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 Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis

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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeSam 22 Mar 2014 - 23:28


En ces belles heures printanières, l’humeur de la Dame du Val n’en était pas moins maussade. Cela faisait déjà quelques semaines que ses aigreurs perduraient. Son époux était malade et elle redoutait de perdre une fois de plus l’un de ses maris maudissant parfois Néera de lui infliger ses caprices. Elle avait néanmoins compté un événement heureux, son accouchement. La Comtesse et Baronne avait donné naissance à deux bambins, des jumeaux, une première. Ils avaient la peau pâle de leur père et les cheveux d’encre de leur mère sans oublier leurs magnifiques yeux bleus. Au moins, Nimmio avait pu voir ses fils déjà forts et robustes pour leur jeune âge et même si cela n’était qu’une maigre consolation, la Dame du Val s’en contentait. Le Comte avait tenu à donner une riche fête pour présenter ses deux héritiers à leur nation ce qui fut fait. Cependant le beau sire dût se retirer afin d’aller se reposer. Il va de soi qu’en ses temps troubles, Blanche d’Ancenis avait procuré la meilleure protection à ses deux nouveaux enfants. Ses deux filles étaient ravies d’avoir deux nouveaux frères et s’imaginaient déjà à tort les jeux qu’elles pourraient élaborer avec eux. Dès lors, la Comtesse devait désormais administrer deux fiefs et sa santé ne l’aidait pas en cette tâche. En effet, son accouchement s’était pour une fois bien passé mais elle avait perdu extrêmement beaucoup de sang et depuis cet épisode, la Dame était assez faible, un brin fébrile.

Cela faisait déjà environ deux ennéades que la Dame du Val avait reçu une lettre du Seigneur Anoszia qui énonçait les formes rituelles de rencontre ce à quoi avait répondu Blanche avec réserve. Elle le recevrait donc au sein du Château de la capitale de Velteroc. Elle avait déjà une petite idée des causes de sa venue et en soupirait d’avance.

Chaque jour commençait toujours par la même rengaine, avant même de se laver, la Dame du Val rendait visite à ses deux bambins et priaient pour eux, par après, elle se décrassait et rendait visite à son époux avec lequel elle restait parfois de nombreuses heureuses quand cela lui était permis. Puis, elle procédait à divers rites néeréens officiels pour sa santé mais aussi quelques autres rituels officieux et quelques peu douteux, évidemment dans le secret. Quand tout cela était fait, le soleil avait presque atteint le Zénith et ainsi la Baronne pouvait se préoccuper des affaires de son royaume, c’est-à-dire Velteroc et Hautval et les projets allaient bon train.

En ce jour, la Dame du Val n’avait pas dérogé à sa ritournelle à une exception près. Aujourd’hui, il n’était pas question de s’occuper des diverses affaires d’une seigneurie banale mais d’accueillir son invité : le Seigneur Arichis Anoszia. En attendant sa venue, elle s’amusait d’une leçon de danse avec toute sa suite habituelle. Quelques musiciens avaient été dépêchés et sur une lubie d’un des artistes de sa cour, un certain Camille Monteverdi, qui s’amusait à apprendre une nouvelle sorte de danse, plus précisément une valse.

Lorsque le Seigneur Anoszia arriva, on s’occupa de ses chevaux et de sa délégation. Il fut naturellement accueilli et conduit jusqu’à ladite salle où se prédisait le cours. Les portes s’ouvrirent  sur une musique aux notes autant dramatiques que paradoxalement entêtantes et entrainantes. Blanche tournoyait avec son cavalier au centre laissant ses étoffes se soulever sous chacune de ses pirouettes. La symphonie se poursuivit tandis que l’intendant les prièrent d’avancer. Absorbée par son apprentissage, elle ne remarqua quelques secondes plus tard ses invités qui devaient se tenir à quelques mètres d’elle désormais. Un signe de main fit taire la musique alors qu’elle faisait désormais face au seigneur Arichis en prenant une petite inspiration pour finalement afficher un visage fermé. Cela n’augurait rien de bon. Elle tendait simplement sa main en sa direction, aussi froide que les terres les plus arctiques des territoires nains.




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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeMar 25 Mar 2014 - 2:15


La Sérénissime avait jeté l’ancre en Eraçon et la délégation avait continué le voyage à cheval. Les côtes de Velteroc étaient encore plus difficilement accostables que celle du duché ce qui ne facilitait en rien le trajet jusqu’au comté. Arichis préférait les voies maritimes aux terrestres, généralement  plus rapide et offrant un paysage majestueux qui faisait ressentir la petitesse de l’homme devant les forces divines de la nature. Un tableau peu original, déjà vu sur les peintures et tapisseries de nombreux châteaux, mais toujours aussi plaisant. Il les préférait également car moins éprouvante que les longues ballades à cheval. La délégation passa une nuit dans une forteresse d’Erac avant de reprendre la route à l’aube. Velteroc offrait un paysage atypique entre les plateaux et les montagnes, le patriarche n’avait jamais mit les pieds dans cette contrée qui était restée longtemps isolé du reste de la péninsule et qui a connu une ouverture qu’après la disparition de la Comtesse Morgane et l’ascension de son fils Nimmio de Velteroc. Un fils qui a tôt fait de forger de puissantes alliances avec ses voisins d’Ancenis et d’Hautval par son mariage avec Blanche d’Ancenis, baronne de Hautval et ancienne épouse de l’Ivrey avec lequel elle a eu deux filles.

Au troisième jour la masse opaque de Rochenoire apparut, la ville était adossée à la montagne portant le même nom parait-il. Les murailles de la ville offraient une beauté austère et dévoilaient un passé violent à cause des perpétuelles querelles avec les sauvages habitant les hauteurs. Le soleil venait juste de dépasser le zénith lorsqu’on vint s’occuper des chevaux une fois les portes de la demeure seigneuriale dépassées. Arichis trouvait à la ville quelque chose de sombre, étouffant. On était loin du faste des palais et jardins ydriains. On conduisit le régent à une salle où la Comtesse devrait le recevoir. Car ce voyage n’avait pas pour but d’admirer un paysage original mais bien de rencontrer les seigneurs des lieux.

Aux côtés de quelques membres de sa délégation, on lui ouvrit les portes sur son passage. Une musique leur parvenait aux oreilles du couloir déjà. A l’intérieur, la cour de Velteroc assistait une danse. La Comtesse tournoyait au bras d’un cavalier et au son d’un artiste qui jouait admirablement bien de son instrument. En découvrant Velteroc, il ne se doutait pas que les gens de la contrée auraient eu un bon goût musical. Mais la Dame n’étant pas de la région, ceci pourrait expliquer cela. Arichis ne se fit pas annoncer et profita quelques secondes de plus de la musique et des pas de danses.

Blanche d’Ancenis fit arrêter la musique lorsqu’elle les remarqua. Le seigneur Anoszia avait déjà rencontré la Dame d’Obsidienne avec sa famille à Diantra juste avant la cérémonie à Deina pour l’enterrement du roy et de sa sœur. Aussi froide que le roc, elle lui tendit sa main. Quelques pas le firent mettre à sa hauteur, le visage aussi expressif que le sien il lui attrapa la main et s’inclina pour frôler sa peau d’un baiser.


« Votre Grandeur. »

Arichis n’avait plus les mêmes titres depuis leur dernière rencontre. Vainqueur de l’Archonte et de Soltariel aux côtés de l’Aphelain, il se considérait en ce moment comme l’égal de la Comtesse dont la beauté certaine se conservait avec l’âge grandissant. La froideur des deux nobles de l’un vis-à-vis de l’autre créait une tension qu’Arichis jugeait de trop, celle du régent n’était pas spécialement dirigée vers la Comtesse.

« Ma Dame, permettez-nous de vous honorer de quelques présents. Connaissant votre goût bien placé pour les rapaces, nous vous amenons deux rapaces des plaines d’Ydril de ma volière. Mais également … Une petite file de six femmes et deux hommes vêtus de robes blanches rentrèrent dans la salle et s’alignèrent contre le mur le plus proche, deux des dix avaient périt en route en tentant de s'échapper un soir. des esclaves dont vous aurez le loisir de disposer comme vous le souhaiter. »

Tout comme sa fille Cornélia, Blanche semblait appréciait les oiseaux de proies. Une petite intention pour amorcer les discussions qui s'en suivraient. Les esclaves eux n’étaient pas monnaie courante en péninsule, Blanche avait dû en côtoyer quelques uns à Scylla. Arichis lui en avait réintroduit à l’aide de son frère au sud du royaume et comptait sur ce marché pour remplir ses coffres. Son ton de voix était resté pontifiant, aucune chaleur humaine n’en transcendait.

« Un guérisseur d'Ydril nous a suivit ici. Puisse-t-il aider votre époux dans sa maladie. Blanche d'Ancenis semblait être accompagnée d'une malédiction qui lui ravissait tous ses époux. Les rumeurs disaient que Nimmio serait le prochain. Nos félicitations pour vos enfants ma Dame.»


Dernière édition par Arichis d'Anoszia le Ven 4 Avr 2014 - 14:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeJeu 27 Mar 2014 - 22:11


La Dame qui lui faisait face avec un teint blafard se rapprochant de celui de la porcelaine qui contrastait avec ses lèvres carmine, rouge comme le sang et sa chevelure d’ébène. Nul doute que la dernière fois qu’il l’avait vu, Blanche avait meilleure mine mais le maquillage masque les imperfections comme ces cernes et l’épais trait de khôl noir attirait l’attention sur son magnifique regard aux iris céruléens, entêtant. Aujourd’hui, elle arborait une robe quelque peu spéciale d’un vert émeraude aussi sombre que saillant Un surcot composé autant de voiles pour les pans que de soie pour les manches tombaient jusqu’à ses coudes laissant ainsi une traîne  et poursuivre l’étoffe beige de son bilaud. L’encolure découvrait ses épaules et son cou était affublé d’une parure d’or et d’émeraude. Sa taille fine n’était point enserrée dans ces étroits corsets mais affublée d’un bien beau chef d’œuvre d’orfèvre constitués d’entrelacs qui avait les allures d’un plastron féminisé et de couleur or. Il soutenait sa poitrine sur laquelle s’orchestrait un ballet d’enchevêtrement métallique, rassurez-vous, l’étoffe de son surcot dissimulait son grain de peau. Plusieurs bijoux décoraient ses poignets ou encore son front d’un diadème renfermant une nouvelle pierre précieuse en accord avec sa toilette. Le temps du baise-main, Blanche d’Ancenis le fixa toujours aussi froide que les monts enneigés de la Nanie, elle retira alors sa menotte et fit d’un geste désinvolte mais non moins éolien un signe à l’un des serviteurs de la pièce.

    « Qu’on apporte du vin et de quoi grignoter à ces hommes. »


Le bras échoua cette fois-ci contre sa hanche tandis qu’elle fixait les manières du Seigneur Anozsia qu’elle ne considérait pas encore comme son égal. La haute noblesse était souvent méprisante vis-à-vis de la Petite noblesse. Sa voix brisa enfin son silence.

    « MonSeigneur le Régent d’Ydril, j’ai été heureuse et surprise d’apprendre pour votre ascension. C’est une bonne chose. »


Elle se tourna alors vers sa cour et présenta Arichis d’un geste du bras.

    « Voici, le Seigneur Anoszia, Régent d’Ydril, Vicomte de Calozi, Seigneur de Velmonè et vous m’excuserez de ne point citer vos autres titres honorifiques. Des présents, dites-vous ? »


Le coupant un bref instant, elle le laissa poursuivre tandis que la cour se pliait d’une révérence face au Seigneur. Les billes bleutées vagabondaient désormais sur les différentes têtes de sa suite, détaillant chacun de son regard sévère et sans aucune expression. Un semblant de sourire vint froisser la commissure de ses lèvres au premier présent. En effet, la Comtesse et Baronne appréciait particulièrement les rapaces. Sa famille, plus précisément son père en avait fait une spécialité, et les avait dressés pour se rendre utile en tant de guerre, de chasses et toutes autres activités en rapport avec les arts du combat. Néanmoins, le total manque d’expression face à l’annonce des esclaves ne présageait rien de bon. Certes, elle en avait côtoyé lorsqu’elle était mariée à l’Ivrey mais elle avait toujours été éduquée dans la tradition du feu Roi aveugle. Lorsque les huit esclaves s’alignèrent, Blanche quitta sa place tandis que déjà sa cour ne cessait de chuchoter, certains choqués, d’autres surpris, mi-figue-mi-raisin ou encore d’autres ne préféraient se prononcer. Elle jeta un coup d’œil en arrière et s’approcha du premier esclave de la ligne, une fille sans doute. Blanche se saisit de sa main qu’elle inspecta avant de saisir son menton et lui faire ouvrir la bouche pour examiner sa dentition. Elle passa la première eu peigne fin. Elle ne voulait pas qu’il lui refile des spécimens malades. Tandis qu’elle jouait les Inspectrices, elle répondait simplement Régent.

    « Que Néera vous garde pour votre bonté. Mes deux fils sont déjà forts robustes pour leur jeune âge. »


La Dame du Val  se recula et pivota le temps d’un regard vers Arichis. Il put alors apercevoir un sourire en coin fleurir sur ses lippes vermeilles. Elle s’en retourna vers ces fameux présents.

    « Je m’adresse aux femmes mais aussi aux hommes, durant votre voyage qui fut, je le pense, pénible, l’un des hommes du Régent d’Ydril a-t-il eu l’audace de vous toucher ou violer ? Parlez sans crainte, vous êtes sous ma gouverne désormais. Et le viol est puni de mort mais nous pourrons nous arranger. J’ajoute aussi que mentir est punissable. »


C’était l’occasion pour les esclaves de se venger s’il le désirait. Elle balaya d’un regard la suite du Seigneur Anoszia et se rapprocha enfin de ce dernier en se penchant un instant pour lui murmurer.

    « Je prendrais cela comme un affront, comprenez le bien si l’un de vos hommes avaient souillés mes présents et ne vous vexez point, nous avons tous deux comment sont les hommes, vous en êtes un et nous savons aussi tous deux comment les esclaves sont traités. De plus, je n’aimerais point avoir une grossesse sur les bras. »


A cet instant, plusieurs serviteurs débarquaient avec un chariot et des plateaux. Ils présentèrent une coupe de Hautval au Régent et à leur maîtresse qui trempait déjà ses lèvres dans le breuvage.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeMar 1 Avr 2014 - 22:48


Lui n’était pas surpris de son ascension. Toutes ces années il avait œuvré en ce sens, il avait dirigé sa famille pour que celle-ci raflent les titres les plus glorieux et les postes clés du comté. Il avait forgé de puissantes alliances matrimoniales avec ses voisins, il avait su concéder lorsqu’il le fallait devant plus puissant que lui. La Comtesse se tourna vers sa cour et présenta le Régent, celle-ci lui accorda une révérence avant de lui permettre de continuer. Arichis n’appréciait pas être coupé, encore moins par une femme aux mœurs légères. Toutefois il fut ravi de la voir sourire à son premier présent, un faucon et une harpie féroce. A l’entrée des esclaves, un bruit de fond s’éleva de la suite de Blanche. Le patriarche balada ses yeux sur eux essayant de capter les réactions de chacun, certains étaient choqués de l’audace de l’ydrilote. Blanche, elle, examina la marchandise d’une main qui se voulait experte.

Arichis avait veillait à choisir de bons spécimens, ce cadeau était un investissement à long terme ici en Velteroc et à Hautval, si la Comtesse avait des esclaves en sa possession, les nobles de sa cour et de son pays voudront en avoir également à leurs services et la mode se propagerait. Tous se tourneront dès lors vers le seul marchand d’esclaves de la péninsule, Simèon d’Anoszia, le plus jeune de la vieille génération.

Lorsque Blanche mentionna ses deux fils, Arichis ne put s’empêcher un hochement. L’Anoszia considérait la famille et la bonne descendance comme de bonnes valeurs, tous avaient pour devoir de donner un bon héritage à sa descendance. Ce pourquoi le régent œuvrait. La famille ! Voilà une vraie valeur conduisant à la gloire de l'âme au contraire de la bâtardise qu'il jugeait comme une tare qui conduisait à la perte du sang pur. Il déplorait la perte de ces valeurs en cette péninsule, depuis que le roy aveugle s’était fait couronné, un bâtard suivit par la régence d’un bâtard d’ancenis. Que des bâtards auxquels il était obligé d’accorder courbettes et grimaces. Un jour il leur cracherait tous dessus. Un jour.

Blanche s’écarta avec un sourire des esclaves pour s’adresser à tous. Comptait-elle offenser son hôte ? Parce ce que si c’était le cas, il saurait s’en souvenir. De marbre, il acquiesça à la Comtesse & Baronne.


« Bien entendu. A lui de s’adresser à ses esclaves à présent. Très bien, parlez, répondez à votre maitresse. Retenez que le mensonge est punissable de mort. »

Ceci résonnait comme une menace pendant que des serviteurs faisaient rentrer boissons et victuailles. A son tour d’offenser la Comtesse, il refusa d’un signe la coupe d’Hautval même s’il en était friand. Il avait bien demandé à sa suite de ne pas abuser d’esclaves qui n’étaient pas leurs.  L’un des huit s’avança d’un pas, tête baissé. C’était un homme robuste, épaules carrées qui avaient déjà travaillé en Estrevent avant d’être racheter.

« ‘Utaïn M’dame. »

Arichis braqua son regard de glace sur lui et l’interrompit aussitôt. Que valait la parole d’un esclave bâtard estreventin devant celle d’un noble de la péninsule ? Que dalle. Son jargon oliyan était horrible à entendre d’ailleurs.

« Eh bien parlez esclave ! Retenez une fois de plus que le mensonge est intolérable ici, et dans ce cas même les dieux ne sauraient être miséricordieux avec vous. »

L’esclave détourna les yeux et recula contre le mur. A bien y réfléchir tout ceci était un stratagème pour que l’on le punisse d’un mensonge non profané. Il était bête de penser que sa parole pèserait d’avantage que celle d’un des nobles. Arichis avait remarqué par contre la gêne de Florenzo di Gloduchio et se chargerait de l’exiler loin de sa cour à leur retour en Ydril. Pour le moment, il leur avait évité un scandale à Velteroc devant une Comtesse qui cherchait à en créer. La rancune et l’amertume guidaient trop souvent les femmes au grand regret des hommes.      
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeMer 2 Avr 2014 - 21:59


Mœurs légères dites-vous ? Si se parer de belles tenues pour faire honneur à ses invités et donner des enfants à ses époux étaient des mœurs légères alors la Dame du Val était coupable de ce forfait mais la Comtesse n’avait normalement rien à se reprocher. Elle était plutôt familière avec ses pairs et surtout sa cour qu’elle considérait comme sa famille et en qui elle avait une pleine confiance et normalement ses gens le lui rendaient bien. L’épisode de son amant, le feu Albérich avait été tu et peu de personnes étaient au courant tout comme la grossesse accidentelle dont le rejeton n’était autre que celui de l’Ivrey. Nimmio était un homme agréable, un homme gentil et sans doute ne rencontrerait-elle plus d’hommes tel que lui. Il lui était dévoué et même plus alors que Blanche lui avait fait endurer ces caprices. Sans doute avait-il puni les fautes de sa Dame par cette longue absence dans les Lantes. Enfin, elle fut tranquille durant cette période et put quelques rares instants retrouver le Démon, l’Ivrey. Quoiqu’il en soit officiellement, la Dame n’avait rien à se reprocher et paraissait exemplaire mis à part son refus catégorique de prêter allégeance à la Couronne. Evidemment, ce n’était qu’une question de principes puisque ce n’était pas en le soi-disant Roi qu’elle ne voulait prêter allégeance mais plutôt au monstre infâme qu’était cette traînée Olysséenne, corrompue par le mal des territoires neutres. Blanche reprit à l’intention de son invité.

    « Sauf votre respect, le mensonge n’est pas forcément puni de mort dans mes contrées. Plus généralement, on leur coupe la langue. »


Cela était pour minimiser l’état d’angoisse des esclaves. Blanche savait pertinemment que le Régent essayait de les traumatiser pour qu’il ne parle pas. Ses billes cérulées voguèrent çà et là, même sur la suite du Régent. Elle ne manqua pas son refus de boire et lui glissa un simple.

    « Vous ne savez pas ce que vous manquez. »


L’attention se cramponna à la silhouette de l’homme et la Baronne se garda bien d’éclater de rire en ayant une preuve implicite que les Sudérons étaient quelque peu pédérastes. Cela l’amusait beaucoup d’avoir ce genre de personnes au sein de ses terres car à sa connaissance ce genre de préférence n’était pas connu en Hautval et Velteroc, sans doute se pratiquait-il dans le plus grand des secrets. La Dame se rapprocha de l’esclave en buvant une nouvelle gorgée puis abandonna sa coupe sur le plateau d’un de ses serviteurs.

    « Allons, MonSeigneur Anoszia… Vous lui faites peur, jamais il ne parlera dans ces conditions. Et ça ne m’arrange guère. Néanmoins, j’ai quelques soupçons désormais… »


Elle eut un soupire ennuyé avant de s’en tourner vers son intendant à qui elle murmura.

    « Faites les examiner par nos guérisseurs et guérisseuses. »


En effet, si le jeune homme en question n’était pas habitué à ce genre de manière, c’est-à-dire la sodomie, et que supposons l’infâme violeur n’avait pas été tendre, il en garderait quelques séquelles. Enfin tout dépend de la date à laquelle le méfait avait été fait. Parenthèse mise à part, Blanche se souvenait de la douleur et des désagréments des jours qui avaient suivi suite à cette initiation particulière. Mais la douleur n’était plus que le passé. Bref… Dirons-nous. Blanche était vraiment rancunière, elle accueillait un représentant de la Couronne dans ses terres et malgré l’attachement à la famille qui les liait, elle n’avait qu’une envie l’étriper au plus profond d’elle-même et lui rendre son séjour désagréable. Revenant auprès du Régent, elle lui prenait le bras.

    « Je propose à votre suite de se détendre, de manger, de boire et qu’on les conduise à leur aile et leur chambre. Quand pourrais-je voir mes deux autres présents ? J’ai hâte de voir ce dont ils sont capables. »


Et tandis qu’elle parlait, la Dame du Val avançait en sa compagnie.

    « Vous devez être épuisé par ce long voyage. Comment se porte votre famille ? Votre fils, Oschide, c’est cela, se plait-il parmi les usurpateurs ? »


Elle fit claquer sa langue contre son palais avant de secouer son minois d’un air stupide.

    « Ah mais non, je me trompe !  C’est vrai… J’avais oublié que c’est moi l’infâme traitresse qui a n’a pas prêté serment à la Couronne alors qu’ils ont essayé de tuer mon époux. C’est scandaleux, vous ne trouvez pas ? Vous le vivez comment d’être au bras d’un soi-disant félonne ? »


Impertinente était le mot. Son timbre suintait la colère, l'infamie qu'on lui avait fait. Elle respirait la vengeance. Elle transpirait la haine si bien que l'environnement autours devenait étrange. Sa chevelure se soulevait et ondoyait lentement affolé par un vent pour inexistant tout comme les pans de sa robe. Lorsque Blanche n'était que véhémence, son don qu'elle attribuait à Nééra, s'affolait mais le Régent ne craignait rien.  Elle avait emmené Arichis vers le fond de la pièce, non loin d’une double porte et avait parlé plus bas afin que sa suite ne puisse pas l’entendre. De toute façon, avec son consentement – cela va sans dire – ils s’étaient sans doute diriger vers leur quartier assigné pour se reposer.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeVen 4 Avr 2014 - 14:57


Pas sûr que d’avoir la langue coupée rassurait les esclaves. De ce fait, aucun ne parla et le seul qui avait osé se ravisa. Arichis s’emploiera à punir le sodomite lorsqu’ils quitteront les terres de Velteroc. Il avait failli tous les humilier devant une assistance étrangère, et l’Anoszia n’avait pas le pardon facile pour de tels écarts de conduite. Blanche remarqua d’ailleurs son refus devant la coupe présentée, une bonne chose. Offense pour offense.

Les esclaves étaient renommées pour servir de bouche trou mais Arichis horripilait ce genre précis de pratique si loin des lois de la nature. La Comtesse avait reçu de spécimens en bonne santé, sa méfiance n’était là que pour le froisser. Il ne connaissait pas personnellement Blanche d’Ancenis et ne l’avait croisé que quelques fois auparavant, mais il considérait son père comme un vieil ami et sa mère comme une lointaine cousine.

La Baronne vint prendre son bras, et ils se mirent à marcher vers le fond de la salle. A sa proposition, il congédia sa suite de son autre bras. La suite de l’entrevue devait se faire en privé de toute manière, il n’avait plus besoin d’eux.


« Vous êtes chez vous. A vous de décider de quand il vous plaira de les apprécier, bien que vous ayez l’habitude que les hommes décident pour vous. »

Pour la première fois à Velteroc, il s’autorisa un sourire qui n’était pas un rictus. Au jeu du plus piquant, il n’était pas le dernier. Le sud était un terrain d’entrainement excellent pour cela.

« Nous allons bien. Notre fille Cornélia sera Comtesse d’Arétria, tandis que Oschide trace son chemin dans l’armée du Roy Bohémond, fils de l’Ivrey. »

Il n’avait pas apprécié l’enrôlement de son ainé au sein de cette armée, il le voulait Sénéchal et non pas capitaine. L’avoir comme Sénéchal était avoir un pied dans le conseil du roy et Bohémond aurait besoin de grandir parmi des conseillers fidèles. Il avait prit soin de ne pas mentionner la régente absente à laquelle Blanche vouait une rancune tenace. Une rancune compréhensible en vu de la situation de la Comtesse qui avait été la première épouse d’Aetius et dont les filles ainées auraient pu être Reine. La Régence d’Arsinoé avait su s’imposer à tous en jouant de l’effet de surprise, et des armes tandis que le reste de la noblesse était venu à Diantra avec des escortes légères.

« Comment se portent également les Princesses Alcyne et Astrée ? »

Arichis était ici en tant qu’invité et menait une guerre des mots à Blanche ne mènerait à rien. Il devait se montrer conciliant pour que la Comtesse change de position et descende de sa forteresse. Il l’avait coupé pour placer ses mots mais la laissa reprendre au son de sa langue contre son palai.

« Scandaleux. » Ironisa Arichis. De tous ceux qui s’étaient dressé contre la Couronne, Blanche en était la dernière survivante. Asdrubal avait été assassiné et sa famille exilé, Jérôme avait tourné sa bride et devenu maréchal du nord, Altiom pourrissait Néréa sait où, et enfin Nimmio agonisant à son pieu.

Arichis sentit une tension dans l’air commune à celle déjà côtoyé dans les couloirs d’Ydril face à des mages.  Ses yeux se perdirent un instant dans la chevelure ondoyante de l’Ancenis avant de se porter vers la porte close.


« Vous étiez dans votre droit Comtesse. Nous aurions agit de même si tel affront avait été commis envers notre famille. Légère pause. Mais les Dieux l’ont voulu ainsi, Bohémond est Roy et sa Régence nous a été imposé bien que nous aurions préféré voir les Ancenis la porter de par leur légitimité et les liens qui nous unit. Arsinoé d’Olyssea vit récluse dans sa chambre à Diantra délaissant ses obligations, elle est presque aussi morte que votre…Il faillit dire époux. ancien époux. Son conseil est absent, et nous prions chaque jour Néréa que notre fils atteignent ses objectifs et s’assoit à cette table pour la redorer. Nous avions tant espéré voir une péninsule unie, en paix… »  
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeSam 5 Avr 2014 - 0:54

Dance of the Sugar Plum Fairy - Tchaikovsky by Tchaikovsky on Grooveshark


Une langue coupée était toujours plus agréable qu’une mise à mort. Enfin tout dépendait du point de vue. En tout cas, lors de lors examens les esclaves seront interrogés et encouragés à parler librement en les rassurant sur leur condition et en affirmant bien que les hommes du Régent et le Anoszia n’étaient pas là. Les guérisseurs constateront évidemment la bonne santé. Quant à leur sort, Blanche en décidera plus tard. Lorsqu’ils marchaient, la Baronne fit un bref geste du menton afin que sa suite reprenne son activité. La musique retentit à nouveau tandis que des couples se reformaient pour une valse enivrante. Devant les doubles portes, deux servants les ouvrir et une bien plus petite salle à l’apparence d’un boudoir. Tout se fermait derrière eux et à la première pique d’Arichis, la Dame du Val eut une petite moue boudeuse tandis qu’elle le bousculait d’un petit coup d’épaule avant de venir pincer son flanc.

    « Allons, allons, vous êtes bien vilain avec mais c’est toujours bien de le reconnaitre que je suis ici chez moi… Sinon pourquoi tentez-vous de me provoquer ? C’est un nouveau jeu ? Vous essayez de me rendre colérique ? Qu’est-ce que cela vous apporte ? Personnellement, ne pensez pas user de votre langue comme vous le faites habituellement dans les Cours, généralement je ne vais pas par quatre chemins. »


Fit-elle dans un sourire. Blanche était parfaitement calme et même un peu amusée. Jusqu’à présent, elle avait survécu à ses trois époux bien que Nimmio n’était pas encore mort et mis à part l’incident avec Aetius, elle avait toujours fait ce qu’elle désirait avec ses maris et gouverna seule Hautval plusieurs années sans aucune aide masculine.

    « Comtesse ? Vous ne pouviez mieux espérer pour votre fille, néanmoins je la plains… Le Comte d’Arétria est… » Elle cherchait ses mots avant d’hausser les épaules. « Sans vouloir être offensante, il n’est qu’un toutou mais bon peut-être sera-t-il plus usé de le manipuler. »


Elle n’osait imaginer qu’il avait choisi le Comte d’Arétria autrement que parce qu’il possédait le titre de Comte. Le Comté n’était pas spécialement riche et elle ne le trouvait pas foncièrement intéressant. De plus, toutes les rumeurs macabres qui flottaient autours du Comte ne l’inspiraient guère. Enfin, Blanche quittait son bras et se dirigea vers une table basse où était disposé là encore de quoi manger et boire. Elle lui servit une coupe qu’elle poussa vers le bord de la table sait-on jamais qu’il change d’avis et s’en prit une pour elle avant de se laisser tomber dans ce qui pourrait s’apparenté à un fauteuil. Les gambettes se croisaient tandis qu’elle levait au ciel à l’appellation du dit Roi. Il n’était pas le sien. Cependant, elle appréciait l’effort.

    « C’est bien aimable de nommer mes filles, princesses même si elles devraient être Reine. »


Abandonnant sa coupe après une gorgée lorsqu’il ironisa une nouvelle fois, Blanche s’approcha du Régent et vint une nouvelle fois lui pincer les flancs.

    « Attention, vous vous moquez encore, je le sens dans le ton de votre voix… Vous désirez vraiment m’offenser et que je rende votre séjour insupportable. »


Vrai ou faux ? Le timbre de sa voix ne permettait pas de déceler l’ironie ou non. Quoiqu’il en soit, cette fois-ci elle se tenait droite comme un « i » devant lui, les poings sur les hanches. Son attitude était en complet constrate avec celle qu’elle tenait d’habitude en public loin de ses terres. Encore une fois, les yeux se levaient au ciel tandis que sa chevelure voletait légèrement sur ses épaules autant que les pans de sa robe dansaient sur le sol.

    « Disons le franchement, vous êtes autant peiné par l’injustice qui m’a été fait que du premier trou de vos chausses. Je ne saurais vous en vouloir, il est normal de servir ses intérêts et ceux de sa famille, et il semblerait que même si nous avons un lien, ces intérêts ne sont pas les mêmes que ceux de ma fratrie. Vous essayez tout de même de vous mettre à ma place et comme vous l’avez dit : cela a été imposé mais il semblerait que vous êtes tous parfaitement dociles puisque personne n’ose se liguer contre ses malveillances… Apparemment, je suis encore la seule à avoir de l’honneur ici. Je ne vous vise pas précisément vous, je parle d’une généralité. »


Blanche eut un soupire.

    « Enfin, si vous avez prêté serment c’est que sans doute vous y trouvez une légitimité. J’espère que votre fils accédera à vous souhaits. Je tenais aussi à vous préciser que mon père et ma mère ne devraient pas tarder à arriver. Mon cher et tendre père s’est mis en route en toute hâte, craignant que sa fille ne vous offense et se comporte comme une sauvage thaarie… Il devra constater qu’il arrive trop tard même si je pense m’être comportée de manière civilisée, étant donné que la haie bout en moi, ça aurait pu être très… Désagréable. Je ne vous fais pas des menaces, soyons clair. Je parle beaucoup vous ne trouvez pas ? Peut-être trop »


La Dame se détournait pour aller se rasseoir en glissant un « faites comme chez vous ». Elle reprit sa coupe et but à nouveau. Sa main libre jouait avec son pendentif détenant une clé et deux alliances, signe qu’elle n’oubliait pas ses deux défunts époux. Elle était désormais songeuse, fixant les vitraux d’une fenêtre et se laissant apaiser par la musique adjacente.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeDim 6 Avr 2014 - 21:30

Ils rentrèrent dans un boudoir tandis que la musique reprenait derrière eux et les couples avec. La danse faisait parti de l’une des activités que ses filles affectionnaient particulièrement. Sa fille Lucrezia avait insisté pour venir avec lui à Velteroc, découvrir la contrée et ses habitants ce à quoi Arichis s’y était formellement opposé. La pauvre petite devait bien s’ennuyer seule à Ydril tandis que ses frères étaient parti guerroyer et deux de ses sœurs tenant compagnie à la duchesse Kahina. Arichis n’avait pas pu également en quoi la compagnie de sa fille aurait pu apporter quoi que ce soit de bénéfique, ce n’était pas comme s’il pouvait la marier à un Ancenis.

A la mine affichée, il su que sa pique avait fait mouche. Mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle le bouscule de l’épaule, encore moins venir lui pincer le flanc. Lui pincer le flanc. Bon cela n’était pas fait pour faire mal, mais l’acte en soit était déplacé. Si elle avait été une dame d’Ydril il l’aurait certainement châtié avec un aimable sourire. Là, la Comtesse lui manquait de respect.


« Nous pouvons vous retournez les questions. » Siffla-t-il avec son calme habituel.

Il prenait sur lui pour ne pas rentrer en colère, car premièrement, il en serait le seul perdant, deuxième il relativisait. Elle n’était qu’une femme du médian après tout. Blanche semblait amusée, elle souriait même tandis qu’Arichis n’appréciait que peu cette familiarité.


« Si. Duchesse. On ne pouvait savoir s’il ironisait à nouveau ou s’il était sérieux. Le Comte d’Arétria, que votre époux avait capturé il y a un temps, a su se saisir d’une opportunité pour arriver à ses fins. C’est une qualité louable qu’il manque à certains… »

Il ne la visait pas elle particulièrement. Par contre le patriarche ne savait trop s’il était facile à manipuler ou pas, le comte s’était montré être une personne difficile à sonder durant son séjour chez eux. Toutefois, il comptait sur Cornélia pour le faire. Blanche quitta son bras pour leur servir des coupes d’Hautval puis de s’affaisser en croisant les jambes sur un des fauteuils. Elle avait poussé sa coupe au bout de la table pour qu’il puisse la prendre, cette fois-ci loin des yeux de la cour il céda à la tentation. Il avait toujours affectionnait les tonneaux d’Hautval à ceux d’Ydril ou de SybrondilIl resta debout et étira ses lèvres en un sourire lorsqu’elle leva les yeux au ciel. Il aurait partagé la même prétention si ses filles s’étaient retrouvées dans le même cas.  


« Peut-être. Un jour. »

Oui un jour l’une d’elle sera peut être reine. Les roys vont et viennent ces derniers temps. Par contre cette fois-ci il écarquilla légèrement les yeux tant par la surprise que par le geste déplacé lorsqu’elle le pinça à nouveau après s’être levée de son fauteuil.

« Il faut que vous arrêtez ça. Raymond en aurait honte. » Il venait de la gronder comme quand il gronder occasionnellement Cornélia ou Azénor.

Blanche était dressée devant lui, à nouveau ses yeux divaguèrent vers sa chevelure d’ébène, à l’image de celle d’Hélène. Il la dépassait d’une bonne tête ne pouvait s’empêcher à penser aux conséquences d’une bonne gifle. Il la laissa clore sa tirade, et à son invitation il s’asseye également en face d’elle. Elle n’y était pas allé par quatre chemins, lui non plus.


« Votre injustice, et celle de votre fratrie, ne nous indiffère pas, nous nous sommes pas déplacé jusqu’ici pour vous faire des politesses. Nous ne cherchons pas une guerre ouverte et vaine. Nous aimons croire encore qu’il y a des hommes d’honneurs dans la péninsule, les Anoszia en sont. Vous semblez mal informé. Encore une fois, nous n’avons prêté aucun serment nous liant directement à la Régente. Ce n’est que le Comte Alastein par le biais de Maciste d’Irùn qui l’ont prêté, l’un est encore un môme et l’autre malade à en mourir. Déplorable n’est ce pas ? Il termina sa coupe de vin. Il nous ai ravi d’entendre cette première bonne nouvelle de la journée, nous n’avons plus revu Raymond et Eugénie depuis Diantra. Ils étaient seul, il pouvait se permettre cette familiarité. A nouveau il la taquina. Peut-être oui. »

Arichis remarqua les deux anneaux à son pendentif. Il posa un bras sur l’accoudoir et regarda vers la même direction qu’elle pour reprendre.

« Vous êtes Comtesse, Baronne et Mère de deux Princesses mais surtout seule en ce moment, bien que les Anoszia demeurent vos amis. Votre haine n’a pas raison de prendre place sur votre bon sens. Chercher une vengeance ouverte en le criant sur toutes les places publiques ne vous aidera pas, ni vous, ni votre fratrie, encore moins vos enfants. Il y a d’autres moyens, plus subtils… » Il laissa planer la fin de sa phrase.    
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 23:41


Tellement déplacé… Arichis avait une autre Blanche en face de lui, la paisible et sage jeune femme muette qu’il avait rencontré à Diantra était désormais sur son territoire et entendait bien le faire savoir. C’était tout à fait légitime de toute façon. Ca faisait tellement longtemps qu’elle n’avait plus eu de visites, on se demanderait bien pourquoi.



    « Je ne vous provoque pas… Maintenant que nous sommes seuls, je connais la réputation des Sudérons et le vice qu’ils affectionnent particulièrement. J’ai aussi pu m’informer des conditions d’esclaves, comprenez-moi, il est normal de ne pas vouloir recevoir des cadeaux souillés, aimeriez-vous que je vous offre des esclaves et que mes hommes soient passés dessus ? Je ne pense pas. Je désire juste que ceux qui ont commis des actes irrespectueux soient punis. »



Que veut-on dire par femme du médian ? Sont-elles de moins bonnes qualités que les Nordistes ou Sudéronnes ? En tout cas, il était gouverné par une femme du Médian, non Blanche évidemment, une autre donzelle.



    « Et puis, vous savez vous accordez peut-être aussi peu de considération à un être humain que pour les faire esclave, mais ce n’est pas mon cas. Il n’est pas dans mes habitudes de traiter les humains comme des objets. Je préfère un rapport fait de confiance, de loyauté et de respect. »



Enfin, c’était sa vision des choses. Sans doute les esclaves seraient-ils traités comme des serviteurs et n’auront que leur servitude par leur désignation. Enfin, elle ne savait pas encore ce qu’elle allait faire d’eux. Ça l’embêtait légèrement.



    « Oh évitez de croire que je n’ai pas dit Duchesse ou Marquise car je ne pensais pas votre fille et vous-même hisser votre famille jusqu’à ces titres prestigieux. Je ne l’ai pas évoqué simplement car il n’y a plus de Duc disponible et encore moins de Marquis… Enfin, il y’a bien le Duc d’Erac, ce félon à qui la Couronne de Diantra a rendu des terres car ils avaient trop peur que ma famille prenne de l’ampleur et contrôle le Duché, pathétique n’est-ce pas ? »



Elle leva les yeux au ciel, ennuyée au plus haut point par ce genre de manœuvre qu’elle caractérisait de débilité profonde. En plus, Léandre s’était hissé contre le feu roi Eliam Ier et son régent, l’Ivrey. Celui-ci était récompensé en récupérant les terres sous seul prétexte qu’il était dernier héritier. Désormais le Duc végétait et n’inspirait guère confiance à ses habitants et encore moins à ses armées qu’il avait levé contre le feu Roi. Sans doute avaient-elles préféré la direction de son père, le Sénéchal Raymond d’Ancenis. Finalement, elle eut un bref haussement d’épaules concernant le Comte. Il était certes parvenus à ses fins mais devoir servir et jouer les toutous, Blanche aurait purement et simplement détesté cela. Enfin, il fallait faire des concessions comme on dit. Elle fut satisfaite qu’il prenne enfin la coupe et n’ajouta rien sur le destin de ses filles.

Les mains toujours sur ses hanches après l’avoir pincé, Blanche le sondait lèvre pincées l’une contre l’autre. La colère fit place  à l’étonnement. Que venait-il de faire ? De la gronder ? Avait-elle bien entendu ? Était-il sérieux ? Certes, Blanche paraissait en avoir dix ans de moi mais son âge devenait tout aussi vénérable que le sien. Elle écarquilla ses prunelles et fit des gros yeux de chouette avant de froncer les sourcils.



    « Je ne suis pas une enfant, Régent d’Ydril. Cela fait des années que mon père n’a plus honte de moi… Quoique… Enfin, si vous ne vous amusiez pas à m’envoyer des piquées déguisées sous une couche épaisse de miel qu’enrobe votre langue ou autres moqueries, peut-être n’auriez-vous pas droit à ce genre de comportement. »



Elle leva son index devant lui et l’agita tout en parlant, le grondant tout autant.



    « A chacune de vos nouvelles moqueries, je vous embarrasserais encore et encore jusqu’à ce que vous arrêtiez et puis vous semblez aimer jouer alors jouons, Seigneur Anoszia. »



Ainsi, elle se rassit et fut disposée à écouter la suite de ses propos. Sa main prit à nouveau sa coupe et elle but tout en se penchant vers les plateaux composés de charcuteries et autres mets comme du fromage. Elle fit comme chez elle et ça tombait bien puisqu’elle était chez elle. Le minois se redressa un instant vers Arichis. Oh, c’était gentil et Blanche baisserait donc d’un ton. Il l’avait radouci. Ce n’était pas si difficile que cela après tout. Tandis qu’il terminait son vin, la Baronne lui servit une nouvelle coupe généreusement en se penchant vers la table basse.



    « Cela me fait plaisir d’entendre dire cela mais si vous ne parlez pas de guerre ouverte, parlez-vous de guerre fermée ? Je suis isolée ici depuis un long moment, c’est assez pesant et je pense que ça ne fait que commencer. J’ai envoyé ma sœur chez le Baron et désormais Duc Maciste… Elle m’a dit que c’était un homme charmant et semblait beaucoup l’apprécier. J’aurais aimé le rencontrer quant au Comte Alestein vous ne semblez pas beaucoup l’affectionner alors que vous en avez la charge. Forgez son caractère, faites de lui un homme de valeur comme votre famille. »



Blanche inspira profondément après une énième rasade de vin. La Dame semblait parfaitement tenir l’alcool et était réputée pour être aussi tenace que les plus grands buveurs. Elle se redressa et s’avança pour poser séant sur le second accoudoir libre.



    « Je crois que vous faites erreur, je ne crie pas partout à qui veut l’entendre ma vengeance. Il est juste impossible pour moi de prêter serment à cette couronne, ce n’est pas tant le fils d’Aetius qui me répugne mais plutôt la veuve-joyeuse. Il est hors de question d lui preter serment. Comprenez-moi, elle était autrefois ma dame de Compagnie et mon amie, je l’ai toujours bien traité et été agréable avec elle et sans raison, cette dernière me voue désormais une haine sortie de nulle part et ne reconnait plus son amie. Dites le moi, est un comportement honorable de tourner le dos ainsi à vos amis ? Je ne pense pas. »



Se penchant vers lui, elle susurra.



    « Je suis toute ouïe dans ce cas. »


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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeVen 11 Avr 2014 - 5:00

« Certains suderons oui. Certains médians et nordiques également. Quoi que c’est leurs femmes qui apprécient ce genre de vices ici et là-bas. Nous offrons toujours ce qu’il y a de meilleurs, si jamais l’un d’eux a été souillé le responsable en sera sévèrement puni croyez nous-en. »

Au discours philosophique de Blanche il haussa les épaules. Il n’avait fait de personne un esclave, il les avait reçus de son frère dans cette condition. Sa consciente en était tranquille. Puis pourquoi se questionner sur tel ou tel, Néréa ne les avait pas fait égaux.

« Certains sont nés pour être dominé. Puis si ça peut vous rassurer ce ne sont pas des péninsulaires, nous croyons même que l’un d’eux a du sang sylvain dans ses veines. Nous vous les avons offerts en espérant que vous apprécierez pareilles intentions. Ils vous appartiennent, faites en ce que vous en souhaitez. Mais clorons à présent ce sujet. »

Il n’avait plus rien à ajouter à tout ceci. On ne dirait pas que Hautval Velteroc deviendra un marché lucratif. Tant pis. La Comtesse se plaignait trop, et parlait trop. Hélène n’avait pas cette habitude, de se plaindre, mais elle rendait toujours coup pour coup. Après toutes ces années, elle lui manquait encore et lui manquerait toujours.

« Il y a toujours le Marquis de Serramire, qu’on dit continûment malade. L’injustice semble poursuivre votre famille ma Dame. La Couronne vous perçoit comme un mal et entre deux, on choisit celui qu’on peut plus aisément étouffer. Raymond aurait été parfait dans ce rôle, un homme à poigne et à l’honneur connu. »

Il la gronda, puis évidemment elle rétorqua. Blanche n’était pas femme à garder silence. Voir ses yeux s’écarquiller puis ses sourcils se froncer était d’un immense plaisir comparable à celui d’une victoire sur l’échiquier. Mains sur les hanches et le ton grondant, il l’écouta calmement en retour. Il essayait tout le temps de laisser transparaitre uniquement ce qu’il jugeait utile.

« Vous agissiez pourtant comme une enfant capricieuse Baronne. Elle donnait du titre, il donnerait du titre.  Cessons donc les moqueries Blanche. »

Oui, il l’avait appelé par son prénom, ne prenez pas cette mine offusquée, ils étaient seul. La Comtesse se pencha en avant pour lui servir une nouvelle coupe qu’il accepté sans y toucher pour le moment.

« Détrompez-vous, nous veillons à l’éducation du jeune Alastein du mieux que nous pouvons. Il grandit aux côtés de mon petit-fils lorsqu’il est à Ydril, et nous nous efforçons de lui apprendre à gérer ses domaines et connaitre ses vassaux. A notre grand dam, la duchesse Kahina d’Ys nous l’enlève une fois toutes les deux ennéades pour l’emmener à Soltariel auprès de sa sœur. Nous considérons le comte, pour qui nous nous sommes battus, comme un membre de notre grande famille. A son tour de prendre une rasade de vin avec quelques charcuteries de porc au goût. Maciste était un homme habile. Nous prions Néréa pour qu’il regagne sa fougue de l’automne. »

La maitresse des lieux ne tenait pas en place, après une autre gorgée elle se leva pour s’asseoir sur l’accoudoir d’un Arichis un peu plus détendu.

« Hélène avait l’habitude de s’asseoir sur mes accoudoirs. » Commenta le régent.

Une trahison de la sorte est toujours difficile à digérer. Arichis préférait les liens du sang, les cordages qui y relient les individus les uns aux autres étaient difficilement dénouable. Une des raisons pour laquelle il avait du mal à se défaire des Hautval. La comtesse se pencha vers lui, susurrant une invitation à la parole.


« Vous êtes la dernière à ne pas avoir reconnu Bohémond. Ce qui vous isole de tous et dissuade certains de venir traiter avec vous. Ecrivez une lettre, où vous dîtes reconnaitre la légitimité du roy, son droit au trône. Il leva la main pour l’arrêter si elle avait compté l’interrompre. Pas la peine de blesser votre fierté, vous n’aurez pas à reconnaitre la régence. Seulement le roy. Pourquoi pensez-vous ? Uniquement pour la façade. Vous n’en apparaîtrez pas pour autant rabaissée et cela ne donnera à aucun de vos voisins une raison à de mauvaises intentions. Cela vous déliera les poings et vous permettra de respirer. Votre heure viendra. »

Depuis le début à chaque fois qu’il lui parlait, il la fixait dans les yeux. La tête légèrement redressé vers elle cette fois-ci, il lui attrapa la main et la serra doucement sans lui faire mal.  

« Autrefois nos deux maisons étaient liés. Chez nos enfants coulent le sang des Hautval, unissons nos deux maisons et à jamais vous aurez les Anoszia à vos côtés Blanche. Qu’Alastein épouse votre ainée la Princesse Alcyne, et mon petit-fils la Princesse Astrée. »

Ambitieux. Orgueilleux. Risqué. Périlleux. Un grand nombre d’adjectifs pourraient qualifier ce que venait de dire le patriarche, mais jusqu’à maintenant il avait prit énormément de risques pour arriver à ses fins. A leurs fins. Il lui avait fait une promesse, et les Anoszia savent honorer leurs paroles. A l’affut, il guettait la moindre réaction.

Pour Alastein, il y avait longuement réfléchit. Il n'appréciait pas ses allers et venus entre le palais de Soltariel et celui d'Ydril, Kahina tenterait surement de mettre la main dessus si Maciste ne se relève pas de son lit de mort. Alastein étant son seul moyen de garder Arichis lié.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeSam 12 Avr 2014 - 18:58


Un haussement de sourcil la prit tandis qu’elle défigurait le Régent. Ces propos lui donnaient l’envie de diverger dans un débat qu’on aurait pu qualifier de philosophique. Elle se contenta d’un simple commentaire.

    « Des préjugés, les femmes dont vous parlez, désirent simplement faire plaisir à leur époux, ni plus, ni moins, vous n’avez pas dû beaucoup pratiquer ce genre d’amusements. Enfin, passons, là n’est pas le sujet. »


[size=16]Quelle était cette étroitesse d’esprit. Il ne devait pas beaucoup s’amuser dans la couche. Ahahah. Il aurait rougi devant les ébats ardents qu’elle eut avec l’Ivrey. Elle n’ajouta rien de plus sur le prochain sujet. Peut-être ferait-elle appel à ses services pour des esclaves mais elle aurait préféré payer pour des combattants aguerris, plus intéressant. C’était un moyen de grossir ses troupes.  Encore fallait-il connaitre le prix. Et Monsieur ne lui avait pas communiqué mais elle estimait sans doute à juste titre qu’ils vaudraient une petite fortune. Tandis que Arichis poursuivait la discussion, une grimace non pas  à l’origine des propos du seigneur brouilla ses traits. Une douleur lancinante au niveau de sa poitrine fit son apparition. Elle tenta de la noyer avec son vin, vidant dès lors sa seconde coupe… quoiqu’elle fût déjà à sa troisième. Une énième fut servie.

    « Et vous comme un vieillard aigri » Rétorqua-t-elle. « Mais cessons ».


Elle leva les bras vers le plafond en signe de paix avant de lui adresser un charmant sourire en papillonnant des cils pour un regard langoureusement grotesque. Tentait-elle de lui arracher un rire avec son attitude volontairement ridicule. Elle finit par relâcher une quinte d’éclats cristallins, toute amusée. Tandis qu’elle venait donc s’installer sur l’accoudoir libre en écoutant son nouveau laïus. Elle s’était donc trompée. Tant mieux s’il considérait bien le comte Alastein, il y avait des allusions à un mariage lorsqu’Adèle s’était rendue en Aphel. Elle n’imaginait pas que la jeunette de Kahina paraissait si dangereuse. Sa sœur avait fait mention de sa grande beauté et de sa propension à jouer les réelles princesses capricieuses dont tous les actes étaient légitimes simplement car elle était Kahina d’Ys. La Dame du Val acquiesça d’un hochement de menton tandis que la couleur un bref instant calmé revenait ce qui la gênait. Elle déglutit en glissant distraitement une main contre sa poitrine. Etonnement, la Splendeur Obsidienne n’avait plus dit un homme même lorsqu’il lui avoua que sa tante agissait tout comme elle. Elle se contentait d’une mine étonnée. Elle ne savait d’ailleurs pas comment interpréter son commentaire et se mordilla la lèvre inférieure comme toute réponse. D’ailleurs, il poursuivit et elle ne l’interrompit pas jusqu’à ce qu’il eut fini.

    « Savez-vous que ce vous me demandez être… quelque chose d’extrêmement dur pour moi ? Je l’avoue que ma haine, ma rancune m’aveugle et m’empêche d’agir comme il se doit. Je suis une femme très fière par moment et reconnaitre le Roy serait reconnaitre l’Olysséenne puisque le roi n’est qu’un bébé qui ne sait même pas parler. Reconnaitre le Roy serait comme avouer une faiblesse et c’est un grand mal pour mon égo, c’est une souffrance. »


Articula-t-elle tant bien que mal, sa main tremblait sur le verre qu’elle serait bien trop fort animé par toute la véhémence qu’elle ressentait en cet instant. Une nouvelle fois, l’environnement venait oppressant, sa chevelure ondulant dans les airs. Elle reposa sa coupe par précaution pour ne pas la briser ou la renverser. Sa dextre palpitait toujours autant alors que son regard pénétrant sans aucune once d’humanité sondait son invité. Les battements de son cœur cognaient désormais dans sa poitrine, et l’air lui manquait alors que paradoxalement ses étoffes ondoyaient ci et là au grès d’une brise sans origine. Soudain, elle se calma. La tension se rompit et sa main vint glisser contre son front dans un moment de faiblesse qui la trahit par un couinement plaintif. Le souffle court, Blanche reprit.

    « Je suis moi-même une Hautval et une Ancenis, dans le corps de mes deux filles coulent le sang des Hautval, des Ancenis et de Fiirman. »


Il put sentir sa menotte tremblotée entre les paumes du Régent alors qu’elle continuait de le fixer, le visage fermé. Une peinture mêlant une myriade d’émotions animait les traits de la Baronne. Douleur ! Souffrance ! Haine ! Oppression ! Détermination ! Désespoir ! Espoir ! Sa main libre se pressait alors fortement contre sa poitrine et c’est alors que ses étoffes se noircirent. Un fluide encore inconnu pour l’instant du seigneur Anoszia tachait tout l’ensemble de son haut, collait peu à peu à sa peau. Les pupilles de la Dame se rétrécirent en deux fines fentes tandis qu’elle baissait les yeux sur ce spectacle concernant. C’était bien le bon moment pour que cela arrive. Elle savait évidemment de quoi il s’agissait mais sans doute cela surprendrait-il le Régent. La réponse évidemment attendra.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeLun 14 Avr 2014 - 21:32


Non, il n’a jamais pratiqué ce genre d’amusement et ce n’est pas aujourd’hui où il commencera. La sodomie était pour les sodomites, les putains et les gens de petites naissances. Ceux qui ne veulent pas avoir des bâtards sur les bras. Il n’y avait rien d’honorable dans un tel acte.

« Il y a d’autres moyens que ce genre d’amusement sordide, nous pratiquons de plus belles choses au sud. Mais oui, cessons. »

Il n’allait pas rentrer dans le débat, mais la Comtesse avait touché sa fierté. Tandis qu’il gratifiait Raymond d’éloges, sa fille grimaça comme s’il avait dit  quelques mots qui ne faillaient pas. Il décida de ne pas relever lorsqu’elle le traita de vieillard aigri, il l’avait mérité. Blanche leva les bras au ciel en signe de reddition avant de lui adresser une mimique grotesque dont il ne s’offusqua pas cette fois-ci. Il en sourit même à l’aide de sa énième coupe de vin.

L’Ancenis prit place sur son accoudoir donc tandis qu’il se servit d’autres morceaux de charcuteries. Il remarqua sa déglutition mais continua sa parlotte. Arichis la comprenait que trop bien, à sa place jamais il n’aurait accepté. Il se serait battu pour ses enfants. Mais il n’était pas à sa place et proférait de tels mots était bien plus facile que les exécutait.


« Nous en sommes bien conscient. Cela demande beaucoup de forces d’accepter … La Comtesse semblait avoir de la peine à parler. Arichis fronça les sourcils. Vous allez bien ? Vous reconnaitriez la royauté de Diantra, pas sa régence par l’Olysséanne… Vous êtes que tout va bien ? Vous en n’avez pas l’air. »  

Le régent ne comprenait pas quel était ce mal si soudain qui prenait si soudainement son hôte. Le vin avait-il été empoisonné ? Chassant ces idées absurdes de sa tête, il reposa tout de même sa coupe sur la table qu’il avait reprit entre temps. Qui était assez fou pour empoisonner la comtesse dans son propre palais. La même ambiance oppressante envahit le boudoir, les étoffes de la dame ondoyaient doucement.

« Que se passe-t-il ? »

Tout se rompit d’un coup et Arichis se décrispa avec. Blanche poussa comme l’un de ces couinements qu’il avait déjà entendu à Velmone lorsqu’une souris se faisait attraper dans les couloirs.  Dans un brin de génie, il conclu.


« Vous n’allez pas bien. Peut-être devrions-nous reporter notre entrevue à plus tard… »

L’Anoszia sentait la main de sa parente tremblait dans la sienne. Il la serra un peu plus comme si cela pouvait la soulager et essaya de déchiffrer son visage qui continuait de le fixer. Il s’apprêta à dire quelque  chose lorsque Blanche pressa sa main de libre contre sa poitrine puis les yeux du régent descendirent de son visage vers sa poitrine où un liquide se répandait, noircissant l’étoffe. Il lâcha la main et écarquilla les yeux, un fait rare.

« Qu’est ce que… Qu’est ce que vous… Il ne comprenait pas. Avez-vous besoin d’aide ? » Il avait envie de dire « Mais d’où ça sort ?! ». Arichis était à deux doigts d'appeler la garde. Quel étrange phénomène !
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeSam 19 Avr 2014 - 16:02


Pauvre homme, cela lui aurait tellement fait du bien pour sa prostate et éviter un cancer, blague à part. Blanche aurait certainement bien renchéri par un « j’aimerais bien voir cela » mais ca n’aurait pas été très éthiquement et politiquement bien accepté même si dernière cette pensée aucune proposition lubrique en découlait. Par contre, Blanche aurait été vraiment ravie d’apprendre qu’elle avait touché la fierté de ce beau Seigneur dont l’âge ne tarissait pas sa prestance et beauté. Tout un questionnement la turlupinait désormais comme ne pas avoir repris une seconde épouse. D’ailleurs, une conversation avec sa mère lui rappela quelques souvenirs à l’encontre du Seigneur d’Anoszia. La Reine-Mère de Hautval lui avait raconté ô combien Arichis aurait été éperdument amoureux de sa cousine et lorsque ces dames se voyaient, elles partageaient leur bonheur. Enfin, sa matriarche eut aussi son lot de malheurs. Eugénie était de son jeune temps, une épouse follement transie de son doux Raymond jusqu’à ce qu’elle apprit ses infidélités. Elle en demeura inconsolable et Blanche se rappelait ses nombreux jours où elle voyait sa mère s’isolée dans le bois sacré renfermant l’autel des Cinq, priant ainsi Arcam. La Dame du Val avait plus d’une fois maudit son père pour autant chagriner sa mère mais tout rentra dans l’ordre. On ne sait si les Dieux entendirent ses prières mais la Patriarche Ancenis devint sage et se contentait désormais de ses yeux pour caresser les belles dames qui le faisaient envier. Blanche fut heureuse pour sa mère même si elle reste méfiante à l’égard de son père concernant ces écarts. Les hommes Ancenis ont toujours eu la réputation d’être des coureurs et le plus bel exemple n’est autre que le si prestigieux batard feu nommé Aetius. Ironie du sort, Blanche venait désormais s’ajouter au triste tableau avec son prénommé bâtard Serlon, inconnu de tous cela va sans dire.



    « En effet, un effort dont vous ne pouvez imaginer l’immensité et je vais bien. »



Ajoute-t-elle avec un signe de la main rassurant. Ce n’était pas non plus un mal bien méchant. C’était une gêne qui rendait juste sa poitrine plus douloureuse et sensible, une impression désagréable mais tout à fait supportable.



    « Bien, lorsque je dicterais à mes scribes, j’espère vous avoir à mes côtés pour rédiger cette missive. Et je vais bien encore une fois, un simple désagrément d’après grossesse. »



C’était bien sa veine. Pas maintenant se disait-elle en elle-même. Voilà pourquoi elle évitait de porter des corsets ces temps-ci, une poitrine compressée et tout débordait. Enfin, Arichis désirait désormais conclure devant son menu malaise. Il ne savait pas qui il avait en face de lui, même à moitié morte, elle continuerait quoiqu’il en coûte. Ou peut-être pas. D’abord surprise de sa réaction, elle tentait désormais tant bien que mal de ne pas fondre dans un fou rire de mon cœur si bien qu’elle se mordait la lèvre inférieure.
Sa main se dégagea de celle d’Arichis alors qu’elle la glissait contre ses lèvres pour s’empêcher de rire. Elle se concentra tout au plus quelques secondes pour reprendre son sérieux en s’éclaircissant la gorge.



    « Pour un père qui a eu sept, vous n’avez sans doute pas souvent côtoyé ma chère tante très souvent après ses accouchements à moins qu’elle ne souffrait des désagréments dont je suis victime. »



Elle eut une moue et haussa les épaules en se redressant pour aller tirer sur une cordelière derrière un rideau faisant ainsi retentir une clochette pour que des domestiques accourent, le bras désormais en travers de la poitrine.



    « Pour éviter de vous laisser dans le flou, ceci est une montée de lait, car j’allaite moi-même mes enfants et ce ne sont pas forcément les nourrices qui s’en occupent comme le veut la tradition. Donc, il est vrai que je vais devoir écouter notre entrevue afin d’aller nourrir ma chair et me changer. J’espère que vous n’y verrez aucune offense, vous pourrez profiter de notre Château-Bastille en attendant. »



A cet instant, une armée de servantes frappaient à la porte et débarquaient après avoir eu l’accord de Blanche, et ce qui semblait être la matrone de son ost de servante manqua de pousser un cri en voyant la Comtesse de la sorte avant de la réprimander devant pareil tenue. Elle se défit de son châle pour l’enrouler tout autour de son buste pour masquer le tout. En cet instant, Arichis put voir Blanche lever les yeux au ciel en se laissant faire.



    « Vous m’excuserez donc, mon intendant va vous mener jusqu’à vos appartements. »



Ce que fit le bon monsieur si le Seigneur Anoszia accepta.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeLun 21 Avr 2014 - 19:14


« Nous nous tiendrons à vos côtés. Cette lettre vous ouvrira bien des portes et enlèveras les mauvaises intentions que certaines personnes pourraient nourrir à votre encontre. »

Ceux qui attendaient le premier faux pas de la Baronne et Comtesse étaient nombreux, parmi eux la régence du royaume, peut-être même des cousins aux dents longues. Arichis aurait été peiné de voir la chute de sa parente d’Hautval, Hélène lui racontait à l’époque le plus grand bien de ses cousins du médian. Une femme de caractère qui avait su s’imposer à Velmone dès les premiers instants de sa venue, elle avait même réussit à séduire sa belle-sœur Myriam avec quelques tours de magie basique, elle qui est si difficile à faire réagir.

Elle l’informa de la cause de son malaise. On se reposait généralement après une grossesse pour éviter ce genre de désagrément. Dans le temps, Arichis obligeait son épouse à garder le lit durant plusieurs jours. Outre qu’elle soit génératrice de descendance, elle était devenue une Anoszia.


« Vous devriez vous reposer. » S’inquiéta le régent.

Devant son ignorance, Blanche dissimula mal sa moquerie ce qui vexa à nouveau l’Anoszia. Sa main devant ses lèvres ne cacha rien de son hilarité intérieur qu’Arichis devinait aisément. Oui, il était ignorant des désagréments féminins. Il n’avait jamais assisté à quelque chose de tel avec son épouse. Hélène avait allaité que ses deux premiers enfants, les premiers mois et cela pas en présence d’Arichis, les cinq autres des nourrices s’en étaient chargé car son lait s’était tari d’après elle.


« Non, nous nous tenions loin des joies de la maternité. »

Au moins, ce n’était pas du poison. Blanche fit sonner une cloche pour appeler ses domestiques et cacha sa poitrine de ses deux bras. La Comtesse daigna enfin lui expliquer ce qu’était tout ceci, une montée de lait donc. Curieux phénomène que voilà. Bien qu’il ne soit pas un homme de science, Arichis s'estimait comme un homme instruit et voilà qu’il apprenait à ses quarante-sept ans une chose que toutes les femmes savaient.

« Nulle offense là-dedans. La chair de notre chair avant tout. »

A ce moment-là, une horde de servante entra dans la pièce et à leur tête une matrone comme il sied à un château comme celui-ci. Arichis sourit à l’exaspération de sa nièce par alliance face à cette dernière. Le régent se satisfit d’un hochement affirmatif et suivit l’intendant jusqu’à ses appartements. Rien d’extravagant dans celle-ci. Il quémanda à l’un serviteur de Blanche d’aller chercher l’un des hommes de sa suite. Asdrinte arriva avec des parchemins et des lettres en mains, il en donna quelques unes à Arichis et s’occupa du reste. Le régent prit le temps de lire la missive de son fils qui faisait route en ce moment même vers Alonna pour combattre auprès du maréchal. Une alliance avec le Clairssac pourrait être bénéfique à ses plans, mais voir un homme concentré autant de pouvoir entre ses mains ne lui plaisait pas. Il écrivit de sa plume fine quelques lignes et remit la missive à son homme, bien conscient que la lettre mettra du temps à arriver.

Quelques temps plus tard, un autre domestique l’informa que la Comtesse souhait le voir à sa table pour le dîner du soir, rien d’inattendu. Arichis le remercia et lui demanda à ce qu’on vienne lui couler un bain. Assis sur une chaise à réfléchir aux mots qu’il pourrait dicter à Blanche pour sa lettre au roy, il ne fit pas plus attention que cela aux domestiques qui s’étaient mis à plusieurs pour amener un bassin dans la pièce. D’autres vinrent le remplir d’eau à plusieurs reprises car Arichis jugeait celle-ci « Trop chaude. » ou celle-là « Trop froide. » ou encore « Pas assez tiède. ». Il se décida finalement sur une eau puis congédia les servantes, ne resta que deux hommes qui l’aidèrent à se défaire de ses étoffes pour se glisser dans le bain. Contrairement aux rustres du nord, Ydril faisait attention à l’hygiène. Tous les patriciens du comté fréquentaient des thermes, véritable lieu de débats animés entre gens de bonnes naissances. L’un des deux hommes alla chercher dans les malles les habits avec lesquels le régent se changerait, des soieries venant de Thaar sortant des calles de la famille Vossula, les meilleurs dit-on.
       
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeMar 22 Avr 2014 - 19:15


En même temps, l'exclure de sa table aurait été très mal vu et stupide de sa part, d'un mauvais goût accablant. Enfin, la Dame du Val avait allaité, s’est lavée, changée et avait passé quelques temps avec son époux malade avant d’accueillir ses parents. Désormais, elle attendait la tombée de la nuit et l’annonce du dîner. Pensive, la lettre qu’elle devait rédiger à la couronne la taraudait et décida finalement armée de Odeline, le seul lieutenant femme de la Garde d’Obsidienne et d’une dame de compagnie répondant au doux nom de Viviane de s’imposer au Régent. Pauvre de lui. Il faut savoir qu’Odeline, qui était aussi son amie, avait un mal fou à se résoudre à quitter des yeux sa protégée, la Comtesse et Baronne. En effet, depuis qu’on l’avait trouvé gisant dans un couloir lors de sa grossesse, une mare de sang sous elle, la lieutenante ne quittait pratiquement plus d’une semelle sa Dame. Blanche considérait son attitude démesurée et s’était plusieurs fois pris le bec avec elle qui n’en démordait pas. Face à cette détermination excessive, la Splendeur Obsidienne avait préféré laisser tomber car elle savait le combat vain. Les talons claquaient au rythme de ses pas et elle ne tardait pas à se présenter aux portes des appartements du seigneur Anoszia. Evidemment, elle lui avait donné la chambre qui lui semblait la plus luxueuse même si elle ne partageait pas les mêmes goûts architecturaux et décoratifs de son époux. Enfin quoiqu’il en soit sans doute y avait-il un homme ou deux gardant la porte du Régent.



    « J’aimerais m’entretenir avec votre Seigneur. »

    « Pardonnez-moi votre Grandeur mais le Seigneur Anoszia ne peut vous recevoir pour le moment. »



Si Blanche avait su pourquoi, elle ne serait sans doute pas entrée. Elle jeta un regard incrédule à Viviane puis à Odeline qui fronça les sourcils, prête à sortir les griffes. Ah pour sûr, les deux femmes se ressemblaient dans ce genre de moment. Mais la Chouette attaqua en premier.



    « Donc si je comprends bien, je ne peux pas entrer dans les pièces de mon propre château. Et bien c’est ce qu’on va voir ! »




Avant même que le Garde n’eut le temps de dire un mot que Blanche amorçait un mouvement pour ouvrir la porte, Odeline la devança. Cette guerrière et magicienne était vraiment charmante et Blanche appréciait par-dessus tout son caractère.  La lieutenante invita ainsi sa Dame à entrer, suivie de Viviane qui s’excusait auprès des deux hommes qui tentaient d’arrêter l’irréparable. Ainsi, la sainte trinité féminine put découvrir ce cher Arichis dans le plus simple des apparats, confortablement installé dans sa cuve à l’eau trouble par le savon et peut-être même par les vertus de lait d’Anesse. Odeline resta de marbre car à vrai dire, voir des hommes nus étaient son lot quotidien lorsqu’elle séjournait dans la caserne et ne s’en offusquait pas plus que cela.  Blanche fut, elle, surprise, les yeux légèrement écarquillés non pas perturbée par sa nudité mais surtout et par-dessus tout l’énorme maladresse qu’elle venait de commettre à l’encontre du Régent. C’est bien, Blanche ! Félicitation.  Tu es officiellement maudite jusqu’à la fin de tes jours ! Un proche parent en plus. La plus choquée des trois restait Viviane qui poussa un petit cri strident en se cachant les yeux d’une main et de l’autre tentant de masquer les iris d’un bleu acier de ceux de sa Maitresse. La Dame du Val chassa, agacée, sa senestre en prononçant d’un ton désinvolte.



    « Allons Viviane, vous n’allez pas me faire croire que vous n’avez jamais vu d’attributs masculins de votre vie, de plus, on ne les voit même pas ! Tsss. Mais je t’en prie, va. »




Elle congédia d’un geste évasif de la main, sa Dame de compagnie, sidérée à vie. Après mille excuses et révérences, elle repartit en courant dans un nouveau petit cri strident en refermant les portes. Blanche était habillée cette fois d’un surcot d’un bleu égyptien qui renfermait en son sein une robe de dentelle blanche composant donc les manches et les pans de sa parure. Une ceinture qui se rapprochait de ce qu’on appellerait aujourd’hui, d'une obi opaline de broderies aux motifs floraux refermait le tout. Elle pivota sur ses talons et Odeline ne tarda pas à l’accompagner jusqu’à un siège qu’elle tourna afin que la Baronne n’offense pas davantage l’intimité de ce pauvre Arichis. Elle essaya une note d’humour.



    « Bon et bien, nous sommes à égalité, vous m’avez vu dans une situation délicate et désormais je vous retourne la pareille, indépendamment de ma volonté bien sur… »




De quelques doigts, elle désigna à sa lieutenante une cruche de vin qui devait trainer par là et se fit servir un verre. Boire pour oublier ! Boire pour affronter les foudres du Régent ! Boire pour affronter le merdier dans lequel elle s’était mise. D’ailleurs, elle ne lui laissa pas le temps d’intervenir. Parlant encore et toujours.



    « En fait, j’étais impatiente de vous annoncer que mes parents étaient arrivés… Et siégeront avec nous au dîner qui quand tout ceci va s’apprendre, mon père a tendance à tout savoir ! Va prendre une tournure… Sans doute désagréable pour moi. Enfin soit, et il y’avait aussi cette missive royale qui me tracassait tellement, voyez-vous…. »




Respire ! Respire Blanche ! Sa main prit la coupe qu’elle s’en fila d’une traite sous l’œil totalement amusé d’Odeline qui était complètement hilare en son for intérieur. Ah sa Maîtresse était tellement excellente parfois. C’était vraiment tordant.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeVen 9 Mai 2014 - 10:44

Les moments de quiétude devaient toujours être troublés par une femme. Sans invitation, sans s’annoncer la maitresse des lieux s’invita d’elle-même dans les appartements du régent. Il avait bien dit aux gardes de ne laisser personne s’imposer à lui en ce moment, il leur avait bien dit ! Comment peuvent-ils assurer sa sécurité s’ils ne sont même pas capables d’empêcher une femme à entrer dans une pièce. Il écarquilla les yeux en même temps que Blanche. Le pire étant qu’elle n’était même pas seule, deux autres femmes l’accompagnaient dans sa maladresse. Celle qu’il devina être sa dame de compagnie lui perça les tympans d’un cri strident et tenta tant bien que mal de se cacher ses yeux d’une main, et ceux de sa comtesse d’une autre.

« Vous…Que…Nous…» Le cri de la dénommée Viviane résonnait toujours dans la pièce.

La désinvolture de la Dame du Val le désespérait. Se rendait-elle compte au moins à quelle point elle le scandalisait, d’abord elle le pinçait et à présent elle le voyait nu. A se demander ce qu’elle ferait la prochaine fois. Elle continua avec sa familiarité et parla de ses attributs masculins sans la moindre gêne, ce qui finit par achever Arichis qui poussa un soupir exaspéré et vaincu. Il ne tentera pas de se battre à nouveau avec elle. Il n’empêche qu’il tenta de troubler l’eau et cacher ce qui pouvait l’être d’une main.


« Vous auriez pu vous annoncez nous aurions été plus présentable Comtesse. »

Viviane se perdit en excuse et révérence, il aurait aimé que son hôte fasse de même mais autant espérer que la Reine-Régente le nomme héritier du roy. La gronder à nouveau serait si vain qu’il se résigna, continuant de troubler l’eau. Blanche, par respect enfin, tourna les talons mais ne quitta pas la pièce, à un moment il l’avait espéré. Sa lieutenante lui tira une chaise et elle s’asseye lui faisant dos. Odeline, elle, continuait de le fixer comme s’il représentait une menace pour sa maitresse.

« Non, nous l’aurions été si nous avions vu votre poitrine à nue et non pas des tâches de laits grossière sur votre tunique. Répondit-il sur le même ton. Le regard d’Odeline le troublait. Pouvez-vous demander à votre femme d’arrêter de nous fixer ? Cela est gênant. »

Il plaça ses phrases après celles de Blanche. Il était ravi d’apprendre l’arrivée de Raymond et son épouse mais un peu à la perspective que le père soit au courant de la bêtise de sa fille, cela étant assez gênant avec ces trois femmes, il n’imaginait pas la gêne que cela lui causerait si d’autres étaient au courant. Mais il n’était pas naïf, la Viviane qui était parti en courant lâcherait surement des rumeurs.

« Gardons ceci entre-nous, voulez-vous ? Pour la missive royale, voyez cela comme une formalité à remplir. Cette lettre vous donnera qu’une simple façade, celle d’une femme ne cherchons que la paix. »

Il demanda à la lieutenante de lui servir également une coupe du même vin si évidement elle accepta.

« Pour revenir à notre discussion de plus tôt, que pensez-vous de nos propositions de mariages et d’alliances ? » Car un mariage impliquait la plus sacrée des alliances.

Il posa sa tête contre le rebord de la cuve et ferma un instant les yeux. La dernière femme à l’avoir vu nu était sa maitresse Cynisca qu’il n’avait pas revu depuis avant l’enterrement du jeune roy Eliam. Blanche n’avait même pas songé à ressortir après l’avoir surpris dans cette tenue. Arichis n’aurait jamais douté que sa parente de Hautval se révélerait ainsi, il l’avait jusqu’à lors jugé comme une simple femme à la poigne forte comparé à d’autres comparses mais il ne l’avait jamais imaginé si…surprenante.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeDim 11 Mai 2014 - 13:48



Quelle bande d’incompétents n’est-il pas ? Ils n’avaient pas même réussi à arrêter trois femmes. Parmi elles, deux n’étaient pas n’importe qui et étaient aussi féroce que les anciens dragons, enfin surtout Odeline bien que sa Maîtresse pouvait se montrer aussi farouche et dangereuse qu’une wyvern. Pauvre de lui. Sans doute faudra-t-il penser à engager quelques gardes plus compétents quant à ses familiers présents… Ils étaient aussi mous qu’un flan vanille.

« Nous… Nous… Sommes là » Annonça Blanche qui autant aux yeux d’Arichis paraissait désinvolte ne l’était pas en son for intérieur. Elle paraissait parce qu’il fallait éviter de devenir hystérique comme cette malheureuse Viviane.

« Vous êtes très bien comme ça, le temps vous a épargné » Fit-elle d’un geste négligé de la main avant de se rendre compte de son compliment.

Ses deux pupilles se fendirent aussitôt qu’elle réalisait sa gentillesse. Par Néera qu’on la pende. Elle devenait bien trop douce, et s’épanouissait un peu trop en cet instant. Voyez-vous, cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus vu d’hommes nus alors les montées d’hormones puis les montées de lait. Entre nous, comprenez là. L’expression profondément dégoutée par ses douceurs n’avait pas échappé à Odeline qui était toujours aussi hilare. Elle s’empresserait de raconter tout cela aux officiers de la Garde d’Obsidienne. L’oreille attentive la Baronne esquissa une moue enfantine aux prochains propos du Régent. Elle levait ses billes cérulées vers sa Lieutenante qui avait ce sourire en coin dont la signification ne lui échappait absolument et l’agaçait profondément. Vile sorcière, elle lui payera. Dans les prochains jours, elle se promettait d’aller lui faire une blague bien désagréable. Enfin soit.

    « Allons, Odeline, tu as entendu, le Seigneur Anoszia, ne laisse pas trainer tes yeux là où il ne faut pas. »


La Baroudeuse jeta un dernier regard au Régent d’un air désespéré avant de lever les yeux au ciel et se détacher du siège de Blanche. Les talons de ses bottes claquant au sol, le menton bien haut avec ce regard méprisant vis-à-vis des familiers de Régent, Odeline qui connaissait le château comme sa poche, se présenta à un coffre qu’elle ouvrit. Elle en sortit un grand drap blanc et se rapprocha du baquet d’eau qu’elle recouvra de l’étoffe ne laissant ainsi que le torse du Régent apparaitre. Elle se permit d’ailleurs d’un ton piquant en s’adressant aux divers hommes de la pièce.

    « Si vos gens étaient un tant soit peu attentionnés envers votre personne et compétents qui plus est, jamais ils n’auraient laissé leur Maître dans cette position inconfortable mais que voulez-vous, l’élite n’est pas donné à tout le monde. »


Sur ces mots, MaDame Odeline repartait en direction d’une Blanche sidérée. La Comtesse se tournait vers sa Lieutenante qui n’avait pas tort au fond et pointait un index menaçant en direction de sa personne.

    « Tu… Pf….Tsss…. Odeline ! Pffff après tu me demandes pourquoi je ne veux pas que tu te fasses passer pour ma dame compagnie et bien voilà l’exact pourquoi de ma négation ! Non mais… »


Un regard réprobateur de la part de la Lieutenante fit taire Blanche et celle-ci haussait les épaules en secouant sa frimousse de gauche à droite. Enfin, les deux femmes s’étaient tout de même bien comportées, d’habitude, cela partait souvent en bagarre de chiffonnières mais soit.

    « Bref ! »


Le verre de vin ne tarda pas à être apportée à la Baronne, sans doute pour la tempérer. Elle était plus calme quand elle était occupée à une seconde tâche comme boire. Elle acquiesça d’un air boudeur concernant la lettre royale. Il fallait bien passer par là mais ça lui écorcherait véritablement la langue de la faire dictée à ses scribes, hors de question de la rédiger elle-même. D’ailleurs, elle ne méritait pas non plus ses gratte-papiers. Lorsqu’Arichis demanda à Odeline de lui servir aussi un verre, Blanche était complètement euphorique derrière une expression toute espiègle, impatiente de voir la réaction de la Baroudeuse qui entrouvrait déjà ses lèvres.

    « Ai-je l’air d’une serrrrr…. »


Elle se tut au petit coup de pied de Blanche qui désormais plissait les yeux et fronçait le nez. Dans un soupire à peine contenu, la Lieutenant alla récupérer la cruche et une coupe. Elle approcha du familier le plus près du Régent et déposa les deux objets dans les mains avec un regard noir en prime.

    « Le Vin, la coupe. Le reste ne sera pas tr… »


Elle se tut encore au sifflement de la Comtesse qui la rappelait à l’ordre. Enfin Odeline se dit qu’il saurait faire avec. Non mais, elle n’était pas un vulgaire domestique, elle était le lieutenant de la Garde d’Obsidienne, la garde d’élite de la Comtesse et Baronne et elle devait se plier aux exigences d’un Sudéron mais ou allait le monde. Enfin sans doute que le Seigneur Arichis avait pu avoir son vin. Blanche put reprendre sereinement.

    « Hm mh… Il avait été vaguement évoqué ce mariage entre le Comte Alastein et l’une de mes filles. Je ne suis pas contre. Quant au mariage d’Astrée avec votre petit fils, il faut que je réfléchisse… Sans vouloir paraitre trop imbue de ma personne, Astrée est une princesse de sang, le sang royal coule dans ses veines quoiqu’on en dise…. Je m’interroge… Je sais que vous convoitez l’une de mes filles pour le sang royal qui coule dans ses veines mais que faites-vous de mes fils, sont-ils indignes de votre point de vue ? »


Fit-elle dans une moue embêtée. C’était contraignant. Et elle n’imaginait pas qu’assurer l’avenir de ses enfants serait si contraignant et un véritable casse-tête chinois. Ne parlons même pas de faire reconnaitre Serlon. Blanche se redressa en lissant rapidement les plis de sa robe.

    « Nous en reparlerons, je pense qu’une situation meilleure serait plus propice à la discussion, qu’en dites-vous ? »


Car une Odeline déchainée, un Régent nu dans son bain et une Baronne indélicate n’étaient sans doute pas trois éléments en harmonie surtout qu’à peine serait-elle sortie de la pièce qu’il est fort à parier qu’on ne tardera pas à entendre Raymond dans tous le Château réprimander sa fille. Pauvre d’elle.

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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeVen 30 Mai 2014 - 17:58

Le compliment le flatta. Il n’entendait pas cela tous les jours, Blanche d’Ancenis le flattait pour s’excuser ce qui, connaissant les gens du soltaar, marchait à presque tous les coups. Arichis se détendit légèrement lorsque la lieutenante obéit à sa comtesse. Cette femme était aussi grincheuse, désagréable et arrogante qu’un vieux maitre de cabbale ! Mais elle avait plus d’initiative qu’eux, Odeline lui recouvrit le bassin d’un drap blanc, cachant sa nudité. Il salua son geste mais lorsqu’elle s’adressa à lui en reprochant l’incompétence de ses gens, lui parlant d’égal à égal, Arichis se redressa légèrement.

« Eux savent rester à leur place, redescendez d’un ton lorsque vous nous parlez Femme, nous ne sommes pas l’un de vos soldats. »

A force de côtoyer la haute noblesse, elle en oublier de quel milieu elle venait. Le régent apprécia la remontrance de sa parente. Odeline rechigna ensuite à lui servir cette coupe de vin, mais un nouveau regard de sa comtesse et elle s’y attela à moitié. C’est l’un de ses domestiques qui finit par lui servir une coupe de Carruw après qu’elle eut déposé la coupe et la carafe dans ses mains.

Le régent prit une gorgée et posa sa coupe sur le rebord large du bassin. Pour son retour à Ydril, il achètera quelques tonneaux de Carruw et Hautval à faire partager avec sa suite sur le trajet du comté. Oui, il désirait une princesse de sang dans sa famille. Il désirait également que son petit-fils et Alastein soient frère, l’influence des Anoszia à Ydril ne doit pas cesser avec les futures générations et le patriarche y veillait.


« Nous serions honoré d’avoir le prochain Comte de Velteroc dans notre famille, mais hélas nous n’avons plus de rosières à marier parmi notre dernière génération. Notre petit-fils partage nos valeurs, il est l’ami du jeune Comte et sera le plus preux des chevaliers selon lui ! Plaisanta Arichis le Vieux. Lorsque le jour viendra, il saura défendre les intérêts de son épouse, avec toutes les ressources de sa famille. »

Il avait été de bonne foi. S’il avait eu une petite-fille, ou même une petite-nièce il aurait essayé de la fiancer à Raymond de Velteroc, celui qui héritera du comté alors qu’Astrée n’héritait d’aucun fief de cette envergure à l’heure de cette discussion mais, son sang et son nom suffisait à apaiser l’appétit de plus en plus dévorant du régent.

« Oui-da. Reprenons tout ceci plus tard. »

Arichis attendit que Blanche sorte si elle le souhait bien pour faire signe à ses domestiques de s’occuper de sa personne. On le frotta, le rinça, puis l’essuya pour lui enlever toute la crasse du voyage qui restait. Dans sa maladresse, un des serviteurs renversa la coupe posée sur le rebord du bassin, le régent leva les yeux au ciel en sortant de l’eau tandis qu’un autre l’enroulé d’un drap.

Un peu plus tard dans la soirée, l’Anoszia quitta ses appartements pour le souper en compagnie de quelques hommes de sa suite. Des éclats de voix gagnèrent ses oreilles tandis qu’il s’approchait de la grande salle, à ne pas s’y méprendre il s’agissait du vieux Raymond.


« Mon vieil ami ! Interpella un Arichis ayant perdu sa première personne du pluriel. Il est si bon de vous revoir Raymond. Ma Dame. » Dit-il à l’adresse d’Eugénie de Hautval pour l’embrasser sur les deux joues comme une sœur. Durant toutes ces années, le vicomte avait tenu garder de bons contacts avec sa belle-famille pour un jour ou l’autre profiter de leur bonne grâce.

« Si nous profitions du repas pour ? Nous avons encore des affaires sur le feu avec votre fille. »
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MessageSujet: Re: Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis   Lorsqu'on n'est pas le bienvenu | Arichis I_icon_minitimeLun 28 Juil 2014 - 14:39



Ainsi la Dame du Val se retira sans plus de formes. Elle avait assez fait ainsi. C'était déjà un miracle que le Régent ne s'en offusque pas davantage. Quittant la pièce, accompagnée de Odeline, celle ci jeta un regard à sa Maîtresse «  Bien conversé le vieux débris ». Les paroles de la Lieutenante était là uniquement pour provoquer Blanche qui leva les yeux au ciel.


    « Il est veuf, tente ta chance... Enfin, ça reste un homme, il doit avoir un paquet de Maîtresses. »



Parce que Blanche avait perdu la foi en la fidélité des hommes. D'ailleurs, elle s'était elle-même perdue dans les méandres de l'éthique et du protocole. Un caractère magnifique forgé comme une œuvre d'art pour pouvoir se calquer à la société de son temps. Il lui restait encore une bonne heure voir même deux avant le repas. La jeune femme se rapprocha alors timidement de sa compagne qu'elle saisit par le poignet, levant ses magnifiques yeux bleus vers elle, elle lui offrit un timide sourire en se collant légèrement contre elle. Les mots furent susurrés à son oreille.

    « J'ai besoin... De me libérer. »



La Garde Obsidienne clôt un instant ses paupières avant d'acquiescer et de l'emmener vers les écuries. Ayant saisi un chaperon noir afin de camoufler son visage et sa silhouette, les deux jeunes femmes s'éclipsèrent du château pour les sous-bois bordant non loin la bastille. Les destriers chevauchèrent à bride relâchées jusqu'à un recoin dégagé. Elles mirent pied à terre. Blanche flatta un instant sa monture et attacha la bride à une branche alors qu'Odeline faisait de même. Les billes d'eau se levèrent vers la Lieutenante qui décrochait une lyre  d'une besace et aussi machinalement que l'on beurre son pain, elle s'installa sur un petit rocher en accordant ses cordes, patiente. La Dame du Val, elle, s'avançait au milieu de la clairière. Elle leva encore une fois  ses yeux vers sa compagne avant de s'en détacher pour attraper les pans de sa robe et volontairement les déchirer de façon à créer de fentes dévoilant ainsi ses jambes galbées. Les premières notes de musique lui donnèrent le top départ alors que la voix enchanteresse d'Odeline venait se mêler à la brise. Paupières closes, la Comtesse commença lentement à onduler, bercée par le vent. Ses hanches roulaient sensuellement sous le rythme de la mélopée accompagnée des entrelacs aériens de ses phalanges et poignets. Plus la Lieutenante allait crescendo plus ses mouvements devenaient violents et passionnés soulevant désormais poussières, feuilles et brindilles qui suivaient les déhanchements de la Splendeur Obsidienne. Envoûtée, la silhouette tournoyait toujours aussi éolienne. La danse se métamorphosait en une ode à Néera où son élément, l'air, pouvait librement se déchaîner. Ce processus était tel un rituel purificateur, la drainant de toute toxine, toute énergie négative, tout sentiment néfaste. Les sons se répétaient, lentement, le chant de la sirène l'attire et l’entraîne vers les tréfonds. Sa voix l'inonde, créant désormais les tempêtes, la plongeant dans sa transe. Une tornade s'élevait dans les cieux, petite bien entendu, entourant la silhouette que la Comtesse en totale osmose avec sa soeur-de-coeur, Odeline. Tout cela dura bien une bonne heure jusqu'à ce que la Dame du Val ne s’effondre de fatigue au sol. La chevelure voletant toujours dans le vide était toute ébouriffée et des gouttes de sueurs perlaient sur sa peau dégoulinant tantot dans son cou, sa nuque ou encore son décolleté. Haletante, ses doigts se crispaient dans la terre. Le regard perdu dans le vide, elle reprenait son soufflée, trempée, épuisée mais totalement renouvelée. La Lieutenante agita un instant ses phalanges avant de se redresser et ranger son instrument. Elle s'empara alors de Blanche qui se releva pénible et l'aida à remonter sur son cheval. Ceci fait, elle rentrèrent au château pour prendre un bain ensemble et se préparer.
Entre parenthèse, son père n'avait pas manqué de surgir en plein habillage pour l'incendier sur le fait qu'on ne surprend pas un homme qui plus est le Régent d'Ydril et ancien époux de la cousine d'Eugénie, dans son bain. C'était inacceptable et devant ses remontrances, Blanche s'était contentée d'acquiescer et de s'excuser sans évidemment le penser. Raymond avait naturellement compris que sa fille n'en avait strictement rien à faire et s'était donc résigné en exigeant malgré tout des excuses formelles devant le concerné et en sa présence ce à quoi la Baronne avait consenti.


L'heure du dîner avait sonné et la Splendeur du Val se présentait à ses convives. Son éclat était celui de la porcelaine, ses lèvres étaient rouge comme la couleur chaude du sang et sa chevelure aussi noire que les ténèbres. Elle ondulait jusqu'à son fessier bombé délicatement recouvert par la soie couleur garance de sa robe. Elle était évidemment accompagnée d'Odeline vêtue de sa combinaison de cuir noire et ravissait plus d'un mâle dans cette salle. Blanche observait son père festoyer comme il aimait le faire, parler fort, boire, manger jusqu'à croiser le Seigneur d'Anoszia qui faisait son apparition. Elle regardait d'un œil attentif, redoutant l'instant ou son patriarche frapperait. D'ailleurs, ça n'allait pas tarder. Le Vieux Bougre releva sa tête vers le Régent.

    « Oh, tu es là ! »



Oubliant lui aussi le vouvoiement, il fit une accolade chaleureuse suivie d'une tape dans le dos comme il aimait le faire avant de laisser le Régent embrasser sa femme sur la joue. Peu de personnes pouvaient se targuer d'avoir autant de familiarité avec sa femme. Après tout, Eugénie était sa propriété et tel un chien de garde, il aimait faire valoir son droit de possession sur sa belle. La Hautvaloise se fit discrète rendant la brise avec toujours cette pointe de timidité. D'ailleurs, Dame Eugénie ne tarda pas à sortir son éventail pour le glisser devant sa frimousse en prenant des nouvelles du Seigneur Anoszia. Sans tarder, Raymond emmena son ami en direction de sa fille qui se retenait de soupirer.

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    « Parait-il mais avant tout chose, ma chère enfant doit te dire quelque chose. Après tu goutteras à cette cuisine de Hautval. Ils aiment la bonne chaire ici et le vin, tu m'en diras des nouvelles. Hm Blanche ? »



Eugénie prenait, elle, place à table et se voyait prise d'assaut par ses deux autres filles naturellement. La Dame du Val se redressa lorsque les deux hommes étaient à sa hauteur. Elle fixait son père et esquissait une petite moue boudeuse avec ses lèvres qui finirent par se pincer. S'inclinant légèrement, elle fit d'une voix qui se voulut charmante.

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    « Je vous prie d'accepter mes plus plates excuses pour l'incident survenu plus tôt, Seigneur Anoszia. »



Et oui, Raymond savait tout ! Il avait un peu près ses espions au sein de la Citadelle. D'ailleurs, il éclata d'un rire de bonheur et vint tapoter le dos de sa fille.

    « Bonne fille. Elle est charmante, n'est-ce pas quand elle ne fait pas sa sauvage. »

    « C'est toujours un plaisir, Père.... Vos compliments me vont droit au coeur mais je ne suis pas sauva... ! »

    « Oui, oui, oui... Allez Arichis, asseyez-vous tous ! Mangez ! Buvez jusqu'à plus soif ! » Coupa t-il.



Soupirant, Blanche se rassit alors que les domestiques installaient leurs invités à des places de choix et que Raymond et Eugénie commençaient à discuter de bon cœur avec le Régent et sa suite. Les plats défilèrent en sauce, grillés, à la vapeur, en papillote, etc. Et des tonneaux furent vidés. Certains dansèrent par après, chantèrent et jouèrent jusqu'à avoir des conversations relevant de domaine d'érudition. En cette heure tardive, beaucoup s'étaient retirés et il ne restait pour ainsi dire que peu de monde en cette salle.

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