[Etat-major]Les Elfes Rouges [Pv Halya]

Ils sautaient, tous, sans exception, d'une branche à l'autre, comme si toute leur personne s'était identifiée aux agiles prédateurs félins d'Anaëh. Les jeunes comme les âgés, chacun devait arriver au point prévu sans toucher le sol, qu'importe les moyens utilisés. Un entraînement, une philosophie, une façon de vivre. Ils étaient les prédateurs de la forêt, ses gardiens suprêmes. Ils devaient posséder les cimes les plus hautes, les sommets convoités, les branches les plus solides. D'en haut ils surveillaient la forêt, leur domaine, leur terrain de chasse. Les intrus seraient traqués sans pitié, par tous. Comme un seul corps, les sylvains du Baar'Ane fonderaient sur leurs ennemis, avides de sang comme l'hydre jadis. Leur peau protégée par d'épaisses écailles, leurs armes du métal citoyen le plus effilé. Des dizaines de têtes venant du même être, transcendant les âges pour porter une vengeance antique au monde entier.

Les sombres ne leur échapperaient pas, aucun. Ils étaient condamnés, tous autant qu'ils étaient, ils finiraient offerts en sacrifice à la forêt, égorgés pour que leur sang abreuve les feuilles et les arbres. Les charognards dévoreraient leur chair... Et enfin, ces salopards se seraient rendus utiles, une fois dans leur vie. 

Mais tout cela attendrait quelques jours... Voronwë et ses troupes n'étaient pas dans un doux rêve: ils avaient beau avoir tué des centaines d'elfes, traqué les plus gros gibiers d'Anaëh, tenus tête à un monstre si puissant qu'après cinq mille ans d'enfermement il refusait encore de mourir... Mais rien n'était comparable à l'affrontement contre une armée de leurs cousins décadents. Leurs faux-frères des Cités tenaient des camps non-loin d'Eraïson, rasée quelques ennéades plus tôt. Unifier les forces, voilà ce qui les amènerait à la victoire.
Cela faisait plusieurs jours qu'ils marchaient ou sautaient et enfin le campement était visible. Trouver une endroit autour des légères fortifications... La clairière n'était pas forcément le meilleur endroit pour être discret, ceci dit. Trois gardes tenaient l'entrée, l'air aussi anxieux que fatigués avec un brin d'ennui. On en retrouva un trois mètres plus loin quand Voronwë leur sauta juste devant, les gratifiant d'un sourire qu'il n'avait que peu l'habitude d'exploiter. Sept siècles et demi d'âge vous enlevaient toute envie de rire.

Quelques lances pointées et questions sans réponse plus tard, le chef de guerre se contenta d'un signe de la main. Assez pour que tous les guerriers cachés aux alentours se précipitent autour de lui, causant une certaine... Agitation dans le camp. Voronwë, toujours simple dans ses manières, leur demanda simplement:

-"Nous venons rejoindra la guerre. Qui doit-on aller voir pour ça?"

Halya était à Eraison... comme toujours avait-elle envie de dire. Avec la volonté de reprendre Eraison qui flottait dans toutes les têtes agir vite était devenu une nécessité. Certains Noss commençaient à accepter l'idée de se rallier au cité, Eninril y aidait, mais certaines cités du nord hésitaient encore à déployer toutes leurs troupes, par peur de ce qu'il arriverait si les sombres passaient le Front. Les problèmes ne faisaient que commencer. Et pour l'heure, la Protectrice marchait à pas lents vers sa tente. Elle revenait bredouille.
Le capitaine de l'armée était absent, Silad en manœuvre, Noldörion introuvable. Elle avait des nouvelles concernant les troupes de Mera et l'approvisionnement venu de Quatrième-Saison... mais personne à qui en parler pour l'heure.

Elle se dirigeait l'enclave des officiers de l'infanterie pour demander aux lieutenants de prévenir leur capitaine à son retour et passait près de l'entrée Nord lorsque un vent d'excitation souffla sur le camp. Par réflexe, elle porta sa main au pommeau de son arme et suivit le mouvement. En quelques secondes, les soldats avaient ramassé armes et bouclier et se tournaient vers les arbres... Pas vers les arbres. Vers les elfes. Combien? Impossible à dire. Mais ils étaient nombreux. Une centaine peut-être.

Elle attrapa un soldat au hasard et lui siffla à l'oreille:

-Allez prévenir les capitaines que nous avons des invités et que je m'en occupe pour l'instant.

Une voix claire et profonde s'exprima. Halya ne parvenait pas à voir celui qui avait parlé dans l'attroupement, mais la voix n'était pas hostile. Forte, autoritaire, farouche, oui, mais pas hostile. Rengainant sa lame, la Protectrice aux cheveux roux fendit la foule pour s'approcher. Les soldats s'écartèrent facilement, la reconnaissant sans doute. Une fois a la limite du camp, elle se retrouva nez à nez avec un elfe aux cheveux poivre et sel et au visage buriné. Tous dans son être, sa tenue ou sa façon de se tenir transpirait sa nature sauvage. Il ne transigerait pas et ne plierait pas. Il avait l'air d'être le genre d'homme que rien n'impressionne et dont il faut gagner le respect.

-Moi pour l'instant. Hannon gen a tholed:: Halyalindë Yasairava, fille de l'archère Emeriël.

Cette façon d'énoncer son nom associé à celui du nom de la mère était la façon de faire de la Noss de sa mère. Halya ne s'était jamais considérée comme une Noss. Elle avait du respect pour eux et leurs coutumes, sa mère n'avait jamais renoncé à certaines d'entre elles, mais la fille était différente. Élevée en ville, elle savait qu'elle ne pourrait jamais effectuer ce rapprochement avec la nature. Mais si son ascendance pouvait lui servir ne serait-ce qu'un peu...

Pour calmer définitivement le jeu, elle se retourna vers les troupes elfes de pierre.
-Retourner à vos poste.

Puis de nouveau à celui qui avait tout les airs d'un chef Noss:
-Faites reculez vos guerrier d'un pas et je serai honorer de m'entretenir avec vous.

La demande était symbolique, mais Halya ne cilla pas, plantant son regard vert dans les yeux de son vis à vis. S'ils comptaient coopérer avec les Noss et pouvoir se fier à eux sur le champ de bataille, il ne fallait pas que les elfes des cités se laissent impressionner.

traduction elfique:

HRP:

-"Gelir na thaed. La présence de mes guerriers et chasseurs vous indispose? Je vais leur demander de se retirer."

Le marcheur des ombres leva la main et siffla un ordre bref. Aussitôt, sans hésitation, les vétérans s'emparèrent de la cime des arbres et les recrues prirent les buissons pour cachettes. En deux minutes, ils étaient invisibles à l'œil non-averti. Un exercice difficile dont Voronwë, dernier présent devant la Protectrice n'était pas peu fier.

-"Je suis Voronwë, chef guerrier de la Noss du Baar'Ane et gardien du Baar'Ane."

Maintenant, restait à éclaircir ce mystère à propos d'un appel, personne n'était venu les voir. En un sens c'était un peu vexant.

-"Nous n'avons reçu aucun appel. Nous habitons des terres que même vos éclaireurs les plus habiles ne sauraient trouver. La Symphonie nous a guidé jusqu'à vous."
Sans un mot, il sortit sa longue lance d'acier et la planta dans le sol, sous les regards suspicieux des gardes présents.

-"Je ne suis pas venu porter la paix, mais l'épée. Je suis venu rougir cette terre du sang des sombres et abreuver le sol de leurs corps répugnants. La Noss du Baar'Ane est toute acquise à cette emprise. Nous pouvons chasser des jours durant, sans manger ni nous reposer, nous pouvons trouver la faille dans la meilleure des armures, nous pouvons nous rendre invisible quand nous le désirons... Nous prenons plaisir à faire couler le fluide vital de nos adversaires.
Montrez-moi nos ennemis."

Un sifflement frappa ses oreilles. Ah, il avait oublié le principal.
-"Nous serons évidemment très honorés de nous battre à vos côtés..."

Finalement la disparition des guerriers était aussi impressionnante que leur présence... Ils s'étaient repliés comme un seul homme. Mais ce qui était le plus impressionnant, c'était que le chef disait être là de sa propre initiative. La Symphonie le guidait disait-il. Si seulement Halya avait pu avoir la moitié de la certitude qui transparaissait dans sa voix, elle aurait été sûre de pouvoir défaire les osts drows à elle seule!

Lorsqu'il planta sa lance dans le sol, les soldats qui étaient encore la se raidirent. Il expliqua rapidement de quoi les siens était capable et la protectrice ne douta pas un instant que chaque mot ne soit que pure vérité.

-Je ne doute pas de la bravoure des vôtres. Mais pour être véritablement écraser les sombres et limiter le nombre des vies sacrifiées, il nous faudra coordonné nos attaques. Nos capitaines doivent être informés... Et il faudra peut-être plusieurs jours pour que vous ayez l'occasion de vous battre.

Elle attendit un bref instant. Devrait-elle le convaincre d'attendre avant de se précipiter dans la mêlée ou comprenait-il la véritable utilité d'une coopération?

Ce fut une bonne surprise cette fois. Le chef Noss semblait parfaitement comprendre la situation et, malgré une certaine... agitation dans les feuillages, il avait démontré sa capacité à gérer ses hommes. Halya hocha la tête à la demande tout à fait légitime du chef des Baar'Ane.

-Notre camp est le vôtre si vous le désirez, mais j'imagine que cela ne vous conviendra pas. Il y a de nombreuses clairières alentours, à quelques minutes de marche, si vous désirez vous éloigner un peu. Nous pouvons vous accompagner jusqu'à l'une d'elles, sinon installez-vous ou bon vous semble. Acceptez juste qu'un de nos éclaireurs vous accompagne pour que nous sachions où vous vous êtes établis.

La Protectrice intima à l'un des gardes encore présent d'aller chercher un Épervier. Quelle que soit la réponse du chef Noss, il en aurait besoin.

Le Noss revint cependant sur un point crucial de l'entraide. Mais il avait bien raison. Halya y avait maintes fois réfléchi et demander à Eninril de répondre à quelques questions pour trouver une solution adéquate. Elle n'en avait pas encore formellement parlé aux autres capitaines, pourtant, il était hors de question de traiter les Noss comme n'importe quel soldat. Nul doute que les officiers le savaient également mais convaincre certains d'entre eux de vraiment composer avec les sylvains serait plus difficile. La Protectrice poussa un soupir mental en pensant à Delyndil.

-N'ayez crainte. Nous ne cherchons pas à transformer les Noss en soldat des cités, chef Vroronwë. Nous cherchons des alliés et des elfes capables de se battre là où nous ne saurions quoi faire. Il faudra juste que vous disiez à nos officiers de quoi exactement sont capable vos hommes, ainsi nous pourrons faire couler le sang des sombres jusqu'à ce que la terre d'Anaëh en soit gorgée.

En une seconde, le Gardien Voronwë, comme il souhaitait qu'on l'appelle, sembla totalement déstabilisé. Il sursauta et se retourna comme s'il avait entendu quelque chose d'inquiétant. Il ne fallut que quelques instants pour que le trouble du Noss grandisse d'autan.

Halya serra les dents. L'idée que Randil arrive dans une telle situation lui avait effleuré l'esprit. Il était facile d'imaginer le côté inquiétant de la chose. Si c'était lui qui approchait, on risquait une réaction assez... Épidermique des sylvains.

Mais curieusement, les chasseurs Noss ne semblaient rien avoir perçu non plus... Ils auraient forcément été les premiers à se rendre compte de la présence d'un loup de cette taille! De plus la Symphonie était calme. Sa mélodie légèrement intrigante caractéristique des abords du camp, curieuse de voir tant d'elfes se rassembler au même endroit. Halya aurait été bien en peine d'entendre plus loin que cela.

Lorsque le gardien se tourna une nouvelle fois vers elle, le regard de la protectrice s'arrondit de surprise. Il avait l'air vraiment déstabilisé. Au point qu'il ferma un instant les yeux, comme pour éviter un spectacle éprouvant ou chasser quelque mauvais rêve.

Ce brusque changement d'attitude était totalement inattendu... Il faudrait peut-être qu'elle en touche un mot aux officiers en privé...

Lorsqu'il ouvrit de nouveau les paupières, l'elfe droit et charismatique qui était arrivé triomphant à la tête d'une centaine de guerriers avait l'air... Épuisé.

-Bien sûr, Gardien.

Quelques instants plus tard un épervier arrivait en petites foulées. Le garde avait visiblement réussi à le motiver...

-Voulez-vous que je vous accompagne?

Cela ne devait pas être la première fois que ce genre de choses se produisait car les Noss réagirent promptement. Certains vinrent soutenir leur gardien. D'autres, lui répétaient des phases mélodieuses dans leur langue tribale. Halya emboita le pas au groupe qui entourait maintenant le chef. Il lui fallut encore quelques instants pour se redresser.
Pendant ce temps, Halya garda le silence. Peu importe le mal dont souffrait le gardien Voronwë, il avait l'air non seulement connu mais également épuisant.

-Nous comptons presque 5000 soldats sur le Front mais le camp principal en rassemble à peine la moitié.

A force de s'occuper de problèmes d'intendance avec les autres cités, elle commençait à connaitre ses chiffres... Mais l'armée était encore loin d'être au complet si les Noss commençaient à affluer.

En quelques minutes. Le groupe arriva dans une large trouée sur le flanc est du camp et qui n'avait pas encore été colonisée. On ne pouvait pas vraiment parler de clairière car quelques jeunes arbres poussaient ça et là, mais cette position était suffisamment proche du campement pour que les informations et les hommes circules vite et suffisamment loin pour que les tensions ne dégénèrent pas. Un ruisseau bordait l'endroit au Nord et se perdait dans une mare un peu plus loin.

L'Epervier qui les avait conduit jusque là présenta les caractéristique de l'endroit et ajouta qu'un affleurement de roche assez escarpé au Nord-Est diminuait encore les chances qu'un groupe de drow essaient de les prendre à revers, même si leur groupe de guerrier était déjà incroyablement conséquent.

-Gardien, si ce lieu vous convient, j'aimerai vous faire part d'une demande plus personnelle.

Halya guettait déjà les alentours depuis qu'ils s'étaient enfoncés entre les arbres. Pour l'instant, aucune trace de ce qu'elle cherchait... et de toute façons, les traqueurs Noss l'auraient sans doute repéré bien avant elle.

-Un grand loup blanc rode souvent dans les bois autour du camp de notre armée. Il se montrera peut-être farouche mais n'attaquera jamais le premier. Je vous demande de ne pas tenter de le chasser. Il s'agit d'un compagnon.

Et si d'autres Noss arrivaient, il serait vraiment temps qu'elle pense à garder Randil près d'elle pour éviter les accidents...

soldats au Front:

Comme elle le pensait, les problèmes entre Randil et les chasseurs étaient à venir... Et un loup solitaire, même un loup d'1m60 et ayant l'habitude de faire face aux ruses et réactions elfiques, ne pourrait faire face à un groupe de traqueur Noss. D'un autre côté, elle était prête à parier qu'il se déferait sans problème d'adversaires isolés. Et les conséquences n'en seraient pas meilleures. Il était peut-être temps qu'elle quitte le camp... Vivement que cette mission pour trouver les cavaliers Noss soient mise en route.

Lorsque le gardien éclata de rire à sa demande, elle ne put s'empêcher de froncer le nez. La guerre lui avait déjà pris Unmiriel, sa mère, Rhan et tant d'autres. Elle ne laisserait pas de potentiels alliés lui prendre Randil. Ses yeux ne quittaient pas le chef Noss, farouche.

-Bien. J'essaierai donc de lui faire déplacer son terrain de chasse vers l'ouest. Mais soyez assuré que je demanderai la tête de celui qui prendra sa peau comme trophée comme je le ferais si l'on s'était attaqué à un membre de ma meut... famille.

Zut...

Intérieurement, cela faisait bien plus d'un siècle qu'elle utilisait ce mot pour désigner sa famille de cœur. Son père, ses amis proches, Randil. Cela lui avait tout naturellement échappé...

Pour reprendre une contenance plus appropriée, elle se racla la gorge et repris.

-Mais cela ne concerne que moi. Nous sommes reconnaissant de l'aide que vous apporterez. Et pour répondre à votre question, des éclaireurs parcourent certaines parties d'Anaëh pour inciter les elfes, quelque soit le ethnie, à venir protéger l’œuvre de la Mère. Pour l'instant, les clans qui nous on rejoint sont peu nombreux mais cela nous a permis de réunir beaucoup d'informations utiles.

Elle repassa mentalement en vue les rapports et divers documents qu'elle avait pu lire sur les arrivés Noss et leurs positions dans la zone. Pour l'instant, leur faible nombre lui permet encore de se rappeler de ce genre de détail. Mais elle espérait que cela ne durerait pas.

-En vous installant ici, vous ne devriez croiser d'une autre Noss: Thein'ad Eal, elle est au Sud-Est d'ici, je préfère ne pas m'aventurer à vous en dire plus sans leur consentement. Je travaille également en étroite collaboration avec un Druide Noss depuis quelques ennéades: Ëninril Il'Dolwen.

Ils échangèrent encore quelques mot avant qu'elle puisse regagner le camp.