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 Voyage pour la vie [Eliwa]

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Eliwa
Elfe
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MessageSujet: Voyage pour la vie [Eliwa]   Voyage pour la vie [Eliwa] I_icon_minitimeMer 13 Mai 2015 - 2:39


La Dross. En plein cœur d'Aduram. C'était là qu'on l'avait envoyée. Elle n'aimait pas énormément Aduram, parce que, lorsque le silence était, et lorsque rien d'autre ne la déconcentrait, elle pouvait entendre la Symphonie brisée. Elle pouvait entendre les arbres hurler leur douleur, et elle ne supportait que très peu cela. Mais peu importait, elle se devait de retrouver le père de sa fille. Il était hors de question qu'elle grandisse comme elle même avait grandit. Sans connaître son géniteur, se demandant sans cesse si elle n'avait pas fait une erreur, si elle n'était pas la cause de cette situation. Peut-être le faisait-elle aussi un peu pour elle. Pour effacer cette impression d'avoir manqué de quelque chose, durant son enfance, ou d'avoir manqué de quelqu'un. Et si elle s'autorisait à y penser un instant, peut-être même qu'elle allait retrouver Altiom parce qu'il avait été le seul, dans les rares instants où ils avaient été ensemble, à avoir réussi à lui faire oublier ce manque, à avoir comblé le vide qu'elle ressentait à chaque instant dans son cœur. Sauf qu'elle ne voulait pas y penser. Ne serait-ce que parce qu'elle avait peur que ce soit vrai, elle avait peur qu'il soit le seul, et elle avait refusait d'être à nouveau déçue. Sa vie avait été bien trop chaotique, et elle avait connu assez d'échec et de douleur pour se permettre de se mettre dans une énième position délicate. Alors elle allait juste le voir, pour qu'ils décident ensemble de l'avenir de leur fille.

Elle avait entendu dire qu'il repartait en Ydril, et elle avait aussi entendu parler d'une armée. Marchait-il vers la guerre ? Parce que si c'était le cas, elle repartirait certainement en Anaëh, le temps que les choses se calment, pour que Mîrmae ne pâtisse pas de toute cette violence et de toute cette souffrance qu'amenait le champ de bataille. Seulement, serait-elle plus en sécurité chez elle, non loin de là où le front faisait rage ? Ne serait-il pas plus judicieux de rester à Thaar ? Elle balaya ces questions aussi vite qu'elles étaient venues. Elle ne savait pas ce qui serait approprié de faire ou de ne pas faire. Et cela n'avait aucune importance. La seule chose qui comptait, là, de suite, était qu'ils arrivent en Aduram pour retrouver l'ancien archonte. Pour cela, ils chevauchaient presque à bride abattue depuis le petit matin, et quand vint l'heure de manger, elle ne permit même pas de pause. Ils pouvaient très bien manger à cheval, et elle savait pertinemment qu'ils allaient devoir s'arrêter cette nuit pour permettre à Alayda et à ses deux gardes de se reposer un peu. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle aurait continué, encore et encore, oubliant peut-être de se nourrir, n'ayant qu'une hâte : pouvoir le voir. Quand le soleil disparut définitivement, et que le voile noir de la nuit s'étendit sur le monde, elle dut, à regret, chercher un endroit pour mettre pied à terre. Elle envoya ses gardes chercher du bois, et leur ordonna de préparer un feu. Non pas qu'elle ait froid, ou qu'il faille faire chauffer quelque chose, mais Alayda était humaine, donc sensible au froid. Sans parler de son enfant, qui ne rechignerait certainement pas devant un peu de chaleur.

 - Nous allons continuer ainsi jusqu'à l'arrivée ? Ou allons nous ralentir à un moment ? lui demanda-t-on soudainement.
 - Je ne sais pas combien de temps il reste à La Dross. Et je dois absolument le voir, tu le sais très bien. Je ne ralentirai pas.
 - Très bien. Mais es-tu sûre que c'est la meilleure chose à faire ? Je sais que je ne suis pas là pour te donner des conseils mais... Si tu n'es pas avec le père de ton enfant actuellement, n'y a-t-il pas une raison ? Je veux dire, est-ce vraiment utile d'aller le voir ?
 - Je vois ce que tu veux dire. Mais regarde la. Regard la bien. Ne voudrais-tu pas le meilleur pour elle ? répondit-elle, la voix emplie d'une tendresse nouvelle. Non, évidemment, tu n'es pas sa mère, reprit-elle dans un soupir. Mais moi, c'est ce que je veux. Alors oui, je suis certaine de ce que je fais.

Sur ces mots, elle reprit son enfant des bras de sa nourrice, et la serra contre son cœur. Mîrmae était si calme qu'elle en était impressionnée. Tout marmot qui se respectait hurlait au moins une dizaine de fois dans la journée, si ce n'était plus. Mais elle n'avait du exprimer son mécontentement que deux ou trois fois, depuis qu'ils étaient partis. Doucement, elle passa le dos de sa main sur son front, appréciant la douceur de sa peau. Puis elle descendit vers ses oreilles, légèrement pointues. Elles étaient à la limite entre l'arrondi et l'effilé, et elle trouvait cela adorable. Jusqu'alors, ses paupières étaient closes, et lorsqu'elle les ouvrit, elle dévoila deux iris d'un bleu si foncé qu'il rappelait la couleur des saphirs. Ils étaient si beaux, si purs, qu'elle aurait pu passer toute une vie à les regarder, encore et encore, sans jamais s'arrêter. Elle ne l'avait pas voulu, cette enfant, elle ne l'avait pas attendue, elle ne l'avait pas espérée. Et pourtant, elle ne s'en séparerait pour rien au monde. Parce qu'elle était certaine d'une chose. Elle était tout ce qu'elle aimait de plus au monde. Elle était celle qu'elle chérissait le plus. Celle pour qui elle aurait fait n'importe quoi. Si elle n'avait pas gigoté, si elle n'avait pas exprimé l'envie de se nourrir, elle aurait pu rester ainsi bien plus longtemps. Parce que le temps n'avait plus court, parce que plus rien n'existait autour, si ce n'était elles. Ne comptait que l'amour que l'elfe pouvait lui porter, et le besoin plus que pressant de la préserver de tous les maux de ce monde.

 - Je vais te donner à manger, ne t'inquiète, murmura-t-elle.

Elle se fit aider pour sa protection en cuir, et défit rapidement les nœuds de son chemisier. Bientôt, elle put sentir sa fille se détendre. Au fur et à mesure que son estomac se remplissait, son agitation disparaissait. Elle aurait voulu ne pas être dérangé, mais on lui tendit rapidement ce qui devait remplir son propre estomac. De plus, ses gardes d'ordinaires peu bavards, crurent bon de s'ennquérir de l'accueille qui les attendrait là-bas.

 - Nous ne serons que cinq. Eux seront des centaines. Croyez-vous vraiment qu'ils vont nous voir comme une menace ? Je ne pense pas. Et si c'est tout de même le cas, alors je parlerai. Mais voyez-vous, avec un nouveau né, je doute fort que nous représentions un potentiel danger.

Sur ces mots, elle leur conseilla de dormir. Ils reprendraient la route à l'aube, et elle ne comptait pas traîner, ils avaient certainement du le comprendre. L'elfe, elle, n'avait pas sommeil. Elle s'était déjà accordée une séance de méditation avant de partir, et elle n'avait aucune envie ni aucun besoin de prendre un quelconque repos. Alors, doucement, elle se mit à marcher. Mîrmae au creux de ses bras, elle se prit à entonner un air qu'elle n'avait plu entendu depuis longtemps. Tout d'abord, elle fredonna timidement, mais rapidement, elle se mit à chanter de vive voix. Les iris saphir fixaient les étoiles, avec la curiosité de celui qui ne sait rien. Bientôt, le bleu disparut derrière ses paupières. Elle pouvait la sentir sombrer dans le sommeil. Sa respiration devenait de plus en plus profonde. Son cœur battait de moins en moins vite. Et ses muscles se relâchaient doucement. Quand elle fut certaine que le royaume des songes avait eu raison d'elle, Eliwa s'assit confortablement par terre, et s'attela à veiller sur ses songes. Elle ne resta pas bien longtemps seule, puisque sa louve vint la rejoindre d'un pas lent, presque lourd. Elle venait très certainement de manger, et comme à son habitude, elle venait digérer à ses côtés. Elle la laissa renifler sa fille, avant de la voir s'affaler contre sa jambe. Un soupir rauque s'échappa de ses babines.

 - Elle est avec nous, maintenant. Tu verras, dans quelques années. Elle serra ravie de pouvoir jouer avec toi, chuchota l'elfe. Veille sur elle comme tu veilles sur moi. Parce que s'il devait lui arriver quelque chose, je crois que je ne m'en remettrai pas.

Peut-être que finalement, Kÿria ne l'avait pas abandonnée. Peut-être qu'elle était encore là, quelque part, à veiller sur elle. Après tout, n'avait-elle pas reçu le plus beau cadeau qui puisse être ? Assise sous le couvert des étoiles, elle veillait sur leur sommeil à tous. Et alors, son coeur se gonfla un peu plus. Elle sentit qu'elle ne serait plus jamais seule. Plus jamais.
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MessageSujet: Re: Voyage pour la vie [Eliwa]   Voyage pour la vie [Eliwa] I_icon_minitimeMer 13 Mai 2015 - 20:25

Cela devait maintenant faire maintenant six jours qu'ils chevauchaient en direction de l'Aduram. Dans un peu moins d'un jour, ils devraient passer sa lisière. Elle était entrain de se demander s'ils devraient faire une pause pour remplir leurs gourdes quand un groupe de cavaliers leur coupa la route. Ne manquait plus que cela. Elle n'avait clairement pas le temps de s'occuper des quatre bandits qui se tenaient face à eux. Parce qu'à n'en pas douter, il s'agissait clairement de voleurs qui se faisaient la main sur les chemins, sans doute avant d'aller rejoindre la ville, ou peut-être seulement parce qu'ils n'avaient pas les compétences requises pour aller ailleurs. A en juger par leur allure, leur posture, et l'état de leur équipement, ils ne faisaient pas partie du haut du panier. Elle avait vu bien mieux en matière de bandits, et sur l'instant, elle se sentit presque insultée. Avait-elle l'air d'être si fragile ? D'être une proie si facile ? Aucun des deux partis n'avait engagé la conversation qu'Aralaurë grognait déjà. Eliwa la fit taire d'un claquement de langue et s'avança légèrement.

- Messieurs, que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle gentiment, un sourire sur les lèvres.

L'un parti dans un rire gras tandis que les autres sortaient leurs lames. Le message était assez clair, mais ils crurent bon de préciser qu'ils en avaient après leur bien. L'un d'eux plaisanta même sur le fait que la jeune humaine se vendrait sans doute très bien sur le marché. Mais il n'eut pas le temps de se gausser plus encore, puisque la lance d'un des gardes se planta dans sa poitrine, droit dans son cœur. Il eut un hoquet de surprise avant de tomber de son cheval, les mains serrant désespérément la hampe. Il y eut un moment de latence, où le silence fit place à tout ricanement, et où la surprise chassa la hardiesse. Puis, dans un râle de colère, les trois cavaliers restant chargèrent comme des bourrins. L'elfe n'eut aucune peine à les esquiver, seulement Alayda n'avait pas autant d'habilité, et elle faillit bien se prendre une dague entre les deux yeux. Quand l'elfe s'aperçut qu'ils visaient les plus faibles, son sang ne fit qu'un tour. Elle n'aurait pas du s'attendre à mieux de leur part, mais elle avait tout de même espéré qu'ils aient un minimum d'honneur. Seulement s'en prendre aux personnes sans défense étaient sûrement la chose la plus facile qu'il soit, et ils n'avaient pas hésité un instant. Faisant glisser son sabre hors de son fourreau, elle trancha un bras, avant que son propriétaire ne se fasse décapiter par un des deux eunuques. Seule sa tête roula au sol, le reste de sa personne resta bien droite en selle, sur sa monture qui s'enfuit au galop. Quand elle se retourna vers son autre garde, elle put le voir éventrer sans vergogne, laissant les boyaux se répandre sur la blanche robe de l'animal. Le cavalier n'eut pas le temps de s'en étonner, puisque son crâne fut transpercé de part en part par l'acier. Celui qui était encore en vie fit un demi tour plutôt spectaculaire et s'en fut à bride abattue. L'elfe pouvait presque sentir l'odeur de sa peur, elle avait put lire l'effroi dans ses yeux, et voir sa carotide battre à tout rompre. Calmement, elle essuya sa lame, la rangea entre ses omoplates, et prit une flèche. Elle banda son arc et suivit un instant sa trajectoire. Puis elle laissa filer la flèche. Un cri retentit, puis le cavalier s'écroula. S'il n'était pas mort sur le coup, il le serait bientôt. Rapidement, elle rejoignis la monture d'Alayda, et attrapant les rennes, elle l'attira à elle.

- Ca va ? Mîrmae n'a rien ? s'enquit-elle, inquiète.

La jeune femme était presque livide. Si elle était une as de la dérobade, elle n'avait jamais tué quiconque. Et encore moins quelqu'un qui en voulait à sa vie. Eliwa pouvait la voir trembler, et ses yeux s'étaient figés dans un savant mélange de peur et stupéfaction. Elle eut d'ailleurs du mal à lui reprendre sa fille des bras, tant elle s'y cramponnait. Mais avant de la rassurer, elle devait savoir si sa fille allait bien, si elle avait été en sécurité. A son grand soulagement, elle constata qu'elle n'avait rien, et qu'à part quelques larmes sur ses joues et une moue triste, tout allait pour le mieux. La berçant un instant, elle déposa un baiser sur son front avant de s'adresser de nouveau à l'humaine :

- Alayda, regarde moi. Voilà, c'est bien, regarde moi. Tout va bien. C'est fini, tout va bien. On va reprendre la route, et tout va bien se passer. D'accord ?

Le hochement de tête mit du temps à venir, mais il finit tout de même par arriver. Elle détestait devoir lui infliger sa cadence démentielle, alors qu'elle était visiblement en état de choc, mais elle n'avait pas le choix. Plus ils traîneraient, plus ils auraient de chance que cette scène se reproduise à nouveau. Déjà qu'elle savait pertinemment qu'ils allaient rencontrer des animaux hostiles en Aduram, elle ne voulait pas en rajouter avec un second assaut de resquilleurs. Et en l'état, elle ne pouvait plus prendre sa fille avec elle. L'elfe lui prit donc le linge, qu'elle noua autour d'elle, pour pouvoir porter son enfant sans que cela la gêne. Ainsi blottie contre elle, elle était devenue son seul rempart contre le monde, elle état devenue la seule chose qui pouvait l'épargner de toute barbarie, ou de tout danger. Et après cette embuscade, si on pouvait dire ainsi, elle ressentait plus que jamais le besoin d'être présente pour elle, et d'être apte à lui éviter tout mal. Elle savait bien qu'il y avait des choses qu'elle pourrait peut-être ne pas lui éviter, des choses qui lui arriveraient fatalement sans qu'elle ne puisse rien y faire. Mais elle ferait en sorte qu'elles soient bien peu nombreuses, et si insignifiantes qu'elles auraient pu ne jamais exister.

***

Ils ne leur restait que deux jours de trajet, à tout casser. La forêt les avait considérablement ralenti, plus question de lancer les chevaux au galop, ni même au trot. Elle ne doutait pas qu'Amarthluin en soit capable, elle savait très bien qu'il aurait put aller bien plus vite. Après tout, ils avaient pas mal sillonné Anaëh, et elle était bien plus dense qu'Aduram. Mais les autres étaient loin d'être aussi agiles, et leur vigilance, de part leur race et leur manque d'entraînement, était considérablement moindre que celle de l'elfe. Un peu plus tôt dans la journée, ils avaient eu droit à quelques grondements menaçants, au dessus d'eux, mais ils s'étaient rapidement calmés pour finalement disparaître. Elle pouvait sentir que l'humaine était plutôt tendue, elle était prête à fuir à la première menace. Dès qu'une branche craquait, son cœur faisait un bon. Ses muscles étaient tendus au possible, et ses pauvres sens étaient aux aguets.

- Détends-toi Alayda. Nous devrions arriver dans moins de deux jours, mais dans plus d'un tout de même. Alors ne sois pas si stressée, je suis certaine que ce n'est pas agréable pour toi, essaya-t-elle de la rassurer. Et puis, nous sommes entourés de deux gardes, qui ont suivi une formation plutôt poussée. Tu es en sécurité avec nous, je te le promets.
- Oui mais... Je sais que je ne devrais pas avoir si peur, après tout, j'ai été élevé par la rue. Sauf que, la mort, c'est... ça paraît si soudain ! Je pense me savoir en sécurité, mais je ne peux m'empêcher d'avoir peur...
- Très bien. Mais sache que la peur ne te fera pas échapper à la mort. Quand nous arriverons à La Dross, si tout se passe bien, je t'apprendrai. Tu sais déjà plus ou moins manier une lame, d'après ce que m'a dit Lil Ssin'um. Alors cela devrait aller vite.

Elle termina sa phrase sur un sourire. Elle se voulait rassurante, même si elle même avait quelques doutes quand à la sécurité de sa fille. Alayda était là pour elle, elle était là pour lui permettre d'assumer le rôle de protectrice, pour qu'elle puisse abandonner le rôle de mère un instant, et revêtir celui de guerrière. Parce que bien qu'elle soit les deux à la fois, au fond d'elle, elle ne pouvait les assumer ensemble au grand jour. Ils étaient bien trop peu compatibles. Mais si la nourrice de son enfant avait beaucoup trop peur pour elle, comment pourrait-elle être apte à se soucier d'un autre être ? D'ailleurs, depuis leur rencontre fortuite, elle ne lui avait pas laissé Mîrmae très longtemps, ni trop de fois. Elle préférait la garder contre elle, même si elle savait qu'en cas d'attaque par un quelconque animal, elle serait gênée dans ses mouvements. Mais peu importait, elle préférait largement cela au doute permanent. Au moins, elle savait si sa fille se portait bien.

Dans le courant de la journée, peu après le repas, Eliwa avait pu apercevoir quelques mynarks, dans les hautes branches. Elle avait demandé le silence et marqué une pause. Elle savait ces singes très agressifs lorsqu'ils se sentaient en danger. Elle avait préféré ne pas se faire remarquer, au cas où leur présence serait mal interprété par l'un d'eux. L'elfe avait même fini par faire un détour, voyant qu'ils ne comptaient pas bouger de si tôt. Cela n'avait pas été pour rassurer l'humaine, et malheureusement, le peu d'apaisement qu'elle avait essayé de lui apporter plus tôt était désormais parti en fumée. Ils avaient du prendre un sentier beaucoup plus dru que celui qu'ils suivaient depuis le début, et il était difficile pour eux d'avancer convenablement. L'agacement la gagna un instant. Ils étaient plus un poids qu'autre chose. Si elle était partie seule, elle serait déjà arrivée, à l'heure qu'il était. Sauf qu'elle oubliait une chose. Seule, elle n'aurait pas été en sécurité. Et on le lui rappela plutôt bien. Sorti de nulle part, une sorte de chien fait de lianes et de branches sauta sur le dos de sa louve. De surprise, elle jappa. Dégainant aussitôt sa lame, elle trancha dans le tas, essayant de ne pas toucher Ara. Heureusement que son tranchant était plutôt bien aiguisé. Mais passé la frayeur de son animal, un autre déboula de sous un buisson, et croqua sans vergogne le mollet d'Alayda. Cette dernière hurla en bonne et due forme, avant qu'on ne l'en débarrasse avec quelques coups bien placés. Un des gardes acheva la bestiole, tandis qu'Eliwa sauta à bas de sa selle pour venir constater l'ampleur des dégâts. Mîrmae toujours contre son ventre, elle déchira la jambe de tissu pour avoir une vue nette de la plaie. S'ils ne faisaient rien, cela s'infecterait très certainement. Ils ne pouvaient pas attendre d'être arrivé pour soigner cela, alors l'elfe s'empressa de lui faire un onguent d'herbes aux propriétés curatives reconnues, et de maintenir le tout sous un bandage. L'humaine serrait les dents chaque fois qu'elle effleurait la zone sensible, et des larmes de peur et de douleur avaient coulé sur ses joues.

- Bon, ça devrait suffire, pour le moment. Essaye de ne pas trop bouger ta jambe. Je sais que c'est dur, que tu vas avoir besoin de ton mollet, mais cela cicatrisera beaucoup plus vite si tu ne rouvres pas les plaies, lui conseilla l'elfe.

C'était bien leur veine d'avoir un blessé parmi eux. Au moins, c'était celle qui ne pouvait assurer leur défense. Ce fut dans cette idée que se conforta l'elfe avant de reprendre la route. Cette nuit, il ne s'arrêteraient certainement pas. S'il arrivait encore quelque chose à Alayda, elle doutait de la voir continuer plus avant, et surtout, elle doutait pouvoir lui confier son enfant à nouveau. La nuit pouvait être traîtresse, pour ceux qui ne voyaient pas. Mais elle n'en avait plus cure. Elle ne voulait pas faire face à un obstacle de plus, et la prochaine fois qu'ils s'arrêteraient, hormis pour satisfaire quelques besoin naturels, ils seraient arrivés.
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