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 L'ode à la vie. [Méliane; Arichis]

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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: L'ode à la vie. [Méliane; Arichis]   L'ode à la vie. [Méliane; Arichis] I_icon_minitimeDim 18 Déc 2016 - 18:18

Les cordes tiraient leur mélodie languissante. La grande pièce n’était pas bondée, mais le monde se pressait tout de même. Chacun tenait sa conversation, lançant quelques regards de pitié à la femme qui présidait ce triste banquet. Méliane, aussi morne que dans la chapelle, semblait dans le vague. Elle écoutait d’une oreille distraite les conversations alentours, répondant poliment à tous badauds lui présentant leurs plus sincères condoléances. Pauvre hère qui devait subir sans sourciller la curiosité morbide de ces gens. Elle porta sa coupe aux lèvres, observant dans la pénombre l’étrange ballet qui se déroulait sur le cadavre encore chaud du jeune Duc. Tyra le garde, tout cela il l’aurait trouvé tellement risible. Ces cocottes qui gloussaient à demi devant les seigneurs du Langecin, ces petit nobliaux profitant de l’occasion pour traiter avec quelques voisins ; et au final tous semblaient avoir oublié la douloureuse perte de la maîtresse de maison qui - enfermée dans son mutisme – devait subir leurs ambitions le sourire aux lèvres. N’était-il plus cruelle place que celle qu’elle observait alors ? Spectatrice silencieuse d’une torture qui n’en finissait pas. La baronne aurait volontiers renvoyé ces parvenus de là où ils étaient venus, si son amie lui en faisait part ; mais pour ce faire aurait-il fallu qu’elle sache qu’elle était là, près d’elle et pourtant si loin. Son verre se vida plus vite qu’elle n’aurait aimé. Lorsque la dernière goutte de ce liquide âpre lui chatouilla les papilles, elle eut tôt fait de se resservir. Un cercle vicieux qu’elle entretenait avec ardeur dans ces moments-là où, entourée de tous, elle se sentait bel et bien seule. Pourtant, le Faucon pris son courage à deux mains et sortant de sa cachette, rejoins dans un bruissement de tissus un groupe voisin. Elle ne connaissait aucune personne dans ces derniers, mais les chuchotis semblaient déjà assez animés pour qu’elle n’ait qu’à hocher la tête de temps à autre.

« Bonsoir messires. Madame ».
« Vous êtes en beauté ma Dame », entreprit un bedonnant luron. Aucun d’entre eux ne l’avait reconnue. Ici-bas, elle n’était personne sinon qu’un simple nom sur quelques manuscrits, mais pour autant, tous la saluèrent. Leurs sourires hypocrites lui donnaient la nausée.
« J’espère que ma présence ne vous gêne point ».
« Sainte Néera, non biensûr ! Venez, nous discutions du Soltaar. Le seigneur Hubert que voici vient des nouvelles terres du Garnaad, et la Dame que vous voyez ici loge tout près du Missédois ».
« Je suis ravie de vous rencontrer », mentit-elle.
« Et vous, ma charmante Dame, d’où venez-vous ? »
« Eh bien… Je viens de non loin de Diantra ».
« Oh ! Voilà que nous sommes presque voisins ! Dîtes, puis-je vous demander quel est votre fief ? Il ne me semble pas vous avoir déjà vu ».
« Eh bien, c’est parce que je ne suis pas une vraie noble ! ». Sa voix trembla un peu mais, respirant lentement, la baronne repris de l’aplomb. « Mon mari est… Etait un fameux marchand dans la région ».
« Etait ? Oh ma pauvre Dame, comment cela est-il arrivé ? »
« Il… Un de nos comptoir se trouvait à Diantra et il était là-bas lorsque… »
« Cela doit être très douloureux. Et laissez-moi deviner, ce goujat de d’Angleroy ne vous a encore versé aucune indemnité »
« Eh bien… »
« Voyez ce que je vous disait Messires. Le Mervallois est bien content de ce qui s’est passé. La mort de la Régente lui a été favorable a plus d’un égard ! »
« Allons ma chère, calmez vos humeurs. Il ne peut être pire que la reine-mère ».
« M’est-avis qu’il n’est pas mieux ». Le seigneur Hubert jeta un coup d’œil autour avant de baisser la voix jusqu’à presque chuchoter. « On dit qu’il aurait fait tué tous ses opposants avec l’appui du Berthildois ».
« Tué ?! Vous me faites rire ! Selon ma cousine qui habite près de Soltariel, il aurait enfermé le duc du Soltaar à sa place »
Elle devînt blême.
« Que nenni. Il a tué l’Anoszia ni plus ni moins. C’est un gars de sa garde personnelle qui l’a dit à mon demi-frère. »
Son cœur eut un loupé ; puis deux et enfin le monde se mit à chanceler autour d’elle. Cela ne pouvait être vrai. Si la raison lui hurlait que cela n’était nullement une preuve, son âme elle était éventrée, terrorisée et effondrée. Et comme un sage mélange des deux, elle ne parvint bientôt plus à reprendre son souffle.
« Ma Dame, vous allez bien ? », demanda le grassouillet bonhomme en la soutenant. Elle avait refusé d’y croire depuis son arrivée au Langecin. Des commérages tout au plus se disait-elle mais aujourd’hui, rien ne lui prouvait qu’elle ait raison. Pas plus qu’elle avait tort. La baronne d’Alonna nageait dans un flou constant, si bien qu’elle ne discernait plus le vrai du faux. Elle se redressa, fermant un instant les yeux et repris quelque peu sa respiration.
« C’est le vin, je crois que je le supporte mal ».
Les gens se regardèrent un peu étonnés mais pas plus inquiétés. « Il est vrai qu’il est plutôt fort. Je crois que la duchesse avait besoin de noyer son chagrin ». Et alors qu’ils partirent dans un faible éclat de rire, elle esquissa un sourire et se retira poliment.

Autour d’elle, tout paraissait si loin. Les conversations, les doléances, Méliane, Oschide… Tout cela ne semblait plus lui importer. Elle avait cruellement besoin d’air. Elle devait respirer et se reprendre. Chaque respiration faisait saigner son cœur un peu plus, si bien que même les larmes ne lui vinrent pas. Elle mourait de l’intérieur. Elle traversa la salle de réception sans un regard pour ceux qui se trouvaient autour. Pour autant, elle avait la pesante sensation que tous l’observait, et que chaque regard appuyait chacun de ses pas. Et bientôt, elle pressa l’allure ; quitter la pièce était sa seule motivation. Elle bouscula quelques personnes qui se trouvaient sur son chemin, des gens que ces yeux ne voyaient même plus. La seule chose qui parvenait à sa réflexion était la grande porte ouverte qu’elle franchit après des secondes qui lui parurent des siècles. Elle croisa d’autres badauds qui l’épièrent du coin de l’œil alors qu’elle se perdait dans les dédalles du palais ducal. Les allées se suivaient et se ressemblaient toutes mais elle s’en fichait. Elle avançait sans savoir vers où. Sans savoir ce qu'elle cherchait ou même ce qu’elle fuyait. Certainement l’affreuse vérité, la foule, le jugement. Son jugement. Elle cherchait à se fuir depuis si longtemps. Elle avait même appris à se mentir et pourtant, ce jourd’hui tout lui revenait comme un ras de marré à la figure. La violence du déferlement la ballotait entre tous les sentiments qu’elle avait pu ressentir ces derniers mois : la satisfaction, la colère, la haine, le dégout, la détermination et pour finir, l’amour. Pas celui que l’on pense avoir, pas celui qui nous fait du bien. Non, il s’agissait de l’amour qui détruit, de l’amour qui blesse et qui consume. La passion, la fureur, la violence.
Elle finit par s’arrêter, s’appuyant contre la pierre froide en cette soirée de deuil. Combien de temps resta-t-elle ainsi pétrifiée ? Si longtemps qu’elle n’entendit même pas les bruit de pas qui s’approchait de son refuge.
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