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 À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé

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Le Vaisseau de la Voilée
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MessageSujet: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeSam 13 Déc 2014 - 20:30

AZZA

« Jusqu’à preuve du contraire, tu es devenue aveugle, Azza, pas sourde, » asséna Khatib avec agacement.


Le reproche eut l’effet d’un coup de fouet sur la concernée ; s’arrachant péniblement à ses réflexions, elle marmonna quelques vagues excuses. Avec un soupir contrit, le despote reprit là où il s’était arrêté. « Le vieux Tebryn suggérait que tu assures les offices, tant que tu habitais ici ; je lui ai répondu que tu t’y attellerais dès demain.


Mais, père, balbutia la prêtresse prise de court. Je…


Tu t’exécuteras. Les choses ne s’arrangeront pas si tu restes les bras ballants à attendre que quelqu’un t’apporte la solution à tes problèmes. » Il marqua une légère pause, se radoucissant légèrement. « J’ai vu des soldats perdre leurs dextres, saisir leurs armes avec leurs sénestres pour repartir à l’assaut et finalement survivre et continuer à vivre leur vie comme si de rien était. Tu peux vivre sans tes yeux. »


Ce n’est pas la vue, le problème, voulut répondre la doeben avec humeur. Elle se contenta d’opiner du chef, pourtant. Elle ne pouvait pas lui avouer que depuis qu’elle était devenue aveugle, son sommeil était systématiquement troublé par des rêves étranges, qui lui paraissaient chaque matin plus réels. Elle ne s’imaginait pas non plus lui expliquer qu’en permanence, elle avait l’impression que quelqu’un l’observait. Parfois, elle était même certaine d’avoir entendu cette « présence » lui parler. Elle ne voulait pas qu’on la crût folle ; elle était cependant à deux doigts de le penser. « Très bien. Je ferai ce que tu me demandes. »


Satisfait, Khatib croisa les bras et se laisser aller contre le dossier de sa chaise. Il était aussi grand que sa fille était petite. Imposant était le terme qui le définissait le mieux et ce n’était pas uniquement dû à sa largeur d’épaules ou à sa musculature sculptée par une vie de soldat. Ses joues barrées de plusieurs cicatrices blanches et son regard de rapace parachevaient son air menaçant. Physiquement, Azza ne tenait pas grand-chose de lui. La doeben n’avait jamais compris pourquoi Natha lui avait donné les traits de sa mère, si c’était pour qu’elle récupérât par la suite le caractère de son père. Je me demande combien de temps il me faudra pour oublier son visage.


« J’ai besoin de me dégourdir les jambes, » annonça-t-elle finalement, désireuse tout autant de clore la discussion et de montrer à son interlocuteur qu’elle était prête à se reprendre en main. Elle ajouta même avec légèreté : « Si je ne peux plus voir le soleil, au moins puis-je profiter de sa chaleur.


Là, voilà que je retrouve ma fille. » Il la regarda se lever et ses lippes se tordirent en un sourire moqueur quand il la vit tâtonner autour d’elle à la recherche de quelque chose. « C’est ça que tu cherches ? » demanda-t-il en lui assénant une petite tape sur les fesses avec son bâton de marche. Après un sursaut de circonstance, Azza lâcha un « Père ! » indigné avant de tendre la main en sa direction. « Donne-le-moi tout de suite.


— Même pas en rêve. Je t’ai déjà dit que tu n’en as pas besoin. Tu connais bien assez cet endroit pour t’y repérer sans t’aider d’une canne d’infirme. »


Il avait insisté sur le dernier mot, laissant paraître un mépris qui n'échappa pas à Azza. Serrant les dents, la prêtresse voulut foudroyer l’impudent du regard. Malheureusement, elle leva son minois un peu trop haut et dans la mauvaise direction. Avec une douceur non feinte, le despote lui prit le menton et tourna son visage vers lui.


« Tu me remercieras, crois-moi. Maintenant, file. J’ai à faire, de toute façon. Tu pourrais croire qu’après trois ou quatre ans, les humains sauraient faire tourner cet endroit tout seuls, mais ce serait t’enfoncer le doigt dans l’œil jusqu’au coude. »




Chaszmyr avait été une châtellenie modeste, jadis. Avec une architecture toute en pierres brune, arcs brisés et mosaïques colorées, la demeure de Khatib était une petite œuvre d’art qui avait surtout servi de récompenses pour les dignitaires daedhels fidèles au IVe. Sa réputation venait de l’une pièce où des vitraux bigarrés projetaient sur les murs d’innombrables reflets chatoyants. Azza se souvenait y avoir passé des heures à flâner contre des coussins, émerveillée par ce spectacle de lumières. Khatib l’avait réclamé pour lui-même dès qu’il en avait eu l’occasion. Après avoir repoussé quelques assauts de rivaux ayant eu la même idée que lui, il avait pu découvrir les joies de la vie de despote. Sa « cour » se constituait en grande majorité d’anciens soldats de l’Ost disparu ; quant à ses sujets, ils étaient pour moitié des esclaves et pour moitié des hommes libres, autorisés à exploiter les fermes aux alentours dont il s’était arrogé la possession en même temps que le reste.


Après beaucoup trop de rencontres impromptues avec le mobilier et autant de douleurs nouvelles aux tibias, elle réussit à trouver son chemin jusqu’à la cour intérieure autour de laquelle la bâtisse était construite. Avançant lentement, presque à tâtons, mais avec autant de dignité que possible, Azza parvint à rejoindre la fontaine qui trônait fièrement au cœur du domaine de son père. Quand enfin ses doigts purent plonger dans l’onde fraîche de la bassine, elle poussa un soupir de pur soulagement et, se laissant tomber à genoux, entreprit de s’asperger le visage.





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Milynéa Lythandas
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MessageSujet: Re: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeDim 14 Déc 2014 - 11:48

Il faut de tout pour faire un monde, dit-on, et c’était là une bien mauvaise idée que la nature, les dieux ou leurs créatures - qu’importe qui était réellement responsable de cette bêtise - avaient conçu. Aussi, si il était des honnêtes et des bons payeurs, ou, si ils n’étaient pas capable de l’être, au moins était-ce par incapacité plus que par manque de volonté, il y en avait aussi des mauvais, rompant aux accords et divers contrats établis, manquant à leurs engagements et refusant de payer, feignant quelques excuses maladroites, véritables concentrées de mauvaise foi.
L’homme que venait visiter la Princesse Marchande était de cette seconde espèce… Un de ces doeben qui, probablement, en définitive, n’avait pas encore intégré, quelques fut son âge, que les temps avaient changé et que les sombres de son espèce ne pouvaient, dans ce genre de transaction, plus considérer que les choses leur étaient dû, sans paiement d’aucune sorte… De ces doeben qui considéraient probablement encore que la couleur de leurs peaux et leurs origines représentaient un motif de crainte à faire passer l’envie de réclamer les dettes dues, ou que le physique imposant et guerrier suffisait à la dissuasion -ce à quoi elle possédait désormais la réponse en Ryltar, le colosse pâle, bâtard du Da’reh.

Bref, si le sombre despote qui s’était installé à Chaszmyr était un bon client, dans le sens où il passait régulièrement par elle pour quelques commandes diverses, il en était un médiocre quand il s’agissait de régler ses dettes, tant et si bien que la Marchande, pourtant des plus patientes généralement, s’était lassé du jeu et des excuses ridicules qu’il pouvait invoquer… Il était temps de montrer à ce prétendu despote qu’il devait régler son ardoise, sans quoi… Eh bien, il risquait de perdre gros… Très gros même, à s’attirer plus encore l’animosité de la Princesse Marchande.

C’est sous bonne escorte que chemina la voiture de la thaari, quelques hommes envoyés en avant, non pour avertir le sombre de sa venue, elle voulait user de la surprise tant qu’il était possible, le prendre au dépourvu, même si elle ne doutait pas que quelques hommes en patrouille ne manqueraient pas de rapporter la venue de la petite troupe qui allait à lui, mais elle tenait à savoir quand viendra le probable premier comité d’accueil.
Dans la voiture, la Princesse était en discussion avec Eärnil, son homme de main à présent le plus… proche. N’y voyez là rien de choquant, elle ne se serait pas permit pareil comportement si proche du lieu où elle voulait se rendre. Non, ils discutaient réellement d’un sujet commun et dont Milynéa espérait bientôt en tirer un fruit, même si elle savait devoir se montrer patiente.
Monarth l’acceptait de plus en plus, elle en était consciente, à présent, il la suivait, du moins, la plupart du temps, et communiquait quelques idées des plus simples, mais sans vouloir trop en dire… En cela, elle continuait de jalouser l’osmose, fruit certes de plus d’une soixante d’années de vie commune, que le sang-mêlé face à lui connaissait avec Itarillë, et continuait de s’informer sur la manière d’être de ces créatures, de la manière dont elle pourrait volontairement renforcer son lien. Cela la changerait, d’une certaine manière, l’avait-il prévenu, tant le caractère et la vision de ces reptiles différaient de ceux de la Marchande, mais cela ne l’empêchait pas de désirer un développement… En attendant, les deux acrobates chahutaient à demi au dessus du convoi, le bronze et or cherchant à impressionner la bleue.

Mais c’est un retour de ces hommes partis à l’avant, des sons qui lui en parvinrent du moins, et de quelques hommes venus l’accueillir et l’escorter qui la ramena à ces choses là. Tirant le rideau qui voilait les ouvertures de la voiture, elle interpella l’un des hommes proche.

“Qu’on ne change pas notre allure, si cette escorte traîne, alors nous la laisserons derrière nous, mais fais passer le mot que nous ne devons pas ralentir, ni nous détourner de l’itinéraire prévu si ceux-ci cherchaient à offrir un délai à leur maître.”

Un “Entendu” pour réponse et le cavalier alla à l’avant avertir le meneur des instructions de la Marchande. C’était peut-être inutile, mais elle n’était pas sans ignorer les multiples artifices dont on pouvait disposer pour arranger les choses à sa guise… Que ce soit en impressionnant, en détournant ou en égarant, il était de multiples façons de temporiser et de s’apprêter sous les meilleurs conditions, même lorsque l’autre cherchait à surprendre.
Peu de temps s’écoula avant qu’on ne l’informe que la demeure du doeben était en vue, et aussi rapidement, ils passèrent sous les arches menant à la cour. Elle connaissait l’endroit pour y être venue plus d’une fois, pour une commande supplémentaire, une demande de délai supplémentaire de la part de l’hôte dans le paiement de ses dettes… Aujourd’hui serait un jour différent… Et cette pensée reçue en écho une étrange impression, et elle put lire sur le visage du sang-mêlé un sentiment semblable…
Quelque chose n’allait pas, elle n’aurait pas su dire précisément quoi et pourquoi, mais sa sensibilité à la magie lui envoyait un curieux sentiment, une vague anomalie, proche, elle écarta cette idée pourtant, elle devait se concentrer sur sa tâche principale et non se laisser embrouiller... Il y avait un despote à mettre au pas, et cela exigerait son attention entière.

Alors que des esclaves s’affairaient à prendre soin des chevaux de son escorte à présent à pied, et sorti à son tour à la suite de son compagnon, les dräkes ayant cessé leurs numéros de voltige pour tracer des cercles plus réduits autour de la troupe agitée. Sans s’occuper d’Earnïl prévenant un esclave que la Princesse Marchande exigeait un entretien avec le maître des lieux, son attention fut portée par la jeune sombre près de la fontaine… Azza, la fille du despote et Prêtresse de Teiweon officiant à Sol’Dorn, si son souvenir était exact. Elles avaient déjà pu faire connaissance à l’occasion d’une visite antérieure, et c’est vers elle qu’elle alla, sans plus se soucier du reste.

“Il semble que votre père continue de négliger la manière d’être de notre monde et m’oblige à venir la lui enseigner…” dit-elle, un peu dans le vague, pour initier la conversation “Mais il y a bien longtemps que je n’ai croisé votre route, Azza, comment vous portez-vous ?”

Ce n’était pas nécessairement par mépris des conventions qu’elle en oubliait le titre, mais dans un tel contexte, et avec les nombreux échanges passés avec cette famille, tout autant, à son point de vue, du rapport véritable s’établissant entre elle, elle ne considérait pas l’intérêt de la nommer prêtresse. Un instant toutefois, l’anomalie lui revint, et elle se demanda si c’était en rapport avec ce statut, justement… Mais elle l’écarta une nouvelle fois tandis que Monarth venait se poser sur une épaule où avait été placé un renfort en cuir afin de protéger tant sa tenue que sa peau, le regard aux multiples facettes concentré sur la drow.
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MessageSujet: Re: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeDim 14 Déc 2014 - 15:00

AZZA

Du haut de ses cinq siècles, le vieux Tebryn n’était en fait pas si âgé que ça. Il tenait en réalité son sobriquet de son physique peu engageant et à sa démarche claudicante, héritages d’une vie passée aux premières lignes du IVe. Ainsi, lors d’un raid à la bordure de l’Anaëh, il avait vu sa cuisse à moitié arrachée par la morsure féroce d’une monstruosité de la forêt maudite. À la faveur d’une altercation avec un agent de la Dothka, il avait reçu un vilain coup de dague qui avait laissé un profond sillon de sa pommette jusqu’à l’arrière de son crâne. Fourbe comme devait l’être un tueur daedhel, l’assassin avait enduit son arme d’un poison foudroyant, sinon létal. En quelques jours seulement, la gangrène avait rongé son œil et il se l’était retiré lui-même ; le globe purulent avait dégouliné d’entre ses doigts tremblants. Mais plus que tout le reste, c’était bien ses rides, creusées dans sa peau par d’innombrables grimaces de douleur, qui lui avait valu d’être assimilé à un ancêtre sénile. Comme il avait récolté une bonne moitié de ses cicatrices en sauvant un Khatib bien trop téméraire et l’autre moitié en corrigeant les impudents qui le pensaient trop infirme pour se défendre, il était considéré avec respect par les hommes de Chaszmyr. Il s’occupait presque exclusivement du petit haras du despote et avait un véritable don en la matière. Malgré sa jambe presque morte, il n’était pas un cheval qu’il ne pouvait dompter.


Azza avait toujours apprécié le vieux Tebryn, malgré l’orbite vide qu’il prenait un malin plaisir à exposer. D’un naturel calme, il dégageait une force tranquille presque rassurante. Il était, surtout, l’une des rares personnes qui pouvaient imaginer ce qu’elle était en train de vivre : touché, bien que dans une moindre mesure, par le poison, la vision de son second œil s’était rapidement dégradée et il ne distinguait désormais plus que de vagues formes colorées. « Tu vas devoir voir avec tes oreilles, maintenant, » avait-il affirmé à la prêtresse au lendemain de son arrivée.


Sur le coup, elle n’avait pas compris ; néanmoins, quand elle fut la première à réagir à l’arrivée d’une troupe de cavaliers dans la cour de Chaszmyr, les mots du vieux Tebryn prirent un sens nouveau.


Une des nouvelles arrivantes lui adressa la parole et Azza fut bien en peine de déterminer, dans un premier temps, qui était cette femme qui parlait de son père comme d’un enfant turbulent. La cécité forçait ses victimes à considérer le monde d’une autre manière. Les gens cessaient d’être des visages, ils devenaient des voix. La Doeben avait ainsi appris à aimer celle, grave et légèrement rauque, de Khatib. De la même façon, le timbre haut perché d’une de ses esclaves lui avait rapidement tapé sur les nerfs et la malheureuse s’était retrouvée du jour au lendemain à devoir éplucher les légumes dans les cuisines du domaine. Cette voix-là, elle ne la reconnut pas tout de suite, aussi l’inconnue resta-t-elle sans « visage » et Azza préféra un temps garder le silence tout en essayant de la « regarder ». Ce n’était pas un exercice facile.


La question qui suivit augmenta légèrement son malaise : il était évident que si elle n’avait pas identifié son interlocutrice, la réciproque n’était pas vrai. « Aussi bien qu’à l’accoutumée, » répondit-elle cependant. Ne leur montre pas que tu es vulnérable, car ce serait être faible, s'exhorta-t-elle pour se donner bonne contenance. Son père l’avait bien éduquée.


Au loin, ses oreilles aux aguets purent entendre un nom au milieu du brouhaha de la cour. Milynéa. Elle se remettait cette femme, un sang mêlé à l’attitude glaciale, avec qui le despote avait l’habitude de faire appel dès qu’il avait besoin de quelque chose d’un peu exotique. C’était ainsi elle qui livrait, tous les mois, certaines denrées péninsulaires qu’il avait appris à apprécier pour ses repas. Quand elle sera âgée et édentée, elle ressemblera à la vieille, songea-t-elle, un souvenir en entraînant un autre. Sauf que celui-là n’était pas le sien.


« Père est excellent pour écouter, mais je doute que tu parviennes à lui enseigner quoique ce soit, fit-elle remarquer pour évacuer son trouble. Mère n’y est pas parvenue, en tout cas. » Et quand on connaissait Ssasha, on respectait Khatib pour cela.





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Milynéa Lythandas
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MessageSujet: Re: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeLun 15 Déc 2014 - 9:10

Pour celui qui sait et aime à effleurer les esprits de toutes les créatures, il vient un temps, dès lors qu’il vit suffisamment, où la nouveauté devient plus… délicate à percevoir et discrète tant elle est rare. Combien de ces êtres montés sur deux pattes, qu’ils aient plusieurs décennies ou plusieurs siècles, se considèrent seul dans leurs pensées et leurs idées, heureuse ou malheureuse, ou prétendument nouvelle, ignorant que leur voisin et celui d’un autre ont des pensées semblables, unique seulement par de discrets détails ?
Il plane paresseusement au dessus d’un marché grouillant d’activité, piochant ça et là un succulent fruit présenté comme un appel au festin… Et qu’importe la grogne qu’il perçoit, tant en esprit qu’en son, car il se trouve déjà loin, inatteignable, et de toute manière, l’être oubli, car à quoi bon s’attarder pour un ou deux malheureux petits fruits chiper par une pareille créature ?
Il touche chaque esprit, les effleurant en quête d’une idée, d’une pensée neuve, originale sur laquelle il pourrait s’attarder pour satisfaire sa curiosité, mais pour lui qui a tant vécu et tant côtoyé les hommes, rare était devenu ces instants délicieux, et il s’attardait désormais que très rarement sur un être en particuliers.

Ce jour les avait conduit en dehors de la cité, il avait cru comprendre qu’il y avait là où il se rendait un homme peu fiable, mais ces détails lui passèrent au dessus… Les êtres sur deux pattes et leur « argent », c’était là une chose dont il ne percevait pas le sens, il savait mais ne comprenait pas. Mais il y avait là matière à voyager, à toucher de nouveaux esprits, et donc, un espoir de nouveauté, bien qu’en elle-même, la Bleue Itarillë, ses pensées et ses voyages, qu’ils se partageaient régulièrement, représentaient un vrai plaisir, au-delà d’aspects plus… terre-à-terre, comme dise les humains.
La troupe passa par-dessous des arches tandis qu’il provoquait dans un duel de cabriole la bleutée, tout en redescendant, naviguant entre les interstices de l’architecture. Et les deux se séparèrent là, Itarillë rejoignant son Lié tandis qu’il venait se poser sur l’épaule dûment équipé pour cela, de la Princesse Marchande. Il hésitait à trop toucher à son esprit, la savait désireuse de se lier à lui, mais il ne se sentait pas encore prêt à davantage, mais puisqu’elle le traitait bien, il lui accordait quelques faveurs, quelques pensées fugitives partagés… Mais pour l’heure, c’était l’être à la peau sombre qui attira son attention… Voila un esprit dont il ignorait tout.

Et alors qu’il se tendait vers elle, il surprit une pensée, non, un souvenir, une série sur laquelle il ne s’attardait pas, jusqu’à ce qu’un curieux s’y mêle... Il n’aurait pas su dire pourquoi et s’en empara pour l’examiner pour lui-même, attentif toutefois aux pensées immédiates… Le spectateur qu’il était, sauf à ceux qui sont sensibles à cette pratique, demeurait discret, invisible même, mais toucher, c’était se risquer à une réaction, mais la curiosité pour ce souvenir qui était à elle sans sembler l’être était trop forte…
Et le dräke, sans toutefois totalement briser le fil temporaire, au cas où une autre curiosité dans cette tête là émergeait, se replia sur lui-même, décortiquant le mystère.

Et sur un tout autre plan, presque un autre monde se trouvait les êtres sur deux pattes, justement.

« Il y a un début à tout, surtout pour ceux qui sont coutumiers du pillage plus que de la transaction marchande. » C’était dit avec distance, sans accusation. Nul n’ignorait la manière d’être des Eldéens, et elle avait suffisamment connu ces choses là pour les considérer comme la marée montante et descendante, un évènement naturel et cyclique aussi vieux que la cité elle-même. « Mais dans quel état d’esprit est-il, si tu veux bien me le dire ? » Puisque son interlocutrice l’avait naturellement adopté, elle fit de même, rompant les derniers soupçons de distance entre elles.

Elle espérait une réponse, même si elle avait l’intention de se montrer ferme avec le Doebien, pouvoir anticiper le bon angle d’approche serait appréciable… Il est toujours délicat de se retrouver dans une telle situation avec l’un de ces despotes, trop sûr de leur force, et ne considérant qu’avec mépris la faiblesse, et plus encore la leur.
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MessageSujet: Re: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeLun 15 Déc 2014 - 21:05

AZZA

Surprise, Azza pencha très légèrement la tête ; elle ne s’était pas attendue à ce que Milynéa lui parlât si franchement. Les choses avaient décidément bien changé en Ithri’Vaan, car une décennie plus tôt, jamais une sang-mêlé taledhelle ne se serait aventurée à la questionner si familièrement au sujet de son père, fût-elle riche et puissante comme pouvait l’être la Dame Blanche. Bien entendu, à sa place, elle-même ne serait pas gênée le moins du monde. Mais c’était le bon sens même : elle était une prêtresse de Teiweon après tout. Peut-être pas la plus dévouée ou appliquée, mais cela ne regardait personne d’autre qu’elle. Ce serait oublier que pour elle, Teiweon n’est au mieux qu’une chimère…


« La dernière fois que je l’ai vu, il pestait contre le manque de débrouillardise des serviteurs, » répondit-elle finalement. Quand il en aurait fini avec la princesse marchande, nul doute qu’il trouverait beaucoup à dire sur la hardiesse de plus en plus criante des membres du Conseil de Thaar.


Ils ont d’autres icônes, songea-t-elle en reprenant le fil de ses pensées. Il y a une déesse qu’ils prient, quand vient l’heure de leur mort, je crois… Quel est son nom, déjà ? Tyra. Ils l’appelaient Tyra. Comment s’en était-elle souvenue si vite et si précisément, elle l’ignorait. La seule chose qu’elle savait pour certaine, c’était que cela lui arrivait beaucoup trop souvent que ce fut totalement fortuit.


« Par Uriz, si ce n’est pas ma bonne amie Milynéa ! » lâcha dans le dos de sa prêtresse de fille un Khatib qui ne prenait pas grand peine pour cacher son agacement. Au cas où elle ne l’avait pas compris, il ajouta : « Quelle joie de te voir t’inviter chez moi, vraiment. » Avec une douceur qu’il ne réservait qu’à elle, le despote posa une main sur l’épaule de sa fille qui le remercia en recouvrant ses doigts par les siens. « Je vois qu’Azza t’a tenu compagnie.


Nous parlions justement de toi, père, répondit la prêtresse avec simplicité.


Je l’aurais parié. Mais ne restons pas plantés là, nous risquerions de nous retrouver sur le passage d’un de mes esclaves empotés et il serait capable de se cogner contre notre invitée. »


Le reste de la journée s’annonçait très… intéressante, à n’en pas douter. Azza ne se souvenait pas très bien de la thaarie, ne l’ayant rencontré qu’une ou deux fois et toujours par le plus grand des hasards. Elle gardait néanmoins en tête l’image d’une femme altière, froide et stricte ; un savant mélange qui avait le don d’agacer rapidement Khatib. La réciproque devait d’ailleurs se vérifier assez facilement, Milynéa ayant déjà souligné par deux fois le peu d’estime qu’elle prêtait à « ceux qui étaient coutumiers du pillage ».


« Je te guide, souffla l’ancien soldat du IVe à l’oreille d’Azza en attrapant galamment son bras. Regarde devant toi, suis mon pas et tout se passera bien. » L’aveugle opina légèrement du chef, incroyablement soulagée. Il ne leur fallut guère longtemps pour rejoindre leur destination : un petit salon ombragée et embaumée d’une odeur forte d’encens. Au centre de la pièce, sur une table basse décorée d’une mosaïque aux couleurs légèrement passées à force d’être exposées au soleil, trônait un plateau où s’empilait un nombre honorable de pâtisseries sucrées. Le despote fit claquer sa langue avec réprobation : « Est-ce que vous me croirez si je vous dis que j’avais demandé qu’on nous serve de la Mahia ? »


Dans un timing parfait, un serviteur entra dans la pièce avec précipitation, manquant concrétiser la prédiction du maître des lieux. Si elle ne vit pas le rouge monter aux oreilles du malheureux, elle entendit des tintements secs qui indiquaient clairement qu’une catastrophe avait été évitée de peu. C’en était trop pour la prêtresse, qui connaissait assez son père tout autant que la réelle compétence de son personnel pour comprendre qu’il avait tout savamment orchestré. À n’en pas douter, il avait attendu le dernier moment pour donner ses ordres, tout en promettant qu’il gagnerait un peu de temps en faisant patienter leur invitée surprise. C’était tout à fait son genre. Quant à deviner pourquoi il avait jugé utile de s’adonner à cette mise en scène… Elle doutait que lui-même le sût vraiment. C’était sans doute parce qu’elle ne le connaissait pas encore aussi bien qu’elle le pensait.


« Je t'en prie, mets-toi à l’aise, » convia-t-il la sang-mêlé avant de conduire sa fille à l’un des cinq sièges de la pièce. Il s’assit à son tour et, dardant son regard sur son invité, sauta directement à la partie qui intéressait la Dame Blanche. « Bien. Étant donné que ton arrivée suit de quelques jours le nouveau mois, je suis prêt à parier que tu viens pour ton or. »


En même temps, pourquoi viendrait-elle, sinon pour ça ?





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MessageSujet: Re: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeMer 17 Déc 2014 - 8:37

La surprise qui se lut sur le visage de la jeune daedhel trouva en écho un léger sourire de la Marchande. Oui, les temps avaient changé… La IVème Ost n’imposait plus l’hégémonie d’antan, et même une sang-mêlée comme elle pouvait, en y mettant le prix, employer la force de ces anciens soldats eldéens, ainsi, même les despotes doebiens étaient rendus vulnérables face aux princes et princes-marchand thaari, et ceux-ci pouvaient exercer leurs manières d’être et de faire, même si il fallait demeurer prudent et faire preuve d’un semblant de doigter.

« Je vois… Peut-être devrait-il louer les services d’un intendant compétent qui saura prendre en main ce personnel si son autorité martiale n’y parvient pas. » suggéra-t-elle, dans le vague, n’ignorant rien de la petite pique qu’elle y glissait. Mais elle doutait qu’il puisse trouver un tel homme, sauf peut-être à Sol’Dorn. Elle avait déjà encore des difficultés à lui faire accepter de payer ce qu’il devait, sans encore espérer que la chose soit faite en temps et en heure, alors elle n’imaginait pas l’intendant correctement traité et rétribué en étant son employé… L’esclavage le rattraperait, et si celui-ci ne mourait pas en essayant de fuir, il saboterait probablement son travail, et serait exécuté… Du moins était-ce là le seul scénario qu’elle concevait avec ce despote là, en l’état.
Sa vue périphérique tout autant qu’une légère agitation lui permit de voir arriver le maître des lieux et de se tenir face à lui lorsqu’il la salua, et sans toutefois en montrer le moindre signe, elle apprécia l’agacement qu’il ne cherchait pas réellement à dissimuler… Oui, elle l’ennuyait, mais elle y voyait probablement la même chose que lui… Il ne pouvait se débarrasser d’elle si aisément… Ce monde-ci n’était pas régit par la brutale loi du plus fort d’Elda.
« Cher ami ! Je te remercie de m’offrir une nouvelle fois l’hospitalité de ta demeure. » Si elle pouvait ne pas avoir à systématiquement faire le déplacement, elle s’en porterait bien mieux, mais le plaisir qu’elle avait à apprécier son déplaisir de la voir s’inviter de la sorte compensait largement ce désagrément. Car pour celle qui avait connu le joug des drows, rare était les choses plus agréables que le spectacle d’un drow « vulnérable ».
Mais c’était peut-être l’une des dernières fois qu’elle venait, à ce moment là tout du moins… Avec un daedhel en opposant, si l’on peut dire, la routine n’est pas une bonne chose… Un jour viendra où il ne se laissera plus surprendre, et il pourrait alors l’attendre…

« Votre fille me parlait du manque de débrouillardise de votre personnel, mais souffririez vous aussi d’un excès de maladresse ? » dit-elle avec une pointe d’amusement dissimulé sous une inquiétude feinte. Elle devrait toutefois se montrer prudente… La mise en scène faisait partie de la manière, et elle ne pouvait ignorer la possibilité que l’un des esclaves employés ait reçu pour consigne particulière de la bousculer un peu… Une petite revanche pour ce qu’elle lui imposait par ses visites, en quelques sortes.
Mais elle le suivit, Earnïl et l’Hybride Ryltar, dont elle considérait le double rôle qu’il pouvait jouer dans la scène qui se mettait en place, car à la dissuasion et de protection, au cas où la discussion prendrait une dimension plus physique que pouvait incarner le colosse s’ajoutait la gêne pour le despote d’une telle présence, lui emboitant le pas. Elle avait prit pour habitude d’être toujours accompagné, aussi ce dernier ne serait pas surpris de cela.
Elle observa l’étrange couple que formaient le père et la fille, ce dernier lui tenant le bras… C’était une affection dont elle ignorait les daedhels capable, et elle s’interrogea sur le sens à donner à ce qu’elle voyait ? Etait-ce une facette de cette race qu’elle ignorait ? Possible. Est-ce que ça cachait autre chose ? Ca l’était tout autant.

Installé dans le salon, il mit en évidence un nouveau défaut dans la prestation du personnel, un petit oubli auquel succéda rapidement une nouvelle démonstration, tandis qu’un serviteur pénétrait brusquement et maladroitement la pièce, manquant de la percuter, comme l’en avait averti le despote. Elle devait rester concentrer, mais ne pouvait pas ignorer ces détails… La tentative était-elle orchestrée ? Et dans ce cas, son échec était-il désiré, ou était-ce un raté ? Si elle était désirée, cela faisait parti d’un tout qui justifierait un évènement à suivre… Ou bien était-il réellement incapable de tenir son personnel, qu’il avait sélectionné lors d’un pillage sans prendre la peine de le former ou d’employer quelqu’un pour… Ainsi disposait-il pour personnel de maison d’une bande d’incompétent en cette matière.
Dans l’un ou l’autre des cas, elle devrait rester prudente… Mais ne devait pas trop y prêter d’attention… Elle avait un drow à remettre sur les bons rails et devait en tirer tout au moins une partie de la somme qu’il lui devait.

« Ce serait là un pari truqué, tu ne crois pas ? Mais j’apprécie que tu ais pris conscience de ces échéances… Peut-être ai-je jugé trop hâtivement les causes des retards précédents… Peut-être devrais-je y voir finalement l’excès d’attention qu’exige le personnel que tu emploies… » Il était évident qu’il s’agissait de mauvaise foi et de réticence à payer, pour qui est habitué à s’emparer et à se juger en droit de le faire. Mais il y avait là moyen de lui rappeler qu’elle n’oubliait pas ses retards… elle n’oubliait pas non plus les sommes incomplètes, s’ajoutant à la dette qu’elle devait encore percevoir.
« Puisque tu es direct, je considère pouvoir me le permettre moi aussi… Tu as conscience du motif de ma venue, puis-je espérer, alors, que conscient du moment, sachant ma visite proche, tu ais préparé le versement que tu me dois ? »

Elle restait froide dans son attitude, détaché, mais intérieurement, elle appréciait ce plaisir qu’était l’ascendant sur celui qui, il y a quelques années encore faisait parti de ceux qui exerçait tant de pression et tant de menace sur elle et les siens.
Monarth descendit de son épaule pour se placer sur ses cuisses, son attention toujours fixé avec intensité sur la curiosité momentanée que représentait Azza, dont il n’avait encore pas pu tirer de sens du souvenir qu’il avait pioché dans son esprit… Il voulait comprendre, et osa s’immiscer à nouveau dans son esprit, et y suggéra une pensée étrangère.

Qui es-tu pour posséder ce qui semble le souvenir d’une autre… ?
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MessageSujet: Re: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeVen 19 Déc 2014 - 21:39

AZZA

« C’est fascinant… observa pensivement Khatib. Combien de leurs vies as-tu vécu, déjà ? Deux ? Trois ? Et pourtant, tu continues de courir après le temps comme si tu craignais d’en manquer. »


Il se pencha en avant, attrapa une pâtisserie puis se cala confortablement contre le dossier de sa chaise et jaugea ses invités un à un. C’était là un bien étrange trio qui se présentait périodiquement à ses portes. Chaque fois, ils s’adonnaient au même numéro et si le despote avait pu l’apprécier un temps, il commençait à se lasser d’entendre la voix grinçante de Milynéa lui rabâcher ses supposés torts. Sa fille, cependant, n'avait pas encore eu l'occasion d'y assister et cette pensée le poussa à jeter un coup d’œil dans sa direction. Elle demeurait silencieuse, le dos bien droit, les mains croisées sur ses jambes et le visage imperturbable. Cette vision lui arracha un léger sourire. Malgré ses frasques, Azza n’était plus une enfant désormais et de fait, c’était une prêtresse pleine de dignité qui trônait à ses côtés.


« Il te faudra un jour admettre, très chère, que je t’ai fait gagner plus d’or que je n’en t’ai fait perdre, » asséna-t-il finalement en reportant son attention sur la thaarie. Il manqua ainsi de peu la réaction surprise d’Azza, quand l’étrange créature qui se délassait sur les jambes de Milynéa crut bon de lui « parler » directement. La Doeben n’avait jamais été en contact avec ces bêtes avant ce jour, elle ignorait tout de leurs pouvoirs ; pourtant, la question indiscrète du dräke provoqua une violente sensation de déjà-vu.


« Arthur… » souffla-t-elle, abasourdie, en se redressant précipitamment. Elle manqua tomber, de concert avec sa chaise qui racla péniblement le sol. Si elle n’avait aucune idée de la personne qui se cachait derrière ce prénom, d’autres souvenirs s’imposèrent à elle sans qu'elle fut capable de seulement les comprendre. « Je croyais qu’il s’agissait d’un faucon, mais… Père, la créature qui accompagne Milynéa est-elle un… » Le mot glissa sur sa langue avant qu’elle s’en rendît vraiment compte : « Un dräke ? S’agit-il d’un dräke ? »


Surpris par la réaction violente de sa ville, qui contrastait furieusement avec la retenue qu’elle affichait quelques secondes plus tôt, Khatib hésita avant de répondre : « Si ton dräke ressemble à la version miniature d’un dragon, alors oui : notre amie est accompagnée par l’un d’entre eux. » Il lança un regard contrit en direction de la Princesse marchande. Il se serait bien passé de pareille scène. « Vas-tu te calmer, maintenant ?


Père, il était en train de… » Azza marqua une pause, ne trouvant pas de mot pour expliquer les inquisitions du petit reptile dans son inconscient. Elle ne pouvait même pas dire s’il avait tout juste commencé où s’il s’était adonné à son jeu malsain depuis le début. « Il fouillait ma mémoire ! » L’accusation tomba comme un couperet et tous les regards convergèrent sur l'accusé ; la Doeben, quant à elle, sentait la colère prendre le pas sur son malaise. Elle n’était pas la seule.


« Oh, vraiment ? » siffla Khatib, toute trace de malice et d’amusement ayant disparu. « Voilà une pratique fort surprenante, Milynéa, pour quelqu’un qui se targue d’être une marchande à l’honnêteté irréprochable. »


Et la prêtresse d’ajouter dans un murmure à peine audible : « Je veux sa tête. » Quant à savoir si elle parlait de celle de la créature ou de la maîtresse, ce n’était pas très clair.





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MessageSujet: Re: À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé   À Chaszmyr, elle vint réclamer son or | Annulé I_icon_minitimeMar 23 Déc 2014 - 7:30

« Qu’importe combien de leurs vies j’ai déjà vécu, Khatib… Thaar est un monde où le temps s’écoule à leur rythme, tu devrais le savoir. »

La Princesse Marchande rompit avec son attitude froide, affichant une surprise identique. Monarth demeurait un esprit libre, malgré qu’il ait accepté désormais de l’accompagner, mais si Itarillë se tenait, concédant à ne plus s’égarer dans de tel tour, se satisfaisant des seules pensées du Sang-Mêlé auquel elle était liée, il semblait et apparaissait évident que le mâle lui ne se soumettait à aucune de ces petites exigences… Il demeurait même relativement fermé, sinon avec la femelle. Mais c’était autre chose… Elle le savait se comporter ainsi, mais n’ignorer rien de son habilité, comment l’avait-elle détecté ? Et puis… Pourquoi Arthur ? Et un nouveau contact se fit, une pensée fugitive.

Elle possède des souvenirs d’une autre…

C’était une chose curieuse, mais elle devait désormais composer avec l’accusation que lui lançait Khatib, et devrait s’épargner la plupart des profits qu’il pouvait espérer en tirer. Pour cela, il existait une solution des plus simples, à vrai dire, la vérité. Et surtout, il fallait écarter, à regret, celui qui, pour le moment lui posait des problèmes… Elle allait devoir traiter avec lui de retour à Thaar… Elle pourrait étouffer la rumeur, en partie, mais elle ne pouvait permettre à l’incident de se reproduire.

« Ce n’est pas une pratique volontaire, je le crains, et je m’en excuse… Si votre fille sait ce qu’est un dräke, alors elle sait ces créatures bien davantage que de vulgaires animaux, ce sont des esprits libres et curieux, et celui-ci ne m’accompagne pas depuis assez longtemps pour avoir accepter de s’ouvrir à moi, d’accepter la retenue que j’exige. C’était le premier incident et je m’en excuse…

Eärnil, peux-tu t’en occuper ? »


Mais bien davantage qu’Eärnil, c’est la bleue juchée sur son épaule qui ne manqua pas de gronder mentalement le mâle, sifflant dans sa direction, faisant claquer sa petite langue fourchue, qui se redressa, déploya ses ailes et décolla, laissant même suggérer une certaine colère, malgré sa petite taille. Les choses n’étaient pas terminées, et elle allait devoir jongler avec ces considérations. Mais elle avait noté de nombreuses choses, et se demandait encore comment Arthur avait pu apparaître dans cette conversation… L’avait-elle déjà croisé ? C’était une possibilité.

Ces souvenirs ne sont pas à toi ! Je les connais ! Je les reconnais !

Il avait suivi le flot des souvenirs que le nom d’Arthur avait évoqué, elle connaissait son ancienne vie, mais pas d’elle-même… Les souvenirs qu’elle possédait furent opposé aux siens et il reconnut le bruit et les senteurs du mariage tout d’abord, de la Liée à Incanus, le Sans Aile. Et si ces derniers permirent à la Doeben de comprendre la situation, ils permirent à Monarth de se souvenir et de reconnaître vaguement l’esprit singulier qui les possédait autrefois… Comment ignorer et ne pas reconnaître ceux d’une de celle que ces créatures appelaient Gardiens… Aveugles et liés aux Dieux, disaient-ils…
Et avant qu’il ne quitte la pièce, il balança une pensée plus simple, mais que chaque être présent pu entendre, cette fois.

Tu n’es pas celle qui aura ma tête, voleuse !

Et la source de tant de troubles et d’embarras disparus dans les couloirs, laissant à Milynéa le sale travail de réparer les dégâts occasionnés. Il était plus que temps de mettre les choses au point avec le dräke, qu’il soit curieux n’était pas dérangeant, au quotidien, d’autant plus si il demeurait discret… Mais s’il commençait à rompre le silence et à faire une telle scène. Qu’importe le sens à donner, et l’importance que ce qu’il avait découvert pouvait revêtir, il était allé trop loin. Mais une information était apparue dans cette scène, et cela n’avait pas échappé à l’attention de la Princesse Marchande...

« Je m’excuse de ne pas m’en être rendu compte plus tôt, Azza… J’ignorais que vous étiez devenue aveugle. »

Elle devait considérer avoir perdu la main pour l’heure, à cause du dräke… Elle devrait sans doute concéder un petit geste commercial pour effacer l’incident, mais elle ne renoncerait pas à tant pour autant... Les dégâts que pouvaient faire le despote était des plus relatifs, en définitive, et elle pourrait balayer les accusations, quitte à concéder l’absence des dräkes durant les discussions – ce qui ne changerait rien.

« J’imagine aisément, et se serait justifié, que vous voulez une compensation à ce petit incident… Dites moi donc votre prix pour oublier cet écart du dräke. »

Elle anticipait déjà un excès, tout en ne le souhaitant pas. Toutefois, elle porta une attention particulière à Azza… Monarth l’avait traité de voleuse, prétendant qu’elle détenait les souvenirs d’une autre… C’était curieux et un instant, elle se demanda si la jeune doebienne ne se prêtait pas au même jeu que le dräke.
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