Réformer la Lance: L'Oeil de l'Aigle [Kelendil]

Barkios s'étendait désormais sur la Prime forêt. Beaucoup des arbres avaient à moitié perdu leur beau feuillage, Timérion avait vieilli d'un an dans les anales, 1718 ans désormais qu'il parcourait les terres elfiques et tentaient autant que faire ce pouvait de les protéger. Il se sentait là alors qu'il regardait cheminer les troupes qu'il ramenait de Malereg pour Ardamir. La présence de tant de Drow à Yutar n'augurait rien de bon.

Il était harassé par le voyage. Mais sa journée ne semblait pas prête de se terminer. En fait, ce n'était pas tant la marche, ni même le deuil qui l'épuisait ainsi. C'était l'automne. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Sa magie était des plus affaiblie lorsque l'hiver approchait, le paroxysme viendrait à la fin du mois suivant, où il ne pourrait probablement pas tenter plus d'un sortilège. Et cela l'inquiétait, comme les chose se présentait, il lui faudrait toute sa force et toutes ses armes pour faire face à la situation.

Son Meheras se remit à marcher au pas pour fermer la marche des troupes fraîches amenée de l'Epine Dorée. Il apportait de l'espoir, encore un peu. La Garde d'Ebène se reserra autour de lui comme il pénétrait dans le camp des Sylvains protégeant la frontière sud de la forêt. Il pouvait encore sentir l'odeur du bois brûlé à travers la Symphonie, ainsi que la rancœur et la tristesse des frères arbres. La colère gronderait encore longtemps sous les frondaisons d'Eraison et de Wyslena.

Alors qu'il approchait de son propre pavillon, un Epervier vint à sa rencontre. Sa Garde aux armures noires comme la nuit resserrèrent imperceptiblement les rang et se tinrent près à l'action. Ils étaient méfiant à l'extrême depuis l'enlèvement de l'Intendant. D'un geste, il leur commanda de rester tranquille et de laisser passer le messager.

"Seigneur Protecteur, le Capitaine des Aigles arrive depuis la capitale. Il m'a été donné comme ordre d'avertir tous les supérieurs du camp."

"Bien, Epervier, je m'en vais l'accueillir. Poursuivez votre mission."

"Bien Seigneur."

Et le messager s'en fut. D'un geste, Timérion changea de direction et se dirigea vers le Nord-Est, là où devrait arriver le Capitaine des Aigles. Il arriva à la porte un peu avant l'arrivé de celui qui était, selon la rumeur, préposer à la nomination au poste de Commandant en chef des armées royales. Le Seigneur Protecteur fut un rien ragaillardit à l'idée de pouvoir rencontrer ce personnage et surtout de pouvoir juger de sa compétence.

Il pris le temps de le dévisager de son unique œil droit. Il était jeune. On avait beau l'avoir prévenu, il n'en restait pas moins frappé face à la réalité de la chose. Cependant, les Elfes n'étaient pas arrivés à un point de décadence suffisant que pour nommé un incapable au rang de capitaine des Aigles. Il se souvenait fort bien des capacité extraordinaire de ces combattant émérites, parfois avant l'âge. Calmement, il descendit de cheval et vint à la rencontre du guerrier de son pas claudicant. Sa canne blanche émettait un son matte en frappant l'humus, son qui accompagnait le doux frôlement de ses robes vertes brodées d'or contre les feuilles mortes..

"Je constate que je suis plus aisément reconnaissable que ce à quoi je m'attendais. Tout le plaisir de cette rencontre est mien en tout cas. Cela fait longtemps que je souhaitais m'entretenir avec vous, Kelendil... Enfin, longtemps... nous nous comprenons...

Si par ici, vous entendez en Ardamir, alors c'est pour la guerre, je le crains. Le deuxième contingent des troupes que je puis fournir en renfort à Ardamir vient d'arriver à l'instant sous ma direction. Je suis au regret de vous annoncer que je n'apporte pas tant de lances qu'il aurait été peut-être nécessaire. Cependant, vous n'aurez pas un soucis d'armure pendant la campagne, nos forgerons y veilleront. Enfin, vous pourrez toujours compter sur les milles cavalier que le vent de Favrius apporta du Nord.

Par contre, si cet ici signifie à votre rencontre, au devant du campement, c'est principalement par curiosité et un peu par nécessité, comme toujours. Je souhaitais voir à quoi ressemblait le chant de celui que l'on murmure apte à prendre les rennes de l'Armée Royale. Je vous demande donc si il me serait possible d'avoir un entretiens avec vous, Capitaine."

Il plongea son regard dans celui de l'Elfe qui lui faisait face. Depuis qu'il l'avait aperçut, il écoutait la mélodie sylvestre qui accompagnait le militaire. Il ne pouvait jamais tirer de conclusion certaine mais le sentiment général qui se dégageait était certain. Cela le rassura un peu, c'était la moindre des choses à espérer quant à celui à qui il pourrait peut-être confier les rennes du front du Sud.

"Seigneur Adantar, il va de soit que je suis ouvert à un entretien avec vous. Quand à ma nomination, je ne sais pas si mon jeune âge le permettrait, il y a d'autres personnes qui ont le talent pour accéder à cette prestigieuse fonction, nous verrons bien ce que l'avenir nous réserve.

Je suis heureux de constater qu'il y a d'autres seigneurs protecteurs qui se préoccupent de la forêt et des protectorats qui ne sont pas sous leur coupe. L'aide est la bienvenue, je suis certain qu'elle sera précieuse. Vous dites que vous n'avez pas amené suffisemment de lances avec vous ? combien en avez vous si vous me permettez de vous le demander ?"

"Cette fois le chiffre n'est pas élevé, quelques centaines de fantassins et d'archers, pas plus de six cents et deux centaines au plus de soigneurs à ajouter à cela une centaine de forgerons. Je n'ai plus les chiffres exacts en tête, ceux-ci vous seront fournis une fois arrivé à la tente de commandement. Si je dis que je n'en amène pas suffisamment c'est parce qu'il m'apparaît que sans un soulèvement complet de l'Anaëh, au vu des forces en stationnement au fort de Yutar et ses environs, nous ne délogerons pas les Drows de leur place forte en un an ni même en un siècle. C'est une longue guerre qui nous attends, et je pense que vous pouvez en mesurer l'étendue puisque c'est moi qui vous parle de longévité."

Le ton était sans appel, l'analyse était faite pour lui. Bien sûr, le Commandant des Aigle jugerait, de lui-même, la situation. Mais le Seigneur Protecteur ne pensait pas que ses conclusions seraient mises en doute par le militaire. Cela le désolait et en même temps, cela lui laisserait le temps de mener à bien un de ses nombreux projets. Il comptait bien apporter une nouvelle pierre à la stratégie elfique et cette pierre aurait des arêtes tranchante comme l'acier de la lance de Calimenthar.

"Je dois malheureusement avouer que mon retour de la péninsule ne m'a pas permit d'être au fait de tout ce qu'il s'est passé et je n'ai pas tous les éléments en mains, vous m'en voyez navré. Mais excusez moi, je parle je parle et vous vouliez me voir, que puis je faire pour vous ?"

Timérion sourit de son habituel rictus froid à cette question. Une courtoisie qui résonnait étrangement si proche du camp principal elfique et dans la bouche du Capitaine. Pourtant, il n'aurait pu jurer qu'il n'aurait lui-même pas utilisé pareil propos pour demander l'objet de cette interception. Adantar se campa sur sa canne devant le militaire et plongea son regard dans le sien. Une vieille manie chez lui que de toujours vouloir soutenir le regard de ses interlocuteurs. Elle lui venait du temps où il avait du faire face aux premières moqueries. Aujourd'hui, ce temps était lointain et les moqueurs morts, lui demeurait camper sur sa canne en fixant d'un seul œil de nouveaux visages, sans cesse défilant.

Ce que vous pouvez faire? Gagnez cette guerre sera le mieux. Mais dans l'instant, je souhaitais à tout prix vous faire part d'un projet que je médite depuis un temps certain sur notre armée. Vous l'aurez remarqué, l'absence d'un commandant en chef a fait se relâcher nos rangs. Il suffit de voir le peu de résultat de nos éclaireurs concernant Yutar alors que mes propres cartes datant de plus de cent cinquante ans étaient plus complète que le peu que possédait Ardamir avant cette fameuse razzia.

De plus, nous essuyons trop souvent des échecs cuisants lors de nos ripostes ou de nos assauts. Je travaille d'ailleurs sur une autre solution à ce sujet, mais elle ne durera pas longtemps. Pour l'heure donc, j'estime qu'il est temps que l'Elfe évolue, que nous nous dotions d'une stratégie offensive. Et en cela je pense que votre jeunesse est un atout majeur. Aussi c'est pour cela qu'avant que vous ne soyez submergé par une vague de paperasse et d'informations diverses, je souhaitais m'entretenir de ce sujet avec vous.

J'ai déjà mis Aranos Helmelion, prêtre de Calimenthar, Capitaine des lanciers et frère de notre bien aimée Gardienne, dans la confidence de ce projet. Le bouclier elfique quand il est manier correctement est impérissable, mais sa lance est un simple javelot au bois trop vieux. Si nous souhaitons vaincre nos sombres cousins, il faudra nous en forger une autre. Je viens donc vers vous demander votre concours et également si vous auriez déjà songé à cette question pour le moins préoccupante."

HRP:

Un chiffre louable... oui peut-être, il était vrai que le contingent militaire de Malereg était assez impressionnant, d'autant qu'il apportait un soutien appréciable aux forces d'Ardamir. Pourtant, Timérion n'avait pas pour habitude de juger une seule pièce et, en regardant l'échiquier dans son ensemble, il apparaissait clairement que la pièce n'était pas suffisante. Celle-là, ce serait à lui de la déplacer directement. Il avait déjà donné ses consignes sur une première répartition. Il ne voulait pas voir son effort réduit à l'inutilité la plus total par la faute d'une gestion misérable.

Une Bénédiction de la Mère... Il était vrai que sans l'intervention de la Gardienne, il n'en serait pas là. Mais de là à dire que la Mère était seule responsable direct, il ne l'aurait pas affirmé. Il ne contestait malgré tout pas son rôle. Pour lui, la vrai bénédiction résidait en son propre réveil et à une intervention bien placée. Le reste était affaire de libre arbitre. C'était le coté de Kyrïa qu'il priait en tout cas. La Grande Stratège. Celle qui ne pose jamais rien au hasard. Son Oeuvre après tout n'était pas fait de jet de dé mais d'un dessein subtil, celui de placer chaque chose de manière à lui provoquer une évolution complète autant que complexe selon un but déterminé. Pour lui, c'était cela la force de la Mère.

Et il comptait bien allié cette intelligence avec la résistance du bouclier de Calimenthar. Si les deux s'ajustait et qu'une Lance précise venait à compléter l'arsenal, ils auraient enfin l'avantage. Mais cette assemblage parfait, la Voilée savait, elle, qu'il était loin d'être achevé. Et c'était bien l'oeuvre qu'il espérait laisser, parmi tant d'autres, après sa mort.

"Vous voyez juste, Capitaine, le point faible est bien notre déplacement. Je ne pense pas qu'une adaptation de matériel soit vraiment le plus urgent à penser. Il faudrait du temps à nos guerriers pour s'en accommoder et plus encore pour se former aux nouvelles tactiques qui accompagneraient ces nouvelles fournitures. Il est certain que nous devrons travailler à cela pour un jour nous en servir. Mais je pense que pour l'instant, il nous faut nous concentrer sur un point à effet immédiat.

La difficulté de cette réforme, et vous l'avez bien compris, réside dans la difficulté de changer ses habitudes. Mais je ne doute pas que cela soit surmontable. Je pense qu'essayer d'appliquer la méthode qui permet aux Aigles de développer leurs propre tactique, certes à plus grande échelle, serait une bonne idée. Si une grande partie de la réforme vient des soldats directement, il leur sera beaucoup plus aisé de s'adapter.

Pour ce qui est de ma propre contribution, je pense que faire une mode de charge qui s'interrompe en une formation défensive classique serait déjà un moyen efficace d'éviter un choc des armées dans lequel nous partirions perdant. Je pense que cette piste serait déjà un bon début pour notre projet.

Je ne peux naturellement que vous donner raison pour ce qui est des problèmes de communication rencontrés. Et en cela, j'ai peut-être une solution à avancer. Nous avons à Malereg, de temps à autre, la chance de pouvoir bénéficier des services de druides et de clans. Nos terres sont propices à l'élevage des oiseaux, qu'il soit intentionnel et artificiel ou bien que l'on parle de faune naturel. Les totems des druides de nos contrées sont donc principalement des créatures ailées. De plus, les clans ont développer l'habile talent d'éduquer et de communiquer avec les oiseaux.

Glissez cette histoire dans l'oreille des bonnes personnes et je suis certain que les problèmes de nos renseignements s'amoindriront d'eux mêmes. Il est certain également que la présence d'un état major fixe et sur le pied de guerre donnera également une plus grande efficacité à nos éclaireurs. En tant de paix, il faut bien avouer que cette unité est clairement désorganisée, ces rapports sont laconiques et leur capacité à quadriller un terrain est amoindrie. Mais cela ne se doit principalement qu'à l'absence de siège de centralisation, l'absence d'urgence et de nécessité également, et puis l'art qu'ont les nôtres de palabrer sans fin.

Une fois en situation de guerre, les éclaireurs sont tout de suite plus efficace. J'ai eu l'occasion de m'infiltrer au sein de Yutar grâce à leurs récents efforts. Nous avons pu leur démontrer que leur réseau de galeries n'était pas si impénétrable que cela. Les sorties les plus proches de la forêt ont été cartographiées et recensées. A l'heure actuelle, nous avons même plusieurs renseignement sur les avant-postes en place et récemment construits aux alentours du rocher. Bien sûr beaucoup des sorties initiales sont certainement condamnées désormais ou bien plus gardées.

Un conseil pour l'avenir. En cas de crise, ne sous estimez jamais votre armée, quelque soient ses points faibles et quelque soient ses erreurs en temps de paix. Il en va de notre survie. Bien sûr, la surestimation n'est pas de mise non plus, c'est là le coté délicat d'être le général des armées royales, ou bien Capitaine, voire simple officier. Mais cela, vous le savez. Je ne vous apprends rien."

Alors qu'il parlait, Timérion avait initié un mouvement vers les arbres. Partout alentour, les feuilles voletaient sous l'effet du vent comme ils suivaient calmement un des nombreux sentiers d'Ardamir. Derrière lui, toujours à distance mais bien présent, la Garde d'Ebène cheminait au pas dans un ensemble parfait et silencieux. Leurs arcs composites en acier, chefs d'oeuvre des forgerons de Malereg, au clair, une flèche encochée, prête à être décochée. Ces Elfes ne laisserait rien nuire à la sécurité de leur Protecteur.

"Je doute qu'il nous soit possible de réitérer un tel coup d'éclat. Nous étions peu nombreux, trois pour être exact. Et des spécialiste de notre domaine. De plus, il s'est avéré que notre progression a été facilité par un sacrifice inattendu et ancien. L'entrée en question est peut-être tombée dans l'oubli pour nos ennemis, mais ils ne referont pas cette erreur. Le but reste ce qu'il fut: porter un coup au coeur de la forteresse pour démontrer aux Drows que l'Anaëh n'avait pas perdu toute sa force.

Je pense que nous avons réussi à les faire dormir un peu moins paisiblement, maintenant qu'ils savent que nous avons potentiellement les moyens de pénétrer à l'intérieur de leur mur. Ce ne sera, je pense, pas réitérable. Nous avons malgré cela utilisé une arme de la guerre que l'Anaëh n'avait pas encore employée: la Peur. Si les Drows ne nous craignent pas, ils redoutent désormais leurs propres négligences. Et c'est un bon point pour nous.

Ce n'est pas encore l'erreur fatale qui permettra à la guerre de s'achever sur un triomphe, mais c'est un premier pas. Ils pensaient pouvoir pénétrer les frondaisons de la Prime Forêt impunément. Nous leur avons démontrer que chaque chose avait un pris et qu'il y avait encore des Elfes capables de représailles.

L'avantage majeur que nous en retirons reste des plans de l'intérieur. Nous n'avons certes pas pu tout cartographier. La partie que nous avons réussi à mettre au jour reste cependant capitale, d'autant que les informations que je vais vous confier maintenant. Yutar s'abreuve des trésors enfouit de la Mère. Ce n'est pas seulement une forteresse, c'est aussi une mine. Et ses boyaux s'enfoncent toujours plus avant vers la forêt.

Je redoute que les Drows aient le désir de nous attaquer par le dessous. Un humain trouverait le projet fou par le temps à investir, pauvres créatures mortelles que ceux là. Leur esprit est limité par leur propre existence éphémère. Le problème est que nous n'avons pas affaire à des humains et qu'à l'échelle d'un millénaire, le projet est ardu, mais plus que faisable.

Les sages estiment qu'en l'état actuel des choses, ce front devrait durer huit siècle. Nos ennemis auront tout le temps de mettre au point cette attaque. Le fait que nous le sachions maintenant, nous donne un léger avantage qui nous évitera peut-être de finir perdant."

Ils continuèrent encore un peu leur cheminement. L'air se réchauffait légèrement comme le jour avançait, mais les chaleurs de l'été étaient lointaines désormais. Ils revinrent à leur point de départ, comme Timérion l'avait prévu, lentement mais sûrement. Le temps s'écoulait bien trop vite au goût du protecteur, il aurait encore du s'entretenir de mille éléments avec le Capitaine des Aigles et il lui apparaissait qu'il n'en aurait pas le loisir. Il lui restait encore deux chose importante à faire. Dont l'une se devait d'être dite à l'abri des oreilles indiscrètes.

Il plongea la main dans l'une des poches de son manteau et en sorti un parchemin. Le cachet de cire d'abeille blanche en était brisé et arborait l'arbre et le siège, distinctif du Trône Blanc. Il la déplia un moment pour vérifier qu'il s'agissait bien du bon courriel puis roula à nouveau la missive pour la tendre au Capitaine des Aigles. C'était sans doute le parchemin le plus important qui lui était jamais passé entre les mains. Pas le plus dangereux, mais le plus important.

"Vous aurez tout le loisir d'en apprécier les détails plus tard. C'est une lettre du Trône Blanc, écrite de la main du Roi lui-même dans un de nos plus anciens codes. Le messager qui la transmettait avait ordre de vous la remettre et, dans le cas où vous n'auriez pas été présent, il devait la délivrer à la personne la plus haut placée du camp. Il semblerait que j'ai sous-estimé ma réputation.

En substance, ce nouvel édit à titre exceptionnel vous donne les pleins pouvoir sur l'Armée Royale. Il stipule qu'en l'absence du Roi, d'un Commandant des Armées Royales en fonction et de Daenor Thorandrion, qui si je ne m'abuse occupait provisoirement la fonction, c'est au Capitaine des Aigles que revient le Commandement. Bien sûr, il se pose quelques conditions dont vous aurez tout le loisir de prendre connaissance à la lecture du document. Je voulais, avant de vous le délivrer, être certain que je ne devais pas prendre certaines dispositions. Soyez heureux d'apprendre que c'est le coeur léger que je vous remets cette lettre désormais.

Personnellement, j'y vois une mise à l'épreuve. Vos services sont irréprochable mais votre jeunesse ne rassure pas. Je pense que le Roi souhaite se faire une idée de vos aptitude à commander. Dans cette tâche, je vous aiderai du mieux que je le peux. Et je pense que vous pourrez accorder votre confiance à divers Capitaine, dont Aranos fera certainement partie, pour vous épauler."

Il observa un instant le Capitaine et soupira. Il lui restait un dernier sujet à aborder avant que leur marche ne les redirige vers le campement. Et ce n'était pas la plus facile, il choisit lentement ses mots. Ce n'était pas le moment de faire une erreur diplomatique. Finalement il se jeta à l'eau.

"J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Delyndil Fervellon, le Capitaine de la Cavalerie. Et je dois dire que son comportement me déplaît fortement. Je vous mets en garde contre sa fougue et son impatience. Il ne souhaite pas voir la guerre s'éterniser et se dit prêt à tout pour la gagner, même à abandonner nos principes et nos valeurs. Sa démence pourrait nous coûter la victoire plus certainement qu'une erreur tactique monumentale.

Aussi je vous conseille de faire comme moi: gardez le à l’œil. Nous n'avons pas besoin d'un félon, même involontaire, au sein de nos rang. Il a voyagé en Péninsule semblerait-il. C'est de là que lui vient cette lubie des conflits de quelques jours. Il pense que le temps joue contre nous sans encore se rendre compte de ce qui est en jeu et de ce à quoi ressemble une guerre entre deux peuples millénaires. Son entraînement et son éducation sont basés sur des conflits court. Il ne se rend pas compte que celui-ci est différent.

J'ai déjà des contacts au sein des cavaliers, ils tiendront leur Capitaine à l'oeil et m'informeront dés que possible si un quelconque acte de désertion se laisserait présentir. La Symphonie me permettra peut-être également de prévenir le pire. Mais rien n'est moins certains. Et il n'est pas non plus sûr que je sois en mesure de contrer l'erreur. Aussi je viens vous proposer une assistance mutuelle à ce sujet, il n'est plus tant de faire cavalier seul, si j'ose dire..."