Correspondance [Arsinoé]

Sujet: Correspondance [Arsinoé] Mar 29 Oct 2013 - 11:47

Plus le temps passait et plus la péninsule volait en éclat. La stabilité tant désirée semblait bien éloignée et le futur paraissait bien sombre pour le royaume qui n'en avait plus que le nom. Les évènements se succédaient à un rythme infernal et il était pure folie que de penser entrevoir l'avenir. Goar Ier avait vaincu Norman le terrible, il avait fondé un royaume propre, se détachant de Diantra et il avait mené la noblesse à sa perte lors d'une croisade contre les sombres. Constance de Lourbier avait prit le pouvoir à Alonna, ses rivaux avaient succombé au poison et sa réputation n'était plus à faire. Elle s'était liée à Goar, écartant Alonna de la péninsule à son tour, puis elle avait disparu. Serramire venait de perdre la dame de Lourmel pour la seconde fois, Maélyne ayant périt suite à sa sœur. Les règles de l'hospitalité n'étaient plus respectées, le chaos régnait et n'importe quel ennemi de la péninsule pourrait l'envahir avec facilité s'il s'en donnait les moyens. Oësgard n'était plus en mesure de résister pour le moment, Alonna, bien qu'intact, était bien isolé. Odélian et Serramire faisait la politique de l'autruche et se renfermaient sur eux même. Le nord n'était que l'ombre de lui même et tout cela était donc cantonné à cette partie seule de la péninsule, le reste n'était guère plus brillant. Le baron d'Etherna venait donc de prendre une décision et de revoir ses priorités, il avait longuement réfléchit et remit de l'ordre dans ses convictions. Prenant sur lui, il écrivit une lettre qu'il scella de la licorne, sceau des Clairssac. L'émissaire partit aussi vite que possible avec ordre de se dépêcher. Il arriva à Diantra ou il remit son pli qui arriva jusqu'à sa destinatrice.

Jérôme a écrit:: A Dame Arsinoé d'Olyssea, Régente de Diantra, Marquise de Sainte Berthilde et baronne d'Olyssea

Ma Dame, tout d'abord, je tiens à vous remercier pour l'aide que vous m'avez apporté dans ma conquête de Bastylle. J'ai manqué à tous mes devoirs en remettant sans cesse cela faute de disponibilité et il était temps de remédier à cela. voila qui est chose faite, je peux vous affirmer que je mets tout en œuvre pour redresser la châtellenie et la remettre en état de défendre la péninsule en cas d'intrusion.

Je me doute que votre temps est précieux, surtout aux vus de l'état de la péninsule mais si vous pensez pouvoir trouver un moment, j'aimerais vous entretenir de la situation qui est celle du nord actuellement. J'espère que ma demande recevra toute votre attention et que nous trouverons un moment pour nous rencontrer et discuter de tout cela.

Que les cinq veillent sur vous et votre famille

Jérôme de Clairssac, baron d'Etherna, seigneur de Bastylle et d'Hiviène

La lettre était courte mais il y avait le principal à ses yeux, le reste se ferait s'il recevait une audience auprès de la dame qu'il avait aidé à conserver sa place de marquise.

Sujet: Re: Correspondance [Arsinoé] Dim 10 Nov 2013 - 23:11

La chanoine Herrade d'Olyssea déploya le vélin avec componction, l'examinant attentivement puis le récitant à sa dame et parente qui gisait tout de son long devant l’âtre ardent du gynécée. Vaine afféterie en vérité, le sire de Clairssac n'étant point lettré et bien chiche en mots, si bien qu'elle l'eut pu déchiffrer par elle même.

Une fois la lettre survolée par trois fois, la régente fit écrire la réponse qu'elle avait imaginé, sans jamais prendre la peine de quérir autre conseil que ceux de sa mainie. Le vélin fut remis à l'écuyer du baron, et voilà ce qu'il disait :

Citation :

Moi, Arsinoé d'Olyssea, Régente du Royaume, Marquise du Berthildois, Baronne d'Olyssea et avoueresse de l'abbatiale de Nostredame de la Bienvenue,

Messire, il me vient à plaisir d'odir de vous et de votre fortune. J'ai estime à vous penser mon ami, tant et si bien que votre conseil vint cruellement à me manquer par ces mois de haines et tribulations où trop font, pactes et machines contre leur roy.

Aussi, c'est liement que j’apprends de votre venue qu'il nous faut ordonnancer sitôt qu'il sera à votre convenance. Hélas, des félons essaiment et nous séparent, et vous savoir saisiné par ces gens - à la manière du bien aimé et féal Wenceslas d'Arétria – me navrerait trop. Chevauchez plutôt devers le port de Berdes, sis en le pays d'Aemon d'Ancenis. Car sachez que celluy est bon pacifieur. De là, mes gens vous convoieront temprement au chastel d'Edelys, où nous pourrons faire bon-encontre et serons à pairement.

Allez de par dieux.

Sujet: Re: Correspondance [Arsinoé] Mar 12 Nov 2013 - 13:01

Jérôme n'était pas de ceux qui aimaient se perdre en mots, c'était une certitude, il était plutôt du genre à aller droit au but, que ce soit par lettre ou de vive voix d'ailleurs. Toutefois, lorsqu'il le fallait, il savait enrober le tout d'un joli paquet mais nul n'était son intention actuellement. Il était perdu dans ses pensées, se demandant ce qu'il devait faire malgré la décision qu'il avait prise lorsqu'il s'était décidé à envoyer une lettre à Arsinoé. La dame était une énigme pour lui, il l'avait rencontré lorsqu'il avait suivit son suzerain et mentor à l'encontre d'Anseric de la Rochepont, un homme qu'il avait également rencontré et qu'il avait apprécié. La guerre, aussi courte que sanglante avait été remporté par la marquise qui avait préservée sa place. Ils avaient très peu conversé, Jérôme étant resté dans l'ombre de Grégoire durant cette mini campagne. aujourd'hui, elle était devenu, en plus de marquise, baronne d'Olysséa, avait enfanté un héritier pour Scylla et elle se tenait en régente de Diantra. Elle avait fait du chemin et les bons choix apparemment et pourtant, elle avait nombre d'ennemis suite à la façon de procéder des plus cavalière, il fallait l'avouer. Jérôme, en tant que vassal d'Odélian, n'avait pas été appelé pour porter serment à la couronne et plutôt que de faire comme certains qui avaient prit ouvertement la parole à l'encontre, il avait préféré partir, ne voulant pas parler à chaud. La méthode employée n'était pas pour lui plaire c'était certain mais des mots de son père lui étaient revenues en mémoire. Ainsi il n'y avait pas que l'honneur et la famille mais le bien au dessus de tout cela, la guerre pour avoir la paix et un climat . En se rebellant et en éclatant le royaume en morceau, la péninsule se fragilisait de plus en plus et elle finirait pas rompre ou par être submergé par ses nombreux ennemis. En effet, bien que n'ayant plus eut de grandes incursions depuis quelques années, il ne fallait pas oublier qu'ils avaient des voisins et que ceux-ci attendaient peut être le bon moment pour envahir les terres humaines. Et vu leur état actuelle, la situation s'y prêtait largement.

Hier il avait reçu la réponse de la régente, il était partagé en la lisant, surpris de voir qu'elle semblait le considérer comme un ami, à moins que ce ne soit que d'habiles mots. Il se demandait aussi si elle était sincère lorsqu'elle parlait de son conseil ? il avait été bien échaudé par Aymeric et Madeleyne et elle ne manquait pas de personnes, pressée de se jeter à terre devant elle afin de la servir; Peut être qu'elle était las des gens qui ne cherchaient qu'à dire ce qu'elle voulait entendre ?

Il fit atteler le carrosse car même s'il détestait ce moyen de transport (qu'il utiliserait d'ailleurs uniquement au dernier moment, préférant son cheval) il fallait faire bonne impression. Il repassait sans cesse dans sa tête ce qu'il allait dire, changeant à chaque fois et sachant que de toute façon, tout ne se passerait pas comme il le prévoyait, ne pouvant savoir ce que son interlocutrice dirait et la façon dont il serait reçu. Il suivit les conseils donnés et passa par Ancenis, sans fanfare. Il traversa aussi vite que possible les terres qui n'étaient pas à lui, imposant un rythme soutenu et peu de repos, juste ce qu'il fallait pour ne pas épuiser les montures et pouvoir tenir un galop en cas de fuite. Il n'avait pas envoyé de messager pour l'annoncer, de crainte qu'il ne soit intercepté et qu'une embuscade ne lui soit tendue quelque part mais dès qu'ils arrivèrent sur les terres de Diantra, il dépêcha l'un de ses chevaliers en avant afin d'annoncer sa venue. Il espérait que la dame ne serait pas offusquée du fait qu'il ne s'annonce que si tardivement. Il était attristant que de se méfier à ce point.

Finalement, ils arrivèrent sans heurt au chastel d'Edelys affublé d'une escorte tardive mais logique vu sa méfiance. Il descendit donc du carrosse portant la licorne. Un de ses hommes vint au devant de la personne qui les accueillit

"Son honneur, Jérôme de Clairssac, baron d'Etherna et châtelain de Bastylle, désire s'entretenir avec la dame Arsinoé d'Olyssea, marquise de Sainte Berthilde, baronne d'Olyssea et régente de Diantra"

Sujet: Re: Correspondance [Arsinoé] Sam 16 Nov 2013 - 12:18

Le baron s'en vint par devers Diantra et son pays tout aussi coiement qu'il l'avait jadis quitté et si la dame s'avisa à tenir au jus les plus éminentes personnalités de la régence, elle se garda bien d'ébruiter l'affaire outre mesure. En cas que l'homme, qu'elle savait trop fier par plusieurs mesures, ne s'avise à nouveau de manquer aux devoirs que l'honneur exigeait. Puis, lorsqu'on vit une chariotte ce profiler en ces terres peu chariables, toute environnée des pennons de Clairssac, le chateau s'imagina le seigneur alité, peut-etre même frappé du sombre mal sévissant parmi le baronnage péninsulaire. Il n'en était rien et il fut reçu en bonne ordonnance par les gens de la régente.

Sans grande pompe toutefois, icelle préferant l'encontrer seule ou presque, dans la chambre de parement qui était la sienne, au sommet d'une tourelle nichée entre l'aula et la chemise de la ferté. Ainsi, elle espérait se prévenir de toutes malséances et connaitre la raison de cette avenue.

Une chambre donc, lambrissée et garnie de merveilles à souhait, au lit aussi noble et élevé qu'il était peu usité. En son sein toute enclose se tenait Arsinoé, sibylline et haute perchée. Regraciant son hôte d'avoir fait si longue route au plus profond de l'hiver, elle l'enjoignit à prendre place en face d'elle, en ce doux et large coussiège accolé contre l'unique baie de la salle, mirant la Gaarnad et ses moires étendues dans lesquelles le chastel entier menacait parfois de sombrer. Bataillant contre sa nature curieuse, là dame ne s'enquit pas des diverses faits et agissements du sire, ou encore de ceux de ses voisins en ce nord émietté. Elle attendait plutôt qu'il expose sans détours sa pensée et volonté.

Sujet: Re: Correspondance [Arsinoé] Lun 18 Nov 2013 - 12:32

Jérôme s'étirait du voyage, essayant de récupérer du mieux qu'il pouvait les affres que faisaient subir les soubresauts d'un voyage en carrosse. Il détestait toujours autant ce moyen de transport et ne s'en accommoder que lorsque l'usage l'imposait. On le reçu fort bien, tout du moins, vu le peu de temps qu'il avait laissé entre l'annonce de sa venue et son arrivée. Il aurait été toutefois possible d'avoir un accueil plus...pompeux...mais il ne semblait pas que ce soit le cas. Un autre que Jérôme aurait pu mal le prendre, se disant qu'on le dédaignait mais ce n'était pas le cas du baron qui détestait l'étiquette. Il faudrait bien qu'il s'oblige à s'y faire et apprenne mais pour l'instant, il n'en avait pas eu le temps. Il suivit les gens de la régente qui l'amenèrent dans un endroit plus "intime" que la grande salle. Jérôme n'était pas non plus le dernier des crétins, il savait que ce n'était pas l'usage habituel. Ou la dame se méfiait de lui et ne voulait pas le recevoir comme il convenait, ou il y avait autre chose. Enfin cela lui convenait, cela obligerait à moins de courbettes et d'hypocrisie.

Il fut introduit dans une chambre ou se trouvait déjà la dame qu'il venait visiter en ce jour. Au moins, il n'aurait pas à attendre pour l'entrevue qu'il avait demandé. Arsinoé était parée de tous ses atours, elle remercia Jérôme du long trajet qu'il avait entreprit en cette saison et lui indiqua un endroit pour s'assoir

"C'est moi qui vous remercie de m'accorder un entretien aussi promptement"

Bon le voyage avait tout de même duré un certain temps mais dès lors qu'on avait des responsabilités, son agenda semblait soudain se remplir à une vitesse des plus déconcertante. Il en savait quelque chose et pourtant il n'était que baron et non à la tête d'une capitale. Il s'installa et remercia une nouvelle fois la régente pour son aide lors de la campagne de Bastylle, mais cette fois de vive voix. Un silence s'installa ensuite entre les deux nobles, la dame semblant attendre qu'il prenne l'initiative. Après tout c'était lui le premier à avoir demandé à être reçu, il était logique d'attendre qu'il abatte ses cartes avant de réagir

"J'ose penser que vous connaissez la façon dont je fonctionne ? et la franchise que j'affectionne et qui me dessert bien des fois. Je n'irais donc pas par quatre chemins, votre temps devant être précieux, j'espère que vous me pardonnez mon manque de noblesse."

Il marqua une courte pause, histoire de faire passer sa brusquerie et son manque de protocole. Il savait pourquoi il était la et tourner autour de pot en d'insignifiantes banalités ne l’intéressait pas. Il reprit donc, expliquant le pourquoi de sa venue

"La situation du royaume n'est pas des plus reluisante ces derniers temps. Il est aussi de notoriété publique que vous avez reconnu officiellement la souveraineté d'Oësgard. Permettez moi de vous dire que c'est une erreur que cela. Qui sera celui qui demandera son indépendance par la suite ? Le royaume se doit d'être fort et je pense que vous avez cruellement besoin d'hommes forts en ce moment afin de parvenir à l'unifier de nouveau."

Il était maintenant dans le vif du sujet

"Oësgard, puis Alonna de par le rapprochement avec la baronne de Lourbier, retire deux terres d'importance à Diantra. C'est la une chose inadmissible, de mon avis. Aussi, pour le bien du royaume, et vu les derniers évènements qui sont survenus, j'aimerais ramener ces deux terres dans le giron de la couronne. Il ne faut pas leur laisser trop longtemps le gout de l'indépendance, déjà que les seigneurs d'Oësgard on souvent tendance à être indépendantiste dans l'âme, il faut profiter de l'extermination de la noblesse de la dernière guerre civile et de la croisade qui a vu tant de disparus pour réaffirmer l'autorité royale et mettre une nouvelle noblesse en place."

En effet, Goar avait déjà pacifié l'ancienne noblesse, plaçant des hommes fidèles en place. Mais il les avait ensuite mené en croisade et aucun n'était revenu, étêtant la noblesse d'Oësgard en même temps et laissant vide nombre de places. Il fallait profiter de cet état de faiblesse, du moins pour Oësgard. Il espérait que ses mots n'étaient pas trop brutaux et que la marquise de Sainte Berthilde y verrait le bon sens

Sujet: Re: Correspondance [Arsinoé] Dim 24 Nov 2013 - 21:55

« Si Mon défunt époux, que je sers au jour d’adonc tout aussi loyaument que de son vivant, me laissa pourvu de toutes ces choses nécessaires à l’exécution de son testament, il ne pouvait toutefois m’offrir ce qu’il ne détenait point : à savoir l’amour et la fidélité de ces gens tapis dans l’ombre des grandes sylves. Il y a trop longtemps qu’ils ne s’acquittent plus des devoirs les liant justement à leurs seigneurs. Le fait de Merwyn le Fol en vérité, qui par les agissements qu’on lui connait y greva plus la cause royale que toutes et chacune des malséances et basses turpitudes du roy aveugle. Dès lors, convient-il voirement de parler d’abandon? Aussi condamnable soit-il, comment s’offusquer de l’orgueil du feu Goar qui se savait trop bien à l’abri de toutes représailles ?

Mais je conçois assez bien lesquels dires vous accablent. S’il est voire qu’en notre besoin nous entretînmes un temps les officiers de ce pays, et que nous eûmes l’aisance de penser nous le lier fortement par diverses fiançailles, sachez que jamais je ne me serais résolvée à acter de droit, sinon de fait, la ruines des marches du septentrion. Par chance, la divine sapience qui toujours est songeuse du sauvement des hommes et de leur roy odit ce triste cantilène qui était notre, et mit jus le hutin de son trône mal acquis tout comme icelui l’avait tantôt fait de la brute de l’Uberwald. Fort de cet espoir rassérénant, votre venue est assurément fortuite et augure de grandes et belles avenues en la forme de ce dessein que vous portez et que j’avise murement réfléchi. Si je suis étrangère par ma condition aux choses de la guerre, je puis m’en remettre à votre sagesse et celle de mes officiers et vassaux en l'Atral. Dites-moi seulement quel peu de chevance vous comblerait en redevance d’un tel ouvrage, si ce n’est l’amour de votre roy et ses serviteurs ? »

Sujet: Re: Correspondance [Arsinoé] Lun 25 Nov 2013 - 11:57

Arsinoé écouta ce que le baron avait à dire puis elle se mit en devoir d'y répondre. Elle fit allusion à son défunt époux, Aetius d'Ivrey et des inimitiés qu'il avait avec certains seigneurs. Vint ensuite les devoirs non respectés et Merwyn et sa folie de course contre la couronne. La régente parla aussi du roi Trystan. Jérôme n'était pas à l'aise devant les critiques non voilées à l'encontre de l'ancien monarque, ce n'était pas monnaie courante, du moins il le pensait, entre deux personnes qui n'étaient pas proche. A moins que le fait qu'il soit mort ainsi que sa descendance ne permette pas de représailles ou d'anicroche. Il était par contre de notoriété publique que le nord avait maintenant fait défaut à plusieurs reprises. De plus, ces terres qui détenaient une importance forte du fait de leur fonction de bouclier envers la péninsule ne pouvaient pas se permettre des luttes incessantes comme c'était le cas depuis plusieurs années.

Jérôme ne se permit pas de couper la dame régente et il attendit qu'elle finisse son discours. Elle continua donc, indiquant dans un premier temps qu'elle avait saisi les préoccupations du baron. Apparemment, elle n'avait pas eu l'intention de nuire au nord, pourtant il était certain qu'une telle décision qu'était celle d'accorder l'indépendance à une baronnie amènerait forcément des heurts, même en le liant comme ils avaient convenue entre leurs descendances. Maintenant c'était affaire de politique à un niveau plus haut que celui ou Jérôme était en ce moment même s'il connaissait bien les mariages de convenances. La religion fit son entrée, arguant que la bonne fortune était du côté des justes causes. Jérôme ne savait pas si Néera ou quel-qu’autre divinité était à l’œuvre et si leur cause était plus juste que celle de feu Goar mais il était certain que la dame avait était des plus chanceuse si l'on écartait le décès de son époux, quoi qu'il ne savait pas si cela était funeste pour elle ou autrement. D'après elle, la venue du baron était également un signe de la providence, parlant de son expérience de la guerre. Elle lui demanda ensuite ce qu'il attendait en retour. Il était maintenant temps de jouer de saisir l'opportunité qui se présentait en enrobant sa demande comme il était si compliqué pour lui. Il fallait aussi répondre à d'autres questions

"Madame, si vous me permettez, la guerre n'est pas, à mes yeux, une aventure mais bien une tragédie qui malheureusement est souvent indispensable."

En effet, Jérôme devait passer pour un seigneur de guerre depuis ces dernières années et c'était bien ce qu'il était en train de faire malgré son manque d'entrain

"Je conçois que les seigneurs manquent à tous leurs devoirs mais, si vous me permettez et excusez ma franchise, la manière de procéder n'a pas été en faveur d'un dialogue et les a mit au pied du mur"

Il était certain qu'un passage en force comme il avait été fait lors des funérailles, ne pouvait dignement pas satisfaire un seigneur puissant et bien en place sur ses terres.

"Néera est peut être derrière tous les désagréments qui arrivent à ceux qui se mettent en travers de votre chemin, si tel est le cas, peut être qu'alors il y aura moins de tourments que ce qui se profile. Vous dites ne pas être érudit dans l'art de la guerre, je tiens à vous mettre en garde sur la campagne que je vous propose. l'indépendance des seigneurs et de la populace est une chose qui s'ancre vite dans les esprits et je crains bien qu'il faille purger tout cela. Le sang coulera à flot et il n'y aura rien de digne ou de chevaleresque la dedans."

Il aimait être clair et il pensait bien devoir faire des choses avec lesquels il devrait vivre par la suite en son âme et conscience. Il le savait et il l'avait accepté pour le plus grand bien

"Cette entreprise devra servir d'exemple pour l'avenir et les conséquences à œuvrer à l'encontre la couronne. Cette dernière doit être forte afin que le royaume le soit également. Aussi j'aimerais que vous m'apportiez votre soutien écrit et verbal, que mes voisins ne voient pas d'un mauvais œil ma campagne et qu'ils n'en profitent pas pour se mettre sur ma route."

En effet, vu les circonstances qui étaient celles d'aujourd'hui, il craignait pour ses terres. Il ne voulait pas que quelqu'un profite qu'il envoi des hommes au nord pour fondre sur ses terres. De même qu'il n'attendait pas grand chose actuellement de ses "suzerains" à défendre ses biens. Aussi savoir que ceux qui se verraient pousser des dents longues sachent qu'ils ne seraient pas exempt du courroux de la couronne de Diantra.

"Si je fais cela, c'est pour le bien du royaume en priorité. Pourtant..." voila le moment crucial "le nord est inféodé et capricieux depuis trop longtemps, aussi j'apprécierais, si ma conquête est couronnée de succès, que vous me confiez l'administration de ces terres. Vous êtes trop éloigné pour prendre des mesures rapides en cas de problème majeur et les dangers guettant le royaume sont légions, à commencer par le peuple des Wandres ou encore les sombres. De même que les elfes et les nains qui, même si nous avons eu une entente par le passé, peuvent voir en notre faiblesse et nos luttes coutumière un signe de notre déchéance."

Voila qui était fait, comme un pavé dans la mare. Il prendrait des risques en allant conquérir ses terres, il le savait et il ne voulait pas que cela soit fait en vain et qu'un nouveau seigneur se lève ensuite et que tout recommence. Etre sur place et avoir les moyens de se faire respecter ou du moins que sa puissance fasse réfléchir avant de vouloir se lancer contre la couronne, voila ce qu'il voulait.

De timides rivelets se faufilaient le long de la baie cintrée. Il pleuvinait toujours, mais le ciel déchiqueté montrait vers l’est une déchirure bleue, coruscante blessure d’azur. Quelque part en deçà, dans la bourgade des Trois-chemins et derrière les troupeaux d’ovins qu’entretenaient les quelques moutiers du pays, Cléophas faisait parlement en compagnie du toujours rétif baron de Missède. Laquelle absence, toute relative soit-elle, se faisait cruellement ressentir. L’habille esmerillon! n'était-il point encore sur le chemin de retour? Car privée de ce plastron de prud’hommie doublé d'alcyon de paix, la dame était en verité bien démunie devant l’argumentaire prolixe du baron, et s’adonnait plutot à de téméraires envolées ; oniriques à défaut d'être pourvue d'elytres. Quoique ? La Garnaad, captieuse divinité, daignerait-elle l'accueillir comme une sienne néreide, ou la déchirerait-elle plutôt contre les moulières hantant ses récifs ? Indolente, elle se pencha pour mieux mirer son destin, gerçant malgré elle le vernis sibyllin dont elle plaisait à se farder.

Puis, profitant d’une accalmie aussi brusque qu'inespérée au coeur de l’ardente plaidoirie, la dame entreprit d’adoucir les craintes indues du gentil seigneur. Nul besoin de ressasser outre mesure le vélin qu’il avait tantôt fait parvenir à feu son époux, ou d’invoquer les démons et troglodytes des extrémités de ce monde, elle était convaincue ! Comment pouvait-il voirement en être autrement ? Elle connaissait trop bien l’assuétude qui l’accablait et qui le poussait aujourd’hui à considérer goulûment les marches Sgardiennes. Trop longtemps biberonné aux guerres de son maître Berdevin, le chevalier ne rêvait plus que mortailles et pillages ; de cette singulière délicatesse que celle d’assujettir le pays, de rançonner sa paisantrie et d’étêter ses nobles gens. Ame charitable, l’intéressante ne s’y opposerait pas, minaudant simplement :

« Par ma foi monseigneur, si telle aventure advenait vous seriez assurément le plus honoré de votre lignage, et celle ordonnance que vous suggérez me semble suffisamment idoine. »

Satisfaite, l’oiselet délicat se redressa et traversa d’un pas conquérant la salle, jusqu’aux quelques pommes qui la narguaient et qui adès lui semblaient si bonne et si sade. Empoignant la douairière, elle retourna son attention vers Jérôme alors même qu’une riche idée la revigorait.

« Et pourtant... je ne puis qu’aviser que la cause de votre venue réside en le refus de votre suzerain messire Aymeric de Brochant. Dès lors, je crains qu’en vous mandatant, pis en acceptant votre serment, le roy y gagnerait l’inimité du brave marquis qui se saurait injustement spolié. Aussi, car il est important que tous soient à pairement, je souhaiterais redresser l’avanie que fut celle de Gaucelm, vous libérant de vos devoirs envers sa succession au même titre que de ceux envers votre marquis. »

Jérôme attendait la réaction de la régente. Celle-ci ne se fit pas attendre et il semblait qu'il avait trouvé un écho à sa demande. En effet, Arsinoé ne rejeta pas en bloc tout ce que le baron venait de dire et au contraire, elle indiqua que c'était convenable. Il était surtout étonnant que Jérôme soit le premier à venir faite cette demande et que cela ne soit pas Brochant ou Odélian qui l'ai fait en premier afin d'augmenter leur influence. Enfin, cela jouait donc en faveur du seigneur d'Etherna qui se proposait en temps que parangon pour la couronne. Il aurait été étonnant que la dame refuse qu'un preux aille récupérer ce qui aurait déjà du être à elle. De plus la réputation de Jérôme sur sa loyauté n'était plus à démontrer, il était donc de fait que s'il faisait serment, c'était un engagement sérieux. Elle se leva alors et traversa la salle avant de se retourner face au châtelain de Bastylle et de reprendre. Elle parla d'un refus de la part d'Aymeric, chose que Jérôme ne comprit pas. Vint ensuite le fait que les voisins, à savoir Serramire et Odélian verraient sans doute d'un mauvais œil cette campagne. Jérôme s'en doutait bien, c'était aussi l'une des raisons qui l'avait amené à demander un soutien de la couronne.

Jérôme se leva à son tour afin de ne pas paraitre impoli envers la dame

"Je suis content que ma demande reçoive une écoute attentive et qu'elle vous convienne. Votre compliment me conforte également dans ma démarche. Si je peux faire raisonner le nom de mes ancêtres en faveur du royaume, cela sera un vrai bonheur que de penser que je les honore par mes actes."

L'honneur et la famille, les deux principales motivations qu'on lui a inculqué et pas forcément dans cet ordre. Il continua sur sa lancée

"Je ne comprends pas bien l'allusion à un refus de la part du marquis de Serramire. Je n'ai pas eu d'entretien avec lui depuis un moment et je ne lui ai pas fais part de ma volonté. Ma venue a été décidé de mon propre chef sans en avisé personne. Il faut dire que je ne comprends pas comment les hauts seigneurs ont pu laisser faire cela sans s'insurger et crier haut et fort leur désapprobation."

En effet, un royaume indépendant à sa porte n'était jamais un bonne chose et souvent synonyme de heurts incessants. La péninsule était aux abois et un adversaire supplémentaire n'était pas une bonne chose. Une stabilité serait la bienvenue en ces moments plus que troublés.

"Si je comprends bien, vous voulez me libérer de mes serments envers Odélian et Serramire ? Je dois avouer qu'il n'est pas facile tous les jours d'avoir plusieurs suzerains et de devoir les servir comme il se doit. De plus, je dois bien admettre que je suis d'accord avec vous concernant l'impression d'être spolié de la part du marquis de Brochant. J'ose espérer qu'il ne fera aucune maladresse et avisera son manquement à son devoir envers le royaume et qu'il aura la sagesse de se remettre en question."

Les mots étaient peut être dur mais Jérôme avait apprit pas mal de choses à l'encontre du marquis de Serramire qui l'avaient amené à revoir son jugement sur sa personne et à se méfier. Il espérait que tout n'était pas fondé et que l'homme était plus proche de l'idée qu'il s'en était fait que de la description qu'il avait entendu par la suite. Maintenant bien que revenir sur ses serments le mettaient à mal, si c'était en faveur d'une plus grande cause et surtout non sur une trahison mais sur une décision supérieure, il s'en accommoderait

"Si vous voulez me déliez de mes serments avant que je n'en prête un autre en faveur du royaume, je suis prêt. Et dès lors que vous m'aurez mandaté, je préparerais mes forces afin de montrer aux nobles le royaume se doit d'être uni."

Le temps était passé depuis cette réunion. Les deux parties s'étaient entendus sur ce qu'ils attendaient. Arsinoé prit sa revanche en récupérant Etherna, Jérôme lui faisant un serment à sa personne en tant que marquise de Sainte Berthilde, ramenant cette baronnie dans son giron. Jérôme fut délivré de son serment à Odélian afin que Etherna redevinsse une terre du marquisat de Sainte Berthilde. La rupture de son serment envers le fils de Grégoire et Madeleyne fut douloureux au baron, quoique certains diront qu'il fut satisfait. C'était la première fois qu'il n'honorerait pas un serment et cela lui faisait un choc même s'il concevait le sacrifice à faire.

Il fut nommé maréchal du nord et il reçu le titre de comte d'Oësgard, sans en avoir les terres qu'il devra récupérer afin de ne pas ressembler à un seigneur de pacotille. Il fut décidé également que Alonna serait ramené dans le giron de la couronne mais que le futur baron ferait serment d'allégeance à Jérôme, rejoignant Diantra par son intermédiaire. Jérôme fit serment au roy en direct pour ces deux terres.

Les édits furent rédigés et criés partout afin que personne n'ignore tout ce qui avait découlé de l'entretien entre la régente et la baron nouvellement comte.

Jérôme, s'il réussissait à parvenir à ses fins, gagnerait en puissance et deviendrait incontournable dans le nord. La couronne y gagnerait par son entremise un pouvoir accru non négligeable, n'ayant plus cette épée de Damoclès d'un autre royaume prêt à la grignoter et à l'amputer de ses terres en ces temps difficiles. Ainsi, les deux partis étaient satisfaits.

Le temps était passé donc ainsi que l'hiver et le printemps était arrivé, du moins le mois car le froid était persistant dans le nord. La campagne d'Alonna avait débuté et même elle était déjà terminé mais pour l'instant, c'était ignoré de la capitale et de bien des domaines. Un coursier arriva, porteur d'un mot scellé de la licorne

Jérôme a écrit:: "A sa majesté Arsinoé d'Olyssea, régente du royaume, marquise de Sainte Berthilde et baronne d'Olyssea

Par cette lettre, je vous annonce que la campane D'Alonna à débuté et même plus, qu'elle est en fait déjà terminée. Nous avons eu la chance que Marc de Chtoll, le rival de notre champion, commette des erreurs et soit plus orgueilleux que nous le pensions. Ainsi, la baronne est dors et déjà entre nos mains et le couple de Broissieux a prit le commandement et il m'a prêté serment d'allégeance comme nous l'avions décidé. J'espère que sous leur pouvoir, Alonna redeviendra la puissante qu'elle fut du temps des Kastelord et que sa loyauté sera sans faille

Pour votre information, le comte d'Aretria m'a apporté son soutien, tout comme le régent d'Ydril, Arichis d'Anoszia. Je tiens à souligner l'engagement et l'efficacité de ces hommes, tout comme le capitaine Oschide d'Anoszia que vous avez envoyé pour me seconder et qui a été irréprochable et très talentueux. Ils ont tous fait leur part dans la campagne et je remercie Néera de les avoir amené à m'épauler.

Nous sommes dès à présent en train de nous rassembler et nous faisons les provisions pour entamer la campagne d'Oësgard. Je prie la déesse mère afin qu'elle nous apporte autant de félicité.

Je vous tiendrais au courant de la suite des événements dès que possible,

Puisse les cinq veiller sur vous et sur le roy votre fils

Jérôme de Clairssac, comte d'Oësgard, baron d'Etherna, seigneur de Bastylle et d'Hiviène"

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