisons et d'hypocrisie. Rassemblés autour des cercueils, tous firent silence. Les chants menèrent inconsciemment l'archonte à la réflexion. Devait-il pleurer ce roi-quidam? Cet enfant qu'il avait toujours considéré comme un pantin, simple fantoche à la tête d'un monde trop vaste pour lui. Diantre et cette sœur dont il avait oublié jusqu'à l'existence avant que n'arrive la missive.. s'était-il à ce point désintéressé des affaires du Médian, du Royaume? Et quid du Régent? Tout juste l'avait-il rencontré une ou deux fois lors des conflits de la Côte de Sel et l'épisode de la fièvre Nelenite -dont la souvenance manqua de lui arracher une esclaffade des plus inopportunes. Il ne pouvait le haïr. Il ne pouvait l'aimer. Il ne pouvait rester indifférent ni se contenter d'être solennel. Alors il se rendit compte qu'il était triste, sans vraiment comprendre pourquoi. Aetius était parti, et avec lui un peu de ce monde.

HRP:


Dernière édition par Altiom d'Ydril le Dim 26 Nov 2017 - 12:27, édité 2 fois (Raison : EAURTEAUGRAF)
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Jasuhin le Humble
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeLun 22 Juil 2013 - 20:03


Il leva les yeux vers le ciel, qui déjà disparaissait dans l’entrebâillement des gigantesques portes en bronze. L’azur finit par disparaître dans un claquement sourd et rauque. Les murmures ponctuaient encore une bonne partie de l’assemblée réunie autour du gigantesque autel, paré des décorations royales et des cercueils des personnalités. L’encens commençait à emplir l’air de la haute nef de ses volutes vaporeuses et quelques uns des enfants de la manécanterie poussaient quelques vocalises pour se chauffer la voix. Jasuhin suivit du regard les derniers prélats qui étaient en train de s’installer, au fond, loin du choeur, des statues de cire et des cercueils qui étaient posés là. Il resta un moment à les regarder, songeur. Il se remémorait l’étonnement lors de l’annonce de la disparition du régent, Aetius, dans un élément magique encore inexpliqué. Il était alors sur la route avec Jena, non loin d’Erac. Il n’avait pas tout de suite compris, mais lorsqu’il relut une nouvelle fois l’information qui était affichée dans un petit sanctuaire de Néera, il ne le crut pas de suite. Cela n’était pas ...

Le toussotement d’un de ses frères ainsi que le début des chants lui firent tourner la tête. Il devait s’avancer vers le chœur. Les regards n’étaient pas encore totalement posés sur lui. Les gens profitaient de ce moment pour échanger sur les événements de l’extérieur. Nimmio, comte de Velteroc, intervenant pour sauver le présumé Nakor ; des grands seigneurs parlaient à voix basse en devisant d’autres seigneurs ; des regards complices ou bien d’autres, plus assassins, s’échangeaient entre personnage de la Cour. Malgré l’aspect tragique de l’événement, une tension était palpable. C’était l’avenir du royaume qui se jouait finalement : derrière les tentures de soies et d’or se jouaient une tragédie où bien peu de personnes survivraient. Cette atmosphère était un condensé de tout ce que détestait Jasuhin. Protocole, mensonge, manigance ... Ces différents aspects faussaient toutes les relations entre les individus. Mais il devait s’en accommoder. Il devait faire avec. Pour faire prospérer le mouvement qu’il portait à bout de bras. Pour faire mentir les orgueilleux et les jaloux de son ordre.

Le martellement d’un bâton sur le sol marbré de Notre-Dame le tira de ses songes. Il était dorénavant seul, ses autres frères plaçaient à quelques mètres derrière lui. Il ne se souvenait pas de comment il était arrivé là. Ses pieds l’avaient porté vers l’autel, surélevé et richement décoré pour l’occasion. Le silence se fit progressivement, au fur et à mesure que le bruit sourd du bâton se rapprochait du cœur. Il ne pouvait plus fuir, ni reculer. Il ne savait pas comment il devait réagir face à cet honneur que lui avait accordé le concile quelques jours plus tôt. Il n’était pas revenu à Diantra depuis des années, mais ses pérégrinations à travers la Péninsule lui avait permis de rencontrer bien plus de personnes qu’il ne se l’imaginait. Il ne pensait pas que ses opposants rallieraient une motion l’invitant à présider la cérémonie. Un piège manigancé par eux, qui espérait un faux pas de sa part ? Il n’avait pas eu le temps de se demander de quoi il en retournait que le concile l’acclamait comme tel. Il avait du accepter cet honneur. Et il ne ferait pas de faux pas.

Il tendit la main pour attraper le superbe bâton blanc incrusté de reflets bleutés. Une douce chaleur gagna sa main lorsqu’il le saisit. Les plumes gravées sur ce bâton lui donnaient l’impression qu’il allait s’envoler, tel un oiseau. Le lapis-lazuli soulignait la courbe des plumes le long de ce sceptre de Néera. Il fut un cadeau fait par les Rois à Notre-Dame, et Notre-Dame remerciait les pieux Rois de la Péninsule en bénissant ainsi leur sépulture. Toute cérémonie sans ce bâton béni par Néera rendait leur passage vers sa soeur Tyra plus complexe. Il complétait à merveille la tenue de cérémonie du vieux prêtre. Déglutissant difficilement, Jasuhin le brandit, et Aile vint se poser sur son sommet. Quelques murmures dans la salle, avant de voir le petit oiseau s’envoler et rejoindre la gigantesque statue de Néera qui trônait dans Notre-Dame.

Prenant son courage à deux mains, le vieil homme s’approcha de l’autel et de la chaire qui grimpait le long d’une colonne. Il sentit le regard des milliers de personnes, fixé sur lui. Il monta péniblement la cinquantaine de marche, et se retrouva surélevé de plusieurs mètres par rapport à la foule. Il jeta un regard, à l’ensemble de la foule. Puis il tapa cinq coups sourds au sol, afin de capter l’attention mais aussi d’attirer le regard des Cinq sur la cérémonie. Il se mordit les lèvres, prit une profonde respiration et commença à s’adresser à la foule présente dans Notre-Dame.


« - Fidèles de Néera et autres adeptes des dieux pentiens ; nobles, chevaliers, bourgeois et humble populace. Prêtez-moi votre attention quelques instants pour cet instant difficile pour notre royaume.

Si je suis présent devant vous, c’est pour accompagner de la meilleure des façons Aetius, Lyhann et Eliam vers les royaumes de Tyra. Néera a protégé de son Aile la vie et le quotidien d’Aetius et de ses enfants. Le Régent a toujours été un homme de foi, toujours prompt à défendre la parole de La Déesse, toujours à bâtir et à construire pour faire prospérer sa vision à travers notre royaume.

Mais il n’est pas seulement le bâtisseur du temple honorant Néera lors de sa venue sur notre humble terre. Il n’était pas seulement un homme pieux. Il était un combattant. Je ne vous rappellerai pas sa jeunesse passée à combattre et à servir divers seigneurs. Je ne vous rappellerai pas ses faits d’armes, ses victoires. Je ne vous rappellerai pas non plus ses oppositions et les ennemis qu’il a pu avoir durant sa vie.

Je rappellerai seulement que le Régent a su mener le navire qu’était le royaume durant toutes ses années. Il a assumé son rôle plus que quiconque ici présent et a tenté de limiter les débordements nordiens de la Sgardie, a su composé avec les personnalités de chacun pour éviter le déchirement du royaume. Il a su montrer la grandeur des royaumes humains durant ces riches années de prospérité.

Cependant, pour des raisons encore obscures, les Dieux et notamment Néera, ont jugé que le temps était venu pour lui et ses enfants de rejoindre l’encadrement de Tyra, dans un autre espace et dans un autre temps. Nous pouvons nous lamenter sur son départ ; nous devons lui rendre les dernières grâces de Néera avant le départ vers les cieux de Tyra ; nous avons l’obligation de nous souvenir de l’homme qu’il était et de l’héritage qu’il nous laisse. Puisse Néera appuyer et soutenir dans les moments futurs les décisions et les évolutions futures.

Néera et ses servants seront au total service du royaume, afin d’apporter la paix et la prospérité au royaume humain. Les Dieux sont présents avec nous, au quotidien, comme n’a cessé de le rappeler le feu Régent. Et les prêtres de Néera serviront au mieux les intérêts du royaume.

Pour l’instant, je vous invite à répéter après moi les paroles sacrés, afin de bénir et de garantir l’avenir dans l’autre vie de notre regretté Régent et de ses enfants.
»

Les chœurs situés autour de l’autel entamèrent les chants traditionnels religieux liés aux cérémonies funèbres. Jasuhin descendit de son piédestal et gagna les cercueils. Il trempa son bâton dans une eau bénite que lui tendait un jeune servant, le bâton scintilla grâce au lapis-lazuli quelques instants, tandis qu’il aspergeait d’eau d’un mouvement sec les cercueils. La foule suivant avec attention le rituel qui devait redonner vie aux statues de cire dans l’autre monde. Jasuhin répétait en même temps les propos sacrés qui redonneraient vie dans l’autre monde au Régent et à ses enfants. Cependant, son esprit n’était déjà plus là. Il était vidé et stressé. Comment ses propos allaient-ils être compris par les élites ? Notamment par Arsinoé d'Olyssea. Il n'avait pas pu la rencontrer par le passé, mais, étant la veuve d'Aetius, le pouvoir tournait autour d'elle. Et le comte de Velteroc ? Et les autres ...

Ce n'est que par automatisme que Jasuhin finit les rituels religieux et invita les invités à réciter une prière envers les âmes des défunts. Déjà, les serviteurs de Tyra approchaient pour poursuivre la cérémonie. Le plus dur était passé. Enfin, du moins l'espérait-il. Aile vint virevolter près de son maître, comme pour le rassurer.
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Arsinoé d'Olyssea
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeMar 23 Juil 2013 - 18:41


    La fraîche capucinade du prélat champêtre touchant à sa fin, chacun s'éloigna du royal catafalque où les valets achevaient de libérer les sarcophages de plomb de leurs appâts, une bruyante algarade naissant déjà autour des prieurs et écuyers qui se disputaient le drap royal. La dame, pourtant encline à l'iconoclastie, ne pouvait que se merveiller devant cet étalage de faste et solennité; tout autant qu'il lui venait à grand'déplaisance, se retournant, de témoigner du foison de félons et anciens ennemis de l'Ivrey qui aujourd'hui assistaient à l'envol de son âme. Les dieux avaient été cruels d'emporter le sire d'Odélian en même temps que son seigneur et ami, laissant ces Ancenis qui de tous temps l'avaient défié et méprisé et qui aujourd'hui le pleuraient comme des madeleines. Son regard atone croisa alors celui de la captieuse splendeur Obsidienne,  éveillant en elle une aigreur toute naturelle.

    La ménesse n'avait même pas le bon goût de détourner les yeux, sinon même de rester nichée dans son val. Partageait-elle donc son deuil, cette petite gouge plaintive qui à peine répudiée et remariée s'invitait dans la couche de l'Ivrey tout comme le chien retourne à son vomi ? Arsinoé avait jadis porté sa belle-sœur en devenir à son lit nuptial, un sémillant souvenir qu'icelle avait à jamais souillé en conchiant son propre mariage sans ambages ni remords, et ce à grand honneur pour sa parenté. Désormais, elle avisait mieux les arlequinades et folles ambitions de son conjoint du moment - cet amphitryon de Velteroc aux surprises plein les musettes – rien d'autre que des exutoires pour celui qui jour et nuit se trouvait confronté à l'irréfragable vérité : sa femme, derrière son teint lilial et lèvres carmines, ses titres fantasques et précieux affiquets, n'était qu'un océan de vésanie et concupiscence. Qui d'autre qu'une digne et vraie héritière de la dame Astéride d'Erac - « Cette lubrique fin de race » comme Audoin l'avait éructé en apophtegme avant d'aller se faire tuer - aurait élu d'élever son bâtard à la cour? Les négrillons du puy ne sauraient alors tarder gageait l'atrabilaire d'Olyssea, qui malgré cette logorrhée capricante parvint à se fendre, sinon de chaleur humaine, d'une expression bien dolente.

    Puis les bons chanoines et prieurs empoignèrent à nouveau les cénotaphes de plomb, qui entamaient adonc la dernière étape de leur périple. La procession réformée – les plus proches parents, chevaliers et officiers des défunts - dépassa le chœur de la basilique, gagnant une chapelle isolée et nichée contre son versant nord. Ici nul vitraux ou astragales, nul luminaires ou jeux de lumières ; seuls, le long de la paroi, quelques gisants aux images des souverains mythiques du début de l'ère, et dans l'axe un escalier s’enfonçant sous le marbre et donnant sur une petite grille étroite. On s'y engouffra en bon ordre, des valets mais aussi quelques pouacres des ordres mendiants brandissant des torches, pour atteindre le caveau royal à une cinquantaine de marches en deçà. À mi-chemin, on parvenait à un pallier de repos où se dressait une autre grille, coralline de rouille, recelant les obscures nécropoles de lignages vétustes. Mais on ne s'attarda pas devant cette antre aux lugubres épaves, lui préférant l'escalier qui décrivait là un angle droit. Le caveau dont il était question était lui très clair et bien carré, parsemé d'encens et appareillé de faire joie, bien assez spacieux pour accommoder ceux venus rendre leur dernier hommage. Deux rangées de beaux monuments aux effigies d’émail gisaient là recouverts de velours dépoussiérés ; deux douzaines au total, n'occupant qu'une fraction de la crypte funéraire d'une lignée qui s'était voulue immarcescible. Mais le vide qui s'étendait au delà de la sépulture de Gorman en témoignait tout autrement, le bon prince ayant été abandonné de ses trois fils : Que ce soit le svelte et dolent Ultuant, le noir Gringald ou encore leur bâtard de frère au vélin apocryphe.

    Ce serait le fils de ce dernier qui siégerait éternellement aux cotés de son aïeul, alors que deux autres fosses avaient été ouvertes plus loin, là où gisaient les jeunes et gentils enfants, fidèles conjointes et grands serviteurs de ces roys d'autrefois. Une dizaine de gentilshommes de la maison du comte de Scylla emportèrent sa bière, la remettant doucement et tristement à son ultime demeure, suivis de ses éperons, cottes d'armes, écu, heaume, pennon, épée et chapelet. On se garda bien toutefois d'abandonner ses deux avoirs guerriers les plus précieux, à savoir le baudrier fabuleux de l'évanide roitelet de Tourmalin ; et la lame Calan, don des elfes. Puis, la veuve d'Olyssea s’avança à son tour, déposant précieusement sur le métal nu la coruscante chevalière de l'Ivrey, laissant temprement la place au héraut qui cria sur la fosse :

    « Tyra ait l’âme du sire Aetius, prince du sang moult glorieux, victorieux et bien servi, appliqué depuis longtemps aux exercices d'une piété pure et sincère, occupé tout entier des devoirs de la Providence et de son roy !»


    Un épitaphe qui ne manqua pas de dérider la dame mutine, qui connaissait trop bien la haine que le hardi défunt avait voué à cette déesse languissante. Sa nièce fut descendue ensuite, cette douce et tranquille petite princesse qui jamais n'avait pleuré sur elle-même, mais plutôt pour la douleur de ceux qui l'environnaient. Puis son frère, petit prince au règne éphémère passé cloîtré à Edelys. Là aussi des représentants de ses quatre quartiers - de Christabel, d'Estaria, d'Erac, et pour la lignée royale le chancelier Cléophas – déposèrent ses armes de parades et autres colifichets. Le héraut peu facond déclama lors lugubre :

     « Dasmedieu veuille avoir pitié et merci de l’âme du très haut et très excellent prince Eliam, roy de Diantra, premier de ce nom, notre naturel et souverain seigneur ! »


Dernière édition par Arsinoé d'Olyssea le Mar 23 Juil 2013 - 19:02, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeMar 23 Juil 2013 - 18:46


Il y avait dans le palais comme une grande effervescence. Les jours précédents avaient été particulièrement épuisants pour toute la maison royale, tant il fallait s’occuper des nouveaux arrivants –nobles de toutes terres- que des âmes qui se devaient de rejoindre la grande maison des Dieux et des défunts. C’était dans le royaume un très grand jour, jour de deuil et de solennité, de repentir autant que de recueillement et depuis les baies de sa tour, Cléophas voyait Diantra toute apprêtée de serge noire et de bannières fleurdelysées à demi flottant dans le vent. Les cloches avaient commencé à sonner à l’aube, couvrant petit à petit le chaos citadin, plongeant Diantra dans une monodie entêtante autant qu’envoûtante, propre à l’occasion. Les préparatifs avaient été difficiles à mettre en place, entre les défunts introuvables et les coutumes oubliées et Cléophas avait été soulagé de n’avoir pas à les superviser entièrement se contentant seulement de dire quelques mots sur la chose. Mais ce jour-ci, jour de deuil suprême, allait requérir la présence du Grand-Chancelier et lorsqu’il l’avait accepté du régent, Cléophas savait qu’il aurait un jour à plonger dans le marasme de funérailles. Seulement pas si tôt. Pas dans de telles circonstances. Pas avec toute une noblesse à l’orgueil exacerbé massée dans le château.

Tant bien que mal, alors que dans la cour déjà s’affairaient les pages, les palefreniers, les diacres et les prévôts de toute sorte, les nobliaux et les autres figures d’apparat, le chancelier s’était préparé dans le silence. Les pages s’étaient contentés de lui apporter de quoi se repaître et n’avoir pas soif et l’avaient laissé seul dans ses quartiers. Là, surplombant Diantra, il avait passé des heures entières à prier et penser et prier encore, entrecoupant ses motets et damenôtres de quelques gorgées de vin mais rien n’y faisait : il devrait affronter cette journée comme si elle n’était qu’une simple journée. Lui qui voyait chaque jour le visage d’Arsinoé marqué par la douleur ; lui qui voyait défiler devant lui les seigneurs de toute la péninsule ; lui qui voyait la cité sombrer dans le chaos ; lui qui voyait le royaume, finalement, se déliter lentement il allait devoir marcher docilement, la tête haute, parmi les rangées de paysans et d’artisans et de commerçants et de badauds coincés derrière les rangées de piques qui jalonnaient déjà le trajet du convoi funèbre. Le Soleil approchait dangereusement de son zénith et avec lui, le moment d’aller rejoindre ces mines attristées pour l’occasion qui affluaient des portes du château comme l’eau s’écoulant d’une source trop pleine. Avalant d’un trait ce qui restait dans sa coupe, Cléophas avait fini par appeler les pages pour l’aider à se préparer, ne pouvant cesser de penser à cette journée de deuil, cette horrible journée…

Précédé de ses pages, il avait fait irruption dans l’éminente et grise assemblée revêtu de ses habits de cérémonie, le grand manteau pourpre et sa cape de fourrure contrastant manifestement avec les toilettes de son entourage. Son arrivée signa le moment de partir et il se plaça au plus près du dais, aux côtés de la marquise et des grands pairs du Royaume, droit et austère, tenant dans sa main droite la baguette de son office taillée dans l’ivoire, son pommeau martelé d’or. La procession s’étalait devant lui et derrière lui comme une longue traînée de lave prête à déferler sur une forêt mourante, dans le son des cloches, des râles et des pleurs ; des trompettes et du pas cadencé des gardes qui précédaient le cortège. Le Grand-Chancelier, comme il se devait, n’avait pas harnaché de monture, ne s’était pas réfugié dans un coffre de bois, mais marchait au-devant du chariot mortuaire : une tâche de sang dans une mare d’encre. Tout alors qu’ils avançaient, Cléophas ne pouvait cesser de penser à mille choses qui traversaient son esprit car la procession funèbre n’était pas des plus intéressantes au demeurant et passées les premières minutes, son attention se détacha des visages approximatifs des enfants-princes. Les lys fleurissaient dans la ville comme si le printemps s’était épris du royaume ce qui lui donnait comme une petite lueur d’espoir quant au devenir de cette péninsule car c’était bien à elle qu’il pensait. Ce grand défilé de princes, de seigneurs, de roitelets en tout genre qui respiraient la malsanté et dont les yeux pétillaient d’intrigue était inédit et menaçant.

Pourtant, le Grand-Chancelier avait trouvé cela beau : de voir ces ennemis de jadis observer la paix des Dieux pour se recueillir sur une tombe et oublier les querelles qui les opposaient à la Couronne même. Peut-être était-ce car la Couronne avait perdu ses représentants qu’ils s’étaient réunis. Pour une paix tout aussi durable, la question méritait d’être soulevée et Cléophas se la posait, faisant taire par-là la commotion dolente de la ville. Bras tendu devant lui, il décrivait une marche ample et solennelle, faisant ce qu’il pouvait pour ne pas se fatiguer car voilà que son dos commençait lui-aussi à ne pas supporter l’occasion et à vouloir s’écrouler sous son poids mais l’ennui ne fut pas de longue durée. Cléophas fut tiré de ses pensées par une pomme d’or qui brillait au Soleil et par le cri qui suivit cette apparition brillante : « Mage » avait-on crié et ses regards s’étaient aussitôt portés sur les gardes et ce peuple si prompt à la colère. Et aussi sur cette figure cocasse chapeautée comme pas vu qui se tenait pour des raisons encore méconnues, sur le toit d’une échoppe. Sans même qu’il n’ait pu réagir, Cléophas vit se détacher des rangs du cortège le comte de Velteroc, celui-là même qui était venu deviser de politiques au plus haut de la nuit, allant porter secours à ce mage qui avait déserté le Royaume et dont on disait qu’il était proche de l’Aveugle. Discrètement, Cléophas fit un signe du menton pour que l’on continuât d’avancer sans se soucier outre-mesure de la cocasse rixe qui était là mais qui lui avait bien prouvé une chose : les précautions étaient inutiles et il aurait été aisé pour un illuminé de venir semer le trouble dans la procession. Fort heureusement, nul incident de ce genre n’eut à se déclarer et les nobles avancèrent dans le calme et le respect jusqu’aux grandes portes de la basilique.

Elle se dressait là, toute splendide, toute brillante ses grandes portes de bronze s’ouvrant dans le vacarme et laissant entrevoir cette nef grise et sous le grand baldaquin, les cénotaphes qui accueilleraient ces effigies de bois. Les uns après les autres, tous les nobles, notables, dignitaires et chevaliers de toutes sortes déferlaient dans cette grande demeure de marbre et se plaçaient sous les voûtes immenses, les pairs du Royaume au-devant des rangées de fauteuils. Cléophas aimait ce lieu où même les pensées résonnaient entre les ogives et les vitraux, bientôt envahi par la fumée des encensoirs qui tombaient du plafond comme des stalactites de cuivre. Les cloches cessèrent de sonner en même temps que les portes se refermèrent et les voix argentines ou rauques des moines s’élevèrent comme ces volutes de fumées, emplissant tout l’espace de leurs chants tristes et mélodieux, pesant de tout leur poids sur les épaules de ses princes qui en cet instant fugace, perdaient toute leur superbe et leur orgueil. Cléophas était assis au plus près du baldaquin avec à ses côtés la marquise douairière qui se cachait derrière une dignité de roche. Et voilà qu’enfin le bâton frappa le damier de la basilique, entamant le rite funéraire des Rois marqué par le prêche de Jasuhin, ce prêtre pérégrin que le Conseil avait choisi pour donner l’oraison funèbre. A la surprise de Cléophas, ce dernier ne fit que peu de cas de la personne du Petit-Roy, pour qui s’étaient déplacées tant de hautes personnes comme toutes les basses qui encombraient les rues.

Le Régent était mort et sa mort était la cause même de la présence de ces gens, non pour la tristesse mais pour le vide qu’il allait laisser et il aurait été bien fol de croire qu’ils seraient dolents, ces esprits belliqueux qui se taisaient dans la nef. Mais enfin le chancelier n’avait bien que faire de ces figures ennuyées qui écoutaient d’une oreille paresseuse le discours du prêtre du haut de sa chaire. « C’est dans le protocole » marmonnait Cléophas, content néanmoins d’avoir un peu de temps pour s’asseoir et réfléchir calmement au déroulement des affaires du Royaume sans avoir à être dérangé par quelques trublions édulcorés qui n’allaient certainement pas s’attirer la sympathie du Conseil en ces heures sombres et pensives. Enfin il vint à se taire et la cérémonie continua son cours, semblant redonner vie à toute une assemblée pétrifiée. Se saisissant de sa baguette, le prêtre la trempa dans l’eau, en aspergea les mannequins de chêne pensant qu’ils trouveraient par-là le repos…mais il était difficile de penser qu’il restait encore des âmes à ces corps disparus, l’Oeil Bleu ayant été si grand cataclysme que rien n’aurait pu survivre à sa magie. Où avait été Néera en cet instant-là ? Si une chose était certaine, c’est qu’elle n’aurait que faire de trois effigies de cire et que ceux-là resteraient éternellement en terre avant de se faire ronger par toute la pourriture sur laquelle Diantra était assise.

Et les moines d’entonner de nouveau leurs chants de salut et de gloire éternelle et la procession de reprendre son cours. Les clercs reprirent sur les épaules les effigies et avancèrent le long des chapelles rayonnantes, suivis des grands officiers de la Couronne, de quelques chevaliers chers à l’Ivrey et des proches du défunt. La compagnie s’engouffra dans les ténèbres de la crypte pendant que chantaient toujours les chœurs d’hommes et d’enfants et à la lumière de quelques torches se dévoilaient les tombeaux des Rois défunts. L’ambiance était lourde, chacun chuchotant quelques prières ou se taisant, dérangés par le bruit des cottes de mailles et des pas sur la pierre sableuse ou par les épées lâches dans leurs fourreaux. On déposa les cénotaphes dans leurs tombeaux respectifs dans la plus grande contrition, chacun déposant sur iceux les effets chers à ceux qui devaient y reposer. Les quelques chevaliers ornèrent le tombeau de leur ancien seigneur, puis vint le tour de la dame-dolente Arsinoé qui laissa simplement un anneau dans le tombeau béant. Cléophas, silencieux et le visage baissé s’était demandé s’il pesait dans sa main comme un Royaume…Chacun versa de ses larmes et hommages dans la plus grande dignité et le héraut prit alors la parole, tandis que l’on scellait les tombeaux. Quelques mots encore puis tous regagnèrent doucement la nef baignée de lumière et de mélopées douces où attendaient le reste des nobles du Royaume et du cortège. Tous allaient regagner la nef, et le héraut prit place sous le baldaquin de pierre, la voix claire et sa déclaration tant attendue retentit pourtant comme les trompes divines.  

« Le Roy est mort. Vive le Roy ! »

Les chants cessèrent puis tous les moines reprirent en chœur la formule, la scandant neuf fois dans la basilique prête à s’écrouler sous les senteurs de myrrhe et d’oliban. Alors, lorsque tous s’étaient rassis et rassemblés et que leurs oreilles étaient tendues vers le héraut, Cléophas se leva et vint prendre sa place, rayonnant dans son grand manteau pourpre, son collier d’office pendant sur sa poitrine reflétant tout le poids de son aulique fonction. Alors que les chuchotements commençaient à s’élever, le héraut frappa trois coups de bâton et le bras tendu devant lui, Cléophas parla enfin.

« Mes seigneurs. Nous voyons que vous avez répondu à notre appel et que vous êtes tous ici pour honorer la dépouille de notre bon Roy et nous vous en sommes reconnaissants. En ces temps de doute, nous avons longuement songé au devenir de notre Royaume et combien sont ceux parmi vous à nous avoir exprimé votre sympathie et vos doutes propres et nous n’oublierons pas vos souhaits. En ces temps que Néera nous regarde, une révélation nous a été donnée qui est qu’il est du devoir des Rois de veiller à votre sauvegarde et vous préserver des périls ; qu’il est du devoir des Rois d’être l’outil vous libérant du déshonneur, de la honte et de l’infamie ; d’être le bouclier qui vous gardera loin de la servitude et de la domination de nos ennemis ; de la tyrannie et de l’oppression que l’on chercherait à nous imposer et ce pour maintenir notre Royaume pour le mieux et c’est pour celle-là raison que nous avons pris vos vœux et vos hommages dolents en grande considération en ce qu’ils manifestent vos indubitables largesses et amours envers la personne royale. Lors, le Conseil a pris une décision appuyée fermement par votre bienveillance et par la volonté des seigneurs qui le composent ; de déclarer présentement Bohémond, fils d’Aetius d’Ivrey régent du Royaume et prince de sang, Roy de la Péninsule ; par la grâce des Dieux et dont la régence sera assurée par sa mère, Arsinoé d’Olyssëa, Marquise du Berthildois, de droit et de fait, Reine-Régente de la Péninsule. Aussi nous vous invitons à présenter céans vos hommages à la Couronne, dans le respect des formes et la dignité de vos titres. Ceux qui s’y refuseront seront considérés comme félons et jugés selon qu’il faut. Ainsi nous avons parlé selon qu’il en est de notre souhait. »


Dernière édition par Cléophas d'Angleroy le Mar 23 Juil 2013 - 18:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeMar 23 Juil 2013 - 18:47


    Échangeant un dernier regard avec le grand chancelier, la dame d'Olyssea s’avança aux cotés du haut prélat Gorman de Sales vers le chœur de la basilique et le cathèdre qu'on y avait placé devant le royal catafalque et l’effigie de Sainte Deina. Elle s'y tint rigide alors qu'on la coiffait d'un chapelet de perles et la drapait d'une arméline amarante, dévisageant le haut baronnage assemblé au devant. Bohémond n'étant guère plus qu'un nourrisson tranquille, sommeillant dans sa chambrée du chastel d'Edelys, c'était à elle qu'il incombait de se tenir impassible pendant que ces seigneurs et pairs du royaumes venaient rendre leur serment de fidélité, par son entremise, au roy de la Péninsule. Qu'ils jurent sur de saintes reliques que tenait le vénérable Gorman de ne point ruser à son encontre et d'agir sans réticences pour son bénéfice.

    Furent appelés alors tous les hauts et puissants princes du royaume à rendre hommage pour leurs terres respectives. Asdrubal de Soltariel, duc de Soltariel et suzerain de Maciste d'Aphel et Alastein de Systolie représenté par son cousin l'archonte Altiom. Léandre du Lyron, duc légitime d'Erac et suzerain de Nimmio de Velteroc, Blanche d'Ancenis et Aemon d'Ancenis. Guilhem de Tall, régent de Langehack en l'attente d'un seigneur légitime et suzerain de Cléophas d'Angleroy, Viktor de Missède et de l'enfant roy Bohémond pour le comté de Scylla. Madeleyne d'Ancenis, mère-régente d'Odélian au nom de son fils, suzerain de Jérome de Clairssac. Et finalement Aymeric de Brochant pour le duché de Serramire, suzerain de Goar de Sgardie et Constance de Loubier.

    Puis vint le temps d'élever aux hauts offices du royaume les seigneurs les plus espéciaux et méritants, qu'ils conseillent et servent de leur mieux la régente Arsinoé. Le héraut d'icelle déclamait leurs noms, pendant que le le primat Gorman leur présentait les insignes de leur nouvelle fonction. Ainsi à messire d'Argoth fut remise l'épée du sénéchal, à messire d'Angleroy le sceau royal de la chancellerie, à Maciste d'Aphel le badge à la petite ancre de l'amirauté et de la prévôté de port-royal, à Jérome de Clairssac le bâton de la maréchaussée des marches du nord. Nimmio, Jérome et Asdrubal furent eux élevés à la pairie du royaume, appelés à siéger au conseil du roy.


Dernière édition par Arsinoé d'Olyssea le Sam 27 Juil 2013 - 11:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeMar 23 Juil 2013 - 22:19

La cérémonie fut fort ennuyeuse et dépourvue de sens pour les soltarii de naissance qu'étaient Asdrubal et Margot. Pour eux, rien ne symbolisait mieux le passage de la vie à la mort que l'océan, tout autant source de leur richesse et que mangeur d'hommes lorsque ses colères grondaient, et l'on disait souvent que la seule mort honorable d'un marin était entre ses bras. Aussi il était rare que les enterrements se déroulent en intérieur et la cérémonie revêtait souvent un caractère beaucoup plus prosaïques. Et s'ils avaient adoptés une partie des coutumes de la Péninsule et que la forteresse ducale abritaient plusieurs dizaines, si ce n'est centaines, de gisants finement sculptés, la véritable dernière demeure des ducs avaient toujours été Eris en personne. Toute cette histoire de libération de l'âme à coup de baguette n'était décidément pas leur genre.

Puis l'on patienta tandis que les cénotaphes étaient descendus dans la crypte de la lignée royale. Asdrubal nota d'ailleurs que les trois monuments y étaient menés. Si certains doutaient encore de la volonté d'Arsinoé d'afficher l'appartenance fort discutable de son époux à la lignée royale, ce ne pouvait désormais plus être le cas. Et cela n'augurait rien de bon pour la suite. Le couple ducal profita de ce bref temps de latence pour discuter entre eux ainsi qu'avec les autres invités qui leur étaient les plus proches. Essentiellement leurs vassaux et quelques châtelains du domaine royal dont les terres bordaient celles de Soltariel.

Finalement la procession royale revint et, tandis que les dernières prières aux défunts étaient dites, le chancelier du Royaume s'avança au devant de l'assemblée et présenta celui qui était censé devenir leur nouveau roi, après un discours assez éloquent, le nourrisson fils d'Aetius d'Ivrey. La nouvelle n'arracha même pas une expression à Asdrubal, bien qu'il aurait facilement pus se laisser aller à une moue narquoise en privé. Puis l'on invita les grands seigneurs de la Péninsule à venir présenter leurs hommages à la Reine-Régente, Dame Arsinoée d'Olyssea, Marquise de Sainte-Berthilde. Rapidement, lorsque vint leur tour, Margot et Asdrubal se levèrent puis s'avancèrent vers la nouvelle régente.
Toutefois ils s'arrêtèrent à plusieurs mètres de celle-ci, leur air empreint de solennité grave et de ce qui pouvait ressembler à de la compassion, voir de la condescendance. Ils attendirent un instant, suffisant pour que chacun dans la salle est remarqué l'étrangeté de la scène, puis Asdrubal prit la parole, d'une voix claire et qui paraissait profondément touché.

-Je dois dire que c'est un magnifique discours dont le sieur d'Angleroy nous a gratifié, qui nous renvoie tous à notre propre sens du devoir et des responsabilités de chacun vis-à-vis de ce royaume. Et ne particulier des lourdes attentes qui pèsent sur chacun de nos rois, fussent-ils bénis et leur mémoires conservés. Mais je me demande alors si, à défaut d'en nommer un en âge de tenir une épée, il n'aurait pas fallut au moins trouver un régent qui n'ai pas besoin d'être sauvé de la rébellion de ses propres vassaux ?

Tandis qu'il parlait son regard avait glissé sur la Dame d'Olyssea et son ton s'était fait cynique. Puis, redevenant tout à coup sérieux et sans émotions, il continua.

-Ma Dame, je ne vous rendrai pas hommage, ni maintenant ni jamais, et ni ne considère votre fils comme un roi digne de commander, que cela soit à moi ou à qui que ce soit d'autre.

Et Margot d'ajouter sur un ton plein de condescendance.

-Mes condoléances, et que les Cinq vous gardent, vous pourriez en avoir besoin.

Sur ces dernières paroles, le couple ducal se retourna et quitta la chapelle comme ils y étaient arrivés, l'air dignes et sûrs d'eux. Il était sans doute désormais temps de quitter la capitale et d'aller informer Soltariel de ce qui avait été décidé. Il n'était pas clairement indiqué quand la trêve de l'enterrement prendrait fin, et quand ils seraient jugés en cette ville comme des traîtres.
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Altiom d'Ydril
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeMer 24 Juil 2013 - 18:53

Quelque chose tourmentait l'archonte. Il ne sut dire s'il s'agissait des paroles de son capitaine, quelques heures plus tôt, de l'impénétrable mystère entourant la mort d'Aetius ou de la mortelle longueur de cette foutredieu de cérémonie. Que la chose s'éternise trop et il finirait les quatre fers en l'air sur l'autel, l'un des voiles mortuaires sur la tête, à danser une parodie de gigue sous le coup de l'alcool. Ou quelque chose du genre. Rassemblant tout ce qui lui restait de concentration, il essaya vaille que vaille de suivre le discours du Grand-Prêtre. Le pauvret décrocha à "fidèles". L'imbroglio de mots et bouts de phrases qui vinrent ensuite s'échouer dans ses esgourdes -et que son cervelet aviné se résigna bien vite à ne plus tenter d'interpréter- ne lui permit pas de bitter l'ombre d'un fragment de début de sens à toute l'oraison. Bah, au moins se sentait-il coupable pour le vieil ecclésiastique.
Pour autant, la torpeur éthanolée qui lentement le gagnait ne parvenait aucunement à atténuer sa sourde angoisse. Se rendant tout juste compte que les fidèles de l'Ivrey avaient disparu du paysage, le suderon s'en retourna vers les siens, trimpallant déjà plus qu'il ne marchait. Peu désireux de sortir une énième ânerie devant ses condisciples, il se contenta d'affecter un air sérieux et d'écouter sans piper mot. Quelques minutes encore de cette mascarade et toute la cohorte royale reparut enfin! On déclama le quasi-mythique Le Roy est mort. Vive le Roy! -qui n'aurait jamais été autant usité que ces dernières années- et vint un nouveau temps mort. Manquant de sombrer définitivement, le bestiau fut sauvé par les coups de bâton du héraut. Sursautant presque, et voyant le grand chancelier sur le point de prendre parole, Altiom s'obligea dans un ultime effort à se défaire de sa douce léthargie. Les minutes à suivre lui feraient amèrement regretter ce geste.
L'Ydrilote resta spectateur du drame. Toutes ces années il avait rêvé, il avait espéré, il avait lutté. Reprenant lentement son trône, forgeant des alliances, unifiant, défendant, aidant ceux qu'il pouvait. Et rien ne changeait. Aujourd'hui il avait essayé d'abandonner, il avait tenté de fuir, il avait échoué. Maintenant il écoutait, il regardait, et sans pouvoir se l'avouer il priait. En réponse ne viendrait que la guerre.

- Ma Dame, je ne vous rendrai pas hommage, ni maintenant ni jamais, et ni ne considère votre fils comme un roi digne de commander, que cela soit à moi ou à qui que ce soit d'autre. Oh oui il l'entendait gronder au loin, il apercevait ses éclairs de sang zébrer un horizon noir comme la mort. Il sentait le monde s'écrouler sous ses pieds. Son monde. Ses rêves, ses ambitions de paix et d'unité. Le Duc et sa Duchesse s'en furent dans un silence absolu. À lui désormais de sceller le destin de ses terres.
Sans pouvoir chasser les visions d'horreurs sans nom qui l'accablaient, sans pouvoir détacher son regard de la veuve-régente, incapable de simplement penser, Altiom s'avança. Droit, trop droit, les traits presque figés, il le savait maintenant. Il l'acceptait. Il avait trop désiré la paix sans imaginer la guerre, trop parlementé sans livrer bataille. Il s'était focalisé sur l'extérieur, ne voyant d'ennemis qu'en les Sombres, oubliant ceux qui sommeillaient à ses portes. Sans vraiment s'en rendre compte, il s'était arrêté juste devant l'éplorée, bien plus près que son suzerain. Sans mot dire, il la fixait toujours, au comble de l'indécision. Sa bouche s'ouvrit d'elle-même, très légèrement, sans un son d'abord.

- Je ne prête allégeance qu'à la paix, commença-t-il d'une voix brisée, et la paix n'est d'aucun camp en ce jour. Que je vous rejoigne et la noblesse Soltarie implantée en mes terres se soulèvera, que je vous trahisse et ce sont les Scylléens de Marcalm qui mettront le sud à feu et à sang. D'un ton plus résolu il enchaîna: Soltariel et Scylla ont été nos ennemis, le premier par la guerre, le second par la trahison. Le régent s'est avili pour plus de terres, plus de pouvoir. Vous êtes du même bord Arsinoé. Et quelque chose doit changer. Il esquissa quelques pas à reculons, plongeant toujours ses yeux dans les siens, comme s'il attendait un miracle, une phrase, un mot, que tout s'arrête! Que cette folie cesse avant d'avoir débuté, que l'on trouve un compromis, peu importe! Puis son dernier espoir de fou mourut ; il se retourna, et partit.
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Jérôme de Clairssac
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeJeu 25 Juil 2013 - 11:18

spoiler:


Jérôme se trouvait dans la procession et il suivit avec pragmatisme tout ce qu'il se passa. Tout d'abord lorsqu'il y eut un cri et une bousculade avec l'arrivée de Nakor sur un toit. Il avait suivit les actes de Nimmio en souriant, l'homme se mêlant décidément de tout. Aux yeux du baron, soit il irait très loin et serait un homme fort de demain, soit il mourait très jeune vu tous les ennemis qu'il allaient sans aucun doute se faire. L'esclandre terminée, la procession reprit son chemin en direction la basilique et y entra. Le baron regarda un peu tous les seigneurs présents et il ouvrit de grands yeux en voyant certaines têtes. Léandre était présent et il semblait prendre ses aises, c'était des plus étonnant lorsqu'on se rappelait qu'il s'était levé contre le roy et son régent, l'homme qui était enterré ce jour et qu'en plus il avait été défait et jeté au cachot par le défunt. Sa présence était donc des plus surprenantes. La cérémonie commença, le prêtre de Néera faisant son office. Jérôme écouta attentivement et se recueillit sincèrement pour les défunts, que ce soit le roi, la princesse ou le régent mais également les mages qui avaient trépassé dans la tentative pour sauver l'enfant. Comme à chaque fois et encore plus pour un souverain, elle dura longtemps.

Elle venait tout juste de se terminer, finissant par un "le roy est mort, vive le roy !" que le chancelier prit la parole. La moindre des choses à dire, c'est que le monologue fut un discours choc et fort mal approprié.  Déjà l'entendre dire que les seigneurs avaient répondu à son "appel" alors que c'était plus une convocation et une menace était une chose mais la suite fut bien pire. L'emploi du nous étant étrange, parlait il de lui tout seul ou de plusieurs personnes ? la réponse viendrait bien assez tôt. S'ensuivit un beau discours sur les devoirs du roi et la protection des seigneurs qui le suivent. Vint alors le scandale qui ne tarderait pas à arriver. Cléophas expliqua que le conseil, dont on ne connait absolument pas la composition, ni le nombre, avait prit une décision, que celle-ci semblait appuyé par les seigneurs ? Jérôme n'était pas au courant, et que le fils d'Arsinoé serait nommé roi et elle régente de la péninsule. Voila un coup de théâtre bien ficelé, un pari des plus audacieux et rondement mené. Il enfonça le clou en expliquant que cela se ferait sur le champ et que tout manquement serait traité comme de la félonie et les seigneurs jetés au cachot. Voila une nouvelle insulte proférée envers la noblesse, preuve de l'ingérence qui était fait mention dans la convocation. Ainsi, la couronne était tout puissante, sauf que pour avoir la couronne, encore fallait il avoir des seigneurs à gouverner.

Jérôme se tourna vers Aymeric, puis vers Madeleyne, et il se rappela les nombreuses discussions qu'il avait eu avec l'une et l'autre afin de trouver une ligne de conduite et de connaitre la suite des évènements. Toutes les revendications qui ne manqueraient pas et les tractations à venir qui venaient de tomber à l'eau. Tout cela fut balayé comme un fétu de paille par l'homme qui se devait d'être l'élément unificateur de la péninsule, il venait de jeter tout cela aux ordures pour passer en force son désir, au détriment des seigneurs présents.

Le silence qui s'installa, puis le brouhaha des discussions tout autour était gênant, surtout vu les circonstances, les funérailles venaient par la même occasion d'être gâchées. La marquise de Sainte Berthilde s'avança alors, il était évident qu'elle était au fait de ce passage en force puisqu'elle en était la principale intéressée. Les hauts seigneurs, dont Jérôme ne faisait pas parti, furent appelé et la réaction ne tarda pas. Asdrubal, un homme qu'il avait rencontré afin de discuter commerce et son épouse s’avancèrent, leur décision fusa tel un coup d'épée, ils ne feraient pas serment d'allégeance. Il fallait dire que nommer un nourrisson après un beau discours sur le devoir du roi de protection, c'était de la bouffonnerie. Ils se retirèrent et un autre homme fit son apparition. Il n'avait pas son mot à dire, ne faisant pas parti des hauts seigneurs mais il prit la parole et expliqua que lui non plus, ne prêterait pas serment. Aymeric et Madeleyne ne réagirent aucunement, ne sachant sans doute que faire, cette dernière se trouvaitt au sein de sa famille, en compagnie de Blanche et Hautval.

Jérôme se leva et partit sans attendre, il avait des décisions à prendre et il fallait que cela se fasse rapidement. Il n'avait donc aucune idée du poste de maréchal qui lui était proposé et il n'en sut rien avant un certain temps. Il organisa le départ immédiat de la capitale pour Brochant et la marquise d'Odélian. en effet Jérôme ne savait pas ce qu'il adviendrait de ceux qui n'avaient pas prêté serment, ni du temps qui leur serait accordé, il fallait donc se dépêcher. Rapidement, tout ce beau monde fut donc sur la route en direction de leurs domaines respectifs, parlant frénétiquement des évènements à venir.

Chemin faisant, il réfléchit, tout cela était absurde, il y avait tellement de choses à faire et l'unification et la stabilité semblait à porter de main, quel gâchis.
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Maciste de Soltariel
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeDim 28 Juil 2013 - 15:58

Observant la scène de sa place, à quelques rangs derrière le duc et la duchesse ses suzerains, Maciste songeait que le monde était ainsi fait que le vice était souvent le bras de la vertu et que les meilleurs actes étaient parfois à l'origine des pires conséquences et muées par les plus horribles raisons. Ou l'inverse.
Quelles étaient donc les pensées et les motivations de ces puissants seigneurs, qui refusaient un à un de jurer allégeance au nouvel enfant roi et à sa mère, le duc et la duchesse d'abord, puis l'homme qui prétendait régir les terres de ses pupilles et enfin ce seigneur des terres du nord ?
En quel nom et de quel droit le chancelier se prévalait-il de l'autorité d'un Conseil dont les membres venaient seulement d'être nommés ? Ses membres s'étaient-ils réunis au préalable, sans Maciste ? L'avaient-ils écarté ? Le prince, dont la main, de colère, étraignait furieusement la poignée de son épée, adressa un regard alentour sur ses pairs. Était-il le seul a avoir été écarté ? Pire ! Associait-on son nom et son crédit à cette farce ? Lorsqu'il avait rencontré le Mervalois dans les caves du château, il lui avait demandé quel héritier serait choisi pour monter sur le trône parmi les nombreux prétendants possibles. Les enfants d'Arsinoé et de Blanche étaient les plus évidents. Celui-ci avait éludé la réponse à sa question... Était-ce là donc ce qu'on attenderait de lui et des pairs qui siègeraient au Conseil ? Le Mervalois comptait-il tout décider sans rien leur demander, mais tout en se prévalant de leur accord ? Était-il donc un homme si vil et si retors... Maciste aimait le panache et l'aventure, mais il appréciait les hommes vrais. Quel preux pouvait suivre des hommes usant de tels procédés ? Et quel serait son estime ?

Alors qu'il sentait sa femme à ses côtés prête à s'avancer à son tour, le prince la retint fermement par la main, son visage toujours tourné vers la Régente. Ils attendraient...
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeDim 28 Juil 2013 - 22:37



    Simple détail fut-il toute la différence, la Dame du Val avait été divorcée et non répudiée, le feu Régent Aetius d'Ivrey avait mainte fois insisté sur ce point afin de préserver sa cousine blessée en son cœur. La décision avait été commune. Ainsi là, la messe fut dite et l'Obsidienne demeura de marbre bien que l'expression de son minois était marquée tant par la peine que par la dureté des événements. Les plus proches descendirent jusqu'à la crypte, probablement les frères et sœurs Ancenis  y furent invités et si cela ne fut pas fait, ils en furent sans doute bien offensés et offusqués. Blanche s'était jurée de revenir avec ses filles et son fils afin que ceux-ci constatent la grandeur de leur père et poursuivent leur route en ces fins. Elle n'avait point remarqué le Baron de Merval qu'elle avait autrefois rencontré et propulsé au devant de la Cour Royal sans qu'on ne sache pourquoi. Ses pensées s’interrompirent aux paroles du Chancelier qui avait désormais toute son attention. Elle murmura pour elle même « Le Roy est mort, vive le Roy » répétant la litanie pour participer. Son prochain discours la fit froncer les sourcils tandis qu'elle balayait d'un regard circulaire les nobles autours d'elle. Étaient-ils sérieux ou la folie des grandeurs les avaient-ils pris ? Elle patienta que les derniers mots furent donnés pour se détacher en toute discrétion des rangs Ancenis qui lui jetaient des regards lourds de sens, elle croisa ainsi les yeux de sa sœur, Madeleyne, de son père, Raymond, de sa mère, Eugénie, de ses cousins directs et se contenta d'un simple hochement de tête. Rompant les rangs, elle rejoignit son époux qu'elle saisit de son poignet de chair et d'os. Ses billes cérulées s'ancrèrent dans ceux de Nimmio, et jamais ne lui avait-il connu un regard si sombre qu'aujourd'hui. Elle murmura.



      « Je vous l'avais bien dit, mon Seigneur et Maître. »



    Ses saphirs se détachèrent, glissant bientôt sur la silhouette du Duc de Soltariel et sa Duchesse. Son cœur battit alors la chamade jusqu'à sa révélation qui la calma. Elle se gardait bien de sourire mais n'en était pas moins contente que le Duc ne plie le genoux face à l'usurpatrice et son sbire. S'en suivit les propos de l'Archonte d'Ydril qui la contenta tout autant. Puis ce personnage qui se dérobait aussi des haies nobles qui n'était autre que son ami, le Baron d'Etherna. Elle jeta un regard univoque  à son époux, et lorsque celui-ci voulut bien la conduire jusqu'au chœur de la Basilique. Elle se tint droite face à la veuve.


      « Avec tout le respect que j'ai pour vous, votre Excellence, je constate toute l'irrévérence des propos de votre Grand Chancelier, sans doute ainsi justement nommé ou non par vos bons soins. Vous avez l'audace et la prétention de nous imposer votre fils comme Roi mais oubliez-vous que la première née de notre feu Régent, Aetius d'Ivrey, est Alcyne de Hautval, Princesse de sang. Pourtant je ne me targue pas de prétendre au trône pour autant, tout simplement car ce serait manquer à mon devoir et serait une insulte pour mes pairs, ceux qui de tout temps ont soutenu la couronne et font d'elle ce qu'elle est. Que la honte soit sur vous et votre Maison, vous manquez de respect à mon feu cousin et autrefois époux, Aetius d'Ivrey, vous manquez à sa mémoire, vous l'insultez avec votre gloutonnerie insatiable pour le pouvoir et c'est pourquoi je ne vous rendrais pas hommage. Le Royaume des Hommes n'a pas besoin d'un Roi qui si justement dit par son Alteresse Asdrubal n'est même pas en âge de tenir une épée et ne serait protéger son peuple ! »



    Blanche se retourna en direction de l'assemblé, le visage fermé, l'air strict, le port altier. Elle reprit à l'intention des nobles présents ou sur le point de quitter les lieux.



      « J'en appelle aux Seigneurs et Dames de la Péninsule ! Nobles, choisissez votre Roi ! Ne vous laissez point imposer ainsi pareille vilenie. Nous ne sommes point félon si nous ne rendons pas hommage à la Marquise de Sainte-Berthilde. La félonie est là derrière moi, cette traîtrise faite à notre insu qu'est de nous imposer un Roi ! Défendons nos droits. Les droits pour lesquels nous avons longtemps combattu. Nous nous battons pour la mémoire de nos ancêtres qui ont eux-même choisi leur propre Roi et leur Reine. J'en appelle à un Grand Conseil de la Noblesse péninsulaire qui elle choisirait son vrai Roi. Puisse les Cinq nous garder et me pardonner d'avoir ainsi troubler les Adieux à notre feu Roi Eliam Ier, notre feu princesse Lyhann ainsi que notre feu, Régent, Aetius d'Ivrey. »



    Sur ces mots, la Baronne s'en retourna vers la Marquise, son Grand Chancelier et autres sbires à qui elle fit la révérence. Elle s'inclina face à l'assemblé et s'en alla, l'air profondément affecté, suivie de sa famille.



Hrp:
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Arichis d'Anoszia
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeLun 29 Juil 2013 - 13:57



    Inéluctable, la situation l’était. Assis parmi ses pairs à un rang derrière les Ancenis, Arichis alerte, écoutait attentivement le discours du Chancelier. Il ne s’offusqua pas lorsque le sieur d’Angleroy appela un inconnu à la connétablie. Aetius l’avait écarté du conseil voilà à présent plusieurs années, il n’y avait aucune raison pour que sa veuve quémande ses services. Contrairement aux autres nobles, le vicomte n’éprouva aucune colère, injustice à la nomination d’un nourrisson comme roy des Hommes. Les roys vivent et meurt, certains sans laisser grande trace tombant dans les abysses de l’oubli, d’autres en marquant l’histoire au fer rouge s’inscrivant à jamais dans les méandres de la péninsule. Lorsque Asdrubal se leva pour répondre à la Dame Régente, Oschide fit mine de se lever à son tour. Arichis le retint du bras et se pencha vers lui, un parchemin enroulé dans l’autre main qu’il avait retiré d’une poche intérieure.


« Rentrez avec ceci en Ydril mon fils, avec les autres, prenez quinze piques comme escorte et envoyez les autres chez Son Altesse le Duc, il en aura peut être besoin. »


    Oschide prit avec le parchemin où était apposé le sceau des Anoszia. Il leva un regard déterminé vers son père et le questionna.

« Et vous Père ?»


    Arichis le congédia d’un signe de la main sans lui répondre. Alors que les Anoszia se levaient pour prendre la sortie avec d’autres nobles, prenant aussitôt le navire pour Velmonè, Arichis lui, patientait à l’intérieur de la cathédrale, observant tour à tour l’archonte, le Clairssac et les Ancenis quitter les lieux. Il ne prendrait à son tour la porte qu’une fois vu ce que Maciste ferait, pour le moment au désarroi du patriarche, il ne semblait guère vouloir bouger de son cathèdre…  

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Viktor de Missède
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 14:15

Un désastre.

Difficile de considérer autrement le coup qu'avait tenté Arsinoé. La marquise de Sainte Berthilde regardait défiler les nobles qui, l'un après l'autre refusaient de rendre hommage ou le faisaient de façon très tiède. Il ne fallait pas être un fin politique pour savoir qu'en cas de conflit avec les premiers, il lui serait impossible de compter sur les second. Si on faisait le compte, elle n'avait pour elle que ses fiefs.

Difficile de croire qu'aucun ambitieux à Scylla ne tenterait de prendre le pouvoir sur ce rejetons à peine sortis du ventre de sa mère et pour le prince de Thaar, l'occasion de chasser les Péninsulaire de Nelen était absolument parfaite.

Soltariel ne rendrait pas hommage, Odélian non plus, le Médiant pas plus et même si Serramire le faisait, il était inutile de compter sur son aide. Avec Alonna et Oesgard qui avaient déclaré leur indépendance et le marquis de Serramire qui voyait ses deux plus puissants vassaux se retourner contre lui, aucune chance qu'il soutienne par autre chose que par des mots la marquise de Sainte Berthilde.

Maintenant, il s'agissait de ne pas faire n'importe quoi.

Étant donné la position géographique de Missède, il allait falloir jouer serré.

Au fond, Viktor se contrefichait de savoir qui régnait sur Diantra. Que se soit cette petite chiure issue de l'Ivery ou l'autre braillarde de la noiraude, c'était du pareil au même. Par contre, il y avait un chose qui ne jouait pas du tout en faveur de la marquise de Sainte Berthilde. Légale ou pas, discutable ou non, elle avait oublié de compter avec l’orgueil.

Celui du baron de Missède très précisément.

Il ne faisait aucun doute qu'on avait négocié avec certains pour s'assurer de leur allégeance avant la cérémonie. Et c'était là le problème. Viktor n'avait pas même reçus une lettre. Qu'on ne parvienne pas à trouver un arrangement était une chose. Mais qu'on ne tente même pas de négocier avec lui, c'était une véritable insulte. Surtout si c'était pour ensuite lui présenter une farce aussi grotesque que celle qui se jouait devant ses yeux.

« Dame Arsinoé... je ne reconnaîtrais pas votre fils comme mon roi, déclara Viktor. »

Il était important de nuancer. En politique, tout était dans la nuance.

« Non par félonie. Je suis un loyal serviteur de la Couronne et le serais jusqu'au jour de ma mort. Mais, Dame Arsinoé, Vous nous avez fait venir ici pour former un conseil qui devait justement se décider sur le nom de notre futur roi. Et, bien que je sois enclins à reconnaître votre fils comme mon suzerain, ce conseil n'existe pas encore. Vous nous demandez de reconnaître un roi désigné par un conseil sans Sénéchal du royaume, sans Amiral de la flotte, sans Chancelier, sans Maréchal des marches du nord. Un conseil où il manque de plus trois pairs du royaume. »

Viktor laissa filer un instant avant de reprendre.

« Je ne saurais reconnaître un roi désigné par un conseil où tant de sièges sont vides Dame Arsinoé. Je suis et je reste un loyal serviteur de la Couronne et si le conseil des pairs une fois réunis désigne votre fils comme notre roi légitime, je plierais le genoux devant lui. Mais dans la situation présente, je ne saurais rendre hommage. »

Viktor quitta la place, digne mais toujours aussi blessé dans son orgueil.


Dernière édition par Viktor de Missède le Dim 4 Aoû 2013 - 18:38, édité 2 fois
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Maciste de Soltariel
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 17:41

La scène eût pu inspirée les bateleurs, qui se gaussaient allégrement de l'aristocratie et de ses déboires, sur les places de la capitale. Elle eût pu faire rire Maciste, n'eut été l'heure aussi grave et les intérêts du royaume en jeux. Car le prince ne s'y trompe pas, le poids qui pèse sur ses jeunes épaules lui semble lourd. Trop lourd. De sa décision dépend sa vie et son honneur, celle de sa femme et de ses enfants à venir. L'avenir du duché, également, ainsi que de sa baronnie et des terres de ses pupilles. C'est peut-être également le royaume tout entier qui dépendra de décision. Un à un, il a vu les seigneurs se succéder et refuser de prêter le serment d'allégeance, les uns après les autres ceux-ci ont quitter la cathédrale et les honneurs qui leurs étaient dûs ou offerts, la lippe boudeuse ou la face rouge de fureur. Il écoute les arguments de Blanche, dame de Hautval et de Velteroc, dont le mari s'est étrangement absenté au lieu d'être à ses côtés durant la marche du cortège. S'agit-il d'une suprême impertinence à l'égard de la dame Arsinoé et de son chancelier ? Les saillies de Missède font mouche : l'Angleroy est allez trop loin, trop vite. Il a ignoré les pairs et les haut-seigneurs et s'est attiré leur courroux. Peut-être par maladresse, peut-être aussi par insolence, ou encore par excès de ce pouvoir soudain, délice auquel il goûte depuis peu... Son bouffon, Jolloh, aurait probablement suggérer de jouer le prochain roi au Kjall, parmi les prétendants...

Une seule chose demeure au milieu de tout cela : la Couronne et le Peuple. Car en définitive, c'est bien tout ce qu'il reste. Tout ce qui importe encore. Deux valeurs, deux constantes inébranlables. Après quelques moments d'hésitation, Maciste se lève. Il a sa réponse. Posant une main protectrice sur l'épaule de son pupille Alastein, comte d'Ydril, le prince lui fait signer de s'avancer. De l'autre main, il invite courtoisement sa dame à l'accompagner. Sa présence à ses côtés le fortifie dans sa conviction. Pour ces deux êtres qui lui sont chers, cette invite à valeur de reconnaissance, c'est le sacre de leur position et de leur statut devant la noblesse encore réunie. La chose est importante. Dans la foule des barons, des ducs et des prélats, sur les bas côtés de la nef, il a reconnu la livrée des Anoszia, les vassaux les plus puissants de ses pupilles, à Ydril. Voilà qui mettra fin à tous doutes sur ces terres. Précédé du jeune comte, le couple princier s'avance jusqu'au coeur de l'immense basilique. Sur leur passage, les nuques et les regards se tournent, les pointes des pieds se lèvent tandis que leurs pas résonnent dans le silence morbide qui règne à présent de nouveau sous l'immense dôme. Maciste ne leur adresse pas un regard. Le sien est tourné vers la veuve, en haut des marches. Arsinoé est belle dans sa tenue de deuil et ses cheveux d'or. Sa coiffe de perles et l'arméline dont elle est maintenant drapée lui confèrent l'aura d'une reine. La douleur de Blanche, visible à ses traits légèrement tirés et son voile, qui dissimule une longue et épaisse chevelure sombre, ténébreuse, lui conférait une sensualité trouble. Alors qu'il observait le bras de fer que se livraient les deux femmes, le prince a songé que les trouvères et les menestrels pourraient écrire une belle chanson sur la lutte de ses deux femmes, qui à elles deux incarnent deux camps opposés, deux visions différentes et dont le destin se trouve pourtant lié par le même homme.

Parvenus devant la cathèdre et le royal catafalque, Maciste et Kahina s'inclinent. Le prince porte sur son pourpoint la broche en forme d'ancre de l'amirauté, symbole de la prévôté de Port Réal. Le damet s'était senti rougir de se voir offert un pareil présent. Il sait que les oreilles des princes et des Haut-seigneurs attendent fébrilement les mots qui sortiront de sa bouche. Comme une variable à laquelle ils ajusteront leurs actes, leurs discours.

« Nous, Maciste d'Irun, prince d'Estrévent, baron de Sybrondil, Maître de l'Hoirie Comtale et Régent d'Aphel, Amiral de la flotte et Grand Prévôt de Port Réal, jurons. »

Le prince est jeune, plein de vivacité. Plein d'insolence aussi.

« Jurons fidélité et allégeance au Royaume et à la Couronne, à ses offices et à la protection des terres et des gens dont elle nous honnorent par les titres et les droits. »

Et le jeune comte de s'incliner à son tour, bien légèrement. Peut-être est-ce la fatigue, peut-être est-ce déjà l'insolence que lui confère son titre. Il est si jeune. Il profère lui aussi les mots.

« Nous, Allastein de Systolie, Comte d'Ydril, Seigneur Justicier d'Aphel et héritier de Kalgar et de Judith, jurons fidélité et allégeance au Royaume et à la Couronne. »

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Nimmio de Velteroc
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeDim 11 Aoû 2013 - 17:52

Les choses se passaient exactement à la manière dont il l'avait imaginé à l'issue de sa rencontre avec la régente. Leur orgueil venait de se heurter à la dure réalité du royaume. La noblesse péninsulaire ne se résumait en effet pas à une bande de petits vassaux de la couronne qu'il convient de siffler une fois que l'on a pris les grandes décisions en catimini. La volée de bois vert qu'ils venaient de recevoir les avait ramené à la réalité et leur tentative maladroite de putsch se soldait non pas par l'instauration d'un nouveau pouvoir central, mais par l'éclatement pur et simple du royaume. Bien des grands seigneurs avaient déjà annoncé leur rejet de cette nouvelle couronne et peux nombreux étaient ceux qui prêtaient serment.

Le Comte de Velteroc ne souriait néanmoins pas. Si la satisfaction de voir une telle entreprise échouer était réelle, sa préoccupation quand à l'avenir du royaume la surpassait de très loin. Une telle explosion assurait, à terme, la mort et la destruction pour bien des territoires. Un rapide calcul permettait de comprendre toute la détresse de la nouvelle couronne qui se trouvait fort isolée, réduite aux terres royales, dans l'éventualité où elles soutiendraient l'entreprise et aux terres des membres auto-proclamés du Conseil royal et de leurs éventuels vassaux. En face, la plus part des Duché et des territoires d'importance s'étaient montrés hostiles, allant de la simple non réponse à l'opposition la plus virulente. Mais le calcul montrait aussi qu'une fronde ne ferrait pas non plus aisément chuter les usurpateurs. Une longue guerre était à présent envisageable et envisagée par les différents protagonistes et, dans l'ombre, il était évidement que les ennemis du royaume s'en frottaient déjà les mains.

Prévoyant cette éventualité, Nimmio avait tout fait pour éviter une telle catastrophe, mais il s'était heurté à un mur d'orgueil et de pré-jugés. Il était venu offrir une possibilité de stabilisation, une assurance d'unité pour le royaume en échange d'assurances, terriennes et politiques, de pouvoir s'assurer que la poignée de nobles qui s'étaient immédiatement rassemblés après la mort du Roi ne serrat pas la seule aux commandes. Mais il était à présent évident que leur volonté était de régner sans partage et certainement pas en devant prendre en compte son avis. Ainsi avait-il été éconduit comme un mal-propre. Considéré sans doute comme un gourmand profiteur en ces temps de périls.

Mais voilà que l'histoire lui donnait raison et que désormais, ces orgueilleux conseillers pouvaient pleinement prendre conscience de leur position précaire et bien lointaine de la puissance qu'ils avaient imaginé. En reconnaissant les traîtres au sang royal, comme Léandre le félon, dans le seul but d'affaiblir et de diviser le Médian, ils montraient toute l'inimité qu'ils éprouvaient envers Nimmio, sa famille et sa lignée. En offrant en contrepartie une place de pair, potiche épouvantail aisément utilisable pour se targuer d'une pluralité de points vue sans être obligé en réalité de l'écouter, ils essayaient clairement de le prendre pour un imbécile, attiré par le premier sucre que le « maître » pourrait tendre. Une nouvelle insulte à son honneur et à son intelligence.

Se levant à son tour, suivant sa femme de quelques dizaines de secondes, il se plaça là où elle l'avait fait, pour prononcer des parole pleine de sens pour sa situation et pour celle du royaume. Décidément, cette femme qu'il avait épousé s'avérait être un gracieux mélange d'expérience et de force de caractère. En cet instant, sa grandeur montrait à Nimmio que son choix de l'épouser était plus que jamais le bon. Prenant place et effectuant un geste large afin de montrer les quelques restes d'assemblée encore présente dans l'édifice religieux, il se lança.

Voilà !

Voilà à quoi mène l'orgueil couplé à la suffisance. Voilà où mène la cécité d'une poignée d'individu qui pense pouvoir régner par le droit du premier arrivé. Voilà où mène le mépris des seigneurs, de leur lignage, de leur histoire. Voilà ce qui arrive quand d'un simple revers de main, on écarte tout compromis, toute discussion. Voilà ce qui arrive lorsque l'on est prêt à toutes les contorsions idéologiques pour essayer, non pas de rassembler, mais de diviser pour mieux régner.
Bien des choses ont été dites par les personnes qui m'ont précédées. Peu d'entre elles sont fausses, malheureusement pour vous. Vous venez par vos actes de vous assurer l'inimité de ceux quoi auraient pu s'avérer être des alliés de poids et de fervents défenseurs du Royaume. Demain, le bruit des arme risque fort de retentir par votre faute. Le royaume est plus que jamais mis en péril par vos choix et par vos actes. Conseil auto-proclamé exigeant la soumission sans condition de seigneurs plus légitimes que vous, je vous salue donc bien bas. Si d'aventure la sagesse devait s'inviter à vous conseiller avant que le sang ne se verse, vous saurez trouver ceux pour qui le royaume représente plus que de simples intrigues de cour. Dans le cas contraire, il est évident que nous nous retrouverons en des lieux beaucoup moins confortable que ceux-ci et que le royaume connaîtra ses heures les plus sombres.


Après ces quelques paroles, le Comte de Velteroc, s'en alla, suivant son épouse et la famille Ancenis qui était désormais également la sienne. Le mariage qu'il avait contracté avec Blanche avait au final uni deux des plus grandes familles et plus anciennes familles du Médian. Les liens du sang comptaient autant pour les Velteroc que pour les Ancenis, si bien que les destinés des deux maisons seraient désormails liées à jamais.
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MessageSujet: Re: Que la terre lui soit légère.   Que la terre lui soit légère. - Page 2 I_icon_minitimeLun 12 Aoû 2013 - 10:41

"Hubris que tout cela."

La cathédrale avait trop entendu de folies, pour qu'Anseric ne se fende d'un monologue ; au prochain discours, il gageait que les colonnes elles même s'écrouleraient de dépit. Tour à tour, chacun s'était répandu en inepties, quand on les eut espéré plus prodigues en génuflexions. Quel époque misérable, où les hommes et les femmes ne savent tenir leur rang - ni y rester. Tous s'étaient réclamés piteusement d'une quelque cause pour justifier leur forfaiture. Le giton soltarii s'était désisté en reprochant de ne pas avoir un guerrier pour roy ; l'Archonte d'Ydril s'était rebellé au nom de la paix. La dame de Hautval avait conspué l'ambition de ses contempteurs, tout en promouvant sa progéniture comme papable ; finalement, Nimmio avait pleuré la fragilité du royaume tout en louant le séparatisme. Anseric soupirait.

Ces logorrhées aussi insipides que contradictoires masquaient à grand peine la motivation mère : auri sacra fames. Ébaudis par le sang de l'Ivrey, quelques chiens dociles s'étaient improvisés dogues. Qui pouvait blâmer la poussée de ces dents ? Anseric avait lui aussi pris les armes contre son suzerain ; mais son échec cuisant lui avait enseigné que le choc frontal était voué à l'échec. Sans s'offusquer des défections manifestes, il vomissait pourtant ces rebelles, qui à face à l'illustre lignée des félons - qu'il avait modestement rejoint - constituaient de bien piètres héritiers. Se terrant derrière des concepts creux, ils s'étaient dépouillés eux même de toute truculence : car la seule raison qu'il vaille de revendiquer est celle du plus fort.

Alors qu'il s'avançait, pliait le genoux, jurait son allégeance au roy, et recevait l'épée de sénéchal, l'homme ne s'était jamais départit de sa gouape. Au diable les compromissions! Il pouvait bien baiser la mains de son ennemi, pourvu qu'il en retire quelque once de pouvoir.

"Ces félons rendront les armes, ou je leur ferais rendre gorge!"

L'époustouflante harangue était terminée.


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