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 Le Lay de paix du Mervalois

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Maciste de Soltariel
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MessageSujet: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeVen 5 Juil 2013 - 19:00

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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeVen 5 Juil 2013 - 23:25


Les derniers jours avaient été particulièrement intenses pour Cléophas. Son office de Grand Chancelier lui commandait de prendre les dispositions nécessaires pour les funérailles qui se devaient d’être aussi dignes que les inhumés eux-mêmes. Tandis que la marquise s’était recluse dans ses appartements, il arpentait les couloirs à demi éclairés à la recherche des prêtres et des diacres, rejoignant en hâte le fort de la Vaillance où certains ordres s’étaient rassemblés, s’entretenant avec quelques-uns des anciens conseillers de la Cour. A l’annonce des cérémonies, le chancelier pouvait voir depuis les arcades de sa tour la vie qui reprenait dans les rues tristes et fumantes de Diantra et il s’imaginait le nombre de badauds qui viendraient assister au passage du char, le nombre de chevaliers et d’hommes d’armes, le nombre de ménestrels, le nombre de catins, de marchands et de charlatans, de va-nu-pieds et de nobliaux dont les titres n’équivalaient à rien. Il s’imaginait ces vastes rues remplies et débordant d’une foule immonde et malodorante et lui, cheminant parmi elle armé de son bâton d’ivoire. Cette seule pensée le fit tant frémir que dans l’instant il fit venir un de ses gens et l’arma d’une lettre cachetée du sceau de Merval. Dans quelques jours reviendraient de son pays ses gardes en hautes armures et aux bannières battant le Gryffon, afin d’assurer autour de lui une présence familière. Malgré le peu de temps qu’il lui était imparti, il fit aussi venir de sa cité des cargaisons de tapis, de cire parfumée ; des coffres de liqueurs et de coussins étonnamment volumineux ; et aussi de poteries et de potions sorties des tréfonds du palais. La Grand-Chancellerie n’avait pas été occupée depuis des temps anciens et Cléophas le remarquait aux murs suintants et à cette odeur de lichen, de mort et de poussière qui pesait dans chacune des salles de la tour et il lui avait paru primordial de réoccuper cette place comme il se devait. Chaque jour, il se plaisait à aller voir comment avançait la fresque qu’il avait commandée dans ses appartements et il était content de voir qu’en ce temps de deuil, le visage du Gryffon commençait à prendre forme.

Le chancelier était en train d’inspecter une cargaison d’ambre toute droite arrivée du pays thaarin quand un de ses valets lui chuchota à l’oreille qu’on avait aperçu les bannières sybrondines aux portes de la ville. Laissant cette affaire, qui en vérité ne le concernait en rien mais l’intéressait en tout, le chancelier se hâta de rejoindre la Tour et de se défaire de ses habits de fonction pour ne plus porter qu’une ample tunique pourpre sur laquelle était attachés sa broche de Justiciaire et son collier d’office. La nuit avait déjà enveloppé tout le palais d’un manteau d’obscurité quand il fit convoquer le Baron sybrond à son office. Il avait passé le crépuscule à réfléchir à cet homme, à ses ambitions et au calme qui avait suivi sa venue sur le trône baronnial. On lui avait rapporté que c’était un jeune homme fougueux, que son passé était celui d’un homme de mer et qu’il sentait le Sud, plus encore que le Mervalois lui-même. Les nouvelles lui étaient aussi parvenues qu’il avait choisi pour emblème : un griffon. Cléophas avait souri lorsque, pensant à une blague, on lui avait pointé un récent armorial où figurait le nom d’Irun, nom qui assurément lui rappelait d'anciennes consonances pharétanes.

Cléophas avait connu de jeunes hommes fougueux, leurs passions ravageuses et leurs regards fusant partout. Il en avait connu des chasseurs, des fauconniers et des garçons. Tout enfoncé dans un grand fauteuil dans une salle toute enfumée de myrrhe et d’oliban, dans le clair-obscur de quelques bougies brûlant depuis plusieurs heures ; le chancelier attendait. Il savait que, quelque part dans le palais, deux valets accompagnaient le jeune homme dans les dédales effrayant d’un palais qui le soir prenait des allures de nécropole. Quand l’on frappa deux grands coups à la porte, un seul valet entra et annonça le « Baron de Sybrondie ». D’un signe de la main, il ordonna qu’on le fasse entrer, et quelle ne fut pas sa surprise en le voyant entrer.

Voilà. Le chancelier avait devant lui un jeune homme au visage tanné et aux boucles blondes et qui se plaçait sous la protection d’un griffon. Ce suderon ami de la mer, dont on disait qu’il était cuistre parce que n’ayant pas encore connu les expériences des palais, le chancelier semblait bien le connaître et pour cause : il y avait chez ce Baron sybrond un air familier et Cléophas se demanda si sa terre lui serait aussi familière. Il observait ce jeune homme interdit dans l’entrebâillement de la porte et lui proposa aussitôt de s’asseoir sur un des sièges tout en le saluant comme il se devait.

« Seigneur Baron. Pardonnez l’heure tardive de ma convocation. Avez-vous fait bon voyage jusque dans notre belle cité ? »

Quoique peu friand des convenances, le Baron préférait gagner un peu de temps, du moins semblait-il. Il en profitait pour le dévisager tandis qu’il répondait et se réjouissait du silence olympien qui pesait dans la pièce. Les laquais avaient décampé la place, laissant au passage une forte liqueur d’orange et de pamplemousse dont raffolait Cléophas et qu’il avait fait venir par tonneaux entiers depuis sa province tant aimée. Tandis que le sybrond racontait son voyage, Cléophas alla tranquillement se saisir d’un tison qui traînait dans l’âtre et s’approchant de son hôte, il le lui présenta encore rougi ; avant de le tremper dans les deux coupes qui laissèrent aussitôt s’échapper des fumerolles d’alcool. C’est ainsi, dit-il, que l’on boit en Merval. A peine eut-il laissé la liqueur chauffer ses amygdales qu’il prit la parole, coupant son interlocuteur.

« Maciste, si vous me permettez de vous appeler par votre prénom, vous vous douterez j’ose croire que je ne vous ai pas fait venir ainsi, au milieu de la nuit pour détailler votre arrivée dans la capitale. Vous n’êtes pas sans savoir l’état dans lequel notre royaume se trouve, tout emmêlé qu’il est dans ses luttes féodales. J’apprécie que vous ayez répondu à ma requête et cela me prouve que malgré votre jeune âge, votre esprit n’est pas dénué d’intelligence. Voyez-vous, l’organisation des funérailles m’a prouvé une chose, sinon deux : premièrement que je ne suis pas un homme fait pour organiser de telles cérémonies ; deuxièmement que le trésor de la Couronne est caché en quelque endroit si hermétique que j’ai du mal à en sonder la totalité. Vous m’avez prouvé, ainsi qu’au reste du Conseil, que vous êtes homme de gestion. Votre victoire en votre fief en est un exemple, et nous sommes tous heureux que vous ayez débarrassé Soltariel du poids que représentait Aveline. C’est pour cette raison que je vous ai mené ici. Maciste d’Irun, Baron de Sybrondil, régent d’Aphel et maître de l’Hoirie ; moi, Cléophas d’Angleroy, Baron de Merval, Seigneur Justiciaire de Diantra et Chancelier de la Couronne ; vous nomme après consultation près le Conseil, Grand Amiral de la Couronne. »

L’incrédulité s’était emparé du jeune suderon, son œil pétillait autant qu’il le pouvait dans la flamme des bougies. L’instant aurait pu être plus solennel n’était Cléophas qui n’avait daigné se lever pour la déclaration, se contentant plutôt de rester assis face à son hôte, caressant du dos de la main le manteau d’office qui était posé sur un guéridon tout près. Relevant l’œil vers le Baron encore étonné, il attendit de lui qu’il acquiesçât avant de continuer.

« Nous savons aussi que le Sud est une région qui risque de s’embraser rapidement. L’Ysari est comme pétrifié, la pointe d’Ydril est morcelée en tant de petits fiefs qu’elle n’est rien moins qu’un amas de volontés disparates le tout chapeauté par ce duc nouveau venu qui aura sans doute à l’esprit de continuer l’entreprise de son épouse…soit de réduire l’importance du palais. La Couronne se satisfera difficilement d’un tel état de fait et nous espérons que vous saurez profiter de votre nouveau rang pour valoriser les intérêts de l’Etat et lui venir en aide…lorsque cela sera nécessaire ? »

La question fut posée simplement, Cléophas ayant simplement soulevé un sourcil et caché son menton derrière sa coupe. Sirotant sa liqueur d’orange, il ajouta, le ton léger.

"Cela brûle presque autant que du feu de Pharet. Saviez-vous qu’à Merval, il en est qui le boivent ?"

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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeSam 6 Juil 2013 - 14:30

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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeSam 6 Juil 2013 - 19:32


« Faible. » Le mot avait sorti Cléophas de la torpeur dans laquelle il s’était réfugié. Toute lassitude, toute fatigue s’étaient évaporées aussi vivement que l’on tire une épée de son fourreau. Il laissa parler le jeune homme, lui adressant qu’un maigre sourire. Ses doigts parcouraient le bois du guéridon, son regard s’était figé dans celui du jeune sybrond et sa nuque : raide. « Faible ». Le mot, sans doute dit sans grande intention était comme une lame toute glaciale et acérée. « Faible ». Le chancelier eut presque pu lâcher un hoquet à cet instant mais ravala tout, attendant de voir si…mais il se dressa sur son céans, sans pouvoir attendre et il dit avec toute la courtoisie qu’il pouvait contenir entre ses dents.

« Faible ? La Couronne n’est pas faible, sieur d’Irun. Fragile, distraite, occupée ou délaissée certes, mais la Couronne n’est jamais faible. Vous saurez, maintenant que vous êtes un de ses agents, que la Couronne que nous servons et au nom de qui nous parlons ne répond pas des mêmes problématiques que nous. Un roi peut-être faible, malade ou même…aveugle ; mais la Couronne mon cher ami est immatérielle, intemporelle et éternelle. Et ceux-là qui se sont fourvoyés sur la question et qui crurent pouvoir se soulever contre son autorité, que sont-ils devenus, ceux-là ? Des riens, des noms gravés sur des figures de pierre englouties par la mousse ; des traîtres qui reposent au fond d’une cave, d’un trouble ruisseau, d’une lande de tourbe. Des chiens qui pensèrent qu’en aboyant assez fort ils allaient détruire leur maître. Mais le maître est toujours là, sa badine reposée contre sa jambe et il n’attend que le moment propice pour frapper la truffe et les pattes et les oreilles de son molosse la trop grande gueule. En est-il faible pour autant ? Non, la Couronne n’est pas faible, Maciste. Elle est prudente. »

Se resservant de la liqueur, il en proposa à son hôte et moucha la mèche d’une bougie qui s’éteignait en fumerolles noirâtres. Le feu dans l’âtre faiblissait et dans les encensoirs accrochés aux plafonds, l’oliban et la myrrhe ne brûlaient plus. Cette pièce ne semblait plus vouloir recevoir quelqu’un d’autre que celui qui l’habitait. Mais voilà que le sybrond soulevait de nouvelles questions et là où Cléophas aurait pu le congédier et remettre leur conversation au lendemain ensoleillé, il se dit que l’intimité d’une nuit aussi feutrée que celle-là convenait plus aux chuchotements et petites discussions. Mais la soudaine déclaration du sybrond donna espoir au chancelier. Des paroles de loyauté, si vraies…cela lui sembla si inespéré qu’il préféra se rasseoir, souriant et les Dieux savaient que les occasions étaient rares pendant lesquelles le Mervalois retroussait tant ses lèvres qu’on apercevait derrière sa dentition –au point qu’on doutât presque de son existence. Il avait là un jeune homme qui en dépit de ses maladresses n’en était pas moins ambitieux et Cléophas se retrouvait en lui. Or il était loin le temps des pérégrinations dans la péninsule, à arpenter les mille lieues qui séparaient Diantra de Thaar ; Thaar de Corvall. Ce temps où il paraissait aux Hommes que le Soleil était éternel, où le Royaume paraissait immortel. En y repensant, Cléophas nota que le pays soltarii avait toujours été secoué par d’étranges troubles ; toujours placé sous l’égide de femmes dont la poigne brillante était véritablement si molle que ne découlait rien de leur régence hormis chaos et confusion. Chaos. Et confusion…

« J’espère que vous comprenez que votre charge de Grand Amiral va impliquer de nombreuses contraintes. Vous qui avez navigué et qui êtes maître d’une petite patrie de marins, je sais que votre expertise nous sera utile. Or voilà bien longtemps que la flotte royale n’a pas fait de sortie. Pour dire le vrai, voilà bien longtemps qu’aucune flotte armée ne s’est aventurée loin des côtes…sinon en ce temps honni d’Eulalie mais il n’y a rien de bon à ressasser des souvenirs aussi douloureux que ceux-là. La chose est que vous devrez inspecter les chantiers navals de Port-Réal et relever leur condition détériorée et cela exigera de votre part du temps et de la dévotion. Aussi, nous entendons assortir à votre nouvel office, le fief englobant Port-Réal, vous faisant Seigneur de je ne sais plus quelle terre. Ces états de la Couronne sont si nombreux et leurs noms sont si exotiques pour certains. En tous les cas, on dit de la dame voisine qu’elle est ravissante ce qui vous fera une raison de plus d’y mettre les pieds. En outre, le Conseil aura besoin de vous ici, au château, aussi ne tardez pas à trouver un homme de confiance à placer en votre fief pour les périodes où vous n’y siégerez pas. »

Il laissa pendre le reste de ses pensées au bout de sa phrase comme se balancent les corps des félons dans les cachots de Merval. On sentait dans sa voix comme une lassitude et chaque chose qu’il avait dite l’avait été sans joie ni particulière démesure. Cléophas abandonnait pour un temps les circonlocutions qui auraient pu lui coûter une main du temps où il s’en allait parlementer dans le Nord. Avec diligence, il regarda l’Irun tandis qu’il répondait et prenait acte des annonces du chancelier et quand l’accord sembla toucher à sa fin, quand les deux hommes auraient pu partir ; Cléophas reprit de plus belle, comme ravivé par les évènements. Tout en parlant, on sentait dans sa voix la chaude langueur du Sud dans ses accents et la dureté de Diantra dans chacune de ses consonnes et dans sa main s’agitait machinalement une coupe richement ornée, le liquide cristallin débordant de la coupe pour venir caresser les doigts noircis d’encre du chancelier.

« Ne croyez pas que j’aie oublié ce que requiert l’exercice du pouvoir et quelles peuvent être les fatigues de la cour. Aussi, à la rente associée à votre nouvel office, j’entends vous en accorder une à titre personnel. Parlons d’une sorte d’entraide personnelle…les Pharétans sont si mal considérés de nos jours, cela serait dommage que nous ne nous soutenions guère. Hm ? »

Là donc, le Chancelier tendit une main généreuse à son interlocuteur qui s’empressa de la prendre. Les dernières chandelles s’étaient éteintes et les deux figures se découpaient dans le vitrail multicolore qui montrait dans toute sa splendeur, un chevalier dans une clairière. Voyant avec quelle précision les lapins avaient été représentés, Cléophas se dit qu’il devrait aller chercher du côté des maîtres-artisans de verre. D’où lui venait cette aversion pour les lapins, Cléophas aurait difficilement pu le dire mais une chose était certaine ; il aurait bien des difficultés à trouver l’inspiration de ses lettres s’il devait s’en remettre à ces créatures-là. La porte s’ouvrit, laissant derrière elle l’obscurité béante de l’escalier et la figure blême d’un page de la Maison royale. Le chancelier tint à raccompagner son hôte jusque la cour et tandis qu’ils descendaient tous deux le colimaçon interminable, on pouvait entendre résonner dans l’ombre la voix du Mervalois, disant.

« Je suis vraiment attristé de ce qui s’est passé à Sybrondil…Est-ce vrai que l’homme tué par Aveline était votre cousin ? Quelle affaire terrible…décidément… »
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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeDim 7 Juil 2013 - 17:32

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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeLun 8 Juil 2013 - 15:28


« Oh qu’il est doux ! Oh qu’il est mignon ! Tu ne veux pas le caresser dis ? Vite il me chatouille les cuisses. » Et en effet, il le caressa. Tripulin s’était entiché de cette servante de la Chancellerie et il n’avait pas senti ses braies tant se rétrécir depuis qu’il avait bécoté Pomponne, la catin de l’auberge du Merle Châtreur. Il avait toujours été fasciné, comme tous les jeunes de la basse ville, par ses lèvres exceptionnellement charnues et il se souvenait encore de cette nuit torride où il put les baiser longuement. Mais ce temps était déjà loin et désormais sa liberté ne tendait que vers Hilmonde, une servante qui rôdait dans les garde-mangers de la Chancellerie. Leur rencontre remontait au moment où il l’avait vue tenter de cacher un grand jambon sous ses jupes ce qui le fit rire et plus tard lui plût lorsqu’il sentit sur sa langue la douce saveur de la viande sur celle de sa soubrette. Ce soir-là, ils avaient profité de ce que le chancelier et son hôte soient occupés au sommet de la tour pour se chasser dans les escaliers sombres et les recoins à peine éclairés de la tour. Une fois que Tripulin tomba, il effraya un petit chaton dont Hilmonde s’énamoura.

Cela faisait bien une vingtaine de minutes qu’elle le caressait et Tripulin commençait à craindre que le chancelier ne revint ; car ils avaient déjà risqué de se faire pincer par les seigneurs lorsqu’ils étaient redescendus subitement. Parce qu’il n’avait pas à fricoter dans les couloirs, comme d’ailleurs aucun des servants de la Chancellerie ; le baron avait été catégorique sur ce fait et exigeait dans l’enceinte de ses murs le silence et la discipline. De temps en temps, il descendait quelques marches afin d’écouter le mervalois quoiqu’il ne comprît rien à ses discussions et aux noms exotiques qui explosaient ça et là comme des feux d’artifice. Soudain, il entendit la voix du chancelier grossir et se rapprocher, en même temps que ses pas et sentant son cœur battre remonta en toute hâte vers sa dulcinée du soir pour la mener dans une alcôve ombreuse mais ce ne fut pas nécessaire car déjà les pas des seigneurs s’éloignaient encore. Il devisa qu’ils étaient descendus dans les caves et soulagé il retourna caresser le matou d’Hilmonde.

« Ne vous inquiétez pas, il m’a fallu du temps avant de m’accommoder à l’obscurité de ce lieu et au temps qu’il faut pour rejoindre les souterrains ; mais là au moins nous serons en paix »

Tandis qu’ils continuaient de s’enfoncer dans la semi obscurité, le baron éclairait d’une torche les murs noircis par le temps et les fumées qui s’échappaient des lanternes au-dessous. D’entre les pierres, on voyait étrangement s’échapper quelques branches de vigne ce qui était loin de déplaire à Cléophas. Après une longue descente qui sembla presque interminable, les deux seigneurs se trouvèrent devant une simple porte plus petite qu’eux-mêmes et fermée par un simple loquet. L’ouvrant, il se baissa et invita son hôte à faire de même puis, allumant une longue série de torches, ils découvrirent une salle voûtée étonnamment profonde. Sur les murs s’alignaient des jarres vertes et rouges au bas desquelles était gravé le Gryffon et d’autres bouteilles nombreuses présentes là depuis on ne savait quelles années. Une fois qu’il eut pris une chaise qui reposait contre une colonne, sur laquelle l’Irùn ne tarda pas à s’asseoir, Cléophas continua.

« Ainsi que nous sommes en des lieux plus calmes, nous pourrons parler librement. Les couloirs sont pleins d’échos étranges et il n’est pas rare que j’y entende des gloussements venus de je ne sais où. Je crois que personne n’est venu ici depuis plusieurs années. Vraiment, lorsque j’y suis venu inspecter les jarres, tout ici sentait la mort et je n’ai pas encore investigué le fond de la salle et ses autres niveaux. Tenez, en voici une. Vous sentez comme les parois sont larges ? C’est pour éviter que le feu ne s’en échappe. Les vertes sont celles créées du temps d’Eulalie ; les rouges du mien. Disons ce que nous voulons, cette sorcière avait néanmoins quelques qualités et elle a renforcé nos réserves d’une façon inimaginable. Rien qu’avec le travail de ses Alchymistes, nous avons de quoi alimenter les bouches de plus de soixante dromons ; et je ne compte pas les réserves antérieures. Nous aurions dû en faire meilleur usage à Nelen mais Eulalie était malheureusement mue par un feu trop grand, comme beaucoup de nos ancêtres. On dit dans ce cas que le Gryffon n’a pas su maîtriser sa flamme. La question Nélénite est bien délicate et complexe car il en est qui depuis Thaar en réclament certaines îles, d’autres qui veulent la garder, d’autres encore qui souhaitent la récupérer. Ces îles…elles seraient si aisées à brûler. Mais pardonnez-moi, je m’emporte. Je ne savais justement pas que votre famille s’était établie à Nelen…»

Ce n’est qu’à ce moment que Cléophas se rendit compte qu’il n’y avait qu’une seule chaise dans leur cercle de lumière et il se contenta de rester debout. Néanmoins, il trouva consolation dans le nombre de bouteilles qui s’étaient entassées et il lisait sur les rangs des noms mystérieux : Cassoing, Salters, Myrtiel, et tous les autres vins de Hautval, de Caruw et étonnamment, de l’eau de vie de vieilles pommes rapportée de Merval. Se saisissant de petites timbales en bois qu’il rinça d’un coup d’alcool, il en servit au sybrond et lui fit savoir qu’elle était la spécialité de sa contrée. Avalant d’une traite et se resservant aussitôt après, il déambulait entre les colonnes et reprit sur un sujet qui le faisait sourire.

« Oh, vous saurez cher ami que la jeunesse n’est pas toujours l’unique coupable. J’en ai connu des anciens qui ont commis de graves erreurs ; souvent tout aussi idiotes. Oui, les gens idiots le sont et le restent et c’est plutôt à cette…simplicité que nous devons la mort de votre parent. Ce qui est dommageable car, sans l’avoir vue, mes gens m’ont vanté la beauté et la finesse de ses traits et j’entendis dire que c’était une cavalière émérite. J’ai bien du mal à savoir s’il vaut mieux avoir une épouse simple d’esprit qui se contenterait de chevaucher et de s’extasier sur la toiture de son Palais ; ou une épouse dure et robuste et stratège. Je ne sais pas si vous avez connu la dame d’Olyssëa, cette louve sanguinaire qui tuait les bambins dans leurs berceaux. C’était pourtant une femme douée d’une grande et profonde intelligence que j’ai longtemps considérée mon amie mais…c’était une traîtresse doublée d’une cruelle là où Aveline n’a pas fait montre de cruauté en tuant votre parent. Je n’entends rien de mal au sujet de sa mémoire et puissent les Dieux le mener aux halls bienheureux mais…en toute sincérité…je suis certain que vous pensez comme moi. Vous parlez de la réintroduire sur le siège d’Euphémion, si je connais bien la situation de votre pays ? Croyez-moi, maintenant que Sybrondil est vôtre, offrez-lui l’honneur dû à son rang attendu qu’elle l’accepte et envoyez-là en Estrévent, vous qui y avez de grandes ambitions. »

Et de boire encore, vidant la petite bouteille de verre bleu. Aveline…elle était une enfant riante, rieuse et Cléophas aurait bien souhaité la rencontrer véritablement, lui qui avait tant entendu parler de ses exploits. Combien aurait été sa joie de lui faire visiter sa cité et son Palais aux mille couloirs ! Il prit une grande respiration et ses poumons se remplirent d’une nostalgie contente et son gosier se remplit de liqueur de pomme. « Oh qu’elle est mignonne » se disait-il à lui-même.
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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeJeu 11 Juil 2013 - 13:23

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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeJeu 11 Juil 2013 - 16:20


« Je comprends à quel point cette affaire doit vous heurter » reprit le chancelier« et je comprends aussi tous les doutes que vous pouvez avoir au sujet de cette vile femme. Mais je ne pense pas qu’elle soit capable de comploter, ou alors elle le fera comme beaucoup pensant tout gagner là où en vérité elle fonce vers sa ruine. Vous le dites vous-même, elle passe son temps sur son palefroi à parader dans les champs et à chasser la belette ; elle n’est pas une menace.»


Cléophas comprenait bien ce que devait ressentir l’Irùn, pour autant de raisons qu’il avait été naguère dans la même situation. Il se souvenait bien de ces moments au Nord où tout le monde lui paraissait enclin à la guerre et à verser le sang et de son désarroi lorsqu’il sondait les cœurs de tous ces gens froids et amers. Il comprenait cette soudaine colère et c’était aussi pourquoi il ne vacilla point lorsqu’il vit les yeux du sybrond s’enflammer comme deux rubis jetés dans la forge ; ni lorsqu’il entendit sa voix s’élever et résonner dans la salle obscure. Il se contenta d’accuser les yeux rivés vers une des pierres sur lesquelles on pouvait apercevoir les restes d’une vieille fresque, le métal froid contre sa paume. Lorsqu’enfin toute tension fut apaisée et que la colère dans la voix de Maciste se mua en une assurance teintée d’émotion, le chancelier se retourna et tout en versant dans la coupe de son camarade un peu de ces liqueurs exotiques, il revint sur ses paroles dont certaines attiraient son attention.

« Vous connaissez le Goupil ? Je n’aurais pas pensé que sa réputation se serait installée aussi loin qu’à Sybrondil mais bien oui, je l’ai connu. En toute vérité, c’était un homme austère il est vrai, mais doté d’une certaine droiture. L’esprit des commandants sans doute. Mais croyez-moi qu’à son côté, vous n’étiez jamais à l’abri de quelque fourberie. J’ai quitté le Médian avant que son sort ne soit fixé...je crois qu’il est mort d’épuisement après avoir cherché à fuir les armes de la marquise. Enfin, ces affaires sont désormais loin derrière nous et il nous appartient de voir plus loin que les querelles du passé »

Le chancelier ne pouvait s’empêcher de se ressasser les mots d’Anseric de la Rochepont et de cette apparence si roide qui le distinguait dans la tente des négociations. Malgré tout, il lui aurait plu de le revoir car il y avait autour de ce goupil un grand mystère qui planait et ne cesserait de planer maintenant qu’il avait rejoint la tourbe sur laquelle il avait toujours régné. L’Arétria était revenu sous le joug de la marquise et le Nord pacifié semblait n’avoir jamais été remué de tous ces incessants conflits et de ces sanglantes escarmouches. Pour d’étranges raisons, il sentait monter en lui comme une bouffée de nostalgie car il avait éprouvé pour ces gens comme une certaine sympathie. N’avait-il pas aimé comme sa parenté la dame Clélia ? Elle qui n’avait eu droit à aucun enterrement, aucune sépulture quoiqu’elle ait été baronne et dame de grande dignité. Mais il se voyait mal retourner en cette terre hostile afin d’inhumer les images de ceux-là mêmes qui lui auraient volontiers coupé la gorge s’ils avaient eu dans la main une lame et dans l’autre la nuque basanée du Mervalois, Mervalois qui désormais était là à parler dans les grands souterrains de cette capitale meurtrie et dont les mots étaient chacun accompagnés d’un faible écho.

« Vous me demandez comment ces jarres se sont retrouvées ici ? Hm…disons simplement que les rois de jadis ne m’avaient pas attendu pour grandir leur arsenal. Nous tenions des registres à Merval dans lesquels étaient inscrits les noms de ceux qui avaient acquis du Feu et il se trouve que dans certains datant d’avant mon règne, je trouvai notés des chiffres étonnamment larges. La plupart qui cherchent à s’en procurer sont quelques pirates thaaris ou d’autres flottilles estréventines mais ils n’ont rarement assez d’or pour nous acheter de larges quantités alors vous comprendrez que ce nombre-là attira mon œil. Quand je sus où étaient entreposées les jarres, j’ai ordonné à ce qu’elles soient transportées jusqu’ici. Mais croyez bien que ces quelques étagères ne sont rien à côté de ce que nous possédons à Merval. Je partage néanmoins votre avis : ce serait là une arme redoutable contre les ennemis de la flotte royale. Mais il est peu de navires qui peuvent embarquer une si dangereuse et capricieuse substance. »

Car le feu de Pharet avait sa volonté propre et dans l’esprit des mervalois l’on ne pouvait oublier la légende du Prince Zibelmion qui avait emprisonné le Feu dans une grande sphère de terre et de plomb qu’il avait entreposée dans ses appartements et qui le lendemain avait été retrouvé calciné dans son lit. Depuis, les Alchymistes superstitieux laissaient au Feu assez de place pour s’échapper en un gaz entêtant qui laissait dans la cave d’étranges vapeurs. Ydril et Aphel, pensait-il. Le creuset des rebelles. L’Irùn semblait paisible et loin de ces magiciens qui avaient déchiré la pointe soltarii. Ydril et Aphel…

« Inès, n’était-elle pas cette magicienne dotée de grands pouvoirs ? Soltariel est une terre qui me paraît si loin et pourtant si proche…aussi difficile que cela pourra vous paraître, j’ai éprouvé une certaine sympathie pour elle. J’ai même ri, il y a dis, quand l’on me raconta cette anecdote…quelle était-elle déjà ? Ce jeune homme traîné dans les rues, le front tatoué et montré à la populace, aussi je ne m’étonne point de ce qu’elle dut avoir une poigne de fer. Mais justement, nous avons là l’occasion de rétablir une nouvelle ère dans ce Sud redevenu fébrile et méfiant. Nous sommes appelés à relever l’ancien Pharétanie ; à ramener cette partie de l’empire à la gloire et à la prospérité…cessons donc de nous faire la guerre au moyen de comptoirs mais renforçons nous mutuellement. »

Le Mervalois éclaira son regard et son visage et posa sur le bord d’une étagère son calice désormais vidé. Il marcha alors dans la salle, s’approchant de son camarade sybrond dont le sourcil trahissait une légère appréhension et arrivé à sa hauteur, il lui prit chaleureusement les épaules et dans la lueur des torches et le froid des caves, il lui lança un murmure qui résonna jusque dans les escaliers les plus profonds des souterrains.

« Ensemble, bon ami, nous régnerons sur l’Olienne »
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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeMar 16 Juil 2013 - 18:59

Maciste approuva de la tête. Une telle puissance dans la flotte du roy, "sa flotte" en quelque sorte : voilà qui avait l'heur de réjouir le prince. Et voilà bien quelque chose que n'aurait pas boudée la dame Inès... Si cette dernière avait gagnée en admiration hors de ses frontières, elle laissait toutefois un bien mauvais souvenir à ceux de ses sujets qui avaient survécus aux sanglantes crises marquant son règne. Le prince avait ouï dire de cette mésaventure arrivée au jeune homme... Le gandin avait tiré l'épée en présence de la duchesse.

« Si fait messer d'Angleroy, c'est ce que l'on dit. Quant au jeune homme, je crois, si ma souvenance est bonne, qu'il était bien né et détenteur ou héritier d'un fief de quelque importance dans le Nord... On en a fait grand cas dans tout le Soltaar et des gorges chaudes dans tous les bordels du Tyrion... »

Un courant d'air léger, venu du fin fond des souterrains, fit palpiter une mèche sur le front de l'Angleroy. Suivi d'un silence. Un silence qui a lui seul en disait plus que tous les propos échangés quelques instants plus tôt : l'exultation, le doute, la crainte, l'ambition... Le Mervalois s'exprimait de telle sorte qu'il empestait le courtisan au faîte de sa grâce et de ses fortunes... Homme de Cour..., songea Maciste. Et pourtant ses murmures avait de quoi griser, il fallait le reconnaître. Le prince se pencha et sourit, énigmatique et complice.

« Un bien beau projet que voilà, en vérité... Auquel je souscrirai volontiers. Mais sous quel Roy, messire ? Choisirez-vous le Cerf blasonné, ou balancerez-vous pour la Chouette d'argent ? Les deux ne semblent pas manquer d'arguments ni de droits. »
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MessageSujet: Re: Le Lay de paix du Mervalois   Le Lay de paix du Mervalois I_icon_minitimeSam 20 Juil 2013 - 20:34

"Une chouette ? Un cerf ?"...a ces mots, Cleophas se demandait si Maciste était véritablement l'homme a qui deviser de secrets. Outre son accent et son apparence familiers, il se cachait derrière cette coque comme un esprit point encore prêt a se lancer corps et âme dans diverses entreprises. L'excitation et les planifications en une seconde se deliterent pour ne laisser place qu'a un sentiment d'incrédulité. Le chancelier s'interrogeait ; et la méfiance faillit prendre en lui des proportions importantes n'était l'ambition qu'il trouvait en ce jeune homme. Après tout, il avait su devenir baron et d'un coup de langue annihiler toutes prétentions autres que les siennes. Si l'heure dans le Royaume était au conspire et si chacun dans son fief s'essayait avec plus ou moins de réussite a ce loisir nouveau, il fallait admettre que le sybrond sortait du lot par son habileté ; son esprit semblait aussi acéré que la rapiere et changeant que le vif-argent. Ayant pesé tout cela, Cleophas se ravisa et laissa choir tout mauvais jugement a vis de l'Irun.

"Qu'est il besoin de roi lorsqu'il est question d'empire ? Les prétentions de la Chouette...que sont-elles sinon de vagues ambitions assises par un sang traître sinon lâche dont la seule grandeur est de s'être terré dans son nid ? Le cerf au moins a ceci de grand qu'il a combattu contre la félonie dans l'intérêt du royaume et aujourd'hui il est seul légitime par l'alliance autant que par le sang a monter sur le trône. Ne cherchons pas querelle a l'ordre du Royaume, ce serait aussi vain que ce serait idiot car je le dis bien : ils sont idiots ceux qui pensent pouvoir s'arroger les droits d'un Roi sur leur petite terre. Je n'entends pas me disloquer de la péninsule mais seulement...briller plus qu'elle ne me laisserait."

Pourtant...aurait-il aimé continuer. Mais a ce moment-la, il ne continua pas. A ce moment-la, Cleophas s'était contenté de baisser le menton, résigné, et de sourire encore au visage de son interlocuteur qui devant lui paraissait un reflet. Le grand jour qui se déroulait au-dessus de ces voûtes silencieuses allait prendre rapidement fin, dans une ambiance toute aussi embrumee et ombreuse : seulement dehors il faisait chaud. Le chancelier avait vidé dans les coupes les dernières gouttes de la carafe et les bouteilles de vin, ouvertes et translucides laissaient entrevoir l'état dans lequel se trouvaient les deux seigneurs. Pouvait-on dire que le froid les avait preserves de l'ivresse ? Ou plutôt que...mais le chancelier, lui, avait prefere rester sur le froid. Derrière les colonnes les plus profondes, quelques lueurs s'agitaient et se melaient au bruit de pas feutres. Des silhouettes se dessinaient sur les pans de murs laissés nus. C'était des mirages. Des illusions. Comme si peut-etre les deux seigneurs n'en avaient pas recu assez encore que Cleophas etait reste sincere dans ses discours. Ils trinquerent, encore une fois dans un silence solennel et burent d'un trait leurs deux coupes, oeil dans l'oeil: deux griffons se rassasiant sur les eaux vineuses de l'Olienne.

"Quoi qu'il en soit, Maciste, vous tiendrez vos titres de la Couronne. Reniez-la, et vous vous renierez en même temps. Et je pense que vous avez encore tout a gagner a suivre la voie vertueuse que vous trace Diantra et a laquelle nous vous destinons. Seulement, comme toutes choses, vous n'aurez rien que vous n'accepterez pas...en dépit de vos serments. Allons."

Avait-il dit, simple et presque dolent. Devant lui, ce jeune homme qui n'avait qu'a tendre la main pour se saisir d'une pêche juteuse allait peut-être n'en faire rien et se contenter de rester dans le verger, attendant que les fruits ne roulent a ses pieds. Car au-dessus de lui se dressait une tour aussi haute qu'elle pesait lourd dans les offices de la Couronne et Cleophas, aussi fier qu'il était, savait qu'il ne pourrait éternellement la porter entierement sur ses épaules. Le nid de serpents qu'était la capitale en ces jours douloureux changeait constamment de couleur et bien qu'il ait passé son temps a sonder ses yeux et ses mouvements, jusqu'au plissement de ses sourcils même, Cleophas se demandait quelle était cette race qui se tenait devant lui, si elle tenait plutot du rampant ou de la noble race des griffons. Passées enfin toutes ces questions, l'esprit clair, le chancelier avait raccompagné Maciste jusqu'a la cour, jaillissant de l'ombre comme deux spectres, gravissant les escaliers qui après ce moment paraissaient interminables...interminables...

"Tous des minables. Ne me décevez pas Maciste. Ne nous décevez pas."

Ils avaient atteint le pas de la porte, le soleil couchant tracant avec les tours de grandes figures qui rappelaient a Cleophas le grand Nord Oesgardien. Neera lui envoyait-elle un message ou était-ce un tour de son esprit, il s'en fichait. Il s'était contenté de prendre acte de l'instant, de regarder son acolyte une fois encore et de lui prendre l'épaule dans un mouvement chaleureux.

"A moins que vous n'ayez a redire ?"
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