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| Honni soit qui mal y boit [Elenwë] | |
| | Auteur | Message |
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Haldren
Ancien
Nombre de messages : 1234 Date d'inscription : 19/12/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : ~1050 ans Taille : 2m Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Ven 6 Juil 2018 - 11:46 | |
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Ce rp suit les derniers posts de nos personnages dans celui-ci Haldren regarda sans mot dire la jeune elfe qui venait de l'aborder. La finesse des traits de son visage, sa carrure gracile, sa peau quasiment translucide et ses cheveux de nacre lui donnaient une apparence aérienne, une grâce semblant presque d'un autre monde pour l'ancien drow qui était habitué à des canons de beauté plus en chair. Seule marque apparente sur son corps, ou tout du moins sur ce qu'il en voyait, une cicatrice en forme de constellation sur l'épaule droite dont l'origine pouvait autant être de naissance que suite à un accident magique. Loin de l'enlaidir, cette cicatrice assurait comme un point d'orgue à l'ensemble, un défaut qui devenait une qualité en sublimant le reste du corps.
Sous l'emprise de l'alcool, Haldren avait embarqué de force cette jeune elfe dans une tentative de beuverie un peu plus tôt durant la soirée. Ses plans de joyeuse rigolade tombés à l'eau, l'hybride s'était résolu à quitter la taverne pour éviter de causer plus de grabuge, mais l'inconnue le suivit dans la rue pour l'aborder de nouveau. En cause ? Les excuses un peu rapides de l'hybride avant son départ, à tout le moins selon les dires de l'elfe. Peut-être aussi un peu de curiosité ? Quelle qu'en soit la raison, Haldren ne pouvait faire moins que répondre poliment à une telle injonction sans paraître définitivement un indécrottable grossier personnage. Et puis pour une fois qu'il trouvait une elfe ne souhaitait ni le rééduquer, ni le tuer, ni l'enfermer dans un cachot, cela lui changerait agréablement l'esprit.Vous avez raison, mon départ pouvait apparaître comme un peu brusqué. Haldren Baenfere, à votre service. Comment puis-je me faire pardonner mon manque de galanterie, gente damoiselle ?Se fendant d'une révérence, il prit une main fine dans sa paume pour un déposer un baiser auquel le maître en protocole le plus rigoriste n'aurait rien trouver à redire.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Dim 8 Juil 2018 - 23:42 | |
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Galanterie justement calculée. Baisé tendre ici déposé. Sourire amusé décroché. Il en faisait des manière Inconnu qui possédait maintenant un nom. Haldren Baenfere. C’était étrange de lui donner un nom à présent. Elle s’était surprise à apprécier le surnommer de la sorte, Inconnu. Elle aurait pu lui donner n’importe quelle identité mais Inconnu, c’était fort, c’était beau, c’était mystérieux. Comme lui. Il ne semblait n’être ni un elfe ni un drow. Un hybride ? Une mélodie unique.
Inconnu, elle pouvait lui dessiner une vie, elle pouvait lui donner un nom qui n’appartiendrait qu’à son lui onirique, celui qui vivrait dans un coin de son esprit de rêveuse. Sans-nom, il n’était qu’une image qu’elle pouvait façonner comme elle le souhaitait et, avec le temps, quand le souvenir se troublerait en même temps que les traits de son visage, elle aurait pu lui donner un autre visage, un visage idéaliste.
Mais Inconnu prenait une identité, un nom, un prénom. Son identité donnée, elle ne pouvait plus la lui créer pour lui faire vivre la vie qu’elle le désirait. Avec son identité, il prenait aussi une histoire, son histoire, celle qu’elle ne pouvait plus se permettre de lui inventer.
Elle était étrange l’elfe à ainsi raisonner. Peut-être était-ce les effluves de l’alcool qui continuaient à s’amuser à la taquiner du bout des doigts. Peut-être était-ce la déesse Elenwë qui s’amusait avec son esprit, essayant de le moduler pour en faire quelque chose d’autre tout comme, selon feu ses parents, la déesse l’avait privé de voix à la naissance pour le lui en offrir une que bien plus tard.
Répondre. Elle devait répondre à Haldren Baenfere, Inconnu à temps perdu. Comment. Il avait raison, comment pouvait-il se faire pardonner de l’avoir ainsi attrapé par le bras pour la forcer à aller valser contre une autre table, avec un autre verre et de nouvelles rencontres ? Y avait-il ici tant de mal à pardonner que de biens à remercier ?
Hum… Pour tout vous dire Haldren Beanfere, je ne sais ce que je pourrais vous demander. Je crois bien que votre manque de galanterie est déjà pardonné mais laissez moi tout d’abord me présenter. Maintenant que votre visage porte un nom, il serait fort impoli que je ne vous donne le mien en échange, que vous puissiez vous aussi parler à un être nommé et non seulement à une parfaite inconnue.
La voix était tendre, comme toujours. C’était le genre de voix qui apaisait, qui, même si elle sentait le lointain et goûtait le rêve, respirait la sûreté. Elle ne savait pas vraiment comment tout cela était possible et conciliable mais les faits étaient là, elle réussissait à mélanger les étoiles et sa vie tout comme d’autres réussissait à mêler rêve et réalisme. Chacun avait ses qualités et ses défauts. Ses talents et ses faiblesses.
Je suis Elenwë. Elenwë Elendil pour vous servir.
Petite révérence en retour de politesse et petit coup d’œil ponctué par l’arc d’un sourire plus franc au coin des lèvres. Elle l’appréciait plutôt bien au final enfin dans son état de sobriété. Elle ne savait pas s’il était vrai dans ses gestes et ses paroles mais à quoi bon chercher la vérité chez les êtres peuplant la Terre. Il fallait savoir profiter, savoir vivre le moment et saisir l’instant même si tout n’était que comédie.
Profiter. C’était lui le maître mot de cette soirée.
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Ven 13 Juil 2018 - 15:28 | |
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C'est un plaisir et un honneur de vous rencontrer, dame Elenwë, répondit Haldren tout en lui faisant un galant baise-main, tradition assez peu en usage au sein de la population elfe mais fort répandue parmi la noblesse péninsulaire et indirectement arrivée en Ithri'Vaan où Haldren l'avait découvert. Quitte à paraître mystérieux, autant ne pas l'être à moitié et dépasser les habitudes classiques de la politesse elfe.
La soirée, commencée dans les infâmes vomissures de la taverne aux côtés d'un noss machine-à-laver apte à nettoyer en moins d'une minute une tunique souillée semblait prendre une bien meilleure tournure en compagnie de cette charmante créature qui ne le toisait pas avec ce regard un peu méprisant que certains natifs d'Alëandir utilisaient lorsqu'ils avaient affaire à l'ancien Triumvir. Bien qu'un humain aurait eu du mal à le différencier d'un véritable elfe, les membres du peuple sylvain ne pouvaient ignorer sa nature hybride parfois mal acceptée. Ironie, douce ironie, se morfondait Haldren qui trouvait en Anaëh des traits de caractères parfois bien proches de ceux des drows. Là principale différence résidait toutefois à ses yeux dans l'absence d'excès : un elfe pouvait ressentir une supériorité quelque peu méprisante envers un étranger mais n'irait guère au-delà de ce sentiment, alors qu'un drow aurait déjà chargé l'intrus de chaines pour le vendre au marchand d'esclaves le plus proche.
Dans tous les cas, Elenwë s'intéressait suffisamment à lui pour ne pas l'avoir chassé de sa mémoire sitôt qu'il eut passé la porte de la taverne. Cette aptitude à développer une quasi-empathie pour un inconnu l'ayant de plus attiré au beau milieu d'un début de beuverie intriguait l'archimage. Même au bout d'un millénaire, peu de choses le passionnaient autant que de décortiquer les mécaniques mentales de ses semblables, d'analyser leurs lubies et habitudes avec l'exigence froide du naturaliste découvrant une nouvelle espèce de papillon. Or en matière de papillon, l'Anaëh avait rarement vu un aussi beau spécimen qu'Elenwë.
Puis-je vous proposer à dîner ? Il y a une excellente auberge non loin des quais qui propose des balcons privés où déguster leurs plats en toute discrétion avec une vue superbe sur le fleuve et l'Uraal au loin.
Cette auberge était devenue un repaire pour l'ancien drow qui conservait sa gourmandise millénaire. En plus des balcons privés se trouvait une salle commune où il était de bon ton de narrer quelque geste héroïque pour gagner la reconnaissance de l'aubergiste. Le système économique elfique basé sur l'utilité de chacun et non sur la richesse continuait à le dérouter, toutefois quelques jours auparavant Haldren s'était taillé un certain succès en racontant la chute de Nisétis... "comme si vous y étiez"... avaient dit plusieurs clients. Douce ironie, puisqu'il avait réellement participé à la chute de l'Empire !
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Dim 22 Juil 2018 - 0:49 | |
| Gentleman jusqu’au bout. Voilà ce qu’il était maintenant qu’il n’était plus ivre l’Inconnu nommé. Premier baise-main pour quémander le pardon et deuxième pour saluer la douce rencontre qu’elle était après cet épisode peu glorieux de sa personne. Ne pas en faire assez pouvait être peu appréciable mais en faire trop pouvait vite devenir un trait d’amusement ou d’offense.
Dans sa légère ivresse, Elenwë choisit d’accueillir la chose avec l’amusement. Un petit rire cristallin s’échappa de sa gorge alors que les lèvres du masculin rencontraient sa main pour la seconde fois en si peu de temps. Peut-être en faisait-il trop, peut-être cherchait-il à se moquer de l’elfe ivre qui semblait parfois si simple d’esprit mais à quoi bon prendre la chose du mauvais œil, il fallait, parfois, savoir se laisser aller. Le mal n’était pas partout et peut-être était-il juste tout aussi fou qu’elle bien que la folie dont ils souffraient tous deux ne devait pas être de même nature.
Vous savez, Sieur Baenfere, il ne vous sert à rien de multiplier les baisers sur une main qui n’en demande pas temps et qui, de plus, n’a pas l’habitude de recevoir un tel traitement.
Clin d’œil amusé avant de fermer la bouche pour écouter les mots qu’il choisit de laisser couler de ses lèvres. Une invitation, car c’était là ce qu’il propose. Un repas dans une auberge dont elle connaissait le nom, faute d’y avoir mis les pieds un jour. Il fallait dire aussi qu’elle n’allait pas souvent dans ces quartiers-là. C’était rare qu’elle sorte d’ailleurs cette rêveuse, préférant souvent la solitude et ses sœurs-étoiles aux elfes et habitants de la cité. Les soigner, elle aimait ça oui mais les côtoyer, ce n’était pas son point fort. Elle passait souvent pour l’Etrange, pour Intrue. Elle était lointaine, toujours mais y pouvait-elle grands choses au final ?
Et bien, cela est demandé avec délicatesse alors pourquoi refuserais-je ? Puis, je dois bien avouer qu’apprendre à vous découvrir m’intéresse Sieur Baenfere. Vous êtes un elfe sans en être un, il faut bien avouer que cela est profondément perturbant.
Elle lui offrit un léger sourire avant de laisser un rayon de lune caresser ses traits. Elle ferma les yeux une poignée de secondes avant de dégager quelques mèches de son front tandis qu’une brise légère fit voler quelques longueurs libérées. Il suffisait de peu parfois pour se sentir libre. Il suffisait de regarder les étoiles, de planter le nez au ciel, de fermer les yeux.
L’instant ne dura que peu de temps, quelques secondes tout au plus mais cela était suffisant. Assez pour laisser les derniers effluves d’alcool la quitter, assez pour ne pas décider de fuir maintenant que ses facultés semblaient être de retour. Combien de temps ? Combien de temps avant qu’il ne la trouve folle lui aussi ? A vrai dire, elle s’en moquait bien et certaines personnes comprenaient qu’elle n’était pas folle, juste… lointaine mais ce n’était pas toujours sensation des plus agréables que de se sentir mise sur le côté sauf lorsqu’on ressentait le besoin de solliciter ses talents.
Pour une fois. Juste pour une fois. Essayer de sociabiliser. Juste. Une. Fois.
Les yeux grands ouverts, le visage détendu et paré d’un sourire tendre, elle fit ce que jamais elle n’aurait osé faire et puis, s’il désirait la rejeter, il lui suffirait d’un geste, d’une parole et elle partirait. Son bras se passa de lui-même sous celui d’Inconnu, elle choisit de se laisser guider tout en marquant le premier pas vers l’auberge sans même savoir vers quelle direction se tourner. Connaître le nom était une chose, savoir l’emplacement géographique en était une autre.
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Mer 25 Juil 2018 - 10:43 | |
| Le couple prit la direction de l'auberge. Non, pas tout à fait. En réalité Elenwë prit la mauvaise direction et il fallut qu'Haldren la rattrape pour la guider à l'opposé de l'axe géographique choisi par notre adorable petite elfe déjà à moitié pompette. Ayant lui-même décuvé grâce à la vomissure si poétiquement narré dans un rp antérieur, Haldren se trouvait avec l'esprit suffisamment clair pour déceler la démarche légèrement incertaine de l'elfe ainsi que le petit éclat amusé dans son œil. Sans doute peu habituée à déguster de l'alcool, la belle y résistait mal.
Nos deux héros ayant profité de cette petite digression pour avancer, rejoignons les alors qu'ils pénètrent dans la taverne, accueillis avec un grand sourire par l'aubergiste qui se montra quelque peu déçu en apprenant que son conteur préféré ne dînerait pas dans la grande salle mais dans l'un des balcons privatifs. Toujours amateurs de belles épopées, les elfes appréciaient et portaient leurs faveurs aux tavernes où la soirée pouvait s'égayer de quelques récits. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l'aubergiste les mena jusqu'à une table, située sur une petite esplanade au-dessus de l'auberge d'où l'Anaëh s'offrait à la vue du convive jusqu'à l'infini.
La nuit sur la forêt restait un spectacle qui émouvait profondément l'ancien eldéen, plus habitué aux profonds tunnels de l'Elda qu'à l'immensité verte. Quelques lumières se devinaient par endroits, soit des lanternes de verre soit des flammèches magiques, donnant à l'ensemble un aspect reposant et féerique admirable. Tout en s'installant, Haldren admira l'ingéniosité de l'architecte ayant conçu le lieu : un escalier en colimaçon permettait d'accéder au toit de l'auberge, les alcôves privées étant installées en cercle tout autour. Isolées par des cloisons recouvertes de végétation afin d'étouffer les bruits et tournées vers l'extérieur, ces alcôves offraient toute l'intimité requise.
L'aubergiste leur amena une bouteille de vin puis s'en retourna en cuisine, leur promettant un repas digne d'un seigneur protecteur. Ayant servi deux verres, Haldren en tendit un à Elenwë puis trinqua :
Joie et félicité, dame Elenwë. Votre présence à mes côtés ce soir est un don des dieux, je n'aurais pu rêver meilleure compagnie pour célébrer le Nouvel An.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Dim 29 Juil 2018 - 21:27 | |
| Un pas, l’esquisse d’un autre et l’homme prit la situation en main, la faisant pivoter sur elle-même pour la mettre dans la bonne direction, pour qu’elle se retrouve à l’auberge décrite et non dans une rue perdue où, avec son ivresse, elle serait tout aussi perdue que la rue. Elle lui en devait une, elle ne l’oublierai pas et trouverai un moyen de lui rendre la pareille lorsque le moment serait venu.
Le trajet jusqu’à l’auberge se fit dans un silence sans gêne. Le genre de silence qu’on appréciait, qui servait à découvrir la personne dans sa mutité. On pouvait en apprendre beaucoup sur une personne en lui parlant mais on pouvait aussi en apprendre sur ses silences même si, le moment où l’on en apprenait le plus était, pour Elenwë, lors d’une partie de jeu. C’était dans le jeu qu’on découvrait la véritable nature de gens. S’ils étaient mauvais perdants, tricheurs, menteurs, relativistes, honnêtes, … Le jeu changeait les êtres, dévoilant leur nature profonde.
Marchant à pas tendre, elle avait le temps d’observer. Observer plus justement l’étrange personne avançant à ses côtés. Il n’était pas elfe, c’était une certitude qui se dessinait à présent sur son esprit mais qu’était-il ? C’était une question qu’elle allait lui poser mais pas maintenant, pas tout de suite, il fallait trouver le moment parfait, le moment où les mots couleraient de leur bouche comme la pluie tombait du ciel un soir d’automne.
Au-dessus de leur tête, les étoiles étaient là, bien présentes. Elles dansaient dans le ciel, un balai somptueux pour le regard, pour l’esprit. C’était un souvenir qui se dessinait sur le mur de sa conscience. Un souvenir remontant à l’époque où elle ne parlait que pas, voir pas. Un souvenir aux bords troubles.
Elle était allongée dans l’herbe, dans les bras de son père et ils observaient les étoiles ensemble. Sa mère travaillait à l’élaboration d’un repas, observant parfois le couple aimé pris dans l’histoire conté par le paternel. De cette nuit-là, elle avait oublié l’histoire mais elle se souvenait de quelques mots posés par son père. Des mots simples et marquant, des mots qui revenait maintenant l’ivresse sévissait.
On dit de toi qui tu t’envoleras pour l’autre bout du monde, sans rien dire à personne. Que tu ne laisseras qu’un mot griffonné sur un morceau de papier et que tu disparaitras. Mais tu sais, ce que les gens ne savent pas, c’est que s’il y a bien une chose qui te caractérise vraiment bien, c’est cela. Tu partiras de façon à ce que personne ne puisse t’oublier.
Ces mots doux étaient là, dans ses souvenirs troubles de ses tendres années de mutisme. C’était vrai qu’en ces temps-là elle n’était pas forcément bien vue. Elle était la folle, l’idiote, la malade mais pas Elenwë, elle était une autre. Mais pas elle. C’était incroyable de voir les effets de l’alcool sur sa personne. Elle ne devenait pas méchante mais audacieuse et, comme un appel à la réflexion sur elle, elle se remémorait de certaines parties de son passé, de sa vie Oubliée.
Avancer. Encore. Penser. Toujours. Rêver. A chaque seconde. Le trajet n’était pas long, certes, mais bien assez pour permettre à la petite elfe de s’évader dans son monde à elle, dans son onirisme permanant. Ce fut en passant le pas de la porte de l’auberge que son monde de rêve s’estompa comme la fumée d’une bougie, comme stopper par cette porte pourtant si singulière.
L’aubergiste, elle le connaissait. Elle s’était occupée de lui un soir de fête, après une bagarre d’ivrogne. Elle avait dû le recoudre, faire naître le froid de ses mains pour apaiser le gonflement d’un œil noircissant à vue d’œil. De sacrées réparations en somme mais c’était là son métier et il fallait bien ça sinon comment pouvait-elle répondre au statut de Médicienne ?
Elenwë laissa Inconnu parler. Il prenait les devants et c’était peut-être mieux ainsi, mieux de le laisser passer pour ne pas se ridiculiser. Il semblait connaître alors autant le suivre plutôt que de se perdre. Avec sa chance, elle finirait dans la cave entre les bouteilles de vin et le fromage plutôt qu’à une table. La situation serait amusante mais gênante. De l’entrée du bâtiment, ils finirent dans un balcon. Un lieu succin et spacieux à la fois, un véritable cocon pour observe la ville s’étendant à leurs pieds d’un regard nouveau. D’en bas, les rues étaient belles mais d’en haut, elles l’étaient d’autant plus. Un tapis de points lumineux, un tapis d’étoiles s’étalant jusqu’à l’horizon.
Cet endroit est vraiment magnifique…
Ces mots furent coupés par l’apparition de l’aubergiste, serrant dans ses doigts une bouteille de vin qu’il déposa au centre de la table avant de promettre monts et merveilles pour le repas qui se préparait en cuisine afin de ravir leurs papilles pour finir par repartir, pour s’effacer dans les marches et se faire invisible aux yeux d’Elenwë. Un professionnalisme presque irréprochable.
Le masculin se saisit de la bouteille pour emplir deux verres du liquide sombre. L’un termina entre les doigts de la féminine et le masculin choisit de prononcer quelques mots, ne pas boire pour rien. Elle choisit de répondre et de lever son verre elle aussi.
A la beauté de cette soirée qui, sans vous il faut l’avouer, n’aurait pas été teintée des mêmes couleurs. Les mots dits, ses lèvres rencontrèrent le bord du verre pour laisser le liquide pourpre couler dans gorge. De l’alcool, encore et toujours. Cela semblait être la boisson maitresse de cette soirée mais cette fois-ci peut-être tiendrait-elle mieux la puissance de la boisson qui semblait plus légère que celle de la boisson servie dans la première taverne.
Une question me taraude l’esprit depuis notre rencontre Sieur Baenfere. Qu’êtes-vous ? Vous êtes un elfe sans en être un, c’est assez... piquant pour la curiosité, surtout celle d’un médecin vous ne pensez pas ? Voix douce comme le coton, les coudes posés sur la table, les mains jointes, les doigts se touchant, le menton appuyé sur le dos du poignet droit. Une posture bien singulière.
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Mar 31 Juil 2018 - 8:52 | |
| L'ambiance se prêtait-elle déjà à de telles confidences ? Oui ? Non ? La belle Elenwë venait sans le savoir d'effleurer du bout de ses lèvres délicates un sujet fort délicat en interrogeant l'ancien eldéen sur sa nature exacte, sur ce qui le différenciait de tous les autres elfes qu'il croisait chaque jour. Ayant habilement repérée que cet elfe ne pouvait répondre à l'ensemble des critères qui auraient en théorie dû le définir, la curieuse interrogeait, fouillait, analysait. Parfois nos métiers influencent nos attitudes, sans doute fallait-il voir chez elle ses réflexes médicaux de diagnostics, sa volonté de comprendre l'origine d'un comportement sortant de la ligne doctrinale enseignée par les livres.
Qu'est-ce qu'un elfe, gente damoiselle ? Le physique ? Dans ce cas je le suis sans contestation. L'amour d'Anaëh ? Je porte Kyrïa dans mon cœur, son oeuvre m'est chère. La psyché ? J'avoue avoir vécu quasiment toute ma vie loin d'Anaëh et pouvoir donc parfois agir d'une façon qui vous paraîtrait inadéquate.
Pirouette, jolie pirouette, comme tu peux te montrer utile en certaines occasions lorsqu'il s'agit de ne pas répondre directement, d'esquiver l'attaque d'un pas de côté tel un duelliste déviant la lame de l'adversaire. En effet comment avouer son histoire, révéler les atrocités commises, oser affronter le poids du regard des autres ? Haldren savait qu'il lui faudrait un jour admettre sa nature et vivre avec le poids du reproche de tous ceux qu'il avait directement ou indirectement fait souffrir, mais il tentait de repousser cet instant comme l'enfant se cache sous les draps le matin en espérant grappiller encore un peu de sommeil. Peu d'elfes connaissaient sa véritable identité et cela devrait perdurer quelques temps encore.
Je suis un voyageur des étoiles qui danse sur la trame tissée par le destin... en essayant de ne pas tomber.
Détourner l'attention, changer de sujet. De la main du Triumvir jaillirent des étoiles d'ombres pures qui vinrent danser autour des bougies comme si les ténèbres elles-mêmes prenaient forme pour imiter les lucioles. La sarabande prenait forme, les étoiles passaient de flammes en flammes changeant et rechangeant sans cesse de partenaire, accélérant le rythme en suivant le rythme d'une musique qu'elles seules pouvaient percevoir. Danse stellaire, rythme arcanique, un joli spectacle pour faire oublier à l'elfette sa question inquisitrice sur les origines mystérieuses de son compagnon du soir.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Mar 31 Juil 2018 - 21:24 | |
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Un saut habile. Le pas d’un danseur qui illumine les yeux des gens près un pas loupé. C’était là ce que venait de faire l’être masculin pour contourner la question avec une élégance à faire pâlir un poète. D’un coup de parole habile, il venait de réussir à faire valser l’esprit de la jeune elfe vers une notion de médecine qu’il était important de comprendre pour pouvoir exercer ce métier de la manière la plus juste possible. Il venait, avec quelques mots, de lui rappeler ce qui faisait d’un elfe un elfe autre que son physique.
Elle choisit de lui sourire, de ne pas rompre les paroles douces du masculin se tenant face à elle. C’était incroyable la manière dont l’alcool changeait une personne. Il y a encore une heure, elle ne savait pas s’il aurait été capable de débiter un quart des paroles sensées qu’il venait de siffler ici. Il finit de poser ses mots en apothéose. Je suis un voyageur des étoiles.
Les yeux d’Elenwë s’emplirent d’une lueur qu’on ne lui avait alors jamais connu. Ce n’était pas une lueur de folie ou d’excentricité. C’était de l’admiration. Un voyageur des étoiles, un voyageur propulsé par ses sœurs-étoiles. Le coup de foudre divin pour l’elfette en ivresse. Il n’était donc pas un elfe mais un frère-étoile ? Ce n’était pas la vérité, elle le savait, elle n’était pas une demoiselle stupide mais il était doux de lui attribuer ce surnom, ce statut de frère-étoile.
D’un coup de maître, il fit d’une pierre deux coups. Les étoiles qui brillaient dans le ciel quelques instants auparavant se mirent à danser sur la table, à traverser les flammes dans une danse endiablée. C’était un balai somptueux, plus encore que le gout du vin qui coulait dans sa gorge ou que la danse qu’elle avait eu le loisir d’observer quelques temps auparavant.
Main tendue, les doigts frêles se posant sur la pointe d’une étoile noire qui sursauta au contact prodigué par la jeune médicienne avant de sauter rejoindre la valse. A cet instant, la femme rêveuse n’était plus qu’enfant émerveillée. Il avait réussi. Un coup de maître pour ce voyageur stellaire. Il venait de réussir à retourner la situation, de repousser la question sans laisser perdre le charme de la soirée.
Vous êtes un fin orateur doux voyageur stellaire. Vous avez su renverser la situation d’un coup habile et il faut avouer que je préfère cette douce méthode à celle qui se limite à siffler un simple « cela ne vous regarde pas ».
Elle lui envoya un doux regard avant de reposer ses yeux sur les étoiles valseuses.
Mais en plus, vous semblez un être un manipulateur de magie avisé. Vous êtes plein de surprises sieur stellaire.
Le sourire tendre, l’envie de se prêter au jeu malgré son niveau affaibli par les particules toxiques coulant toujours dans son sang. Il allait lui falloir un peu de concentration, une goutte d’énergie puisé dans les molécules d’eau que contenait le vin et, ce fut les traits détendus et les doigts de la main droite formant de petits gestes qu’elle réussit à faire naître une dizaine de petite étoile d’or. Elle les fit virevolter du bout des doigts, se mêler avec les étoiles noires du masculin pour se joindre à la sarabande. Elle savait que ce petit tour allait lui causer un brin de fatigue supplémentaire mais était-elle à ça au final ? N’allait-elle pas déjà subir ce que les gens appelait vulgairement gueule de bois lorsque l’aurore viendrait la tirer de sa nuit de sommeil ?
Les étoiles sont… merveilleuses. Elles sont libres et prisonnières à la fois. Elles sont libres de briller, libre de voir mais elles ne peuvent bouger, prisonnières du ciel. Même si elles semblent silencieuses, elles chantonnent parfois aux côtés de leur deux mères célestes. Parfois, j’aime les écouter. C’est comme cinq cents millions de grelots tintant…
JM Lepen arrive avec sa tomate entre les mains et, d'une voix puissante, il appelle Marcus pour l'enculer !
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Mer 1 Aoû 2018 - 9:35 | |
| Rêve, réalité, deux facettes d'une même pièce qui se complètent sans jamais se croiser et qui pourtant ne peuvent s'envisager séparément. Les étoiles d'or rejoignaient les étoiles d'ébène pour danser une folle sarabande autour des deux elfes l'un comme l'autre perdus dans la contemplation du spectacle. Deux rêveurs célestes qui se comprenaient sans se parler, deux êtres n'obéissant pas aux règles habituelles de la logique, deux amateurs d'art qui savaient qu'aucune toile ou aucune sculpture issue de la main d'un Souffle n'égalera jamais les beautés de l'infinité céleste.
Les étoiles dansent sur la trame même de la magie, les écouter c'est saisir un instant d'éternité.
Brusquement, un "Oooh" de surprise leur fit tourner la tête et ils virent le tavernier reprendre de justesse son équilibre tout en veillant à ne pas laisser tomber le plat qu'il portait. La sarabande des étoiles se calma d'un commun accord comme une troupe de ballets ayant fini son spectacle et regagnant discrètement les coulisses du théâtre. Fort heureusement l'aubergiste eut le bon goût de ne pas faire de commentaires qui aurait brisé la solennité de l'instant, mais se contenta de leur présenter le premier plat du soir : des suprêmes de faisan aux champignons qui firent saliver d'envie l'ancien Triumvir. Une fois le service effectué, Haldren et Elenwë se retrouvèrent de nouveau seuls. La plupart des étoiles avaient disparues, seules quelques unes demeurant encore à danser près d'eux tels des fêtards n'arrivant pas à quitter la salle de bal.
Savez-vous que bien des théories existent pour expliquer les étoiles ? Les prêtres y voient l'oeuvre des dieux et cherchent à y interpréter des messages sans s'interroger au-delà, mais les mages recherchent surtout leur nature exacte et leur origine. Une théorie en vogue parmi les érudits du Puy d'Elda ces derniers siècles voulait que les étoiles soient des trous dans la texture même de la réalité, des failles vers d'autres lieux ou d'autres univers. Bien que séduisante je ne crois guère à cette théorie, car cela supposerait que ces autres univers soient emplis d'une énergie apte à briller par-delà des distances infinies.
Le faisan fondait sous la dent, et Haldren resservit un verre de vin à sa compagne en constatant que leurs verres s'asséchaient peu à peu. La douce elfe ne rechignait pas à tremper ses lèvres dans le nectar écarlate, à goûter le nectar de vignes qui réchauffe tant les âmes que les corps. Afin de la resservir, il lui fallut se lever et passer à côté d'elle pour accéder plus aisément à son verre. Ce faisant, l'archimage ne put manquer de noter que sur l'épaule droite dénudée de la jeune elfe se trouvait une mystérieuse cicatrice dont la forme rappelait quelque peu une constellation d'étoiles.
Une marque de naissance ? Un accident ? Il paraissait peu probable qu'il s'agisse d'une volonté déliberée ou artistique et Haldren se sentit curieusement attirée par cette marque qu'Elenwë ne montrait ni ne cachait, à croire que cela lui importait peu. Ses doigts frôlèrent l'espace d'un court instant la peau marquée avant de se retirer, comme surpris de leur propre audace. Cette constellation se trouvait d'ailleurs la seule imperfection d'un corps gracile et quasiment translucide, tant la peau et les cheveux d'Elenwë semblaient avoir aspiré la douce lueur lunaire. Revenu à sa place, Haldren la fixa longuement dans les yeux sans mot dire puis reprit la parole.
Vous n'êtes pas non plus une elfe comme les autres, Elenwë. Fille de la Lune... oui... vous paraissez appartenir autant aux cieux qu'à ce monde.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Mer 1 Aoû 2018 - 13:02 | |
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Petits sauts et entrechats. Les étoiles pourtant si fixes dans le ciel prenaient vie entre leurs doigts de magiciens. Elles étaient libérées de cette prison-ciel mais pour finir se retrouver enchaînées à ce sol-geôle. Partir d’un lieu de détention pour en retrouver un autre mais c’était là la suite des choses. Sortir d’un bagne pour en retrouver un autre, plus ou moins pire, certes, mais une autre prison quand même.
Les mouvements se faisaient de plus en plus lents, la valse à onze temps se simplifiait pour devenir valse à trois temps. Il était doux d’observer ces mouvements formant avec l’air un dessin imaginaire. Chaque déplacement créait une ligne qui, si on l’additionnait aux autres, formait un mélange de nœuds, un pêle-mêle dessinant et tissant ce qui pouvait être un portrait ou les fondations d’un nouveau monde, d’une nouvelle histoire. Les prémices d’une route étoilée pour voyageur égaré.
Elenwë fut sorti de sa contemplation par le sursaut de l’aubergiste. Il ne devait pas s’y attendre le pauvre homme. Voir de la magie était peut-être une chose dont il avait l’habitude mais jamais il n’avait dû la voir ainsi maniée. Peut-être n’en avait-il observé que le côté belliqueux mais chaque chose, si on la manipulait avec le cœur et sans rancœur, pouvait former un phénomène réchauffant le cœur. Il ne pipa mot. Gardant son mutisme et laissant la magie du moment s’écouler de l’alcôve. Il déposa les plats préparés avec soin avant de s’effacer une nouvelle fois, avant de se faire de nouveau Invisible pour ne pas empiéter sur cette soirée qui n’était pas la sienne.
Les étoiles mouraient une à une, seules restaient quelques demoiselles pour qui le temps était plus clément. L’éternité ne leur appartenait pas à ces fragments stellaires éphémères. L’éternité n’appartenait à personne, pas même aux dieux qui, un jour ou l’autre, finiraient dans le tombeau de l’oubli. L’éternité… Celui qui avait inventé ce concept n’était qu’un menteur au final, rien n’était éternel. Rien.
Il se mit alors à pleuvoir des mots de sa voix grave. Des mots qui formaient phrases et prenaient sens au fur et à mesure qu’ils coulaient de ses lèvres. Histoires. Mensonges. Douceurs. Réalités. Fictions. Les phrases créées pouvaient parler de tout, aborder n’importe quel sujet mais la soirée semblait être placée sous le signe des étoiles, sous le signe des Stellaires. Les théories qu’il sifflait, elle ne connaissait que la première, la seconde, elle l’entendait pour la première fois et elle ne savait quoi en penser. C’était à la fois une chose aussi absurde qu’un compte pour effrayer l’enfant refusant d’obéir à ses parents qu’une théorie visionnaire et peut-être créatrice d’un nouveau courant pensif.
Je dois bien avouer que cette théorie semble invraisemblable. Si les étoiles étaient des sortes de… portail entre les réalités, cela signifierait qu’il existe d’autres réalités que la nôtre, que nous ne sommes, peut-être, au final que monde fictif alors que la douleur que nous ressentons est bien réel. Et si ces étoiles étaient des portes donnant sur un univers alternatif, un univers apparaîtrait à chaque choix que nous faisons mais les choix… Nous en faisons tellement que le ciel ne serait qu’étoiles, que le velours noir d’éther serait invisible… Nous vivrions donc dans une sorte d’arbre immense avec pour tronc notre réalité.
Tellement de possibilité. Tellement d’ouverture. Chaque manière de penser sur ses infinités possédait une part de réalisme et une part d’irréelle. Un mélange exquis, la juste dose de chaque composant pour faire de ses idées des histoires toute plus probables et improbables les unes que les autres. C’était la même chose pour le plat qu’elle mangeait calmement, pour ces suprêmes de faisan aux champignons. C’était le mélange judicieux des épices et de chaque matière qui donnait à ce plat un goût des plus divins pour le fin palais de l’elfette peu habituée à déguster de la chaire animale.
Le sable coulait dans le sablier et les assiettes se vidaient de leur contenu de la même manière que les verres s’asséchaient comme le lit d’une rivière par de fortes chaleurs. Le masculin prit les devant et fit de nouveau couler le vin, prenant soin de se lever et de se placer à la droite de la féminine pour ne pas en faire tomber sur la table, évitant ainsi le désordre à cette soirée.
Alors qu’elle allait prononcer le merci de politesse pour cette douce intention, le mot se bloqua dans sa gorge alors que la promiscuité des doigts du Voyageur et de la constellation se faisait plus importante. Un contact fantôme. Le toucher ne fut pas franc mais volage, une caresse spectrale. Elle n’en avait pas l’habitude, il était rare qu’on lui offre ce genre de contact doux, habituée aux poignes de mains franches ou à la main qui se serre sur son bras pour lutter contre la douleur. Le frisson imperceptible perdura le temps d’une seconde, le temps que le contact s’envole et que le masculin retrouve sa place pour prendre la parole.
Le « Merci » fusa lorsqu’il eut terminé de poser ses mots. C’était à elle de répondre, à elle de lui offrir réponse sur cette question muette. Elle pouvait dire la vérité ou bien mentir. Mais même les mensonges les plus nobles érodaient la vérité́ jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une façade protégeant des ruines tombées en poussière. Alors qu’elle formait les phrases dans son esprit, sa main gauche caressa du bout des doigts la ligne reliant deux étoiles.
Physiquement, je suis comme les autres, une elfe lambda mais il est des choses qui font que combien même je voudrais rentrer dans les rangs, il y aurait toujours cette chose qui ferait de moi une personne un peu à part. Peut-être parce qu’une étoile m’a déposé une offrande, peut-être parce que je n’ai pas toujours été celle que je suis…
Regard taquin et réponse à mi-mots. Tout dire et ne rien dire. Laisser les questions se poser et ne révéler qu’une goutte de vérité pour le laisser trouver le verre plein de lui-même, de son plein gré.
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Jeu 2 Aoû 2018 - 8:21 | |
| L'étincelle de malice qui brilla l'espace d'une fraction de seconde dans les yeux de l'elfe fit sourire Haldren, comme si le masque qu'elle portait en permanence commençait à se fendiller pour laisser apparaître la vraie personnalité d'Elenwë, son véritable être profond. Une énigme ? Un défi ? Un objectif ? Oui, tout cela à la fois tant elle amenait de questions dans l'esprit de l'ancien eldéen qui se trouvait enfin confronté à une personnalité sortant de l'ordinaire. Les elfes ne se révélaient pour la plupart pas plus malaisés à comprendre que les drows une fois pris en compte leurs spécificités culturelles fort différentes de celles de l'Elda, mais Elenwë n'obéissait pas à ce schéma de l'Anaëh sans pour autant s'y opposer frontalement. Elle se trouvait tout simplement... à l'écart.
Vous m'intriguez Elenwë, je ne peux le nier.
Que lui cachait-elle ? D'où lui venait ce détachement empli de zénitude face aux aélas de la vie ? Haldren retrouvait chez elle certaines attitudes propres aux ermites s'isolant du monde pour ne contempler que l'infini, mais il doutait que les ressorts intimes de l'elfe soient les mêmes que ceux de ces philosophes cyniques cherchant à fuir la malléabilité permanente de la civilisation. Oserait-il fouiller plus avant ? Rien d'évident dans une telle décision, car lui-même cachait un lourd passé et il se sentait assez mal placé pour chercher à lever le voile sur la vie des autres sans accepter de retirer l'épais tapis qui recouvrait la sienne.
Pendant ce temps, l'aubergiste avait remporté les restes du plat de faisan et ils dégustaient désormais de petits biscuits sec et ronds fourrés de pépites de chocolats ou de caramel et portant le curieux nom de "koekje". La bouteille de vin se trouvait quant à elle quasiment asséchée par les palais des deux gourmets qui sentaient la satisfaction de leurs estomacs face à un bon repas bien mérité. Sérénité ? Apaisement ? Oui, cette nuit se déroulait comme dans un rêve, comme si les étoiles elles-mêmes veillaient sur eux au point qu'Haldren en arrivait presque à oublier la sourde douleur de ces derniers mois qu'il portait comme un boulet au pied.
Je t'ai enfin échappé, Uriz, murmura-t-il si-bas que l'elfe dut hésiter sur le sens de ses paroles.
Cela ne pouvait s'arrêter maintenant. Le repas se terminait mais pas cette belle nuit étoilée. La magie qui les entourait ne pouvait se briser si rapidement, le cocon chaleureux dans lequel ils se trouvaient ne pouvait se dissiper ainsi. L'alcool jouait-il également son rôle désinhibiteur ? Possible, en tout cas Haldren se sentait admirablement bien, comme il ne l'avait plus été depuis fort longtemps. Se levant, il tendit sa main aux doigts effilés en direction d'Elenwë pour l'inviter à le suivre.
La nuit est trop belle pour ne pas en profiter. Venez, allons jusqu'aux berges du lac d'Uraal... vous, moi, avec juste les étoiles comme témoins.
Surprenante proposition, le lac d'Uraal se trouvant bien trop loin pour être rejoint dans les heures nocturnes qu'il restait avant que l'aube n'apparaisse et que le soleil ne darde de nouveau ses rayons sur les frondaisons de l'Anaëh. Pour autant Haldren semblait pleinement sérieux et aucune plaisanterie ne se devinait dans ses paroles.
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Jeu 2 Aoû 2018 - 12:22 | |
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Les paroles tombèrent comme une évidence. Heureusement qu’elle l’intriguait, de la même manière qu’elle avait intrigué les autres durant son enfance, en passant de muette à douée de parole, en se révélant capable de pratiquer la magie, la musique ou encore la profession de médecin qui, bien qu’abordable par le plus grand nombre, restait une chose que bien des gens n’osaient aborder. Elle avait vu plusieurs de ses camarades tourner de l’œil devant un cadavre d’expérimentation. Elle en avait vu vomir devant l’odeur de la chaire friche et du sang mais elle, elle n’avait jamais eu la moindre chose mis à part un malaise la première fois qu’on lui avait autorisé à assister à une pratique chirurgicale. Mais cet épisode ne l’avait jamais empêché de poursuivre ses études, s’épinglant des étoiles dans le cœur pour le faire tenir, s’accrocher aux étoiles qui brilleraient dans les yeux de ses patients une fois qu’ils seraient rétablis.
Elle releva les épaules brièvement sous les mots masculins avant que l’aubergiste, toujours aussi habile dans son invisibilité, fasse disparaître assiettes et restes pour leur apporter des biscuits qu’elle n’avait jamais goutés. Les gâteaux étaient sec en apparence mais lorsqu’on enfonçait ses dents dans la chair moelleuse du biscuit, la sensation était tout autre. La sècheresse se transformait en tendresse et le gout sucré du chocolat et du caramel était en parfaite harmonie avec la légère amertume du coulis de fruit rouge accompagnant l’ensemble.
Gourmande ? Faux. Rêveuse ? Mensonge. Ironie ? Pleinement. Le sucre avait cette faculté qui, chez Elenwê, procurait un bien fou. On sifflait que la gourmandise était un défaut du malin, un des sept péchés aux côtés de la luxure, de la paresse, de la colère, de l’avarice, de l’envie ou encore de l’orgueil. Sept péchés pour les sept factions régnant sur le continent Miradelphien. Tandis qu’elle tendait les doigts pour cueillir une nouvelle friandise et y enfoncer ses dents avec allégresse, de douces lui revinrent à l’esprit. Des mots qu’elle avait lus quelque part sans réussir à se souvenir quoi avec exactitude. Un livre d’histoire ? Un livre sur la psychologie ? Elle ne savait pas, ne savait plus. Sa mémoire effacée et ses souvenirs bien trop flous pour être lisibles.
Variable à l’infini malgré les siècles et les travaux des grands cuisiniers, la gourmandise résidait dans l’exquise délicatesse du palais et dans la multiple subtilité du goût, que seule pouvait posséder et comprendre une âme de sensuel cent fois raffinée.
Prise dans sa gourmandise, elle ne s’aperçut pas du mouvement des lèvres masculines, n’entendit pas le sifflement imperceptible des mots pourtant si forts qu’il venait de prononcer, mots qui aurait pu éclairer sa lanterne sur les questions qui tournaient toujours dans la valse de ses pensées.
La bouteille qui, au début du repas, était pleine de ce nectar vigneron était à présent pleine de ce vide. De cette nuit sans lune et lumière, de cette nuit noire et invisible qui laissait le loisir d’observer le monde au travers du verre de la bouteille teintée. Les étoiles éthyliques voguant entre les effluves du liquide se retrouvaient maintenant dans le corps des deux elfes mais là où elle ne semblait rien faire à l’un, l’une se retrouvaient joyeuse. Elle n’était pas plongée dans cette ivresse de soulard mais dans l’ivresse d’un enfant découvrant l’alcool, d’un enfant touché par cette joie irréelle.
Des gâteaux, il ne restait plus que quelques miettes là où de la bouteille il ne restait que quelques gouttes. La soirée touchait à sa fin, la nuit allait bientôt reprendre le dessus, les attirer chacun d’un côté de la cité elfique pour leur offrir une tendre nuit à dessoûler dans leur habitation respective. Une rupture dans l’espace-temps qui s’était installé lorsque qu’Inconnue avait osé suivre Inconnu dans la nuit tombante.
Les étoiles noires et ors disparues, il ne restait maintenant plus que celles du ciel véritable, plus que les diamants posés sur le noir velours de ce ciel à la douceur intouchable. Ce ciel allait être le seul témoin de cette fin qui, d’une main tendue, n’en était plus une. La fin se troublait pour devenir prolongation. La fin du livre qui n’était que la fin d’un chapitre promettant une suite tissée dans la même étoffe de mystère étoilé.
Le masculin venait de proposer l’épopée d’une nuit, le voyage qui prendrait un temps fou mais pourquoi se priver ? Pourquoi ne pas se laisser aller au jeu de l’impossible de la même manière que les enfants rêvaient de terrasser les dragons d’un coup d’épée pour sauver la princesse de leurs songes ? Et puis parfois l’impossible se perdait, il s’estompait pour devenir possible en poussant dans le temps et l’aventure. L’ivresse aidant, elle saisit la main tendue et choisit de se perdre dans une aventure réelle plutôt que d’aller essayer de se perdre dans un songe irréel.
Là où la raison me souffle de rentrer, l’ivresse circulant dans mon sang me pousse à vous suivre alors allons y. Partons sous le regard des sœurs-étoiles afin d’aller observe le miroir dans lequel elles se contemplent quand le soleil-taquin ne les fait pas paraître invisibles.
Sourire tendre et corps se mouvant dans le sens de la descente pour sortir de l’auberge, saluant l’aubergiste en formulant la promesse muette de revenir, la muette promesse que, si un jour les maux se glissaient dans le lieu de rencontre des étoiles, elle serait là pour les faire sortir, pour les soigner et laisser aux voyageurs le plaisir de rencontrer, entre les murs de la bâtisse, les étoiles capables d’illuminer un instant d’éternité factice.
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Jeu 2 Aoû 2018 - 13:07 | |
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L'auberge disparut derrière eux dans la profonde obscurité qu'entrecoupait parfois vaillamment quelques torches embrasées ou quelques feux féeriques destinés à guider les passants le long des avenues d'Alëandir. Peu de passants se trouvaient cependant dehors en cette heure tardive, la plupart des natifs ayant choisi de rentrer chez eux, ce qui apportait une sensation d'intimité fort bienvenue au couple qui avançait tranquillement. Légèreté ? Bien-être ? Haldren avait posé son bras autour des épaules d'Elenwë, ses doigts effleurant distraitement la cicatrice stellaire qui l'avait tant intriguée durant le repas. Pareille proximité pouvait surprendre parmi des elfes pourtant peu habitués en règle générale à des marques aussi tactiles d'affection, mais l'alcool faisait son oeuvre et nos deux héros ne respectaient pas toujours les critères de la morale enseignée aux jeunes avant la cérémonie du Choix.
Depuis combien de temps marchaient-ils ainsi sans mot dire ? Quelques minutes sans doute ? Leur pas se montrant peu hâtif, ils se trouvaient toujours dans la rue de l'auberge, simplement un peu plus loin. A ce rythme là il leur faudrait bien une ennéade pour rejoindre le lac d'Uraal et la ballade romantique risquait de se transformer en randonnée pédestre à travers la forêt. Cela les gênait-il ? Pas vraiment dans le cas de l'ex-drow qui appréciait la proximité d'Elenwë, la chaleur de son corps frôlant le sien et la douceur de sa peau d'albâtre sous ses doigts. S'arrêtant, il la regarda fixement, cherchant à lire dans son regard des réponses aux questions qu'il se posait à son sujet. Omission ? Vérité ? Le regard de l'elfe parlait beaucoup sans pour autant véritablement se dévoiler.
Se penchant lentement en avant, Haldren inclina sa tête vers celle de l'elfe. Son instinct avait repris la main sur sa logique, il agissait par réflexe sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes. Trop d'années passées à calculer, à jauger, à évaluer le système des possibles ou des probables. Qu'en restait-il donc ? Ne valait-il pas mieux laisser le destin le guider ? Doucement ses lèvres se posèrent sur celle d'Elenwë pour un délicat baiser à peine plus prononcé que l'effleurement des ailes d'un papillon sur des pétales de rose. Intimité, nuit étoilée, alcool, tous les ingrédients s'assemblaient pour créer une alchimie qui risquait de les emmener vers de nouvelles contrées.
Lorsqu'il rompit le contact charnel avec les douces lèvres d'Elenwë, Haldren se demanda s'il allait se prendre une gifle en retour de son audace. Non. Non pas de gifle, juste un regard un peu gêné et une légère rougeur qui embrasait les joues de la belle.
Ne pas s'arrêter, ne pas cesser d'avancer. Une fois que l'on a sauté dans le vide il est inutile de vouloir remonter la falaise. Posant une main sur l'épaule d'Elenwë, Haldren tendit sa jumelle en direction du sud et de l'Uraal. Dans sa paume naquit une orbe de ténèbres absolues, une étoile d'où nulle lumière ne sortirait jamais, une faille dans la structure même de la réalité. Un froid glacial les envahit au moment où le sortilège de l'archimage déchira la trame entre les multivers, entre Miradelphia et des contrées que peu de mortels parcourraient jamais. L'espace d'un instant le temps parut se figer autour d'eux puis ils se retrouvèrent ailleurs.
~~~~~
Le froid cessa aussi brutalement qu'il était apparut. Les deux elfes se trouvaient au sommet d'une petite colline. Devant eux une plaine s'étendait jusqu'à l'horizon, jusqu'à une chaîne de montagnes déchiquetées qui se dressaient au loin telles des serres noirâtres d'un être de cauchemar. Au milieu de la plaine apparaissait une cité morte, tas de ruines dont les reflets blafards à la lueur de la seule Lune qui éclairait les lieux donnait encore une vague idée de la splendeur qui fut la sienne en d'autres temps. Alëandir n'aurait pu être qu'un simple quartier de cette cité morte, les grands arbres de l'Anaëh des nains comparés aux bâtiments dont on devinait encore les dimensions gigantesques. Quelle race de titans avait pu bâtir cela ? Quelle cataclysme oublié depuis des éons avait pu détruire une telle majesté ?
Malgré la distance Elenwë put distinguer de massives statues bordant l'une des places qui avaient du servir de lieux de rassemblements ou de place de marché pour les habitants de la cité. De ces statues une seule restait debout, celle d'un colosse barbu dont une toge camouflait la virilité et qui brandissait la foudre dans son poing comme s'il s’apprêtait à châtier quelque ennemi invisible. Un héros disparu ? Un dieu oublié ? En aurait-elle eu l'intention qu'Elenwë n'aurait pu interroger son compagnon sur ce sujet car le froid glacial réapparut et de nouveau la faille les aspira de ce lieu de transit vers leur véritable destination.
~~~~~ Les deux lunes brillaient paisiblement au-dessus du lac d'Uraal. Une légère brise remuant quelque peu les flots mais tout paraissait d'un calme parfait comme si Kÿria elle-même avait ordonné à la nature de méditer paisiblement en cette nuit d'été. Brusquement le portail s'ouvrit et les deux compagnons apparurent. Ce fut à cet instant qu'Haldren réalisa une très légère erreur d'appréciation dans ses calculs de téléportation. Il avait souhaité arriver à une dizaine de mètres de la rive du lac, oui...
...mais à une dizaine de mètres du côté de la terre !Oh merde !Dans un plouf sonore les deux elfes tombèrent à l'eau au beau milieu d'une gerbe d'éclaboussures.
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| | | Elenwë Elendil
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| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Ven 3 Aoû 2018 - 13:30 | |
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Instant silence sous concert d’étoiles. Le son de leurs pas résonnait contre le sol, contre les murs. C’était une cacophonie nocturne pour deux être joyeux qui n’étaient pas assaillis par le rire comme l’étaient beaucoup de personnes joyeuses après avoir bu la totalité d’une bouteille de liquide éthylique. Aucune règle ne semblait capable de s’imposer à eux, à cet étrange duo dessiné par des étoiles et façonné par les mères-lunes.
La distance des débuts s’effaçait. La proximité des avancements se faisait de la manière la plus naturelle, c’était comme une évidence, pas de question à se poser ni regard à juger avant d’agir. Le bras était posé là, sur son épaule et les doigts taquins frôlaient la cicatrice en quelques mouvements lents et lointains. Un geste mécanique. Un geste presque romantique.
Le temps d’écoulait d’une manière irréelle et singulière. Tantôt les minutes étaient des heures, tantôt les minutes devenaient secondes. Un dérèglement, la perte d’une notion qui s’installait en chaque personne dès sa naissance. Le cycle de la lune, la course du soleil, l’horloge interne qui forçait l’estomac à crier famine à heures fixes ou assez proches pour paraître similaires. Le temps de cette soirée partait, il s’envolait et tourbillonnait de la façon d’une abeille autours d’un champ de fleurs, passant parfois plus de temps sur une belle pousse bleue sucrée que sur une pousse à la rougeur qui ferait pâlir de jalousie les cendres les plus rougeoyantes.
Le bras disposé sur ses épaules était tiède. Il apportait cette chaleur qui suffisait à ne pas ressentir le frisson d’une nuit d’été à la fraîcheur nocturne s’opposant avec ferveur à la chaleur diurne. Le jour et la nuit. Le chaud et le froid. La sueur et le frisson. La peau douce caressait la peau douce, la sensation n’était pas celle d’un vulgaire tissu ou d’une étoffe à la préciosité insoupçonnée. C’était plutôt ce genre de contact dont on supportait la chaleur combien même la chaleur externe pouvait se faire ressentir comme les flammes de l’enfer collées à la peau. Des flammes célestes contre des flammes infernales.
Le mouvent lent ralentissait, le temps ralentissait. Une osmose entre les ralentissements pour stopper net et figer le moment à un instant précis, sous un ciel exact, lors d’un battement de cœur suspendu sous un geste imprévu. Un baiser sucré, un contact charnel qui n’était pas marqué dans le déroulement de la soirée qui se pliait aux souhaits des étoiles habitant l’esprit de chacun. Les yeux ouverts de surprise se fermèrent pour brouiller l’un des sens, renforcer les autres, les décupler pour ressentir le doux effet d’un geste si simple à lire dans les romans mais pourtant si difficile à mettre en œuvre de manière sincère dans un monde non-onirique.
Il y avait ceux que l’on croisait, que l’on connaissait à peine qui vous disaient un mot, une phrase, vous accordaient une minutes, une demi-heure et changeaient le cours des choses sans le savoir.
C’était une sensation étrange qui se jouait sur ses lèvres maintenant que le masculin reculait les siennes pour laisser là un vide. Une brûlure tendre. Une rougeur de pivoine. Le goût fantôme du baiser planait au-dessus de la fine ouverture tandis que le rouge colorait ses joues dans un rose aussi pâle que celui qui s’étalait sur les pétales des roses sauvages. Elle ne savait comment réagir, si elle devait faire un geste, prononcer un mot. Gênée. Elle était gênée, perdue. Désarmée face à une situation qu’elle devait affronter seule.
D’un geste, la main masculine prit place sur son épaule, sur la droite, sur la marquée. La seconde se tendit vers une direction tout autre, vers l’opposé de la direction indiquée par la douce étoile du Nord. Le sud. Une teinte de concentration dans les yeux du masculin puis la magie opéra, créant sous les yeux brillants de l’elfette une chose qu’elle n’avait jamais vu, une chose profonde et aussi noire que les abysses éternels. Un noir si profond qu’à ses côtés l’encre semblait grise.
Les gestes vinrent d’eux-mêmes, le dos qui se colle contre le torse. Les lèvres qui s’entrouvrent légèrement, la main gauche qui s’enroule sur le bras porteur de l’orbe de vide à l’état pur et le bras droit qui se tend, la main qui s’ouvre vers le sol et les doigts qui s’approchent de la sphère incroyable. La curiosité. La question muette qui se pose. Les doigts qui s’approchent et le froid qui tombe sur eux telle une averse soudaine. Un froid à faire courber l’échine d’une flamme. Puis le noir.
Cécité temporaire
Elle n’avait plus de repères, elle était dans cet ailleurs tant convoité, dans cet endroit loin de tout, loin de l’espace et du temps. C’était une drôle de sensation qui parcourait son corps d’une caresse de rien. Une caresse étrange qui faisait tanguer son corps si bien que si elle n’avait pas senti le corps masculin contre elle, elle se serait certainement retrouvée dans une toute autre position dès lors de l’apparition du paysage et de la disparition de ce froid transcendant.
C’était un nouveau paysage. Un nouveau monde hors des âges. Une nouvelle cité qui s’établissait. Née de cette sphère noire de jais. Un endroit inconnu de la blonde. Un lieu hors des cartes du monde. Une colline. Une cité détruite. Là un géant de granite. Ce monstre brandissant son éclair. Au centre de son repère. Une personnalité à jamais esseulée. Un contré pour toujours oubliée.
Ses grands yeux pâles rivés sur ce monde qu’elle ne connaissait pas. L’envie de partir, de fuir et de partir en quête de réponse dans ces rues laissées à l’abandon. L’envie d’aller fouiller, de chercher des explications, un nom à cette entité esseulée. Elenwë ne lâchait pas Haldren, elle s’accrochait à lui de la même manière qu’on s’accrochait à une bouée de sauvetage. De la peur mêlée à de l’envie se rejoignaient dans le regard qu’elle portait sur ce monde perdu, sur cette cité exposant à sa curiosité une multitude de questions ne demandant que réponses et curiosité.
Du temps ? Ils n’en avaient pas dans cette faille hors du temps. Combien de temps venaient-ils de passer ici ? Dix secondes ? Deux minutes ? Une heure ? Le froid revint de la même manière qu’il était parti, d’un claquement de doigt et un battement de cil plus tard, ils étaient de retour dans l’étrange faille, aspirée par cette boule d’énergie pure.
Le monde tournait autours de la jeune fille toujours ivre. Cette sensation qui lui parcourait le corps n’avait rien d’agréable sans être désagréable. C’était un inconfort sans être d’un grand dérangement, comme un bruit de fond auquel on était habitué depuis des années. Il n’était plus gênant, on savait vivre avec, faire comme s’il n’était pas là malgré l’incapacité éprouvée à l’oublier. Les mains d’Elenwë tenaient toujours le bras d’Inconnu Voyageur, elle ne l’avait pas lâché, elle ne voulait pas tomber et se perdre dans ce noir complet, dans ce monde sans une seule étoile à l’horizon.
Une nouvelle fois, la brume glaciale se releva pour, cette fois-ci, laisser un paysage connu sous ses yeux. Ils étaient de retour à Miradelphia, au-dessus d’un lac, d’un miroir où se reflétaient les étoiles avec allégresse tandis que le dieu-moqueur, le soleil-masqueur, reposait ses rayons pour laisser ses homologues lunes illuminer les lieux et déverser dans les cieux toute l’énergie solaire qu’elles avaient captée sous l’instant de règne du dieu solaire.
L’injure vola dans les airs comme une pierre lancée sur l’eau calme d’un lac. Les corps chutèrent et se laissèrent submerger par le liquide imprégné de la chaleur obtenue à passer ses journées à se lamenter sous le soleil chauffant. Trempée de la tête aux pieds, Elenwë sortit la tête de l’eau, observant le masculin qui n’avait pas échappé à la catastrophe. Un sourire en coin sur les lèvres, l’elfette contenait un rire, ne laissant sortir de sa gorge qu’un fragment tout en faisant un tour sur elle-même.
On dirait que cette ballade sur les bords du lac vient de se transformer en bain de nuit. Un bain dans le reflet du ciel, dans la contemplation des étoiles. Je pense que notre présence ici va troubler les plus vaniteuses.
Un petit rire avant de s’approcher, de laisser sa robe lui coller à la peau et ses cheveux alourdis par l’eau glisser tendrement vers le bas, créant une traînée d’or pâle à son passage. Tendrement, ne réfléchissant, ses lèvres allèrent se poser sur la joue de l’homme, un chaste baiser avec quelques paroles murmurées.
Merci pour cette soirée Sir Étoilé, sans vous, elle aurait été bien moins sucrée.
Une belle soirée, une soirée à la douceur digne des plus beaux nuages cotonneux à réaliser dix rêves totalement fous.
Se glisser derrière l’ombre de la lune. Rêver le vent. Chevaucher la brume. Découvrir la frontière absolue. La franchir. D’une phrase, lier la Terre aux étoiles. Danser sur ce lien. Capter la lumière. Vivre l’ombre. Tendre vers l’harmonie.
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| | | Haldren
Ancien
Nombre de messages : 1234 Date d'inscription : 19/12/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : ~1050 ans Taille : 2m Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Mar 7 Aoû 2018 - 11:44 | |
| Heureusement que la rive ne se trouvait guère loin et qu'en quelques vigoureuses brassées les deux elfes purent la rejoindre, fendant les flots où se mouraient les ultimes ondes issues de leur chute malencontreuse pour retrouver un sol ferme sous leurs petons. "Bain de minuit" vantent les poètes dans leurs vers mielleux de romantisme... foutaise, ouais ! Haldren se sentait surtout complètement frigorifié par le petit vent venu du nord-est qui balayait la côte de l'Uraal. Les vêtements qui collaient à la peau, gorgés d'eau, donnaient une fort désagréable sensation qu'il leur fallait traiter sans plus attendre. Une soirée si magique ne pouvait se terminer ainsi, n'est-ce pas ?
Faire un feu ne fut guère difficile pour l'eldéen habitué des campagnes militaires au sein des osts du Puy. Quelques branches mortes qui traînaient non loin amenèrent le combustible, quelques galets permirent de cercler le brasier pour éviter toute étincelle impromptue sur l'herbe desséchée de l'été, et quelques impulsions magiques générèrent le boute-feu nécessaire à provoquer la création des braises qui rapidement enflammèrent le tas de bois. Joyeuses et crépitantes, les flammes se mirent danser, éclairant la scène de leur chaude lueur en perçant le ciel nocturne tel un œil s'ouvrant en Anaëh.
Leurs vêtements tombèrent pour leur permettre de...
...de sécher. Vous vous attendiez à quoi ? En sortant d'un bain forcé tout habillé, mieux vaut les étendre au coin du feu et laisser l'humidité les fuir pour éviter de ressembler à une sorte de vieille serpillière moisie en rentrant à Alëandir.
C'est ainsi que les deux elfes finirent la nuit, nus au coin du feu le long des berges de l'Uraal, contemplant les étoiles qui brillaient, complices, dans le ciel infini. Les paroles devenaient inutiles, la contemplation suffisait pour s'imaginer devenir frère et sœur dans les cieux, dansant éternellement parmi les constellations au rythme d'une musique encore plus douce à l'oreille que celle de la Symphonie. Se passa-t-il quelque chose de plus entre Haldren et Elenwë ce soir-là ? Cela relève de leur intimité et nous n'en saurons pour l'instant pas plus.FIN
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| | | Elenwë Elendil
Elfe
Nombre de messages : 48 Âge : 25 Date d'inscription : 25/04/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 263 ans Taille : 1m86 Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: Honni soit qui mal y boit [Elenwë] Mer 8 Aoû 2018 - 13:49 | |
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L’eau coulait le long de son corps et ses pinces finirent par céder sous le poids imposant de ses cheveux trempés. La coiffure défaite et le corps totalement trempé. Elle faisait plus jeune bien que le temps n’ait que peu d’emprise sur son être. Elle sourit au masculin et se décida de le suivre, de nager elle aussi pour sortir de cette eau qui refroidissait beaucoup trop son corps et qui commençait à lui offrir le froid. La redescente de l’ivresse n’aidait en rien à la conservation de la chaleur qui circulait en elle comme la sève glissait entre l’écorce d’un arbre.
Les mots ne venaient plus, seuls les gestes comptaient. Le silence doux qui les unissait en cette instant était plus éloquent qu’un long discours sur cette soirée placée sous le signe des sœurs-étoiles, des voyageurs-stellaires et des mères-lunes. C’était là un avantage de la relation d’osmose qui était capable de réunir deux être, une entente correcte, pas besoin de placer des mots pour lire les évidences comme le demandaient parfois quelques situations. Cela faisait du bien parfois, de ne pas parler et juste sentir et ressentir, juste avancer tout en sachant que le geste que l’on allait faire serait secondé, approuvé par l’autre dans un jeu de question-réponse à la mutité charmante.
Elenwë sortit de l’eau, sa robe lui collait à la peau et ses cheveux étaient lourds, imbibés de liquide translucide. D’une main experte, elle fit s’évacuer l’eau de ses cheveux avant de les remonter dans un chignon qu’elle noua sans user de pinces ou brindilles, il suffisait juste de réussir à coincer les mèches entre elles, de les mêler sans trop former de nœuds dans les cheveux qui souffriraient certainement le lendemain, lorsque le temps serait venu de les coiffer et, surtout, de les passer dans un peigne d’ivoire.
Le masculin se permit de faire naître un feu tendre, un feu faisant valser des flammes dans un cercle de cailloux-observateurs. Les flammes étaient danseurs et les cailloux spectateurs tandis que le bois et la magie étaient le sang et l’âme de la danse créée ainsi. Elle sourit et choisit d’imiter le voyageur stellaire, de se laisser aller à la nudité et puis de toutes manière, sa robe de soie pâle ne cachait plus réellement son corps, elle les laissait transparaître avec chaque pli, chaque creux, chaque courbe. Une seconde peau s’accordant avec perfection sur chaque parcelle de son corps conçu par les dieux.
Elle laissa le tissu couler sur son corps et tomber au sol avant de le prendre et de l’essorer, de le serrer avec force entre ses doigts pour permettre au plus d’eau de partir et, par cette occasion, d’accélérer le processus de séchage qui n’allait pas être de courte durée lorsque l’on sentait la fraîcheur qui se dégageait de l’endroit malgré le feu douillet savamment allumé et contrôlé.
Il ne fallu pas longtemps à Elenwë pour se retrouver installée non loin du feu, la tête posée sur l’épaule du masculin. Ils étaient tous égaux maintenant. Lui, elle, la nature, le ciel, les étoiles. Tous étaient nus, tous étaient égaux. Ainsi posés, il n’y avait plus cette inégalité qui, malgré ce que l’on pouvait faire, régnait même dans le plus joyeux des mondes.
Et leurs nuits étaient plus belles que vos jours... ~Plouf
Merci pour tes mots mon petit Haldou, j'espère que le temps ne tardera pas trop, que nos plumes pourront de nouveau se mêler dans une danse littéraire.
Des bizouilles, ♥
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