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| En la tannière du dragon [Arichis] | |
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Alastein de Systolie
Humain
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| Sujet: En la tannière du dragon [Arichis] Mar 15 Avr 2014 - 9:18 | |
| Les embruns de l'Eris déchainé venaient fouetter les murailles du castel et des habitations en contrebas. Tandis que dans le ciel d'Ydril, les cris stridents des mouettes et des oiseaux de mer en tout genre retentissaient dans un grand vacarme, passant et repassant, bercés au gré des vents marins et des élans des gracieux volatiles. Dans la fournaise naissante du matin, profitant d'un répit salutaire offert par une brise de printemps, une poignée d'écuyers s'exerçaient au maniement des armes dans l'une des cours du château. Leurs ahans, mêlés aux bruits sourds des épées qui s'entrechoquent et des boucliers qui se heurtent, participaient au joyeux concert. Vêtues de mailles usées et rapiécées à force de coups, coiffés de casques déformés et couverts de poussière, ils s'élançaient par binôme et au terme d'une lutte acharnée, réclamaient de leurs adversaires une rançon, un gage ou une demande de grâce. Tous se prenaient pour des preux, s'imaginant hardis et vif comme les plus grands noms de la chevalerie de la Péninsule, tandis que le maître d'arme et ses aides, le visage grave, circulaient parmi eux pour les encourager ou les sermonner.
De tout ce groupe, il en était un plus grand, plus fort et plus vif. Dans sa main, l'épée de bois dansait, suivant avec grâce l’inflexion que lui prodiguait la main leste et gantelée de l'apprenti chevalier. Sur son tabard crasse, entre deux lambeaux de tissu déchirés, on ne pouvait guère plus apercevoir que le gambisson, lui aussi maltraité, de son propriétaire. Ce dernier assénait coup sur coup à son adversaire dans de grandes accélérations brutales, le faisant reculer pas à pas, d'un côté à l'autre de la cour. Chaque nouveau pas s'accompagnait d'un nouveau taillant, sanction immédiate et fatale au recul de l'autre. À l'entour, leurs compagnons avaient cessés peu à peu leurs activités pour ne plus se concentrer que sur ce duel inégal, mais d'une certaine beauté et ils criaient des invectives et des encouragements à leurs deux comparses. Jusqu'aux palefreniers et aux garçons d'écurie qui, leurs seaux d'eau à la main s'étaient arrêtés quelques instants pour admirer la scène en compagnie des autres serviteurs du château. Les deux combattants rivalisaient de prouesses, s'émulant mutuellement par leur force et leur adresse. Enfin, redoublant d'énergie, le plus grand contra une dernière parade et boutecula son adversaire en le faisant choir à terre d'un violent coup d'épaule.
Reprenant lentement son souffle à force de grandes inspirations, l'adolescent encore debout ôta son casque et passa sa main sur son front pour en éponger la sueur, souriant de toutes ses dents.
« Pardi, tu ne tiens plus sur tes guiboles ! »
Il tendit sa main gantée au vaincu.
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| | | Arichis d'Anoszia
Ancien
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Mer 16 Avr 2014 - 19:42 | |
| Le vaincu se saisit de la main tendu pour se relever tandis que les spectateurs repartirent à leurs diverses tâches de la matinée. Du haut de ses neuf ans, il se faisait à chaque fois battre par le comte. Mais hors de question pour lui d’abandonner, il continuera l’entrainement encore et encore ! Il adressa à son suzerain un sourire embarrassé.
« Je ferais mieux la prochaine fois. Il le faudra bien. Oui Grand-Père. »
Le petit-fils baissa honteusement la tête. Il n’avait pas vu le patriarche de sa famille et doutait bien qu’il avait tout observé de son humiliante défaite. Le petit ôta son casque à la merci de son parent qui ne fit que lui tapoter affectueusement la joue. Il avait encore à apprendre pour faire face au comte de quelques années son aîné. Arichis le congédia pour qu’il rejoigne ses précepteurs et invita à Alastein à faire quelques pas.
« Ydril plait-elle à Sa Grandeur ? Vous n’aviez plus revu notre bel pays depuis fort longtemps. Sybrondil ou Soltariel vous manque-t-il ? »
Il se souciait du confort d’Alastein, l’Anoszia tentait de son possible lui faire oublier les affres de sa jeunesse. Il aurait été malheureux de le voir préféré séjourner chez la duchesse Kahina d’Ys plutôt que parmi eux.
« Notre petit-neveu, le petit-fils du vicomte de Trezatio, votre loyal vassal, viendra résider à la cour d’Ydril. Amédée est tout joyeux l’idée d’être votre compagnon. Il a votre âge contrairement à notre petit-fils. »
Un groupe d’esclaves passa devant eux avec des sceaux d’eau. Tous venaient de l’Ithri’Vaan. Le régent d’Ydril était venu voir le comte pour lui relater les dernières nouvelles du comté, un bon seigneur devait connaitre tout ceci et cela.
« Notre frère Simèon a ramené une nouvelle cargaison d’esclaves estreventain, vos vassaux apprécient ce genre de marchandises. Hm, nous avons également reçu de votre part une missive du baron de Missède. Le gentilhomme prévoit une visite pour plaidoyer sa cause nul doute là-dessus. Un différent l’oppose avec la veuve de son beau-frère, la Dame de la Roseraie. Le vilain souhaite la chasser du domaine de ses enfants. »
Oscario lui avait reporté la lettre envoyé deux mois auparavant qui était resté sans réponse, le baron avait du mépriser l’aide qu’aurait pu lui apporter un simple vicomte aujourd’hui régent. Arichis tenait une mauvaise opinion du missédois, Alastein devait le ressentir dans ses dires.
« Avez-vous quelque chose à nous dire jeune comte ? »
Derrière eux le fracas des armes se faisaient toujours entendre.
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Jeu 17 Avr 2014 - 3:27 | |
| Cornélia huma l'air salin, puis se déplaça avec grâce sur les beaux pavés menant à la cours d'où elle pouvait entendre les sons distinctifs des épées de bois qui s'entrechoquent et les encouragements tumultueux d'une foule qui assiste à un spectacle intéressant. Une brise printanière lui caressa furtivement le visage, laissant sur son passage un goût de sel sur ses lèvres légèrement rougies par un maquillage discret. Sur son chemin, elle croisa son jeune neveu dont les précédents efforts se voyaient encore sur son visage d'où perlaient encore quelques gouttes de sueur. La jeune dame remarqua l'air un peu dépité du garçon, puis prit la peine d'échanger quelques mots avec lui avant de lui ébouriffer affectueusement les cheveux tout en disant quelques paroles encourageantes. Elle fut ravi de voir un sourire apparaître sur son joli visage lorsqu'il la quitta pour retourner étudier auprès de ses précepteurs.
Elle descendit quelques marches de pierres finement taillées puis aperçut la silhouette de son père dans le lointain. Le patriarche avait beau être à plusieurs mètres d'elle, Cornélia aurait pu le reconnaître au milieu d'une armée en furie. L'Anoszia descendit les dernières marches avec élégance, ne se pressant pas plus qu'il ne le fallait, reconnaissant fort bien l'adolescent qui marchait aux côtés de la figure paternelle.
Cornélia contourna habilement le terrain d'entraînement, sa robe froufroutant doucement sur son chemin. Quelques garçons se tournèrent à sa vue, admirant son dos couvert d'une belle robe de brocart dont la couleur imitait l'éclat de l'argent. Elle portait pour unique bijou, une fine chaîne d'argent ornée d'un unique saphir dont le bleu était aussi profond que l'océan.
Lorsqu'elle fut plus près de son père et de la plus jeune silhouette, elle s'annonça calmement dans leur dos afin de ne pas les surprendre.
-Père, dit-elle dans leur ombre.
Elle attendit sagement qu'ils se tournent tout deux vers elle. Puis, lorsqu'elle croisa le regard du jeune comte, elle lui fit sa plus belle révérence.
-Je vous fais mes salutations, Votre Grandeur, dit-elle avant d'adresser un sourire poli et affectueux à son père. Puis-je me mêler à votre conversation? demanda-t-elle ensuite poliment en souriant au comte. - Spoiler:
Je vous laisse décider quand Cornélia arrive :D
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| | | Alastein de Systolie
Humain
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Jeu 17 Avr 2014 - 8:45 | |
| Alastein lança un regard navré à Arichis le Jeune. Deux pages vinrent le débarrasser de son casque et de son bouclier, le comte refusant de se défaire de son épée avec laquelle il tailladait à coups de grands gestes dans le vide.
« Arichis est un bon compagnon, messire, je ne doute pas qu'il fera un bon chevalier ! Quant à Soltariel et Sybrondil... Je crois que non. Ydril est l'endroit où doit vivre et régner un Systolie, n'est-ce pas ? Mon oncle déclarait volontiers que la terre sommeille en nous. N'a-t-on pas de nouvelles sur son état de santé ? »
Les deux compères se dérobèrent du terrain d'entrainement et l'adolescent regarda passer les esclaves d'un air intrigué. Sa connaissance de l'Ithri’Vaan se limitait aux cartes que lui avaient montré ses précepteurs et aux hommes et aux femmes que son oncle et sa tante avaient fait venir avec eux à Sybrondil d'abord, puis à Soltariel. Il s'agissait là de gens étonnants, hauts en couleurs et aux mœurs parfois étranges. Alastein se plaisait à voir en eux les descendants de l'antique Nisétis dont sa tante lui avait parlé. Les voir ainsi rabaissés à la condition d'esclaves n'était pas sans évoquer en lui quelques émotions. L'enfant s'arrêta soudainement pour se retourner vers son gouverneur.
« Messire Anoszia, l'esclavage n'est-il pas interdit par le roy ? Et ces esclaves, de quelle partie de l'Estrevent viennent-ils ? Sont-ils de ces cités que l'on nomment Naelis et Thaar ? Ou plus loin encore ? »
Alastein s'apprêtait à poser de nouvelles questions lorsqu'ils furent interrompus par une arrivée aussi agréable qu'inattendue. Altière dans une robe de brocart, rehaussée d'argent, Cornélia la fille du régent vint rejoindre le vieil homme et l'enfant alors que ceux-ci étaient arrivés au bas des murailles. La damoiselle s’acquitta d'une gracieuse révérence et adressa un sourire au jeune comte, qui se senti rougir et lui répondit par un compliment un peu fat.
« Vous êtes... très en beauté, belle amie. »
Désignant le groupe d'esclaves de son épée de bois, le comte se tourna à demi vers Cornélia.
« Que pensez-vous de l'esclavage, damoiselle ? Est-ce là une chose que les dieux tolèreraient ? Votre père me disait à l'instant que mes vassaux en sont friands... Baste ! Si cela les rends heureux... Je ne vois pas pourquoi en faire toute une histoire. Les cités d'Estrevent pratiquent bien l'esclavage, elles. »
Enfin, se retournant vers Arichis.
« La chasser ? Par la Damedieu voilà qui n'est pas chevaleresque... Que lui reproche-t-il ? »
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Lun 21 Avr 2014 - 0:54 | |
| C'est avec un sourire narquois mal dissimulé que la future comtesse se redressa élégamment pour faire face aux deux hommes de pouvoir. Si elle arrivait à faire rougir les jeunes garçons commençant à peine la puberté, elle se demandait sournoisement l'effet qu'elle produisait chez les hommes d'âge plus mûr. Non, en fait, elle le savait déjà, car elle avait eu un bon nombre de prétendants par le passé et elle avait eu le bon loisir d'admirer la gêne et la confusion chez le comte de Karlsburg. Avec un simple baiser sur la joue, elle avait sut rendre le comte aussi penaud qu'un jouvenceau faisant ses premières découvertes. Ce n'était pas très impressionnant de la part d'un homme ayant déjà été marié autrefois, mais Cornélia l'avait trouvé incroyablement mignon.
« Vous êtes... très en beauté, belle amie. »
Les joues de Cornélia rougirent habilement, telle une actrice, puis elle inclina docilement la tête comme une dame bien élevée.
-Vous parlez bien, Votre Grandeur, dit-elle. Cette belle amie vous remercie humblement.
Elle relava les yeux et aperçut le comte désigner un petit group d'esclave dans le lointain. Cornélia plissa des yeux un moment, puis releva un sourcil intrigué aux curieuses questions du comte. La dame jeta un œil vers son père, cherchant méticuleusement les prochains mots qui sortiraient de sa bouche.
-Je pense que si les dieux n'approuveraient pas de l'utilisation d'une telle main d'œuvre, il y a bien longtemps qu'ils nous auraient puni pour une telle pratique, dit-elle prudemment. J'apprécie cette main d'œuvre, tant et aussi longtemps qu'ils soient bien traités. Je prend soin de mes esclaves comme je prend soin de mes autres possessions.
En effet, Cornélia avait une opinion plutôt neutre sur l'esclavage et elle n'appréciait pas qu'on puisse maltraiter une population d'esclave. Elle s'attendait à ce que tout ce qui lui appartient reste en bon état. Cependant, elle avait bien accepté des esclaves en cadeau, mais elle savait fort bien qu'elle n'en achèterait pas pour elle-même plus tard.
Elle leva le menton en écoutant l'exclamation du comte.
-La chasser? répéta-t-elle, étonnée. Parlez-vous de la Dame de la Roseraie? Une pauvre femme que le destin n'a pas épargné, cependant, je dois admettre avoir entendu de bien sordides rumeurs à son sujet.
Cornélia tourna la tête vers son père.
-Je crois que vous possédez beaucoup plus d'informations concernant ce sujet, Père. |
| | | Arichis d'Anoszia
Ancien
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Jeu 24 Avr 2014 - 5:40 | |
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« Malheureusement pas. Le Prince Maciste demeure alité.»
Bonne ou mauvaise nouvelle. Il ne savait pas comment considérer ce fait. Avec un Maciste dormant, il était le nouvel homme fort du duché, plus au moins. Mais la gamine qu’il avait comme épouse n’était pas à déconsidérer. Arichis avait eu qu’un brève échange avec elle lors du tournoi de Port-Royal, il ne pouvait se permettre de la juger aussi rapidement. A la question du comte, le régent voulu répondre par « Quel roy ? ». Le bâtard aveugle qu’il avait conseillé, ou le fils du bâtard qui aurait peut-être tué l’autre bâtard ? Puriste qu’il était, il avait peu de considération pour de telles déviances.
« Le roy aveugle est mort il y a longtemps, ses lois avec lui. Le régent Aetius possédait des esclaves à Scylla, puis nous sommes en Ydril. Ici, ce sont nos lois. Ils viennent d’Estrevent, Naelis interdit l’esclavage et les marchands de Thaar les capturent dans les régions environnantes mais nous n’avons aucun zurthan ici. On soupçonne quelques uns d’être des sang-mêlés par contre. »
Ils arrivèrent au pied des murailles et une voix connue les arrêta dans leur conversation. Arichis répondit en inclinant la tête au salut de sa fille. Il s’amusa de la réaction de l’enfant face à la jeune femme, cela était sans lui rappeler ses jeunes années lorsque sa mère lui avait révélé être promis à une fille de Hautval.
« Il y a des hommes nés pour dominer et d’autres pour l’être. Nous les traitons avec autant de considération que nos rapaces ou nos jardins. Cela permet également d’enrichir vos caisses Alastein. »
L’affaire de la Roseraie était un peu plus compliquée que ce qu’elle laissait entendre. Mais Arichis avait prit une décision en accord avec le vicomte Odoric, son beau-frère.
« La Dame Aelalia est veuve du seigneur Grégoire, frère de la baronne Kathleen de Missède. Il a été tué en duel par l’Ivrey. Le baron de Missède l’accuse d’adultère, et d’avoir dépossédé son épouse de ses terres. Mais la pauvre dame n’a nulle part d’autre où aller, la Roseraie revient à ses enfants et non pas à sa belle-sœur. Ne jugez jamais sur des rumeurs. »
Il adressa cette dernière phrase autant à sa fille qu’au jeune comte. Si le baron n’avait pas ignoré la missive de son fils peut-être lui aurait-il donné raison, mais à charge de revanche il ne comptait pas céder sans réelles bonnes raisons cette terre à un étranger qui lui avait craché dessus.
« Nous avons aussi commencer les préparatifs du mariage de la prochaine Comtesse d’Arétria. »
Une nouvelle qui ferait plaisir à sa fille.
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| | | Alastein de Systolie
Humain
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Dim 27 Avr 2014 - 12:45 | |
| « C'est grand malheur pour nous tous. »
Il avait dit cela à voix basse, comme sur le ton d'une confidence.
« Ne sait-on toujours pas d'où provient le mal étrange qui a saisit mon oncle ? »
Son épée de bois lui conférant un brin de hardiesse, Alastein s'avança à grands pas vers l'escalier qui menait aux murailles. Il adressa un premier taillant sur un ennemi imaginaire, avant de frapper derechef dans la même direction. Toujours dans le vide. Sa peine était grande, car le prince avait été, depuis ses parents, l'un des derniers proches a avoir nourri une réelle affection pour le jeune adolescent qui sentait, malgré ses efforts pour la dissimuler, une larme lui monter aux yeux. Préférant changer de sujet, afin de mieux détourner l'attention, Alastein prit une voix forte qu'il voulut assurée.
« Il me plairait d'en faire venir à ma tablée, ce soir... Pour satisfaire ma curiosité. J'ai beaucoup de questions à leur poser et particulièrement sur les Sombres qui hantent le Puy ! On raconte dans les cours du Soltaar et de Sybrondil de bien étranges choses sur ces créatures ! D'aucun affirme même qu'une partie de leur peuple s'est répandu dans le nord de l'Estrevent, pour prendre possession de ces terres... et qu'ils occupent à présent certaines cités marchandes comme des rois et des princes. Voilà une chose que l'Ivrey, assurément, n'aurait pas toléré ! On le disait brave et preux ! »
Évidemment, si les esclaves pouvaient renflouer ses caisses en partie vides, le jeune gandin ne s'en formaliserait pas d'avantage. Et puis les rapaces étaient des objets de valeur, si on les traitait avec autant de soins, où était le mal ? Quant à parler de l'Ivrey : voilà qu'Arichis évoquait duel et romance du preux chevalier au Kerkand ! Alastein imaginait déjà celui-ci s'élançant sur son destrier, l'épée à la main, pour ravir une belle jouvencelle éplorée ! Pourfendant l'infâme et le châtrant comme un impie à la façon de ces spectacles que jouaient les balladins dans les rues de la cité ! Un jour, lui aussi s'élancerait sur sa monture, les armes à la main et l'on chanterait ses exploits... Il en était convaincu ! Opinant du chef pour signifier qu'il avait bien retenu ce conseil, Alastein se tourna vers Arichis, les poings sur les hanches. S'imaginant donner un ordre comme l'aurait donné feu le Régent Aetius.
« Je rencontrerai le baron et je trancherai sur cette querelle. Puisque je dois régner un jour sur ces terres et mes vassaux, autant commencer maintenant ! Vous, messire, vous me seconderez et me conseillerez, comme vous le faites toujours si bien. »
Enfin, se tournant vers Cornélia, le comte se radoucit et s'inclina.
« Ainsi vous serez comtesse et régnerez sur la Malelande... Vos fiançailles avec un seigneur du nord causeront bien des peines d'amour chez les vaillants seigneurs d'Ydril damoiselle Cornélia, j'en gage. À commencer par moi ! Fort bien ! Il nous faut donc déterminer une date. Laissez-moi décider de cet honneur là, messire, les mains posées de chaque côté de la garde de son épée en bois, le damoiseau se tourna cette fois vers le régent et se fendit d'une lueur espiègle dans les yeux. Puisque vous vous êtes passé de mon autorisation pour marier votre fille... Après tout, c'est bien la moindre des choses que vous puissiez concéder à votre suzerain. »
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| | | Arichis d'Anoszia
Ancien
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Dim 11 Mai 2014 - 0:55 | |
| « Alas ! Nous ne savons rien de ce mal. Soyez fort pour votre oncle Alastein. »
Maciste foudroyé par la maladie, restait alité. Aucun n’avait pu établir l’origine de sa maladie. Outre ses propres esclaves, ceux d’Alastein déambulaient également dans le château. Plusieurs jours auparavant, il avait conclu une transaction avec l’argentier qu’il considérait bon ami au nom d’Alastein où celui-ci avait acquis une vingtaine d’esclaves, le commerce d’esclave enrichissait d’avantage l’Anoszia que les caisses comtales. Arichis profitait du comte pour s’enrichir, qui le lui en voudrait.
« On le disait également infidèle et dépravé. Il resongea au débat avec sa parente de Hautval sur la sodomie. Mais on le dit d’avantage mort aujourd’hui. Il n’aimait pas le régent qui l’avait congédié de son office royal. Nous en ferions venir quelques uns à votre table. Laissons l’Estrevent à ces estreventins mon seigneur, tant que nos affaires ne souffrent pas de leur sang bâtard. »
Alastein avait décidé de juger par lui-même l’affaire. Il veillera à le guider dans sa décision, si l’Ivrey n’avait pas autant couru le cotillon ils en seraient pas là.
« Très bien, des clercs vous mettront au courant de l’affaire. Mais une mère ne devrait jamais vivre dans la peur d’être chasser de chez elle. »
La demande suivante du comte le surprit, Alastein n’avait pas l’habitude de lui parler ainsi. Arichis se demandait s’il échangeait des lettres avec la duchesse qui essayait de l’influencer de son trône blanc. Le régent ne laissa pas Cornélia répondre, et riposta…
« Malheureusement Alastein une date a d’ores et déjà été convenu avec le Comte pendant l’une de vos siestes surement… Calmement. Le mariage aura lieu au retour du Comte de la guerre au nord, à l’ennéade qui suivra. Mais peut-être voudriez-vous décider de la date du rendu publique de vos fiançailles et de celle de la rencontre de votre promise que nous vous avons choisi ? Il marqua une courte pause. Alastein, vous prendrez pour femme une princesse royale. On vous donnera du même titre que Maciste. Prince Alastein, cela ne sonne-t-il pas bon ? Vous épouserez Alcine de Hautval, né de l’union d’Aetius l’Ivrey et de notre parente, la Comtesse de Velteroc et Baronne de Hautval, Blanche d’Ancenis. Si Bohémond était reconnu roy, Alcine avait donc du sang royale. Le roy était encore un nourrisson qu’une fièvre pouvait emporter et alors… Alastein se faisait sans doute les mêmes réflexions bien que cela restait de l’ordre de l’hypothétique, mais l’esprit humain avait la fabuleuse capacité de se projeter si loin dans le futur. Et cela vous me le devez. Finit-il avec un sourire.
On ne se jouait pas du vieux renard.
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Lun 12 Mai 2014 - 4:27 | |
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« Ne sait-on toujours pas d'où provient le mal étrange qui a saisit mon oncle ? »
Cornélia baissa doucement les yeux à cette mention. Bien qu'elle ne connaissait pas l'homme personnellement, elle savait que la maladie pouvait être un terrible évènement, surtout lorsque l'on voyait l'individu apprécié lentement sombrer dans les bras d'une mort longue et pénible qui ne semble jamais venir.
Un échange se produisit alors au sujet de la veuve du seigneur Grégoire. La future comtesse fronça des sourcils sous l'explication de son père sur la situation dans laquelle se trouvait la dame Aelalia. L'adultère était une accusation très sérieuse qui lui donnait froid dans le dos. Cornélia savait que ce genre d'accusation planerait sur elle le moment où elle deviendrait la nouvelle épouse du comte d'Arétria, mais elle n'avait pas peur. Elle était une jeune femme bien élevée et plein de vertue. À moins de lui donner une raison suffisante à un tel acte déloyal, elle ne se serait jamais infidèle à son propre époux. Pour ce qui était de l'accusation concernant les terres appartenant apparemment à l'épouse du baron de Missède, cela était tout à fait ridicule! Ce territoire appartenait sans aucun doute aux enfants de la dame. Son sourire se crispa en un rictus amer, ce que les hommes étaient prêt à débiter pour un lopin de terre!
Comprenant l'avertissement discret de son père, elle se contenta d'hocher doucement la tête avec un sourire poli. Que pouvait-elle faire d'autre que d'écouter les rumeurs? Ces dames de compagnie et les serviteurs qui circulaient autour d'elle étaient plein de ce genre de sottises!
« Je rencontrerai le baron et je trancherai sur cette querelle. Puisque je dois régner un jour sur ces terres et mes vassaux, autant commencer maintenant ! Vous, messire, vous me seconderez et me conseillerez, comme vous le faites toujours si bien. »
Un sourire narquois ourla ses lèvres closes pour deux raisons. La première étant que cela ne lui déplairait pas de voir le baron de Missède se faire remettre à sa place et la seconde concernait son père qui conserverait sa place importante auprès du jeune comte.
Ils parlèrent ensuite de son mariage qu'elle attendait avec une impatience digne d'une jouvencelle naïve et insouciante. Son père l'avait fait attendre assez longtemps, Cornélia se savait prête à se retrouver entre les mains d'un mari, même si celui-ci était aussi froid et peu bavard que le comte d'Arétria. Cependant, pensait-elle régulièrement, le comte Wenceslas était courtois, gentil à sa façon et... il était comte, bien sûr.
« Ainsi vous serez comtesse et régnerez sur la Malelande... Vos fiançailles avec un seigneur du nord causeront bien des peines d'amour chez les vaillants seigneurs d'Ydril damoiselle Cornélia, j'en gage. À commencer par moi ! Fort bien !»
Et voilà qu'elle rougissait sous les mots de ce jeune blond! Cornélia porta une main à son visage empourpré et baissa timidement la tête. Toutefois, son sourire de pucelle disparut instantanément lorsque l'adolescent mentionna l'autorisation inexistante qu'il avait donné à son père pour la marier. Ses lèvres remuèrent un peu, que répondre à cela? Elle jeta un œil à son père, un brin de nervosité dans son regard vert.
Son père riposta avec une rapidité et une souplesse qui l'impressionna, bien qu'elle n'eut jamais douter de ses compétences. La façon dont il remit le comte à sa place la fit presque sourire, mais elle dissimula habilement son amusement sous son masque d'enfant docile face à la figure paternelle.
-Que de bonnes nouvelles! s'exclama-t-elle finalement lorsque son père eut fini et pour alléger l'atmosphère. Que de beaux mariages pour le futur!
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| | | Alastein de Systolie
Humain
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| Sujet: Re: En la tannière du dragon [Arichis] Lun 12 Mai 2014 - 9:50 | |
| L'affront était terrible. Il fit à Alastein l'effet d'une claque. Le petit suzerain avait voulu rappeler à son vassal qu'il était toujours le maître, en dépit de son jeune âge. Faisant fi de toute humilité celui-ci venait de le renvoyer à ses « siestes ». L'adolescent senti un monde s'écrouler sous lui. Une peur du vide et de l'inconnu le saisit, ce n'était pas seulement de la colère, mais également de la crainte qui le tenaillait à présent, une crainte qui gonflait en lui, sourde et vertigineuse. De quel nom se piquait-il, cet homme que l'on avait chargé de veiller sur lui, pour s'adresser à lui et le rabaisser de la sorte ? Alastein était son suzerain, le fils et le petit-fils des Dragons de l'Ydril : Néera l'avait décidée ainsi. Et ce que les dieux commandaient, personne ne pouvait le défaire, sauf de s'exposer à leur courroux. Alastein serra les dents et darda un regard glacial sur le Régent. De colère, ses mains se crispèrent sur la poignée de l'épée en bois. Cette épée dont il aurait volontiers pourfendus le Régent. Sur un ton des plus froids, l'adolescent lâcha ces quelques mots :
« Je ne désire point laisser l'Estrevent et tant pis pour ceux qui trouveront à y redire, car tel est mon bon plaisir ! »
Humilié, le petit sire. Mais il ne voulait point pleurer. Point devant ces deux-là, non. Surtout, ne pas pleurer. Pas maintenant, pas devant le régent, sa fille et les courtisans et aussi les pages et les écuyers, ainsi que les hommes d'armes en faction aux portes et sur la muraille, dans la cour et derrière les merlons. Était-ce une impression ? Alastein avait la sensation que tous regardaient l'algarade de loin. Que le monde entier s'était arrêté pour se concentrer sur la scène. Et si aucun d'entre eux ne pouvait en saisir les paroles, du fait de la distance, tous devaient se douter que quelque chose n'allait pas.
« Je me marierai avec qui je l'aurai décidé ! Et quand je l'aurai décidé ! Quant à mes siestes, messire, apprenez que je n'en fais plus depuis longtemps ! »
Déjà pesante, l'ambiance n'en devenait que plus lourde. Alastein n'accorda pas un signe ni même un regard vers Cornélia, qui tentait désespérément d'alléger l’atmosphère par quelques bons mots et sur un ton des plus badins, en vain. Et puisque son orgueilleux père parlait du Nord...
« Une dernière chose encore ! Antor, le maître d'arme du château, m'a apprit que vous aviez envoyé deux cents de nos gens pour épauler votre fils, dans le Nord. Vous ne m'en avez même pas informé ! Cette guerre messire, n'est pas celle de mes sujets adonc, libre à vous d'y envoyer vos propres hommes, mais faites revenir les miens ! »
Son cœur battait à tout rompre et il serra les poings, l'adolescent passa devant le régent et sa fille sans rien ajouter, traversant la cour à grand pas. Il y laissa les Anoszia. Dans son cœur et dans son esprit, un lien s'était fissuré entre lui et son protecteur. Probablement pour longtemps. Mais tel était la vie. Tel était l'apprentissage pour devenir un homme. Et telles étaient les désillusions.
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