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 L'éveil du crépuscule [Libre]

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Tanäel
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MessageSujet: L'éveil du crépuscule [Libre]   L'éveil du crépuscule [Libre] I_icon_minitimeVen 16 Mar 2018 - 22:59


Réveille-toi.

Ses yeux s’ouvrirent. La noirceur s’évaporait, les bâillements n’étaient plus que des murmures. Un long rêve douloureux, un cauchemar paisible? Sa pensée goûtait aux arômes sucrés des saveurs auxquelles son isolement s’était longtemps refusé. Ses pieds foulaient la terre moite, l’humidité chaude et familière enveloppait ses orteils chatouillés par les premiers souffles de la forêt qui s’éveillait. L’aurore enveloppait la clairière de sa lumière rose; les premières lueurs éclairaient la reviviscence d’un sommeil engourdi, d’une conscience qui, trop longtemps, sillonnait l’orée des images sans jamais s’y engouffrer, enfouie dans un mutisme confortable.

Ta vision t’appartient; plonge dans le déferlement du tumulte, flotte dans la dérive; plus seulement comme témoin du torrent, mais en tant que chorégraphe du maelström.

Elle devait suivre les flux, se laisser guider par la main des arcanes qui caressait son esprit. Les réponses ne l’intéressaient plus, les réponses n’avaient jamais existé. Elle s’était égarée dans la candeur de ses recherches, dans l’impression de pouvoir matérialiser ce qui n’existait pas.

Les vérités m’appartiennent, l’organisation retrouve son sens dans sa propre confusion. Pas de maître, pas de moule. Je déchire la fiction pour briser mes chaînes sur le trône des dogmes, pour embrasser les chimères qui hantent mon esprit. Les illusions se stabilisent en même temps que s’évincent les convictions; un aperçu du désordre figé, avant de disparaître dans son tourbillon volatil.

Ses pas ne laissaient aucune empreinte; l’origine du pèlerinage n’avait plus d’importance, tout comme la destination. Pourtant, la piste semblait tracée pour converger dans une intention particulière; il suffisait de l’emprunter, de se laisser happer vers les énergies accumulées qui se rassemblaient dans un lieu éloigné, un lieu qu’elle voulait rejoindre. Alors elle marchait, elle suivait ces marques, elle glissait vers l’effervescence d’une activité lointaine qui, chaque jour, se rapprochait, toujours plus proche.

Dans quel but?

Toujours ces mêmes doutes. Pourquoi donner tant d’importance? Le but n’existait pas, le but changeait sa forme aqueuse selon le récipient qui le contenait. Un moment il se déversait dans les coulisses d’un rêve fissuré, l’instant d’après il s’évaporait vers une nouvelle fantaisie; pourtant jamais il ne se cristallisait; aucune consistance, aucune matière à saisir, les doigts effleuraient la fumée sans pouvoir l’agripper. Elle ne pouvait plus se le permettre.

Alors elle marchait, elle continuait, elle se rapprochait.

Méfie-toi du silence.

La forêt sombrait dans un étouffement inhabituel. Le silence pouvait paraître paisible, et pourtant, sous le couvert des branches de jade, le joyau perdait son éclat habituel. Les feuilles gémissaient sous le poids de ses pieds, mais la vie semblait s’abriter aux regards comme aux oreilles, ne laissant qu’une épaisse torpeur.

Elle se rapprochait.

Sous le couvert d’un cèdre aux aiguilles nombreuses, couché sur un lit herbacé de fougères, une forme sombre paralysée dans un sommeil tranquille. Elle s’avança. Une peau de suie, immobile, deux incisions d’où tombait une traînée froide et sèche. Elle appliqua sa langue contre la plaie. Mort depuis longtemps. Ses traits s'étirèrent; elle réalisa qu’un sourire pliait ses lèvres.

Le premier visage que je rencontre, après tout ce temps, après tous ces lieux, est celui d’un cadavre?

Pas n’importe lequel, en plus, mais celui d’un Daedhel.

Devrais-je avoir peur?

Une brûlure pratiquement éteinte voulait s’embraser; une haine lointaine, ancestrale, inexplicable; une haine qui avait consumé des souvenirs d’origine incertaine, qu’elle avait oubliée depuis longtemps. Une peur sans fondement, sans emprise. Non, les flammes de son passé s’étaient ternies depuis longtemps, ne laissant plus qu’une curiosité anodine. Elle observa le cadavre. Elle ne ressentait rien, ni dégoût, ni joie.

Qui suis-je?

Tanäel. Un seul nom. Le reste n’avait plus d’importance, n’en avait jamais eu.

Tu oublies si vite. Méfie-toi du silence.

La forêt était toujours aussi silencieuse. Elle se releva. Les courants imperceptibles semblaient s’épaissir, elle le ressentait. Elle n’était plus seule.


Dernière édition par Tanäel le Lun 19 Mar 2018 - 15:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'éveil du crépuscule [Libre]   L'éveil du crépuscule [Libre] I_icon_minitimeDim 18 Mar 2018 - 21:12


Arkuisa de la 8e ennéade de Bàrkios
Dixième année du Onzième Cycle





- Ralentissez, je retourne en arrière. Les yeux de la chasseresse cueillent et éteignent toute trace de contestation dans ceux de ses équipiers Ioriston, tu me couvres.

Ils avaient pris de l’avance, couvert plus de terrain qu’ils n’était prévu pour le groupe de faire en si peu de temps, mais que voulez-vous, ils étaient l’élite des chasseurs de leurs clans respectifs. De fines lames et de cinglantes flèches. Ils avaient l’oreille acérée, la pensée rapide, l’œil perçant et le nez aiguisé. Ils savaient mieux que n’importe qui d’autre se repérer sous les frondaisons de la forêt d’Anaëh, même dans des lieux aussi méconnus que les bois clairsemés de l’Annon. Les chasseurs ne sont pas que des traqueurs et des combattants, ils sont aussi des cartographes et des naturalistes. Ils savent le fonctionnement de leur forêt. Ils savent comment évolue le sol, quels sont les différents types de terre et de roche se succédant sous leurs pieds. Ils savent comment poussent les racines des arbres selon la direction et l’abondance d’eau, de nutriment, et la qualité de la terre. Ils devinent à peu de choses près la forme que peut prendre la forêt là-bas à l’horizon, et comme si tout cela ne suffisait pas, ils ont l’Ouïe. L’Ouïe faisant d’eux une part intégrante de ce macrocosme, une pensée dans l’unique esprit de l’Anaëh.

- Tu penses qu’il y en a d’autres ?
- Non, pas par ici.
- Pourquoi revenir en arrière alors ?
- Un pressentiment.

Un pressentiment comme elle en avait bien souvent, et comme on ne lui contrariait que bien rarement.

Les narines de la chasseresse se dilatent alors qu’elle hume l’air. L’odeur de la terre glaise ; l’odeur des feuilles mortes ; l’odeur des premier fruits d’été ; l’odeur du musc ; l’odeur du lac Uraal proche ; l’odeur de la chair froide ; l’odeur de la peau elfique. Les groupes suivants ne devraient pas atteindre ce point de passage avant une bonne ennéade, peut-être un peu plus ? Quel elfe alors pouvait se trouver ici ? Quel elfe alors aurait pu échapper à la battue ?

- Une elfe. Seule.
- Tu penses qu’elle vient du Sud ?
- Certainement, on ne l’aurait pas raté sinon.
- Tu penses qu’elle a croisé des Sombres sur son chemin ?
- Demande-lui toi-même.

Ioriston fut le premier à s’approcher de l’esseulée.

- Sœur, tu devrais te méfier de cet endroit, les premiers échos de la chasse doivent déjà être arrivés aux oreilles des peaux-de-suie. Le regard du jeune homme se perdit un instant dans l’étrange expression de la demoiselle Tu devrais nous suivre, ce serait plus prud..
- Est-ce que tu as vu quoi que ce soit de suspect au Sud ?

Si lui se voulait attentionné, Vessëlin elle considérait tout elfe ayant mis les pieds sur ces terres comme des alliés de plus dans leur mission. La solitaire se trouvait sur le terrain des chasseurs, alors qu’elle se comporte elle aussi en chasseresse.
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MessageSujet: Re: L'éveil du crépuscule [Libre]   L'éveil du crépuscule [Libre] I_icon_minitimeLun 19 Mar 2018 - 15:33


Deux faons éloignés de leur harde, gambadant et bramant à l’unisson, mais rien de particulier ne se dégagent d’eux. Ta lame semble s’émousser. Peut-être que ce n’était pas une si bonne idée, après tout. Es-tu vraiment prête?

Elle haussa les épaules.

Mes yeux ont profité assez longtemps de la pénombre.

Et pourtant, une envie irrésistible de s’enfuir la traversait, de courir pour éviter leurs regards, de se cacher, n’importe où, le plus loin possible; et pourtant, ses jambes ne bougeaient pas, elle restait figée devant eux; une veule statuette ornée par le doute et couronnée d’obnubilation, prête à s’effondrer au moindre contact.

Ils approchaient.

Mais elle n’était pas préparée. Elle remarqua sa main qui tremblotait. Elle ferma les yeux. Non. Rien. Elle ne pouvait rien discerner dans l’obscurité, le brouillard était trop dense, ses idées trop confuses; sa concentration vacillait sous le souffle de l’agitation. Les fils de son esprit se tortillaient sans qu’elle puisse les saisir, sans qu’elle puisse les diriger.

Ressaisis-toi. Le chasseur qui patiente trop longtemps risque de voir sa proie filer entre les doigts de sa velléité.

Le sang de Kyrïa coulait dans leurs veines. Son sang.

Mon frère, ma sœur?

Comment devait-elle réagir? Des émotions contradictoires s’emparaient d’elle : devait-elle se jeter sur eux, les caresser de baisers? Devait-elle se sauver de ces deux visages inconnus? De ces deux visages dangereux?

Dois-je pleurer? Fuir? Dois-je rire?

Le flot des années s’engouffrait dans son être; la solitude avait longtemps dirigé ces courants pour les détourner, pour les laisser s’égoutter; le temps était venu de s’immerger dans le brasier pour en réchauffer les eaux; elle pouvait enfin briser la cloison et galoper vers les sols étrangers que, trop souvent, elle avait aperçu sans pouvoir s’en approcher.

Méfie-toi surtout.


Oui, elle devait se méfier. La prudence, toujours, dans chacun de ses mouvements, dans chacune de ses pensées. Elle détendit ses muscles, elle laissa sa respiration relâcher les nœuds qui parsemaient son corps. Son univers lui appartenait, il ne lui restait qu’à le saisir.

L’homme fut le premier à parler, la femme le coupa.

Elle prit une grande inspiration.

« Tanäel. » Le son de sa propre voix la surprit. Puis, sentant que ce ne serait pas assez : « Je suis la fille du crépuscule. »

Elle sourit. Malgré son cœur qui se débattait dans sa poitrine, une immense joie l’envahissait en admirant leurs beaux visages. Cela faisait si longtemps.

« Les murs de l’enceinte sont érigés pour bloquer nos regards, il faut apprendre à les grimper pour contempler ce qui se cache derrière. » Le barrage avait cédé, le flot des mots se déversait. Elle passa une main dans ses cheveux. « Il m’arrive parfois de me perdre dans le dédale, de ne plus distinguer le Nord du Sud, de m’égarer sur mon chemin. »

Elle réfléchit un moment à ses paroles.

« Mais vous, qu’est-ce qui dirige vos pas? » Une idée lui traversa l’esprit. « Je peux vous aider à mieux en distinguer les contours. »

Elle fouilla dans son sac et sortit un poignard d’os, une de ses seules possessions, mais aussi la plus précieuse, une relique façonnée de sa propre main, qu’elle détenait depuis si longtemps qu’elle en oubliait parfois sa provenance. Puis, se rappelant les yeux qui l’observaient, elle se pencha sur le cadavre étendu à ses pieds. Un sentiment de calme se dégageait de son visage serein, endormi dans une éternelle torpeur. Son bras se raidit et le couteau s’enfonça dans la peau molle du ventre, découpant une ouverture qu’elle agrandit en tirant de ses doigts. La vue du sang, malgré son odeur ignoble, ne la dégoûtait pas. Elle plongea ses mains dans le liquide froid et poisseux, qu’elle ramena vers ses lèvres et laissa couler dans sa gorge; le goût métallique et gluant lui arracha un frisson. Du rouge qui marquait ses doigts, elle traça une courbe de chaque côté de son visage.

« Le sang peut nous révéler beaucoup. Approchez. »

Ses yeux se fermèrent.

« Kyrïa chante, Kyrïa murmure, Kyrïa pleure. J’étais confondue par toutes ces règles, par qui les avait créées. » Elle se concentra sur ces deux esprits inconnus. Un vertige la surprit, menaçant subitement de la faire verser, mais elle conserva son équilibre; le courant l’emportait, mais sa respiration restait régulière. Elle devait détourner cette masse liquéfiée, rendre la vue plus perçante, l’odorat plus fin, l’ouïe plus attentive. « Nos perceptions dérobent ce qui leur apparaît, elles ne projettent qu’un voile : un rideau qu’il faut écarter, sur lequel il faut tirer. Ce sont des instruments faillibles. Pour mieux discerner, il faut parfois emprunter d’autres chemins. La réalité et l’illusion ne sont que les faces d’une même figure. »

Elle présenta le sang qui emplissait le creux de ses mains.

« Que ressentez-vous? »


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MessageSujet: Re: L'éveil du crépuscule [Libre]   L'éveil du crépuscule [Libre] I_icon_minitimeMer 21 Mar 2018 - 1:33


Vessëlin et Ioriston échangèrent un regard incrédule. Etait-elle folle ? Certainement. Complètement. Prendre le temps de l’observer c’était se rendre compte d’à quel point ses pupilles étaient fuyantes, de comme elle semblait déconnectée de ce monde, en proie à quelque chose que ni eux, ni personne d’autre, et peut-être pas même les Dieux eux-mêmes ne pouvaient comprendre. Tanäel, c’est ainsi qu’elle s’était présentée, était une enfant perdue, marchant sur un théâtre de guerre sans même savoir ni pourquoi, ni comment le sang y était versé… et pourtant tout folle qu’elle était, elle était tout sauf insensée.

- Tu es sûre de toi Vessëlin ?
- Si le sang de Sombre était mortel, on aurait aussi bien fait de capituler.

La chasseresse trempa le bout de ses doigts gantés dans le sang poisseux, et s’en maquilla paupières, narines et bout de la langue. Ses yeux se fermèrent, elle inspira, elle expira, ses yeux se rouvrirent, et rien n’avait changé. Son regard se baissa sur celle qui se voulait leur bienfaitrice, à la fois déçu et désolé de ne pas avoir fait honneur à sa magie, mais qu’y pouvait-elle ? Elle qui n’avait jamais été bien sensible aux arcanes, il semblerait bien que son inconscience soit plus profonde qu’elle ne le pensait.

- Je… je n’ai rien.
- Laisse-moi essayer.

Le jeune homme, malgré son profond écœurement se contraint d’imiter sa tutrice, la main tremblante et la peau frissonnante, malgré le retour du climat estival. Ses dents n’étaient pas loin de claquer, son cœur pas loin de s’emporter, mais il n’y avait rien d’autre. Seulement sa gêne, seulement son inconfort, seulement son besoin d’une épaule sur laquelle se reposer. Ioriston l’esprit troublé par ce que lui dictaient ses propre sens, pris d’une crise de panique, trouva refuge dans l’étreinte de son aînée.

- Tiens bon Io’ , tiens bon.

Les regard de Vessëlin tomba avec une sévérité sans pareille sur la magicienne, dont l’imperturbable sérénité, même face au malaise de son ami était fort troublante. Moins troublante cependant que l’inhabituelle odeur se dégageant du cou de son partenaire de chasse. Ni sucrée, ni salée, ni douce ni amère. Ni acide, ni musquée, ni agréable ni étouffante. C’était une odeur sans arôme. Une odeur de malaise, une senteur marquée par un profond sentiment de non-appartenance, l’odeur de l’insécurité qu’essayait tant bien que mal de dissimuler le jeune chasseur faisant ses débuts, quand le talent de ses instructeurs, celui de Vessëlin en particulier, était une leçon d’humilité profonde à lui en créer des angoisses.

- Ne t’inquiètes pas Io’ , ça ira. Tu as encore de longs siècles devant to…

Les narines du plus jeunes s’ouvrirent à leur tour. Sa propre odeur, il en était imbibé, mais pouvait-il tout de même l’être au point d’en avoir tracé l’Annon avant d’y être entré. Respirait-il à ce point le doute ?


Non. Pas à ce point.

C’était là l’odeur des Sombres en terre inconnue.


Ioriston se relevait, retrouvait sa contenance, et alors les deux visages se tournèrent vers la magicienne.

- Tanaël, il faut que tu nous suives. Je sens… que c’est trop dangereux pour que tu restes seule ici.

Car si la trace qu’elle venait de dévoiler était bonne, alors d’autres Sombres n’étaient pas loin, d’autres Sombres viendraient, et à ce moment-là, il vaudrait mieux pour les elfes qu’ils soient ceux ayant avec eux l’avantage non seulement de la surprise, mais surtout celui de la cohésion.
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MessageSujet: Re: L'éveil du crépuscule [Libre]   L'éveil du crépuscule [Libre] I_icon_minitimeMer 21 Mar 2018 - 18:58


Pour véritablement s’immerger dans le courant des inconnues, pour plonger dans l’instabilité de sa propre incompréhension, pour se laisser happer par le tourbillon malgré le vertige – car du haut de la colline, les contours imprécis du paysage apparaissaient fuyants à celui qui le contemplait – pour découvrir les différentes facettes d’une même forme, pour analyser ses nombreuses surfaces pourtant semblables, il fallait parfois se défaire des barrières imaginaires qui, trop souvent, refusaient le passage même aux intentions les plus perçantes; mais plutôt que de les détruire, de les enfoncer, le mieux était de se détourner, de s’orienter et de pendre une autre voie, non pour les ignorer – car, par la nature de leur constitution, elles ne pouvaient disparaître en restant invisibles – mais de les contourner pour en observer le revers, pour comprendre les rouages qui permettaient leur édification et identifier la source derrière leur immuabilité.

En admirant le miroir, le reflet de l’individu se projetait devant lui; et pourtant, son double qui l’observait et qui lui renvoyait son propre regard, n’était-il qu’une projection de sa propre réalité? Une image se formait, mais quelle était sa véritable consistance? Peut-être qu’en traversant le cristal, peut-être qu’en transperçant le voile, une nouvelle conception se dévoilerait? Les formes, les couleurs et les images resteraient les mêmes, mais leur agencement en serait différent, incompréhensible; un renvoi vers soi, mais peut-être une fenêtre vers une nouvelle articulation de son propre univers? Celui qui pataugeait dans l’ignorance, baignant dans ses certitudes, risquait surtout de s’engourdir de son aveuglement. Ce n’était pas parce qu’une couverture enveloppait le corps que celui-ci disparaissait; ce n’était pas parce que les yeux se fermaient que l’univers s’effondrait.

Les choses les plus obscures, parfois, se révélaient les plus éclatantes une fois leur essence révélée.

Elle l’avait compris.

Mais eux, peuvent-ils seulement le comprendre?

Chacun possédait sa propre interprétation de ce qui surgissait devant lui. Aucune vérité, aucune fiction partagée; tous des créateurs de leur propre monde; chacun possédait sa vision, et chacun possédait la capacité d’en éclairer les recoins les plus sombres.

Tous peuvent comprendre, parfois il leur suffit d’une main pour pointer la bonne direction, pour leur soulever le menton.

Les émotions défilaient sur leurs visages. Il n’était jamais facile de discerner ce qui avait toujours échappé à sa propre considération, de repérer toutes les pigmentations qui constituaient une peinture; rien n’était constant, tout ressemblait plutôt à un courant se tournant et vrillant et se retournant et ses eaux fluctuant sous les ondes qui étaient soufflées sur sa surface; le regard habitué à la pénombre s’éblouissait en apercevant la limpidité effrayante d’une concrétisation nouvelle; plusieurs préféraient s’en détourner plutôt que de soutenir le regard que renvoyait le miroir de sa propre erreur; lorsque le socle s’effritait, que la structure se morcelait sous leurs pieds, nombreux cherchaient à s’agripper aux derniers piliers qui avaient soutenu des fondements illusoires; il n’était jamais facile de mutiler les muscles qui animaient sa pensée, de couper les artères qui alimentaient le corps de son esprit.

Des fils trop raides tendaient à se déchirer, l’arbre qui ne courbait pas durant la tempête finissait par s’écrouler; l’eau et ses capacités infinies de remodelage étaient leur meilleur modèle; en se détachant de l’emprise des exactitudes, de nouveaux sols émergeaient, moins escarpés, plus solides. Des sols qu’une conscience libre pouvait parcourir sans l’angoisse de les voir disparaître, puisque la conscience flexible les métamorphosait selon les circonstances toujours changeantes.

Ils l’avaient compris.

Tous peuvent comprendre.

« Moi aussi, j’ai dû lever ma tête pour voir. » Elle considéra leurs visages tout à tour bouleversés mais impassibles, méfiants mais sereins, inquiets mais confiants.

Leurs visages inconnus, mais désormais familiers.

« Nous ne sommes jamais seuls. » Elle considéra pendant un moment les dernières lueurs écarlates qui mourraient à l’horizon. « Où allons-nous, cette fois? »
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MessageSujet: Re: L'éveil du crépuscule [Libre]   L'éveil du crépuscule [Libre] I_icon_minitimeVen 23 Mar 2018 - 22:14


Jamais seuls, c’était le propre des elfes d’Anaëh. Partout le murmure de la forêt était avec eux. Partout ils étaient portés par l’étreinte de leur Mère, proche de leur Déesse créatrice comme aucun autre peuple. Partout les Anedhels baignaient dans une magie comme aucun autre peuple de Miradelphia n’en connaît, partout les Anedhels baignaient dans une magie qu’eux même ont encore parfois du mal à apprivoiser, à laquelle certains des leurs sont devenus sourds, une magie que certains des leurs ont abandonnés tandis que d’autre, nés loin d’elle suent sang et eau pour retrouver.

Les narines de Vessëlin étaient encore bercées de senteurs comme des émotions, de pensées comme un conte, tandis que l’oreille d’Ioriston, son tympan et son cœur, continuaient de vibrer en résonance avec ces étranges harmonies. Ils ne savaient pas exactement comment, mais ils entendaient où, et ils ressentaient quand. Ils ressentaient à la trace laissée par leurs Sombres cousins où et quand aurait lieu leur prochaine confrontation, et à l’heure même, ils étaient prêts à y faire face.

- Vers l’Ouest d’abord, encore quelques jours avant que l’on ne se dirige vers le Sud.

Toujours luttant contre le paradoxalement agréable malaise laissé derrière eux par les sombres, les deux chasseurs eurent tôt fait de reprendre pas vif en direction des alliés laissés devant eux, emportant une nouvelle recrue au bataillon sur leurs traces. Sous les rayons du soleil couchant, l’étrange magicienne les suivrait, et ils n’y portaient aucun remords, parce qu’elle ne risquerait pas sa vie. Pas encore. Peut-être jamais. L’Est fourmillait encore quelques peu, le Sud grouillait plus qu’une termitière ébréchée, mais l’Ouest était encore empreint d’un profond calme. Si les groupes les ayant précédés dans cette direction avaient versé du sang, alors celui-ci n’était pas encore descendu assez profond ni assez en abondance dans les entrailles de la Terre pour troubler la Sylve.


Tant qu’ils allaient vers l’Ouest, ils iraient vers la chasse.

Le Sud cependant, était le chemin vers la guerre.

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MessageSujet: Re: L'éveil du crépuscule [Libre]   L'éveil du crépuscule [Libre] I_icon_minitime

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