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 En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]

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Odric Parangus
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MessageSujet: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeSam 13 Juil 2013 - 1:30

Il y a beaucoup d'avantages à travailler comme garde de Diantra. Certes, l'heure n'est jamais à se prélasser - et honnêtement, Odric s'en réjouit - mais bien que son but premier et sa priorité absolue est de surveiller les moindres recoins de Diantra pouvant dissimuler la pire racaille qui soit, il n'allait s'en dire qu'il ne pouvait qu'apprécier ces petites choses qui font que Diantra est une ville magnifique et qui vaille la peine d'être protégée. Par exemple, la pluie s'y fait rarement confortable. Nul n'est aux contrôles des éléments, mais comme d'habitude, les dernières semaines étaient particulièrement radieuses, sous un soleil chaud et chaleureux.

La deuxième, outre la plaisante température qui allège le cœur des gens de Diantra, est la vue que prodigue l’architecture typique des humains. Les immeubles témoins de la persévrance des humains, qui ont réussi à prouver que même la plus éphemère des races peut accomplir des objectifs plus grands que ceux du plus vieux des peuples. Diantra n’ayant pas la même limite question ressources que les contrées avoisinantes, elle peut de permettre de créer de vrais joyaux architecturaux.  Le château de Diantra en est la preuve vivante. Bien que le trône soit désormais vacant, sa demeure reste tout de même un monument à la gloire des grands de ce monde. Elle était la fierté de Diantra. À elle seule, elle justifie tous les sacrifices nécessaires pour conserver sa gloire et sa pureté, essentiellement en purgeant des rues le mal s’y étant installé tel un cancer.

Mais Odric, du moins pour l’instant, ne s’intéressait pas à la température. Odric ne s’intéressait pas au château, aussi magnifique soit-il. Il avait à faire.

Comme à son habitude, le peuple de Diantra remplissait les rues, essentiellement aux pieds du château. Certains l’admirent, d’autre y travaillent. Certains le méprisent, d’autres l’ignorent. Malgré tout, s’y frayer un chemin peut s’avérer dangereux pour qui ne sait éviter la foule. Les gardes surveillaient particulièrement l’endroit afin de protéger les citoyens des voleurs a la tire.

Mais Odric n’avait pas le temps de jouer. Pas le temps de surveiller. Il s’avança vers la foule. Les premiers gens qui le voyaient figèrent, inquiets de la marche solennelle, pressée et militaire qu’adoptait le capitaine. Ils s’écartèrent rapidement du chemin.

Nul ne voulait se tenir au travers de sa route. Nul voleur n’interrompit son chemin. Nul mendiant ne l’importuna. Tous le laissèrent passer. Car lorsque le capitaine se rend au château, c’est qu’une raison, et une bonne, l’accompagne.


***

Le bois craqua sous l’impact des trois coups solides.

Instinctivement, Odric se leva dans son lit, d’une vitesse qui surprendrait tout supérieur réveillant son subordonné. Il resta figé ainsi, le temps que son cerveau assimile les informations et rattraper son corps, entraîné à réagir au moment prêt. Il tourna le regard vers la porte, avant de regarder la fenêtre. Les rayons du soleil n’hésitait pas à brûler ses jambes, et par leur position, Odric supposa qu’il était environ midi, ce qui équivaut grossièrement à trois maigres heures de sommeil. Trois heures pour récupérer d’une terrible nuit où les gardes de son équipe ont remué tout Diantra afin de retrouver Guyir, un homme du peuple qui n’avait pas la langue dans sa poche, et encore moins les poings. Celui-ci, un simple boucher, aurait battu, avec l’aide de camarades, un magicien. Bien sûr, les préjugés et les nouvelles qui courent ont naturellement causé cet événement. Et si Odric n’agissait normalement pas sur ce genre d’incident, qui arrive à tout coin de rue, il ne pouvait se permettre de ne rien faire; laisser Guyir agir ainsi en ces temps troublés inciterait les autres à faire de même, surtout si la garde n’agissait pas. Et le chaos règnerait.

Ils ont donc  retrouvé ce Guyir. Ce ne fut pas facile. Insultes, bagarres et discours menant presque à une révolte pour finalement tout terminer dans le calme, Guyir enfermé pour inciter à la rébellion. Personne n’y a laissé la peau, mais beaucoup auront des marques qui témoigneront de l’affrontement.
Secouant la tête pour chasser ces sombres pensées, Odric se leva, enfila la première tunique à vue – celle de la veille, pleine de sueur – et se rendit à la porte pour l’ouvrir.

Il aperçu un homme, jeune, petite barbichette, poing en l’air prêt à cogner à la porte encore une fois. Il était habillé simple, mais d’un luxe que seuls les gens ayant une situation honorable peuvent se permettre.


-S…Sir Odric? Demanda le jeune homme, encore figé à l’idée qu’il allait frapper Odric.

-Que puis-je pour vous? Répondit simplement Odric. Il avait beau détester cet homme pour briser son sommeil, il ne pouvait s’empêcher d’être courtois.

-Un… message. Urgent. Chancelier.

Le messager avait beau avoir l’air timide, il savait préciser les mots importants. Odric n’était plus curieux, il était alerte.

-Des détails?

-Il veut vous rencontrer, messire. Il n’a pas dit pourquoi. Rejoignez le au château lorsque vous le pourr…

-Merci, le coupa Odric avant de refermer la porte prestement.

Le messager aurait probablement cogné davantage s’il n’avait pas entendu le raclement du métal sur le métal, de l’armure et des armes qui cognaient. Odric ne fut plus dérangé par le messager.

***

Si Odric se dirigea aussi rapidement vers le château, ne s’arrêtant sous aucun prétexte, c’était pour une raison spécifique. On ne fait pas attendre le Chancelier Royal.

À peine avait-il dépassé le dernier citoyen qu’il gravit la première d’une longue série de marches marbrées se rendant au palais royal. Il arriva enfin à la porte, gigantesque pour un simple humain, et s’adressa au garde de gauche, qu’il connaissait bien :


-Avertis le chancelier que le capitaine Odric Parangus est arrivé.

Le garde hocha la tête et le capitaine n’eut pas besoin d’avantage.

Alors qu’il pénétrait l’imposante citadelle il ne pouvait que s'émerveiller du travail des hommes. Aussi important soit sa convocation, il était content de faire ce qui lui sera demandé s'il peut encore une fois servir Diantra.

Un page l’accueilla et l’invita à le suivre jusqu’au bureau du chancelier…
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Cléophas d'Angleroy
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeDim 14 Juil 2013 - 17:17


Les gouttes tombaient une à une dans la timbale depuis plusieurs dizaines de minutes. Dans son lit, Cléophas serrait les dents et se concentrait sur sa respiration mais rien n’y faisait, il détestait les saignées. Il fallait croire que la mort du Roi l’avait choqué plus que ce qu’il ne pensait et la fièvre s’était montrée très vite après l’œil bleu. A peine eut-il le temps de regagner ses appartements qu’il s’était senti faible allant jusqu’à devoir s’appuyer sur les colonnes de son lit pour s’y glisser. La nuit avait été longue et le baron sombrant dans l’insomnie but l’une après l’autre des coupes d’oxymel et de vin épicé pensant enrayer le mal qui s’éprenait de lui. Quand il vit qu’à la petite aube ses soins n’avaient montré de résultat, il fit venir Amonclé de Prago, un physicien qui s’il avait la barbe longue et les sourcils épais n’en excellait pas moins dans son art. Le vieil homme qui était assis à côté de lui jugeait suffisante la quantité de sang expurgée et commençait à l’enduire d’un onguent à base d’eau de mer qu’il avait rapporté de son échoppe à Merval.

Une fois de plus, Cléophas serrait les dents pendant que son bras fumait du sel et du sang mêlés. De l’autre il fit venir un page et lui donna pour mission d’aller trouver le capitaine de la garde en lui donnant le mot de venir le rencontrer. Le jeune enfant qui n’avait pas passé sa quinzième année décrivit une révérence maladroite et s’en alla courir dans les escaliers pendant qu’Amonclé bandait la plaie séchée. Cléophas passa quelques temps à le remercier puis se relevant, des pages vinrent le rhabiller laissant le tissu draper autour de son bras bandé. En guise de dernier adieu, Amonclé laissa au chancelier une petite fiole bleutée contenant un élixir qui de son propre aveu ferait tomber sa fièvre. Cléophas en but une gorgée puis soupira, le regard plongé dans le vide, les mains ballantes. Dans une heure viendrait le capitaine des gardes et rien qu’à y penser, Cléophas avait mal au crâne car avec le bonhomme viendrait aussi un lot de problèmes. Du coin de l’œil, le chancelier guettait son lit et il aurait bien souhaité rester emmitouflé dans ses draps et ses coussins…

Cléophas pensait à Merval, cette petite contrée qui était la sienne et qui lui paraissait si lointaine. Peut-être était-ce cette truite à l’orange qui lui rappelait son château…ou cette eau de vie de pommes qu’il avait diluée dans un peu d’eau. La grande salle dans laquelle il déjeunait était plongée dans un silence morbide, ponctué seulement de quelques toussotements et du son de la peau graisseuse qui craquait sous les doigts du chancelier. Un page vint le délivrer de cette ambiance pesante quand il lui annonça que le capitaine Odric attendait dans une antichambre plus bas et avec un soulagement à peine dissimulé il accepta de le faire venir. Pour autant, il n’avait pas l’envie de finir son repas maintenant que l’appétit lui revenait. Tout fut préparé pour le jeune homme : on apportait déjà une chaise, on remplissait la carafe, et les échansons apportaient une nouvelle coupe sur la table. Dans le couloir, on entendait le bruit de pas lourds et de l’armure huilée et se détacha dans l’embrasure de la porte, ce capitaine que Cléophas n’avait encore jamais vu mais pour qui il avait de grands projets. Détachant son attention de cette truite reluisante, il s’essuya méthodiquement les lèvres puis rinça ses doigts et enfin se leva pour accueillir cet homme qui n’avait rien de tous les nobliaux de la cour.

« Pas besoin de révérences, nous sommes entre nous. Asseyez-vous et prenez donc un peu d’eau de pommes. J’espère ne pas vous avoir convoqué trop tôt, je sais bien quelles doivent être vos occupations. »

Il invita l’homme à s’asseoir et s’attaqua au reste de son déjeuner, plongeant ses doigts dans du beurre fondu dans lequel nageaient des branches de céleri. Tandis qu’il les croquait, il voyait un de ses secrétaires s’approcher de loin avec dans un coffret de bois des vélins et des codex en tous genre qu’il déposa sur la table les disposant à côté du baron pendant qu’il continuait sa conversation avec le capitaine.

"Vous ne serez peut-être pas sans savoir qu’en tant que capitaine de la garde, vous dépendrez désormais de moi. Je n’ai pas eu la chance de lire les registres citant vos faits d’armes et ce serait hypocrite de ma part de dire que je vous sais homme de droit mais enfin, la cité est dans un état piteux, les funérailles se préparent et je pense que vous continuerez à faire bien le travail que vous avez commencé sous le règne d’Eliam. Je tiens à préciser que ma charge de Justiciaire m’autorise certaines libertés et j’entends bien faire la lumière sur quelques affaires ombreuses de cette cité. Mais dites-moi, la garde est-elle bien nombreuse ? Il y a quelques mages qui se terrent dans le fort de la Vaillance et il me faudrait disposer d’eux mais…vous savez comme est le peuple et j’aimerais que cela puisse se faire dans le plus grand calme. Vous savez ce qu’il advient des mages n’est-ce pas ? »

Cléophas avait souri en disant ces derniers mots et croquant le céleri à pleines dents, il sentit ses sucs couler sur son menton. Le chancelier soupirait encore mais cette fois, c’était de bonheur. Sa fièvre s’était envolée et il n’y avait rien de plus appréciable que ces moments-là.
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Odric Parangus
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeDim 14 Juil 2013 - 19:04

Il s’était finalement trompé. Il ne s’agissait pas du bureau du chancelier, mais d’une sobre pièce aménagé minimalement; quelques chaises, une table, ni plus ni moins. Ce qui signifie que soit le chancelier n’est disponible, soit il ne s’attendait pas aussi vite à sa venue. Ce qui signifiait qu’Odric était dans les temps.

Il ne prit le temps de s’asseoir, jugeant  inutile puisqu’il serait convoqué à rencontrer le chancelier rapidement. Lentement, il retira son casque, le tintement métallique résonnant dans la chambre alors qu’il glissait le heaume sous son bras. Odric dût plisser les yeux, qui n’étaient plus protégés par la douce noirceur de l’intérieur du heaume, afin de s’adapter luminosité de la pièce, qui était étonnament bien éclairé pour une chambre au niveau presque du sol – si l’on considère que le château est entouré de monticules gargantuesques de pierres communément appelé des bâtiments - . Il prit la peine de faire quelques pas, savourant le cliquetis de ses grèves métalliques sur le plancher de marbre qui dictait le rythme de la pièce, rythme qu’il était toutefois le seul à suivre et ordonner.

À peine vingt pas furent complétés qu’un second page se présenta. Odric figea, aussi immobile qu’une statue, avant de se retourner prestement vers le serviteur.


-Si messire veut bien prendre la peine de me suivre… indiqua l’individu.

Sans dire un mot, Odric reprit sa marche, cette fois dans un but précis. Il quitta la pièce et suivit le page. Il monta un étage, puis un autre, avant de continuer sur un long corridor et de tourner vers la gauche, puis vers la droite. Seul, Odric y serait plus perdu que dans les rues de Diantra, nettement plus grosses. Il termina son long voyage dans une immense salle à dîner, où seul une personne mangeait. Et cela s’entendait. Il s’approcha militairement, non sans avoir remercié le page, puis se piqua à quelques pieds – environ dix – du chancelier. Il s’apprêtait à frapper son torse d’un poing d’acier, récitant multiples éloges et salutations dignes d’un chevalier lorsqu’une simple invitation à ne pas le faire l’arrêta. Tout son entraînement, toute son éducation fait par le plus preux des hommes – son père – l’avait préparé à un tel événement. Il devait même retenir son bras pour ne pas qu’il se rende à la poitrine. Il hésitait sur le fait qu’il ne le fasse ou non… Mais dans le doute, le supérieur a toujours raison. Son bras se détentit.


-Si monseigneur le désire, répondit Odric. L’heure est toujours au service du chancelier et de la justice. Nuit ou jour.  

C’est alors que le baron de Merval lui imposa un second défi : celui de s’asseoir. Il regarde la chaise avec inquiétude. Non seulement Odric était habitué à se tenir debout devant toute autorité – et s’y sentait quasiment plus à l’aise qu’assis – Il ignorait seulement si son postérieur armuré allait simplement s’introduire dans la mince et étroite chaise possédant deux accoudoirs. C’est à croire que le chancelier de la Couronne le testait.  
Mais Odric était un homme d’action. Il s’assied dans la chaise, déposant son heaume sur les genoux.

Tout ce chamboulement de règles non-écrites avaient troublés Odric, même si cela ne paraissait guère, aussi accepta-il volontiers une coupe d’eau de vie de pommes. Prenant la carafe à pleine main, il laissa, avec une douceur déconcertante pour un homme aussi droit, glisser le doux liquide dans une coupe, qui chantait la capacité restante. À la note la plus aigue, il arrêta, puis porta la coupe à ses lèvres. Il la retira aussitôt, laissant le nectar glisser le long de sa gorge. Il aperçu du coin de l’œil un homme, mûr d’âge, s’approcher un coffre dans les bras. Il reporta toutefois son attention sur Cléophas, qui débuta la conversation.

Il appréciait humblement les éloges faites à la garde, satisfait que quelques personnes puissent reconnaître le travail que peu auraient le courage de faire. Mais le Baron marquait un point : les récents événements avaient plongé Diantra dans un chaos total. Le recrutement des nouveaux gardes étaient autant facile que difficile, puisque tous voulaient devenir garde et que ceux-ci avaient besoin de nouveaux membres, mais peu venaient pour de bonnes raisons. Certains espéraient même devenir garde afin d'entrer dans le Fort Vaillance pour y brutaliser les mages présents -et Odric en a surprit plus d'un -. La débauche totale. L’évacuation des mages étaient, à court terme du moins, une bonne solution. Mais il faudra faire mieux, et ce dans un court délai. Ils n’y resteront pas éternellement.

Odric finit d’un trait sa coupe d’eau de vie avant de répondre, en tout honnêteté, à son supérieur :


-J'en suis pleinement conscient, Chancelier. Sachez qu’en toute circonstance, la Garde remplira son devoir de protéger tout habitant de Diantra, peu importe la figure royale à notre tête. Ne vous inquiétez pas pour cela. La garde de Diantra compte, à son apogée d’effectifs, plus d’une centaine de gardes en patrouille dans les rues. Malheureusement, en toute honnêteté monseigneur, les temps troubles d’aujourd’hui et de demain s’annoncent fâcheuses pour la garde. Les gens veulent justice, justice que nous ne pouvons leur offrir. Savoir que des éclaircissements seront bientôt à la portée de tous m’enchante grandement.

Dehors, c’est la chasse aux sorcières. Tous ont désormais une excuse pour violenter quelqu’un, et je ne parle pas que des mages. Crier au sorcier suffit désormais pour rallier les voisins dans une violente agression, souvent sans fondement juste. Les gardes font tout pour contenir ce tonnerre qui gronde entre nos murs. Les mages sont désormais en sécurité, mais je crains que cela ne puisse durer éternellement.


L’air sombre, qui contrastait avec le sourire du Baron, le regard d'Odric s'égarait dans les fenêtres de la pièce tandis qu'il se permit de reprendre un peu d’eau de vie de pomme, qui étonnamment avait très bon goût, Odric n’étant pas un habitué de l’alcool. Dernier verre, se promit-il. Il ne faut abuser des bonnes choses.
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Cléophas d'Angleroy
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeMer 17 Juil 2013 - 0:22


« Quel bonhomme » pensa doucement Cléophas. Il avait devant lui ce capitaine maladroit qui de son propre aveu tenait sous sa coupe une centaine d’hommes. Son assise et ses yeux qui virevoltaient çà et là, cette hésitation quant à se saisir de la coupe, ou non ; tout chez lui respirait la bonté. Et Cléophas trouvait cela providentiel car Diantra était un nid de bêtes visqueuses que l’on préférerait laisser dormir dans leur panier. Tout engoncé dans sa chaise, le capitaine Odric toisait le chancelier qui s’était enfoncé dans la sienne. Cléophas le fixa longuement sans rien dire, plissant tantôt l’œil, haussant tantôt le sourcil…qui était donc ce jeune capitaine qui se tenait devant lui ? Etait-il pleinement bon ? Se pouvait-il encore qu’il y en eût, des incorruptibles, dans cette ville pourrie jusque la moelle ? Il fallait se résoudre aux faits et croire que oui, et Cléophas d’un bond se releva et déambula dans la salle plongée dans un silence olympien. S’arrêtant alors qu’il était près de sortir, il se retourna vers Odric et continua.

« Je suis bien aise de l’apprendre et j’espère que vous agirez avez autant de zèle que votre verbe le laisse entendre. Mais bien, je ne suis que l’humble serviteur de la Couronne et c’est elle que nous servons tous dans ce palais. Elle, et le royaume. Mais  je vois que vous êtes quelqu’un de fiable et cela me plait…vous n’imaginez pas le nombre de polymorphes qui arpentent ces couloirs et c’est une bouffée d’air que de vous savoir fidèle à vos vœux. Honneur et dévotion n’est-ce pas ? »

Il avait laissé planer comme un sourire à ce moment et comme s’il s’était rappelé de vieux souvenirs, il rit à gorge déployée avant que de l’étouffer. Les grandes baies baignaient la salle d’une lumière multicolore, projetant leurs dessins sur les mètres d’étoffe qui recouvraient le baron. Frappant dans ses mains, Cléophas fit venir une armée de servants qui se hâtèrent dans la salle, portant plateaux de dattes et de fruits murs, de coussins et de chaises larges qu’ils disposèrent en grand cercle, posant sur le sol un grand tapis coloré. L’un d’eux apportait une grande et étrange carafe qui semblait être de verre peint, et d’autres grands tuyaux de fer finement ciselés qui l’un l’autre s’assemblaient comme pour créer une plante métallique au sommet de laquelle les pages avaient disposés un bol de terre cuite et quelques cendres incandescentes sur lesquelles brûlait un mélange de miel et de feuilles de lavande. La première fois que Cléophas avait vu pareil instrument, ce fut en pays thaari et il s’était étouffé lorsqu’il avait aspiré dans le tube de bois mais les marchands eurent rapidement coutume d’en rapporter en Merval et nombreuses sont les tavernes qui sont enfumées de myrte et d’autres odeurs sucrées. Mais voilà qu’il s’y était habitué et qu’il possédait grande collection de ces naliqueras. Cela l’aidait à avoir les idées claires et à se détendre dans ces grands moments où l’angoisse était pesante. S’enfonçant dans une grande pile de coussins, empoignant d’une main une figue si mûre qu’elle était prête à éclater ; de l’autre le grand tube de bois, il les porta tous deux à sa bouche et profita longuement de l’instant tout en devisant en lui-même sur ce qu’allait faire l’Odric, qui de tout ce temps était resté debout et interdit.

« Venez donc, les fauteuils sont plus larges, vous pourrez vous y asseoir avec la plus grande aisance. Venez, vous dis-je, profitez un peu. Ce ne sera pas toujours vous savez que vous goûterez à de si bons fruits ni cette volupté qu’est le naliquer. Diantra n’est pas au fait de cette pratique et vous auriez bien du mal à en retrouver les vapeurs parfumées…Allez ! Profitez-en, maintenant que nous sommes seuls et que vous avez du temps. »

Le baron l’avait laissé faire son choix et se mettre à ses aises tandis qu’il parcourait les codex qu’on lui avait rapportés. Les uns décrivaient la situation en Merval, les autres celles des comptes de la Couronne, d’autres encore la situation de l’arsenal. Tout en cet instant tombait dans les bras du chancelier qui se devait de faire tenir cette maison qui, pourtant si solide, avait perdu une de ses tours. Cléophas se ressouvenait d’ailleurs que l’Arcanum plongeait la chancellerie dans l’ombre pour une grande partie de la journée, et là où il aurait pu voir de gros blocs de pierre tout noircis par la fumée, il ne voyait plus que le ciel et il s’en était réjoui. Toutes les affaires de Merval aplanies devant lui et les derniers rapports des Alchymistes qui avaient dedans une place prépondérante. Il repassait toutes les solutions possibles et probables, tous les profits qu’il engrangerait, les oppositions soulevées mais n’avait-il pas devant lui le plus preux et fidèle des soldats ? Qu’était besoin de précautions, lorsqu’il y avait pour s’occuper de telles affaires des hommes aussi fiables. Repliant délicatement le parchemin et levant les yeux pour les poser sur le capitaine, Cléophas reprit d’une voix mielleuse.

« Comme vous le disiez, la situation dans laquelle les mages sont ne peut durer éternellement. Mais comprenez le peuple : leur roi vient de mourir et la douce princesse aussi et tout ça dans un acte de magie inexplicable. La plupart des prestidigitateurs de la cité savent ce qu’il en coûte de s’aventurer dans les rues et c’est bien pour ça que l’Arcanum décide de ne pas sortir du fort. Laissez la frustration des petites gens s’exprimer, cela ne sera que meilleur avertissement pour les étourdis qui tenteraient d’ensorceler le château. Mais je ne veux pas d’effusions de sang ou de lapidation gratuite et je compte sur vous pour disperser les attroupements de factieux. Que les mages paient est naturel, que d’autres paient à leur place est inacceptable et vous veillerez à ce que les justes puissent déambuler à l’envie dans les rues de Diantra. Pour en revenir aux mages, j’ai de quoi ramener la paix pour un moment et je gage que vous pourrez m’aider dans mon entreprise…Une question seulement : jusqu’où iriez-vous pour le bien de la Couronne ? »
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Odric Parangus
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeJeu 18 Juil 2013 - 4:06

C’est un fait. Et Odric souriait à l’idée que le Chancelier de la Couronne admette vivre le même tourment que lui, de l’autre côté des murs du château. Odric était, bien que cela semble s’améliorer avec le temps –et des recrutements strictes -, entouré d’hommes aux mauvaises mœurs s’impliquant dans un mode de vie leur accordant pouvoir et autorité. Nombre de gardes agissent bien souvent pire que les concitoyens qu’ils ont juré de protéger. Le pouvoir corrompt. Mais Odric eut la chance d’être éduqué par le meilleur homme qui soit, son propre père. Celui-ci décela le mal qui s’incrustait dans ce qui représentait la main de la justice et prépara son fils à éradiquer cette souillure qui tachait le blason de la garde de Diantra.

Mais Odric souriait autant plus car son supérieur a prononcé des mots que son père ne cessait de lui répéter. À un mot près.


-Honneur, Dévotion… et Justice.

L’honneur inculquait aux hommes d’agir selon les normes relatives du courage. La dévotion représentait l’intensité de la foi d’un homme dans ce qu’il croit. Mais la justice est au-delà de tout cela. C’est elle qui indique que pour sauver l’honneur d’un homme, celui-ci peut provoquer un duel. C’est elle qui fait office d’intermédiaire entre une idée et l’homme qui y est dévolu, peu importe ce qu’elle dicte. La justice régit tout en ce monde. Et c’Est le mot qu’il ne faut oublier. Car sans justice, les ténèbres vaincront.

Odric regarda Cléophas étouffer un rire qu’il pouvait soit interpréter comme une moquerie de ce qu’il venait de dire, soit comme un souvenir d’antan qui prit l’opportunité de refaire surface. Avant même d’avoir décidé quelle interprétation choisir, le Baron se leva en frappant des mains pour invoquer son bataillon de serviteurs préparer une toute nouvelle aire de manger – comme si la table sur laquelle le Chancelier venait de manger ne suffisait plus -, installant multitude de fruits, de meublier d’aisance dans lesquel Cléophas s’installa sans retenue et d’une étrange statue tentaculaire qu’Odric a étrangement déjà remarqué…

…Dans la maisonnée d’un bandit en cavale. Du peu qu’il s’avait, ses effets affectaient l’esprit, bien qu’il ne sache pas de quelle manière. Immédiatement, son instinct lui disait de se tenir loin de cette chose. Il ignorait ce que faisait cette chose chez un noble comme Cléophas, mais après tout, les nobles ne s’empêcheraient pas de boire de l’alcool et de jouer aux cartes parce que les criminels le font.

Il se leva de sa chaise –en constatant avec joie que son armure ne s’y était pas coincée- tandis que le Chancelier l’invitait à prendre place parmi les luxes qu’aucun ne pouvait seulement espérer connaître.  Encore une fois, Odric se sentait mal à l’aise : non pas à cause de son instinct à se tenir debout, qu’il avait surmonté, mais parce que la vision qu’offrait son supérieur lui faisait penser à ce qu’on verrait dans un bordel ; un homme profitant de la luxure, consommant de l’étrange statue et dégustant des fruits en quantité quasi-illimitée. Ne manquait plus que les esclaves et les prostituées et nous nous retrouverions dans le centre du « trou à rats », ce fameux quartier de Diantra où tout ceux contre la loi avaient décidé d’y faire son nid. Mais le Chancelier vivait une vie de riche. Les criminels veulent vivre une vie de riche. Il ignore donc qui s’est inspiré de l’autre, et bien honnêtement, il ne voulait pas le savoir.
Mais le devoir d’un garde est d’obéir à son serviteur. Il se tint donc droit, s’installant dans une chaise large qui l’invitait davantage à se prélasser sur le dos à contempler le plafond que de supporter la droiture qu’un garde se doit d’avoir. S’il gardait toujours l’étrange « Naliquer », comme le nommait Cléophas, à distance, il se permit de prendre quelques fruits de sa main gantée avant de les porter à sa bouche tout en écoutant attentivement le discours de son seigneur.  

Ce qu’il disait avait du sens, ce qui prouvait que le Chancelier était loin d’être bête. On ne peut de toute façon empêcher les gens d’être pour ou contre quelque chose. Ce sont les actions qui se doivent d’être contrôlés. D’autant plus que des meurtres et agressions de sang-froid ne réduiraient Diantra qu’à un simple faubourg rempli de moins-que-rien manifestant violence à la moindre plainte.

Mais même s’il comprenait le désir des gens d’obtenir vengeance, Associer tout mage à un danger public n’est pas dans les façons de faire d’Odric. Celui-ci à souvent fait appel aux mages et sait que nombre d’entre eux feraient d’excellents gardiens de la paix, si on excluait le brin d’arrogance qui peut venir de leur  part. Il ignorait d’ailleurs la cause de ce terrible accident ayant couté la vie au roi; accident ou meurtre? Tant qu’il l’ignorait, il ne pouvait assumer l’un ou l’autre et ne pouvait donc pleinement accuser tout mage qui s’affirmait comme tel. La justice veut que le coupable paye. Pas ses semblables.

Mais si le Baron avait une solution à court terme… Le capitaine était tout ouï.


-Pour Diantra et ses habitants, je donnerais ma vie.
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Cléophas d'Angleroy
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeLun 22 Juil 2013 - 22:01

« Je commence à vous apprécier capitaine », avait dit Cléophas tout chargé de mystère. Ainsi, il avait là ce qu’il avait toujours le plus attendu : un homme dévoué. Un homme de la soldatesque brillant par son esprit justement soldat. C’est tout ce que le chancelier souhaitait, ni plus ni moins et dans l’entreprise qu’il souhaitait mettre en place, c’est exactement ce dont il avait besoin. Car l’entreprise allait être périlleuse si menée par des mains maladroites…mais pourquoi penser à maladresse quand on avait devant soi le Parangus ? Cléophas n’avait pas manqué ses petites hésitations et ses regards perdus dans la salle et il lui suffisait de le regarder pour en être certain : l’homme était mal à l’aise, malgré les larges assises et les coussins nombreux. Le chancelier se hissa hors de sa montagne de tissu, laissant tomber les tentacules du naliquer sur les tapis et il commença à marcher vers la porte.

« Eh bien, ne restez pas planté là, venez »

Cléophas avait attendu que l’homme le rejoigne pour continuer sa promenade car c’était bien une promenade qu’il entamait. Ayant toujours sous le bras quelques parchemins, il était passé sous quelques arcades ornées en compagnie du capitaine, dévoilant les salles les unes après les autres, toutes percées de vitraux aux détails délicats, leurs plafonds peints de fresques colorées pour les unes, délavées pour les autres. Tout le long de leur promenade, Cléophas lui détaillait l’histoire de ces gens qui avaient foulé les pavés de la Chancellerie et de ces peintures nombreuses ; il lui détaillait la longue histoire de Diantra et de toutes ses terres, avançant sans cesse dans les salles vastes et vides. Les deux hommes étaient arrivés au fond de la dernière salle de l’étage, immobiles devant une cheminée monumentale toute taillée d’un seul trait dans un bloc de grès rouge et Cléophas doucement poussa un panneau de bois qui laissait découvrir entre deux murs un escalier étroit et pentu qui menait aux étages supérieurs. Les deux hommes enjambèrent dans le silence la flopée de marches qui montait, dangereusement couvertes de suie, et enfin ils se retrouvèrent dans une grande pièce qui aurait été aveugle si deux vitraux ne la perçaient pas en son chœur. La lumière diffuse laissait apercevoir les grandes rangées de manuscrits empilés contre les murs et les fresques le long des ogives. Déposant sur une table les quelques papiers coincés sous son coude, il se tourna lentement vers Parangus qui suivait.

« Vous voyez, la chancellerie a plein de petits secrets et c’est là que tout se passe et se passait. Apparemment c’était un sanctuaire autrefois, devenu au fil du temps l’entrepôt des missives, des codes, des tablettes, en bref, le cœur de la chancellerie. Si vous allez jusqu’aux vitraux, vous verrez toute la ville et les champs au-delà des murs et si vous regardez au-dessus, vous verrez des choses assez...intéressantes. Par exemple là, vous voyez ce personnage en bleu ? C’était un des rois de la péninsule, tué par ce grand homme. Je n’ai pas eu le temps ni l’envie encore de savoir qui ils étaient, me contentant pour le moment de lire les peintures. Et au-dessus de cette étagère, là-bas, il y a une grande pieuvre au milieu d’un bassin et environnée de navires et chacune de ses tentacules est marquée d’un nom…mais je ne vais m’épancher plus longtemps là-dessus, je suis certain que vous comprenez où je veux en venir. J’ai cru savoir que vous étiez un homme lettré, n’est-ce pas ? »

Sur la table, quelques courriers laissaient lire le mot « Ascilin » écrit çà et là, et sur d’autres on lisait l’Arcanum en grasses lettrines. Cléophas s’était déplacé vers le chœur vitré, posant ses yeux sur le fort de la Vaillance en contrebas, songeant à de nombreuses choses. De cette hauteur, il n’apercevait que mieux les toits éventrés et les ruelles toutes retournées, et le cratère noirâtre à côté du château. Les grands draps noirs commençaient déjà à recouvrir les façades des bâtisses et des tours de la ville, tous les clochers parés d’habits de deuil, assombrissant l’horizon qui était pourtant si clair. Sans prendre peine de se retourner vers le capitaine, Cléophas s’était remis à parler, focalisé sur ce fort hâtivement reconstruit.

« L’heure est très grave Odric…ce ne seront pas assez de cent hommes pour rétablir l’ordre et la paix dans les rues de Diantra. La Couronne vous donnera ce que nécessaire à rétablir une garde pour veiller sur les milliers de personnes qui vivent derrière ces murs et j’attends de vous que vous comptiez dans vos rangs autre chose que la raclure habituelle de bandits et d’autres traîne-savates. Tous les jeunes hommes vigoureux devraient mourir d’envie d’intégrer ce corps pour autre chose que sa soupe quotidienne et la brillance de ses épées. Vous êtes intègre, vous êtes digne, débrouillez-vous pour trouver vos semblables. J’attends de cette garde qu’elle soit exemplaire et toute faite de gens comme vous. Ce n’est pas avec un glaive rouillé que l’on peut espérer gagner un duel après tout »

Après tout…qu’allait-il y avoir après, justement ? Après la mort du Roi et du régent et après que toutes les velléités des féaux se soient exprimées ? L’ordre revenu et la justice triomphante ? Cléophas y pensait-il comme un possible ou comme une vanité qu’il fallait éradiquer ? Ses mains croisées dans son dos, le chancelier avait lâché un long soupir, grinçant des dents. Il s’était retourné prestement, rejoignant le capitaine resté derrière près de la table et là, il avait pris quelques-uns des papiers qu’il avait rapportés. A ce moment, Cléophas avait longuement songé, douté de savoir s’il allait vraiment faire confiance à cet homme qu’il ne connaissait au final que depuis quelques heures. Mais il y alla tout de même…il verrait après.

« Vous voyez là, on me rapporte des notes sur tout l’Arcanum, parce que le moment du jugement sera peut-être proche. Mais la justice n’a pas le temps de s’intéresser aux erreurs des mages et sincèrement, je fermerai les yeux sur cet ordre s’il n’était pas aussi turbulent. Mais voilà, comme vous pouvez le voir, les mages cristallisent les tensions aussi j’ai jugé préférable de dissoudre l’ordre afin que cette sombre histoire ne les poursuive plus. Mais si je vous ai demandé de venir, c’est parce que la dissolution de l’ordre ne suffira pas. Aussi longtemps que des mages se baladeront dans Diantra, l’ordre sera menacé…en d’autres termes je compte les faire quitter la cité et rejoindre un autre lieu plus sûr et paisible. Votre rôle se cantonnera à leur transmettre ma décision et à les escorter discrètement jusqu’à Edelys. Là, d’autres prendront votre place et vous n’aurez qu’à rejoindre la ville. »

Sans attendre de réponse, le baron s’était dirigé vers un coffret contenant une bouteille de cordial et deux verres opaques dans lesquels il versa la liqueur. Tendant l’un des deux au capitaine repu, il le leva haut et ils burent à l’accord comme il est de coutume de le faire dans les contrées suderonnes. L’accord pleinement consommé, le chancelier se retourna et le nez plongé dans les papiers, il ajouta légèrement.

« Avez-vous entendu parler du maître Ascilin ? »
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeJeu 1 Aoû 2013 - 5:25

Odric sursauta, avant de se retourner vers le Chancelier. Dans un bref moment de divagation quant à un idéal de justice, son désir de sauver Diantra et par-dessus tout sa méfiance envers le diabolique naliquer. Il avait, en fait, ignoré que Cléophas avait déjà quitté son confortable coussin avant de se diriger vers les corridors.

Devant une telle personne, Odric ne pouvait se permettre de divaguer. Il se ressaisit, puis se dirigea dans la direction du Baron, le suivant d’un pas plus rigoureux qu’à l’habitude.

Alors qu’ils se dirigeaient dieux savent où, le Chancelier se plaisait vanter la beauté de son pays, du peuple qui y vivait et des terres qui ceignaient les flancs de Diantra. Odric avait peut-être eu une éducation supérieure à la moyenne, mais jamais il n’avait entendu le tiers de ce que Cléophas lui racontait. Après tout, se dit-il, son père n’avait pas vraiment étalé les études sur l’histoire, et avec raison. Aux dernières nouvelles, excepté l’expérience qu’elle accordait, elle ne pouvait aider un garde dans sa recherche de la Justice parfaite. Et Cléophas s’était bien permis de résumer l’histoire, évitant les petits détails qui obsédaient Odric. Évidemment.

Ils s’arrêtèrent devant une colossale cheminée rouge, qui semblait aussi normale que sa taille lui permettait. Le capitaine arqua un sourcil. Que faisa…
Un bruit. Un bruit sourd, celui de la pierre qui glisse sur la pierre. Cléophas la main sur un panneau de bois, Odric comprit que le Chancelier l’amenait dans les coins les plus sombres de Diantra. L’âme sombre sous le cœur d’or. Inébranlable –il était évident qu’un tel château devait avoir des cachettes-, Parangus laissa Cléophas débuter la marche avant d’emboîter le pas.

Ils débouchèrent dans une salle qui pourrait être considérée comme anodine si ce n’était des vitraux qui la coloraient brillament et des manuscrits qui, Odric n’en doutait point, étaient susceptibles de renfermer l’histoire de Diantra, voire Miradelphia.

Odric écouta silencieusement et religieusement le Chancelier vanter –encore une fois- les mérites d’une salle quelconque. Le capitaine n’avait pas l’éducation nécessaire pour comprendre et décoder tout ce que le Baron lui contait. Il y portait néanmoins une attention particulière. Il hochait silencieusement la tête à chaque nouvelle information recueillie, information qui, un jour, pourrait s’avérer utile.

C’est alors qu’Odric sentit son corps s’éveiller davantage. Pourquoi? Cléophas s’était dirigé vers le chœur, jetant le regard au loin, grave. Les nouvelles arrivaient. Ce pourquoi il était là. Aussi intéressantes puissent être ses cours d’histoires, rien ne sera jamais aussi exaltant que la transmission d’une nouvelle mission.

Odric se leva, droit, fier, presque illuminé :


-Seigneur Cléophas, Il n’est pas une journée sans que je ne pense à ce but. Nous vivons toutefois dans un monde libre, et les gens libres ne font pas tous les bons choix. Les gens ne se retrouvent pas à leur place. Le danger du travail de garde justifie que seuls les bandits sachant manier une arme veulent intégrer le corps. Et bien que la plupart de ces gardes me répugnent, je ne peux me passer de leur aide, puisque nous sommes en sous-nombre. Mais n’ayez crainte. Suite aux récentes manifestations de violence, le recrutement se fait de façon rapide et minutieuse. Nos filets se resserrent, et sur les bons poissons. Beaucoup de jeunes hommes veulent profiter de cette occasion pour rejoindre la garde, et leur inexpérience est largement compensée par cet esprit intact et pur qui ne tarde qu’à être forgé par la justice.

Il écouta attentivement les directives du Baron concernant cet exode de mages. Un plan risqué; escorter un magicien à un endroit est une chose; une armada de lanceurs de sorts, c’en est une autre. Il pourrait les escorter par petit groupe en les dissimulant. Ils pourraient les faire passer pour des prisonniers. Mais a peine avait-il songé à une autre alternative que Cléophas lui offrit –surprise!- un autre verre de liqueur. Pour ne déplaire à son supérieur, il leva son verre et le but d’une traite. Et la question qui suivit le consterna légerèment :

-Ascilin… Si je connais, ce n’est que du nom… Mais je suppose qu’il pose un certain problème à ce projet d’envergure. Je me trompe?
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeMer 21 Aoû 2013 - 1:10

«Oui…c’est bien ce que je pensais, avait dit Cléophas avant de reprendre. Voyez-vous, les braves tels que vous, la Cité n’en abrite plus. Qu’est-ce donc que ce mot vertu dans la bouche de ces traîne-la-faim ? Un mot comme un autre et qui ne leur paiera pas leur ration de gruau à la tombée du jour. J’ai beau chaque jour me ressasser cette idée sombre que Diantra est assise sur un fatras d’hébétés, je ne m’y ferai je crois, jamais. Vous êtes un garde, sans doute n’avez-vous pas vu ces merveilles de l’autre continent, delà l’Olienne calme et azurée ; ces cités qui sentent le safran et le cuir tanné respirent l’opulence mais pas cette opulence brillante et propre ; non ils respirent une opulence chamarrée et chatoyante, la richesse de seigneurs enturbannés coule dans les ruelles pavées qui embaument l’encens et les pistaches brûlées. Ah…comme nous avions cru dans notre jeunesse, nous les nobles de la Péninsule, que Diantra était un immense joyau.

Je me retrouve en vous, cher Odric, en ce que vous non plus n’êtes pas sans savoir la tristesse de cette ville. L’épée coûte trop cher aux pauvres ; elle effraie nombre de nobliaux dès qu’elle n’est plus exposée dans leurs maîtres-salles…et voilà que nos rues sont gardées par des soudards ramenés de je ne sais quelles provinces du Royaume par le Régent, puissent les Dieux garder son âme en repos. L’heure fatidique arrive, Odric. Ses coups ont déjà sonné et ils retentissent encore, envoyant dans mon dos des frissons que je n’ai jamais connus. Mais qui sommes-nous pour refuser le fait posé devant nous ? Si c’est à des bandits que nous devrons confier la sûreté de nos rues ; qu’il en soit ainsi. J’ai peine à me dire que la soupe les attire plus que l’idée de protéger l’étal du marchand mais enfin…ai-je le choix Odric ? Je vous le demande, ai-je le choix ? Quand bien même j’aurais dans les mains assez de richesses pour racheter notre monde en entier, qu’est-ce que cela changerait si seuls les bandits savent aujourd’hui manier l’épée et inspirer un respect à la plèbe. Vous avez plus d’espoir que moi manifestement et j’ai confiance en vos talents de capitaine comme mon prédécesseur avait confiance en eux.

Que ces jeunes éphèbes que vous vantez soient les preux de demain, qu’ils puissent marcher à votre côté la tête haute et porter leur insigne avec fierté. Que notre garde soit belle, qu’elle inspire le respect à tous et qu’ils cessent de nous importuner, ces va-nu-pieds des rues ! Saisissez-les par le col et ramenez donc à la Justice ceux qu’elle attend de juger depuis des lustres car nos salles sont vides depuis trop longtemps, si longtemps que nos juges en ont les sourcils gris et l’oreille sourde. Je veux que Diantra soit propre, que Diantra soit calme et sûre que mon office croule sous les demandes de grâce. Allons, je parle, je parle mais de tout ça je suis certain que vous ne tiendrez rien. Je sais ce que c’est que d’avoir mille choses en tête et d’entendre un ancien radoter…car je sais bien que je radote. »

La harangue, fut suivie d’un long soupir du Chancelier qui acheva de lui ôter son souffle. Était-ce dans ses yeux de la mélancolie ou une forme d’amertume et de lassitude du temps qui passait ? Presque hagard, Cléophas s’était assis tapotant du doigt un bureau poussiéreux qui se dévoilait sous les parchemins, se ressassant d’un vieux madrigal que l’on chantait par les rues de Merval du temps où il les arpentait encore et qui se finissait en « Tirelure tirelure ! ». Loin, ce temps du pérégrin ; lointaines les ambitions du jeune idéaliste. Cléophas en avait fini avec ces années et Diantra, du haut de sa beauté froide et salie le lui rappelait à chaque seconde. « Tirelure, tirelure » marmonnait le Chancelier dans sa non-barbe, les yeux vides de toute expression. Le nom d’Ascilin résonna dans ses tympans et le fit lever la tête de la profondeur de ses parchemins pour jeter son œil désabusé sur ce jeune et fringant capitaine à qui il répondit avec tout le sérieux de sa fonction.

« De problème…à notre niveau Odric, il n’y a pas de problèmes, seulement des impondérables et des retardements négligeables. S’il pose un problème cet Ascilin, c’est surtout pour la morale. Voyez-vous, ce vieil mage, maître de l’Arcanum du temps où il était encore debout a disparu après l’œil bleu, seulement je doute qu’il soit allé rejoindre notre bon Roy. Or, parce qu’il était à la tête de cette congrégation de prestidigitateurs, notre bonne Régente le juge responsable de cet accident qui n’est imputable qu’à une manœuvre magique des plus maléfiques sinon des plus idiotes ; et en cela, je donne raison à la marquise qui même dans le deuil ne manque pas de bon sens. Quoi qu’il en soit, je ne puis décemment punir tout l’Arcanum pour l’acte d’un seul d’entre eux mais qui suis-je pour choisir de ma main partiale, comme Néera, un innocent parmi ceux-là pour en faire un martyr ? Voilà la délicate situation dans laquelle je me pose : le peuple réclame vengeance pour la mort du Roy, la Régente exige des comptes sur celle de son époux, et je ne puis martyriser un mage au risque de les voir se déchaîner dans un accès de furie. Lorsque le voleur vole, l’on coupait à tort la main mais qu’est responsable cette main, tas d’os et de chair, pour le vol d’une pomme ? Je ne suis pas homme à couper des mains pour m’en faire une tapisserie, non écoutez-moi : dans tous les cas où une responsabilité doit être mise en cause, c’est celle du chef qui l’est. Les couronnes, les insignes, les bâtons ne viennent pas sans prix et ce prix c’est de payer pour la bêtise d’un subordonné. Je dois avouer que dans le cas d’Ascilin, cela pourrait nous arranger qu’il payât en lieu d’un des siens mais je ne puis condamner un fantôme. Le peuple ne se contentera pas d’une effigie pour payer la mort de leur petit Roy et de leur Régent, porteur-de-paix.

Aussi, en plus que d’escorter les mages en dehors de Diantra, je vous charge de rechercher cet Ascilin seulement ayez garde d’user de moyens plus discrets. Dans cette affaire, mon bon Odric, je ne fais pas appel à votre courage ou à votre armure clinquante, mais à votre diligence et à votre discrétion et je gage que les soudards à qui vous donnerez le pain et l’épée nous seront d’une aide providentielle dans cette entreprise. Ne prenez la peine d’en informer le régiment, usez pour cela de manières plus torves et secrètes car notre Ascilin ne doit pas se cacher dans de hautes tours mais bien dans de petits égouts. Ah oui, les égouts, pensez-y de temps en temps ; combien de brigands doivent s’y cacher…Dieux qu’ils me débectent ! »

Il s’était tu sur cette note qui par une étrange façon lui avait redonné sourire et envie de sourire. Le chancelier laissa le jeune capitaine deviser alors qu’ils redescendaient dans la grande salle, où deux couverts avaient été disposés. La maison du Chancelier savait qu’il apprécier goûter en présence de ses invités et il y avait là sur une petite table quantité de mets délicats et sans doute aussi excellents que ne le sont des carottes pour une compagnie de joyeux lapins. Le naliquer avait disparu laissant dans la salle une vapeur haleinant la cerise et les fruits secs qui répondaient peut-être à ceux qui débordaient des bols sur la table. Agitant les mains, tout gourmand qu’il était, le Chancelier se dirigea vers l’autel et remplit sa main d’une poignée de dattes fourrées d’amandes et débordant de miel, les engloutissant comme on en ferait de baies mûres. Acquiesçant ça et là à ce que disait le capitaine, il finit par le couper pour lui proposer quelques de ces délicatesses avec une gentille insistance à laquelle le capitaine, sans doute ne pouvait pas refuser. Rinçant le miel avec une gorgée de vin d’orange Cléophas avait semblément oublié toutes les tracasseries de la ville en-dessous de lui. Les dattes et le baume suffisaient à lui faire oublier le gruau et l’urine des ruelles ; et son humeur aurait pu paraître en cette journée inédite comme aussi vive et changeante que le Tirelure du madrigal. Les lèvres encore sucrées de ce qu’il venait d’avaler, les doigts luisants de miel, Cléophas marmonnait tout en tendant l’oreille à son interlocuteur :

« Tirelure, tirelure ! »

Et de sautiller presque, si son collier d’office ne lui avait pas rappelé quelle était la solennité qui allait à son côté.
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeLun 26 Aoû 2013 - 21:08

L’air sombre, Odric regardait le bureau devant lui, les parchemins reposant tranquillement aux côtés des doigts fins de nobles qui appartenaient à Cléophas. Tous deux savaient que la garde de Diantra était enfermé dans un cercle étrangement plus vicieux que ce qu’il devrait être; Les bandits et coupes-gorges effraient les citoyens, qui ne veulent être associé à ces criminels légaux, les dissuadant de redorer le blason des guardes de la ville. Cela, il n’était qu’évidence et dans les temps qui courent, la fin justifie les moyens. Mais Odric se jura que lorsque la tempête se sera calmé ou aura disparu de la surface de Miradelphia, il se tournerait vers ces gens qui osent souiller ce qui se doit d’être le bouclier des innocents et les punir adéquatement. Trop de gens souffrent à cause des quelques misérables –et par quelques, Odric entend beaucoup- qui abusent de leurs pouvoirs. Et les gens préfèrent régler leurs problèmes par eux-mêmes plutôt que de se tourner vers la garde. Il est temps que cela change. Il est temps que la gloire des gardes brille de nouveau au soleil.
Sans bouger la tête, il répondit à Cléophas, dès que celui-ci lui laissa l’opportunité de parler :


« -Nous n’avons guère le choix, monseigneur. La crise à laquelle nous faisons face ne nous laissera pas de chance; nous avons besoin de toute l’aide
possible. Mais soyez sans craintes; Cette farce n’a que trop duré. Si vous m’en donnez les pouvoirs, je redonnerai à la garde le prestige et la prestance qu’elle se doit d’avoir en tant que protectrice de Diantra. Comme vous le dites. Les coupes gorges et truands seront jugés pour leurs crimes et les justes pourront finalement confier leur sécurité à d’honnêtes guerriers qui n’ont comme objectifs d’un endroit de paix où tous pourront cesser de survivre… et commencer à vivre.

Les elfes seront jaloux de notre sérénité, les nains de nos murs étincellants, tous seront émerveillés par la capitale. Vous dites que dans notre jeune temps, nous étions optimistes et naïfs quant à la pureté de ce royaume. Croyez-moi, je ferai l’impossible pour faire de Diantra le joyau qu’elle mérite d’être, dussé-je éradiquer chaque criminel de ma lame, dussé-je mourir pour protéger le peuple qui l’habite.

Un jour, monseigneur… Un jour, Diantra aveuglera le soleil de sa pureté, et ce jour est proche.
»

Il laissa l’émerveillement et la rêverie d’un tel monde utopique de côté alors que Cléophas lui dicta en détail la mission qui lui était réservé. Aussi « instable »d’émotion et jeune d’esprit que pouvait sembler le Chancelier -pour un âge si peu jeune- à chanter son « tirelure », Odric se devait d’avouer qu’il raisonnait admirablement bien et que sa place était en effet en tant que noble et dirigeant des affaires de la garde. Punir un simple mage ne suffirait pas. Cela se résumerait à briser un os; non seulement cela ne changera rien, mais la situation empirera davantage si l’on s’adonne à l’exécution de simples gens. Il fallait trancher la tête du monstre. Il fallait viser le grand chef.

Or, ce qui était évident le semble moins lorsqu’il est question d’un mage.

Capturer un mage. Odric n’était pas un idiot, mais ce monde ésotérique le dépassait plus qu’il ne pouvait simplement l’imaginer. Il ne pouvait prévoir les actions et pouvoirs d’un simple novice. Comment pourrait-il se mesurer au maître de l’Arcanum? Odric n’avait point peur, mais la capture d’un maître magicien était très loin de la traque commune au bandit des chemins. Il aurait besoin d’assistance, et cela d’un membre de la propre espèce de la proie.


« -La mission est claire, monseigneur : capturer vivant l’intendant de l’Arcanum et le ramener à Diantra où il sera jugé pour l’erreur de ses confrères. Mais j’aurais besoin de l’assistance de plusieurs mages que nous tentons de protéger. Il est peu aisé de chasser un mage, aussi aurai-je besoin d’un des siens pour le retrouver et veiller à ce « qu’aucun mal ne lui soit fait ». J’ose croire que pour le salut de ses collègues, au moins un magicien se montrera à la hauteur de la tâche. »

Il suivit Cléophas, qui semblait étrangement plus heureux qu’il y a quelques instants, hors de cette pièce qui honnêtement l'étouffait davantage que l'armure qu'il arborait. Pourquoi ce soudain changement d'humeur? Peut-être un plan était né dans la tête du noble, peut-être qu’il se sentait simplement plus joyeux que d’habitude. Il était évident et l'on se devait d'admettre que Cléophas était un personnal plutôt vivant pour un noble et Odric avait l’impression qu’il ne pourrait jamais s’y faire. Alors que le Chancelier se dirigea vers un petit autel couvert -oh, surprise!- de nourriture reprit son plan initial :

« -Avec l’aide de magiciens, je pourrai non seulement retracer plus précisément l’apostat, mais je pourrai délimiter l’étendu de ses pouvoirs et agir en conséquence. Du moins, je l’espère. N’empêche, il s’agit d’une aide dont je ne peux me passer. »

Le capitaine savait qu’il n’avait point besoin de convaincre Cléophas et que celui-ci devait probablement prévoir lui laisser carte blanche, mais annoncer les intentions étaient la meilleure façon d’être transparent, chose qu’il ne pouvait s’empêcher de vouloir être. Et à qui cela pouvait-il faire du tort? Ascilin était peut-être un mage, mais Odric doutait qu’il sache lire les pensées à une telle distance -en espérant qu’il ne se trouvait pas dans le château-. Il accepta les dattes que Cléophas lui offrait, plus par désir de ne pas déplaire à son supérieur que par la faim. Il mangeait alors qu’il regardait le Baron, qui semblait plus heureux que quiconque sur terre et semblait presque oublier la précarité de la situation qui se tramait sous ces tonnes de pierres massives qui les séparaient du peuple. Odric n’avait toutefois pas à craindre et à s’inquiéter de ce subit changement d’humeur. Après tout, le Chancelier n’avait pas la malchance de vivre dans les ruelles, celui-ci avait ce château pour flotter au dessus de la corruption qui empoisonne les rues de la cité.

Mais Odric écarta tout cela. Le résumé était fait, l’objectif était clair. Il ne manquait qu’un détail :


« -Savez-vous où se trouve Ascilin, monseigneur? Il est plus que temps de ramener notre intendant au royaume. »
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MessageSujet: Re: En prévision du chaos. [ PV Cléophas ]   En prévision du chaos. [ PV Cléophas ] I_icon_minitimeDim 8 Sep 2013 - 20:33

Elles s’étaient envolées, les quelques secondes frivoles qui avaient porté Cléophas jusqu’aux sommets de la négligence. Désormais, il sentait autour de lui une sorte d’étau se resserrer, percevant à chaque arche une image froide de la Marquise, jugeant de sa face dolente l’action du jeune chancelier. L’heure des madrigaux n’était plus celle-là, elle était passée et reviendrait sans doute, mais son esprit était envahi des images de l’Ascilin rôdant dans quelque cloaque de la basse ville. Peu avant son entrevue avec le capitaine, Cléophas avait reçu de la régente une note lui informant des allées et venues du mage. Le pauvre homme, dans sa déchéance avait troqué le capuchon de soie contre le scapulaire ; son bâton étincelant contre le bourdon ; ses richesses contre la dévotion faussée d’un de ces ordres qui proliféraient en cette période de crise. Dans toute l’agitation qui était venue avec son nouvel office, Cléophas n’avait eu l’occasion de s’entretenir avec le sorcier, ne le croisant qu’une ou deux fois lorsqu’il traversait les cours du château à pas hâtifs : Cléophas, lors, l’avait pris pour un page richement vêtu. Voilà qu’il fallait s’entêter désormais à chercher un enfant parmi la foule des mendiants et des va-nu-pieds qui peuplent les porches et les parvis des temples. Sans cacher sa lassitude, revenue aussitôt que le miel eut lavé ses papilles, il s’adressa brièvement au capitaine ne prenant plus la peine de le regarder dans l’œil ; le sien s’était déjà perdu sur les toits de la cité. Il se demandait dans lequel de ces cloîtres le vil éphèbe pensait échapper à la justice des Dieux.

« Veillez à ce qu’elle ne brille pas trop, mes yeux sont sensibles à la lumière. Mais enfin, vous avez ma confiance. Investissez ce que vous pensez juste dans l’entreprise, la Couronne sera trop heureuse de retrouver l’homme pour se soucier de la dépense. Si vous voulez des mages, prenez. Deux seront suffisants je pense pour raisonner l’homme mais veillez bien à ne pas leur dévoiler le reste de notre volonté : dites-leur simplement que nous avons besoin d’Ascilin pour retrouver le Petit-Roy, lui redonner sa place au Conseil enfin inventez bien quelque chose. Prouvez-moi que vous savez avoir l’esprit créatif. D’ailleurs, à cet effet je vais vous écrire une petite note, l’Arcanum me connait et il sait que j’œuvre à son bien, s’ils savent que vous venez selon mon ordre, ils ne s’opposeront pas à ce que vous exécutiez votre tâche. Veillez à les traiter avec respect, ce ne sont pas tous des assassins. »

Le chancelier alla se saisir d’un bout de parchemin et d’une plume et vivement y griffonna quelques mots avant de sceller le papier de sa pourpre. Une fois que le griffon eut figé, Cléophas remit la note au capitaine. On pouvait y lire, derrière l’écriture illisible :

« Nous Cléophas d’Angleroy, Seigneur Justiciaire de Diantra &c. donnons mandement à cet homme de retrouver l’ancien maître de l’Arcanum, à fins diverses. Prions que vous l’aidiez dans sa tâche et ne manifestiez d’opposition. Nous lui donnons aussi mandement de vous escorter hors-les-murs à fin de vous mener en lieu sûr où vous pourrez pratiquer votre art sans crainte de représailles. Ci-fait en la Grand-Chancellerie de Diantra. »

Alors qu’il s’apprêtait à congédier le jeune homme, qui sur ses pénates de métal paraissait tout entier regaillardi de sa mission prochaine, Cléophas s’arrêta et tira d’un des replis de son étoffe une petite broche en forme de vouivre et taillée dans la citrine. D’un geste presque étudié, il la déposa dans la main d’Odric qui, avait montré sur son visage comme une espèce d’incompréhension qui poussa le chancelier à s’expliquer sur la raison du présent.

« Lorsque vous mènerez les prestidigitateurs hors des murs, vous y trouverez un homme d’une livrée neutre. Il est l’un des miens et ne vous connaît pas. Remettez-lui simplement la broche, il entendra de quoi il s’agit. Ah, au sujet de l’Ascilin, cherchez du côté des illuminés de Mercatouille, ce serait parmi ceux-là qu’il aurait trouvé refuge…si l’on peut parler de refuge. Allez mon brave, que la bonne Justice guide vos pas et me ramène au plus vite ce tueur-de-rois. Que tout ça soit enfin derrière nous. »

Cléophas aimait laisser les choses et les personnes derrière lui, figures du passé qu’il préférait voir se noyer dans le brouillard. Chose qui serait bientôt faite, l’espérait-il, alors que l’Odric salua et s’en allait par la grande porte des appartements. Une fois que sa silhouette eut disparu et que le bruit de ses pas s’était mué en un écho presque inaudible, le chancelier s’autorisa à s’affaler dans un fauteuil et de laisser s’échapper un long soupir. La journée était passée rapidement, à parler et manger et cheminer toujours parmi les voûtes et les colonnades de la Chancellerie, cette tour rougeâtre rongée par la vigne qui en cette journée d’automne se teintait du même ocre. Dans l’auréole immense du Soleil, le Chancelier percevait les nuées de volatils qui tournoyaient au-dessus des cheminées et des gibets là où les traîtres étaient suppliciés devant la foule avide de cris. Les vautours, noirauds et déformés se perchaient sur les échauguettes et les étages en porte-à-faux des hospices qui bordaient ces places vides de tout, leurs pavés encore maculés de vieux sang. Il eut à ce moment la vision de l’Ascilin traîné dans la foule, s’agrippant à son masque de repentir comme s’il y allait de sa vie. Dans les rêves du Chancelier, on tendait déjà les cordes, on excitait les montures, on chauffait les tenailles. Dans ses rêves, l’odeur du soufre chaud et du plomb fondu couvrait celle du foin et des fruits trop mûrs. Quand dans son songe il entendit le cri du mage déchirer les nuées dans lesquelles il avait envoyé le Petit Roy, Cléophas sut que la nuit allait être bonne. Et de bon conseil.
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