Une rencontre fortuite (pv Azénor)

Cela n'avait de cesse de fasciner la jeune Anoszia, bien que native de la région est habituée à ce clément climat qui ravivait même les cœurs les plus sombres, la turbulente activité de la ville de Soltariel avait quelque chose d’envoûtant. Les températures appréciables et les nombreuses éclaircies qui annonçaient l'arrivée d'un été prolifique mettaient la populace en liesse. Cette aura particulière lui faisait prendre part à l'euphorie générale, à vrai dire, les terres du Soltaar étaient fief de moult célébrations lorsque l'astre solaire venait les irradier. On honorait aussi bien les moissons à venir que les bienfaits de l'intense lumière d'été, tout était en fête prétexte à la fête et au rassemblement.

Aussi quand elle avait du temps libre, entre son exercice de dame de compagnie et les obligations de la cour, Azénor appréciait tout particulièrement quitter l'outrancière opulence du palais ducal pour se mêler à l'humilité des habitants de la cité. Plus jeune déjà, elle se rendait souvent dans le labyrinthe des ruelles d'Ydril, la cité portuaire offrant un terrain de jeu royal pour qui osait s'aventurer dans ses artères. Soltariel offrait un tout autre environnement, plus question ici de docks pleins à craquer, de quais interminables ou de comptoirs de marine, la bastide se présentait comme le berceau prospère du faste méridional. D'innombrables fontaines crachaient un flot continu d'une eau fraîche et douce à disposition de tous, de denses pergolas créaient des zones d'ombre vient souvent trop rares en cette région australe. Les diverses colonnades, la pléthore de mosaïques et fresque épiques venaient parfaire l'architecture caractéristique de l'endroit.

La douceur de la matinée était plus que propice à une de ces escapade. Rien ne retenait sa présence aujourd'hui en la citadelle, elle n'avait vu la princesse Kahina depuis l'avant veille, du moins celle-ci n'avait pas fait appel à sa personne. Laissant ses atours de parage, Azénor revêtit une toilette légère, même sensiblement transparente, laissant deviner une nudité plutôt assumée. Elle ne cherchait pas à être reconnue, mais se faire remarquer lui était chose plaisante. Ainsi accoutrée elle ferait pour sur, se retourner les badauds sur son chemin.
Sa destination du jour n'était pas encore définie, elle savait qu'elle se laisserait guider au fil des ruelles pavées, portée par les odeurs et les sons qui viendraient à sa rencontre. Ses baladent prenaient souvent une dimension plus sensorielle qu'autre chose, le parfum des épices et les rires des enfants étant une réelle source d’émerveillement.

De légers pas la menèrent au cœur de Soltariel, près du quartier marchand, où déjà, on distinguait le bourdonnement singulier des louanges qui pullulaient dans la ville-basse. Une mélopée de fond se fit entendre, et semblait venir d'un lieu qu'Azénor aimait fréquenter lorsqu'elle passait dans le coin. Ce son pourtant, ne lui était pas familier, elle qui connaissait les tonalités de sa bourgade d'adoption. Ce constat ne manqua pas de piquer sa curiosité et chemin faisant, elle se dirigea vers l'établissement de l'Astre Doré. L'agréable taverne du centre-ville était le chef-lieu des étrangers de passage, un des centres névralgiques des négoces avec le reste de la péninsule. De petites clochettes de bronze vibrèrent à son entrée dans l'auberge, leur tintement se mêlant à la musique que produisait l'étrange instrument dont jouait un tout aussi étrange personnage. D'un hochement du chef Azénor salua le propriétaire des lieux qui s’affairait derrière le bar, et emboîta le pas vers une table isolée.

«  Augustin, fais moi donc l'honneur de ton meilleur vin épicé. Le plus frais possible s'il te plaît, il n'est pas encore sexte et il fait déjà une chaleur à se jeter dans l'Eris. »