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 Les ailes brisées de Broissieux.

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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Les ailes brisées de Broissieux.   Les ailes brisées de Broissieux. I_icon_minitimeVen 23 Mai 2014 - 14:50


 
Il sortit de la chambre, le regard grave. La mère de la baronne l'attendait, le regard inquiet. Lorsqu'elle entendit ses pas dans le couloir, elle releva la tête espérant quelques bonnes nouvelles sur le visage blême d'Hermance. "Le guérisseur n'a rien pu faire". Il avait lâché cette phrase comme si le monde s'écroulait. De l'inquiétude à l'horreur, Sidoine porta sa main à sa bouche. Des larmes salines et brillantes perlèrent au coin de ses yeux et, dans l'incrédulité la plus totale, chercha quelques réponses sur la visage du capitaine. Elle n'y trouva rien. Rien d'autre que la même sensation qu'elle avait eu plus tôt. Il avait peur pour la suite des évènements. "Co...Comment?". Fébrile et désemparée, elle n'arrivait pas à faire tenir sa voix. Ses paroles étaient tel un murmure, mais ce couloir, aussi silencieux qu'un macchabée, rendait son petit souffle en une tempête. "Crise foudroyante. Il a dit qu'il aurait avalé sa langue et se serait étouffé lentement". Il avait mal à la tête, et cette histoire macabre n'arrangeait rien. Le coeur lourd et les pensées noires, il ne voyait rien de bon dans l'avenir proche. "Ma dame, nous devrions invoquer le conseil d'Alonna. En l'absence de son honneur la baronne, il est le seul décideur". La noble dame, d'une austère parure, planta ses yeux dans les siens. Elle savait ce que le capitaine de la garde voulait dire, et cela l'amenait à des troubles plus profond encore qui manquaient de la faire défaillir. Elle ouvrit la bouche dans un premier temps puis la referma aussitôt. Un long temps passa sans que rien ne bouge, contrit dans cette immobilité silencieuse. Puis elle acquiesça...

Autour de la table se trouvait le guérisseur, les grands seigneurs alonnais et conseillers, Sidoine, mère de la baronne et son jeune frère revenu de l'ost Ethernien à la demande expresse de sa mère. Tous avait les yeux posés sur le dernier composant du conseil, le capitaine Hermance. Il n'était pas plus à l'aise en société qu'était un poisson hors de l'eau, mais il devait se plier au protocole. Il avait invoqué le conseil sans en donner la raison et même si tous étaient pendus à ses lèvres en l'attente d'entendre la tant redouté nouvelle, il ne savait comment l'aborder. "Mes seigneurs, ma Dame, je vous ai convié à ce conseil car l'heure est grave". Il était enfin lancé, mais ses mots étaient maladroits, loin d'être ceux d'un noble qui avait consacré sa vie à apprendre comment s'exprimer. "Où est le baron?". "Oui, où est  Broissieux?". "Pourquoi ne préside-t-il pas?". "On nous a convié en son nom, et l'on nous présente son capitaine de la garde? Inadmissible!". Les répliques fusaient de tout les coins et une atmosphère hostile s'installa en une minute de temps. Il n'avait plus le contrôle de la situation et malgré le calme apparent, il ne savait que faire pour ramener à l'ordre ces hommes puissants. "Messieurs, veuillez cesser vos commentaires! Êtes vous aussi sots qu'un enfant pour n'écouter que vos complaintes, tandis que l'on essaye de vous parler de plus important?". Sidoine s'était levée, sourcils froncés et voix forte. Le mutisme tomba de nouveau dans l'assemblée, tout les hommes stupéfaits par l'audace de cette femme. "Le baron d'Alonna, Desmond de Broissieux est mort ce matin même". Et le mutisme se muta en vide. Plus personne ne bougeait ni même ne respirait. Et tout sembla flotter jusqu'à ce qu'un seigneur ouvre la bouche: "Qu'allons nous faire? La baronne n'est pas là et...". "C'est mon fils et le capitaine qui seront chargés des affaires de la baronnie". La Dame avait coupé l'homme. Elle était la dernière de Broissieux de ligne directe encore vivante et sa parole était celle de son neveu. "Fulcran d'Entiane, intendant d'Alonna devant aller auprès du baron Jérôme de Clairessac, je me chargeais en son nom et au nom de ma fille, la baronne Alanya de Broissieux des affaires courantes de la baronnie". Personne ne broncha plus, et les yeux se portèrent vers l'intendant, sa mère et le capitaine qui n'avait pas prévu cette situation.

Fulcran était d'une jeunesse fougueuse, le genre de jeunesse où les responsabilités faisaient partit des choses que l'on fuyait comme un pesteux. Il regardait le capitaine dans la chambre funéraire, tandis qu'il observait son cousin dans son repos éternel. "Elle ne l'a jamais aimé". Le capitaine ne bougea pas, se contentant d'hausser un sourcil. "Ma soeur. Elle n'a jamais aimé personne d'ailleurs. Même pas moi". Il resta muet. "Mon seigneur, je pense que vous vous méprenez". "N'a-t-elle jamais fait quelque chose d'autre que se rendre service? Jamais elle n'est venue d'elle-même, pas même après la mort de notre oncle". Il sourit. Cet enfant avait tant de rancœur et d'amour pour la même personne, qu'il lui semblait voir son ainée. "Le mariage et diriger un domaine seigneurial sont deux choses qui vous empêche tout loisir, mon seigneur. Vous le saurez bien assez tôt". "Je ne compte pas finir comme mon cousin, vous savez". Il avait la bouche sèche, et cette réflexion semblait plus adressé à lui même qu'à Hermance. "L'on finit tous comme ça. Il y a bien des manières de mourir, mais on le fait tous". "Je ne veux pas mourir si jeune. Dites-moi Capitaine, vais-je laisser ma vie dans la prise d'Oësgard?". Il regardait le capitaine avec tristesse et peur. Il était même effrayé. "Avez-vous de bons amis dans vos rangs, mon seigneur?". "Il me semble oui...". "Si vous veniez à laisser vote vie, vous ne serez pas seul. Je ne peux vous assurer la vie, mais soyez fort". Le jeune homme laissa s'échapper des pleurs avant qu'ils ne muent dans un rire rauque. Il leva son visage vers celui du capitaine, les yeux rouges: "Vous feriez un piètre père. Si cela est tout les conseils d'un homme ayant survécu à des guerres, autant prendre la place de mon cousin". Ses mots étaient incisifs, violent et acerbes. Il regardait Hermance avec une colère non feinte. "Savez-vous qu'elle ma marié à la soeur du maréchal du Nord? Ma tendre soeur a eu tellement peur que je n'arrive pas à survivre à une seule bataille qu'elle m'a protégé par un mariage!". Il l'ignorait, mais n'en montra rien. Cet enfant avait tant de colère en lui qu'essayer de le raisonner ne servirait qu'à attiser un peu plus les flammes. "Peut-être est-ce simplement qu'elle tient à vous. Si elle venait à disparaitre à son tour, vous êtes le seul héritier mâle de la famille, mon seigneur, gardez cela à l'esprit"...

Il était exténuait lorsqu'il fit le tour de ses troupes un peu partout dans la ville. La journée avait été difficile. Il arriva au temple de Néera. Il soupira. Sa tâche n'était pas terminé, et il devait encore accomplir certaines choses primordiales, bien loin de son travail habituel. Lorsqu'il entra dans le temple, la pluie commença à tomber. Une pensée alla à la baronne qui chevauchait en ce moment non loin du médian si ses calculs étaient bons. "Bonsoir Capitaine". Une jeune prêtresse en devenir l'accueillit avec un sourire mince. "Je viens vous porter une bien triste nouvelle jeune dame". Il tendit un vélin cacheté au sceau de la baronnie. "Des copies ont été envoyés dans toute la Peninsule ainsi qu'à la baronne". Elle lut à voix haute.

Fulcran d'Entiane,
Frère de la baronne d'Alonna, premier héritié de Léjante, futur régent de Broissieux.

Vous annonce avec peine la mort du baron Desmond de Broisiseux, le 9ème jour de la 4ème énnéade du mois de Favrius.
Les causes d'un tel chagrin sont encore flous et nous partageons le désarroi de sa femme et baronne, qui en ce moment même se trouve loin d'Alonna, la terre de leur amour.
Pour cette raison, le conseil de la baronnie a été réunit pour nommer comme intendant, moi, Fulcran d'Entiane, son frère. Le capitaine de la garde, Hermance Lesdiguières et Sidoine de Broissieux, mariée Entiane seront mes représentants en Alonna durant l'absence de ma soeur et durant la mienne.
Etant envoyé aurpès du baron Jérôme de Clairessac, je leur offre ma confiance totale quant à la gestion de la baronnie.

Lorsqu'elle eut finit, elle releva la tête et le regarda l'air grave. "Nous allons faire sonner les cloches. Quand voulez-vous organiser ses funérailles?".
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