La parole est le vêtement de la pensée et l'explication en est l'armure [Jérôme]

Spoiler:

7ème jour de la 4ème ennéade de Bàrkios, an 8 du 11ème cycle.

« Ma Dame. Nous venons d’apprendre que le Baron d’Etherna se permet de circuler librement dans les terres Serraminoise. D’après nos sources, il se dirige actuellement vers Odélian en passant par la trouée entre Brochant et Versmillia. »

« Sont-ils aux courant ? » Lui demanda-t-elle en parlant des deux autres grandes familles du Marquisat.
« Je ne saurais pas vous le confirmer, Ma Dame. » répondit-il avant que la Dame ne l’invite à sortir de la pièce.

Maélyne se remémora sa discussion avec Cécilie et une foule de questions lui vint alors en tête. Elle réfléchissait quelques instants puis prit la décision de faire apprêter son cheval. Elle chevauchera pour aller plus vite. Elle s’était promis de rester auprès de sa fille mais en ces temps troubles elle se devait de régler les problèmes qui l’entouraient et celui de Jérôme en était un.

Elle partir alors accompagné de quelques gardes en direction d’Odélian. S’ils arrivaient à temps, ils croiseront sans doute la Baron avant de franchir la frontière. Ils arrivèrent à la limite de la frontière. La Dame avait envoyé des hommes pour essayer de localiser précisément le Baron. Il leurs fallut tout de même quelques heures pour avoir un semblant d’emplacement.

« Allons-y. » Dit-elle alors à l’intention des deux cavaliers qui venait lui apporter les nouvelles.

Au fur et à mesure de la chevauchée ils aperçurent alors un campement. Accélérant l’allure, peut-être par impatience, les Lourmellois arrivèrent très vite. Il faisait nuit noire et le feu qu’ils avaient allumés s’était transformés en plusieurs braises libérant ainsi encore de la chaleur mais plus assez de lumière pour éclairer complètement les alentours.

Un garde Lourmellois prit alors le soin d’annoncer la Dame lorsqu’ils entendirent des lames sortirent de leurs fourreaux.

Elle descendit de sa monture et se dirigea alors vers l'homme qui l'intéressait qui se demandant surement ce qui se passait.

« Bonsoir, Jérôme. » Dit-elle alors simplement. Le ton était donné, elle n'était pas venu ici pour passer une agréable nuit autour du feu.

Dire que Jérôme se promenait librement était un peu gros. Le baron était en effet repassé par Serramire pour se rendre à Odélian, ne souhaitant pas faire tout le tour par la Sgarde et Alonna. Pourtant, il le faisait sans que sa bannière ne flotte, annonçant qui il était. celle-ci était enroulée autour du mat et le restait, fermement attachée pour rester incognito. De plus il chevauchait prestement afin de ne pas laisser le temps qu'on comprenne qui il est et qu'on le poursuivre. Ils traversèrent ainsi Bastylle sans soucis puisque c'était ses propres terres puis ils contournèrent tout de même Serramire la ville avant de foncer sur la frontière entre celles de Brochant et de Versmilia.

La route se passait bien jusqu'au moment ou le fer à cheval d'une monture fit des siennes, laissant la monture boiteuse. Indubitablement, la suite fut plus laborieuse et longue. Il fallait rapidement trouver un village avec un forgeron afin de remettre un sabot, voir trouver une nouvelle monture si elle s'avérait trop blessée pour continuer au rythme souhaité. Bien entendu, le moment ou le fer avait décidé de se faire la malle était dans un endroit ou les villages ne pullulaient pas du tout, bien qu'étant en début de matinée, tout juste après être repartit de la dernière étape. La journée passa, puis la nuit et la journée d'après et le soir les rattrapa une fois de plus. Le lendemain, ils arriveraient dans un village qui leur permettrait de reprendre leur allure rapide. Jérôme ne savait alors pas qu'il était suivit par la dame de Lourmel mais cela lui permit de les rattraper. Le groupe avait monté un campement de fortune, comme d'habitude lorsqu'ils ne trouvaient pas de taverne. La nuit fut sur eux et après avoir mangé, ils allèrent dormir, fatigué par tout ça.

Les gardes en faction autour du camp furent soudain en alerte alors qu'ils entendaient un bruit de chevaux arrivant vers eux. Ils réveillèrent discrètement leurs partenaires ainsi que le baron et les lames sortirent de leurs fourreaux, ne sachant pas qui se présentaient, ami ou ennemi. Un homme plus en avant de la troupe qui arrivait descendit de sa monture et il annonça la dame de Lourmel. La surprise fut de taille, d'autant qu'elle avait fournit des hommes au marquis contre le baron malgré leur si bonne entente passée. De plus si elle était vraiment la en personne, il ne s'agissait sans doute pas d'une attaque en règle car elle n'était pas de celles qui se tenait en tête de charge lors d'un assaut, elle avait d'autres compétences très appréciables. Les têtes se tournèrent vers le baron tout en restant sur leurs gardes, en quête de savoir quoi faire. Un bonsoir, accompagné de son prénom seulement, prouva qu'elle était effectivement présente. Le ton donnait également l'idée sur la suite.

Constatant que les hommes de la dame, bien que leurs gardes, n'avaient pas sortit leurs armes, Jérôme fit signe à ses hommes de ranger les leurs. Il en fit de même, sa flamberge "espérance" étant dans ses mains également. Il décida de prendre le même ton, en utilisant le prénom de la dame et en la tutoyant et non ses titres comme elle l'avait pour lui bien qu'en son fond intérieur, il était content de la rencontrer

"Bonsoir Maélyne, bienvenue dans mon modeste campement. C'est une joie de t'accueillir mais que me vaut ta présence dans un endroit si sordide"

Il était évident qu'elle avait dû apprendre qu'il était la et que c'était bien lui qu'elle recherchait, preuve en était qu'elle avait employé son prénom en arrivant. Mais il était étonnant qu'elle vienne jusqu'ici pour parler et non l'arrêter et qu'elle ne se trouve pas dans un palais, ayant envoyé un émissaire le chercher.

Il lança une bûche dans le feu toujours rougeoyant et il tourna les braises afin de faire reprendre la flambée

"Approche donc te réchauffer, je te prie"

Il était presque étonnant de penser qu'ils pourraient être rivaux et leurs armées se trouver face à face en voyant leurs familiarités. Jérôme constata que Maélyne avait changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, ayant pris en assurance peut être, il ne savait pas pour l'instant vu qu'il faisait sombre. Elle était toujours aussi belle par contre, comme sa sœur dont il n'avait malheureusement vu que la dépouille.

La jeune femme s’installa alors que ses gardes décidèrent de casser la croute. L’homme avait quelque peu changé, il semblait légèrement plus mince et la fatigue le rongeait petit à petit. La faible lueur des flammes n’arrangeait rien non plus mais cela leur permettraient d’être discrets. Au fond, Jérôme de Clairssac était encore un ennemi du marquisat et le simple faite de le rencontrer pourrait lui coûter sa tête.

« Je ne suis pas venue vous voir en amie n’y même en ennemie. Allons donc droit au but. » Commença-t-elle normalement. Elle était plutôt ravie que le baron se passe de fioritures et toutes ses politesses bien inutiles en ces temps de guerre.

« Ma cousine, Cécilie de Laval, qui fréquente votre cour m’a convaincue de venir à votre encontre. Elle m’a convaincue de vous écouter. » Continua-t-elle toujours sur un ton posé.

Le baron devait surtout se demander comment Maélyne l’avait trouvé mais peu importe, elle ne lui expliquerait pas qu’elle a engagé plusieurs espions répartit dans le nord. Il n’avait pas à le savoir, du moins pas pour le moment.

« Je suis donc venue entendre votre version des faits. L’annonce de notre Marquis nous a plutôt surpris mais il avait de bons arguments que j’ai finalement acceptés d’écouter. » Elle fit une pause.

« Je souhaiterais maintenant, si vous en avez le temps, que vous m’expliquiez votre version des faits. » Elle laissa ensuite la parole à Jérôme.

La première fois qu'ils s'étaient rencontrés, la conversation avait été beaucoup plus formelle. Censée être prisonnière du baron mais s'étant en fait livrée d'elle même, la cordialité avait primé et ils avaient au final nourrit rapidement une entente cordiale entre eux deux. Aujourd'hui, la discussion démarra immédiatement et cela sans fioriture ou tournure de ce genre visant à enrober ce qui allait être dit. Elle alla droit au but, ce qui étonna Jérôme, non sans lui plaire car la franchise était la norme chez lui. Déjà elle disait ne pas venir en ennemie, ce qui était déjà un bon début même si ce n'était pas non plus en amie. Jérôme se tut et continua d'écouter, les yeux braqués sur le feu et non sur son interlocutrice, direct comme il l'était pas le passé. Il réfléchissait en même temps et ruminait la situation. Cécilie avait apparemment fait des merveilles, amenant le doute au moins dans les pensées de l'ancienne marquise. Pari gagnant puisqu'elle se trouvait aujourd'hui devant lui pour avoir sa version. Elle était décidément très talentueuse, cela amena l'un des rares sourires sur le visage de Jérôme. Il retourna son regard azur dans les yeux de son interlocutrice, la tristesse y voilant son regard, espérant pouvoir restaurer leur amitié passée en lui disant sa façon de raisonner. Alors qu'elle le vouvoyez, lui continua de la tutoyer, essayant ainsi de retrouver une proximité.

"Je suis heureux que tu sois ici et que tu vienne entendre ma version. Je remercie Néera que tu ais écouté Cécilie, c'est une femme très adroite que beaucoup gagnerait à écouter plus, c'est un vrai bonheur de l'avoir à mes côtés et je te remercie d'ailleurs de me l'avoir présenté. Sinon, j'ai été beaucoup peiné d'entendre que tes armées avaient rejoint celles d'Aymeric pour marcher contre moi. Il semble qu'un énorme malentendu ait engendré tout cela et j'espère que l'on va réussir à sortir de la."

Jérôme était très sincère et l'on sentait dans son intonation que la chance qu'on lui donnait lui tenait à cœur. Il était très croyant envers Néera et il appréciait Cécilie plus que beaucoup de personnes qui la méprisait en raison de sa cécité ou qui voulait l'utiliser pour acquérir son héritage. Il aurait bien voulu connaitre la version du marquis mais ce n'était pas la question du moment. Il fallait maintenant qu'i parvienne à la persuader de ses bonnes intentions afin de retrouver une alliée qui pouvait avoir son importance, surtout qu'en ce moment, ils ne couraient pas les rues et que la confiance n'était pas facile à donner ou avoir. Celle de Maélyne tenait donc beaucoup pour Jérôme

"Si mes informations sont exactes, Aymeric pense que je le spolie de ses terres et que je l'ai donc trahis. Voyons Maélyne, je pensais que tu me connaissais mieux que cela."

L'amertume perçait dans cette phrase

"Déjà pour commencer, Alonna ne faisait plus partit de Serramire depuis longtemps maintenant et cela par édit royal. Ce n'est pas moi qui ai décidé que le baron d'Alonna serait nommé par le roy mais bien la couronne elle-même. Pour la Sgarde, tu sais comme moi qu'ils ont fait sécession du royaume. Lors des funérailles du régent et du roy Eliam, paix à son âme, la régente à explicitement dit, en recevant le serment d'Aymeric, que la Sgarde et Alonna étaient sous la suzeraineté d'Aymeric. La régente à donc changé la donne ce jour la, ramenant l'Alonna dans le giron de Serramire."

Un rappel des faits ne faisait jamais de mal

"Tu sais comme moi qu'à l'époque, Goar avait prit la pouvoir en Sgarde et qu'il avait fait sécession d'avec le royaume. De même que Alonna suivit le chemin ensuite, se ralliant à lui. Personne n'a réagit à cela, absolument personne. Hors après la perte d'une baronnie, puis d'une seconde, c'était le début d'une succession d'événements qui ne pouvaient que mal se terminer. Grégoire d'Odélian était mort et Aymeric était introuvable, l'on ne savait pas alors pour sa maladie. Il fallait bien que quelqu'un réagisse et endigue ces défections.

Alors oui, j'ai mis mon orgueil de côté car je n'étais pas du tout d'accord avec la façon dont la régente à prit le pouvoir, et j'ai pris sur moi de ramener les terres perdues au sein du royaume. La régente m'a alors nommé maréchal et faute de prétendant à la tête de la Sgarde, elle m'a nommé comte pour me remercier de prendre à cœur le bien être du royaume ainsi que pour le sacrifice que je m’apprêtais à faire car nombre d'étherniens allaient succomber pour atteindre cela."

Il marqua une pause en pensant aux morts dont il était responsable en tant que suzerain. Mais il fallait, comme il l'avait dit, faire des sacrifices pour un bien plus grand

"Vu l'absence d'Aymeric et ne pouvant me laisser partir ainsi, sans serment, l'on m'a demandé de prêter serment au roy, ce que j'ai fais. Mais l'intention n'a jamais été de spolier Aymeric de sa suzeraineté. Au contraire, je serais ravis de lui prêter ce serment, ramenant ainsi la Sgarde à Serramire et continuant mon oeuvre d'unification. Tu sais comme il m'importe que le nord s'unisse, c'était la raison qui m'avait fait venir à Serramire. Ai je, alors, continué la guerre à outrance pour m'accaparer le marquisat ? non, dès que j'ai vu une sortie de la crise possible et une unification, je me suis incliné devant Aymeric, lui laissant endosser le rôle de marquis et je me suis effacé"

Il avait reçu la châtellenie de Bastylle en échange mais il tût cela car les deux protagonistes le savaient et c'était retourner le couteau dans un plaie récente pour Maélyne qui avait été marquise ainsi que châtelaine de cette terre avant.

"Je suis un homme d'action et non un comploteur. La politique n'a jamais été mon fort, tu le sais et ça me dessers souvent. Mais la finalité, c'est un royaume, et surtout un nord, uni que je voulais. Je t'avoue que mes mésaventures me chagrinent et que je n'aspire plus qu'au bien être des peuples qui me seront confiés."

C'était la stricte vérité, Jérôme était las de la guerre et il n'aspirait plus qu'à gérer les terres qui étaient siennes, la Sgarde en faisant partit dorénavant. Nul doute qu'il était un grand stratège et un fin tacticien, personne ne pouvait le nier vu ses succès mais la guerre était lourde de conséquences. Il espérait qu'elle comprendrait et verrait qu'il disait vrai.

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Le crépitement du feu couvrait parfois la voix du baron. Maélyne plongea son regard dans les flammes qui dansaient sur un rythme plutôt endiablé comme s’ils s’étaient adaptés à la tension qui pouvait régner en ce moment même. Même si elle ne regardait pas Jérôme, la Lourmelloise l’écoutait attentivement. Au final, tout ce qu’il venait de dire était le même discours que lui avait apporté sa cousine. Jérôme semblait s’être fait avoir sur plusieurs décisions et cela rappela à la Dame l’époque où elle était Marquise et que la noblesse ainsi que son propre conseil cherchait la moindre de ses erreurs pour les clamer haut et fort.

Il venait de terminer, mais la jeune femme n’avait pas l’âme de répondre quoi que ce soit, le regard toujours perdu dans les flammes qui égayaient un peu la nuit.

« Sur ce point, Jérôme, nous sommes égaux. La politique exercé à haut niveau est un ensemble de pièges que malheureusement, même avec toute la volonté du monde, on ne peut éviter. » Commença-t-elle après une période de silence. « Je comprends maintenant tes décisions mais je comprends aussi Aymeric qui ne cherche qu’à restaurer la gloire passé de Serramire lorsqu’elle comptait encore bon nombres de vassaux puissants. » Elle fit une pause. « Le nord a besoin d’être unifié, surtout que nous sommes face à une menace que bien trop de seigneurs ne prennent pas aux sérieux. Mais Jérôme... Ce rêve que nous avions en commun nous est malheureusement inaccessible. Actuellement le nord en lui-même est morcelé par rapport aux actions du Duc du Médian. Certains le soutiennent, d’autres non. Alors comment réussir à les mettre d’accord ? J’ai bien peur Jérôme, qu’après une éventuelle trêve, le temps de faire face à la menace, les hostilités reprendront concernant les terres d’Oësgard. » Elle refit une pause. « Ces terres ont certes déclarés leurs indépendance face à la couronne mais également à leurs suzerain, Serramire. Il est normale que la couronne souhaite récupérer ses dites terres mais ce que nous n’avons pas apprécié c’est qu’ils nous écartent de la reconquête de celle-ci. Certes Aymeric était introuvable, puis malade, mais le Marquisat lui n’était pas dans le même état. Mahaut, l’épouse d’Aymeric en était la régente, nous, la noblesse Serraminoise, Lourmel, Versmillia, les trente... nous n’étions pas dans le même état que notre Marquis. Pourtant vous avez décidé de ne pas nous faire part de vos projets. » Elle regardait Jérôme puis tourna la tête. Au fond, n’était-elle pas déçue qu’il ne fasse appel à elle pour cette reconquête ? « Le Marquisat n’a certes pas prit l’initiative de reprendre Alonna et Oësgard car nous sortions d’une guerre civile et que seule, nous n’aurions pas pu y arriver. Mais avec l’aide la couronne et de la vôtre, Jérôme, nous y seront parvenus. »

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A la fin de son monologue, un silence se fit, gênant. Jérôme se demandait si l'ancienne marquise avait comprit les intentions réelles du baron et si elle verrait la justesse de ses mots. Elle sortit de sa torpeur, répondant point par point. Elle même ne semblait pas apprécier la politique de haut niveau, un point qu'ils avaient en commun. Par contre, rapidement, elle lui fit des reproches, parlant des envies de grandeur d'Aymeric et du besoin d'unifier le nord. Jérôme en resta sans voix, l'avait elle seulement écouté ? il ne peut pas répondre, blessé et surpris, continuant donc de l'écouter alors qu'elle se mettait à parler de Nimmio et du fait qu'après le départ des drows, les conflits reprendront. Vint alors le reproche d'avoir laissé Serramire à l'écart de l'offensive mais elle se contredit en faisant allusion à la guerre civile qui venait d'avoir lieu.

Lorsque Maélyne parla du fait que tout fut monté sans en parler à Serramire, Jérôme se leva soudainement. Si elle levait les yeux pour voir les siens, elle y verrait un homme profondément blessé et sur la défensive. Il se mit a marcher de long en large alors qu'il parlait avec une fougue surprenante et une passion qui n'avait pas été présente depuis le début

"COMMENT OSE TU ?"

Il marqua un silence pour reprendre sa contenance et ne pas laisser sa rage l'emporter. Il était las mais une haine farouche couvait en lui contre les drows, surtout après son sauvetage d'Aline de Montévlin et tout était retardé à cause de politique encore et toujours. Il ne voulait qu'en découdre et tuer du sombre et Maélyne venait lui dire des choses qui le touchaient au plus profond de lui. Il était dès lors difficile de garder son calme. Il était rare de voir Jérôme s'emporter, pourtant Maélyne ne craignait rien puisque lui même l'appréciait et il ne voulait pas lui faire du mal. Pourtant l'intensité qu'il dégageait à ce moment était surprenante

"Pense tu que je suis allé voir la régente en premier ? je me suis rendu à Serramire et j'ai demandé une audience au marquis. Personne ne m'a dit qu'il était malade, l'on m'a fait patienter deux jours avant de m'éconduire comme un malpropre, en me disant juste qu'il ne pouvait pas me recevoir. J'ai été blessé dans mon amour propre que d'être renvoyé sans plus de précision alors qu'il m'avait semblé que Aymeric et moi avions des pensées similaires.

Je n'ai jamais rien voulu d'autre que cette unification et aujourd'hui, on me reproche de tout faire pour la concrétiser ?"

Il redescendit finalement d'un ton encore tout en continuant de marcher auprès du feu

"Ce que je veux te dire, Maélyne, c'est que Aymeric est en train de lever un ban contre moi alors que je suis son meilleur allié et atout. Tu l'as dis toi même, Serramire venait tout juste de sortir d'une crise et vu mon renvoi, j'en ai déduis que personne ne voulait me soutenir ou m'aider. D'ailleurs rien n'a été dissimulé, ma nomination en tant que comte a été fait par édit royal et Aretria n'est pas venue m'aider sur demande de la régence. Non, il est venu de lui même m'accorder son soutien et vous auriez pu le faire également. Quand à l'aide de la couronne, elle s'est résumée à deux cent hommes à peine, une participation plus que ridicule quand on se souvient de la puissance qu'elle pouvait déployer tu ne pense pas ?"

Il était toujours étonnant de voir les différents qui pouvaient survenir d'un malentendu, d'une incompréhension ou d'une idée non concordante. Encore une fois, il semblait que cela soit la cas cette fois. On lui reprochait de ne pas avoir demander d'aider mais lui même pouvait faire également le reproche de ne pas l'avoir contacté. Un jeu sans fin qui ne menait jamais nul part. Le tout était de réussir à sortir de cette crise et d'être suffisamment intelligent (pour les deux parties) pour mettre les choses à plat et repartir sur une base assainie. Les deux nobles face à face en seraient ils capables ? Jérôme n'aurait jamais osé demandé de l'aide à Maélyne alors que sa sœur venait juste de décédée, assassinée et qu'elle portait le deuil en se repliant sur sa terre, et ce malgré leurs accords.

"Je ne suis pas un obstacle aux ambitions d'Aymeric, au contraire, je suis un allié. Je souhaiterais qu'il comprenne enfin cela. En prenant la charge de la Sgarde, je la ramène dans le giron de la couronne mais surtout, je la rattache à Serramire, lui redonnant l'un des puissants vassaux qu'il a perdu. J'ai tenté de faire pareil avec Alonna mais la baronne en place ne voyait pas de la même façon. La Sgarde étant encore à pacifier et la paix étant ce qu'il fallait en priorité, je l'ai laissé en échange d'un serment à la couronne. La régente ayant redonné au marquis la suzeraineté sur la baronnie, je pensais bien qu'elle retransférerait le vasselage au marquis à la fin des conflits."

Pleins de bonnes intentions qui se retournaient contre lui.

Alors qu’elle n’avait pas encore terminé de parler, le baron se leva soudainement. Maélyne comprit alors l’état dans lequel il était mais elle n’avait pas le choix. Ce qu’elle venait d’expliquer était l’état d’esprit de toute la noblesse de Serramire et pas seulement la sienne. Effectivement il y avait eu une guerre civile mais cela fait un an déjà qu’elle était terminée, Jérôme et la couronne aurait pu faire part de leur projet au marquisat. Il se mit alors à hausser la voix après avoir fait plusieurs allers retours. La réaction des gardes qui se trouvaient derrière elle se fit sans appel et ils s’approchèrent déjà en tirant leur épée de leurs fourreaux mais la Dame leva la main sans quitter Jérôme des yeux, stoppant net l’avancé des gardes Lourmellois. Elle savait pertinemment que celui-ci ne lui fera rien et qu’il se calmerait.

Il continua alors son discours. Elle n’était pas au courant que Jérôme était allé voir le Marquis avant de faire face à la couronne. La réaction d’Alonna ne l’étonnait guère. Hanegard en avait fait un pays si prospère que le peuple réclamait l’indépendance depuis un certain temps.

« Aymeric considère que L’Alonna et l’Oësgard sont ses terres que tu lui a usurpé, demandant l’hommage de la baronne d’Alonna et te faisant appeler comte d’Oësgard. » Lâcha-t-elle. « Ton but est peut-être de remettre ses deux terres sous vassalité envers Serramire mais d’après ce que je sais, Alonna n’y songe pas réellement et souhaiterais autre chose que des vœux de vassalité. Le problème Jérôme, s’est que tes erreurs vont se retourner contre toi. C’est toi qui as placé l’actuelle Baronne sur le trône. » Elle fit une pause. « Et qu’adviendra-t-il d’Oësgard ? Tu as fait vœux à la couronne pour Etherna et tes intentions était de faire d’Oësgard une terre vassal non pas à Serramire mais à la couronne également. Certes elle n’est plus aujourd’hui mais plus de la moitié de la péninsule continue à croire que le Roy ait survécu. Comment vas-tu donc faire ? Rompre tes serments au Roy ? Ce que tu as déjà fait envers Odélian ? Ta parole perd de la valeur Jérôme. » Elle ne lui avait pas dit ça comme un reproche mais plus comme un état des faits, s’il changeait chaque fois ses vœux, il perdrait en crédibilité.

La jeune femme se leva alors et reprit ses gants. « Je sais que tu te diriges vers Odélian, le nouveau Marquis t’a certainement convoqué.» continua-t-elle. « Fait attention à ce que tu fais Jérôme car l’Alonna et l’Oësgard reviendront à Serramire. Par vœux de vassalité ou non. » Elle fit une pause terminant ainsi d’enfiler ses gants. « Je te conseil vivement de t’entretenir avec Aymeric pour que vous puissiez trouver un compromis et si tes paroles sont vraies alors Serramire pourra récupérer ses terres. Il ne te reste plus qu’à convaincre le Marquis ce qui ne sera pas une mince affaire. » Termina-t-elle avant de se rediriger vers son cheval, elle l’enfourcha avant de se retourner vers Jérôme.

« Tu as tant de qualités que j’apprécie, Jérôme. Mais choisis ton camp et reste-y une fois pour toute. »

Alors que Jérôme avait haussé le ton, prit par sa passion, il avait aperçu les gardes qui commençaient à tirer l'épée du fourreau, immédiatement imités par ceux du baron. Un geste de Maélyne les stoppa, ce qui entraîné une réaction similaire de l'autre côté et Jérôme continua de parler comme s'il ne s'était rien passé bien que n'ayant pas loupé cela.

La réponse de Maélyne fut instantanée, répondant du tac au tac à son interlocuteur. Un rappel du serment d'Alonna à sa personne ainsi que le titre de comte qui lui avait été octroyé. Quel mal à devenir comte ? au contraire, c'était gratifiant mais certaines personnes ne voyaient pas les choses ainsi. Elle ramena le serment envers la couronne sur le tapis, à croire qu'elle ne l'avait pas écouté, ce qu'il allait lui rappeler. Mais en gentleman accomplit, il ne la coupa pas, la laissant continuer. Etonnement, elle se releva et tout en continuant, elle remit ses gants et s’apprêtait à partir, laissant sur place le baron ahurit. Elle parla ensuite du marquis d'Odélian et lui dit de choisir son camp une bonne fois pour toute.

Maélyne était sur son cheval, Jérôme en attrapa les rennes afin de ne pas la laisser partir sans répondre à son discours et ses accusations. Sans le savoir, elle venait de dire une chose qu'il n'avait pas forcément apprécié et qui changerait peut être pas mal de choses

"Ne m'as tu pas écouté ? Je t'ai dis que la régente avait reconnu la suzeraineté de Serramire sur la Sgarde et l'Alonna, elle aurait donc, sans les événements actuels, transféré le vasselage au marquis une fois tout cela terminé. Dans le cas contraire, elle aurait lancé un message aux autres seigneurs sur ses intentions de ne pas honorer ses vassaux, ce qui aurait entraîné une grave crise sans pareil. Malheureusement, vu la situation, nous ne le saurons sans doute jamais."

Il lâcha les renne de l'animal tout en termina

"J'ai déjà tenté de négocier avec le marquis Maélyne et s'il ne veut pas comprendre, tant pis pour lui, pour toi et pour tous ceux qui seront entraînés dans la lutte qui suivra. J'ai été très naïf, je le concède mais j'ai beaucoup appris ces derniers temps et je pense que tu me connais suffisamment pour savoir ma détermination, même dans les moments les plus noirs."

En effet, Jérôme, en particulier ces derniers temps, avait tendance à broyer du noir et à être des plus défaitistes mais cela se voyait surtout en petit comité ou dans les pires moments. Il se relevait toujours et faire face était son credo, quel qu’en soit les conséquences; Il était un homme d'action avant tout.

"Fais attention, en me demandant de ne choisir qu'un seul camp, à ce que cela ne se retourne pas contre les vœux que j'ai en tête. Il y a plusieurs camps et je suis engagé, normalement, envers plusieurs, et cela, de la même façon."

Jérôme fit alors demi tour et se dirigea vers le feu de camp, laissant Maélyne partir aussi soudainement qu'elle était apparue.

» Le vêtement n'est-il pas l'armure de la chair ?
» Un homme de parole ou sournois
» [intronisation] De l'écrit à la parole | Anorn
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» [TERMINE] Une petite pensée [PV Thomas]

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