Un entre deux

3ème énnéade de Barkios

Jérôme était de retour à Bastylle, juste avant de repartir avec son ost vers la Sgarde. Il était arrivé accompagné de sa garde en fin de matinée et il repartirait le lendemain. Les soucis alourdissaient ses épaules et la fatigue était bien présente après la longue chevauchée qu'il avait fait. Alors que le repos aurait été la bienvenue, il fut assailli par les les gens qui étaient resté ici ainsi que les seigneurs des osts qui s'étaient réunit à son appel. Il régla tout cela, n'ayant que le temps de se débarbouiller et de se changer auparavant. La journée passa donc très rapidement, trop et il ne réussit pas à faire ce dont il avait envie. Le soir survint et le repas se passa dans une ambiance bruyante en raison du monde présent et cela jusqu'à ce que Cécilie n'arrive avec son instrument et qu'elle ne joue pour l'assemblée. Le calme survint alors, étonnant vu la trempe des personnes présentent. Le baron se laissa aller à la réflexion alors qu'il fixait cette femme.

C'était à Maélyne de Lourmel qu'il devait son apparition à sa cour et il devait bien s'avouer qu'il avait une nouvelle fois eu de la chance, à moins que ce ne soit encore une intervention divine comme certains disaient qu'il était bénit des Dieux. La pauvre était aveugle et bien qu'héritière d'une famille de Missède, son père ne semblait pas vouloir la marier. Bien mal lui en prit, le baron lui proposa alors de rester à son service, ce qu'elle accepta. En effet, en dehors des armes et de la guerre, la musique était une chose qu'il appréciait, lui faisant oublier ses soucis l'espace d'un instant s'il s'y abandonnait. Et il fallait bien avouer qu'elle avait un talent supérieur aux autres. Jérôme se moquait de son handicap et ils discutèrent longuement lors de soirées qui révélèrent une personne plus intéressante que beaucoup le pensaient. Il se passa quelque chose entre eux qui fit que Jérôme se surprit à se confier et à lui demander des conseils, attendant un raisonnement autre que celui d'un homme, politicien ou guerrier. Il était étonnant de recevoir une vue différente qui pouvaient complètement changer la façon de voir les choses. Au fur et à mesure, elle s'imposa comme conseillère du baron et bien que ne suivant pas toujours ce qu'elle disait, il ne se moquait pas de son avis et lui accordait une oreille attentive.

Certaines rencontrent eurent lieu entre eux deux, seuls et forcément des rumeurs coururent sur les deux nobles, leur donnant une relation qui n'existait pas. La femme, malgré sa cécité, était fort belle et le baron, s'il y avait réfléchit, n'aurait pas refusé de la conquérir si elle lui avait fait des avances. Toutefois, il n'y avait rien entre eux d'autres qu'une confiance grandissante. C'est en se remémorant tout cela qu'il écouta les mélodies qu'elle donna à l'assemblée, apaisant l'esprit martial qui régnait en raison de la guerre et du départ prochain des guerriers. Le protocole les empêcha bien entendu de discuter plus que de banalités durant le repas.

Jérôme aurait bien voulu se retirer dans sa chambre et pouvoir enfin profiter d'une bonne nuit dans un endroit ou le danger n'était pas omniprésent, mais il était obligé de passer par son bureau afin de finir quelques affaires d'importances. Deux gardes étaient de faction devant sa porte comme de coutume malgré le fait d'être dans son propre château. En effet, depuis la tentative d'assassinat du capitaine d'Anoszia mais également avec la guerre et les nombreux ennemis du baron, la sécurité était d'importance. Ceux-ci ne firent aucune difficulté à Cécilie lorsque celle-ci se présenta devant la porte du baron, l'un d'eux ayant même un sourire entendu, se trompant sur ce qu'il se passerait. Le baron ne portait plus son armure, vêtu d'une chemise blanche et de son pantalon lorsque quatre coups furent frappés à sa porte. Il se demanda bien qui cela pouvait être et il invita le visiteur, ou plutôt la visiteuse, à entrer. Le bureau occupait la place du fond, près de la fenêtre pour profiter du soleil la journée. Une chaise et tout le nécessaire d'écriture était présent. Un âtre de cheminée éteint pour le moment, deux fauteuil et un canapé se trouvaient à côté. un tapis se trouvait au sol et des peintures ornaient les murs. Cécilie entra donc en s'excusant (en même temps il était très très tard) mais elle devait lui parler. Jérôme s'approcha et lui prit doucement son bras pour le poser sur le sien afin de la diriger sans pour autant que cela soit de la pitié, juste une habitude en l'absence de sa servante qui permettait aussi d'être plus proche pour discuter moins fort.

"Entrez je vous en prie, installez vous dans ce fauteuil"

Il l'amena jusqu'à un fauteuil confortable auprès duquel il approcha un autre

"Qui a t il donc de si important que vous devez me dire ? je suis tout ouïe"

Cécilie était une une personne rafraîchissante et qui parlait toujours sur un ton égal. Sa voix était même reposante pour le baron même si elle parlait de choses sérieuses, ce qui ne l'empêchait bien entendu pas d'être attentif. Elle débuta en le remerciant de la recevoir et lui demanda si cela ne le dérangeait pas qu'elle soit mais vu sa présence erratique, elle n'avait guère le choix. Jérôme ne s'offusqua pas le moins du monde de l'entretien qu'elle demandait. Ensuite, elle fit naturellement allusion à Lourmel et Maélyne. Elle était de la famille de l'ancienne marquise et Cécilie ne désirait pas qu'il y ait la guerre entre sa cousine et Jérôme, ce que ce dernier comprenait bien puisqu'il comprenait ce que le mot famille voulait dire. Elle en profita pour expliquer que si la situation dégénérait en guerre, elle partirait alors à Missède. voila qui serait une perte pour le baron. Elle espérait expliquer les motivations de Jérôme à Maélyne et les réconcilier puisque leur entente était bonne. Cela avait été une surprise de voir Lourmel se joindre à Brochant lorsqu'il avait décidé de marcher contre le baron mais en même temps, qu'avait il dit aux autres ? La présence des Versmilia également était une déception, après avoir uni leurs deux familles ensemble, c'était l'incompréhension. Jérôme ne savait pas ce qui avait réussit à monter tout le monde contre lui aussi rapidement.

"En effet, ma présence est minimale vu les événements, vous pouvez bien entendu vous absenter. De même, je ne m'opposerais bien entendu pas à votre retour à Missède si vous le désirez, bien que cela me peinerait beaucoup. J'espère que vous parviendrez à lui expliquer mes buts, en lui assurant que je n'ai jamais eu l'intention de spolier le marquis des terres qui sont les siennes. Dites lui que de mon côté, je lui réitère mon soutien ainsi que ma peine de nous voir désuni alors que c'est le contraire dont nous avons besoin."

Aujourd'hui, avec la présence des drows, le nord se devait plus que jamais d'être uni et c'était un crève cœur que de voir autant de dissensions en leur sein. Il ne savait pas qu'elle avait reçu une invitation de Serramire et cela l'intriguait

"Qui donc vous a convié à Serramire ? si cela ne vous dérange pas de me le dire ?"

Il ne souleva pas Odélian, bien que cela titillait sa curiosité au plus haut point mais elle dit que c'était pour raison personnelle et il n'était pas de ceux qui tentait d'avoir une emprise totale sur les gens. Toujours est il qu'elle allait se rendrez chez deux de ses ennemis les plus embêtants. Il se demanda si elle allait parvenir à régler certaines choses grâce à ses talents ou si pas.

"Vous avez bien entendu ma bénédiction pour toutes vos entreprises, je vous fais pleinement confiance Cécilie, vous le savez. Par contre, prenez garde, les routes ne sont pas sures. Et même si nous avons pourchassez les bandits, ils reviennent aussi vite que du chiendent lorsque les patrouilles ne sont plus aussi nombreuses. Prenez le nombre d'hommes que vous voulez afin de vous escorter, je serais attristé qu'il vous arrive quelque chose."

Avec son absence, il se demandait s'il n'avait pas loupé des choses, aussi il lui demanda

"Dites moi Cécilie, avez vous bonne espoir de trouver des arrangements ? s'est il passé des choses que je ne serais pas en raison de mes nombreuses absences ? je sais qu'il n'est pas évident de me trouver pour les messagers avec mes déplacements multiples et je loupe sans nul doute des informations précieuses."

Sa rencontre à Serramire concernait un noble qui voyait un bon parti en la demoiselle. Si seulement elle pouvait trouver quelqu'un de bien et pas juste un noble qui voulait les terres qu'elle hériterait. Sa cécité était un handicap certes mais nombres d'hommes avides n'y voyait pas d'inconvénient, surement en la laissant de côté une fois la terre en poche et prenant une ou des maîtresses. Jérôme espérait qu'elle aurait un mari digne de ce nom et qui ne la blesserait pas. Il pourrait aussi veiller à ce qu'elle soit bien traité si elle le désirait, c'était déjà ça. En bonne conseillère, elle y allait surtout en espérant voir d'autres personnes. Son investissement était touchant surtout qu'elle n'avait guère d'intérêts à soutenir Jérôme, si ce n'était sa place de conseillère. Elle esquissa un geste envers le baron, voulant lui prendre le bras, Jérôme l'avança discrètement afin de ne pas lui faire penser qu'il la prenait en pitié. Il appréciait ces petits gestes qui lui indiquaient que certaines personnes étaient derrière lui et qu'il n'était pas seul, chose rare ces derniers temps autres que par intérêt. Cécilie semblait certaine de faire changer l'opinion de sa cousine, ce serait une bonne chose surtout que Jérôme l'appréciait beaucoup. Devait il décevoir toutes les personnes qu'il aimait et les voir se liguer contre lui ?

"Si vous parvenez à la faire changer d'avis et entendre raison sur mes intentions, ce serait vraiment inespéré et je vous en serait reconnaissant à jamais."

Jérôme était on ne peut plus las mais il était engagé et il ne pouvait plus faire marche arrière. Trop de décisions qui n'était pas sur le champ de bataille lui avait été en quelques sortes imposées et il détestait cela. Le statut dissimulé de Cécilie ne lui permettait pas de tout savoir mais elle avait réussit à en savoir plus que les gens ne le pensaient. Par contre, il n'y avait pas eu de nouvelles extraordinaires, du moins à l'intention du baron. Elle finit par demander à Jérôme ses intentions

"Vous savez Cécilie, il y a de nombreuses choses que j'aurais voulu faire ou ne pas faire. Mon serment envers la régente d'Odélian par exemple. Je n'avais pas l'intention de le rompre, vous me connaissez et je place l'honneur par dessus tout. Mais que pouvais je faire face à la toute puissante régente de Diantra, surtout que Madeleyne lui avait fait serment. Si je refusais, vu les antécédents, j'aurais eu de fortes chances de finir dans les geôles royales et de mettre en mauvaise posture Odélian qui était suzeraine d'Etherna. En acceptant, mon serment à été rompu et l'on me traite désormais de parjure et ils ont raison. Il n'y a pas un seul instant ou je n'ai pas de remords mais il faut accepter certains sacrifices."

Jérôme marqua une pause avant de reprendre, un peu perdu dans ses pensées en même temps qu'il parle

"Mes intentions ont toujours été d'avoir un nord qui retrouve ses lettres de noblesse et un royaume solide. Depuis que Serramire à été rétrogradé de duché à marquisat, il n'a cessé de tomber dans la décadence. D'abord Alonna qui fut récupéré par le roi puis Odélian qui a fait sécession en devenant marquisat à son tour. Puis la Sgarde lorsque la guerre civile fut terminé qui s'autoproclama royaume indépendant."

Il laissa le temps à Cécilie d'ingurgiter tout cela même si elle le savait déjà

"Qu'aurais je du faire ? le marquis d'Odélian venait de succomber, laissant un enfant sur le trône, la Sgarde et Alonna avait quitté le royaume, chose inadmissible et le marquis de Serramire était introuvable avant qu'on n'apprenne son état de santé. Olyssea et Sainte-Berthilde ne faisaient rien, la régente laissant le nord dans son état et ne semblant pas vouloir agir malgré sa puissance. Il n'y avait donc personne à part moi pour agir et c'est ce que j'ai fais. Le marquis n'étant pas en bonne santé et ne pouvant rester neutre, c'est naturellement à la couronne que j'ai fais serment, histoire de faire comprendre que mes intentions étaient louables."

Jérôme se laissa retomber dans le fond de son fauteuil et il commença à se masser les tempes

"Oui je suis allé voir la régente, oui elle m'a nommé maréchal et comte de Sgarde et elle m'a laissé faire ce qu'il fallait pour que le royaume retrouve sa solidité. J'ai étais obligé de rompre mon serment envers Odélian mais malgré toute la souffrance que cela m'a apporté, c'était un sacrifice au nom d'une cause plus grande. Personne n'a bougé et aujourd'hui, tous les reproches me tombent dessus ? quelle injustice. La régente m'a laissé tombé sans aucun état d'âme Cécilie. Elle m'a vendu à Odélian alors que c'est elle qui m'a fait rompre mon serment. Aujourd'hui, le royaume est dans un état encore pire qu'il ne l'était avant, tout cela à cause d'une personne qui a eu un pouvoir bien trop grand pour elle et qu'elle n'a jamais assumé tout en s'entourant de bien piètres personnes."

Jérôme se laissait aller dans ses malheurs mais il devait une réponse à Cécilie

"Ce que je vais dire au marquis ? c'est très simple. L'intention n'a jamais été de le spolier de ses terres mais puisqu'il était souffrant, il était compliqué de lui faire serment. Je n'ai aucun problème à lui faire ce serment afin de lui prouver que les terres gagnés l'on été pour Serramire et sa grandeur. Et mes intentions sont de prendre en charge le peuple de Sgarde, tout comme j'ai fais avec Etherna et Bastylle. Je pense en avoir suffisamment fait, il est temps que d'autres prennent la charge. Bien entendu, il faut repousser les sombres mais ensuite, je ferais comme mon père me l'a apprit. Je m'occuperais de mon peuple qui doit passer par dessus tout le reste, assurer sa sécurité et son bonheur. Vu l'impossibilité d'unir le royaume, il faut que je m'occupe de ceux envers qui j'ai un devoir et une charge."

Après avoir fait remonter tout cela à la surface, Jérôme avait un sentiment de malaise qui le prit. La déception qui s'ajoutait à la fatigue ne l'aidait pas à être aimable envers les autres. Mais avec Cécilie, c'était autre chose, son calme et sa gentillesse l'obligeait à faire des efforts, de même que son conseil lui était important tout comme la possibilité de se confier, chose rare ces derniers temps. En fait outre, sa sœur et son frère (et Cécilie donc), il ne se confiait plus à personne, de peur de montrer une faiblesse exploitable. Après ce qu'il venait de dire, elle répondit être contente qu'il n'avait pas changé

"Ho Cécilie, vous savez, même si mes vœux sont toujours les mêmes, j'ai beaucoup changé au contraire, surtout ces derniers temps ou la perfidie et les trahisons sont monnaie courante. J'ai été blessé de bien des façons autres qu'une blessure physique et il faudra du temps avant que je ne retrouve ma jovialité passée"

En effet, le baron, avant, été régulièrement joyeux et débordant de vie. Toujours prêt à plaisanter et à rire. Depuis le début de la guerre de Sainte-Berthilde, voila quelques années, il souriait de moins en moins et il devenait de plus en plus taciturne.

"Renoncer à une terre ? je ne vois pas de quel droit il me priverait de mon bien si durement acquit. Me retirer Bastylle serait mal perçu par les autres seigneurs qui verraient en cela une menace envers leurs terres à eux. Et Etherna, il n'a aucun droit dessus."

Jérôme ne laisserait pas impunément un seigneur lui prendre son dû. Malgré les apparences, il n'était pas l'ogre que l'on décrivait et il n'avait pas en tête l'accumulation de terres mais celles qu'il avait aujourd'hui, l'étaient de plein droit. elle lui demanda ensuite ou elle pouvait le contacter ou si elle ne devait pas le faire. Jérôme réfléchit car c'était compliqué

"Hummm, vu toutes mes chevauchées, il sera sans doute de nouveau compliqué de me contacter. Mais vous pouvez le faire en espérant que les messagers me trouveront...Sinon, en cas d'absolu nécessité, Guillaume à ma confiance et il se trouve, normalement, à Nulhadon. Je vais tenter de le rejoindre si mon entretien avec le marquis se passe bien. Dans le cas contraire, je dois avouer que je ne sais pas trop ce qu'il se passera..."

Il était en effet compliqué de savoir ce qui allait se passer, surtout que tout s'accélérait et qu'il fallait réagir vite, avant que tout soit hors de contrôle.

"Dans tous les cas, je vous renouvelle mes avertissements. Les routes ne sont plus ce qu'elles étaient et même si les brigands se tiennent à carreau, je sais qu'ils doivent surveiller la situation comme nous. Soyez prudente"

Il aurait pu ajouter bien d'autres choses mais pour l'instant, il réfléchissait aussi aux imprécations des événements en cours

Toujours positive, voila un trait de caractère des plus agréable chez Cécilie. Elle parla immédiatement du fait que toutes les blessures, qu'elles soient physique ou mentales, guérissaient avec le temps. Elle accompagna le tout avec un sourire comme elle en avait le secret, de ceux qui vous obligez à en faire de même. Ainsi bien que ne le voyant pas, Jérôme sourit à son tour, même si ce n'était pas l'un des plus grand qu'il avait fait. Elle le réconforta ensuite en annonçant un entretien qui se passerait forcément bien puisque le marquis avait, au final, le même but que le baron. Elle fit ensuite allusion à son habitude pour les voyages avant de s'excuser de l'importuner.

Jérôme se rapprocha de nouveau d'elle, s'asseyant au bord du fauteuil dans lequel il était assit

"Cécilie, vous savez bien que vous ne me dérangez jamais. Et même si c'était le cas, j'ai toujours du temps pour vous ainsi que pour vos précieux conseils."

Il lui prit sa main dans les siennes

"Je sais bien que vous êtes habitués aux routes mais l'on est jamais trop prudent."

Puis il passa à autre chose

"Avez vous déjà en tête des idées sur la façon dont l'union pourrait se faire ? quels arguments seraient les plus à même de parvenir à faire comprendre aux autres que je ne suis pas un ennemi et que nous devons marcher mains dans la main ?"

Il avait essayé plusieurs choses mais il ne semblait pas réussir à amadouer les gens qu'il rencontrait

"Je ne cesse de clamer ma volonté d'unir le nord et que mes intentions ne sont pas de les flouer mais j'ai l'impression qu'on ne m'écoute pas. A moins que je ne m'y prenne pas de la bonne façon"

Une femme ne voyait pas toujours les choses sous le même angle et avoir leur conseil pouvait se révéler précieux. Jérôme se demandait encore comment certains hommes pourraient être machiste au point de ne jamais écouter les femmes. Il ne ferait pas obligatoirement ce qu'elle disait mais il aurait au moins un autre point de vue et si c'était plus pertinent que sa façon de voir les choses, il n'hésiterait pas à adopter les idées de sa conseillère.

Cécilie était pragmatique et son observation sans pareil. Elle n'avait pas non plus peur de dire au baron les choses comme elles étaient, ce qu'il appréciait au plus haut point. Elle lui ramena donc en travers de la figure le fait qu'il s'était parjuré et au combien il était difficile de faire changer d'avis quelqu'un qui ne le voulait pas, encore plus lorsqu'il était que l'interlocuteur n'était pas forcément fiable. Jérôme rumina cela et le fait que son parjure était une tâche dont il serait compliqué de se débarrasser. Déjà que lui même ne se le pardonnerait sans doute jamais, il devrait lutter d'arrache pied pour prouver que son honneur et sa loyauté était toujours présents.

L'indéfectible optimisme de sa conseillère se fit alors, sans doute pour lui remonter le moral qui se trouvait au plus bas. Elle était certaine que tout serait clair lorsqu'il pourrait s'expliquer de vive voix envers la majorité et que tout rentrerait dans l'ordre. Toutefois, il lui faudrait s'armer de patience et de courage pour affronter ses détracteurs. Enfin elle en arriva à la raison principale de trouver un accord, à savoir les devoirs que les seigneurs avaient envers leurs vassaux et le peuple. De même que les noir-elfiques qui se promenaient librement en Sgarde à l'heure actuelle et les tourments qu'ils infligeaient à l'ancienne baronnie. Jérôme redressa la tête, plein de cet optimisme et de ce courage dont elle l'avait investit par quelques paroles censées

"Vous avez raison, il est impossible de ne pas trouver d'accord avec la situation actuelle. Les drows doivent être repoussés coûte que coûte, il n'est plus temps de se quereller alors que notre devoir est de se porter au secours des pauvres âmes en détresse. Lorsque je verrais le marquis, je lui rappellerais notre devoir et le fait que c'est main dans la main que nous ferons avancer les choses et non en se battant l'un contre l'autre, affaiblissant nos terres et massacrant inutilement nos peuples."

C'était fou comme quelques mots prononcés au bon moment pouvaient changer les choses. Jérôme s'apitoyait beaucoup sur lui même, en devenant pathétique; Il devait absolument retrouver sa fougue et trouver comment inverser la situation

"Je compte sur vous pour être aussi bonne diplomate que vous l'êtes avec moi. Quelle bonheur que de vous avoir à mes côtés"

Le ton était chaleureux, ayant retrouver sa vivacité. Ce qu'il disait était sincère et c'était palpable

"Les hommes devraient plus souvent avoir des femmes de votre sagesse à leurs côtés, cela empêcherait sans doute nombre de querelles pouvant être évités."

Les femmes étaient en effet encore souvent sous-estimées et peu de nobles en avaient à leur côté. Pourtant, malgré cela, il fallait aussi trouver la perle rare qui détenait la sagesse car il était notoire que nombre de femmes étaient l'instigatrice de guerres entre hommes.

La modestie faisait également partie de la panoplie des qualités que possédait Cécilie. Elle dit qu'elle ferait de son mieux dans les entreprises diplomatiques discrètes qu'elle mènerait pour le baron. C'était déjà beaucoup

"Je ne doute pas un seul instant de votre réussite. Vous avez un talent inné vous savez"

Les éclats de rire qu'elle avait eut était un véritable baume pour le cœur. Depuis combien de temps n'avait il pas entendu rire comme cela ? Lui même souriait d'entendre autre chose que la guerre et tout ce qu'elle coûtait. En revenant sur les femmes, elle pensait plutôt qu'elles étaient un motif à bien des guerres. Elle avait raison bien entendu et Jérôme s'en amusa

"Il est vrai que les hommes peuvent devenir fou rien qu'en posant les yeux sur une dame et être prêt à tout pour la conquérir. Bien des guerres ont sans doute été déclaré pour et par des femmes. Mais ne dit on pas aussi que derrière chaque grand homme se cache une grande dame ? les femmes sont capables de bien des choses et surement même plus que les hommes en définitif. Alors fléau ou bienfaits, qu'en savons nous vraiment ? sans doute un peu des deux"

Il rit à sa phrase, communiquant la bonne humeur qu'elle lui insufflait

"Je n'aurais jamais assez de mots pour vous louanger à mes proches mais peut être que je devrais pas le faire, de peur que quelqu'un ne vous fasse une meilleure proposition que moi et que vous ne quittiez ma cour."

Mais parler de façon légère était une chose, la réalité une autre

"De toute les manières, pour en revenir à ce que nous disions, je pense qu'il est temps de faire des choix, dont certains seront douloureux, et d'enfin faire quelque chose pour endiguer puis repousser la menace des sombres."

Jérôme devait lutter contre son défaitisme et son apitoiement et refaire surface, lutter comme il savait le faire. Elle avait été la première pierre, sa bouée de sauvetage qui l'avait ramené à la surface. Il devait maintenant faire face et accepter les conséquences, oublier ce qui était perdu, il serait temps plus tard de voir ce qui pouvait être réparé

"La première tâche est de trouver une entente pour repousser les drows, chaque jour, ils font plus de victimes et de dégât et nous ne pouvons tolérer cela. La rapidité est dangereuse mais elle est vitale pour notre survie et nous ne pouvons continuer à nous regarder sans rien faire."

Il avait retrouver un peu de hargne. Il parlait sur un ton plus passionné qu'au début de la discussion, semblant revenir à la vie qu'il avait oublié de vivre.

Jérôme ne faisait pas parti des nobles qui pensaient que seul les hommes devaient avoir le pouvoir ou encore était digne de confiance. Il avait connu des femmes de poigne ou encore rusée. blanche de Hautval menait sa baronnie d'une main de maître. Jeanne de Sephren avait été une duchesse surprenante. Madeleyne n'était pas en reste et Cécilie, bien que ne disposant pas du pouvoir que ces femmes avaient, ne leur était pas inférieur en esprit. Pourquoi donc, constatant cela, l'on pouvait dignement dire qu'une femme n'avait pas les mêmes possibilités qu'un homme ? Cécilie lui dit que sa cour était trop confortable, ce qui lui amena un sourire. Il était certain qu'il n'était pas de la race décrite ci-dessus et qu'il lui donnait plus que beaucoup n'oseraient même penser faire. Mais elle lui rendait bien et il appréciait sa compagnie.

Doucement mais surement, la discussion arrivait à son terme. Cécilie parlait de moins en moins, peut être en voulant le ménagé car il devait dormir. Jérôme se rendait compte que la fatigue était présente et il avait besoin de ses forces pour continuer de lutter même si la flamme que Cécilie avait débuté à ranimer lui redonnait des forces. Il se leva et s'approcha d'elle, lui reprenant les mains dans les siennes qui étaient chaudes

"Vous avez mon aval pour vos pérégrinations comme je vous l'ai dis. Je donnerais des instructions pour que l'on vous accorde tout ce que vous demanderez."

Il l'aida à se relever, il savait que moins leurs entretiens étaient long et moins, les rumeurs s'installaient même si c'était compliqué

"Je vous fais entièrement confiance Cécilie et je sais que quoi que vous fassiez, ce sera toujours pour la bonne cause. Merci pour votre soutien, il m'est cher."