Camille d'Aphel
Humain
Nombre de messages : 4 Âge : 33 Date d'inscription : 28/03/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Prudence est mère de sûreté | Kahina Mer 16 Avr 2014 - 14:04 | |
| Une poignée de pétales d'impatiens, quelques gouttes d'huile d'ortie. L'après-midi s'achevait au même rythme que la course du soleil dans le ciel, et dans la pièce baignée d'une lueur tiède, la silhouette affairée de Camille était penchée sur le plan de travail ouvragé, où gisaient livres anciens ouverts et divers flacons de cristal aux contenus variés. Un parfum de fleurs séchées et de parchemin vieillot flottait dans l'air. Le geste précis, l’œil attentif et la mine soucieuse, l'aphéliane comptait dans sa tête chaque perle qui s'écrasait au fond du bol et roulait sur les fleurs fraîches. L'atmosphère, digne des bibliothèques les plus érudites, était si religieusement calme que lorsqu'une petite servante déboula de la porte toute essoufflée, son arrivée manqua de faire sursauter la noble femme.
« Ma dame, son Altesse souhaite vous voir immédiatement, elle a dit que c'était important ! » hoqueta dans la précipitation la jeunette. Une petite brune courtaude aux joues rosies par le pas précipité qu'elle avait du emprunter pour venir jusqu'aux appartements de Camille. Cette dernière fronça les sourcils, reposant la pipette de verre d'où s'était échappée un peu d'huile d'ortie et toussota aigrement, signe que s'il y avait urgence, ce n'était pas une raison d'en oublier le formalisme habituel imposé par l'étiquette. « Hum. Pardon. » souffla l'intruse en s'écartant de l'entrée du « boudoir » de la rouquine, qui l'avait déjà abandonnée du regard pour se préoccuper de son mortier à moitié rempli et de ce que la requête capricieuse de la baronne sybronde pouvait impliquer.
Sa main gauche vint replacer les couvercles sur tous les bocaux sortis avec une lenteur quelque peu exaspérante et elle s'appliqua à replacer chaque composante à sa place, c'est-à-dire derrière les portes finement marquetées du haut meuble de cerisier où étaient stockés moult ingrédients et objets de curiosité. Un tour de clé en or vieilli plus tard, et la dite clé glissée dans un petit pochon de velours, Camille daigna de nouveau s'intéresser à la servante. « Soit. » Sa voix laissait entendre une légère note d'irritation. Agacée sans doute d'avoir été perturbée dans ses passes-temps les plus prenants, ne supportant pas davantage que ce fut une petite grue maladroite qui vint la quérir et ce sans savoir pourquoi, Camille ôta ses gants de soie et les jeta sur l'établi boisé, avant de poser ses iris polaires sur la frêle créature. « Elle ne vous a rien dit de plus ? » Comme si la dame d'Ys était loquace et piailleuse avec le petit personnel. « Non ma dame. » lui confirma timidement son interlocutrice, le nez obstinément baissé vers le bout de ses pieds menus.
Ne rajoutant rien qui aurait pu être assimilé à une tentative de conversation – car elle n'était pas de celles qui flânait avec les servantes sans raison particulière -, la jeune femme rejoignit sa cadette et l'incita d'un petit mouvement du menton à la mener là où elle était attendue. Si le silence dans lequel s'était confortablement prostrée la rouquine mettait déjà mal à l'aise la brunette, la concernée s'en moquait. Elle était surtout pensive quant au pourquoi de cette entrevue. Kahina avait-elle décidé sur un coup de tête d'une nouvelle expédition punitive envers une menace trop réelle à son pouvoir et souhaitait-elle donc la mêler de nouveau à ses affaires ? L'aphéliane le savait : elle était devenue, avec le temps, bien plus importante aux yeux de sa baronne qu'elle ne l'admettrait et ne le pensait, tant pour le potentiel dont elle regorgeait que parce que l'estréventine affectionnait sans aucun doute l'adage qui conseillait de garder ses ennemis plus proches de soi que ses amis.
Au détour d'un couloir, Camille balaya les prémisses de craintes ridicules naissant dans son esprit : la dame d'Ys pouvait se méfier d'elle autant qu'elle-même s'était méfiée de l'épouse de son cousin Maciste, elles partageaient néanmoins trop de similitudes pour ignorer les avantages considérables qu'une alléchante alliance leur offrait. Ça faisait après tout bien longtemps que la rouquine gravitait autour de Kahina et demeurait dans son entourage le plus fidèle, la paranoïa n'était pas encore à l'ordre du jour dans les relations entre les deux jeunes femmes. Il se pouvait même qu'après tout la jeune princesse veuille seulement voir avec elle les derniers préparatifs avant son départ pour Ys. Peut-être préférait-elle confier certaines de ses obligations ou tâches importantes à la seule dame de compagnie digne de confiance de sa cour.
Arrivée aux portes des appartements baronniaux, la jeune femme entra à la suite de la servante, esquissant une brève révérence et un sourire d'usage en guise de salut après avoir cherché du regard Kahina, portant toute son attention sur la jeune fille. « Tu m'as fait mander, semble t-il. Je t'écoute. » annonça t-elle d'une voix mesurée alors que derrière elle, un bruit sourd les informa qu'elles étaient seule à seule à l'abri des oreilles et des regards indiscrets. La vraie discussion pouvait commencer. |
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Kahina d'Ys
Humain
Nombre de messages : 328 Âge : 34 Date d'inscription : 23/03/2013
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 17 ans. Taille : Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: Prudence est mère de sûreté | Kahina Mer 7 Mai 2014 - 9:54 | |
| « Épargne-moi ta mauvaise humeur, Camille, veux-tu ? » l’accueillit Kahina avec une mine renfrognée. En réalité, sa dame de compagnie ne paraissait pas plus indisposée qu’à l’ordinaire, mais la jeune duchesse la connaissait désormais assez pour savoir que l’apheloise se passait avantageusement d’être ainsi convoquée. De là à dire que la thaarie avait sciemment choisi le plus mauvais moment pour convoquer Camille et ainsi « partager » son propre agacement... Il n’y avait qu’un pas. « Athanase est né depuis quatre jours déjà et regarde-moi ! » reprit la jeune mère avec un geste éloquent envers sa personne, son accent oriental roulant sur sa bouche plus encore qu’à l’ordinaire. « Il n’y a bien que Néera pour prôner la maternité comme mode de vie, elle n’a jamais était enceinte, elle. Elle n’a jamais accouché. » Sans que personne n’eut véritablement compris pourquoi, Kahina semblait avoir décidé que la Damedieu, si révérée dans le Royaume, devait être la responsable de tous les maux et elle ne se privait plus pour blasphémer dès que l’occasion se présentait. Au niveau de ses seins, deux auréoles sombres commencèrent à apparaître sur sa robe et, s’en rendant compte, Kahina laissa échapper un grognement dégoûté. « Par les Dieux et les Dragons, j’ai l’impression d’être une vache qu’il faut traire ! » Il n’était pas dans les habitudes de l’adolescente d’ainsi laissé éclater sa rage, mais Soltariel n’avait pas été tendre avec elle et la fatigue se lisait sur ses traits. Ses yeux pochés étaient sombres et ses cheveux avaient perdu de leur superbe et méritaient un peu plus d’attention. Elle devait offrir un spectacle à la fois cocasse et pathétique et ce fut cette pensée plus que le reste qui lui fit pousser un long soupir, les yeux fermés. Quand elle les rouvrit, elle semblait avoir repris son calme ; du moins l’avait-elle fait en apparence mais il y avait fort à parier qu’il suffirait d’un rien pour la relancer. « Le Soltaar semble s’apaiser peu à peu. Les réjouissances pour la naissance d’Athanase ont été un répit que j’entends bien fructifier… » Elle marqua une pause avant de reprendre, un sourire mauvais aux lèvres : « Après un héritier, je compte leur offrir une nouvelle terre. Penses-tu que cela leur fera plaisir ? » |
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