Les premiers pas d'une baronne

Automne - fin 1ere ennéade de Barkios
9e année du XIe Cycle
Manoir seigneurial

Cela faisait un peu plus de dix jours que Cécilie avait poser pour la premier fois le pied sur cette terre qu'elle était sensé représenter et sur laquelle elle devrait veillé pour les années à venir. Six jours que le navire amenant à elle Mélisande et cette servante inutile que son oncle lui avait suppliée de prendre sous son aile avait accosté. Et elle était toujours aussi perdu même si elle se tenait de façon à ce que cela ne paraisse pas.

Mais il y avait une chose qu'elle avait retrouvé avec un réel plaisir. Non pas les pluies d'automne ou la douceur du temps. Pas plus que la présence de ces accents médianais ou suderons qui lui semblaient tellement plus chantant que ceux des nordiens. Non, quelque chose de bien plus simple et absolu à la fois : le bruit incessant du ressac qu'elle devinait en contre-bas lorsqu'elle s'accoudait à la fenêtre de sa chambre.

Ce simple son lui inspirait des airs et des chants, des histoires et des escapades... Peut-être était-ce pour cette dernière raison qu'elle se tenait le plus occupé possible. Depuis son arrivée, elle avait passé des heures et des heures à parcourir les salles, les couloirs et les escaliers du manoirs en compagnie de Rose, de Mélisande ou d'Azula pour les motifs officiels les plus divers. Officieusement, elle souhaitait se familiariser le plus rapidement possible avec toute la structure des lieux pour pouvoir s'y retrouver à peu près si jamais elle venait à devoir s'y déplacer seule. Durant ses marches interminables, elle en avait profité pour se renseigner au sujet de l'histoire de archipel et de sa situation économique et politique. Tantôt par d'énormes livres que lui lisait Rose ou sa sœur sur le chemin. Tantôt par des discussion avec l'un ou l'autre des habitants du manoir. Elle faisait néanmoins son possible pour ne pas être un poids de plus pour les hommes qui dirigeaient l'endroit au risque de de couper sur des opinions tranchantes sur la place d'une plus si jeune épouse.

Durant les premiers jours, elle avait cependant tenu à s'instruire de toute le fonctionnement de la maisonnée et à rencontrer toutes les personnes logeant ou gérant ce manoir de l'intendant Jarvis à la dernière des dindonnières en passant par les pages et les domestiques. Connaître l'endroit commençait par en connaître les habitants. Et c'est dans cette optique qu'elle eut le plaisir de parler plusieurs fois avec le bien-aimé gouverneur de l'île et frère de son époux : Piezzare, comprenant assez rapidement qu'il était au fait de beaucoup de choses. Elle avait aussi fait la connaissance succincte des Conseillers de son époux ainsi que de quelques personnalités de Port-Cinglant lors d'occasions pour le moins ''fortuites''... Et en dix jours c'était déjà pas mal.

Avec ces nombreuses rencontre et des discussion d'apparence banales, elle en avait plus appris quant à la mentalité des habitants de l'île qu'en suivant n'importe quel cours magistral... Et il ne lui avait pas fallu plus que ces neuf jours, récupération du trajet compris, pour s’apercevoir d'un point qui la troublait et la gênait au plus haut point.

Aucune communauté de prêtre réellement structurée n'était implantée sur les lieux. La foi semblait subsister dans le cœur des habitant par force d'habitude mais ni célébration ni cérémonie ne rythmait réellement leur vie...

Assise dans un fauteuil à haut dossier de son boudoir, près de la fenêtre par laquelle passait une légère brise marine qui la faisait sourie pensivement, elle réfléchissait à ce problème. Depuis le main, elle hésitait à en parler ou à agir d'elle-même... Et au finale, elle avait entrepris de faire les deux. S'en étant ouverte à qui de droit, elle avait proposé à son époux de faire les démarche nécessaires auprès des différents temples. Il avait tenu à s'adresser lui-même au clergé de Tari. Il lui restait donc trois missive à dicter et à envoyer... mais elle n'arrivait pas à trouver le ton juste pour ce qui resterait comme son premier acte publique en tant que femme du baron de Nelen... enfin femme... quand cela arrangeait ce doux agneau fuyant de suderon...

Elle ne savait pas si elle devait être soulagée ou dégoûtée de son comportement, aussi restait-elle aussi cordiale que possible...

Mieux valait qu'elle ne pense pas à sa situation maritale ou affective de toute façon... Sinon elle se savait capable de faire des folies qu'elle aurait finie par regretté... peut-être.

Enfin cela ne l'aidait pas pour trouver le ton...

Après trois essaies pour chacune des missives, elle avait fini par s'atteler seulement à celle qu'elle adresserait à Irys. Des heures... Ils lui avaient fallu des heures avant que Rose ne tranche sur les hésitations qu'elle avait encore. Et il lui fallut encore des heures pour trouver comment amener l'idée d'avoir un ou deux prêtres d'Othar sur l'île sans pour autant que la Haut-Prêtre ne soit tenté d'envoyer des légions entières et tout autant pour réussir à donner une missive correcte à envoyer au Haut-Temple de Kyra pour l'inviter à prévenir ses oilles que Nelen priait la venue de ces errants ainsi que d'un conseiller un peu plus formel.

Car oui, ce à quoi elle tenait n'était pas seulement l'implantation des clergés sur les terres de Nelen, mais également la présence de Chapelain sur lequel le seigneur pourrait se reposer pour prendre les bonnes décisions... et qui administreraient les cérémonies régulières car un seigneur se devait de montrer l'exemple.

Lorsque les Missives partirent, une impression étrange restait au cœur de la jeune femme. Dans deux d'entre elle et pour la première fois, elle avait signé en tant que baronne de Nelen.

>>Missive à la Haute-Prêtresse de Néera