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 Eveil [Clos]

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May'Inil Baenrahel
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May'Inil Baenrahel


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MessageSujet: Eveil [Clos]   Eveil [Clos] I_icon_minitimeSam 5 Oct 2013 - 17:19

1° ennéade de Verimios, 7° année du 11° cycle


L'après-midi était lourde à Sol'Dorn. Loin des embruns frais de l'océan, le climat devenait toujours plus chaud et la ville libre des drows était le plus souvent écrasée par la chaleur, malgré ses venelles ombrées et les multiples tentures destinés à protéger les passants des rayons ardents de l'astre. Passants rares à ces heures de la journée, la plupart préféraient sortir dans la soirée, lorsque la fraîcheur revenait. Seuls quelques mendiants dormaient à même le sol, et l'on voyait parfois des esclaves qui s'affairaient à quelque tâche que leur avait confié leur maître. Parmi ceux qui pouvaient se permettre quelques heures d'oisiveté, le repos était de mise, qu'ils soient calfeutrés dans l'ombre d'une chambre ou allongés à l'extérieur, à profiter de la chaleur comme les reptiles qui abondaient dans les terres alentours.
May'Inil, malgré tout l'amour qu'elle portait à sa région, préférait de loin le cocon frais que constituait sa chambre, là où elle pouvait se retirer en toute tranquillité, assurée qu'elle était de son intimité et de sa sécurité. Après avoir refermé la porte, non sans avoir transmis quelques consignes à l'intendant du manoir, elle se dirigea vers son lit. Elle défit les lacets de sa robe, qui glissa doucement sur son corps pour retomber au sol. Elle s'en débarrassa définitivement de quelques mouvements de jambes. Elle finit de se dévêtir et de se débarrasser de ses bijoux, avant de se laisser choir au milieu de ses draps. Le contact délicat du tissu lui tira un soupir de plaisir et elle se laissa bientôt aller au sommeil et à ses songes.

Seul le souffle régulier de la prêtresse animait la chambre, dont le silence était parfois briser par le bruit d'un animal de trait ou d'un oiseau de proie en pleine chasse dans le lointain. L'air était frais, mais si immobile qu'il en semblait lourd. Et puis, comme une discrète mélodie qui se dessinait en arrière-plan. C'était si léger que l'on aurait pus se demander si l'imagination seule n'était pas en cause, mais c'était bien là, ténu mais présent, si faible que l'on ne distinguait plus que ça, tous sens aux aguets pour vainement en déterminer la source. C'était une mélodie qui vous rentrait dans le crâne, un air entêtant que l'on ne pouvait oublier, presque hypnotique. Si l'on y faisait pas attention, l'on se mettait à le fredonner sans même s'en rendre compte. Il y avait quelque chose d'étrange, comme hors monde, dans le pincement des cordes et la voix cristalline que l'on distinguait. C'était comme un son impossible à obtenir mais que l'on connaissait quand même.
Puis la brume apparut doucement. Quoique brume était un mot bien mal approprié pour décrire ce que l'on pouvait apercevoir. Il ne s'agissait même pas d'une ombre, c'était encore moins que cela. Cela ressemblait davantage à une toile d'araignée qui aurait été gagné d'une vie propre. Si légère que le moindre souffle pouvait la briser, si volatile que l'on pouvait à peine la voir. Elle glissait à travers la pièce, glissant le long des tentures, frémissant dans la moindre brise qui se glissait entre les épaisses tentures. Doucement, elle dépassa le bord du lit et couva la prêtresse endormit. Elle se déposa sur son corps nus, recouvrant sa peau de ses fils immatériels, puis se fondit en elle. Alors le corps s'enfonça un peu plus dans le matelas, comme soudainement plus lourd, et cessa totalement de bouger. Même sa poitrine auparavant soulevé par sa respiration apaisée s'était stoppée.
Quant à la musique, elle s'était tue, disparaissant aussi imperceptiblement qu'elle était apparue.

May'Inil ouvrit les yeux. Ou plus précisément, sa vision apparut soudainement. Elle n'eut ni l'impression d'ouvrir ses yeux ni même de se réveiller. Elle était là, et n'avait jamais l'impression d'y être arrivée d'une manière ou d'une autre. Elle inspira et l'air emplis ses poumons, chargé d'odeurs fruités, sucrées, presque écœurantes. Elle remua doucement ses orteils, palpant l'herbe épaisse, à la couleur trop verte pour lui sembler normale. Elle était douce et humide de rosée, presque collante. May'Inil baissa la tête regarder son corps, nus et frémissant sous la délicate brise qui venait chatouiller sa peau. Puis elle inspecta les alentours.
Elle se trouvait au beau milieu d'une forêt d'arbres verdoyants aux branches chargés de fruits appétissants qui poussaient respectueusement à quelques mètres les uns des autres. Le sol n'était pas recouverts de l'habituel tapis de feuilles mortes et de racines, mais d'un épais manteau d'herbe. Les bruits des oiseaux étaient l'élément le plus étrange de cette scène irréelle, parfaitement synchronisés à quelques chef d'orchestre invisible, pas un piaillement plus haut que l'autre, pas un oiseau qui ne soit pas à sa place dans cette mélodie. Et jamais on ne les observait autrement que par leur chant. Pas moyen de les voir à travers l'épaisseur de feuillage d'un vert éclatant, pas un bruit d'aile ou de pattes sur le bois. Et pourtant les sons semblaient toujours égaux. L'atmosphère en devenait oppressante.
Finalement May'Inil se décida à quitter sa position. Elle ne voyait rien qui ne puisse la guider, mais elle ne pouvait plus supporter de rester là à attendre ce qui peut-être ne viendrait jamais. Le bruit des brins d'herbe froissés sous ses pieds lui semblèrent aussi dissonant qu'une vitre fracassé et alors qu'elle jetait un coup d’œil derrière elle, elle put discerner facilement ses traces dans l'herbe, les brins d'herbe écrasés dessinant de nettes empreintes de pas. De plus en plus mal à l'aise, elle continua néanmoins sa route pendant ce qui lui sembla être des heures entières. Le paysage ne changeait jamais, toujours identique et aussi idyllique. Lorsque, tenaillée par la faim, elle voulut attraper l'un des fruits juteux qui pendait des branches, elle s'aperçut qu'elle était bien trop petit et que ses doigts ne faisaient qu'effleurer la peau douce et distendue du fruit convoité. Et pourtant tous les autres à proximité semblait pendre si près du sol qu'un enfant aurait pus les attraper. Elle se déplaça alors vers un autre mais lorsqu'elle tendit le bras elle se retrouva de nouveau juste un peu trop courte. Elle décida donc de reprendre son chemin, toujours dans la même direction, de plus en plus au désespoir d'apercevoir quelque chose de nouveau qui viendrait briser la monotonie qui l'entourait. Finalement, à quelques mètres devant elle elle aperçut ce qui semblait une petite clairière. Elle s'y précipita presque pour finalement se stopper brutalement en y entrant. Au centre de celle-ci, deux traces de pas bien nettes indiquait que quelqu'un s'était trouvé debout, bien les empreintes se mettaient en marche pour s'enfoncer à travers la forêt, dans la direction opposée à celle dont venait May'Inil. Elle n'eut pas besoin de plus pour deviner, mais voulut quand même vérifier. Lorsqu'elle posa son pied dans l'une des empreintes, celui-ci s'y logea si parfaitement que l'on aurait dit l'herbe sculptée autour de lui. Elle tomba à genoux et attendit.

Doucement, le chant des oiseaux se tut et fut remplacé par une mélodie entraînante. Une mélodie comme seuls des instruments savent en jouer. May'Inil se redressa aussitôt et scruta les alentours à la recherche de l'origine du son. Lorsqu'elle crut la percevoir, elle se dépêcha de s'y diriger, ne se contentant pus de marcher pour courir à la poursuite des musiciens invisibles. Elle ne vit pas venir la première racine et s'étala de tout son long  sur la terre. Elle fut considérablement surprise de ce changement mais la musique commençait à s'éloigner et elle se dépêcha de se relever pour les poursuivre encore. Elle évita une nouvelle racine traîtresse, pesta lorsqu'elle se coupa le pied sur une pierre qui dépassait du sol.
Et soudainement, alors qu'elle entendait distinctement la source se rapproché, celle-ci sembla soudainement venir de sa droite et s'éloigner. La prêtresse se stoppa net, ne sachant que faire devant cette aberration des sens. Mais puisque les musiciens s'éloignaient encore, elle se remit à les poursuivre, plus lentement, comme prudente. Alors qu'elle s'attendait à être semée, la musique continua de flotter doucement dans l'air, comme si l'on ne voulait pas la perdre. Pensant tenir là l'occasion de rattraper ceux qu'elle cherchait, elle se jeta à travers un buisson qui semblait le dernier obstacle. Elle fut griffé à de multiples reprises par les branches et les épines, puis émergea soudainement de l'autre côté du buisson. Rien, il n'y avait rien.
A la place, la musique semblait venir de plusieurs mètres à sa gauche. Elle s'élança de nouveau. Pendant de longues minutes elle courut à en perdre haleine, mais chaque fois les musiciens semblaient se dérober, passant tour à tour à sa droite, à sa gauche, dans son dos même parfois. Finalement elle se laissa tomber au pied d'un arbre, alors que la mélodie semblait plus calme, comme pour l'inviter à se reposer. May'Inil détailla la forêt autour d'elle. Ils étaient loin les vergers verdoyants. Les arbres étaient tordus et semblaient malades, la terre nue laissaient apparaître des pierres et des racines traîtresses. Des buissons épineux dessinaient de complexes fourrés et le feuillage qui tirait sur le gris était clairsemé. Et pourtant une inexplicable noirceur envahissait les lieux. Finalement elle aperçut une grappe de fruits rouges, seule touche de couleur. Les baies étaient juteuses, bien rondes et éclatantes. Sa faim se rappela à elle, et elle attrapa l'un des fruits, sans difficulté cette fois, le mit en bouche et l'écrasa contre son palais d'un coup de langue. Elle recracha aussitôt le tout. Le goût était immonde, aigre et acide, immangeable. Elle voulut continuer à se reposer mais irrésistiblement son regard revenait sur les baies appétissantes. Et son estomac hurlait famine.
Elle décida de se relever et de se remettre à pourchasser la musique, en marchant cette fois. Mais alors qu'elle ne les avait jamais aperçus auparavant, il lui semblait que désormais les baies rouges étaient partout. Et son ventre devenait de plus en plus douloureux. Elle essaya de résister un temps, puis céda et attrapa une poignée de fruit qu'elle avala presque sans les mâcher. C'était encore pire, si acide qu'elle en avait des aigreurs d'estomac. Mais cela calmait sa faim, tant et si bien qu'elle se gava de fruit jusqu'à ne plus pouvoir en avaler un seul. Elle en avait mal au ventre, le goût lui restait en bouche et refusait de partir, se rappelant à elle chaque fois qu'elle s'humectait les lèvres, mais malgré cela elle ne pouvait s'empêcher de retirer une certaine satisfaction de son repas. Elle se remit donc à suivre la musique qui l'invitait. Le petit jeu de cache-cache dura encore longtemps, obligeant May'Inil a faire des tours et détours, repassant parfois à des endroits qu'elle se souvenait avoir clairement déjà vus, notamment celui où elle avait goûtés les baies pour la première fois. Le goût lui était devenus habituel et elle en reprit quelques unes au passage, regrettant aussitôt son geste lorsqu'elle avala les fruits. Il lui fallut plusieurs minutes pour se rendre finalement compte qu'elle se rapprochait enfin de la source de la musique. Celle-ci gagnait en intensité et en volume, se faisant de plus en plus entraînante alors qu'elle mettait un pas devant l'autre. Et finalement elle arriva à un rideau de lianes. La musique venait de derrière, elle en était certaine. Tout en s'attendant à ne trouver que le vide et à devoir de nouveau courir des heures, elle écarta d'une main le rideau et le franchit.

Elle se retrouva dans une clairière, qui lui sembla aussitôt délicieusement réelle et banale comparée à ce qu'elle avait traversé depuis son ''apparition''. Le sol était irrégulier, l'herbe passant par toutes les nuances de verts semblait s'être accumulé par endroit et avoir déserté d'autre au hasard et l'on pouvait y voir pousser toutes sortes de plantes et de fleurs  variées. Au-delà des limites de la trouée, la forêt était constituée d'arbres tous différents et leur sous-bois étaient envahis de fougère et de buissons, tandis qu'une épaisse couche d'humus recouvrait le sol. Dans les frondaisons, on pouvait entendre les animaux qui s'agitaient dans un joyeux chaos, le piaillement parfois dissonant des oiseaux, leur battements d'aile ou bien encore le déplacement de quelque rongeur que l'on n'apercevait pas.
Et puis il y avait les ombres. Il était difficile de plus les décrire, tant elles semblaient en constant mouvement. Parfois l’œil de la prêtresse semblait y déceler une forme, un objet, une créature, mais tout cela disparaissait aussitôt pour n'être rien de plus qu'un peu d'ombre. Mais elle se sentait épiée. Parfois il lui semblait entendre de petits gloussements, ou quelques paroles chuchotées entre les troncs, mais jamais elle n'y apercevait personne. Et les musiciens, dont les accords retentissaient toujours dans l'air ambiant, n'était pas devenus plus visibles. Elle avait l'impression qu'ils s'était séparés et qu'ils allaient au hasard, autour d'elle, le son de leurs accords diminuant ou s'intensifiant suivant leurs déplacements.

-Tu as été plutôt rapide à me trouver.

Cela avait été lancé sur un ton égal, mais d'une voix suave, où palpitait une sourde puissance. Une voix que l'on pressentait capable de bien plus que de simplement former des mots. Elle vibrait d'une puissance et d'une magie incompréhensible, qui poussait chaque parole à devenir vérité, et ces quelques mots firent de ce qui semblait auparavant des heures de course effrénée seulement un vague souvenir de quelques minutes.
May'Inil chercha du regard l'origine de cette voix, jusqu'à la trouver. C'était un humanoïde allongé contre un rocher. Elle aurait juré qu'il n'était pas là à son entrée dans la clairière, mais affalé comme il l'était il semblait difficile à croire qu'il venait d'arriver. Il tenait entre ses mains un cistre orné d'une gueule de dragon qu'elle était certaine d'avoir déjà vus. Il lui valus plusieurs secondes de contemplation pour remarquer que le mouvements des doigts sur les cordes de l'instrument correspondait parfaitement à la mélodie dans les airs. Et pourtant aucun son ne semblait animer les cordes, pas plus qu'elles n'auraient dus pouvoir produire la moitié des accords qu'elle percevait.
Et alors qu'elle détaillait le personnage, son corps allongé et délié, son visage étroit et si particulier reflétant une nature hybride, ses yeux dorés piquetés d'éclats de rubis, elle le reconnut.

-Elystrel ?
-Oh, vraiment ?

Elle s'en voulut d'avoir prononcé ce mot tandis que l'inconnu se relevait. Car ce n'était pas Elystrel, bien qu'il en possédât manifestement l'apparence. Si suave et puissante fut la voix du barde, elle n'égalait en rien celle qui résonnait dans cette forêt à l'heure actuelle. Elle n'avait jamais connus une voix capable de faire passer tant de savoir et de pouvoir en quelques mots. Et puis il y avait les pupilles. Elles n'étaient pas noires comme celles de tout être, mais blanche, d'un blanc immaculé. Elles semblaient telles deux fentes ouvertes sur un autre monde, sur un autre temps, et lorsque l'on se plongeait dedans l'on pouvait y voir les possibles, sans jamais toutefois pouvoir en garder souvenir.

-Je suis plutôt surpris, la plupart ont vus leur parent, leur premier amour ou ennemi. Quand ce n'était pas tout cela à la fois.
-Qui êtes-vous ?
-Excellente question, mais peut-être devrait-tu d'abord te demander qui tu es ?
-Je suis May'Inil de la maison Baenrahel...
-Je n'ai jamais dis que ça m'intéressait, j'ai dis que ça devrait t'intéresser.

Il marchait, l'air de rien, tenant d'une main le cistre dont les cordes continuaient de frémir tandis que la mélodie restait présente dans l'air. Elle voyait désormais plus distinctement les formes en lisière de la forêt, les ombres se dessinaient plus précisément, parfois semblables à des mortels, d'autre fois si éloignées qu'elle ne savait trop quelle bête pouvait laissé une telle marque. Elle murmura comme pour elle-même, mais le son qui franchit ses lèvres lui sembla bien trop fort.

-Cet endroit ne peut exister.
-Tu pense qu'il ne peut exister, mais cela veut-il dire qu'il n'existe pas ? Interrogea l'imitation d'Elystrel en se retournant.
-Je me suis endormie, et c'est un rêve, essaya-t-elle de se convaincre elle-même.
-Théorie intéressante, mais si c'est un rêve nous sommes dans ton esprit, et je suis donc une création de ton esprit. Tu dois avoir un esprit bien torturé pour laisser une de tes parties -moi en l'occurrence- dominer l'autre ainsi.

Aussitôt dit qu'une ronce perça la terre pour s'enrouler autour du corps de May'Inil, sans qu'aucune épine ne perce sa peau mais si près qu'elle ne pouvait plus bouger sans se faire lacérer de toutes parts. Elle étouffa un cri de surprise, et il lui sembla que les rires qu'elle entendait dans la forêt s'étaient fait plus présents.

-Libérez-moi !
-Moi ? Mais il me semblait que nous étions dans ton esprit, c'est toi même qui t'emprisonne, comme toujours avec vous, les êtres mortels, même si habituellement vos liens sont moins... tangibles il est vrai. Mais soit je consent à accéder à ta requête

Les ronces se mirent alors à s'agiter follement et libérèrent May'Inil qui se jeta hors des plantes, non sans récolter une profonde plaie sur la jambe. Elle se laissa atterrir dans l'herbe et contempla les tiges qui s'agitaient encore tandis que de multiples roses éclataient à leur surface, aux pétales d'un rouge profond et éclatant. Finalement tout ceci ne fut plus qu'un rosier sauvage en quelques minutes, d'une beauté à couper le souffle, non sans que l’œil exercé ne repère les épines acérées sous les feuilles.
L'étrange s'approcha de la nouvelle plante et cueillit l'une des fleurs avant de la porter à son nez.

-Ah, le rouge, couleur de la passion. Et aussi du sang, ne l'oublions pas.
-D'accord, je ne rêve pas. Mais alors qui êtes-vous ? Demanda May'Inil en se relevant.
-Nous sommes peut-être dans ta tête et peut-être est-ce un rêve. Mais je me suis invité. Et il va falloir t'y faire, parce que je me plais bien ainsi, tu es aussi intéressante que je l'avais présagé. Ce qui n'a rien d'étonnant, je suis celui qui lit l'avenir après tout.

May'Inil fronça un instant les sourcils avant de comprendre ce qu'il voulait dire, tandis que l'évidence la frappait comme un poing. Elle le fixa d'un regard incrédule, tandis que sa bouche légèrement béante cherchait quelque mots à prononcer mais n'en trouvait pas sous le coup de la surprise. Finalement, elle osa demander ce qui lui brûlait les lèvres.

-Arcamenel ? Il sourit de toutes ses dents.
-C'est comme ça que vous m'appelez, parmi tant d'autre surnom.
-Mais... comment...
-Les questions viendront bien assez tôt, pour l'heure contente-toi de mettre un nom sur ma voix, car bientôt elle deviendra ta seule réalité. Mais, savoure plutôt le présent que j'ai décidé de te faire. Pour toi, comme je l'ai fais pour quelques rares élus, je vais me révéler.

Il s'éloigna de quelques pas, un sourire en coin plaqué sur son visage séduisant. May'Inil n'osa pas bouger, pas même se redresser. Il écarta les bras et prononça quelques paroles dont elle ne comprit le sens ni même la sonorité. Et l'illusion tomba. L'espace d'un bref instant, elle le vit et le comprit. Il était beau mais aussi terrible. Il ne se limitait pas à une quelconque apparence physique, c'était comme si sa nature profonde lui était révélé. Puis une infime fraction de temps après, tout ceci disparut, et ne perdura que le vague souvenir d'une vérité trop grande pour son esprit. Quelque chose qui transcendait la compréhension des mortels, mais qui pourtant, inlassablement, les attirait dans une quête sans fin.
Et May'Inil plongea dans le noir et le silence.

Elle se redressa soudainement, haletante et en sueur. Elle sentait ses draps sous elle et l'odeur de l'encens qu'elle se plaisait à allumer dans sa chambre. Mais elle avait dus dormir longtemps puisqu'elle n'arrivait même pas à distinguer les limites de son lit dans la pénombre de la pièce. Elle se glissa hors de celui-ci et posa ses pieds sur le sol. Doucement et tâtonnant devant elle de ses mains pour ne pas percuter les œuvres d'art et meubles qu'elle possédait, elle se dirigea vers l'une des fenêtres de la chambre. Elle ne la trouva que grâce aux épaisses tentures qui la masquait. Déjà ce détail l'intrigua, une esclave aurait dus venir les tirer pour laisser la chambre profiter de la fraîcheur nocturne. Elle écarta soudainement les tentures, pour que la clarté de la lune lui permette de voir. Cela ne changea rien. A la place, elle sentit distinctement la chaleur gagner son visage et sa peau nue. Elle cligna plusieurs fois des yeux. Mais rien n'y fit. Elle percevait la chaleur du soleil, elle entendait les bruits de la ville en bas de sa fenêtre, elle sentait l'odeur des épices que l'on vendait sur les marchés. Mais pas la moindre lumière ne venait, elle restait plongée dans le noir, un noir plus intense que tout ce qu'elle avait jamais pus voir ou imaginer. Une douloureuse compréhension saisit son esprit, et quelques larmes perlèrent au coin de ses yeux tandis qu'elle s'effondrait à genou. Et il lui sembla entendre un rire, chantant et moqueur, qui s'évanouissait doucement dans le lointain.
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Eveil [Clos]
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