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 Où l'on se prépare au pire

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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeVen 9 Jan 2015 - 11:35

5ème jour de la 1ère énéade de Bàrkios, 8ème année du 11ème cycle.

"Combien, Evrard ?
- Quatorze, au total. Huit du bourg, six des nôtres.
- Cela fait trois de plus qu'hier. À ce rythme là, je dirigerais bientôt une armée de cadavres.
- Les gens d'Hasseroi disent qu'une décoction de coing, prise régul...
- Au diable leurs remèdes ! Nos hommes deviennent pustuleux, et deux jours plus tard, ils se pâment et meurent ! La médecine n'y fait rien, les prêtres sont impuissants, et...
- Et ce n'est même pas la saison des coings.
- Ah, la paix ! Il nous faut endiguer ce fléau, mais comment faire ?"

Le marquis et son frère devisaient ainsi, graves, observant de loin le délestage des morts dans la fosse commune. On inaugurait celle-ci, flambant neuve, après que l'ancienne ne se soit comblée, et que les charniers eurent commencer à fleurir dans la campagne. La Malemort s'était abattue sur l'Oesgardie, et avec elle son cortège de misère. Tant dans les villes qu'au camp, les hommes se réveillaient pustuleux, et peu après la mort survenait. Bientôt, les processions dans l'hasseroyales s'étaient multipliées, et l'on avait vu force clercs exorciser ce mal que l'on disait divin, pourtant, l'épidémie progressait inlassablement.

"Toi qui t'y trouvais en ce temps là, que fit feu le Roy Ultuant pour contenir la peste, lorsqu'elle frappa Diantra ?
- Il bouta le feu aux maisons des malades, dressa des bûchers pour les cadavres. Les infectés furent isolés au sein même de la ville, et nul ne put en sortir.
- Soit ; Diantra a su chasser ce fléau, nous en ferons tout autant.
- Ne crains tu pas que les gens d'Hasseroi nous tiennent rancune pour avoir incendié leurs pénates ?
- Peu m'en chaut, tant que nous en réchappons. Allons, ne restons pas ici."

La coterie regagna le camp fortifié, et prit le chemin de la grand'tente. Les nouvelles de Diantra n'avaient eut ici que peu d'incidence, et la routine militaire semblait s'être instaurée. On écoutait plus attentivement les rapports venus d'Oesgard ou de Nulhadon que les échos des victoires sur les armées de la régente. Il y a peu, l'ennemi s'était claquemuré derrière ses portes ; de même, on avait appris le repli du Maréchal derrière la Sirilya, dans ses nouvelles forteresses. À n'en pas douter, tout le pays devait avoir été frappé par la Malemort.

Sous la grand'tente, le marquis avait fait rassembler son conseil de guerre. Le moral s'était lentement enlisé, faute d'action. Plusieurs étaient les seigneurs à s'être déjà prononcé pour un retour ; d'autres avaient suggéré d'attaquer Oesgard de front. Une chose était certaine : tous souhaitaient en terminer une bonne fois pour toute, et l'épidémie naissante n'allait pas les convaincre de rester plus longtemps en pays oesgardien. C'était pourtant le souhait d'Aymeric : en abandonnant le terrain, il perdrait le soutient de l'Hasseroyale, et de fait sa tête de pont dans la baronnie. Pour autant, il demeurait figé, toisant en chien de faïence les deux factions adverses. Chacune, à n'en pas douter, guettait l'imprudence des autres pour achever la guerre.

"Quelles sont les nouvelles ?
- Sire mon oncle, les bateliers d'Hasseroi racontent que Clairssac s'est emparé de Dormmel
- Il ne s'en est pas emparé, Nestor, les bourgeois se sont ralliés à lui, répondit le frère du marquis
- Voila qui était prévisible. Dormmel est le fief de la famille de Courreau. Ceux ci s'étaient inclinés devant l'Usurpateur, mais il n'était un secret pour personne que leur obédience penchait pour le seigneur d'Überwald.
- Messire, il ne s'agit pas de ça... Il se dit que les échevins on appelé à l'aide le Maréchal, pour qu'il les défende des drows.
- Des drows ? Balivernes. Le peuple voit des drows dans chaque bois, en ce moment. Il se dit même qu'on a vu des dragons chasser dans les pâturages ! Peste soit de ces couards ! S'ils ouvrent leurs portes à chaque rumeur venue, nous prendrons cette ville aisément.
- Je crains pourtant que les rumeurs ne soient vraies, il se dit parmi la gueusaille qu'ils rôdent dans l'Aduram, aux frontières du pays. Qui plus est, la peste...
- Eh bien ? Continuez, Geoffrey.
- Mon frère, Monsieur de Clairséant apporte la réponse à cette énigme ! À Diantra, la peste était le fruit des drows." interrompit Evrard, apportant la conclusion

Un silence grave s'abattit sur l'assemblée. Pour beaucoup, ce qui s'était annoncé comme une glorieuse chevauchée contre une baronnie rebelle et un seigneur félon se transformait en une guerre dont ils ne mesuraient l'ampleur. Autrefois, il avait fallu que le royaume entier se mobilisât pour bouter hors d'Alonna la menace noirelfique. Bien que l'on ignorât encore la force dont pouvait se targuer les drows, l'armée du marquis, quoique redoutable, semblait alors fort modeste. Une semaine plus tôt, on avait appris la retraite des cavaliers d'Arétria. Si la nouvelle avait réjoui les hommes - c'était l'ost du maréchal qui se voyait amputé de combattant -, d'aucuns avaient perçu la chose comme les rats quittent le navire. Désormais, l'impression se confirmait : autour de la table, des regards inquiets s'échangèrent ; Aymeric y mit un terme en prenant la parole.

"Si les drows sont revenus tourmenter la Péninsule il est de notre devoir de les en chasser.
- Goar l'Usurpateur s'est exclu lui même du royaume. Pourquoi devrions nous aujourd'hui porter assistance à son successeur ?
- Le Sanglier d'Amblère n'a-t-il pas lui même, durant sa folle croisade, planté les graines de cette discorde, mon oncle ? Qui sème le vent récolte la tempête !
- Allons, seriez vous couards ? Goar était un homme infâme, mais il demeurait un homme. Ces créatures, elles, n'en sont pas. Pensez vous qu'elles s’arrêteront à la frontière, une fois Oesgard conquise ? Non ! À maintes reprise, nos aïeuls ont versé leur sang pour garder ces terres des drows. L'avanie d'un seul parvenu nous ferait elle renier cette héritage ?
- Je... Je n'aurais pas du dire cela, mon oncle. Pardonnez moi.
- Mais comment repousser ces hordes, messire, quand nos hommes tombent malades de jour en jour ? Si comme l'a dit Evrard, la Malemort est le premier coup que nous porte les drows, il faut nous en protéger, sans quoi nous ne saurions résister aux puysards.
- Vous avez raison, Roland. Voila mes directives : nous traverserons le fleuve, où nous installeront nos redoutes. De la sorte, les drows ne sauraient nous attaquer directement. Les cadavres seront dorénavant brûlés, et ce loin du bourg. Transmettez ces ordres aux échevins d'Hasseroi : les infectés doivent être circonscrits dans la ville, et leurs maisons condamnées. Nos malades prendrons également leur quartiers là bas, en quarantaine.
- Et le camp, messire ? Laissé sans garnison, il pourrait devenir une solide bastide en cas d'attaque.
- Après l'avoir évacué, nous y bouterons le feu. Est-ce clair ? Les hommes ne doivent plus s'abreuver au fleuve, seulement aux puits. Que l'on enfume les casemates, pour en chasser la vermine. Apportez moi en outre du vélin ; si Clairssac a bel et bien été appelé par la gent de Dormmel, c'est qu'il s'est résolu lui aussi à affronter les drows. Tant que cette menace pèse sur nos têtes, je gage que nous puissions arriver à une trêve."

Le conseil fut dispersé, et chacun entreprit de regagner ses hommes, pour commencer la manœuvre. Il ne fallut pas moins d'une journée entière pour acheminer les troupes et les bagages de l'autre côté du fleuve, mais la nuit venue, Aymeric offrit au peuple d'Oesgard un spectacle rare. On fit transporter les derniers morts dans l'ancien camp, dont on avait jeté à bas les palissades. L'ouvrage défensif, auquel s'était occupé la soldatesque pendant ces semaines, tant pour des raisons militaires que pour tromper l'ennui, fut réduit à l'état de bûcher, fruste certes, mais ô combien fourni. Les flammes brûleraient assurément jusqu'à l'aube.

Aymeric contemplait, hypnotisé comme nombre des spectateur, ces immenses langues de feu tournoyer dans l'air, espérant déceler dans les panaches de fumée un oracle bénéfique. Sa méditation fut cependant interrompue par l'arrivée d'un héraut, lequel annonça un émissaire venu d'Alonna. La chose était surprenante, et Aymeric, dont l'attention tout entière s'était pendant ces semaines portée sur l'Oesgardie, avait négligé la marche alonnaise. Pour autant, il ne pouvait se résoudre à l'ignorer ; on fit donc dresser une modeste table, avec deux sièges de campagne. Des vivres et quelques fourrures furent amenées, ainsi, l'émissaire et son hôte pourraient deviser toute la nuit durant, jouissant d'un bucher gargantuesque qui ne manquerait d'impressionner.


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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeVen 9 Jan 2015 - 12:02

Le premier jour de la première énnéade de Barkios était une journée nuageuse. Un ciel grisâtre qui menait plus au nord encore le fils Wacume, loyal de la famille Broissieux. A peine plus vieux qu'Alanya, il était fort et très aimable si bien que si sa femme venait à mourir il aurait sans nul doute été le plus beau partit de l'Alonnan. A ses côtés voyageait, juchée sur une jument au pieds sûrs, la douce Angélique, soeur de la baronne.
Ils avaient été plus tôt nommé pour rapporter quelques nouvelles et commandements aux troupes de la bannière au Faucon envoyé auprès du seigneur Clairessac. Ce même homme fringuant venu du Sud et repartit il y a peu.
La journée se déroula au train cadencé du destrier qui foulait inlassablement la terre meuble, jusqu'à l'arrivée au castel d'Adelagny. Si flottaient encore les bannières de la Licorne, il n'y avait là bas qu'une poignée d'hommes tantôt blessés tantôt malade. Etait-ce dont là tout le mal de l'Oësgardie? D'affreux bubons naissaient sur la peau des malheureux qui semblaient lutter contre une force bien trop grande. Flottait en ces lieux une odeur putride, une odeur de mort. Mais là était un portrait bien sombre que tirait le seigneur-galant qui fierement engoncé dans ses habits ignorait sans le vouloir les visages encore souriants et libérés du perfide Goar.
Le lendemain fut marqué par un chemin plus court peut-être. Il était à peine la mi journée lorsqu'ils atteignirent les murs haut de la citée où était arrêté le seigneur de Clairessac. La ville était en effervescence et il n'eut aucun mal à trouver le lieu où se trouvait les seigneurs commandants auprès desquels on le fit annoncer bien vite.
"Messeigneurs". Il s'inclina respectueusement, passant ses yeux sur le jeune Fulcran qui avait le visage pâle et les joues creuses qui le gratifia d'une accolade amicale. Il était vrai que malgré la différence d'âge, la famille Wacume avait toujours été très amie avec celle du jeune noble, et il le connaissait de longue date.
"Voilà un bien long chemin pour une simple courtoisie. Quelle nouvelle nous menez-vous de l'Alonnan?". Il s'agissait de Guillaume, frère à n'en pas mentir du baron d'Etherna. Il fallait croire que les tâches ingrates étaient toujours laissées aux frères.
"Par les Cinq, je ne m'attendais pas à un acceuil plus chaleureux!". Il ironisait, dardant un regard noir sur la petite assemblée de notable. Ce qu'il allait annoncer n'allait en aucun améliorer l'entente autour de cette tablée. "L'on m'envoie, mon seigneur au nom de l'Alonnan et de sa baronne".
"Parlez donc".
"Dame Sidoine d'Entiane, mère de la baronne et intendante de l'Alonnan en son absence et en l'absence de son fils en ses terres, ordonne aux troupes de prendre la route du retour. Nous avons offert au seigneur de Clairessac une aide précieuse pour la prise de nombreuses châtelleries et nous estimons que notre part est faite".
Et si le reste de la conversation fut animée, on n'en retiendra que ces quelques échanges qui eurent un effet immédiat. Les capitaines rassemblèrent les troupes. Le seigneur alla quérir le frère de la baronne alors que celui-ci menait grand train à travers le camp.
"Seigneur, attendez". Il arriva à sa hauteur. Le jeune Fulcran avait les traits tirés et il remarqua bien vite les cernes qu'il n'avait pas vu plus tôt. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas dû trouver un vrai sommeil pour avoir une telle tête.
"Odias. Est-ce ma mère qui s'inquiète de trop pour me faire revenir alors même que nos frontières sont en péril?"
"Que dites-vous? Vous avez presque repris la Sgardie tandis que le Marquis se cantonne à Hasseroi. Si une guerre n'est gagné qu'une fois son ennemi mort, l'on peut y voir là des signes plus qu'encourageant ".
"Je ne vous parle pas de guerre mon ami. Je vous parle de ces monstres qui se massent à nos frontières, qui animent nos corps une fois l'âme auprès de Néera".
"Sotise! Que vous a-t-on dit pour que vous imaginiez de telles choses?"
"Je ne vous mens pas. J'ai vu ce qu'ils font là bas, à nos frontières les plus proches de l'Alonnan. S'en reviennent des notres meurtris, blessés, morts. L'on dit même que ce sont eux qui mènent la Noire Mort".
"Mais qui sont ceux dont vous parlez Fulcran? Je doute malgré toute son ingéniosité que le marquis serramirois sois capable de faire bouger des morts !"
"Les drows Odias ! Les drows sont aux frontières de la sgarde et si nous ne faisons rien, ce sera notre terre qu'ils prendront après celle-ci !"
Un instant de silence s'installa entre les deux hommes qui avaient arrêté d'avancer. Odias de Wacume, fils du seigneur du fief avait du mal à entendre ce que lui contait pourtant avec la plus grande des honneteté le frère de la baronne. Comment cela pourrait-il être vrai alors même que l'on n'avait plus vu ces enfants du chaos depuis.. Il n'aurait su le dire. Pour lui, tout cela n'était que contes et légendes, des histoires de vieilles pour les enfants trop gourmands.
"Dites-vous vrai mon ami?"
"Je dis vrai. Aussi vrai que nous avons perdu six cents de nos hommes dans les batailles et cent autre de la peste. Leurs visages... Odias, la guerre fait des plaies bien plus profondes à l'âme qu'au corps". Il le regardait attristé. Et en venant l'arracher à ce monde de mort, Odias lui avait simplement retiré la fatalité qu'il avait fini par accepter. Il imaginait non sans mal ces nuits d'insomnies où se bousculaient ses derniers voeux, ses dernières pensées comme si quelqu'un d'un peu trop proche pouvait entendre son esprit et à sa mort transmettre ses volontés.
"Combien reste-t-il de malade?"
"Pas plus de cinq, les autres sont morts dans la nuit".
Il déglutit. Les préoccupations au château d'Alonna était tout autre et bientôt, il devrait l'en informer.
"Fulcran, mon ami. Votre mère voulait que je vous apprenne son prochain mariage".
Si l'évocation de la menace drow avait arrêté les deux nobles, là, c'était le jeune homme qui avait pilé des quatre fers, fixant béatement son interlocuteur. "Votre mère a accepter d'épouser le seigneur d'Eskil, seigneur de la ville de Chtoll et cousin de ce dern".. Il en avait trop dit et l'impulsivité était un trait de famille qu'appris Odias. Il n'avait même pas fini sa phrase que le poing de Fulcran touchait sa joue avec toute la rage d'un fils trahi. Presque sonné, à demi plié, il ne pouvait lui en vouloir. Même lui ne pouvait que trop comprendre sa réaction. Comment réagirait ses enfants si un jour il venait à leur apprendre un remariage -si tant est que sa femme sois morte.


Fulcran le fixait avec rage. Du dégout et de la haine, non pas envers cet homme qui était parvenu lui annoncer la nouvelle mais envers les siens. Il imaginait déjà sa mère au bras du vieux porc et la simple image de leur union lui donnait la nausée.
Sans d'autre cérémonie, il partit à tout allure vers le lieu de rassemblement des troupes, là où était sa véritable place à présent. Ni fils ni frère, il ne pouvait que ce résoudre à être pion parmi les pions. Dès le lendemain il prendrait la route pour l'Alonnan avec ces hommes qui avaient rythmé ses dernières énnéades. Il avait fait ses adieux à Guillaume et aurait aimé en faire tout autant avec Jérôme mais le devoir le ramènerait sur son chemin.
"Trouvons nous des filles mon seigneur, pour fêter notre départ de ce merdier !"
Un homme guillerait le saluait d'un grand geste franc et amical, bien qu'il n'eut souvenir de lui. Etait-ce dont là toute la cohésion d'une armée? Il lui répondit d'un sourire mais le coeur n'y était pas. Il aurait voulu faire comme d'antan, fourrer la gueuse et s'en retourner sans un mot. Il l'aurait voulu pourtant dans sa poitrine pesait un poids que même l'amour d'une nuit ne consolerait pas. Il se sentait trahit.
Quelques heures passèrent dans la même mesure, jusqu'à ce qu'Odias se joigne à lui pour le dîner, où il était attablé avec tout les seigneurs de la guerre. Avant même que le fils Wacume eu pu ouvrir la bouche, déjà il se confondait en excuses:
"Vous ne méritiez pas ce que je vous ai fait. La colère a parlé pour moi et vous n'y êtes en rien fautif. Trouverez vous le coeur pour me pardonner?"
L'autre, un peu surpris servit deux coupes qu'il leva fièrement:
"Fêtons votre retour au pays, festoyons pour ceux qui ne le peuvent plus et buvons pour nos ailleux qui nous veillent depuis le royaume de Neéra".
Fulcran se saisit d'une coupe et comme deux amis, ils mangèrent à s'assiété et parlèrent à en saliver.
"Resterez vous avec moi quelques jours? Je doute que Guillaume ne mène d'attaque d'ici le retour de son frère et me voilà privé de corvée"
"Hélas non mon ami. Votre mère me faire quérir auprès du Marquis pour lui transmettre quelques courtoisies".
Le jeune homme fronça les sourcils. "Plait-il? Elle nous fait lever bannières pour retourner auprès de nos foyers et si tôt fait, vous envoie courir la brune de Serramire?"
"Voyez là une simple coïncidence Fulcran".
"J'y vois là une mégarde politique toute féminine surtout!", il semblait songeur et sa réflexion ne se cantonnait pas aux seules limites de son esprit.
"Ne médisez pas sur les femmes, elles sont plus fines que nous surtout pour avoir ce qu'elles veulent, croyez moi bien j'en ai une qui m'attend surement déjà le pied ferme". Et ils rirent de bon coeur.
"Bien, je vous crois si vous m'assurez que cela n'est qu'hasard fâcheux. Il me ferait peine de voir ma douce soeur venir à moi et prendre une rouste pour des décisions que je n'ai pas prises".
"Oserait-elle?"
"Ne suis-je pas l'Intendant en son absence? Elle n'était pas là, elle ne saura pas que c'est notre pauvre mère à moitié sénile qui a décidé un beau matin d'aller copiner avec le Corbeau au plus beau ramage du tout Serramire !"
Les rires éclatèrent encore. Ils étaient moqueur mais pas méchant et cela faisait longtemps que Fulcran n'avait pas eu le loisir d'entretenir une conversation aussi triviale que légère.
"Toujours est-il qu'elle m'envoie moi faire des ronds de jambe à un marquis qui n'a cure de mon existence. Peut être a-t-il au mieux croiser mon père un jour".
Et le ton redevint plus sérieux. "Alors j'irais moi.".
"Folie que ceci. Vous criez à la faute en voyant une mauvaise manoeuvre politique et voilà que vous vous jetez dans la gueule du lion! Vous êtes ici au prise du Clairessac par une clause expréssive d'un serment qu'a signé de sa main la baronne elle-même. Non, je partirais avec votre jeune soeur dont les charmes pourraient amadouer le Marquis."
"[color=green]Méfiez vous Odias, je vous apprécie, mais il n'y a de justice plus sangante que celle d'un frère. Profitons qu'Angélique soit ici pour proposer à mes geôlier un échange. Restez avec elle pour veiller à ses bons traitements et j'irais quérir le coeur de notre donzelle.[/green]".
"M'estimez-vous assez fou pour que je vous laisse aller seul vous présenter?"
"Non, je vous estime assez fou pour m'y accompagner".

Le lendemain les hommes s'affèraient à leur retour. Ils ne partiraient que le lendemain encore ou le surlendemain au mieux. Il fallait rassembler les affaires de tous et faire état des lieux et forces. Même s'ils allaient traverser des territoires conquis, nul n'est à l'abris aussi les quelques capitaines Alonnais se tenaient en conseil pour s'assurer du bon déroulement du transfert. Ils ne mettraient que quelques jours et seraient certainement arriver avant la fin de l'énnéade. Peut-être même qu'Odias et Fulcran auraient le temps de les rejoindre après leur visite.
Les deux hommes ne partirent que dans la journée car le voyage n'était pas long. Tout deux à cheval, Odias portait la bannière du faucon. Fulcran quant à lui pensait à ce qui s'était passé dans la tête de sa mère. Les Chtoll était une branche qu'il aurait été plus judicieux d'éradiquer. Il serra les poings à s'en faire blanchir les jointures.
"Cessez donc ou votre monture va finir par marcher en arrière à trop forcer".

Il arrivèrent à la nuit tombée. Tout le champs sentait le brulé et l'on voyait dans le ciel s'envoler des voûtes de fumée au dessus de quelques points lumineux. Des feux. L'odeur de la chair qui brûle agressait leurs narines à mesure que les chevaux s'approchaient de ce qui fut l'ancien camp du marquis. L'on ne remarquait bientôt plus que ces grands brasiers de corps. Fulcran s'arrêta un instant, observant le visage calciné d'un malheureux que les flammes léchaient goulument. Un haut le coeur le pris. Etait-ce là tout les cadavres des pesteux? Ils ne s'attardèrent pas plus car s'affairaient derrière l'Arbrie le camp de le leur destination.
On les arrêta bientôt et ils se présentèrent sans détour, faisant quérir au premier hérault que des envoyés de l'Alonnan attendaient après le marquis. Et ils ne furent pas déçus car très vite on les fit démonter pour les conduire en bout, près de l'eau qui s'écoulait tranquillement en ce printemps bien triste et assez frais.
Là ce dressait une table avec quelques vivres, le tout très certainement poser à la hâte au vu du chambardement qui animait tout les soldats. Ils avaient dûs lever camp le jour même et s'évertuaient à tout monter avant l'aube. Un homme élancé, à la carrure stable les attendait patiemment. Fulcran devançait de son pas souple le fils Wacume qui, de toute manière, ne serait convier à la discussion que peu de temps.
Le frère de la baronne se plaça de telle manière à ne pas se mettre face à son interlocuteur dont les long cheveux de jais cascadaient sur ses épaules. C'était une manière plus courtoise de saluer, il se souvenait encore des remontrances lors de ses quelques leçons. "Ne saluez jamais de face mais toujours de biais. Ainsi vous ne bloquez pas la route ni la vision et vous ne donnez pas envie à votre partenaire de discussion de tourner talon pour vous contourner puisqu'il a le choix d'encore avancer". Le jeune seigneur sourit en dardant un regard fier sur le marquis et salua très respectueusement: "Votre Excellence, me voilà surement déjà annoncé et j'espère que vous pardonnerez de l'entendre à nouveau si cela était le cas; Fulcran d'Entiane, Intendant de l'Alonnan en l'absence de ma soeur, la baronne Alanya de Broissieux. Veuillez, mon seigneur entendre tout les respects les plus sincères de cette dernière qui n'a pu être auprès de vous ce jour".
Il y était allé fort mais au moins, les poils seraient brosser dans le bon sens.

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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeLun 12 Jan 2015 - 21:31

Le marquis dévisagea son interlocuteur. L'homme, dont la fatigue ne masquait que partiellement les traits juvéniles, était de ces jeunes chevaliers qui au lieu d'un premier tournoi, avaient mis les pieds dans une guerre ardue, longue, sale. Son visage en portait les stigmates. Il n'aurait été pas étonnant du reste que ces ravages soient moins le produit d'une rude existence de campagne que de sa soudaineté. Qui pouvait en effet prédire, il y a plus d'un mois de cela, que le cadet d'une petite dame du cru, de lignée insignifiante, serait amené à diriger une horde aux côtés du Maréchal du Nord ? Ce devait être, à n'en pas douter, un bien nouveau monde, que celui que Fulcran découvrait chaque jour.

Le jeune homme, par ailleurs avide de défis, s'essayait désormais à l'art de la diplomatie. Pour quelle raison, le marquis l'ignorait, avait on décidé de venir le courtiser subitement ? Seul un sot, en voyant Aymeric entreprendre sa guerre contre le Maréchal, n'en aurait déduit le sort qu'il réservait aux Broissieux, ce couple de pantin installés sur le trône par Jérôme au début de son offensive. Pourtant, on venait d'envoyer les plus proches représentants d'Alanya jusque dans l'extrême Nord d'un pays en guerre ; il y avait fort à parier que ce n'était ni pour de la fanfaronnade, ni pour des badineries. Aymeric, dès lors, se résolut à parler franchement.

"Ne le pouvait elle ? Ou ne l'eusse-t-elle jamais souhaité ? Je me suis laissé entendre dire que le corps de son époux encore tiède, votre sœur s'en était allée dans le Sud. Peste soit de l'inconstance des femelles. Venez, bons sires, asseyons nous." Déclara-t-il avant de joindre le geste à la parole.

L'instant suivant, son valet, le fidèle Jaljen, versait aux trois hommes un vin capiteux de Hautval, et leur découpait quelques tranches d'une épaisse miche. Ce n'étaient là guère plus qu'un en-cas rudimentaire, un casse-croute, mais la vie militaire excluait les menus plaisirs de la table. Fort heureusement, l'essentiel - du pain et du sel - abondait encore. "La mort de votre frère, le seigneur Desmond, m'a grandement attristé. J'ai souvenance parfois d'une partie de chasse donnée jadis dans les domaines de sa mère, non loin de Brochant. Il venait d'être fait écuyer. Ces évènements, pourtant vieux d'une seule décennie, semblaient bien lointain aux yeux du marquis, lequel soupira longuement. Quelle pitié que la Camarde l'ait emporté si tôt." Depuis dix ans, Aymeric ne cessait de voir trépasser les hommes aux côtés desquels il avait grandi. Bien qu'il fut emprunt d'une mélancolie certaine en cet instant, le marquis n'en laissa rien paraître, et reprit derechef sa causerie en s'adressant au fils Wacume : "Et vous, cher Odias, comment se porte votre père, le seigneur Bérard ? Il me plairait grandement de le rencontrer à nouveau."

La conversation, tenue au hors-d’œuvre, continua de manière polie pendant quelques minutes, durant lesquelles les trois hommes causèrent du monde, des nouvelles, du temps. Aymeric, évitant pudiquement les sujets fâcheux, s'efforçait de restaurer avec affabilité l'entente cordiale qui eut du présidé aux relations entre voisins. Après tout, dans ce Nord, tous avaient grandi à quelques lieues l'un de l'autre, et si chacun ne pouvait prétendre au lignage de l'un ou à la fortune de l'autre, ils demeuraient pour la plupart des gens de la même race. Cependant, après qu'il eut estimé avoir suffisamment badiné, le marquis laissa un silence s'installer. Lorsqu'il reprit la parole, peu après, il en vint au sujet véritable. "Chers amis, puis-je vous demander les raisons qui poussent aujourd'hui la dame de Broissieux à vous envoyer auprès de moi ? On m'a rapporté la levée du ban d'Alonna, que signifie tout ceci ?"

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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:14


Si tôt introduit par ses propres soins qu'Odias l'imita dans une toute autre mesure. Le fils Wacume n'aimait pas parler pour flatter et encore moins flatter quelqu'un de la trempe du Marquis. Si beau fut-il, rasé de près et sans que la guerre n'ait atteind son faciès, il n'en restait pas moins un renard habile qui aurait vite fait de croquer dans les terres qui considéraient siennes et Fulcran ne l'ignorait pas. Après tout, il en avait parlé avec son compagnon durant le trajet. Si les lettres données disaient vraies alors sans nul doute qu'il valait mieux faire bonne figure poignard dans le dos.
Il n'y avait au fond peut être tâche plus ingrate que de bavasser devant des brasiers de corps, au milieu d'une guerre, à un homme qui ne vous veut pas que du bien.
Peut-être mais toujours est-il, après toutefois avoir craché quelques peu sur la pauvre Alanya non présente, il les invita à sa table.
"Revoyez vos informateurs mon bon seigneur, car -vous m'en verrez désolé- là n'est pas l'exacte vérité. Feu Desmond mon cousin avait lui même fait quérir sa femme vers le sud. Il avait la rudesse du Nord qui sied aux hommes or il fallait la douceur et la rondeur d'une femme pour la tâche qu'ils devaient tout deux accomplir. Aussi n'était-il pas encore dans le royaume de Néera quand notre baronne a quitté la terre. Croyez bien qu'il a dû en couter fort à ma soeur de ne pas revenir si tôt la triste nouvelle apprise. Elle a porté le deuil à travers toute la péninsule et je sais qu'elle honorera son époux à son retour qui ne tardera pas plus". Fulcran sourit en humant le vin du médian qu'on lui avait servit. Humer seulement car il reposa la coupe pas encore vidée d'une seule goutte.
"Le domaine de sa mère était un endroit semi sacré pour lui. La pauvre Dame a perdu la vie en lui offrant la sienne et je crois qu'il se sentait toujours coupable". Il posa un regard presque compatissant sur l'homme brun face à lui et poursuivit d'une même voix: "Peut-être une fois tout ceci terminé viendrez-vous lui rendre l'hommage qui lui revient en Alonna".
Fulcran se perdit un temps dans la contemplation des flammes tandis que le marquis exprimait quelques banalités avec Odias qui lui répondit avec politesse. Une contemplation qui dura presque autant de temps que les quelques mots échangés sur leur quotidien respectif, sachant qu'il ne s'agissait là que cul-pincé, tournant allègrement autour du pot pour ne pas entrer de suite dans le vif du sujet. Fulcran attendait patiemment que la conversation prenne des allures plus intéréssante pour s'y plonger entièrement.
Les minutes s'égrainaient et le feu ne semblait pas faiblir. L'odeur des corps calcinés leur parvenait sans mal, peut être le vent avait-il tourné vers le camp. L'odeur des frères d'armes, morts loin de chez eux. C'est finalement le moment que choisit le Corbeau de Serramire pour mettre les pieds dans le plat et pas de la plus délicate des manières. Il était vrai que sa mère, durant son absence, avait fait lever les bans et le fils Wacume avait réussit à lui en toucher deux mots. Si Fulcran venait à manquer d'informations, il savait que son ami viendrait à compléter:
"Il est dans votre bon droit de savoir pourquoi nous sommes ici votre Excellence. La guerre menace à nos portes, tantôt par nos fiefs, tantôt par quelques suderons et maintenant par des créatures arrivées de bien trop loin. Voyez mon seigneur, il n'est pas de plus bonne raison pour entretenir les liens avec nos voisins. Il serait aussi stupide que fâcheux qu'un conflit n'éclate pour de mauvaises raisons". Le jeune frère avait reporté ses yeux gris, héritage familial, sur son interlocuteur. Il avait la mine grave et pesait soigneusement chacun de ses termes. Odias bougea un peu et posa sur la table les deux lettres au sceau brisé du Corbeau sur la table.
"Et ceci nous est parvenus par mégarde ou par tromperie en Alonnan. Lisez donc".
Le deux hommes laissèrent assez de temps au marquis pour faire courir ses yeux intelligents sur le vélin. Aussi, lorsqu'il finit la lecture, Fulcran repris. "N'y voyez là aucune accusation seigneur Brochant. Nous venons tirer ici ces histoires au clair". Les choses étaient dite dans la décontraction la plus relative que l'on pu au vu de la gravité des propos.
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:21

Des réponses de Fulcran, le marquis ne sut dissocier le conseil de la menace. Un chiot acculé ne jappe-t-il d'autant plus fort ? Entendre ce jeune homme, après que sa sœur se fut faite félonne aux yeux du marquis, conjurer le sain respect des frontières, aurait pu revêtir des aspects presque comiques. Le drôle, comme on disait, courrait après deux lièvres. Résolus dans leur isolement, les gens d'Alonna espéraient pourtant que l'on préserverait leur nouvelle indépendance. Ignoraient ils seulement qu'ils avaient lésé Aymeric de sa baronnie ? Ce dernier, dont la rancœur pour ce grief était demeurée tenace à l'encontre des époux Broissieux, s’apprêtait à leur répondre sèchement, avant que le fils Wacume ne tue dans l’œuf sa saillie.

Voila qui, s'il s'agissait peut-être d'une diversion, n'en demeurait pas moins une diversion intéressante. Le marquis, intrigué, s'abîma dans l'observation du second vélin, tâchant d'en déceler l'artifice. Il avait dès la première lecture compris la rouerie, et, loin de s'en agacer, cherchait à comprendre le mécanisme. Bientôt, on le vit, silencieux, dresser le parchemin, et, à la lueur éclatante du bucher, tenter de comprendre les mystères derrière cette feuille diaphane. Finalement, admettant son ignorance, il reposa la missive, et restitua l'ensemble à ses invités. Un sourire grimait son faciès, car durant cette comédie qu'avait été l'auscultation du rouleau, il avait avant tout songé non pas à la tromperie en elle même, mais à ses conséquences.

"Que faut il tirer au clair, qui ne le soit déjà ? Le valeureux et bien probe seigneur du Lys vous gardait de me rencontrer, et aujourd'hui, je vous reçois à ma table. l'homme découvrit quelques dents, et vida sa coupe. Nul n'est besoin d'être sage pour deviner ce que vous considérâtes le bon grain, et l'ivraie. Gardez donc ces vélins. Qu'ils vous rappellent la valeur que l'on peut apporter à la parole de ce bon chevalier Duncan."

Si la providence décidait un jour de mettre le mignon de Clairssac à nouveau sur la route du marquis, nul doute que le premier eut finit au supplice. Aymeric conservait encore le souvenir outrecuidant de sa rencontre avec le Lys, et malgré les excuses reçues derechef de la part du Maréchal, gardait une dent contre son drôle de diplomate. Pourtant, si dans les méandres de son esprit, Aymeric vouait le ladre aux gémonies, il s'était bien gardé d'en laisser paraître quelque intention. S'offusquer aurait semé le doute, aussi le marquis avait il décidé de traiter l'affaire, pourtant fort grave, comme une bagatelle.

"J'ose croire, chers amis, que vous n'avez souffert un si long voyage pour ces peccadilles. Vous ne seriez assez sot pour n'avoir vous même décelé la supercherie, n'est-ce pas ? Je gage qu'on ne vous aurais remis à vous, héritiers de familles respectables, les tâches qu'incombent à quelque coursier. Me tromperais-je ? L'affaire écartée, je vous en prie, doux sires, dites moi donc ce que vous êtes venus chercher, si haut dans le Nord."

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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:28


Le marquis avait mis longtemps à ausculter le sceau, les lettrines, jusqu'au papier qui ma foi, semblait d'une qualité irréprochable. Pourtant, loin de s'en démonter il s'assura avec aisance que là n'était que sornettes et que les deux hommes, dans leur quête de la vérité avait déjà une demi réponse. Peut-être était-ce vrai, ce Duncan n'avait jamais plû à Fulcran -une vipère à la langue trop longue, mais pourtant il ne pouvait se résoudre à simplement ignorer les mots menaçants qui portaient atteintes à la baronnie. Si jamais le Corbeau était aussi bon comédien qu'habile en parole, alors il avait toute les raisons de se faire du soucis. Puis nul n'ignorait la rancoeur de ce dernier, qui hurlait à qui voulait bien l'entendre qu'il s'était fait prendre sa terre. Les barons fraichement nommés avaient décidé d'un commun accord de ne reconnaitre que leur propre autorité comme au temps de Kastlelord.
L'indépendance avait été acquise de bon gré par le prédécesseur d'Aymeric, aussi peut être ne comprenait-il pas qu'il n'était pas de son fait cette autonomie volontaire de l'Alonnan.
"Nous ne nous portons à votre table que dans l'espoir de connaître tout le fin mot de cette histoire. Croyez bien mon seigneur qu'il serait fort fâcheux que nous apprenions d'un quidam que cette lettre disait vraie et qu'alors même je me trouve devant vous vous avez maintenu qu'il n'y avait là dedans que tromperie".
Fulcran sourit poliment, mais cela sonnait faux. Affreusement faux. L'Alonnan était une question délicate, surtout en présence de celui qui se dit suzerain légitime de la terre. Même si les yeux du Marquis s'était tournés sur la Sgarde, il n'en avait pas moins oublié la baronnie voisine, du moins le supposait-il.
"Mais vous avez raison, ce n'est pas pour cela que nous avons couru jusqu'à votre tablée". Il caressait le bois de la table dans un geste lent, presque expert, cherchant la moindre imperfection pour s'en amuser aussitôt de sa pulpe. "Nos hommes ont rejoint l'Alonnan et ses troupes. Bientôt, la frontière de la Sgarde sera fermée et même les Monts d'Or ne seront plus possible d'accès de notre côté. La Noire Mort se propage et les Drows ne trouveront bientôt plus de résistance de la part des seigneurs locaux". Il fit une pause, observant d'abord le brasier derrière la rivière pour ensuite poser un regard grave sur le seigneur de Serramire. "N'était-ce pas là le moment le plus judicieux pour conclure à quelques accords?".
Fulcran se tenait droit, ses paroles étaient simples et claires et pour le moment, il ne dévoilait pas l'entièreté de son jeu. Il aurait très facilement été pris par un jeune nobliau avide de légendes, pensant encore à la beauté du monde.
Mais le monde était loin d'être beau. Non, le monde, c'est ce qu'il avait vécu ces dernières énnéades: la boue, le froid, l'insécurité, la mort. La vie n'est que misère ponctué parfois d'évènement assez heureux pour que l'on ne l'abrège pas plus tôt.
"Votre Excellence, j'en appelle à votre intelligence militaire et politique. Il ne s'agit plus d'une guerre pour reprendre une terre, ni même d'un grief pour un hommage non rendu. Il était un temps où le Nord était aussi craint que respecté. Quand est-il maintenant? Nous ne passons que pour des fauteurs de troubles et bientôt pour des incapables. Si nous ne nous lions pas d'une quelconque façon, nous aurons fort à perdre. Nos murs ont beau être épais et nos hommes vaillants, il nous sera difficile de tenir si aucun de nous n'agit en conséquence".
Voilà qui était dit. Le jeune frère avait l'oeil brillant. Il savait que ce qu'il proposait là semblait aussi irréel qu'insensé. A ses côtés le seigneur de Wacume n'en menait pas large, tout aussi surpris que le marquis par tant d'ivresse, la jeunesse a des tords que même la sagesse d'un ancien ne pourrait pas rattraper. Fulcran avait joué franc jeu et il lui plaisait de croire que là où certains y verront un simple d'esprit, d'autres comprendront son intention.
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:42

Le marquis accueillit les doutes de son interlocuteur en mimant un revers de main. Le jeune intendant, une fois de plus, offrait sa froideur à l'affabilité du marquis. Le soupçon de menace n'avait jamais quitté sa bouche, malgré les sympathiques attentions d'Aymeric. Intrinsèquement, ce dernier semblait percevoir, sinon une détresse, au moins une appréhension de la part de Fulcran. Face à un interlocuteur dont ils se méfiaient, mais qu'ils avaient été chargés de charmer, les deux plénipotentiaires atermoyaient.

Le marquis, quant à lui, jouissait aisément de cette position de courtisé. Écoutant d'une oreille d'abord distraite les explications de l'intendant, il cilla à l'évocation du retrait des troupes alonnaise. C'était un nouveau coup porté à la coalition du Maréchal de Clairssac, qui déjà amputé des armées d'arétria, perdait désormais son deuxième et principal allié. Les forces du baron d'Etherna devaient depuis le début de la guerre avoir ainsi fondu de moitié, estima-t-il, non sans amertume. Si cette défection aurait du le réjouir, elle n'en fit rien ; désormais, un nouvel ennemi s'était présenté, un ennemi contre lequel chaque renfort, fut il de l'autre bord, était le bienvenu.

Aymeric continua ainsi d'écouter les propositions, somme toute assez brumeuses, de son interlocuteur. La contradiction ne semblait guère étouffer le drôle. Après avoir proclamé unilatéralement l'indépendance d'Alonna, ses hommes regrettaient le temps d'un Nord uni. Au moment où la menace noirelfique appelait à l'union, ces coquins s'en allaient barricader leurs pénates. Enfin, les gandins prétendaient désirer l'alliance, après avoir foulé au pied l'hommage dû, et s'être fait félon. Sans qu'il ne s'en fut un instant rendu compte, l'intendant d'Alonna s'était enfoncé dans un bourbier épais, profond, et dont le seul moyen d'en échapper fut que le marquis lui lançât une corde.

Ce dernier se garda bien d'en faire autant. Bien qu'il répugnait d'entendre ce paltoquet l'insulter sans même le savoir, il se résolut à le voir s'abîmer ainsi jusqu'au bout. Ne quittant son sourire enjôleur, il se pencha vers ses deux invités, pour leur demander, baissant d'un ton : "Et que suggérez vous, messire l'intendant ? Je vous en prie, éclairez moi de votre sagesse." Le piège n'aurait pas échappé aux deux fils, mais il était trop tard pour s'en départir. Fulcran s'était trop avancé pour faire marche arrière.

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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:45


Fulcran souriait comme un enfant, toisant du regard le marquis qui semblait tout aussi à l'aise dans son rôle de donzelle à mariée, cherchant ça et là quelques amants bienvenus. Les ronds de jambes n'étaient pas le fort du jeune frère et il le montra bien vite. Le Corbeau, loin de se démonter observa une moue enjôleuse. Qui comptait-il séduire avec ses airs de pucelle? Le jeune frère ricanait intérieurement tandis que l'autre se penchait pour intimer quelque chose.
Des palabres qu'il aurait mieux fait de garder en bouche. Ses paroles doucereuses n'étaient qu'un immonde traquenard. Odias se tendit imperceptiblement pour qui ne le connaissait pas. A présent, il fallait être plus prudent encore qu'avant car chaque parole pouvait signée soit la guerre soit la paix. Et ils n'aspiraient pas vraiment à la première hypothèse.
"Mon seigneur, si vous me le permettez", demanda Odias. On lui accorda la parole sans sourciller, après tout, n'était-il pas là lui aussi pour défendre les mêmes interêts que son ami?
"Mon seigneur, peut être le seigneur Fulcran s'est-il montré trop prompt. Nos frontières ne se fermeront que si nous n'avons pas d'appui. Nous venons en ce jour vous proposer notre aide afin que la cause du Nord ne sois pas entièrement de votre fait".
Il posa ses yeux noisettes sur Fulcran qui repris avec la même assurance et le même calme:
"Ce que nous venons vous proposer c'est un conseil de guerre comme s'est tenu jadis celui de nos alleux. Avec un plan réfléchis, nous viendrons plus facilement à bout de cette menace d'Eldéenne".
Il continuait à sourire poliment.
" Nous sommes après tout, ici de la même terre".
La remarque était sentie, acerbe et pourtant lâchée avec une décontraction non feinte. Le jeune Fulcran s'amusait avec Aymeric et certainement l'autre s'amusait-il de lui. C'était une conversation qui promettait d'être intéréssante, surtout qu'il n'avait aucun mal à affronter les tabous.
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:48

L'entrevue qui se déroulait là en rappelait une autre : quand une énéade plus tôt, le grotesque envoyé du Maréchal, Duncan du Lys, avait fait irruption sous la tente du marquis. Sous couvert de tisser des liens, le drôle s'était gaussé de lui. Il s'était targué d'une de ces offres que l'on ne peut refuser, sans juger de l'affront colossal qu'elle supposait. La suite avait été sèche : le coquin, éconduit, avait vu ses prédictions s'effondrer, et on découvrait aujourd'hui qu'en sus d'avoir été un mauvais négociateur, il avait été un mauvais comploteur, incapable de mener un double jeu convainquant.

S'il n'aurait su deviner pour l'instant les desseins de voisins alonnais, Aymeric était frappé par leur impudence. Venu, selon ses dires, tisser des liens, Flucran n'offrait au marquis que des motifs de cabale, et un sourire fat. Voir ce gandin jouer les subtils sous son nez, quand sa sœur s'était adonnée à la spoliation et la plus pure félonie aurait suffit à Aymeric pour qu'il ne les fasse rosser sur le champ. Probablement se pensait il fort adroit, assaillant de bon mots comme on charme une pucelle non de l'épée, mais de la langue, alors que se trouvait en face de lui un seigneur résolu à soumettre leur rébellion de pacotille, ou de les bouter hors du pays. "Assez ri", se dit Aymeric, prenant une longue respiration, préalable à sa charge.

"Je n'aspire qu'à l'unité du Nord contre les puysards, déclara-t-il posément, avant d'attaquer, cependant... Espérez vous chassez les drows en vous retirant dans vos forteresses ? Si votre plan mûrement réfléchi se borne à nous regarder purger le pays de la menace noirelfique, je crains de n'y avoir guère à gagner. Voyez, il m'est fort difficile de placer ma confiance parmi des pleutres."

La dernière phrase avait été lâchée sèchement, annonçant la couleur, mais le marquis ne laissa guère de temps à ses invités de répondre. Il reprit sans attendre, parlant haut et clairement : "Des siècles durant, les barons d'Alonna ont toujours servi les ducs, mes ancêtres, en vertu de quoi ces derniers leur assuraient la terre et la protection. Il y a quelques années de cela, un roturier, un sauvage des Wandres, après qu'il eut trahi le pays qu'il avait juré de servir, par une folie inouïe, ou une intrigue cauteleuse, usurpa la baronnie d'Alonna. Ce ladre, non content d'insulter des siècles d'illustres seigneurs, ajouta à cette insulte celle de la félonie, lorsqu'il sentit son suzerain faible. Quelle valeur accorder à la gent d'Alonna ? Pays de traîtres, de parjures et de cauteleux. Autrefois, sous l'égide de Serramire, vous étiez des braves, respectés et reconnus pour votre vaillance. Aujourd'hui ? Un lieu déserté de l'honneur, où l'on vend sa propre mère pour se ménager les faveurs d'un croquant. l'allusion ne manquerait de faire tiquer Fulcran, qui découvrirait par là même la nature des rumeurs qui courraient sur la probité de sa famille. Croyez vous vraiment que nous soyons de la même terre ? Vous vous en êtes exclus seuls, et par là même avez perdu votre honneur. Pour quelles raisons voudrais-je vous aider, monsieur l'intendant ?"

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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:57


Le crépitement du feu se laissa entendre avant que le marquis ne réponde. D'abord calme, il se perdit ensuite dans un ton sec sans détour. L'avait-il autant blessé? Ce seigneur se pensait couronné d'un marquisat depuis longtemps obsolète et encore espérait-il que Fulcran plie le genoux? Il n'en serait rien. Une décennie avait presque passée depuis l'annonce d'indépendance de l'Alonna. La vassalité envers le précédant seigneur de Serramire avait été brisé avec l'accord de ce dernier. Et maintenant, ce croquant se targuait de récupérer une terre qui n'était plus sienne. Il est des maux plus difficile à soigner encore que la peste. L'on pouvait se gausser de l'ogre de l'Atral, ici dans le Nord que l'on croyait à l'abris de l'avidité, mais que nenni! Preuve était faite que certains s'accrochaient avec une ferveur peu commune à un passé abolit, enviant ses voisins et en osant les insulter alors même qu'ils venaient à eux proposer une aide qui était par ses temps la bienvenu.
Aymeric semblait ne pas avoir saisit toute la nuance que cette visite d'apparence courtoise apportait avec elle. Le jeune Fulcran avait invoqué un conseil passé, détruit après l'éclatement du Marquisat. Ce n'était là nulle façon de se moquer du pauvre qui allait en accusation face à lui, mais bien offrir un moyen d'unifier comme le désirait honnêtement le seigneur Brochant.
Le petit noble serraient presque convulsivement les poings tandis que l'autre s'égarait en propos tous plus humiliant les uns que les autres. En d'autres temps et d'autres lui, peut être n'aurait-il pas eu la sage patience de ne pas lui envoyer une dérouillée afin d'arranger un peu ce portrait qui l'agaçait sérieusement.
Mais il arriva le moment où il dépassa l'entendement. Comment osait-il parler de sa mère? La plaie de son mariage annoncé avec une branche moisie de la baronnie était encore à vif et même le feu trésaillit lorsqu'il cogna du poing sur la table de bois, faisant tomber le pain offert et tourner le vin du médian dans sa coupe. Quelques gouttes s'échappèrent pour rejoindre les fissures de la matière, imbibant de son odeur fine la triste réunion.
"Assez! Comment osez-vous seigneur Brochant parler ainsi de ce que vous ne connaissez pas? Vous êtes bien fort pour insulter de braves hommes venus de loin pour vous voir! Vous vous pensez fort, derrière vos armures étincelantes mais vous ne valez pas mieux qu'un suderon. Parlez beaucoup et faire peu est-ce là votre seule passion? Jamais vous n'êtes venu, jamais vous n'avez fait autre chose que vous plaindre d'une spoliation qui n'a jamais été avérée que par vous et vos mignons. Assez vous dis-je, d'entendre vos pleurnicheries de seigneur aussi avide que votre allié du Médian. Osez dire que nous sommes des lâches, osez encore ! Seriez-vous venu, vous, seul alors même que l'on vous considère presque autant qu'un Sombre? Non, bien sûr que non. Seigneur, vous êtes de ceux qui veulent beau coup mais qui en font peu!".
Il était rouge de colère. L'abcès était percé mais il avait manqué de diplomatie.
"Vous aussi cessez Fulcran !", la voix d'Odia surplomba l'assemblée. Il s'était levé, s'interposant entre les deux hommes. "A l'heure qui l'est, vous ne valez pas mieux en parole l'un que l'autre. Aurais-je avec moi mes enfants ou bien serait-ce là deux nobles seigneurs qui ont un esprit assez développé pour ne pas créer une autre guerre?". Il avait les yeux froncés et la mine autoritaire. Ce n'était pas seulement le marquis qu'il condamnait ici, mais aussi son ami qui avait plus que dépassé les bornes.
"Marquis, je crois que vous avez mal saisit ce que nous faisions ici. Pardonnez nous encore une fois de notre faiblesse de langage. Nous sommes venus vous offrir nos hommes. Ils sont prêts à combattre les Sombres et nous serions honnoré qu'ils le fassent à vos côtés". Il s'arrêta, reprenant un ton calme, propice à la discussion: "J'en appelle à votre logique militaire. Sans ce conseil, nos actions seraient bien moins ordonnées et nos troupes plus facilement attaquables tant pour vous que pour nous. En faisant une stratégie commune nous pourrons plus facilement renvoyer ces Puysards à la place qu'ils leur convient".
Odias de Wacume, ce père de famille à l'esprit noble et la simplicité somme toute nordique espérait avoir réussit à raisonner suffisamment Aymeric de Brochant que Fulcran d'Entiane quant à l'importance d'une bonne entente. Nul besoin de vouloir jouer le dominant, il faut simplement savoir s'écouter et faire des concessions. Le Corbeau de Serramire aussi, du moins l'espérait il encore plus.
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 15:10

Dès le début de l'entretient, Aymeric s'était interrogé au sujet du jeune Fulcran. Ses provocations cachaient elles un diplomate retors, soufflant le chaud et le froid pour arriver à ses fins ? La question ne posait désormais guère plus, devant le spectacle navrant qu'offrait ce petit bout d'homme énervé. Qu'allait il faire, le défier en duel ? Pour quelques mots supplémentaires, le marquis aurait eut plaisir à voir ce jeune gandin mis aux fers. Peut-être la geôle mettrait du plomb dans le crâne de cette cervelle juvénile, comme elle l'avait fait chez Aymeric des années auparavant.

Pour autant, celui-ci se garda de châtier l'impudent. Fulcran, dans sa colère enfantine, venait d'exposer les limites de son esprit. D'un pareil jeunet, propice à la rodomontade quand on l'eut attendu plus prolixe en politesses, il n'y avait guère à tirer, sinon des ennuis. Aymeric, se levant lentement de son siège, mit fin à l'entretient. Les hommes du marquis, valetaille et gardes, s'approchèrent aussitôt, pour recevoir leurs ordres de leur maître. "Il est tard, Jaljen, et monsieur l'intendant doit être exténué, après son si long périple. Qu'on le conduise dans ses quartiers, pour qu'il y puisse s'y reposer tout son soûl. le laquais s'exécuta. Quant à monsieur de Wacune... il restera pour l'instant en ma compagnie. Je vous en prie, rasseyez vous cher ami."

Point n'était besoin d'être savant pour comprendre qui de l'ambassade avait été envoyé pour son titre, et qui pour son tact. L'héritier de Wacune, s'il devait probablement être des partisans les plus loyaux de la baronne, n'en était pas moins un homme intelligent, et surtout, pragmatique. Peut-être n'était il pas partisan de toutes les folies de sa maîtresse, peut-être l'était il - on aurait guère envoyé en négociation un séditieux en puissance - néanmoins, on attendait de lui qu'il améliore les relations entre les deux fiefs. Si les positions respectives des deux hommes prédisaient une impasse, Aymeric avait cependant le loisir de discourir, dispensé des grosses colères de l'intendant.

"Voila qui est mieux ; il nous sera plus aisé de causer ainsi. Je tâcherais d'oublier les paroles hasardeuses que vous avez pu avoir à mon encontre, ne doutant à aucun instant qu'il ne se soit agit d'autre chose que du désir de bien faire. déclara-t-il d'un ton cassant, laissant à son interlocuteur le temps de bien comprendre où se situait la limite entre la familiarité et l'irrespect, avant de reprendre d'une voix plus calme, Soyez assuré, cher ami, de mon intérêt le plus sincère pour votre proposition. Je désire plus que toute chose chasser de nos frontières la menace puysarde, et dans cette lutte, votre aide me serait précieuse. Cependant... il laissa sa phrase en suspens un instant, cependant, comment puis-je me fier aux vôtres ? L'honneur se doit d'être le ciment de toute entente, et cet honneur a déserté la maison de Broissieux. Ils ont usurpé le trône de la baronnie, se sont faits félons à mon encontre, et comble de l'ironie, ils semblent même trahir le Maréchal de Clairssac, sans qui ils ne seraient restés que d'insignifiants petits châtelains. Comprenez moi bien, monsieur de Wacune : je puis tenter la chance, en dépit des milles traitrises possibles, et m'en remettre à la bonne foi des Broissieux, le temps de chasser les drows. Mais que diraient mes hommes ? Que penserait on d'un seigneur qui ne condamne la félonie, ni ne rétablit le droit ? Ne clameraient ils pas ma faiblesse et mon indignité ? Qui plus est, ne me trahirait on pas, cent fois, à nouveau ? Quiconque possède dans son sang quelque sens de l'honneur comprend ces choses là, et il ne me semble qu'elles n'échappent qu'à la maison de Broissieux. Tant qu'ils seront résolus à ignorer le grief commis à mon encontre, comprenez, cher ami, que je ne saurais négocier avec vos suzerains."

Le marquis héla une seconde fois ses gens, et après leur avoir donné leurs ordres, salua l'héritier de Wacune.

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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 15:24


Fulcran était empreint d'une rage et d'un mépris pour le Marquis, qu'il ne manqua pas de faire sentir. Il s'était emporté, peut-être à tord. Il n'était pas ici en terrain amical et s'il advenait que le ton reste inchangé alors non seulement il n'aurait pas accompli les désirs du castel d'Alonna mais pire encore, il aurait dégradé les dernières relations avec leur ancien suzerain.
Le corbeau appela son suivant qui, sans un mot congédia le jeune frère dans une des tentes du campement. Il était d'autant plus énervé par l'affront que venait de lui faire Aymeric mais l'on n'entendit pas plus de sermont ni même d'insultes. Il partit, sans un mot, suivant ce serviteur dévoué à travers la terre meuble et les allées de dortoirs.
Odias observait la scène. S'il avait une affection profonde et sincère pour le jeune Broissieux, il savait que le marquis avait agit noblement et certainement de la meilleure des manière de ne pas plus envenimer la situation. Il restait au seigneur d'apprendre quelques rudiments diplomatiques et à endurcir son caractère afin qu'aucune pique ne puisse l'atteindre. A la cour, il serait toujours petit poisson au milieu des requins. A ce prix là, il est plus efficace de ne point se faire remarquer plutôt que de clamer au scandale dès que l'occasion se présente.
Tout cela, l'homme l'avait appris avec le temps et la vie. Il n'était pas beaucoup différent de ce dernier dans sa jeunesse mais la vie lui avait enseigné la patience, la compréhension et le tact. Quand l'on est à la fois mari et père, il est presque vital de ne pas céder à la pression, d'où qu'elle vienne -même d'un marquis.
Aymeric l'invita à retourner s'asseoir, ce qu'il fit, quoique surpris qu'il n'abrège la séance qui se tenait là. Bien sûr rien ne serait dit en l'absence de son ami, du moins rien d'importance pour la baronnie. Car en effet, si jusqu'à présent le seigneur Brochant s'était montré piquant, il venait de changer de ton. Il avait les gestes précis et la voix neutre qui laissait le temps à la réflexion. A cet instant, Odias n'était plus un simple Alonnais venu se perdre dans la Sgarde pour une cause perdue mais bien un négociateur, l'Embassade qui pourrait apaiser les tensions au coeur du Nord. Du moins, il l'espérait sincèrement.
Ce qu'exposait le marquis était aussi juste que pertinent et les questions laissées en suspends mériteraient réponses. Pas de celles que l'on donne à la volée, non, des réponses que l'on murissaient la nuit, où l'esprit et l'ingéniosité devaient ne faire qu'une seule et même entité. Il donnerait satisfaction à son interlocuteur, il se le jura intérieurement.
Alors que le Corbeau de Serramire quittait la table, le valet vint à l'encontre du seigneur. Le camp était un dédale dans lequel on aurait pu se perdre facilement.
"Voulez-vous me conduire auprès de l'Intendant d'Alonna je vous prie".
Il l'avait demandé des plus poliment avec une voix bienveillante. Il n'avait jamais négligé son personnel et à la différence du Sud, les employés des grandes familles le faisaient de plein gré: nul esclave en Alonnan et encore moins dans la demeure de Wacume. Une couturière n'était-elle pas un maillon indispensable dans la chaine féodale? Sans elle, les seigneurs devraient discourir nus. Chaque membre du château en était le socle sur lequel était déposé le trône du maitre des lieux.
Après quelques minutes, l'on annonça son arrivée auprès de Fulcran. Ce dernier avait hérité d'une tente assez grande mais somme toute spartiate. Tel était aussi le prix de la guerre.
"Mon seigneur, j'espère ne pas vous réveiller[i]".
"Nullement. Comment le pourrais-je après avoir été ainsi humilié", il était assis au sol, la mine rageuse. Il n'avait pas apprécié et semblait ne pas décolérer.
"[i]Fulcran, mon ami, votre fatigue a pris le pas sur votre entendement ce soir
", il alla s'installer auprès de lui, comme il l'aurait fait pour son fils. "Vous avez de la chance. Aymeric aurait pu vous mettre au fer pour bien moins -JE vous y aurez mis pour bien moins". Il posa une main réconfortante sur son épaule.
"Êtes vous devenu sodomite pour ainsi chanter les louanges de ce...ce...". Il chercha une insulte qui ne vint jamais et Odias partit d'un rire franc dont il avait le secret.
"Vous vous toisiez comme deux coqs dans une seule basse-cours. Il n'est pas étonnant qu'en vous surenchérissant l'un l'autre vous ayez craqué mon ami. Le marquis est un homme de valeurs, qui a vécu. Il est marié, à des enfants. Voyez, le monde il en connait la perfidie. Vous, vous êtes encore jeune et vos espoirs vous portent. C'est un feu puissant qu'il faut parfois savoir maitriser pour ne pas subir ce genre de déconvenu".
Fulcran resta un instant silencieux.
"Il a insulté ma mère et ma soeur avant de traité notre peuple, nos gens comme s'ils n'étaient..."
"Je sais, j'étais là. Et vous, n'avez-vous pas mis en cause sa propre personne? Savez vous ce que le titre représente et plus encore ce qui lui incombe de faire en le portant?"
"Je crois n'en avoir saisit aucune subtilité au vu de ce soir".
"Le marquisat se doit d'être représenté par ce seul homme. Il est ses gens, il est ses terres, ses culture, son bétail et ses rivières. Il est d'autant ceux qui sont dans les champs que ceux qui sont aux geôles. Serramire a vu ses terres, dont il avait la charge se retirer de son joug. Qu'en auriez vous déduit?"
"Comment le saurais-je, je ne suis même pas seigneur de mes terres encore".
"Et bien moi je l'aurais pris comme une erreur venant de moi. Certes, le geste n'est pas de lui mais il était de son devoir qu'elles restent sous son égide et surtout que ceux placés à la tête des baronnies lui doivent respect et fidélité. Je n'entends pas par là que l'on devrait prêter serment, bien au contraire: l'indépendance nous est bénéfique, à nous. Mais lui n'y gagne rien et perd énormément. En y faisant allusion, vous avez ravivé une plaie déjà bien trop béante".
Ils restèrent muets, mais aucun silence ne se faisait. Dehors, les hommes s'affairaient encore et encore, avec l'acharnement d'un soldat du Nord. Il n'y avait plus dévoué à leur cause que ces hommes partis en croisade. Savaient-ils seulement ce qui les attendait plus au sud?
"J'ai été sot".
"Vous l'avez été Fulcran, mais rien n'est perdu".
"Que dites vous, avec l'incartade de ce soir, comment puis-je mener à bien ce qu'il m'a été confié?"
"Lorsque vous avez rejoint vos quartiers, le Corbeau m'a retenu un instant. Il m'a avoué que l'idée lui plaisait mais que nullement il ne pouvait accorder la confiance à aucun de nous. Il se sent assez bafoué pour ne pas perdre la face une fois de plus face à ses hommes".
"Vous êtes bien meilleur que moi Odias... Je regrette que vous ne portiez pas le titre que l'on m'a legué".
"Ne dites pas cela. C'est l'expérience qui apprend les choses et vous n'êtes qu'un jeune homme encore, vous aurez tout le loisir de mûrir. Votre oncle était encore bien plus sage que moi, bien plus sage que nous tous, je le crois".

Le lendemain, le ciel était grisâtre. Un temps du Nord, comme on en voit régulièrement. La brise des Monts D'Or soufflait dans sa langueur habituelle. Le camp n'était pas tout à fait réveillé quand les hommes se portèrent de nouveau auprès du Marquis, à cette table qui les avait acceuilli la veille. Aymeric les attendait déjà et ils saluèrent respectueusement leur hôte.
"Veuillez pardonner mon comportement insensé de la veille mon seigneur. Vous aviez raison, le voyage m'a épuisé, et ces quelques énnéades à batailler m'ont rendu trop sec. Je méritais les fers et vous m'avez donné un lit. Votre bonté saura être remercié quand il me sera donné de le faire".
Fulcran s'inclina une seconde fois. Sa voix était honnête et son ton tout à fait neutre, laissant au marquis tout le loisir d'accepter ces plates excuses. Après tout, ne venait-il pas de faire un pas vers la réconciliation?
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 15:29

Il était fort tôt ce matin, quand Aymeric se leva. La fatigue se lisait sur son visage, mais après s'être lové à deux reprises sur son austère lit de camp, le marquis fut sur pieds. Bientôt, s'affaira autour de lui son valet, le bon Jaljen, aux petits soins avec son maître. De mémoire, ce dernier était au service des Brochant depuis la naissance d'Aymeric, et jamais l'on ne s'en était plaint. Au contraire ; ses services et sa discrétion en avait fait un des familiers préférés du marquis, qui ne manquait jamais d'en faire usage. Ainsi, le brave Jaljen, tout en rasant son bon maître, lui racontait ce que s'étaient dit ses deux invités, qu'il n'avait pas manquer d'écouter derrière la tente. "Bien. Peut-être saurons nous obtenir quelque chose de monsieur l'intendant, après tout." déclara le marquis en se relevant, le menton tout propre.

Il gagna sans attendre l'endroit où s'étaient tenues les négociations la veille, et y fit porter un frugal déjeuner. Les mets arrivèrent un instant avant les invités, et Aymeric les accueillit à nouveau. Il écouta attentivement les excuses du jeune Fulcran, tandis que Jaljen versait un rouge d'Erdelheim, plus léger. Le marquis, mimant l'indifférence, haussa les épaules, avant de chasser l'air du revers de sa main. "Allons, allons, ce n'était qu'un emportement. Mangeons." déclara-t-il d'un ton bonhomme, avant d’entamer son déjeuner. La chère était hélas bien maigre, et les convives durent se contenter de quelques œufs de caille, de petits poissons tirés du fleuve et cuits dans du verjus, ainsi que de pain noir des environs. La guerre, toujours la guerre !

Mais les déboires culinaires d'un maître-queux et d'une armée en campagne ne sauraient occuper la place prépondérante d'un récit. Une fois les mets engloutis, il fallut bien se remettre à la besogne. Aymeric, après avoir vidé sa coupe, reprit les hostilités là où elles s'étaient arrêtées la vieille : "Monsieur l'intendant, je ne saurais souffrir de vous tenir pour débiteur, déclara-t-il d'une voix douce, avant de reprendre, à l'attention d'Odias, sur un ton plus sérieux : Avez vous réfléchi à mes paroles, monsieur de Wacune ?"

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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeDim 8 Mar 2015 - 16:30


Si l'on fit venir prestemment quelques mêts, ils restaient maigre en graisse et en goût. La guerre était fort dure pour les métiers de la bouche: sans plus de blé ni de troupeaux, comment pouvait-on nourir de solides soldats? L'Alonnan en faisait les frais. On ne criait pas encore disette mais les affres des discordes avaient entammé autant le moral de ses gens que ses réserves. La terre avait été bien trop battu et les champs avaient été pris pour témoin lors de quelques réglements de compte si bien que, même l'hiver achevé, le printemps ne serait pas plus heureux.
Wacume mangea avec la politesse propre à un seigneur. Les quelques poils blancs et hirsutes dans sa barbe et ses cheveux lui avait appris les rudiments politiques et surtout ce qu'un homme attendait d'un autre. La discussion de la veille avait servit de leçon au jeune Fulcran et il savait qu'aujourd'hui le Corbeau de Serramire ne traiterait plus avec l'impudent. Il n'aurait pas été aussi clément que le fut l'homme que l'on accusait de mille maux. Le frère de la baronne avait laissé son coeur qui n'avait encore vécu toute sa jeunesse prendre le dessus sur la raison pourtant nécéssaire à une bonne négociation. Les fers lui auraient certainement refroidit sa hardiesse et sa bravache nocturne ne se serait jamais reproduit.
Le Marquis ne laissa guère de temps avant d'entrer dans le vif du sujet. Comme il s'attendait, ce ne fut pas à Fulcran qu'il posa sa question mais au seigneur qui était resté plus tard après la mise au lit du plus petit.
Il y avait pensé toute la nuit. Son sommeil n'avait été que partiel tant par l'odeur macabre des feux au delà de la rive que par la dernière tirade de son hôte. Jusqu'où était près à aller les Broissieux pour s'offrir l'amicalité de leur voisin? Sa famille avait toujours fréquenté la leur et ils se connaissaient et s'appréciaient pour leurs qualités mutuelles. Odias avait toujours été vu par ses pairs comme un homme bon et conciliant, cherchant la négociation et l'acceptation plutôt que l'affrontement. Depuis quelques temps déjà il régissait les affaires de son père qui s'était dit trop vieux lorsqu'il fut satisfait de son aîné. Il avait veillé pendant des années à ce que son éducation politique sois prépondérante et jamais le vieux Wacume ne s'était trompé sur l'aptitude de ses enfants qu'il avait insidieusement poussé dans la voie qui lui paraissait la plus adapté.
Et en ce jour de Barkios, il se retrouvait à la table d'un marquis, au nom de sa baronne pour ce que le petit peuple aurait appelé un don. Même si Odias était un homme pieu, il restait persuadé qu'il n'y avait nul intervention divine dans la gestion d'une terre ou dans une négociation réussit. Et s'il ne se trompait pas, celle à venir serait d'autant plus longue et fatiguante que le Corbeau était un filou rusé qui ne démordra pas tant qu'il n'aurait pas le fin mot de l'histoire.
"J'y ai longuement pensé mon Seigneur. Et j'en comprends tout les aspects, soyez-en sûr. Vous craigniez que votre image se change avec une clémence accordé à ceux que vous pensez à l'origine de maintes traitrises. Je ne saurais vous en blâmer. Et si vous êtes toujours attentif à ce que nous vous avons longuement expliqué hier, vous saurez vous montrer aussi compréhensif à notre égard. Nous ne sommes plus rivaux en ces lieux. Je ne suis pas celui qui n'a pas poser genoux à terre devant vous. Je ne suis ni baron ni homme du château d'Alonna. L'on m'a envoyé ici auprès de vous car je ne suis rien de tout cela. Vous êtes un homme réfléchi alors ne voyez pas en moi ce que je ne suis pas sinon vus auriez reçu une missive et non ma visite. Même le frère de la baronne ne devait pas se trouver auprès de moi -pardonnez moi Fulcran. Nous avons vu assez de choses pour comprendre que la situation ne fera que s'empirer dans ce pays de malheur. La Noire Mort nous affecte tous, la famine viendra et les Puysards pillent et tuent. Je ne serais pas un bon seigneur si d'aventure j'osais laisser un peuple innocent et une terre voisine se faire mutiler de la sorte. Même s'il avait s'agit de la votre. Quel est votre prix pour faire cesser les querelles qui nous rongent et rétablir le Grand Conseil afin que tous nous puissons repousser la menace qui rôde?".
Il n'y avait nulle façon de mieux finir. Il ne pouvait pas négocier sans savoir ce qu'attendait au final le marquis et même s'il s'agissait d'un homme fier, il saurait voir la volonté de l'Alonnan à faire front avec ce qui fut un temps ses alliés.
Que le Nord resplendisse.
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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitimeLun 8 Juin 2015 - 22:25

Assis sur son siège de campagne, Aymeric écaillait ses œufs de caille avec délicatesse, partageant ses regards entre l'envoyé de la baronne, et son petit déjeuner. Finalement, après que la bouche du plénipotentiaire se fut refermée, et que les mets furent gobés par celle du marquis, celui-ci s'éclaircit la gorge, prêt à parler. Il fut interrompu par l'arrivée impromptue d'une enseigne, laquelle s'empressa de lui glisser quelques mots à l'oreille. La nouvelle offrit à Aymeric le prétexte pour clôturer la discussion.

"Mes bons sires, ma réponse vous est déjà connue. Il n'est nul question de prix ou d'offre, nous ne sommes point des vulgaires maquignons. Je ne désire que ce que le bon droit me permet : aussi savez vous que je ne saurais renoncer à l'hommage d'Alonna. Il n'est de plus sûr et prompt moyen pour réaliser cette union septentrionale à laquelle vous semblez si attaché, que de rendre à Serramire l'hommage qui a lié ces deux fiefs pendant des siècles."

Cela ne serait assurément pas une réponse au goût des envoyés ; pour autant, Aymeric n'avait guère plus à ajouter. Ses interlocuteurs comprenaient ils seulement l'affront qu'ils lui infligeaient, en venant négocier à sa table comme s'ils ne s'agissait de deux voisins ? Pendant des dizaines de générations, les barons avaient ployé le genoux devant les ducs, comment dès lors pouvait on envisager une causerie d'égal à égal. Cela n'avait pas de sens.

"Je crains de ne pouvoir m'entretenir plus longtemps avec vous, mes bons monsieurs, car les affaires de la guerre m'attendent. Souvenez vous toutefois de ceci : il peut être tentant pour un seigneur de s'affranchir de son vasselage. Serramire elle aussi porte la trace de cette infamie, et longtemps encore après les errances coupables de mon feu mon cousin Merwyn, elle en souffre les conséquences. Voyez donc : la ligue rebelles des barons, la rébellion de l'Atral ; toutes ces félonies terminèrent de bien funeste façon. J'offre à madame de Broissieux le pardon, quand le bon droit me permettrait de réclamer mon bien à la pointe de mon glaive. Il ne lui suffit que de plier le genoux."

Après qu'il eut formulé cette ultime proposition, le marquis prit congé de ses invités. Ces derniers pourraient, s'ils le souhaitaient, profiter quelques jours de plus de l'hospitalité toute relative du camp militaire, ou regagner leurs demeures plus au Sud.

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MessageSujet: Re: Où l'on se prépare au pire   Où l'on se prépare au pire I_icon_minitime

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