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| "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] | |
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Wenceslas de Karlsburg
Ancien
Nombre de messages : 115 Âge : 34 Date d'inscription : 17/07/2013
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Mar 8 Avr 2014 - 23:42 | |
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- Vous serez digne de moi, ma promise. Dès lors que vous m'aurez donné un fils, répondit-il d'un ton neutre, comme s'il ne pesait pas vraiment le poids de ces mots, qui n'étaient pas vraiment censés mettre la jeune femme à l'aise.
C'était, aussi triste cela fut-il, la première et peut-être la seule chose qu'il attendait d'elle. Un héritier. Cornélia, de son côté, faisait de son mieux pour se rendre intéressante à ses yeux, et affichait son intérêt pour lui et son pays. Wenceslas savait ce qu'il en retournait : la jeune damoiselle ne voulait pas être enfermée dans le rôle d'épouse que le comte entendait lui réserver. Elle n'était pas le genre de fille noble qui désobéit à son père, et si celui-ci lui demandait de l'épouser, elle obéissait. Elle obéissait en acceptant tout ce que cela devait impliquer : l'éloignement des siens, le départ vers une région inconnue pour elle, le début d'une nouvelle vie. Elle affrontait cela avec courage, et déjà, alors qu'elle venait à peine de rencontrer l'homme qu'on lui avait promis, elle tentait de s'en accommoder, pour rendre les choses plus simples. Et, sans doute, tentait-elle déjà de le séduire, bien qu'elle ne brûlât pas les étapes. Sans doute voulait-elle faire naître, chez cet homme distant, réservé, peu expressif qu'était Wenceslas, une forme de complicité. Le comte se demanda s'il aimerait jamais cette jeune femme. Elle avait tout pour plaire; mais ils étaient très différents. Wenceslas n'était pas venu à Ydril pour trouver une fiancée dont il apprécierait la compagnie. Il ne voyait dans le mariage que les avantages de la diplomatie et de la perspective d'avoir un héritier. L'amour, c'était un concept propre aux artistes, aux poètes et aux grands sentimentaux. Wenceslas, qui n'avait connu que le devoir et la responsabilité, se sentait trop terre-à-terre, trop fermé d'esprit pour cela. Mais peut-être aimerais-je cette femme, en m'habituant à elle. Peut-être m'attacherais-je à elle lorsqu'elle mettra mes fils au monde. Que pourrait-elle faire de mieux pour lui plaire ? En de rares occasions, il se demandait parfois s'il aurait aimé sa première épouse, si celle-ci lui avait donné un fils. C'était encore une de ces questions qui ne trouverait jamais de réponse.
Ils marchèrent encore un moment ainsi, faisant le tour du palais tout en poursuivant leur conversation, échangeant des banalités, chacun faisant un effort vis-à-vis de l'autre. Et, quoique réservé qu'il fut, Wenceslas ne regretta pas cette première rencontre. Même si elle le poussait un peu à s'ouvrir, lui qui n'aimait pas se dévoiler, il trouva sa compagnie plaisante. Cornélia ne manquait pas d'audace, mais elle savait toujours où se trouvaient les limites. Et puis, il fallait bien l'avouer, elle était belle.
A l'issue de cette première rencontre, Wenceslas prit congé d'elle, mais ils se revirent à plusieurs reprises au cours de l'ennéade qui suivit. Ils étaient à chaque fois chaperonnés par les dames de compagnie de Cornélia, évidemment. Mais Wenceslas ne tenta jamais rien de déplacé, soucieux qu'il était de respecter ses nouveaux amis suddiers, et de conserver l'honneur intact de sa promise. A mesure qu'ils se voyaient, une sorte de confiance mutuelle s'installât peu à peu entre les deux fiancés. Mais leurs discussions avaient toujours un aspect très formel; Wenceslas ne se livrait pas vraiment. Il essayait bien de se rendre un peu plus loquace, mais il ne quittait jamais le champ de la politesse et des convenances; toujours soucieux des règles de bienséance, il s'interdisait une proximité qui pourrait être mal interprétée. Le reste du temps, Wenceslas demeurait souvent dans ses appartements. Certes, il honorait de sa présence les Anoszia chaque fois que ceux-ci le souhaitaient; il prit ainsi part à la chasse organisée par le régent d'Ydril en son honneur, et put ainsi faire connaissance avec les fils de celui-ci. Il tint également une courte correspondance avec son oncle, lequel le tenait informé dans une lettre de l'avancement des préparatifs dans le Nord. Les jours passèrent relativement vite.
On était à la veille du grand départ. Le lendemain, Wenceslas quitterait Ydril avec cent cinquante homme aimablement "prêtés" par Arichis d'Anoszia, pour prendre la direction d'Etherna. Le frère du régent, Ansaldo, serait de la partie, ainsi que le jeune Sysiphe. Une aide bienvenue, qui montrait que le patriarche des Anoszia tenait à voir son futur gendre revenir entier. Ou peut-être y était-il incité par la présence de son fils aîné Oschide, qui participait également à cette folle équipée nordique sous la bannière royale, en tant que capitaine de Diantra. Toujours est-il que les beaux jours touchaient à leur fin, et quoique Wenceslas fut un homme d'action qui ne pouvait se repaître de l'oisiveté, la perspective du départ lui mettait le cafard, alors qu'il venait à peine de s'habituer au cadre de cette belle ville du sud. A la veille de partir pour la campagne la plus importante à laquelle il ait prit part - sa première en tant que comte, si l'on excluait les manœuvres entreprises lorsqu'il avait eu à pacifier son propre comté - Wenceslas se sentait petit face à l'importance de la tâche. Le soir tombait sur Ydril, et le comte arpentait seul les jardins du palais, l'air soucieux. Flânant à l'ombre des arbres, sous le soleil couchant, il goûtait au calme, à la fraîcheur crue qui montait des bassins au son d'un écoulement d'eau. Le cadre avait un certain charme, d'autant plus apprécié dans les derniers moments d'accalmie qui précèdent les grands remous.
Rien qu'une petite heure de paix avant d'enchaîner sur des ennéades de guerre.
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Mer 9 Avr 2014 - 23:25 | |
| -Vous serez digne de moi, ma promise. Dès lors que vous m'aurez donné un fils, déclara le comte d'un ton un peu trop vide d'émotion à son goût.
Une certaine froideur s'empara de Cornélia qui se sentait vexer par les paroles du comte, mais elle ne pouvait pas lui en valoir, son rôle d'épouse lui demandait en effet de se soumettre à lui et de lui offrir une progéniture et de préférence, un premier fils fort et en santé dans les premiers mois qui suivraient leur union. Le comte allait certainement en faire une priorité, surtout après un premier mariage où il n'y avait eu aucune naissance.
Les doigts de l'Anosiza se crispèrent discrètement sur le bras du seigneur, puis elle dissimula habilement sa vexation. Elle se demande quel serait son avenir si elle ne lui donnait jamais aucun fils. Cela était fort possible, sachant que le sexe de l'enfant dépendait des dieux et ceux-ci pouvaient être très capricieux lorsqu'ils le voulaient. Au moins, si elle s'avérait stérile dans le futur, le comte pouvait toujours demander le divorce et pourrait-elle vivre avec un tel déshonneur par la suite? Son père n'accepterait jamais qu'elle revienne à la maison, il ne la considérerait plus comme son enfant, il renierait sa pauvre existence!
Cornélia fronça des sourcils, non, son avenir ne serait pas celui d'une divorcée stérile. Sa mère avait été très féconde et Cornélia avait toujours eu, depuis sa naissance, une excellente santé. Elle serait féconde et si les dieux le désiraient, elle formerait une grande famille avec son époux.
Le reste de cette balade se passe sans encombre, mais les paroles du comte au sujet de son futur héritier l'avait laissé un peu amère. Néanmoins, elle continua de sourire et d'être de plaisante compagnie, cela ne lui aurait servi à rien de répliquer au comte sur le sujet, de crainte de titiller ses nerfs et comme elle l'avait observé plus tôt, il n'était pas habitué aux femmes et certainement encore moins à leurs caprices. Ils bavardèrent sur des banalités, sur la pluie et le beau temps puis ils se séparèrent finalement. Les deux fiancés se revirent à plusieurs reprises durant les neuf jours qui suivirent le séjour du comte, Cornélia s'habitua joyeusement à sa présence et lui offrit l'honneur de jeter un œil à sa broderie dont elle était si fière, bien qu'elle se douta pleinement que cela ne devait pas être d'un grand intérêt pour le seigneur de Karlsburg.
*** -Ma demoiselle, entendit vaguement Cornélia dans le lointain, concentrée sur son dernier travail de broderie. Ma demoiselle!
Cornélia sursauta, puis leva la tête rapidement pour faire face à sa servante aux sourcils froncés, les poings sur les hanches. La jeune dame lui offrit un petit sourire.
-Ma demoiselle, vos yeux vont s'affaiblir à force de faire des travaux d'aiguilles dans un éclairage aussi mauvais! commenta sa servante.
La dame observa la petite bourse qu'elle tenait entre ses doigts, puis se frotta finalement les yeux. En effet, elle sentait que ceux-ci étaient drôlement fatigués, mais Cornélia voulait absolument terminé le porte-bonheur qu'elle avait confectionné pour son fiancé. L'Anoszia n'était pas réellement superstitieuse, cet objet n'était à ses yeux qu'un petit présent emplit d'affection pour le seigneur Wenceslas.
-Certes, Isabelle, vous avez bien raison, cependant, je dois finir cela avant le départ de mon fiancé! répliqua la dame avec un sourire charmant. Un peu de chance ne fait de mal à personne, n'est-ce pas?
La prénommée Isabelle fit une révérence polie, puis commença à ranger les accessoires de couture dont Cornélia n'aurait plus besoin pour terminer sa broderie. Isabelle était au service de sa jeune maîtresse depuis maintenant une dizaine d'année. Elle avait été engagé peu de temps avant son quinzième anniversaire, puis dès qu'elle avait posé ses yeux sur la jeune femme, Cornélia en avait fait sa servante personnelle. La jeune servante avait dévoilé des qualités que la dame considérait très importante pour une subordonnée, c'est-à-dire une loyauté incomparable, une habilitée à tout faire et depuis, elle était décemment éduquée et savait lire et écrire, ce qui était tout un luxe pour une servante! Isabelle s'était fait engagée chez les Anoszia peu de temps à la suite du décès de son mari, celle-ci devant pourvoir aux besoins de ses deux fils encore bambins.
Le temps s'écoula tranquillement, puis Cornélia termina la broderie sur la petite bourse constitué d'un tissu noir de bonne qualité. Cornélia y avait brodé des motifs floraux rouge foncé. Après observation, elle avait deviné que le comte favorisait les couleurs sombres et s'il osait porter une autre couleur, celle-ci restait foncé, évidemment.
-Apporte moi les ciseaux, Isabelle, ordonna calmement la dame qui déposa la petite bourse sur la table basse en fasse de son fauteuil.
La servante lui obéit sur le champ, apportant la paire de ciseaux aussitôt. Cornélia les saisit, puis d'un geste habile, coupa une courte mèche de ses jolies cheveux bruns. Elle noua la mèche avec un ruban de soi or et la déposa ensuite sur un mouchoir sur lequel elle avait broder ses initiales. Après, elle plia soigneusement le mouchoir et dissimula le tout dans la petite pochette de soie dont la broderie avait des airs tout à fait féminin. Heureusement, ce genre de présent n'était pas a porter à la vue de tous.
-Vous avez de véritables doigts de fée avec une aiguille, ma demoiselle, remarqua Isabelle, impressionnée par le talent de sa maîtresse.
Les joues de Cornélia rosirent doucement sous le compliment, puis elle se leva vivement, ayant bien tôt hâte d'offrir son cadeau au comte. S'il était assez gentil, il ferait semblant d'être ravi de son humble présent!
-Je dois trouver le comte! déclara Cornélia avec un air confident en prenant la petite pochette de soie et en la serrant contre sa poitrine.
Elle empoigna sa jupe d'une main, puis sortit de la pièce d'un pas rapide. Isabelle, surprise par l'énergie de sa maîtresse, se contenta de la suivre dans son sillage, telle une ombre. Cela prit un peu de temps à la future comtesse pour trouvé son fiancé, mais elle finit par le découvrir dans les jardins du palais. Les rayons oranges du soleil couchant lui réchauffa le visage, puis elle s'approcha de puis, claqua ces talons sur le pavé afin qu'il puisse l'entendre arrivé et ainsi de pas le surprendre.
-Mon seigneur, dit-elle en cachant son humble présent derrière son dos, puis en tenant sa jupe avec la seconde afin de lui offrir une jolie révérence. Vous me paraissez un peu soucieux, puis-je vous aider avec quoi que ce soit?
Elle jeta un œil autours d'elle, Isabelle était restée derrière, à quelques mètres du comte et de la future comtesse, elle leur servirait de chaperon pour cette brève rencontre. Les doigts de la dame se crispèrent un moment sur la petite pochette qui traînait sagement entre ses doigts, soigneusement dissimulée dans son dos.
-Je vous cherchais, mon seigneur, dit-elle en sentant ses épaules trembler légèrement. Je voulais vous offrir quelque chose, avant votre départ.
Tient étais-ce... de la nervosité? Enfin bon, elle avait déjà commencé, il lui fallait bien aller jusqu'au bout.
Les joues de Cornélia rosirent doucement, puis elle baissa docilement la tête pour lui offrir son humble présent sur lequel elle avait travaillé durant les derniers jours.
-Si cela ne vous plaît pas, je le garderai pour moi-même, commenta la jeune dame avec un sourire un peu gêné, mais dont l'expression démontrait bien son envie de plaire au comte. Je voulais vous offrir un peu de chance pour votre départ. |
| | | Wenceslas de Karlsburg
Ancien
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Jeu 10 Avr 2014 - 16:27 | |
| Le bruit des pas de la jeune femme interrompit le comte dans sa méditation. Wenceslas se retourna et vit Cornélia s'approcher de lui, dissimulant quelque chose dans son dos. Une servante l'accompagnait, mais elle avait la délicatesse de demeurer à une distance respectueuse, accordant aux fiancés un semblant d'intimité. L'abordant non sans faire montre d'une certaine grâce, la demoiselle lui demanda si elle pouvait faire quelque chose pour lui.
Ralliez pour moi les baronnies d'Alonna et d'Oësgard, aurait-il pu répondre avec beaucoup d'esprit, s'il s'était adressé à un péquenaud qui venait de prononcer une incongruité. Mais tel n'était pas le cas.
- Je profite une dernière fois de la vue des belles choses du sud avant mon départ, répondit-il, et en cela, vous arrivez à point nommé.
Le compliment était improvisé, aussi fallait-il espérer que Cornélia ne se vexe pas d'être assimilée à une "chose", dont la beauté était semblable à celle du paysage. Enfin... elle avait déjà eu l'occasion de voir que Wenceslas n'était pas un grand poète.
Cornélia paraissait préoccupée. L'assurance dont elle faisait preuve la plupart du temps lorsqu'elle se trouvait en sa compagnie semblait s'être un peu estompée. Wenceslas jetait un œil intéressé vers ce qu'elle tentait de dissimuler derrière elle, mais la jeune femme gardait précieusement le présent à l'abris de son regard. Lui annonçant qu'elle voulait lui offrir quelque chose, le comte se demanda quel genre de cadeau pouvait bien la rendre mal à l'aise; il était bien loin d'imaginer qu'elle était simplement nerveuse parce qu'elle espérait que le geste lui plairait. Il avait trop l'habitude de la voir souriante et pleine de vie, toujours ravie de lui faire découvrir tel ou tel lieu dans ce palais qu'elle connaissait par cœur, alors que c'était lui, l'étranger, qui ne se sentait guère dans son élément. Il n'imaginait pas, chez cette jeune femme enjouée, que le simple souhait de lui faire plaisir puisse la rendre soucieuse.
Elle remit entre les mains du comte la petite pochette brodée, et Wenceslas prit le temps de l'observer. Dans une situation tout à fait normale, il aurait dédaigné ce genre d'attention; il pouvait moquer ouvertement le côté fleur bleue qu'affichent parfois certains couples, et trouver ridicule qu'une femme refile à son bonhomme un de ces grigris insipides. Simplement, le présent en question, avec tout son côté mièvre et cette ambiance à l'eau de rose, il lui était adressé. Aussi fier et avare de sentiments qu'il fut, Wenceslas n'avait pas l'habitude de ce genre d'attention. Il en fut troublé, et cela se vit dans son regard, d'ordinaire si peu expressif.
Qu'ai-je fais pour mériter qu'elle me porte ce genre d'attention, en-dehors d'être celui que son père lui a présenté comme futur époux ? se demandait Wenceslas, alors qu'il retournait l'objet, observait la broderie, et découvrait le contenu. Même lui, il ne pouvait s'empêcher de trouver ça touchant. Touchant, et en même temps, pas mérité. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir cette désagréable impression que Cornélia se forçait à ce genre d'efforts, qu'elle s'obligeait dès maintenant à l'aimer, pour mieux supporter la nouvelle vie qui s'ouvrirait bientôt à elle dans le Nord. Par son titre, il méritait de devenir le gendre d'un régent d'Ydril, mais il n'avait rien fait pour la mériter pour femme, elle. C'était bien la première fois qu'il était amené à se poser des questions quant à ce qu'il méritait ou non...
- Je me sens honteux de n'avoir rien d'autre à vous offrir avant mon départ, ma promise. Je... je garderais précieusement ce cadeau jusqu'à nos retrouvailles. Vous ne m'aviez pas menti quant à votre talent pour la broderie. Vous pouvez en être fière.
Compliment facile, venant de quelqu'un qui ne connaissait strictement rien à la broderie. Mais l'envie de flatter l'ego de la demoiselle y était.
Il garda la broderie dans sa main droite, fermant le poing, serrant le précieux cadeau et la valeur sentimentale qu'il renfermait. De l'autre main, il prit doucement celle de Cornélia dans la sienne. Elle avait la main fraîche et légère. Depuis des mois, depuis qu'il était comte, Wenceslas ne connaissait que la violence, le chantage, le calcul. Être subitement confronté à la tendresse d'une belle femme le rendait toute chose. Il y avait de quoi s'inquiéter : si la future comtesse d'Arétria transformait le loup en agneau, certains vassaux qu'il devait garder à l’œil pourraient bien décider que leur nouveau suzerain n'était pas si terrible qu'on le disait. Mais, en cet instant, Wenceslas était las de la politique. C'était l'un de ces moments rares, où le poids de sa charge lui donnait envie de s'esquiver, où il éprouvait le besoin de se ressourcer. Heureusement, ça ne durait jamais longtemps. Le lendemain, probablement, il serait d'attaque. Il n'allait pas tellement avoir le choix, en même temps.
- Je ne sais quel souvenir de moi vous pourriez garder lorsque je serais reparti. Mais je vous dis ceci, Cornélia : je reviendrais. Cette guerre ne durera pas, et ma victoire, je ne la célébrerais ni à Alonna ni à Oësgard, mais je la célébrerais en rentrant à Arétria, avec vous à mes côtés.
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Ven 11 Avr 2014 - 0:44 | |
| Cornélia leva timidement les yeux vers le comte lorsque celui-ci se mit à observer la petite pochette entre ses doigts. Le compliment qu'il avait visiblement improvisé de la vexa pas, elle était plutôt heureuse qu'il eut une bonne pensée envers elle. De plus, savoir qu'elle lui plaisait physiquement n'était pas une mauvaise chose, c'était bien la seule chose qui donnait réellement du prestige à une femme. Pour un mariage réussi, les critères principaux étaient toujours l'argent d'un l'homme et la beauté d'une femme. Dans le cas de Wenceslas, c'était plutôt son titre qui avait attiré l'attention du patriarche, cependant, c'était le genre d'information que l'on ne partageait pas à voix haute, surtout pas avec le fiancé concerné. De toute façon, Wenceslas n'était pas sot et devait avoir un semblant de connaissances sur les intérêts de son père.
La jeune dame remarqua le trouble qui se lisait dans les yeux de son fiancé. Elle ne pouvait cependant pas dire si cela était un bon ou mauvais signe. Elle comprit qu'elle devrait apprendre à bien lire son futur époux. Heureusement, il y avait des choses que seule une épouse pouvait apprendre aisément et aborder avec son mari. Wenceslas était pensif et elle souhaita pouvoir lire ses pensées, mais cela était un don qu'elle ne possédait pas, tristement.
La future comtesse rougit doucement dans le décor orangé lorsqu'elle vit le jeune homme découvrir le contenu de son modeste présent. Il allait certainement penser qu'elle était une fillette plutôt sotte et superstitieuse, mais de telles commentaires ne vinrent jamais à sa plus grande joie.
- Je me sens honteux de n'avoir rien d'autre à vous offrir avant mon départ, ma promise. Je... je garderais précieusement ce cadeau jusqu'à nos retrouvailles. Vous ne m'aviez pas menti quant à votre talent pour la broderie. Vous pouvez en être fière.
Bien qu'elle sut que le comte ne connaissait rien du tout en broderie, Cornélia se sentit flattée par son compliment. Sa broderie avait toujours été une source de fierté pour elle et jamais son orgueil aurait accepté une mauvaise remarque sur son travail auquel elle offrait beaucoup de son temps libre. Le compte appréciait la beauté de sa broderie et de ses travaux d'aiguille, il n'avait pas besoin de connaître les techniques et les secrets du métier pour en apprécier son talent et sa valeur.
L'Anoszia eut un discret mouvement de recul lorsque le comte lui saisit la main avec une délicatesse qui la surprenait grandement. Bien qu'elle fut de plus haute taille que le comte, Cornélia se sentit soudainement très petite comparé à lui. La future comtesse avait devant elle son futur époux, un homme d'expérience ayant déjà vécu un premier mariage avant le leur, un homme qui avait été élevé parmi des traditions et des coutumes différentes, un homme qui l'emmènerait loin de sa famille... non, Wenceslas serait sa nouvelle famille.
-Je n'ai aucun doute sur votre future victoire, mon seigneur et rien ne me ferait plus plaisir que de célébrer à vos côtés, dans notre domaine, déclara la jeune dame avec un sourire ravi.
Cornélia remarqua avoir prononcé le mot «notre» et non «votre» sans s'en rendre compte, puis s'en réjouit, cela signifiait qu'elle entamait déjà sa nouvelle vie et comprenait que ce qui appartenait au comte serait bientôt aussi à elle.
-Pour répondre à ce que vous avez dit précédemment, il n'y a point de honte à avoir, savoir que mon modeste présent vous plaît est la seule chose qui me fait réellement plaisir, déclara la future comtesse humblement. Cependant, il y a bien... quelque chose dont je souhaiterais m'entretenir avec vous.
Remarquant qu'elle lui tenait toujours la main, les joues de Cornélia rosirent à nouveau, puis après avoir serré affectueusement ses doigts entre les siens, elle se détacha de puis, puis fit un petit pas en arrière afin de remettre une certaine distance plus respectable entre eux.
-Notre mariage est un heureux évènement qui unira joyeusement nos deux familles, débuta-t-elle simplement avec un sourire séducteur. Cependant, n'y aurait-il pas la possibilité d'un second mariage, mon seigneur?
Plus tôt dans la journée, son père lui avait donné des instructions.
-J'ai quelques cousins célibataires qui sont en âge de prendre une épouse, dit-elle ensuite. Cela me semble être une opportunité fortement intéressante, qu'en pensez-vous? Un tel projet unirait davantage nos familles et influencerait grandement sur notre confiance mutuelle.
Quelque chose attira l'œil de Cornélia, puis elle remarqua une silhouette sombre, dissimulée par un grand arbre au loin. «Alors, il était donc là, le petit oiseau de mon père», songea-t-elle en restant stoïque afin de ne pas en informer le comte. |
| | | Wenceslas de Karlsburg
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Ven 11 Avr 2014 - 17:46 | |
| La politique... Wenceslas pensait la mettre en pause pour un court moment, et voilà qu'elle revenait au grand galop. Et de surcroît, par la bouche de sa promise, celle-là même qui quelques instants plus tôt, réveillait chez lui un côté sentimental qui était resté étouffé des années durant.
Evidemment, tout s'expliquait. Le présent, destiné à l'attendrir, l'air faussement gêné et hésitant de la donzelle... le comte avait été bien sot de croire qu'il pouvait baisser sa garde. Avec les Anoszia, on négocie. On négocie toujours. Et on ne se repose pas. Elle avait voulu émousser ses sens, endormir sa vigilance, pour mieux lui susurrer une idée qu'elle prétendait être la sienne... alors que Wenceslas ne voyait là que la patte d'Arichis d'Anoszia. Il ne montra pas sa colère; toutefois, l'émotion qui l'avait prise juste avant disparut tout net de son visage, et il redevint inexpressif, voilant sa pensée comme on fermerait un livre pour protéger jalousement les secrets qu'il abrite.
Le vieil Anoszia est donc un ambitieux de première, et plus rusé que le foutu dragon qui sert d'emblème à sa maison. Non content de placer sa fille comme comtesse, il voudrait m'en refourguer d'autres de son sang, pour me garder à l’œil. Comme si je ne voyais pas la manœuvre. La maison de Karlsburg était disparate; si Arichis plaçait bien ses pions, les aléas de la généalogie pourraient bien amener un jour le comté d'Arétria à tomber directement sous la coupe de sa maison. Evidemment il est probable que nous serons tous morts et enterrés depuis longtemps; mais il restera l'artisan de ce coup de maître. Certains ne se refusent rien pour entrer dans l'Histoire. Dans l'absolu, Wenceslas ne s'opposait en rien à l'éventualité d'une autre union, entre une de ses cousines et un autre Anoszia. C'est qu'il faudrait bien caser tout ce beau monde auprès de quelqu'un, de toute façon. Mais le comte se méfiait des ambitieux; il fallait toujours les avoir à l’œil, sans quoi, ils avaient tôt fait de faire de vous un simple pion sur leur vaste échiquier.
Et, surtout, le fait qu'Arichis d'Anoszia ait voulu utiliser sa fille pour aborder la question déplaisait à Wenceslas.
- C'est aimable d'y avoir pensé. J'en parlerais avec votre père, répondit-il d'un ton poli, mais qui tranchait avec la voix émue qu'il avait encore quelques instants plus tôt.
Cornélia n'était pas sotte, elle saisirait certainement le sous-entendu. Wenceslas ne voulait pas parler de politique avec sa promise; il ne savait que trop l'affection mutuelle que se portaient le père et la fille, aussi lui était-il douloureux de voir en elle le messager du régent. Une fois dans le Nord, avec une distance raisonnable entre elle et les siens, cela finira sans doute par s'estomper... songea-t-il, espérant que le temps lui donnerait raison.
Il ne vit pas, heureusement, la silhouette sombre qui les épiait. Mais peu lui aurait importé, de toute façon, de se savoir espionné à cet instant précis. Il était certain qu'Arichis s'était tenu au courant de ses moindres faits et gestes depuis l'arrivée de Wenceslas à Ydril. Le comte avait prévu cette éventualité; il ne s'était permis aucun écart de conduite, pas même auprès des esclaves qui lui avaient été remis en cadeau. Ce genre d'amusement n'était, de toute façon, pas son fort, et la perspective que tout ce qu'il ferait en privé serait répété au régent suffisait à lui couper toute envie de s'amuser. De toute façon, il ne savait pas s'amuser. Il était d'un ennui à mourir, et tout ce qu'on avait pu répéter à Arichis pendant son séjour devait l'être tout autant. Et puis, à cet instant précis, Arichis n'avait pas besoin d'espion pour savoir ce que faisait Wenceslas. Son meilleur informateur, c'était sa fille.
"Savoir que mon modeste présent vous plaît est la seule chose qui me fait réellement plaisir", disiez-vous... songeait Wenceslas avec amertume. Ce n'est sûrement pas pour me faire plaisir que votre père vous envoie en première ligne.
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Sam 12 Avr 2014 - 3:56 | |
| Quelque chose dans le regard de comte attira l'attention de la promise. Cornélia n'était certaine de quoi il s'agissait, mais si le comte lui avait dévoilé un côté plus sentimental de sa personne, il l'avait immédiatement dissimulé et verrouillé dans un coffre à l'intérieur de lui. Du haut de ses quelques centimètres de plus, elle le considéra longuement, sans pour autant perdre l'expression ravissante qui reposait sur son visage ovale. Le visage de son fiancé devint à nouveau vide d'expression, puis la dame se remit sur ses gardes, elle ne pouvait pas connaître la déception qui semblait voiler le cœur de son promis.
- C'est aimable d'y avoir pensé. J'en parlerais avec votre père, lui rétorqua le comte poliment, d'une voix bien différente de celle quelques minutes plus tôt.
Un sourire en coin étira ses lèvres fines, en effet, le seigneur de Karlsburg était loin d'être un idiot. Cela était bien, car Cornélia n'avait que très peu d'affection pour les idiots, sauf s'ils lui obéissaient au doigt et à l'œil.
-Oh, mais j'en suis certaine, mon seigneur, répondit-elle impudemment sans même tenter de dissimuler son vilain sourire. La politique appartient aux hommes, n'est-ce pas?
La politique appartenait aux hommes, certes, mais les femmes pouvaient bien être au courant de ce qui se jasait entre les mâles titrés. Cornélia appréciait grandement que son père lui fasse part de ses importants projets, sa confiance était une bénédiction précieuse à ses yeux et elle ne l'aurait brisée pour rien au monde. Oui, après leur mariage, Cornélia appartiendrait à Wenceslas, elle serait sa loyale épouse, toutefois, son père resterait pour toujours, le premier homme de sa vie à qui elle devait obéissance et loyauté.
Cornélia s'approcha dangereusement vers le comte et l'observa de haut, bien que cela n'était pas voulu. En fait, le fait d'être plus grande que son futur époux la rendait fort mal à l'aise, mais elle s'habituerait, elle n'avait pas vraiment le choix.
-Vous êtes un homme sérieux, mon seigneur, et vous n'êtes pas dupe, que votre intelligence vous préserve sur le champ de bataille, lui dit-elle en se penchant vers lui.
Elle l'aurait embrassé sur le front, mais elle fut assez vive d'esprit pour deviner que cela aurait peut-être blessé l'orgueil du jeune homme, il aurait pu croire qu'elle le prenne pour un gamin. Pour cette raison, elle déposa un chaste baiser sur sa joue. Le geste fut rapide, presque un mirage pour ceux qui regardaient de loin. Toutefois, elle resta près de lui. «Quelle sera votre réaction, père, lorsque l'oiseau chantera pour vous?»
-Que ce geste vous apporte de la chance également, lui souffla-t-elle à l'oreille. Vous faites bien de vous méfiez des oiseaux, mon seigneur, lui murmura-t-elle ensuite.
Elle recula ensuite, puis se détourna de lui, le froissement de sa robe marqua ce mouvement purement féminin. Son père n'était pas le seul à voir des informateurs, la future comtesse avait elle aussi quelques souris loyales à son service, peut-être pas autant que le patriarche, mais au moins, elle restait au courant de ce qui se déroulait autours d'elle. Grâce à cela, elle avait apprit que le comte était loin d'être un rustre et il ne semblait pas s'être adonné à des activités qu'elle considérait déplaisantes et peu honorables. Cependant, encore une fois, le comte n'était pas un imbécile et il était bien le premier à faire attention à ses faits et gestes.
-J'ai des devoirs qui m'appelle ailleurs, et vous avez des discussions qui vous attende avec votre futur beau-père, si vous voulez bien m'excuser, mon seigneur.
Cornélia lui fit une révérence respectueuse tout en baissant docilement les yeux. Elle avait été assez impudente envers son fiancé pour une soirée. De plus, son père ne tarderait certainement pas à se faire entendre. |
| | | Wenceslas de Karlsburg
Ancien
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Sam 12 Avr 2014 - 18:29 | |
| Les minauderies de la future comtesse le déroutaient. Voilà qu'elle l'assaillait à nouveaux de flatteries et d'attentions mielleuses pour endormir la suspicion que sa sortie avait malencontreusement réveillée. Wenceslas ne savait plus tellement où donner de la tête. Peste soit la complexité de l'esprit féminin; comment diable font les hommes mariés pour comprendre leurs épouses sans y épuiser leur santé mentale ? Bien malin celui qui aurait la réponse. Bien qu'il ait déjà été marié auparavant, Wenceslas était bien loin d'avoir percé tous les mystères de la femme, et celle-ci semblait plus imprévisible encore que la moyenne. Et, alors qu'il sentait monter la colère en lui, voilà que Cornélia coupait net cet élan par un simple baiser sur sa joue. Le geste le décontenança; quoiqu'elle fut restée chaste, voilà qui était plutôt cavalier de sa part. A croire que c'était elle le preux venu faire sa cour, et lui la dame réticente qu'il fallait séduire. Wenceslas grimaça à cette pensée, et la chassa bien vite de sa tête. Pas question de remettre en doute sa virilité. N'empêche, elle lui avait cloué le bec, et il était bien embêté pour savoir comment il devait réagir à cette marque d'affection. Entre rougir comme une pucelle effarouchée, s'offusquer de l'audace de la donzelle, ou pousser le vice à réclamer davantage, le choix était ouvert. Au final la solution de facilité s'imposa d'elle-même, Wenceslas ne sut même pas articuler trois mots.
- Je... euh... oui.
Il resta tout penaud alors qu'elle prenait congé de lui, le saluant d'une révérence tout en l'informant que son père comptait le rencontrer ce soir. Wenceslas la salua poliment, encore un peu perdu dans ses pensées, et la regarda s'éloigner d'un air absent, sentant encore contre sa joue le toucher des lèvres de la belle. Ce geste pourtant anodin l'amenait subitement à envisager l'aspect purement physique des choses. Guère connu pour son côté grivois, il n'y avait pas tellement pensé jusqu'à présent. Tant qu'il négociait avec Arichis, la politique et la diplomatie étaient omniprésentes, mais l'ennéade qui venait de s'écouler et le temps passé avec Cornélia n'avaient pas manqué d'éveiller chez lui certains désirs, bien qu'il ait su les taire. Il est malséant d'avoir de telles pensées la veille de partir en guerre, se sermonna-t-il. Il allait avoir intérêt à garder la tête froide au cours des prochaines ennéades. Il contempla un instant le cadeau que lui avait fait Cornélia, et qu'il gardait encore entre ses mains. Puis il le rangea dans une poche, et se secoua la tête. Il s'était un peu trop laisser vivre pendant son séjour à Ydril. Les gens du sud aiment leur confort, et je m'y suis laissé entraîner malgré moi. Je ferais bien de ne pas trop m'y habituer. Chez lui en Arétria, il était habitué à un cadre de vie sensiblement différent. Non pas qu'il vive tellement à la dure : le château d'Arétria, bien qu'il n'ait pas la belle architecture des palais du sud, disposait de tout le confort nécessaire pour un seigneur exigeant. Mais Wenceslas n'avait pas coutume de se laisser aller à l'oisiveté comme il le faisait ces derniers temps.
Il poursuivit sa marche dans les allées des jardins. Cornélia m'a dit qu'une discussion m'attendait avec son père, se rappela-t-il. L'avait-elle dit par hasard ? Sans doute pas, si bien informée qu'elle était. Pour autant, il n'avait pas reçu de convocation, et Cornélia ne lui avait pas dit explicitement que son père l'attendait maintenant, ni ou le trouver. Si le vieil Anoszia veut me parler, il m'enverra quelqu'un. Et, j'espère, un vrai messager, cette fois. Le comte se demandait tout de même ce que le régent d'Ydril avait en tête. Ils seraient de toute façon amenés à se voir une dernière fois avant que Wenceslas ne quitte Ydril, car telles étaient les convenances vis-à-vis d'un hôte. Cela dit, Wenceslas avait déjà la réponse, Cornélia la lui avait donnée. Arichis d'Anoszia voulait lui proposer d'autres unions. Il veut sans doute me mettre l'idée en tête, avant de sceller ces accords à l'issue de la guerre... une fois que le terrain sera plus propice, et que sa proposition aura mûri dans mon esprit.
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| | | Arichis d'Anoszia
Ancien
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Mar 15 Avr 2014 - 16:19 | |
| « Il est seul. » Le servant repartit aussi vite qu’il était arrivé. Arichis sortit du château rencontrer le Comte d’Arétria. Il le trouva au bout d’une allée de dos, les pas sur les pavés dévoilèrent la présence du régent qui s’avançait vers lui, le visage fermé. Durant l’ennéade passée, il avait très peu vu le comte en dehors des repas dans la grande salle, et de la chasse organisée où deux cerfs ont été abattus. En dehors de ceci, une myriade de serviteurs et d’esclaves avaient tournoyé autour du comte pour pourvoir à ses besoins. Aucun écart de conduite n’a été déploré et l’arétran se dévoila être un homme ennuyeux, réservé. A moins que cela soit une image pour endormir le régent. Ce n’était pourtant pas sa façon de vivre qui intéressait l’Anoszia mais ses titres, ses terres et son armée.
« Votre Grandeur. Il le salua. Votre séjour touche à son terme malheureusement. Notre fille vous apprécie, elle sera une épouse remarquable qui vous secondera pour vos lourdes tâches. »
Il lui fit signe de continuer de marcher dans l’allée. Ansaldo avait réunit au port les troupes qui devront embarquer, les tavernes étaient pleine à déborder et l’alcool coulait déjà en ce début de soirée. L’avant-veille, Sibylle sa sœur était venue le trouver après le dîner pour lui susurrer quelques idées à l’oreille. Cette femme encore non-mariée était d’un conseil précieux pour le vieux régent. Elle avait à cœur les intérêts de son frère et particulièrement ceux de ses neveux dont certains même étaient plus âgé qu’elle. Arichis n’osait pas la marier, il la craignait en quelque sorte. Il était conscient que sa jeune sœur nourrissait des ambitions dissimulées dans l’ombre pour le moment.
« Il n’est secret pour personne au jour du jour que nous cherchons à ouvrir Ydril vers l’extérieur politiquement parlant. Nous cherchons des alliés durables, par nous, nous parlons du Comte Alastein et de notre famille. Le Comte est jeune mais son règne s’annonce long et prospère, les Anoszia ont à cœur ses intérêts et ceux qui sont nos amis sont les siens. Il joignit ses mains dans le dos, un couple de courtisans passa devant eux, les saluant au passage. Notre famille est ancienne et remonte aux origines du royaume, bien que nous ayant été que des acteurs dans l’ombre des plus grands et des vicomtes, nous gagnons aujourd’hui de la renommée. C’est ce qui manque à la maison Karlsburg n’est-il pas ? D’où votre venu si loin de vos terres pour vous attacher notre nom. Ceci nous vous l’offrons Comte Wenceslas. Unissons d’avantage nos noms, que les générations futures qui mentionneront la maison Anoszia y mentionnent dans la foulée celle des Karlsburg. Nous avons appris l’existence de quelques unes de vos cousines, Iselda de Karlsburg. La charmante jeune fille ne pourrait trouver un meilleur parti que celui de mon-petit neveu Odoric de Mirabelo, second du nom. Ce fougueux chevalier marche déjà sur les traces de son père et de son grand-père, Gilderio et Odoric premier Vicomte de Trezatio. Votre cousine Aliénor également non ? Notre frère Simèon le Marchand comme on le surnomme ici n’a pas encore prit d’épouse. »
En épousant Odoric II, Iselda deviendra vicomtesse un jour. Pour Simèon, Arichis ne souhaitait pas le voir sans descendance même si ce serait à son fils Oschide d’hériter de la fortune de l’oncle si celui-ci venait à mourir sans héritier. Le vieil Anoszia comptait se faire de Wenceslas un allié de choix, le chevalier de son échiquier. Durant cette oraison, le régent n’y était pas allé par quatre chemins pour dévoiler ses intentions. Il avait déjà chargé Cornélia d’introduire l’idée à son futur gendre.
« Nous serons très chagriné d’une réponse défavorable Votre Grandeur. »
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| | | Wenceslas de Karlsburg
Ancien
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Mar 15 Avr 2014 - 17:55 | |
| Wenceslas toisait le régent d'Ydril pendant que celui-ci argumentait. Il ne se permit point d'interrompre, mais il releva intérieurement chacun des propos qui lui fut tenu. Du fait de la visite de Cornélia, il savait, avant qu'Arichis n'en vienne à le dire lui-même, que le but de tout ce petit discours était d'arriver à la question d'un autre mariage entre les Anoszia et les Karlsburg. Wenceslas n'était dupe de rien : les Anoszia servaient leurs intérêts grâce à Alastein, avant tout. Celui-ci était un prête-nom, dont ils ne pouvaient se passer évidemment, mais grâce auquel Arichis était le vrai maître d'Ydril, et Wenceslas ne croyait pas une seconde que le vieil Anoszia ferait passer les intérêts du mioche avant ceux de sa famille. Arichis plaçait ses pions, tout comme Wenceslas le ferait sans doute s'il avait une famille aussi large. Mais tel n'était pas le cas; et ce que lui demandait Arichis d'Anoszia, il pouvait difficilement le lui donner.
Arichis avait poussé les choses au point de savoir déjà qui il souhaitait marier avec qui. Iselda de Karlsburg ? Wenceslas ne pouvait déjà pas accepter cette solution. Certes, en épousant lui-même Cornélia, il avait voulu nouer des liens dans la péninsule, et ne pas se limiter au Nord. Mais la maison de Karlsburg restait dans une position fragile et il était plus que nécessaire, s'il voulait qu'elle se raffermisse et perdure pendant les générations à venir, que de bonnes alliances soient forgées en Arétria. Il devait profiter de sa position de comte pour marier les siens aux principaux vassaux arétans, imposer sa maison parmi la noblesse arétane. Et puis, Iselda était sa plus proche cousine. C'était la fille d'Alwin, elle allait être très demandée, aussi demandée que si elle avait été la propre soeur du comte. Wenceslas ne pouvait pas la laisser partir vers le sud, elle était nécessaire à ses plans.
Alors, éventuellement, Aliénor de Wenden... Après tout, Arichis le proposait lui-même, et si Wenceslas pouvait l'accepter pour éviter de froisser son futur beau-père, c'était envisageable. Aliénor de Wenden n'était pas issue de la maison de Karlsburg, elle n'était que sa cousine maternelle, mais elle était aussi la soeur de l'un des principaux vassaux du comte, Roderik de Wenden. Celui-ci l'avait d'ailleurs proposée à Wenceslas lui-même, et puisqu'il serait sûrement déçu que Wenceslas choisisse une autre épouse, ce serait là l'occasion idéale de lui témoigner une marque de respect : les Karlsburg et les Wenden s'uniraient à la même famille. Reste qu'Aliénor de Wenden mérite peut-être mieux que le frère d'un régent... il faudra évidemment y réfléchir.
Il ne se voyait guère, de toute façon, sceller un accord dès maintenant. Arichis le prenait quelque peu au dépourvu, et Wenceslas n'avait pas l'intention de se laisser imposer des choix qu'il n'était pas prêt à prendre. C'est donc poliment qu'il fit ce qu'il savait faire de mieux, lorsqu'il ne pouvait ni accepter ni refuser une proposition : il gagna du temps.
- Votre Grandeur, votre offre est généreuse. Je serais ravi de poursuivre le rapprochement de nos deux maisons. Mais mes pensées sont obscurcies par l'imminence de mon départ en guerre, aussi préférerais-je poursuivre cette discussion lorsque les perspectives d'avenir seront plus favorables.
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| | | Arichis d'Anoszia
Ancien
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Ven 18 Avr 2014 - 8:49 | |
| « Allons Comte. Nous savons tous que l’issue de cette guerre est déjà scellée. Sinon vous ne vous serez jamais engagé auprès de De Clairssac, la Couronne non plus et nous également. L’avenir nous est favorable. Pour le moment. Arichis avait prévu à ce que son futur gendre accepte sans rechigner. Il s’arrêta net et arrêta le comte avec lui. Il tenait à ce rapprochement avec les Karlsburg autant que Wenceslas lui-même.Hm. Nous avions espéré une réponse favorable de votre part. Voilà qui est chagrinant. »
Wenceslas n’avait pas encore gagné sa confiance. Il avait besoin de la venue de ses cousines à Ydril pour apaiser ses pensées. Il fit mine de réfléchir d’avantage puis arrêta une nouvelle fois le comte dans sa marche.
« Pensez-vous que notre neveu n’est pas à la hauteur de votre cousine ? Que diriez-vous si nous vous proposons notre fils, Sysiphe, votre futur beau-frère à votre cousine Iselda. Est-ce assez digne d’elle ou pas assez encore ? »
Quant à Simèon, il ne lâchera pas le morceau. Son frère a toujours était amoureux de la mer et de sa bourse, il fréquentait les bordels d’Ydril puis lorsqu’ils ont fermé ceux de Diantra de temps à autre. Il n’a jamais prit épouse et cela ne semblait pas être l’une de ses priorités.
« Notre frère Simèon est venu nous voir, de ça quelques jours, nous demandant presque à genoux de lui accorder notre bénédiction pour une union avec une princesse d’Estrevent. Mensonge. Nous le lui avons refusé, arguant qu’un péninsulaire méritait une bonne fille du royaume, que le prestige du sang était plus important que celui du cœur ou de la bourse. Etions-nous en tort Comte Wenceslas ? Avons-nous mal agi ? »
Il voulait une réponse maintenant.
« Nous avions pensé que notre demande vous enthousiasmerez, mais cela ne semble guère le cas. »Arichis prenait sa demande report de décision comme un refus, et il n’était pas réputé pour lâcher prise aussi facilement.
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| | | Wenceslas de Karlsburg
Ancien
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| Sujet: Re: "Dois-je vous appeler papa ?" [Arichis, Cornélia] Ven 18 Avr 2014 - 15:19 | |
| Si Arichis avait voulu mettre le comte dans de bonnes dispositions, il s'y prenait mal. Remettre en question la loyauté de Wenceslas et évoquer à mots à peine couverts son opportunisme sonnait comme une insulte. Wenceslas tenait à l'honneur de sa maison; et il est parfois étonnant de voir à quel point les gens s'attachent à certaines choses alors qu'ils ont vécu si longtemps sans elles. C'était précisément parce que sa maison ne jouissait pas d'un énorme prestige qu'il se sentait outré chaque fois qu'on lui manquait de respect. Simplement, il le comprit assez vite, cette manœuvre était calculée : Arichis d'Anoszia voulait le déstabiliser. Il le taxait d'opportuniste pour le faire sortir de ses gonds, et l'amener à faire un faux pas, qui pourrait le forcer à accepter un peu trop vite. Aussi Wenceslas s'efforça de calmer ses ardeurs, et répondit calmement :
- Vous ne devriez pas vous méprendre sur ma foi et ma combativité, Messire Régent, dit-il en le désignant cette fois sous son vrai titre, omettant le prédicat que l'on attribuait aux comtes et qu'il avait jusqu'alors servi à Arichis. Toutes mes actions ne sont pas dictées par l'assurance d'une victoire facile. Et puis, l'issue d'une guerre n'est jamais scellée à l'avance; sans quoi, l'ennemi se rendrait de lui-même, en sauvant ce qui peut encore l'être.
Il demeura immobile, alors qu'Arichis avançait vers lui. Visiblement, le régent d'Ydril n'entendait pas se laisser berner par un sursis. Il avait décidé d'insister. Et bien, il trouverait à qui parler. Alors qu'il argumentait, Wenceslas écoutait, se montrant attentif à la proposition tout en gardant un maintien ferme, bien décidé à ne pas laisser Arichis dominer la conversation. Déjà, le régent avait tenté de surenchérir. En lieu et place de son neveu, il proposait maintenant l'un de ses fils, Sysiphe, pour épouser Iselda. C'était un peu plus intéressant, mais Wenceslas était toujours réticent. Après tout, Sysiphe n'était que le troisième fils d'un régent. Il n'avait pour lui que le nom des Anoszia, mais en cela, l'union de Wenceslas et de Cornélia était bien suffisante pour l'arétan. Si encore il avait été le premier fils, on aurait pu imaginer qu'il eût une bonne situation... L'idée se révéla d'elle-même.
- Votre proposition est généreuse, répondit-il. Mais il se trouve que d'autres prétendants se sont manifestés pour ma cousine Iselda. Certes, elles n'émanent pas d'un nom prestigieux comme le vôtre, mais quelques-unes restent intéressantes, et tout refus de ma part froissera immanquablement les déçus. Il me faut donc peser le pour et le contre.
L'art du semi-mensonge. C'était vrai, quelques seigneurs arétans s'étaient manifestés pour épouser Iselda, mais Wenceslas avait jugé qu'aucun d'entre eux n'était assez digne, et leur avait opposé à tous une fin de non-recevoir. Il attendait le meilleur parti, et un arétan, de préférence. Mais rien n'était engagé pour le moment.
- Toutefois, je pense que je pourrais facilement me laisser convaincre si vous proposiez, pour épouser Iselda, votre fils aîné, Oschide. Un capitaine royal, qui j'en suis sûr est promis à un bel avenir, serait le parti idéal pour démontrer la loyauté de ma maison envers Diantra.
Les dés étaient jetés. A présent, deux solutions étaient possibles : si Arichis acceptait, Wenceslas devrait renoncer à marier Iselda à un arétan, mais celle-ci épouserait l'héritier des Anoszia. Restait à espérer que l'intelligence politique du patriarche permettrait à sa famille de se voir attribuer un jour une terre en propre, car le statut de régent n'était que temporaire. Dans le pire des cas, Oschide d'Anoszia serait certainement un homme riche le jour où il hériterait de son père. L'autre solution était, tout simplement, le refus. Une solution probable : Arichis avait sans doute choisi de viser haut pour son fils aîné. Dans ce cas, non seulement Wenceslas garderait la main libre, mais Arichis ne pourrait pas lui reprocher d'avoir refusé un rapprochement.
- En ce qui concerne votre frère, vous avez bien agi, Votre Grandeur, poursuivit-il en réattribuant cette fois-ci le prédicat. Le peuple estréventin est riche, mais ce n'est pas là un sang respectable. On dit que leur culture est immorale et décadente, et ce qui leur tient lieu de bonne société s'acoquine avec la pègre, les drows et les sodomites.
Le Simèon en question ne devait pas valoir beaucoup mieux s'il fréquentait une telle société. Wenceslas avait tendance à se méfier des voyageurs. Simèon passait du temps en mer, et cela devait certainement se ressentir. Il passait du temps avec les marins, des jours avec eux sur un navire sans femmes; voilà qui devait encourager certaines déviances. Si je lui demande de marier sa sœur à cet homme, Roderik de Wenden le prendra comme une insulte.
- Cependant, je ne saurais engager la main d'Aliénor de Wenden sans le consentement de son frère, le seigneur de Wenden, qui est l'un de mes plus puissants vassaux. Si vous le souhaitez, je m'entretiendrais avec lui sur ce point. Evidemment, si vous ne voulez pas attendre, j'ai peut-être une autre solution. Ma tante Holda pourrait convenir. Elle est veuve depuis quelques années déjà, et elle a des enfants de son premier mariage. Mais elle est encore en pleine santé, bien que je pense qu'elle ne soit plus en âge d'enfanter.
Evidemment, Holda ne possédait pratiquement rien. Tout au plus, un apanage en Arétria. Ses fils avaient déjà hérité des terres de son premier mari, un châtelain sans envergure qu'elle avait épousé à une époque où le nom de Karlsburg ne valait pas un grain de poussière dans les vastes plaines de la malelande. Personne de censé n'irait imaginer qu'elle représentait un bon parti.
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