Sujet: Ydril, entends-tu gronder la colère de ton peuple ? Mer 9 Juil 2014 - 22:32
Son employeur lui avait bien dit qu’il avait encore besoin de lui. Lui, Cicéro, le reître à qui on avait tranché la langue pour avoir trop parler un jour. Et pourtant, depuis cet événement qui lui avait coûté ses mots jusqu’au restant de sa vie, le vent avait tourné pour se transformer en une bénédiction. Lui, le reître qui connaissait tous les contrebandiers d’Ydril et d’estrévent grâce à ses voyages, à ses périples. Il avait été celui qui avait œuvré pour que le feu grégeois devienne une réalité et soit en possession de ses employeurs. Mais aujourd’hui, un autre travail de l’ombre l’attendait. Un travail sous le nez et la barbe de la noblesse des vicomtés qu’il s’apprêtait à arpenter en long et en large, en omettant jamais une petite bourgade, un petit village ou un hameau. Mais bien sûr, pour cette tâche il n’était pas seul. Ce travail était beaucoup trop grand, d’ailleurs pourquoi appeler cela un travail puisque cela ressemblait beaucoup plus à une œuvre.
Une cinquantaine de groupuscules d’hommes accoutrés comme la populace se divisèrent alors dans les vicomtés d’Ydril afin de mettre au grand jour les agissements de celui qui était devenu, comme son cousin avant lui, le Fol.
************** Les groupes d’hommes munis de la bonne parole et d’affiches reprenant les mots d’une lettre parue quelques jours plus tôt et écrite par une anonyme, devinrent à eux seul l’incarnation de l’événement qui allait se dérouler dans toutes les campagnes ydrilotes. Ces mots étaient déjà restés gravés dans la tête de tous ceux qui avaient rejoint la défense qui se préparait dans le Trezatio et le Calozi. Mais d’autres restaient encore à convaincre et c’est là que Cicéro devait agir. Les hommes commencèrent alors à dépasser les frontières pour afficher sur toutes les places fortes, les mots de cet illustra inconnu. Cicéro débuta par La Barrièna ou son chemin le fit s’arrêter à Barrià. Voilà quel était son premier objectif et lui et ses partenaires passèrent une nuit entière à placarder les murs de la cité du fameux papier.
Sachant parfaitement bien que la quasi-totalité de la population ne savait pas lire, il entreprit de faire en sorte que ce soit les hautes personnalités de la populace qui servent d’intermédiaires. Et c’est ce qui se produisit le lendemain matin lorsque la cité entière découvrit bons nombres de ses murs placardés de haut en bas. Intrigué par ce postage de masse, les choses se déroulèrent comme il l’avait prévu puisque rassemblé sur la grande place, la populace qui n’avait pas encore pu lire cette affiche clama haut et fort son désir d’avoir une lecture publique. Ce que fit le connétable pour ne pas avoir à subir un semblant d’émeute. Ainsi, tous purent entendre haut et fort ces mots qui résonnèrent tels des couteaux. Tous se mirent à revoir l’époque tragique ou Ydril avait baigné dans un bain de sang. Tous se virent à nouveau tomber dans la guerre qui se préparait et à subir la folie de celui qui prétendait être en âge de gouverner. Bien évidemment, des gardes furent placés pour tenter de contenir la population qui demandait des explications sur de tels agissements. Certains n’y croyaient tout simplement pas, mais la partie qui demandait des comptes suffisait à provoquer un petit état de crise. L’air amusé, voire presque heureux, Cicéro observait la scène et commençait à écouter les premiers mots sortir de la foule qui par curiosité ou intérêt, s’était amassé au fur et à mesure.
-C’est vrai ce qui est dit, on m’a même dit que l’enfant aurait tranché les mains d’un passant qui aurait protesté ! dit un homme haut et fort.
-Pour avoir seulement protester ? s’indigna un autre.
-Ouai, la duchesse s’était pris une tomate.
Quelques rires sortirent de la foule, tandis que d’autres commençaient à broncher contre cette façon de faire.
-La justice est la même que sous Diogène, il n’y a pas eu de changement ! L’enfant règle ses comptes et tue des passants qui osent protester. Voilà à quoi rime ce règne ! Visiblement, une rancœur de longue date semblait avoir persisté durant maintes années et les actions commises par le comte n’allaient pas en sa faveur. A vrai dire, Cicéro s’en réjouit pleinement et se contenta une fois de plus d’écouter les nouvelles plaintes qui commençaient à remplir la place.
-Il tue ses sujets de sang-froid et nous, nous devons rester sans rien faire ? Quel suzerain peut tuer comme ça ?
-Oui, c’est vrai ! répondirent plusieurs voix en échos.
-Son sang est souillé comme ceux de tous les Systolie. Tous fou ! Tous avides de faire couler le sang de la population, notre sang.
De son côté, le connétable semblait peiner à maintenir l’ordre. Mais lui qui œuvrait pour les Barutoliussi, savait parfaitement que son vicomte de la Barrianà avait été lui-même exilé par Diogène lorsque les grandes purges avaient sévit. N’était-il pas alors normal de laisser la populace s’exprimer et gronder son mécontentement vis-à-vis d’une guerre civile qui s’annonçait. Mais tandis que les gardes commençait à opérer pour tenter de vider la place, les passants arrachaient les affiches et s’en allaient dans les ruelles répandre ces mots qu’un anonyme avait laissé. Sa route seulement ne s’arrêtait pas là, et comme il l’avait prévu, d’autres cités devaient subir le même sort.
**********
Lui et son groupe d’hommes s’arrêtèrent de ce fait dans tous les villages de la Barriana en omettant pas bien évidemment Valcona et Calèbrozi qui comme Barrià, se verrait devenir les principaux lieux d’éclosions du mécontentement général qui commençait à sévir. Les dires et les rumeurs s’éparpillèrent comme une fine pluie à travers la province et bientôt, les paysans et hommes de villes se mirent à montrer leur colère aux autorités qui ne manquèrent pas d’essayer de mater les protestations afin d’endiguer le problème. Mais cela ne fit que renforcer les mots écrits sur cette lettre. Renforcé par des voix qui sortirent de l’ombre comme si elles avaient attendus de longues années avant de pouvoir se faire entendre. Des meneurs apparurent et commencèrent à organiser des protestations jusque-là encore pacifique, bien que leurs crocs étaient montrés.
Dans les rues, on commençait alors à entendre des insultes proférées à l’encontre du suzerain, le comte d’Ydril. Puis des gestes à l'encontre de l'autorité comtal furent comis et La Barrianà se mit à gronder.
Alastein de Systolie
Humain
Nombre de messages : 94 Âge : 36 Date d'inscription : 19/07/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 14 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Re: Ydril, entends-tu gronder la colère de ton peuple ? Jeu 10 Juil 2014 - 9:30
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Dernière édition par Alastein de Systolie le Mer 24 Fév 2021 - 2:01, édité 1 fois
Oschide d'Anoszia
Humain
Nombre de messages : 477 Âge : 33 Date d'inscription : 10/02/2014
Sujet: Re: Ydril, entends-tu gronder la colère de ton peuple ? Jeu 10 Juil 2014 - 16:19
Il s’en était fallu de peu pour que lui et ses hommes soient arrêtés par la milice locale. Mais malheureusement, dix des leurs se firent attrapés avec les affiches sous les bras. Ce fut une triste image qu’il vit à Calèbrozi lorsqu’il reconnut un de ses compagnons muet tout comme lui sur la puerta falconna. Mais que pouvait-il bien y faire ? On réglait les problèmes en tentant de faire peur à la population par des ignominies pareils. Leur objectif ayant été atteint, Cicéro et les autres reprirent alors la route en croisant toujours autant de villageois suspicieux de voir comment leur suzerain avait agi. Si son employeur le lui demandait, son travail continuerait pour couvrir les autres vicomtés. Il ne suffisait de pas grand-chose pour que la population s’active et ça, il le savait parfaitement bien. Mais en attendant, il fallait continuer d’organiser les défenses des vicomtés insoumis et « félons ».
***************
Afin de rejoindre la cité où l’attendait Simèon, il fit halte à Clovi ou comme dans toutes les cités ou villages par lesquels il était passé avant, le temps n’était pas à la fête. Comme une cité qui se préparait à faire la guerre, les forges avaient redoublés d’effort pour atteindre de nouveaux objectifs de productions. Partout dans la cité, on entendait cogner les marteaux sur les enclumes. Par centaine, des arbres étaient coupés et des hommes façonnaient des carreaux d’arbalètes, des flèches, des lances et des hallebardes. Tous, la mine morne, le teint pâle, il n’y avait aucun doute sur ce qu’il s’apprêtait à venir. Mais cette atmosphère, Cicéro aimait la sentir car après tout, c’était en temps de guerre que la paye augmentait.
Sur son chemin, il croisa un crieur public qui semblait plus faire l’effet d’un gardien pour enfant qu’un véritable annonceur de mauvaises nouvelles. Sur la place ou il s’était mis, il reconnut brièvement quelques gens d’armes appartenant aux Anoszia et aux Valdèse. Positionné en petit groupe devant le crieur, certains se mirent à cracher sur le sol lorsqu’on annonça que les Anoszia allaient être jugés pour félonies. Certains sourirent comme pour montrer que toutes ces nouvelles n’étaient que des foutaises et d’autres patientèrent en écoutant tout ce que le crieur avait à cracher.
La consternation et l’énervement furent palpables à l’annonce des morts de Belocastelo. La vingtaine d’hommes d’armes commencèrent à trouver le temps long et se rapprochèrent du crieur public que ne faisait pourtant que délivrer ce qu’il avait appris.
-Retourne chez toi raconter tes mensonges ! cria l'un des gardes arborant un dragon d'or sur son plastron.
Le sourire aux lèvres, Cicéro ne s’attarda pas plus longuement sur cette place et poursuivit sa route en croisant des passants dans les ruelles qui ne semblaient pas avoir le goût à la fête. Combien de ces gens perdraient leurs fils à la guerre qui allait surement éclater ? Combien d’enfants perdraient leur père ? Cicéro n’en avait rien à foutre, cela, il ne s’en occupait pas. Cela faisait bien longtemps déjà que sa seule famille était les récompenses qu’il touchait.
Une fois à Velmonè, il rejoignit Simèon dans le palais des Anoszia. Certains gardes soupirèrent en le voyant passer. Il était vrai que l’odeur qu’il dégageait n’était que peu reluisante. Lorsqu’il arriva devant les quartiers de l’armateur, il vit d’autres hommes lui faisant face, semblant écouter l’homme d’un certain âge déjà. A sa vue, il lui fit signe d’entrer. Se sentant comme une limace dans un enclos à lions, Cicéro préféra se faire petit et attendit dans un coin. Il garda néanmoins ses oreilles à l’affut et entendit les quelques mots qui venaient réduire la crédibilité du crieur.
-Quelle nouvelle de Mirabelo ?
- Gilderio réunit les troupes de son père. Il ne laissera pas passer pareil affront, tous se souviennent de la trahison des Avinia et leur alliance au Fol. Ils porteront haut les couleurs d'Odoric qui a su faire prospérer ses gens !
-Et pour Belocastelo, on raconte qu’une garnison comtale aurait repoussé nos hommes ?
-Je ne suis pas au courant. Maintenant, si vous n’avez plus de questions, la discussion est close.
Les hommes partirent alors un à un de la salle. Vêtus de cottes d’armes aux couleurs et héraldiques de leurs maisons, ces hommes n’avaient rien à voir avec les contrebandiers que son employeur avait l’habitude de fréquenter. Mais il se rappela aussitôt que cet homme était un Anoszia et que c’était son frère qui avait été fait prisonnier pour « félonie ». Une fois seul avec lui, il le convia à rejoindre sa table. Un monologue intéressant s’en suivit alors sur la poursuite des opérations et une fois de plus, Cicéro esquissa un petit sourire.
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Sujet: Re: Ydril, entends-tu gronder la colère de ton peuple ?
Ydril, entends-tu gronder la colère de ton peuple ?