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| L'entre deux | |
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Walther Hohenburg
Humain
Nombre de messages : 139 Âge : 110 Date d'inscription : 09/01/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 32 Ans Taille : Niveau Magique :
| Sujet: L'entre deux Mar 15 Déc 2015 - 16:50 | |
| L'ENTRE DEUX
Rien n'avait été pire que les terribles échos des plaintes provenant du champ de bataille. Les hommes encore blessés, qui n'avaient pas été ramenés dans les hôpitaux de fortune, gueulaient comme des porcs que l'on aurait égorgés. Quelques profiteurs sans scrupules quant à eux, s’étaient affairés sur les dépouilles pour leur faire les poches afin d'augmenter leur solde. Pour clôturer le lot, une odeur toujours aussi pestilentielle recouvrait le champ de cadavres et de blessés embourbés dans la boue. Même la campagne de Sgardie qu'il avait fait avant cela n'avait pas été aussi sale. Mais il n'était plus question de tergiverser sur le sort de ces morts, afin de leur donner une sépulture décente. Non, après les hostilités, au lieu de leur donner congé et de les féliciter pour leurs actions, on leur avait ordonné de réunir tous les corps inertes devant Nebelheim afin d'en faire des gros tas pour y mettre le feu. Pendant ce travail, ils auraient pu vomir toutes leurs tripes s'ils avaient pu, tellement la corvée pouvait être ignoble. Mais au lieu de ça, ils s’exécutèrent sans broncher, préférant garder leur dernière force pour achever la besogne le plus vite possible.
La nuit tombée, des centaines de bûchers s'embrasèrent et les flammes grimpèrent haut dans le ciel. Le spectacle aurait pu être magnifique si l'on avait pu ignorer que des milliers de corps se faisaient incinérer. L'odeur de cochon grillé aurait également pu ouvrir l'appétit de n'importe quel homme atteint de cécité et ne sachant pas quelle viande se faisait rôtir. Au lieu de ça, Walther et ses hommes étaient très loin de s'imaginer en train d'attendre de la bonne viande. Non, ils avaient tout vu et ces images resteraient gravées à tout jamais dans leur mémoire. Comme s'ils avaient eu le besoin de se prouver que toutes ces choses étaient arrivées, ils s'étaient assis sur une petite butte surplombant le champ de feu avec au loin les murailles de Nebelheim. Celles-ci s'animaient dans la nuit grâce aux milliers d'ombres provenant des flammes. Quelle personne sensée aurait pu souhaiter s'y installer de nouveau après toutes les horreurs qu'elle avait connu ? Cette cité serait hantée pendant des décennies voire même des siècles entiers.
De leur côté, ils n'étaient plus qu'une dizaine. Les dix autres étaient en train de se faire consumer par les flammes. Manfred les avait rejoints après s'être battu de toutes ses forces contre la mort. Mais de toute évidence, celle-ci n'avait pas eu l'intention de lui laisser la moindre chance... Le regard perdu et martelé par la fatigue, Walther accusait le coup même si cette bataille n'avait été qu'une mise en bouche. Il avait été chanceux d'avoir Meinhard à ses côtés pour le délivrer de l'immonde géant qui avait voulu l'envoyer dans l'au-delà. En pensant à ce qui les attendait à Amblère, il redoutait déjà que la chance l'abandonne. Le triste constat était que sa vie ne tenait réellement qu'à un fil, sans rien pour se raccrocher si ce n'est la foi inébranlable de son compagnon d'armes. Si seulement Néera avait pu être dans toutes ses pensées, remplaçant ainsi ses images morbides de corps sans vie marchant vers lui pour le tuer.
D'autres nouvelles guère réjouissantes étaient parvenues jusqu'à lui, dont l'alitement du comte Alwin de Karlsburg. Il avait ressenti le besoin de se retrouver avec tous les arétans sûrement en train d'assister aux derniers instants de leur seigneur. Mais il s'était ravisé en se disant que sa présence n'aurait nullement été désirée, lui qui était parti combattre pour une seigneurie voisine avec pour seul but de remplir suffisamment ses poches pour assurer un meilleur avenir à sa famille. Cette guerre était cruelle, comme toutes les autres, c'est ce qu'ils se disaient tous et ce qu'ils pensaient tous. Walther n'osait à peine imaginer la fin de tout ceci comme s'il ne voulait pas que la guerre prenne fin. Comment pouvait-il s'imaginer revenir avec tous les honneurs comme un héros alors qu'il avait participé à entasser des corps comme du vulgaire bétail ? Avait-il perdu son humanité dans cette journée ou n'était-ce qu'une épreuve en plus qu'on lui avait mise sur son chemin ? Tant d'interrogations pour si peu de réponses... si cette campagne ne l'avait pas encore tué, elle aurait bientôt terminé d'achever son âme, se disait-il.
En attendant, il lui restait à assurer la bonne tenue de la compagnie. Même s'ils n'étaient plus qu'une petite dizaine, la bataille semblait avoir soudé les liens, ce qui devait être le seul point positif de la journée. Sur le champ de bataille, les hommes se trouvant derrière eux avaient vu leur courage et leur détermination. Après l'ignorance venait alors une certaine reconnaissance et respect de la part des seigneurs, dont celui d' Outremont pour qui ils se battaient. Même si cela était encore nouveau, au moins, on ne les prenait plus de haut et l'on entendait déjà les récits contant les prouesses du chevalier à l'allure de géant. D'autres rumeurs racontaient comment ils s'étaient tous mis à prier devant la statue de Néera. Pour peu, on leur aurait presque attribué le statut d'ordre religieux se battant au nom de la Damedieu. Cela aurait pu le faire sourire s'il avait eu le cœur à ça, car ses hommes n'avaient rien de bons et fidèles adeptes. Néanmoins, la rumeur prit vraiment de l'importance lorsqu'une poignée d'hommes bien armés débarquèrent à leur campement, demandant ainsi à les rejoindre pour se battre au nom de la sainte mère. Ces soldats avaient perdu leur maître, mort pendant la bataille. Ne sachant pas vraiment s'ils venaient par volonté de se faire mercenaire ou bien de vraiment se battre au nom de Néera, Walther avait acquiescé sans trop réfléchir à la conséquence que prendrait une telle décision, puisque le lendemain matin, d'autres hommes d'armes sans maîtres arrivèrent jusqu'à lui dans l'intention de se battre pareillement au nom de la Damedieu. Constant qu'il n'existait plus de moyens de faire demi-tour, ces quatre autres soldats s'installèrent chez eux et se mirent à imiter le reste de la compagnie en priant devant une statuette de la dame sculptée à la hâte.
Leur campement commença alors bientôt à prendre des allures de camp de croisés, partant se battre au nom de la Mère. Il avait perdu dix de ses hommes deux jours auparavant et voilà que quinze nouveaux venaient de le rejoindre lui, l'homme qui n'avait plus de foi et qui était assaillit de doutes et de pensées morbides en permanence. Sans Meinhard, la chose aurait pu paraître presque ironique, mais il préféra laisser les hommes s'embraser pour une telle chose. Ces nouveaux soldats de Néera allèrent d'ailleurs jusqu'à se coudre des morceaux de tissu en forme de calices sur des cottes d'armes confectionnées à la hâte parmi les draps ayant servis pour les blessés. En quelques jours seulement, le nouvel ordre commença à se faire connaître bien qu'il n'ait eu encore aucun nom pour l'officialiser. Les Lourmellois eux-mêmes, semblaient avoir du mal à réaliser ce qui s'était produit avec l'arrivée subite de ces croyants arrivant de nulle part et installant leurs tentes tout près des leurs. S'il avait pu imaginer un jour que les dieux avaient abandonné la Sgardie, il pouvait à présent dire qu'il s'était trompé. Néera était belle et bien sur le point de s'implanter de nouveau dans le cœur de ses sujets, même si le sien restait encore quelque peu fermé.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: L'entre deux Mar 15 Déc 2015 - 19:55 | |
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La guerre avait ses petits paradoxes, ses contraintes et son ironie. Et cette bataille, qu’avaient livrée les Hommes, n’en était pas exempte. Beaucoup avaient souhaité que cette bataille se termine, mais une fois celle-ci achevée, ils auraient préféré encore se battre pendant quelques heures plutôt que d’affronter la suite des événements. Car les cadavres qu’ils avaient affrontés avec tant de hardiesse, augmentés de ceux de leurs défunts compagnons, étaient encore à brûler, sur d’immenses bûchers aux allures sombres et démoniaques. Entasser des corps n’avait jamais été aussi pénible, car certains étaient décomposés depuis longtemps déjà. Certains rechignaient à toucher les morts, de peur d’être maudits, ou par pur dégoût, tout simplement. Les chevaliers présents n’avaient pas le cœur de les réprimander, parce qu’eux aussi étaient animés des mêmes sentiments. Pourtant, le travail devait être fait. Et Meinhard avait rempli sa tâche sans broncher.
Si d’extérieur, il avait l’air parfaitement sous contrôle, à l’intérieur de lui se déchaînaient les passions. La colère, celle de voir autant d’hommes morts de procédés impies et monstrueux. La haine, celle des êtres responsables de ces atrocités infernales. Le dégoût, celui qui lui avait pris les tripes lorsqu’il avait porté son premier cadavre puant au bûcher. Nous pourrions encore citer la tristesse, la rancœur, et d’autres sentiments encore. Il bouillonnait à l’intérieur, et il se conformait à sa tâche comme une machine, fonctionnant tout en étant complètement détaché du reste du monde. C’est pour cela que le remplissage se déroula si vite, car il n’avait plus la notion du temps. Il était perdu dans ses pensées, et tout ceci le travaillait. Il n’assista pas à la mise à feu, ni à la crémation de masse au bas des murailles. Il avait préféré rentrer avec sa moribonde compagnie, du moins avec ce qu’il en restait. Ils s’étaient vaillamment battus, et ils avaient de quoi être fiers. La perte de Manfred rendit cependant l’après-bataille plus aigre que douce.
Arrivé au campement, il alla rendre visite à sa calme jument, Ambre. L’odeur de mort qu’il amenait avec lui la déstabilisa quelque peu, et elle hennit. Mais lorsqu’elle vit qu’il s’agissait de Meinhard, elle se fit plus douce, et se laissa flatter l’encolure. Il la bouchonna, et mit une couverture sur son dos, en prévision de la nuit fraîche à venir. Ereinté, le chevalier prit le temps de toucher du doigt les plaies, nettoyées et refermées, qu’il avait au visage et au cou. Ça le picotait encore, mais après quelques jours, les vilaines blessures seraient en voie de guérison. Il souffla, et se dirigea vers le centre du campement. Walther avait le regard dans le vague, en pleine réflexion, ou simplement lessivé par la journée. Meinhard voulait aller lui parler, mais son regard s’arrêta sur la chose la plus étonnante qu’il puisse voir en ces lieux. Les hommes de la compagnie avaient taillé une grossière, mais assez ressemblante statue à l’effigie de la Damedieu.
Le chevalier se dirigea dès lors vers eux, et tapota l’épaule du plus jeune, un petit gars qui était passé entre les mailles du filet. Peut-être aurait-il moins de chance la prochaine fois ? Ou bien Néera veillait sur lui. Le jeune type le regarda avec un demi-sourire, et le fier chevalier d’Olyssea sourit à son tour.
« La Dame sera très heureuse de cette attention. C’est avec de petits actes de foi que l’on devient l’un de ses serviteurs. Elle aime ses enfants, et plus particulièrement ceux qui lui rendent grâce. Et cette statue est un bel hommage. »
Les compagnons acquiescèrent, tous contents que cela plaise à Meinhard. Il en avait impressionné plus d’un sur le champ de bataille, au même titre que Walther. La bagarre contre l’immense mort-vivant avait marqué les esprits, et les hommes savaient en qui placer respect et confiance, à présent. Ils n’étaient plus les mêmes. Ils étaient devenus meilleurs. Le Foudreguerre but à son outre, puis entendit des bruits de pas derrière lui. Il se retourna. Cinq hommes faisaient face à Walther, et discutaient avec lui. L’Arétan sembla un peu étonné, mais acquiesça de la tête, et montra Meinhard du doigt. Arquant un sourcil, le colosse se tint droit, prêt à recevoir les hommes que lui envoyait son confrère. Ils se dirigèrent vers lui, bien armés et déterminés. Ils s’arrêtèrent face à lui, et l’un d’eux, balafré sur la joue droite, fit une révérence.
« Messire Meinhard, les exploits de cette compagnie sont parvenus à nos oreilles. Nous avons entendu que vous vous battiez pour la Damedieu, et nous voulions nous joindre à vous. Messire de Hohenburg nous y a autorisés. Pouvons-nous prier avec vous ? »
La nouvelle fit un choc au grand chevalier. La nouvelle s’était donc répandue si vite ? Une rumeur, certes, mais qui semblait être fondée. Meinhard avait toujours combattu pour Néera. Mais qu’en était-il des autres membres de la compagnie ? Il regarda derrière lui. Tous étaient aussi étonnés, mais il put lire, dans la plupart des regards, une grande ferté intérieure. Ils étaient reconnus. Ils se battaient pour une noble cause, et ils avaient gagné le respect d’autres gens. Pour un repris de justice, c’était déjà beaucoup. Et Walther devait être content que la réinsertion se déroule à merveille. Croisant les bras, le colosse d’acier acquiesça.
« Tout homme qui prie la Bienveillante est un saint homme. Priez avec nous, mes amis. »
Et ils se retournèrent vers l’idole de bois, s’agenouillant face à la Damedieu. Avec le temps, ils la sculpteraient avec plus de finesse, afin de combler leur déesse. D’autres hommes se joignirent à eux dans les jours qui suivirent, et ce furent une quinzaine de soldats qui vinrent s’ajouter à la compagnie. Certains se cousaient un écusson, d’autres gravaient des symboles religieux sur leurs lames. Plus l’heure avançait, plus le campement s’activait, pris d’une sorte de coup de tonus. Les autres feux en contrebas semblaient bien moribonds à côté d’eux. Ici, on priait, on mangeait, on buvait, et on faisait connaissance. Mais Meinhard voulait voir quelqu’un d’autre. Quelqu’un avec qui il n’avait pas parlé depuis la fin de la bataille. Passant parmi les tentes des croyants, il fit l’accolade à l’un d’eux, qui lui avait confectionné un magnifique calice en bois. Puis il se dirigea vers la silhouette solitaire de Walther. Ses pas étaient lourds dans la boue sgardienne, et il l’entendit arriver. S’asseyant sur un rocher en face de lui, il lui proposa une chope de bière.
« Vous ne parlez pas beaucoup, sir Walther. Le remue-ménage dans le campement ne vous remet pas un peu de baume au cœur ? Toute cette agitation ne vous remplit pas d’allégresse ? »
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: L'entre deux Mer 16 Déc 2015 - 16:26 | |
| Dans le campement
Il s'était assis sur un petit rocher à quelques pas du campement. A l'écart du groupe, il savourait une relative tranquillité qui lui était de plus en plus rare. Les yeux rivés vers l'océan de tentes disséminées sur plusieurs lieux, il se demandait combien de ces hommes finiraient par rentrer chez eux. Sans être défaitiste pour autant, cette question l'interpellait de plus en plus après ce qu'il avait vécu. Après tout, il avait vu brûler dix de ses hommes sur les bûchers quelques jours auparavant alors on pouvait bien dire qu'il était dans son droit de savoir même en sachant que personne ne pourrait lui répondre. Dix, c'était le chiffre qui revenait sans cesse dans son esprit. Il repensait à eux chaque seconde de la journée comme s'il s'en voulait réellement de ne pas avoir pu les maintenir en vie. C'était donc cela de diriger des hommes et d'être le seul garant de leur vie. Peut-être qu'en faisant plus, jusqu'à perdre sa propre vie, ces dix gars seraient encore en vie.
Des bruits de pas lourds se firent entendre. En tournant la tête, il vit Meinhard arriver vers lui, deux chopes de bière dans les mains. Après avoir esquissé un rapide sourire en prenant l'une des deux chopes, Meinhard se posa de tout son poids sur le rocher juste en face du sien. Il semblait être en forme, même si cela pouvait peut-être cacher quelques doutes. En tout cas, celui-ci s'était réjoui de voir arriver des croyants voulant se battre au nom de Néera. Alors que lui, sa réaction avait été bien différente. En plus de ses doutes vis-à-vis de la Damedieu, c'était bien le soucis de devoir diriger de nouveaux hommes qui le rendait plus que perplexe. Qui plus est des croyants.
Comme si le géant avait pu lire dans son visage que quelque chose n'allait pas, il ne tarda pas à vouloir en avoir le cœur net.
-Si mon bon ami, je suis heureux de voir que la compagnie se porte bien, elle l'a mérité, dit-il après avoir bu une gorgée de bière presque fraîche. Nous n'avons pas eu l'occasion de nous parler en privé depuis la bataille, mais je tenais à vous remercier de m'avoir sauvé de la mort devant la cité. Sans vous, j'aurai sûrement alimenté un peu plus l'un des bûchers...
Sa voix était basse, presque grave.
-A charge de revanche. La prochaine fois, ce sera à moi de vous sortir du pétrin ! Espérons néanmoins que cela ne se produise jamais et que nous puissions tous deux finir nos vies à l'abri des guerres.
Il laissa s'échapper un bref rire qui trahit néanmoins son humeur.
-Les hommes ont besoin d'espoir et je pense pouvoir dire que vous leur avez donné. Se battre pour des seigneurs que l'on a jamais vu est une chose, mais se battre pour une cause bien plus grande est sûrement ce qu'il leur manquait, dit-il avec sincérité. Votre foi a fait des adeptes sir Meinhard, j'aimerais pouvoir en dire autant... Ce pourquoi, j'aimerais que vous preniez la tête des nouveaux arrivants, vous avez bien plus à leur enseigner que je ne pourrais le faire en une vie. Bien sûr, cela ne se fera que sur votre accord, je n'ai aucun droit de vous l'imposer.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: L'entre deux Mer 16 Déc 2015 - 23:08 | |
| Comme il semblait l’avoir deviné, Meinhard put voir que son confrère chevalier n’était pas au mieux de sa forme, bien qu’il essayait de le cacher du mieux qu’il le pouvait. Malgré la bière, sir Walther ne semblait pas très envieux de se confier sur les récents événements, qui avaient pourtant chamboulé tout le monde. Le Foudreguerre étudia l’Arétan pendant qu’il parlait. Ce qu’il disait contenait un double-sens qui déplaisait fortement à Meinhard, mais qui l’éclairait beaucoup sur ce que traversait en ce moment-même son camarade. Walther se sentait responsable des morts, et il ne voulait pas conserver ce poids sur les épaules. Si le colosse pouvait comprendre, il n’était pas franchement d’accord avec lui. Aussi, lorsqu’il eut fini de parler, il soupira, et prit une gorgée de la bière qu’il avait à la main.
« Sir Walther, mes craintes semblent se confirmer… »
Il déposa sa bière sur le rocher, plongeant son regard dans celui du chevalier en face de lui.
« Qui vous a sauvé durant la bataille ? Vous pourriez certes dire qu’il s’agit de moi, vu que j’ai détourné l’attention de la créature, et ce alors que vous étiez bel et bien condamné. Mon bras a armé son coup, et vous avez eu le temps d’éviscérer le mort-vivant. Nous pourrions nous arrêter à cette simple explication, un combat tout à fait normal et conté de façon pragmatique. »
Meinhard appuya une main sur ses genoux, avançant sa tête vers Walther.
« Mais si je vous disais que l’on pouvait expliquer ce combat autrement ? Imaginez un instant que vous soyez condamné à mourir, prêt à vous faire trucider par un non-mort… Soudain, je vous vois, alors que j’étais muré dans une sorte de transe guerrière, faisant abstraction de tout le reste. Imaginez un instant que ce ne soit pas moi qui ait décidé de votre sort ce jour-là, mais la Damedieu elle-même. »
Il prit une gorgée de la bière à côté de lui, puis continua à parler.
« Nous avons tous le pouvoir d’interprétation. Chaque homme, ci-présent, peut choisir de croire en ce qu’il pense être juste et vrai. C’est ce qui crée la confiance, c’est ce qui fait tourner le monde. Nous choisissons tous de croire en quelque chose. Moi, par exemple, j’ai foi en Notre Dame. Je suis le chemin de la Dame, parce qu’il est juste à mes yeux. Mais vous, ne voyez que le néant. Vous vous châtiez sans pitié pour tous les maux qui arrivent à votre entourage, et vous vous faites du mal pour rien. Ce n’est pas vous qui avez tué vos hommes, messire. D’autres sont fautifs. Et lorsque nous les trouverons, nous les vengerons. »
Il se rapprocha du chevalier, lui mettant une main sur l’épaule.
« Je n’accepterai pas de vous remplacer en tant que chef. Je ne suis pas un homme comme vous. Oui, je sais gueuler. Oui, je sais me battre. Mais vous, vous savez vous soucier de vos hommes, et ça, c’est le véritable don de commandement. Un homme qui commande à d’autres a sur lui le poids de leurs vies, et vous, vous êtes taillé pour ce rôle. Il est dur, il est ardu. Cependant, aucun homme aux alentours ne pourrait s’en acquitter mieux que vous. »
Il se releva solennellement, la main toujours posée sur l’épaule de Walther.
« Ce qu’il vous manque pour vous sentir en vie, et pour être pleinement ce que vous êtes, c’est la Foi. Et par la Foi, je ne veux pas parler d’une ou deux prières par jour, non… Je veux parler de la vraie Foi. Celle que l’on abandonne à la Dame, qu’elle nous rend par un sourire invisible, par une caresse éthérée. Pour être un homme complet, sir, vous devez trouver la Foi. »
Il pointa du doigt la statuette en bois représentant Néera, dans un geste à la fois simplissime et percutant.
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: L'entre deux Sam 19 Déc 2015 - 12:48 | |
| Il y avait quelque chose de presque mystérieux et anormal chez ce Meinhard. En l'écoutant parler, Walther l'avait bien regardé et tout ce qui était sorti de sa bouche semblait être pourvue de la plus grande sincérité. Cet être à l'apparence d'une véritable machine de guerre était en réalité doté d'une grande humilité et d'un sens de l'écoute pouvant faire frémir les plus grandes pontes de la religion pentienne. Tout ce qu'il lui dit fut une grande source de réconfort dans le moment où sa détresse était la plus grande. Cela ne faisait pourtant que quelques jours que leur route s'était croisée et il semblait déjà lui accorder sa confiance. De toute évidence, si Néera veillait bel et bien sûr, lui, c'était cet homme qu'elle lui avait mis sur son chemin pour lui redonner un brin de foi. C'est d'ailleurs sur ce point que Meinhard finit de parler. Il ne devait pas se contenter de quelques prières journalières pour aller mieux, non, il devait s'abandonner corps et âme dans la véritable dévotion au nom de la Damedieu. Cela prendrait certainement un peu de temps, mais la voie de la guérison pourrait s'avérer plus rapide que prévu tant que cet homme resterait à ses côtés. Il repensa alors aux hommes qui avaient rejoint leur compagnie. Ceux-ci étaient venus pour se battre au nom d'une chose bien plus grande que ne pourrait jamais leur offrir n'importe quel seigneur. Là était peut-être sa rédemption et son retour auprès de la dame. Avec Meinhard pour apporter ses enseignements et guider ces nouveaux adeptes, son rôle à lui était peut-être de les diriger dans la bataille et de veiller à leur vie.
Totalement apaisé, Walther parut beaucoup plus à l'aise. Sa recherche de solitude l'avait amené à trop réfléchir sur des torts qui n'étaient pas les siens. Son compagnon d'armes le lui avait rappelé, il lui restait à présent à sortir la tête hors de l'eau pour enfin pouvoir respirer.
-Vos mots ont fait sens, sir. Je pensais me perdre dans la crainte et les doutes qui commençaient à m'ensevelir, mais en vous écoutant, je ne peux désormais qu'acquiescer. Je pense à présent que c'est la Damedieu elle-même qui vous a envoyé à moi pour me redonner la foi. Je vois maintenant ces nouveaux arrivants au sein de notre compagnie comme une mission qu'elle m'aurait donné. Mais sans vous à mes côtés, je ne pourrais y parvenir seul.
Il but à son tour une nouvelle gorgée de bière qui commençait à faire son petit effet à cause de sa fatigue accumulée.
-Si vous ne voulez pas diriger ces hommes, aidez-moi à le faire sans pour autant être mon subordonné, mais plutôt d'égal à égal. Veillez à encadrer leur foi pour qu'elle ne se transforme pas en fanatisme religieux et je veillerai à m'occuper du reste. Il est évident qu'en ces temps de troubles, les nouveaux croyants viendront nous rejoindre pour se battre au nom d'une chose bien plus forte que les ambitions des seigneurs.
Une lueur d'espoir se fit lire dans son regard.
-Il est évident que nous ne pouvons plus nous battre comme des mercenaires si nous nous battons au nom de Néera. Si elle nous a choisies pour ramener la lumière dans ce pays, ce n'est plus comme des reîtres que nous devons nous battre, mais comme des frères ayant juré de se battre pour elle. Comme ses fils ! Les seigneurs voisins nous prendrons peut-être pour des illuminés, mais nos mots agiront sur les âmes esseulées comme les vôtres ont agit sur moi.
A son tour, il regarda la statuette de la Dame.
-Il me reste encore un long chemin à parcourir pour retrouver la véritable foi, mais le combat à venir contre ces sombres-peaux sonnera peut-être le commencement de ma guérison.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: L'entre deux Jeu 24 Déc 2015 - 13:47 | |
| Apparemment, les mots de Meinhard firent mouche, car les traits las de Walther semblaient s’adoucir, comme si un poids invisible et monstrueux s’était peu à peu effacé de ses épaules. Peut-être finirait-il par prendre conscience qu’il devait s’éveiller à la Foi ? Peut-être serait-il même un jour meilleur dévot que lui. Les doutes devaient s’effacer, sinon, la Vérité ne pouvait éclater au grand jour. Cachée derrière les brumes de l’incertitude, elle attendait, tapie dans l’ombre, que l’on marche vers elle en toute connaissance de cause. Il fallait d’abord savoir être aveugle, pour mieux voir par la suite. C’était tout un apprentissage, et le sympathique colosse de fer était prêt à accompagner Walther sur ce chemin escarpé. De toute façon, l’Arétan n’était pas le seul à avoir des choses à se reprocher, et Meinhard était loin d’avoir fini son chemin de croix.
Après quelques nouvelles lampées de bière, les confrères chevaliers commencèrent à parler plus facilement. Ici, il était question du commandement de la compagnie. Meinhard acquiesça à ce que lui dit Walther. Il se gratta la barbe, et finit par dire :
« Vous les questions militaires, et moi les questions religieuses, hm ? Ça me va. C’est même parfait. De toute façon, le fanatisme n’est bon que lorsqu’il n’est pas empreint de valeurs négatives. Voyez-vous, sir Walther, il y a deux types de fanatiques. Les mauvais, qui brûlent et pillent, et violent, au nom de la Damedieu. De répugnantes créatures à égorger… Et puis, il y a des fanatiques tels que moi. Les vrais croyants. Eux, en revanche, sont ceux qui ont trouvé le Chemin. Je veillerai à ce que tous le trouvent. »
L’espoir semblait rejaillir dans le cœur de son camarade. Meinhard était ravi de pouvoir soulager la conscience de cet homme, qui semblait si troublé.
« Si nous devons nous battre comme des frères, alors nous lierons cela dans le sang. Je ferai verser à chacun une goutte dans un calice. Tous devront tremper leurs lèvres dans le liquide vermeil, et nous proclamerons ainsi notre nouvelle union fraternelle. Des frères de sang. »
Il se leva, allant chercher deux nouvelles bières. Lorsqu’il revint, il s’assit à la même place, scrutant les yeux de Walther.
« Nous passerons ce pacte demain, juste avant la levée du camp vers Amblère. Cette ville sera notre mise à l’épreuve. Ce que j’ai appris au cours de mes pérégrinations, c’est que la Dame aime mettre ses enfants à l’épreuve. Ils n’en deviennent que plus forts, et plus dignes de son amour et de son attention. Nous ferons notre devoir, et nous le ferons pour elle. Et j’ai besoin d’un homme solide à mes côtés, d’un homme qui braverait les flammes du brasier pour Néera et pour ses frères… J’ai foi en vous, sir Walther, et je vois en vous cet homme. Le serez-vous ? »
Il présenta son bras, le coude posé sur son genou. Les véritables chevaliers se serraient au poignet, mais les frères se serraient à l’avant-bras. Meinhard avait aussi envisagé une étreinte fraternelle, mais ils n’étaient pas encore frères, et cela aurait pu paraître étrange…
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