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Sujet: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys] Dim 21 Sep 2014 - 9:59
De toutes les légendes qui circulaient sur les Gardiens, bien peu étaient vraies. Les pouvoirs quasi divins qu'on leur attribuaient n'étaient que ceux de leur dieu, et n'avaient rien à voir avec une quelconque volonté de leur part. Les présents qu'on leur associait, tel le Calice de Néera, n'étaient que de pales jouets. Mais, certains on-dits étaient pourtant fondés. Et parmi ceux-ci, la capacité du Gardien d'Arcam à disposer de la Vision de son maître, et à ne plus être limité par le temps et l'espace. En revanche la tradition populaire avait clairement surestimé l'ampleur de cette capacité.
L'endroit était construit comme une cathédrale. Une cathédrale plus grande que toutes celles qu'hommes ou elfes ne construiraient jamais. Elle aurait semblait-il pu contenir une chaîne de montagnes entière sous sa voûte. Une vie n'aurait pas suffit pour en explorer tous les recoins. Ses murs, ses colonnes fleuries, ses voûtes gracieuses, ses mosaïques teintées d'or et d'argent, tout cela était fait d'un cristal si pur qu'il en était presque transparent. Les multiples arrêtes et facettes renvoyaient chacune une image différente du lieu, si bien que l'on ne savait rapidement plus vraiment ce que l'on regardait. Et la lumière. Elle tombait du plafond, blanche et immaculée, et se répandait dans tout l'édifice, rebondissait sur les murs, éclatait en un millier de rayon sur la moindre surface réfléchissante. Pas un coin de cette citadelle n'était dans l'ombre. Il faisait tellement clair que l'on en avait mal aux yeux. Pour May'Inil, qui passait l'essentiel de son temps dans un noir abyssal, le changement était bienvenu. Douloureux, mais bienvenu. Elle ne savait pas vraiment où elle se trouvait. Elle n'y venait que dans ses rêves, et y recouvrait la vue. Tout cela n'était peut-être que fumée et illusions. Certaines légendes prétendaient Arcam enfermé, dans une île par-delà l'Eris. Si c'était vrai, et que ce qu'il lui était donné de voir se trouvait bien sur cette île, alors il s'agissait probablement de l'endroit le plus merveilleux au monde. Et la citadelle de cristal était sans doute le joyau de la couronne. Elle tourna sur elle-même et contempla à nouveau l'endroit où elle se trouvait. Rêve ou pas, illusion ou réel, il s'agissait d'une des plus belles choses qu'on lui avait donné à voir.
Autour d'elle, des miroirs. Des centaines de milliers de miroir. Et peut-être n'en percevait-elle encore qu'une infime fraction, peut-être que la citadelle s'étendait encore au-delà de sa vision, à moins qu'elle n'eut aucune véritable fin. Elle n'avait jamais eu l'impression de pouvoir se déplacer véritablement. Lorsqu'elle le voulait, elle avait simplement l'impression que les miroirs glissaient autour d'elle, même le sol lui semblait toujours le même. Les miroirs. De simples flaque argentées, volant à hauteur d'homme. Ils n'avaient ni ornements ni cadre, ne semblaient même pas solide. Et, dès qu'on les regardait, leur surface se troublait et une image s'y formait. Une image du futur. Elle avait mis un certain temps à l'accepter. Puis elle avait essayé de l'utiliser. C'était peine perdue. La citadelle était immense, les miroirs ne semblaient obéir à aucun logique de rangements et, surtout, à aucune logique de futur. Chaque image était un bout du possible. Peu importait la teneur de ce possible. Elle avait vus des centaines de choses, dont plus de la moitié ne faisaient aucun sens. Elle avait vus sa propre mort. Ou plutôt l'une de ses morts. Sale, misérable, échouée dans un caniveau, vendant les restes de ses charmes aux passants quand elle n'était pas prise d'une quinte de toux. Elle n'en avait plus dormi pendant cinq jours la première fois. Lorsqu'elle s'était vus brûlée vive sur un autel à la gloire d'une sombre divinité écailleuse, entourée de monstres à l'aspect barbare dont elle ne connaissait pas la nature, elle s'était réveillé en sueur et n'avait pas fermé l’œil jusqu'au lever du soleil. Lorsqu'elle s'était vue violée, énuclée, rouée de coups, écartelée, soumise aux pires tortures que les mortels n’eussent jamais pus inventer, elle avait haussé les épaules. Désormais c'était surtout la curiosité qui la motivait à regarder dans les miroirs lorsqu'Arcam s'amusait à l'amener en ce lieu. Régulièrement pour y voir des gens dont elle n'avait pas conscience de l'existence. Parfois, en observant un parfait inconnu, elle avait le sentiment de louper un détail. Mais jamais elle ne le trouvait. Rarement, elle comprenait ce qui se passait. Le plus souvent, tout lui échappait. Elle n'était même pas sûre que les miroirs d'Arcam s'arrêtent au monde qu'elle connaissait. Et même s'ils s'y limitaient, elle pouvait fort bien voir des scènes supposées n'arriver que dans des centaines de cycles. Elle avait vue des cités gigantesques, des tours qui touchaient les astres, des montures étranges dénuées de toute animalité et une magie aussi incompréhensible qu'effrayante. Elle se plaisait au spectacle.
Mais cette fois-ci, elle savait ce qu'elle contemplait. Elle n'était pas une grande passionnée des histoires péninsulaires, mais elle savait reconnaître l'un de leurs châteaux quand elle en voyait. Malgré son faste et sa richesse, des différences subtiles étaient visibles comparativement aux demeures d'Ithri'Vaan. Un petit côté défensif, presque guerrier, qui n'était pas sans rappeler les architectures de son propre peuple. Mais la salle ne l'intéressait pas. Son point de mire, comme celui de toute la foule qu'elle semblait surplomber, était une jeune humaine, à peine adulte bien qu'en femme expérimentée elle reconnaissait là quelqu'un qui avait déjà enfanter, sans doute peu de temps avant. C'était une estréventine. Mais, elle le comprit en reliant le soleil blanc de sa coiffe aux soleils blancs des bannières du palais, pas pour autant une étrangère. Et ce soleil noir, elle était certaine de l'avoir déjà vus... Elle le remettait, c'était l'emblème d'une petit châtellenie sur la côte. Le nom lui échappait mais ce n'était le plus important. Elle se concentra sur ce qui se déroulait devant ses yeux, adressant mentalement toutes ses félicitations au créateur de la parure. On annonça la fillette. Ys, voilà. La cité d'Ys. La suite fut riche de renseignement. La plupart des noms lui échappaient, bien qu'Ydril lui était connus -la cité marchande d'Ydril avait une réputation qui dépassait les mers, bien qu'elle ne fut sans doute pas l'ombre de celle de Thaar-, mais elle comprenait ce qui se déroulait. C'était une annexion. De qui, elle n'aurait su le dire, la gamine était estréventine mais cela ne présageait de rien. Mais en bonne intrigante, elle savait reconnaître une manipulatrice quand elle en voyait une. Celle-là n'en était pas à son coup d'essai. Tandis que la cérémonie se poursuivait, la drow s'abîma dans ses pensées. Elle avait entendu parler d'Ys récemment, elle en était presque sûre. Par l'un de ses contacts dans la région, au cours d'un banal échange de potins. Cela concernait le seigneur de la cité, et sa fille... Kina, quelque chose comme ça. La seconde avait réussit un tour de force, ou une vengeance.
« Elle est plutôt intéressante, non ? »
Elle se retourna brutalement. Il était là, toujours aussi beau dans son apparence d'emprunt, divinement désirable. Pour tout ce qu'elle le haïssait au quotidien, elle n'aurait pus émettre le moindre grief face à lui. Était-ce parce qu'elle était son jouet, ou était-ce tout simplement parce qu'il était Arcam ? Son sourire était plus réconfortant que les bras du meilleur amant, sa voix plus douce et sensuelle que la peau d'une jeune pucelle humide de désir. Seuls ses yeux, d'un blanc insondable, recelant l'infini derrière leur étranges pupilles, lui rappelait ce qu'il était.
« Oui. » Répondit-elle en masquant, mal, les égarements de sa propre voix : « Tu comptes me dire quand c'est ? -Bientôt. Très proche même. Très certain aussi. Envisagerait tu de t'y rendre ? -C'est possible. » Elle pouvait prendre plaisir à la rencontre. Mais il fallait déjà qu'elle se renseigne sur ce à quoi elle devait s'attendre. « Magnifique. »
Elle était apparue dans une volute de fumée, juste dans le dos d'Arcam. Et sa seule parole résumait parfaitement ce qu'elle était. Isten, ou Cybelle, elle n'aurait su dire qu'elle était son vrai nom. Elle ne la voyait pas aussi souvent, tout comme le reste de la Cour. Mais sa présence était encore plus envoûtante que celle de son maître. Son apparence ne semblait pas une illusion. Ou alors plus subtile que celle d'Arcam. Elle n'était pas une personne symbolique. Elle semblait plutôt l'addition de tout ce qu'elle avait jamais pu trouver de désirable chez chacun des êtres qu'elle avait rencontré. Elle était littéralement le beau, le désir personnifié. Même ses globes oculaires vides, d'ordinaire touche de mysticisme inquiétante sur les statues et les tapisseries, paraissaient ici plus érotiques que la meilleure des danseuses. L'effet qu'elle produisait était indescriptible. Arcam lui donnait envie de lui faire l'amour. Elle n'aurait même pas osé toucher Isten de peur de la souiller. Elle se serait contenté de ramper à ses pieds, peut-être de les embrasser si elle lui avait autorisé. Elle dut frisonner dans son effort de paraître impassible, puisque sa déesse lui accorda une œillade qui manqua jeter à bas toutes ses résistances. Arcam avait disparus sans qu'elle le remarque. Elle s'avança vers elle, son corps merveilleux n'avait pas plus de défauts en mouvements, peut-être moins encore. Elle était la grâce incarnée. Mais elle était aussi pressée, rapide, là où Arcam était toujours lent et subtil dans chacun de ses mouvements. Et sa voix... ses voix étaient ensorcelantes. Elle en possédait des dizaines, si ce n'était des centaines. Chaque fois elle avait l'impression de toutes les entendre, chacune une facette du désir, mais surtout de l'envie et de l'ambition. Ce qu'elle demandait, elle l'exigeait. Ce qu'elle exigeait, elle l'avait. Ainsi était Isten.
« Ces mortels sont semblables à des mendiants invités à un banquet. Ils mangent et se régalent, mais sont incapables d'apprécier les réelles subtilité de ce qui leur est offert. Ainsi sont-ils pétris d'ambition et d'envie, mais ne prennent-ils pas conscience de ce potentiel, de comment le cultiver et l'apprécier. Leur morale, les restes de leur honneur » elle cracha presque ces mots « le leur interdisent. Va, ma fille, et ouvre leur les yeux. »
Elle s'approcha, vint presque se coller à elle. Elle la dépassait de plusieurs centimètres. Elle sentait son souffle chaud, parfumé, sur son visage. Elle sentait la présence de ses lèvres à peine moins que si elles avaient été collées aux siennes. Elle ferma les yeux... Elle ne les ouvrit que bien plus tard, pour se rendre compte qu'elle était seule. Sa robe lui collait à la peau, son ventre était serré et elle irradiait une chaleur qu'elle ne s'était pas souvent connue. Elle se rendit compte qu'elle ne respirait plus et inspira aussitôt une longue goulée d'air frais. Ce n'était probablement même pas nécessaire. Un simple réflexe. Son attention revint sur le miroir. Un serviteur avait échappé une chandelle, laquelle s'était écrasée sur la traînée de la duchesse. Le tissu flamba rapidement. Des cris, le chaos, d'autres incidents, des tapisseries arrachées des murs, l'incendie, des gens bousculés et écrasés...
« Ça va vraiment arriver ? -Moins certain. »
Il était de retour, et il se contenta de lui adresser un sourire indéchiffrable avant de disparaître sans autre effet. Il n'était simplement plus là. May'Inil jeta un dernier regard dans le miroir ou la situation virait au tragique et s'en détourna. Elle arpenta le sol de la citadelle pendant encore ce qui semblait de longues heures, contemplant des paysages inconnus, des civilisations mystérieuses et d'improbable apocalypses, avant de finalement s'éveiller.
Le bateau arrivait enfin au port. En tant que native de Sol'Dorn, May'Inil ne prenait pas la mer tous les quatre matins, et le voyage lui avait été difficile. Nettement plus agréable, cependant, que celui qui l'avait mené autrefois en Erac. Elle voyageait cette fois dans des conditions dignes de son rang et en compagnie d'alliés éduqués à même de se divertir par quelques traits d'esprit. Draven était également avec elle, ainsi que quelques gardes -bien qu'on n'avait pris soin qu'il n'y ai aucun drow trop visiblement drow-, mais il supportait mal le voyage et le passa essentiellement sur le pont, rendant ses tripes par intervalles réguliers. Cela dit, fidèle à ses habitudes, il n'en laissa plus rien paraître dès qu'il eut de nouveau les deux pieds sur un sol stable et solide. Leur petit groupe débarqua donc à Boniverdi. Ils étaient évidemment exotique, bien que le port soit assez grand et fréquenté pour ne pas attirer outre mesure l'attention sur eux, en particulier depuis que la duchesse était elle-même originaire d'Ithri'Vaan. Sans compter les gardes et les servants qui les accompagnaient, ils étaient cinq en plus de May'Inil. Trois d'entre eux étaient des propriétaires terriens de Sol'Dorn d'importance, l'un était le représentant d'un prince marchand thaarie faisant de nombreuses affaires avec la Cité Libre tandis que le dernier était le prêtre d'Arcam du temple local. Ils étaient tous d'évidents sang-mêlés, aux vêtements riches dont la conception soulignaient leur exotisme et arborait les symboles évidents du lointain est : pierreries semi-précieuses, peaux de bêtes inconnues en péninsule, couleurs chaudes et éclatantes et une tendance à ne pas trop couvrir le corps. Certes l'effet était un peu atténué par le nombre d'Ysois venus rendre hommage à leur princesse qui n'étaient guère différent d'eux. Mais ils avaient May'Inil. La prêtresse dénotait à plus d'un titre. Déjà par sa robe blanche, si fine qu'elle cachait de peu ce qui devait l'être et largement fendue sur les côtés pour laisser exposer la peau chocolat. Par les bijoux dont elle s'était savamment parée. Il n'y avait guère d'endroit de son corps qui ne soient pas mis en valeur par une discrète joaillerie, une broche ou un petit motif en fil d'argent ou d'or. Des bracelets chatoyants ornaient ses poignets et ses chevilles. Mais, plus encore, c'était l'affichage clair qu'elle faisait de son sang qui lui valait la plupart des regards. Ses oreilles effilées étaient clairement visibles et ornées de rubis, tandis que ses longs cheveux avaient été coiffés en une large tresse qui lui descendait dans le dos, piquée de petits bijoux. Enfin, ses yeux étaient masqués derrière un léger voile.
Un petit comité d'accueil les attendait et les accosta bien vite. La prêtresse avait annoncé sa venue. Nul doute, d'ailleurs, que le message avait surpris par sa promptitude, étant arrivé au palais ducal quelques jours seulement après le début des célébrations, alors que les invitations envoyées n'avaient du qu'à peine atteindre Thaar. May'Inil aimait ce genre d'effet de surprise. Elle se tenait au bras de Draven, qui la guidait de son mieux vers les gardes et notables venus les accueillir. On leur expliqua qu'ils seraient menés au palais où sa Sérénissime les accueillerait en personne. La garde n'était là que pour éviter tout débordement de la populace, soit-disant. Ils n'étaient pas idiots et en doutaient. Ils auraient fait tout autant escorter des dignitaires elfiques, par exemple, s'ils étaient venus à Sol'Dorn. Et ce n'aurait certainement pas été uniquement pour les protéger.
Le trajet du port à Soltariel la ville ne fut pas très long. Là-bas on remarqua plus leur présence et on commença à jaser. Nombreux étaient ceux qui observaient May'Inil avec des yeux ébahis. Certains profitaient de la vue, d'autres enrageaient d'une telle arrogance et de la folie de la duchesse, la plupart se demandaient comment tout cela allait finir. Finalement ils arrivèrent aux portes de la demeure de Kahina d'Aphle et d'Ys, joyau d'Ys, Princesse des Deux Soleils, duchesse de Soltariel. Pas un des dornien ne bailla devant ces titres, même si l'envie de leur manquait pas, plus pragmatiques d'esprit qu'ils étaient.
Kahina d'Ys
Humain
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Sujet: Re: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys] Dim 14 Déc 2014 - 0:28
Une Doeben ! Dans son palais ! Bien entendu, c’était exactement ce dont elle avait besoin, alors qu’une guerre agitait le turbulent comté d’Ydril et que ses vassaux commençaient à peine à accepter qu’une Estréventine pouvait les gouverner tous. Elle avait été tentée de la renvoyer manu militari, mais une idée insidieuse avait fait son petit bonhomme de chemin avant qu’il ne fût trop tard. Elle avait flairé un coup à jouer. Une dangereuse manœuvre, qui pouvait lui rapporter gros tout autant que la condamner.
« C’est de la folie, Kahina. » Nerveuse, Camille regardait sa suzeraine et plus particulièrement la missive que cette dernière tenait encore dans ses mains. « Tu auras d’autres occasions. Ne crois-tu pas que tu devrais te…
— Ah, suffit, veux-tu ? s’agaça la jeune femme. C’est au contraire le moment idéal pour leur faire comprendre qu’ils n’ont aucun intérêt à ce que je rentre dans leur moule. Parce qu’une de leur dinde inutile n’aurait jamais pu parvenir au même résultat. » Remarquant le regard noir de la rouquine, elle leva les yeux au ciel. « Allons bon, voilà qu’elle se vexe. »
Pour une fois, Camille ne pouvait pas comprendre. Des Daedhels, elle ne connaissait que le Puy et ses Osts. Et encore ! C’était le cas du nord du Royaume, elle ne récupérait que leurs balivernes et racontars. Kahina, elle, avait un savoir plus profonde du peuple d’Elda. Pas parfaitement, bien entendu, ils étaient des êtres trop étranges pour être réellement cernés pas quiconque ne vivait pas parmi eux toute sa vie, mais elle savait leur société complexe et surtout, loin d’être unie. May’Inil était une Doeben. Sa loyauté n’allait pas au Puy, mais à Sol’Dorn. La duchesse avait vu le IVe Ost mourir et les despotes jaillir de son cadavre. Elle avait assisté, presque aux premières loges, à la métamorphose de l’ancien avant-poste noirelfique.
« C’est ton trône, après tout, lâcha une Camille revêche. Tu n’iras pas te plaindre quand tu auras tout perdu.
— Je ne vais même pas faire semblant de croire que mon futur te préoccupe. »
Il régnait, à la Cour Soltaar, une ambiance des plus particulières. Comme elle s’y était attendue, son état de grâce avait pris fin avec l’officialisation de la venue d’une grande prêtresse hérétique — c’était là la dénomination la moins injurieuse que Kahina avait entendue à son égard — et c’était désormais des regards hostiles qu’elle récoltait du haut de son trône. Qu’importait ! Elle était la Princesse des Deux Soleils, par tous les dragons. Tant qu’ils continuaient de la respecter — ce qu’ils faisaient, étrangement — elle pouvait bien s’accommoder de leur mécontentement.
C’était sans doute l’une des — rares, diraient les plus mauvaises langues — qualités de Kahina : elle ne cherchait pas l’approbation et la servitude de ses vassaux, tant qu’ils sussent rester un minimum à leur place.
On annonça finalement l’arrivée de la principale invitée et des hommes qui l’accompagnaient, ce qui eut pour effet immédiat de couper court aux conversations. La Doeben et son escorte eurent donc droit à un silence pesant et des regards appuyés pour les accueillir, ce qui arracha à Kahina un sourire amusé. La prêtresse devait bien savoir qu’elle n’avançait pas en terrain conquis et, de fait, elle se demandait bien ce qui avait poussé une notable de Sol’Dorn à s’aventurer aussi loin de ses terres. Et aussi vite. C’était là un autre mystère qu’il faudrait résoudre.
Un héraut prit finalement la parole, déclinant les titres des étrangers avec une sobriété surprenante. « Sois la bienvenue à Soltariel, May’Inil. Soyez, vous tous, les bienvenus à la Cour du Soleil Blanc. » Le regard posé sur la doeben, Kahina put remarquer que le sien était dans le vague et elle fronça fugacement les sourcils. Voilà donc qu’à peine arrivée, l’impudente la défiait ? À moins que… « Serais-tu aveugle ? Je ne le savais pas, » observa-t-elle avec simplicité et sans la moindre agressivité ; elle eut pu interroger sa cour sur le temps qu’il ferait le lendemain, le ton aurait été le même.
La question, si elle était fort peu diplomatique, était assez typique de la façon de faire de la duchesse qui aimait surprendre et désarçonner ses interlocuteurs, habitués à s’échanger les plus immondes crasses enrobées de sourires mielleux et de révérences polies. Pour autant, pour une fois, sa franchise était aussi calculée. Elle voulait montrer à sa Cour qu’elle accueillait cette inconnue non pas en servante — comme elle avait pu l’entendre dire, d’aucun pariant déjà sur le fait qu’elle n’était au final qu’un pion d’Elda —, pas même en égale, mais bien en Duchesse.
May'Inil Baenrahel
Ancien
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Sujet: Re: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys] Mer 17 Déc 2014 - 12:33
Le silence qui suivit leur entrée dans la pièce était de ces faux silence qu'elle avait appris à apprécier depuis son aveuglement. Car en réalité les informations étaient nombreuses : murmures, grognements, gêne évidente, elle n'avait même pas besoin de ses dons magiques pour percevoir la tension et l'hostilité du lieu. D'ailleurs la magie lui semblait étonnamment facile ici, et elle se demandait si sa déesse n'avait pas intercédé un peu auprès du dieu moqueur pour qu'il lui prête de quoi faire des siennes. Si tel était effectivement le cas, elle pouvait bien rigoler. Mais pas de fantaisies de prime abord, on n'hésiterait probablement pas longtemps avant de lui trancher la tête, en ces lieux.
« C'est un honneur d'être accueillis aussi chaleureusement, et nous vous remercions de cette hospitalité, que l'on vante depuis l'autre côté de l'Olienne. »
Il était strictement impossible pour les présents de savoir si elle se moquait d'eux ou était sérieuse, car pas à un seul moment le ton de la prêtresse avait flanché ou laissé entrevoir la moindre ironie. Elle était restée parfaitement sérieuses tout le long de sa déclaration. Et ce genre de paroles sur le fil du rasoir la divertissait, lui rappelait un temps où tout ne lui était pas dû et cela lui fit davantage de bien qu'elle n'aurait pu le penser. Bien heureusement si la prêtresse ne pouvait trop se permettre de familiarités il sembla que son hôte avait décidé d'en faire pour elle puisque, à peine les salutations de rigueur effectuées, elle l'interrogea sur son handicap. Ce qui contre toute attente fit naître un franc et chaleureux sourire sur le visage de la drow.
« Oh, je ne suis pas aveugle. Seuls mes yeux sont déficients. »
Il lui sembla entendre quelques hoquets outrés dans l'assistance. Mais avant que quiconque ne s'emporte vraiment devant cette insolence, elle reprit la parole :
« En tant que représentante de la Cité Libre de Sol'Dorn » titre qu'elle s'octroyait sans vergogne et qui ne manquerait pas de faire hurler ses ennemis politiques sitôt qu'ils l'apprendraient « je suis venus présenter notre respect aux deux soleils qui, je n'en doute pas, sauront briller à l'unisson sur l'avenir. »
Elle sentit la surprise dans l'auditoire : personne ne s'attendait sans doute à ce qu'elle inclut Soltariel dans une quelconque déclaration. Que pouvait-bien avoir à faire de Soltariel une prêtresse drow venue de contrées exotiques ? Assurément, ce qu'ils avaient entendus jusque là de son peuple ne devait pas correspondre à son comportement et les voir ainsi intrigués était somme toute normal. Mais elle comptait sur la curiosité qu'elle pouvait susciter pour abaisser les éventuelles défenses. Sur cela, et sur son apparence totalement inoffensive. Mis à part la réputation de son peuple, il était difficile de voir quoi que ce soit de menaçant dans l'attitude de la prêtresse, aveugle, seule, désarmée et apparemment sans aucune méfiance de son entourage.
Kahina d'Ys
Humain
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Sujet: Re: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys] Dim 4 Jan 2015 - 9:09
Le trait d’esprit de May’Inil ne laissa pas la cour soltarie indifférente ; pour unique réponse, Kahina leva légèrement la main afin d’intimer le calme. L’occasion était trop belle de déstabiliser ses ennemies, elle ne la gâcherait pas en vaines provocations. Elle ne repartira pas de ce palais avant de m’avoir donné ce que je veux d’elle, dussé-je lui arracher par la force. Il n’était plus question de reculer, désormais : elle avait ouvert la porte au Mal, celui qui terrorisait ses sujets depuis plusieurs siècles ; qu’elle le laissât sortir sans l’avoir purifié, c’était elle qui paierait pour ses crimes.
« Ta venue est appréciée, May’Inil. » Elle se désintéressa quelques secondes de la prêtresse pour darder son regard opale sur les visages les plus hostiles de sa cour. « Jadis, Sol’Dorn était crainte à Thaar et j’ai sans doute eu bien plus souvent que vous tous eu l’occasion de voir de mes propres yeux de quoi sont capables les armées d’Elda. Néanmoins, depuis quelques années, un vent nouveau souffle sur ma terre natale. »
Elle reporta son attention sur May’Inil et esquissa un léger rictus, à mi-chemin entre le sourire amusé et la moue dubitative. Il était toujours étrange de converser avec une femme dont elle savait qu’elle vivait depuis plusieurs centaines d’années. Les premières mentions de la Baenrahel dans les archives de la Grande Bibliothèque thaarie remontaient à avant la naissance de son père… et même de celle du père de son père.
« Je serai bien en peine de vous décrire la gouvernance de Sol’Dorn, les sombrelfes ont l’amour du secret et le mépris des étrangers. Néanmoins, May’Inil est venue jusqu’à nous et si elle affirme parler au nom de sa cité, c’est qu’elle s’estime assez puissante pour survivre à ceux qui voudraient la contredire. Me trompé-je ? » Ses lippes prirent un pli légèrement cruel, tandis qu’elle imaginait l’atypique Dornienne aux mains de rivaux sans visage plus puissants qu’elle ne les avait crus. L’histoire de l’Estrévent était remplie de ces hommes et de ces femmes qui avaient surestimé leurs appuis.
« Nous organiserons un banquet pour célébrer ta venue historique aux premières heures de la nuit de demain. En attendant, toi et les tiens resterez au Palais sous ma protection. Qu’il soit entendu et compris de tous ici que ceux qui portent la main sur toi m’attaquent moi. » Elle marqua une pause, puis ajouta finalement. « Néanmoins, ton peuple porte son lot de culpabilité et, pour ta protection et par respect pour mon peuple, je te demande de ne pas quitter les appartements que nous mettrons à ta disposition sans être escortée. Cela vaut pour vous tous, » conclut-elle en parcourant l’escorte de l’Istenite du regard.
May'Inil Baenrahel
Ancien
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Sujet: Re: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys] Lun 5 Jan 2015 - 17:23
Deviser avec quelqu'un dont l'on ne pouvait pas voir le visage était tout un art. Impossible de le décrypter, de l'analyser autrement que par ses paroles. Elles en disaient souvent long, mais les détails que pouvaient cacher les gestes inconscients étaient souvent cruciaux. Mais la prêtresse avait du se passer de ça. Elle avait donc évoluer et appris à comprendre les silences. Comprendre les paroles, c'était facile, la base même de leur petit jeu. Au niveau où elle évoluait, les paroles n'avaient plus qu'à peine de l'intérêt. C'était dans les silences que se cachaient les vraies informations. Ce que l'adversaire hésitait à aborder, le sujet qu'il se ravisait de mentionner, le détail qu'il omettait de relever, la demande qu'il n'osait formuler...Tout comme l'ombre n'était qu'une forme différente de lumière, le silence n'était qu'une parole muette, tout aussi chargé de sens. Chaque silence était un acte, volontaire ou imposé, qui relevait de son propre but.
« Vous êtes complètement dans le vrai, duchesse. »
Elle n'avait presque aucun doute qu'elle réussirait à s'en sortir. Il y avait bien certaines possibilités improbables qui pourraient la faire plonger mais elle ne leur accordait que l'importance que ces hypothèses aberrantes méritaient : aucune. L'on ne pouvait chasser le risque, il fallait bien réussir à s'en accommoder sous peine de se laisser dicter sa vie. Et elle n'était pas femme à ce qu'on lui dise quoi faire, c'était là une certitude la concernant. C'était aussi l'une des rares certitudes qu'elle avait sur celle qui se tenait sur son trône à l'heure actuelle et c'était en partie la raison qui l'avait poussé à venir. Elle lui imposait de ne pas aller seule dans le palais, aucun problème, elle n'avait pas envie de visiter de toutes façons. En tout cas la princesse avait su faire son jeu de cette arrivée inattendue, et rien que cela confirmait à May'Inil qu'il avait s'agit d'une bonne idée de venir ainsi la rencontrer.
« Nous vous remercions encore de vôtre hospitalité généreuse et souhaiterions offrir quelques modestes présents. » La prêtresse s'écarta légèrement pour laisser passer deux serviteurs portant un coffre qu'ils déposèrent au pied de leur hôte. L'un des marchands dorniens s'avança et ouvrit le coffre pour en révéler le contenu : divers soieries venus de l'est, des fourrures d'animaux rares et mystiques et d'autres produits typiques de Sol'Dorn. Et au milieu de tout ça, une second coffret, plat et d'à peine un bras de large que le marchand sang-mêlé demanda aux serviteurs de soulever. Il l'ouvrit doucement et alors que la lumière tombait dedans elle se réfléchissait en milles couleurs. Divers gemmes, de tailles et de couleurs différentes, étaient exposées, certaines montés sur des bijoux orfévrés avec minutie, d'autres laissées libres. Et au milieu, un large pendentif en or, sur lequel était gravé un dragon. Bien qu'il n'ai, évidemment, pas rouillé, l'or avait un aspect usé par le temps que seul un âge avancé conférait. May'Inil se demandait si sa petite surprise marcherait : elle avait cru comprendre la jeune femme très curieuse vis-à-vis de Nisétis. Et Nisétis ayant été pillée par les drows, on retrouvait nombre de leur vieux trésors chez eux, quand on savait où chercher. Elle avait obtenu celui-ci des années auparavant, simplement intéressée par la pièce de collection qu'il constituait. Désormais, il lui était d'une toute autre utilité.
La réception dura encore un peu de temps avant que les courtisans ne commencent à se disperser et qu'il fut décidé que tout cela continuerait au banquet de la soirée. On raccompagna chacun des visiteurs aux appartements qu'on leur avait attribué, même si un ou deux sang-mêlé firent le chemin avec un curieux. May'Inil se retrouva seule entre les deux gardes qui l'escortaient et, il fallait malheureusement le reconnaître, la soutenaient pour moitié. Elle était encore loin d'avoir totalement surmonté son handicap lorsqu'il s'agissait d’environnement dont elle n'était pas familière. Elle arriva finalement dans l'un des appartements luxueux qui abondait dans le palais, où on la laissa en compagnie d'une servante -pas la sienne, toutefois- afin de pouvoir à ses besoins et que les deux gardes restaient surveiller sa porte pour être sûr que rien de fâcheux ne risquait d'arriver. Aidée par la pauvre servante à qui elle intima ensuite d'aller lui chercher à boire et à manger, elle s'installa dans un fauteuil près d'une table basse, et attendit. Lorsque des coups furent frappez à la porte, elle sourit :
« Entrez. »
Kahina d'Ys
Humain
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Sujet: Re: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys] Jeu 5 Mar 2015 - 23:40
Au grincement d’une porte qu’on ouvrait succéda la voix encore fluette d’un garçonnet à peine adulte : « La Princesse des Deux Soleils m’a demandé de vous accompagner auprès d’elle… » commença-t-il, hésitant. La suite ne vint jamais, tant il ignorait le titre qu’il devait lui donner. Le devait-il seulement ? La diablesse n’était, après tout, pas humaine. Toute sa vie, on lui avait répété la dangerosité des éternels à la peau noire, comment ils étaient mortels pour quiconque s’approchait trop d’eux. Il ne voulait définitivement pas mourir, mais le monstre se révélait moins terrifiant qu’il l’avait imaginée. Si ce n’était sa peau étrange et ses yeux d’or, elle aurait pu être belle.
Étrange constat.
La suite devait le prendre complètement au dépourvu ; lorsque la prêtresse étrangère attrapa son bras, il voulut se dégager. Elle voulait lui voler son Souffle ! C’était ce que faisaient les engeances du volcan. Elles vous enfonçaient leurs griffes dans la gorge et arrachaient le don de la Damedieu à votre corps encore chaud. Elles s’en délectaient ensuite et, ce faisant, elles vous volaient votre mort pour vous condamner au néant.
Dix printemps, c’était trop peu pour pareille fin.
« Eh bien ? » l’interpella la servante, tandis qu’il restait planté là, le cœur battant la chamade et le regard fou. « Tu crois qu’elle va trouver la chambre de la Princesse toute seule ? »
« La voilà finalement ! » s’exclama Kahina, s’extirpant du coussin dans lequel elle était jusqu’alors confortablement lovée. « May’Inil, approche, joins-toi à nous. » Le page, son « paquet » délivré, ne demanda pas son reste. Après une révérence catastrophique à l’intention de l’Estréventine, il détala, hanté par l’odeur enivrante de la prêtresse qu’il avait escortée.
Avec familiarité, la Princesse saisit la main de son invité et l’attira à sa suite, sous les regards dubitatifs de certaines de ses Dames de compagnie. Elle n’avait gardé avec elle, ce soir-là, que les plus fidèles. Celles dont elle ne doutait pas un instant qu’elles ne la trahiraient pour rien au monde, soit parce qu’elle avait réussi à empoisonner leurs esprits, soit parce qu’elle connaissait des secrets si sombres que les concernées n’avaient d’autres choix que la protéger et la soutenir.
« Nous parlions justement de toi. Kahina nous disait que tu sers une Déesse très… intéressante, l’accueillit une nouvelle voix, beaucoup moins amicale.
— Isten n’est pas la déesse eldéenne la plus désagréable à honorer, répondit la concernée avec amusement avant de faire les présentations. Camille peut être directe, j’espère que tu lui pardonneras. Ne t’étonne pas si elle te défie, ce soir. Elle désapprouve ta venue et n’a eu de cesse d’essayer de me convaincre de te renvoyer à Sol’Dorn sans écouter ce que tu avais à dire. » Du fait de sa cécité, May’Inil ne put admirer le sourire froid de la rouquine, qui toisa la Princesse avec un regard de glace. Et peut-être un peu de peur dans le creux de ses prunelles. « Je ne doute pas que — elle hésita, mais refusa de céder en accordant à la prêtresse le moindre titre — May’Inil saura me prouver mon erreur. »
Après des présentations des plus informelles, Kahina attira May’Inil à sa suite, vers un coussin cette fois. Elle l’encouragea à s’y asseoir, avant d’ordonner : qu’on m’accorde un peigne et des épingles. » Puis, à l’attention de sa victime, elle ajouta : « Je ne sais pas qui s’est occupée de tes cheveux, mais il n’était pas mauvais. Je suis néanmoins certaine de pouvoir faire mieux. »
Après tout, c’était la principale occupation de Kahina et de son cercle restreint : les tresses. Entre deux complots, c’était une activité qui se révélait des plus apaisantes.
May'Inil Baenrahel
Ancien
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Sujet: Re: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys] Ven 24 Avr 2015 - 9:10
La terreur du garçonnet était tout à la fois un véritable divertissement, une flatterie sans commune mesure et une légère vexation. Elle la percevait aussi facilement que si elle avait pu le détailler des yeux, le contact avec quelqu'un lui permettait de capter facilement les émotions de surface du concerné et ce page ne faisait, ou n'arrivait pas à faire, le moindre effort afin de cacher sa peur. Les siens étaient-ils si bêtes pour s'effrayer dans de tels mesures d'un mal qu'ils ne connaissaient pas ? Les eldéens n'avaient plus menés d'offensives majeures depuis des années et aucune de celle-ci n'avait jamais atteint des régions tant au sud. La seule tentative qu'elle connaissait avait été écrasée en pleine mer par, justement, rien de moins que la flotte de Soltariel. Certes l'armée humaine qui avait ensuite tenté de conquérir l'Ithri'Vaan s'était faite étriller, pourtant presque à deux contre un, lors de la batailles des cendres.
Lorsqu'elle pénétra dans la chambre de la princesse, la première chose qu'elle perçut fut le soudain silence. Pas le même genre que dans la salle du trône plus tôt, celui-là manquait d'ampleur. Mais elle se sentait néanmoins le centre d'attention de quelques paires d'yeux attentives. Moins courroucées et plus curieuses, peut-être. Difficile à dire. Et que Kahina lui prit la main ne l'aida en rien dans ses réflexions, puisque que les pensées de la princesse était, comme de bien entendu, trop tortueuses et camouflées pour lui permettre de les interpréter. C'était pratiquement toujours le cas chez les gens qui mentaient souvent et l'une des principales raisons pour lesquelles les drows ne se concentraient pratiquement jamais sur cet aspect de la magie : bien trop compliqué pour peu de résultats avec des menteurs patentés comme les sombres. Même en Ithri'Vaan ce n'était guère mieux, puisque les sang-mêlés n'avaient rien à leur envier dans ce domaine, pas plus que les différents marchands thaaris. Tandis qu'elle suivait à pas mesurés son hôte, une voix l'interpella, pleine d'une hostilité contenue. Certainement pas la plus facile des courtisanes dont elle supputait la présence autour d'elle désormais. Elle aurait répondu avec plaisir si la princesse lui en avait laissé le temps. Mais au moins lui apprit-elle le nom de celle qui la défiait mais surtout, d'une certaine manière, défiait sa déesse : Camille. May'Inil se laissa asseoir sur un coussin confortable, repliant ses jambes sous elle. Elle était plus habituée aux fauteuils mais n'allait certainement pas faire sa difficile. Pas après plusieurs semaines de voyage en mer. Concernant ses cheveux elle se contenta de répondre, avec une pointe d'humour :
« J'ai toute confiance en vos talents. De toutes façons ce n'est pas comme si j'allais pouvoir juger moi même du résultat. »
Elle s'interrogeait toutefois, si ce genre de traitement était fréquent. Même dans les cours d'Ithri'Vaan il n'était pas exactement la norme, quand bien même l'on y affichait une proximité beaucoup plus assumée. Parfois totalement assumée, jusque dans ses extrêmes. Une pensée distraite l'amena à se demander jusqu'où ici était poussée la proximité. Mais elle la chassa, ce n'était pas vraiment le moment de s'interroger.
« Du reste, je suis ravie que vous trouviez Isten intéressante. » dit-elle, sur un ton parfaitement diplomate à l'intention de l'endroit d'où était venue la voix de Camille : « Même si je suis curieuse de savoir quelles versions exactement vous sont parvenus. Il arrive que certains la résument à ses aspects les plus charnels qui, s'ils sont très distrayants, sont loin d'être le cœur même de ma religion. »
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Sujet: Re: La diplomatie des Epices [PV Kahina d'Ys]