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 Le rôdeur et la baronne [PV Blanche]

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Aedán de Vercombe
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Aedán de Vercombe


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MessageSujet: Le rôdeur et la baronne [PV Blanche]   Le rôdeur et la baronne [PV Blanche] I_icon_minitimeSam 16 Nov 2013 - 23:39

D'épais nuages de vapeur s'échappaient des nasaux de la bête tandis que ses sabots imprimaient lourdement leur empreinte dans la boue noirâtre du chemin. Sur le bas-côté, des fondrières lourdes d'une eau glacée interdisaient tout espoir de bivouac au voyageur. L'air était vif dans l'arrière-pays d'Erdlheim dont les fermes grises se renfrognaient sous leur toit de chaume. Les frimas de verimios avaient dépouillé la campagne de ses grasses formes de l'été, ne laissant derrière eux plus que des troncs dénudés émerger de la brume givrante.

Déjà, le chevalier et sa monture laissaient derrière eux les Baillages Libres où des hommes à la Cigogne avaient installé leurs quartiers. Faute de voyageurs, on croisait essentiellement de la soldatesque sur la route conduisant à la baronnie d'Hautval. Leurs tabards indiquaient des hommes du Ner, du Marquisat mais aussi de la Régente. Tous semblaient se défier du cavalier solitaire, considérant non sans hostilité la lame qui lui battait le flanc.

Dans les villages, l'atmosphère était tout aussi lourde. A son approche, femmes et enfants se terraient dans les masures tandis que les jacques serraient leurs fauchards à s'en briser les phalanges. Personne ne paraissait croire à la trêve de la morte saison. En fait, depuis qu'Aedán avait quitté l'agitation de Sharas et ses galères lourdes de marchandises, le climat n'avait eu de cesse de se détériorer. Si le sang venait à couler, ces terres là seraient exposées.

Ainsi, les redoutes enneigées regorgeaient d'agitation, des bannières lourde d'humidité rappelant la présence des seigneurs protecteurs à une population inquiète. Le rôdeur tira sur les brides de son destrier qui, imperceptiblement, cherchait à se rapprocher des chaudes lueurs d'un campement. Sous sa barbe, ses lèvres gercées par le froid s'arquèrent en un sourire amère tandis que sa bête reprenait la route du col. L'horizon grisâtre duquel le relief peinait à se dégager pouvait dissimuler quelques traître giboulées, frappant cruellement des collines auxquelles s'accrochait un froid mordant. Toutefois, malgré les risques, ce passage à travers les montagnes promettait de lui faire gagner de précieux jours de voyages. Pour combien de temps encore serait-il possible de se déplacer librement?

Lorsqu'un crépuscule moribond finit par tomber, pareil une chute de neige molle, le chevalier chercha le gîte dans une taverne qui, d'ordinaire, accueillait les marchands se rendant aux foires de Hautval. De ce que laissait entrevoir le feu qui brûlait dans l'âtre, seuls des rustauds aux tempes presque grisonnantes occupaient les lieux, des hallebardiers des Monts-Corbeaux à la solde des Pyk d'Erdlheim. Pourtant accaparés par une partie de Kjall, l'arrivée du chevalier fit souffler un froid dans la salle. Il renifla avec dédain tandis qu'un des butors s'approchait.

Adressant des sourires d'une fausseté déconcertante au nouveau venu, la racaille entreprit de le questionner. Toute courtoise que fut la discussion, chacun porta la main au pommeau, sans jamais se départir d'un sourire de façade. Ce ne fut qu'après s'être jaugés longuement, les yeux rivés sur les armes, qu'une paix toute relative finit par revenir dans la salle. En silence, de Vercombe dégusta un vin chaud aux épices, séchant ses fourrures auprès du feu. Ce faisant, il dévoila une tenue aux couleurs criardes et lourdes de motifs comme il s'en porte à Thaar.

Au matin, le chevalier prit la route du col, couverte d'une couche craquante qu'aucun pied n'avait foulé récemment. Bientôt, les hêtraies se raréfièrent au profit de pins dont la morgue avait disparu sous les couches envahissantes d'une neige épaisse. Quelques traces d'animaux, çà et là, seules trahissaient la présence de vie dans ce dédale rocheux. Tandis que sa monture ahanait en partant à l'assaut des raidillons verglacés, les yeux du rôdeur courraient sur les hauts rochers où s'attardait la brume, en quête de mouvement. L'hiver rendait les loups téméraires.

Par trois fois, il crut apercevoir une forme grisâtre sur les coteaux qui surplombaient le chemin mais aussitôt elle se terrait dans les taillis. Il accéléra l'allure. Une fois la mi-journée passée, la sensation d'être épié finit par s'estomper. Bien que fourbu, comme cela pouvait se lire sur les traits de son visage, il ne prit pas le risque de s'arrêter, se contentant de grignoter un pain de seigle sur la selle.

Enfin, faute de nouvelle alerte, il se laissa aller à une somnolence morne, se replongeant dans les souvenirs de son périple, à l'Est. L'homme revoyait le navire de la maison Argyros, se justifiait, seul, de son action à bord. Parfois, la nécessité nous contraignait à des actes que l'on condamnait! Puis, émergeant des futaies, apparut le roué Erol qui chercha à l'endormir de quelques boniments. Ses paroles furent bientôt doublées par le chant de la rouquine, Kassandra, dont le sourire éclatant dissimulait une dague. Tandis qu'il tendait la main dans leur direction, afin de les questionner sur la raison de leur présence, il se trouva incapable de prononcer le moindre mot. Ils l'interrogeaient, lui demandaient s'il avait vu la Bête, mais la faiblesse s'immisçait dans tout ses membres, lui glaçant les os, l'attirant irrésistiblement vers un sol aux renflements cotonneux...

Aedán émergea violemment du songe, en heurtant douloureusement la caillasse du chemin. Il pesta contre lui-même. Transi par le froid, il était passé à deux doigts d'une fin déshonorante, en s'endormant en pleine montagne. Tremblant comme un danselon face à sa première gaupe, les cheveux couverts de givre, le jouteur entreprit de ramasser du petit bois au pied des grands pins afin de confectionner un feu duquel il se rapprocha à s'en faire rôtir les miches. Ses dents claquaient si fort que, en voulant s'offrir une rasade d'eau-de-vie, il ne parvint qu'à s'en maculer la face. Ce ne fut que lorsqu'il sentit son sang reprendre ses quartiers dans ses membres que le chevalier entreprit de dresser le camp pour la nuit. Sa monture et lui ne survivraient pas sans s'abriter pour la nuit.

Ce fut une nuit sans songe, entrecoupés de réveils anxieux où il craignait de découvrir son foyer éteint. Malgré les nombreuses fourrures le recouvrant, il percevait nettement le froid s'insinuer dans ses membres, pareil à quelque vicieux reptile. Aussi, ce fut avec soulagement qu'il accueillit le lever du Soleil, abandonnant presque avec joie la boue glacée dont l'avait gratifié son feu.

Après plusieurs heures de route, l'aristocrate se sentit envahir par une sensation de soulagement à la vue des premières masures ainsi que les sinistres fortifications qui hérissaient le paysage : il avait atteint la baronnie du Lion

Comme il pouvait s'y attendre, il ne tarda pas à voir une poignée de cavaliers sortir des murs de l'un de ces édifices fortifiés pour venir à sa rencontre. L'un deux, coiffé d'un casque conique, brandissait la bannière du Val. Le prenait-on pour quelque émissaire? Se portant à sa hauteur, la bande le questionna tout comme il l'avait été par le hallebardier, de l'autre côté des montagnes. Dans le fond, tout se résumait à une seule et unique question «Êtes-vous dans le camp de la Baronne ou celui de la Régente?».

En homme avisé, Aedán fit alors jouer son nom, il était le fils légitime d'Ethaine d'Ancenis!

Ce patronyme, ainsi que sa mauvaise mine, l'innocentèrent aux yeux des séides de sa cousine, qui lui indiquèrent la meilleure route pour gagner le chef-lieu de la baronnie. Bien que le froid s'y révéla moins redoutable sur les hauteurs, le chevalier ne désirait rien tant que se réchauffer auprès d'un vrai feu, aussi ne s'éternisa-t-il pas outre mesure pour admirer les paysages pittoresques qui s'offraient indécemment à son regard.

Alors que le Soleil, déjà, se voilait, le sire de Vercombe reçut les premières invites de la Belle. Les habitations se firent plus nombreuses, le chemin mieux tenu. Dans le lointain, déjà, on devinait les fumeroles s'échappant de centaines de cheminées. Ragaillardi, il accéléra fiévreusement l'allure, jusqu'à ce qu'il l'aperçoive. Splendide dans ses jupes de pierres et ses corsetages de marbre, la fière cité de Hautval, alanguie, s'offrait à lui. Il ne put réprimer un soupir de soulagement.

Envolées les douleurs de ses vieilles blessures, oubliée la morsure du froid! D'ici peu, il dînerait de chapon dodu. Pétri de ces bonnes pensées, il s'en alla parader sous les murs de Blanche d'Ancenis, annonçant aux troupiers de faction que le bon cousin de la dame, Aedán de Vercombe, s'en revenait de l'Orient hostile et venait lui présenter ses hommages.
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