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| Une visite à l'improviste | PV Ascanio | |
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May'Inil Baenrahel
Ancien
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| Sujet: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Sam 5 Sep 2015 - 23:37 | |
| May'Inil laissait son doigt glisser sur les épines du Miroir. Elle l'avait enfin en main, après moult péripéties qui feraient la plus grande joie des bardes. Mais elle n'avait pas l'esprit à repenser à cette étrange voyageuse tout de suite. Elle se rappelait par contre avec un sourire amusé la réaction des prêtres et des autres lorsqu'elle était reparue dans le temple, le Miroir entre ses mains. Elle n'avait pas eu trop de problèmes à l'emmener, même si ça lui avait coûté une sacré mise en scène pour satisfaire à la curiosité des pèlerins et des quelques croyants sur les lieux. Elle avait dit avoir besoin du Miroir pour satisfaire aux volontés d'Arcam. Ce qui était vrai, techniquement, puisque c'était sa volonté qu'elle le retrouve. Mais depuis, et malgré qu'il soit largement intervenu dans l'incident, Il se taisait désespérément. Tant que la curiosité insatiable de la prêtresse commençait à se languir et qu'elle envisageait d'utiliser le Miroir, alors qu'elle s'était promise de ne pas le faire. Elle sentait le piège devant elle, le bord de la fosse auquel s'accrochaient ses orteils, mais elle avait tout de même la furieuse envie de faire le grand pas en avant.
Elle se piqua sur l'une des décorations, retira vivement sa main comme si elle avait été brûlée et porta son doigt entre ses lèvres. Elle sentit le sang poindre en une goutte qui s'écrasa contre sa langue. Le plus intriguant avec ce Miroir, c'est qu'elle ne le voyait pas. Bien sûr, elle ne voyait rien. Mais le Miroir était magique, lié à Arcam, elle s'était attendu à le percevoir, à le sentir, mais rien de tout cela : elle ne voyait toujours que le noir là où il aurait du se tenir et elle ne sentait tout au plus qu'une vague aura magique. Pourtant, elle était certaine que c'était le bon, pour une raison simple : l'aura chantait. Habituellement elle percevait la magie comme un genre de bourdonnement, de murmure ou parfois de cri, mais le Miroir chantait. D’une délicieuse et envoûtante mélopée aux notes douces et apaisantes. Elle décida de ranger le Miroir et rabattit sur lui les tissus, déjà ravagés par les épines même si elle ne l'avait couvert que deux ou trois fois depuis qu'ils étaient partis de Naelis, dont elle se servait pour sa protection. Même si elle doutât qu'on put casser son verre d'une quelconque manière, elle ne désirais prendre aucun risque. Depuis qu'elle était partie elle avait pu adjoindre à cela une large caisse, emplie de paille, taillée aux dimensions, très menues puisqu'elle pouvait le porter sans peiner, du Miroir : cela camouflait fort bien l’œuvre du dieu aux milles visages qui, sans cela, aurait attiré bien des convoitises. Et elle détestait que l'on convoite ses propriétés : c'était une chose qui finissait toujours mal. Après avoir refermé précautionneusement la caisse, elle se tourna vers l'un des esclave qui la servait :
« Fais porter la caisse sur le palanquin. Je veux que personne n'y touche, est-ce clair ? »
Il ne dit mot et prit le fardeau des mains de sa maîtresse. Celle-ci sentit comme un léger vide en percevant la discrète chanson s'éloigner mais s'en détourna bien vite pour se débarrasser de sa robe de voyage qui tomba au sol. Elle savoura brièvement la sensation de l'air contre sa peau nue avant de s'adresser aux deux esclaves personnelles qui restaient dans sa chambre :
« Ne restez pas ainsi, aidez-moi à me préparer. Il ne s'agit pas d'une banale visite que je veux rendre. Si mon apparence n'est pas à la hauteur, vous en subirez les conséquences. »
Elle n'eut pas besoin de répéter ses ordres. Même la menace était probablement superflue mais elle aimait toujours rappeler à ses possessions qu'elles lui appartenaient. C'était là preuve d'orgueil inutile mais elle s'en moquait. Les deux esclaves l'aidèrent bien vite à se débarrasser de ses dernières affaires, de ses bijoux, défirent sa coiffure et la guidèrent jusqu'au baquet d'eau qu'elle avait fait monté juste avant. Elle passa plus d'une heure entre les mains de ses servantes, qui l'aidèrent à se laver parfaitement, polirent ses ongles, coiffèrent ses cheveux et l'habillèrent d'une de ses plus belle tenue. Bien sûr, même lorsque ce fut finie, elle ne pouvait toujours rien voir de ce à quoi elle ressemblait. Mais elle pouvait sentir l'étoffe ivoire, légère et de la meilleure qualité, à moitié transparente, qui couvrait ses bras, laissait son dos nus et descendait sur ses jambes fuselées, les bracelets lourds d'or et de joyaux qui cerclaient ses poignets et ses chevilles, la ceinture de cuir, légèrement de travers, qui mettait en valeur sa taille fine, le drap de satin violet qui descendait depuis ses épaules en deux bandes venant couvrir sa poitrine, soulignant de leur étoffe la courbe parfaite de celle-ci et reliées par une petite chaînette d'or en lacet, avant de descendre dans son dos et de se rejoindre en une longue traîne, un peu en dessous de ses fesses. Elle sentait aussi la rivière d'améthyste qu'elle portait autour du cou et les discrets clous d'oreilles ornementés et quand elle bougeait la tête c'était le mouvement de ses cheveux libres qui cascadaient sur ses épaules et dans son dos qu'elle percevait. Seules deux tresses venaient encadrer son visage et était terminées par de petits bijoux en or. Enfin, pour éviter de dévoiler toute l'ampleur de sa féminité au premier venu, un pagne de tissu jaune au liseré blancs de symboles drow et cousu d'une grande rune en hommage à Teiweon descendait entre ses jambes. Elle n'avait donc aucun doute sur l'impression qu'elle donnerait. Et il lui suffit des quelques pas pour sortir de la chambre qu'elle avait loué dans l'un des établissement les plus luxueux de Thaar et rejoindre son palanquin, passant devant une partie de la clientèle et du personnel de l'établissement, pour en être assurée : elle attirait sur elle tous les regards, d'envie ou de jalousie. Elle s'installa dans les coussins de soie avec un sourire satisfait accroché aux lèvres et tandis qu'elle laissait retomber les tentures, les porteurs qu'elle avait loué soulevèrent le palanquin avec fluidité, démontrant que le prix qu'elle avait payé n'était pas usurpé et se mirent en route, escortés par six gardes de la prêtresse, le tout mené par Draven qui ne manquait pas de prestance lui-même.
Ils progressèrent à travers les hauteurs de Thaar, au milieu des manoirs et des palais des princes-marchands et de quelques autres grands notables qui espéraient avoir un jour l'honneur de pouvoir porter ce titre. Même si en vérité les gens qu'on y croisait n'avait rien de si nobles : cohortes de serviteurs, de mercenaires employés par untel ou untel, de notables mineurs qui venaient prendre des ordres, de messagers et de scribes, de courtisans qui se rendaient à une fête ou de marchands plus modestes qui venaient s'enquérir d'une audience. Au milieu de tout ça le petit cortège de la haute-prêtresse passait presque inaperçu et, pour une fois, elle s'en satisfaisait assez bien : la visite qu'elle rendait n'avait rien du sensationnel, il s'agissait plutôt d'un petit plaisir privé qui s'était trouvé par hasard sur sa route de retour vers Thaar. Dire qu'elle n'y avait aucun intérêt serait mentir, mais elle était surtout là pour son propre divertissement. D'ailleurs la personne qu'elle s'apprêtait à aller voir n'était même pas prévenue de son arrivée mais elle n'avait aucun doute sur le fait qu'il l'accueillerait avec grand plaisir : on ne lui refusait pas grand chose quand elle était dans ce genre d'humeur, un genre d'humeur assez bien retransmis par la sensualité de sa tenue. Sur le chemin, elle adressa quelques prières à Isten et à Natha.
Finalement elle sentit le palanquin s'arrêter en douceur et entendit Draven descendre de cheval. L'esclave à son côté dans le palanquin écarta la tenture qui la protégeait de la chaleur du soleil et des regards indiscrets avant de l'aider à descendre et de la guider doucement. Elle sentait derrière elle la présence rassurante de son fils. Elle avança dans ce qu'elle supposa être un genre d'allée : le bruit de la rue avait laissé place à une atmosphère plus calme, mêlée d'entêtants parfums de fleurs. Lorsque l'esclave s'arrêta, elle supposa qu'elle était devant un genre de majordome : elle eut rapidement confirmation lorsqu'une voix grave, très protocolaire et égale, lui demanda qui il devait annoncer :
« Auriez-vous l'amabilité de dire à votre maître Ascanio Vossula que la Haute-prêtresse d'Isten May'Inil Baenrahel, de Sol'Dorn, souhaiterait s'entretenir avec lui ? »
Dernière édition par May'Inil Baenrahel le Ven 18 Mar 2016 - 9:50, édité 1 fois |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Sam 12 Sep 2015 - 15:42 | |
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L'esclave ne cacha pas sa surprise, encore que celle-ci échappa probablement aux yeux infirmes de la Haute-prêtresse. Tout comme la poignée de portefaix, de clients et autres parasites disséminés tout autour des portes du palais Vossula, il ne s'attendait guère à voir apparaître un important membre du clergé survenir à l'improviste. Il s'exécuta sans discuter, cependant ; il ne lui appartenait pas de poser des questions, et il ne tenait aucunement à s'attirer les foudres de son maître.
Son maître, néanmoins, n'était pas le prince Ascanio, mais le père de ce dernier, le prince-marchand Tiberio Vossula. Cela étant, l'aîné des fils de Tiberio avait prit ses aises depuis longtemps, et agissait constamment comme si l'empire de son père lui appartenait déjà. Ainsi, il allait et venait entre les multiples propriétés de la famille, donnant tantôt des orgies dans leur demeure de Thaar, tantôt à Eofel, tantôt à Feldorn, lorsqu'une affaire attirait son père ailleurs. Justement, le maître ne séjournait pas à Thaar ces jours-ci, et c'était Ascanio qui faisait vivre la résidence familiale au rythme de banquets somptueux et décadents auxquels étaient conviés toute la bonne société thaarie : des fils de princes-marchands comme lui aux bonnes gens issus de la clientèle de son père, et même parfois des rivaux notoires de ce dernier. Il ne s'interdisait rien, tant sur la liste des invités que sur le montant des dépenses ; mais là, tout de même, une Haute-prêtresse, c'était inhabituel.
Jugeant qu'il valait mieux ne pas trop en savoir, l'esclave transmit le message, et l'on ne tarda pas à informer Ascanio qu'il recevait une visite bien particulière. Le fils prodigue, par chance, était déjà levé, et tenait une excellente forme, alors que la nuit avait été plutôt agitée. Il échangeait quelques passes dans la cour intérieure avec son maître d'armes ; l'escrime était son sport favori, et sans doute le seul divertissement qu'on lui connaisse qui ne tienne pas de la débauche.
On conduisit courtoisement la Haute-prêtresse et ses gens jusqu'à lui, alors qu'il terminait son entraînement. Reposant son épée, il tourna un visage trempé de sueur en direction de la Haute-prêtresse, et allait s'excuser pour sa tenue indécente lorsqu'il se souvint qu'elle était aveugle. Il haussa finalement les épaules et lança d'un air ravi :
- Quelle surprise de vous voir ici, May'Inil Baenrahel. Je me languissais de vous depuis notre dernière rencontre, et voilà que vous me faites l'honneur de me venir visiter.
Il s'avança de quelques pas, tout en épongeant d'un revers de manche son front humide.
- Allons nous installer sur la terrasse, voulez-vous ? Je vais demander qu'on nous porte quelques rafraîchissements, il règne une chaleur insoutenable. Si vous le souhaitez, vos gens trouveront à se restaurer dans l'arrière-cuisine.
Il n'eut guère besoin de se répéter pour que la petite armée de serviteurs et d'esclaves se mettent en branle. On aménagea une table coquette, garnie d'un pichet de vin épicé, de coupes en argent et de pâtisseries ; on installa un paravent tandis que deux esclaves agitaient leurs flabellums afin d'atténuer un peu la canicule. Et la plupart des gens se retirèrent, laissant le prince et la Haute-prêtresse deviser dans un cadre plus privé. Ascanio tira un confortable fauteuil de cuir rembourré qu'il présenta à May'Inil, lui proposant de prendre place ; puis il s'installa lui-même face à elle.
D'un air amusé, il se tourna vers l'un des deux esclaves qui agitaient les grands éventails ; seulement vêtu d'un pagne, c'était un grand gaillard à la peau brûlée par le soleil, le crâne rasé, et le visage à moitié cisaillé par une large estafilade. Détail troublant, il avait la particularité d'avoir les pieds enchaînés, et fixait Ascanio d'un regard assassin. L'autre, bien plus chétif, évitait de croiser le regard du prince et ne semblait pas nécessiter de précautions en matière de sécurité.
- Ces deux pedzouilles ont leur utilité, par ce temps. Celui-là, à droite, dit-il, désignant le grand gaillard enchaîné, je viens tout juste de l'acheter. Oh, pour trois fois rien ; c'était un guerrier et il a dû avoir le tort de se battre dans le camp des perdants, lors de je-ne-sais quelle querelle. J'essaie de l'apprivoiser, mais il me donne du fil à retordre. L'autre jour, il a essayé de me mordre, le couillon ! Vous ne perdez pas grand-chose à ne pas pouvoir le voir, il est laid comme une naine. Mais on m'a vanté qu'il chantait divinement bien, alors je me suis laissé tenter. Je ne pourrais pas vérifier, malheureusement... je lui ai fait couper la langue il y a deux jours, car il n'arrêtait pas de m'insulter dans son dialecte barbare.
Il reporta son regard sur le visage de May'Inil, autrement plus avenant.
- Et si vous me racontiez ce qui vous mène à Thaar, May'Inil ? Je ne doute point que ma compagnie puisse être plaisante, mais je ne suis pas fat au point de croire que vous n'êtes venue que pour moi.
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| | | May'Inil Baenrahel
Ancien
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Dim 13 Sep 2015 - 18:43 | |
| May'Inil suivit le serviteur. Ils n'eurent pas très long à traverser avant de se trouver à nouveau dehors. Le bruit des épées qui s'entrechoquait n'avait rien d'incongru à ses oreilles, elle y avait souvent le droit dans son manoir quand Draven s'entraînait. Elle se demanda toutefois si elle tombait en plein entraînement ou s'il s'agissait de quelques spectacles. Toutefois l'absence de murmures, présents dans n'importe quel public, sous le bruit de l'acier lui laissait dire qu'il n'y avait pas grand monde autour d'eux, l'hypothèse de l'attraction s'en trouvait délaissée. Alors que le bruit s'arrêtait, elle entendit distinctement la voix d'Ascanio, qu'elle reconnut sans grande peine. Elle adressa un sourire chaleureux dans la direction globale du prince héritier et le salua avec une délicate révérence qui n'était pas sans mettre en avant certains de ses atouts.
« Je suis également ravie de te voir en si bonne forme. »
Elle sourit légèrement à son propre trait d'esprit, comme pour faire comprendre au prince qu'elle ne se payait pas sa tête. Si elle ne le voyait bien évidemment pas, elle pouvait toutefois sans trop s'avancer gager qu'il était l'un des escrimeurs qu'elle avait entendu. Elle en eut confirmation lorsqu'il ce fut approcher et qu'il s'adressa de nouveau à elle : une odeur de sueur l'accompagnait et elle ne put empêcher son nez de légèrement se retrousser la première fois. L'effet fut fugace et à peine visible mais elle espérait quand même ne pas avoir blessé son hôte.
« Avec plaisir, ce début d'été est superbe. »
Lorsqu'il proposa que sa suite aille se reposer dans les parties réservées au petit-personnel, l'esclave privée de May'Inil, celle qui la suivait partout pour lui rendre la vie, si ce n'était facile, au moins confortable malgré son handicap, hésita un peu à savoir si elle devait suivre sa maîtresse ou le reste. C'est May'Inil elle-même qui répondit à son interrogation en lui ordonnant d'un ton sec de rejoindre les autres. Et se retournant vers Ascanio, lui tendit la main pour qu'il la guidât.
Elle s'installa avec un certain plaisir dans le fauteuil qu'on lui proposait. Une fois assise, elle ne se sentait plus aussi perdue et vulnérable que debout et elle ne pouvait plus commettre autant d'impairs. Et cerise sur le gâteau, comme elle l'avait dit, le temps était superbe. L'été commençait à s'installer sur les côtes de l'Olienne et la chaleur devenait plus lourde chaque jour. Elle n'osait imaginer le retour à Sol'Dorn qui devait littéralement cuire à cet instant. Pour un peu elle avait envie de prolonger son séjour dans le port, mais elle avait de nombreuses choses à faire. Elle écouta Ascanio conté ses aventures de dressage avec une moue amusé. Elle s'imaginait assez bien la tentative de morsure et ne put retenir un léger rire quand il la lui raconta.
« Certains sont particulièrement revêches il est vrai. Il m'arrive d'avoir semblables problèmes, mais peu sont ceux qui résistent longtemps. »
Elle n'était pas une spécialiste, contrairement à certaines drows de sa connaissance qui vivaient de la vente d'esclaves, mais elle était suffisamment perverse et imaginative pour briser la plupart de ceux qu'elle avait entre ses griffes. Les autres, malheureusement pour eux, finissaient à des rôles peu enviables. La contribution de May'Inil au spectacle du Bae'd était notable. Quand elle s'adressa à Ascanio, elle employa naturellement la forme linguistique la plus familière pour s'adresser à lui. Elle ne pensait pas que ça le ferait bondir, et cette façon de briser tout de suite les murs lui plaisait pas mal. On aurait pu croire que la prêtresse s'adressait à un vieil ami.
« Et bien, au risque de te flatter outre mesure, je crains que la réponse à ta question ne soit en effet que toi. Ou plutôt la possibilité de me délasser et de me divertir en compagnie agréable. Qui plus est, notre dernière rencontre ne nous avait pas laissé le temps de bien nous connaître et je dois dire que ta personnalité a piqué ma curiosité au vif. Alors, lorsque je suis repassée par Thaar à la suite de -trop- nombreux voyages et que j'ai appris que tu étais ici même, je me suis dit que c'était là l'occasion de nous revoir. Je sais que je t'avais dis que je viendrais voir l'une de tes cités, mais, hélas, nous n'avons pas toujours le temps de mener à bien tous nos projets. »
Même quand vous aviez des siècles devant vous, il fallait que le temps s'amuse à vous presser sans trêve vers le trou final. Elle haussa un sourcil, toute à ses réflexions intérieures, avant de s'en détourner et de revenir à l'instant présent.
« J'espère que mon arrivé ne t'a pas dérangé, mais j'aime créer la surprise, je dois le confesser. D'ailleurs je ne savais pas que tu pratiques l'escrime : est-ce un passe-temps, une tradition familiale ou d'un intérêt plus... pragmatique oserais-je dire ? Sans vouloir sembler indiscrète. »
Même si un prince-marchand n'avait normalement pas à agir par lui-même, il était parfois pratique d'être un minimum formé : dans certaines situations, ça pouvait faire la différence entre la vie et la mort. C'était en tout cas un point de vue bien implanté chez les doeben, sans doute une réminiscence de la culture eldéenne. Il était inutile de dire qu'elle même n'y souscrivait que très modérément. Elle tendit légèrement la main devant elle, paume vers le haut. Il lui fallut quelques secondes de non-réaction pour se rappeler qu'il n'y avait pas son esclave avec elle et que personne n'allait lui donner une coupe de vin sans qu'elle n'en fasse une demande plus claire. N'étant pas certaine du nombre qu'ils étaient mais n'ayant pas repéré d'autres personnes qu'Ascanio et les deux porteurs de flabellums, elle s'adressa directement au premier.
« Aurais-tu l'amabilité de me servir un rafraîchissement s'il-te-plaît ? Ma gorge est plus sèche que la savane en plein été. » une fois qu'elle eut la coupe en main elle porta le liquide, un vin de qualité relevé d'épices qui lui plaisait beaucoup au palais, elle lui demanda : « J'y repense soudain : as-tu tenter cette histoire de dragon dont nous avions parlé la dernière fois ? »
Elle arborait un air rieur en disant cela, comme à l'évocation d'une bonne blague. |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Sam 10 Oct 2015 - 23:44 | |
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Le prince souriait de toutes ses dents, alors qu'il fixait avec intensité la prêtresse, cherchant à démêler dans ses propos le vrai du faux. Était-il possible qu'une personne de si haut rang dans le clergé trouvât le temps de se divertir ? La chose pouvait paraître incongrue, et pourtant, Ascanio était bien placé pour savoir que les puissants trouvent toujours le temps de se la couler douce. Le parallèle, certes, était tronqué, puisque lui-même vivait aux crochets de son père, et que son père n'avait pas son appétit pour la ripaille et la débauche. Quoiqu'il en soit, l'idée qu'un personnage aussi important, et aussi désirable que l'était May'Inil Baenrahel, s'en vienne le trouver pour un motif purement privé n'était pas pour lui déplaire. Il est parfois agréable, pour un homme dont l'existence entière repose sur les montagnes d'or amassées par sa famille, de voir autrui s'intéresser à sa seule personne. Et si elle était néanmoins venue avec une arrière-pensée, et bien, qu'importe ! Cela ne les empêcherait guère de se divertir.
- Je ne suis probablement pas aussi intéressant que vous ne semblez le croire, commença-t-il sur un ton plein de fausse modestie, aussi vais-je devoir faire de grands efforts pour maintenir l'illusion. Du reste, tu ne perds grand-chose à ne pas visiter Eofel ou Feldorn en cette période, car la chaleur y est pire encore qu'à Thaar.
Il avait résolu de s'adresser à elle tout aussi familièrement qu'elle ne le faisait avec lui. L'intimité qui régnait dans ce lieu favorisait une conversation simple ; on eut cru voir deviser deux amis, bien qu'ils ne se connaissent que fort peu.
Ascanio se gonfla d'orgueil lorsqu'elle évoqua sa pratique de l'escrime. Il ne manquait jamais de se pavaner l'épée à la main lorsqu'il le pouvait ; il aimait susciter l'admiration. Si les yeux de May'Inil avaient pu voir, il lui aurait sans doute montré sa collection de sabres. Mais ceci n'avait guère d'intérêt. Il s'apprêtait à répondre, lorsque May'Inil lui fit remarquer qu'il ne lui avait toujours pas servi à boire. Il s'excusa et, galamment, se leva lui-même pour la servir.
- Pour te répondre, je dirais que l'escrime est pour moi un mélange des trois. Nombre de mes épées m'ont été offertes par mon père. Cela lui évite d'ailleurs de se creuser la cervelle quand il ne sait quoi m'offrir. Nous avons toujours aimé cela dans la famille, et je pense, ma modestie dut-elle en souffrir, être raisonnablement doué. Et puisque nous sommes amis, et que je sais que cela restera entre nous, je dois te confesser que cela m'a parfois été utile...
Il n'était pas suffisamment idiot pour croire qu'ils étaient véritablement des amis, et encore moins qu'il puisse lui accorder une confiance aveugle - sans mauvais jeu de mots. Mais la confession ne l'engageait pas à grand-chose ; Ascanio avait fréquemment été soupçonné d'avoir occis tel ou tel dans une rivalité pour le cœur d'une demoiselle. Evidemment, il choisissait soigneusement ses adversaires, et ne jetait le gant qu'aux idiots qui avaient le malheur d'être plus bêtes que lui. Surtout, il prenait soin que ses frasques n'attirent pas aux Vossula les foudres d'une famille dont la puissance puisse être comparable.
Il lui tendit la coupe, et leurs doigts s'entrechoquèrent un court instant lorsqu'elle s'en saisit. Il la trouva étonnamment douce ; il ne parvenait jamais à s'expliquer comment les femelles drows parvenaient à demeurer fraîches et désirables au fil des siècles, quand quelques années à peine suffisaient pour qu'une femme se flétrisse. Ce fut elle qui le tira de sa rêverie, lorsqu'elle évoqua leur plaisanterie au sujet du dragon ; il mit un peu de temps à se rappeler de quoi il était question. Ils avaient évoqué la crédulité de certains négociants soltarii, parfaitement ignorants sur la faune de l'Estrévent, et Ascanio avait fait le pari qu'il arriverait sans difficulté à leur vendre un reptile en le faisant passer pour un dragon. May'Inil y était allée de son petit conseil, en imaginant qu'un lézard géant doté d'une paire d'ailes en bois et en papier, ainsi qu'une mixture alchimique inflammable, permettrait d'obtenir un résultat convaincant. Evidemment, l'idée était cocasse, et Ascanio l'aurait volontiers réalisée, mais les affaires de son père l'avaient retenu à des tâches un peu plus sérieuses - lorsqu'il ne se vautrait pas dans l'oisiveté, bien sûr. Il n'en fut pas moins surpris, et de manière agréable, par la mémoire de la prêtresse. Qu'elle se souvienne de pareil détail prouvait qu'elle avait réellement apprécié leur précédent entretien. Il en fut particulièrement flatté.
- Eh bien, l'idée était tentante, mais je n'en ai pas eu le loisir. Pour ne rien te cacher, j'ai été retenu par quelques circonstances inattendues, qui m'ont éloigné un certain temps des affaires. Je suis, en quelque sorte, parti à l'aventure, encore que cela fut contre mon gré.
Il se montrait d'abord évasif, mais évidemment, il brûlait d'envie de le raconter, son boniment. Il n'attendit pas, d'ailleurs, que May'Inil lui demande de préciser ; il s'expliqua :
- Il y a quelques ennéades de cela, j'ai été attaqué sur la route d'Eofel. Des bandits qui ont attaqué le convoi, et qui m'ont enlevé pour me rançonner. J'ai pu tromper leur vigilance et leur échapper, mais je n'ai été tiré d'affaire qu'au bout d'une longue errance dans une région ma foi fort sauvage. Inutile de te dire le soulagement qui fut le mien lorsque j'ai enfin regagné le confort de mon palais ! J'ai bien cru ne jamais le revoir.
Il racontait cela avec l'entrain de celui qui narre un vieux souvenir, pénible sur le moment, mais avec lequel on finit par rire au fil du temps. Ce n'était pas à proprement parler une histoire inventée, mais il s'arrangeait quand même beaucoup avec la réalité ; il grossissait certains traits, et faisait l'impasse sur d'autres. Il n'avait pas été attaqué sur la route, il s'était perdu tout seul après avoir abusé de boissons et de drogues lors d'une orgie donnée par son frère Styrio. Il ne mentionnait pas le fait qu'une rôdeuse l'avait trouvé, au petit matin, baignant dans son vomi et ses urines. Il ne mentionnait pas non plus que c'était cette rôdeuse qui avait mit en déroute les bandits, tandis que lui avait essayé de s'enfuir.
L'histoire avait été quelque peu adaptée, à la demande de son père en personne, lorsqu'on l'avait retrouvé. Car, bien que son errance avait à peine duré deux jours, il avait fallu expliquer son absence ; on avait opté pour un récit un peu moins humiliant. Le débauché, incapable de se repérer ou de survivre en forêt, et qui ne devait sa survie qu'à la rôdeuse qu'il avait rencontré en chemin, était devenu une sorte de héros, d'aventurier chevronné capable d'endurer tout ce que la nature et les circonstances dramatiques avaient pu poser comme obstacles sur sa route. On vantait l'Ascanio Vossula qui avait échappé seul aux bandits qui avaient tenté de l'enlever. Ascanio avait rapidement su comment tourner l'histoire à son avantage, et se permettait d'en aménager régulièrement certains points. Son errance de deux jours, par exemple, était devenue une aventure solitaire qui s'était étendue sur quelques semaines.
- Mais je ne veux pas t'ennuyer avec cette histoire insipide, ajouta-t-il sur un ton qui laissait entendre tout le contraire.
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| | | May'Inil Baenrahel
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Dim 11 Oct 2015 - 23:41 | |
| « Oh ne t'en fais pas pour moi, je suis habituée à la chaleur. Sol'Dorn n'est pas la plus accueillante des villes en été. »
Elle écouta sans l'interrompre Ascanio lui conter ses aventures hors des murs de Thaar. Elle n'essaya même pas de deviner ce qui, là-dedans, pouvait ou ne pouvait pas être vrai. En revanche elle perçut clairement, au ton qu'il employait, qu'il avait très envie de se perdre en détails supplémentaires. Elle aurait facilement pus entrer dans son jeu. Mais elle était pratiquement certaine qu'Ascanio apprécierait un peu de résistance. De ce qu'elle pouvait cerner, c'était un amateur de trophée, de ceux qui voyaient la séduction comme un genre de chasse. Et si la cible est trop facile à débusquer, elle perd tout intérêt.
« C'est dommage, j'ai du temps devant moi pour écouter tous les détails dont tu pourrais m'abreuver. Mais si tu penses que ça n'en vaut pas la peine, tu as sans aucun doute raison et je ne vais pas te demander de me raconter encore une fois quelque chose que tu as de toutes façons vécu. »
Elle pouvait sans trop de peine imaginer la déception d'Ascanio, mais elle lui adressa un sourire charmant comme pour s'excuser du mauvais tour rhétorique qu'elle lui avait jouer.
« Si tu veux savoir, j'ai moi même été très occupée ces derniers temps : je reviens tout juste de Naelis et avant cela j'étais à Soltariel. »
Voilà qui l'intriguerait, à n'en pas douter : aucune des deux régions n'était connue pour accueillir les drows avec amitié, et c'était encore un doux euphémisme. Elle pouvait certes attendre d'elle-même qu'il l'interroge là-dessus, mais il risquait d'en profiter pour lui rendre la monnaie de sa pièce, aussi ne prit-elle que le temps de boire une gorgée avant de continuer.
« C'est étrange d'ailleurs, puisque je suis allé y rencontrer une native de l'Ithri'Vaan. Kahina d'Ys, je ne sais pas si tu as déjà eu l'occasion de la rencontrer elle ou sa famille ? Si j'ai bien compris elle a épousé je ne sais quel noble péninsulaire et est maintenant duchesse. Mais je suppose que le tout-Thaar se frotte déjà les mains des opportunités que cela peut représenter, je me trompe ? »
Car les occasions n'allaient pas manquer, assurément. Il y avait beaucoup à gagner pour l'Ithri'Vaan avec une duchesse péninsulaire venue de la région. C'était même presque une chose qui contrariait la prêtresse, il allait être encore plus difficile d'attirer l'attention des dirigeants de Thaar à l'est et vers Sol'Dorn, ce dont elle aurait certainement besoin si elle voulait que la cité affirme son indépendance. Car si Sol'Dorn restait isolée, en revanche, le Puy aurait tôt fait de la ramener dans son giron si l'envie le lui prenait.
« La personne est plutôt agréable en tout cas, même si je ne peux en dire autant de tout son entourage. Et je dois confesser que l'expérience d'une visite officielle en territoire péninsulaire était assez exotique pour que j'en surpasse les plus flagrants désagréments : à commencer par l'attitude des gens du crus. Je crois que pas un en dehors de l'entourage intime de mon hôte ne m'a adressé la parole ! Enfin, je peux peut-être m'estimer heureuse, au moins je n'ai pas eu droit à des insultes non plus. Ces gens sont tellement figés sur leurs préjugés, je ne crois pas que l'un d'eux ait vraiment compris qui j'étais et ce que je représentais. A leurs yeux j'avais la peau noire et les yeux au moins un peu rouges, c'était bien suffisant pour me juger. »
Bon, elle l'avait peut-être suffisamment fait languir. Elle but une autre gorgée de sa coupe et déclara d'une voix presque facétieuse :
« Mais je parle et j'en oublie que je ne suis pas la seule à avoir vécue semblable épopée. Tu es sûr que tes péripéties ne valent pas la peine d'être racontées ? J'ai toujours aimé les histoires d'aventures et je ne vois vraiment pas comment celle-ci ne pourrait pas être excitantes. » le mot s'échappa dans un souffle d'entre les lèvres de la prêtresse, dont la courbe était soulignée par le rouge à lèvre ivoire qu'elle portait. |
| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Lun 12 Oct 2015 - 14:21 | |
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- J'ai eu vent, en effet, des aventures menées par Kahina d'Ys en péninsule. Je connais la jeune fille, je l'ai déjà rencontrée. Je dois dire que la petite ne manque pas d'audace. Ce n'est certainement pas moi qui aurait épousé un noble, enfin je veux dire, une noble péninsulaire, quand on sait combien ces gens sont repliés sur eux-mêmes et méprisent tout ce qui les dépasse. Les Hommes de Thaar ne sont pas beaucoup plus appréciés que les drows, là-bas... enfin, ce qui compte pour nous, c'est que cette situation ne peut que nous être profitable. Avoir l'une des « nôtres » aux commandes là-bas devrait faciliter nombre de transactions qui, jusqu'alors, étaient difficiles à faire passer. Qui sait ? D'ici quelques siècles, les mentalités péninsulaires changeront. Je ne serais malheureusement plus là pour le voir, mais toi, May'Inil, tu vivras sans doute ces temps heureux.
Cela ne le gênait guère de ne jamais connaître cette époque lointaine ; il n'éprouvait aucun intérêt pour la péninsule, et préférait garder son postérieur en Estrévent, même si son père l'envoyait de temps à autre de l'autre côté de la mer Olienne. Ici, il avait tout ce qu'il lui fallait.
Maintenant que May'Inil lui demandait de narrer son aventure, il avait déjà moins envie de la raconter. Elle l'avait coupé dans son élan, et maintenant, il avait le sentiment que son histoire, même en brodant avec les fioritures habituelles, ne valait guère la petite aventure que May'Inil avait menée à Soltariel. Il se demanda un court instant si la véritable version ne serait pas plus intéressante - celle où il s'était gerbé dessus et s'était fait mordre par un clébard à moitié crevé. Il balaya l'idée aussi rapidement qu'elle était venue, ne tenant pas à perdre toute sa crédibilité.
- C'est que je ne saurais par quoi commencer. Je vais d'abord vider mon verre, dit-il, et il joignit le geste à la parole en engloutissant cul sec le contenu de sa coupe. Il se resservit. Je me rendais donc à Eofel, où mon père souhaitait que je traite quelques affaires courantes. Je chevauchais un beau palefroi aux éperons azurés, qui m'avait coûté fort cher, soit-dit en passant. Les bandits nous sont tombés dessus dans un sentier étroit, et mes hommes furent massacrés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Tout mon être brûlait de combattre jusqu'à la mort, mais je savais qu'il y a des temps pour opposer résistance, et d'autres pour... temporiser. Ils m'ont saisi, m'ont ligoté, et m'ont jeté comme un paquet de linge sale dans leur cariole, avant de s'enfoncer dans la forêt...
Ascanio n'avait, bien évidemment, jamais imaginé qu'une cariole ne puisse pas s'enfoncer dans une forêt profonde ; ce détail curieux dans son récit ne sembla pas le déranger outre mesure. Il poursuivit :
- A la faveur de la nuit, je réussissais à rompre mes liens en profitant du feu de camp pour les fragiliser. Je m'emparai alors de l'épée d'un bandit qui sommeillait là, et je lui tranchai la gorge sans état d'âme. Le garçon, après tout, avant choisi son camp.
Le prince sourit. Il allait aborder son moment préféré du récit.
- Les bandits avaient une autre prisonnière, une jeune femme, plutôt belle, une voyageuse qu'ils avaient capturé sur la route et dont ils entendaient disposer de bien vilaine manière. J'ai prêté secours à la pauvre petite, et nous nous sommes enfoncés tous les deux dans les bois obscurs, sans nourriture, sans eau, avec ma seule connaissance de la nature pour assurer notre survie. Et nous avons survécu, au prix d'une longue marche et de moult périls que nous avons rencontré sur notre route. Cependant, je crois que nous avons dû notre salut avant tout à la chance ; car même si certains de mes actes ont été guidés par la témérité, je ne prétends pas être un héros, et je sais que les choses auraient pu finir beaucoup plus mal.
Il étira légèrement le col de son vêtement, découvrant une épaule sur-laquelle apparaissait une vieille blessure cicatrisée - la marque des dents du clébard qui l'avait bouffé, alors qu'il cherchait à s'enfuir en laissant la rôdeuse se battre seule contre les bandits.
- Les bandits nous ont pisté avec des chiens, et l'un d'eux a bien failli nous faire repérer. Il était fort agressif et m'a laissé un souvenir, mais je lui ai fait payer le prix fort !
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| | | May'Inil Baenrahel
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Mar 27 Oct 2015 - 19:53 | |
| « Sans doute, si aucun de mes frères et sœurs sombres ne réussit à me faire rendre gorge avant. »
Il n'y avait pas dans les paroles de la prêtresse le cynisme qu'on se serait attendu à y trouver. Plutôt un genre de plaisanterie qui montrait bien tout ce qu'elle pensait de certaines des coutumes de son peuple. Bien sûr elle n'était pas la dernière à jouer de la dague et du couteau dans les affaires pour en faciliter certaine, mais elle n'y voyait souvent qu'une forme d'échec. Elle y consentait pour montrer qu'elle en était capable et s'assurer une forme de respect bien propre aux drows.
Quand Ascanio conta son histoire, elle se comporta en auditoire modèle, ponctuant les points forts du récit de petites exclamations. Intérieurement, elle se demandait bien ce qui, là-dedans, pouvait se révéler véridique. De fait, elle n'en savait rien. Elle imaginait mal Ascanio vivre en pleine nature, même quelques jours -en tout cas elle n'aurait jamais pu-, mais certains points pourtant évidemment faux ne lui sautait pas aux yeux -comme cette fameuse charrette forestière-. Vint le point du récit où il parlait d'une blessure. Point de marque d'épée, mais la morsure d'un chien. Pour autant, elle était certaine qu'il ne se serait pas attardé sur ce détail s'il n'avait pas une glorieuse cicatrice à exhiber. Alors elle tendit doucement la main en avant, dans la direction du prince.
« Je peux toucher ? » soufflé à demi-mot, sans attendre de réponse puisqu'elle tâtonna doucement à la recherche de la blessure. Lorsqu'elle la trouva, elle en dessina le contour du bout des doigts. « Ça du être extrêmement douloureux. Quel courage de se battre avec une telle blessure. »
Ce n'était qu'à moitié feint, la voix de la prêtresse vibrait d'une certaine admiration. Et ses doigts, eux, quittaient les chairs cicatrisées pour glisser doucement le long des muscles d'Ascanio. La caresse fut brève, la drow retirant prestement sa main pour ne laisser guère plus d'impression qu'un songe. Et d'offrir son sourire le plus désarmant à Ascanio en revenant précautionneusement s'allonger dans son fauteuil. Elle but une longue gorgée de vin, finissant sa coupe. Elle tendit légèrement le récipient, espérant qu'il aurait la galanterie de la resservir.
« Finalement, comment as-tu réussi à sortir de cette forêt et regagner ta demeure ? J'espère au moins que cette jeune femme a su te féliciter de fort gentille manière pour ton courage exemplaire ? »
Il était difficile de ne pas saisir ce qu'elle entendait par là. Elle ne pensait pas réellement qu'il s'agissait là du comportement à avoir -on n'était pas non plus obligé de coucher avec son sauveur, si tant est qu'il avait vraiment sauvé une donzelle- mais elle avait envie de titiller le prince du côté de l'entrejambe. Pour le moment, elle se contentait de paroles.
Elle attendit qu'il ait complètement terminé son récit et toute autre vantardise qu'il aurait eu envie d'ajouter à la suite, pour poser une question en apparence innocente mais qui, dans sa tête, n'était que le début de bien plus :
« Dis moi, tu te souviens de cette conversation autour de la religion que nous avions eu la dernière fois ? Ne t'inquiètes pas, je ne compte pas de te faire quelque leçons ou prêches. » |
| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Sam 28 Nov 2015 - 14:04 | |
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Ascanio réprima une grimace lorsque les doigts fins de la drow s'aventurèrent sur sa large cicatrice. « Rassure-toi, dit-il en souriant de toutes ses dents, je possède une grande résistance à la douleur. » Il était loin, visiblement, le souvenir de ses cris de bête égorgée dans la forêt lorsqu'il s'était cru mourir. Lorsque May'Inil retira sa main, il réalisa qu'il en avait apprécié la délicatesse.
Il resservit la belle prêtresse tout en poursuivant son récit.
« Fort heureusement, les dieux m'ont pourvu d'un sens de l'orientation à toute épreuve. N'est-ce pas une qualité indispensable pour un marchand, que de toujours savoir où l'on va ? » Il avait réussi à perdre leur campement dans la forêt après avoir marché seulement quinze mètres, et Caley avait dû venir à la rescousse. Mais là encore, Ascanio savait marchander avec la vérité. « Quant à la donzelle, elle fut reconnaissante, je dois bien l'avouer. Eussé-je été animé de mauvaises intentions, j'aurais sans doute profité de la situation. Mais je suis un homme respectueux. Lorsque nous avons gagné Eofel, je me suis assuré qu'elle ne manque de rien, et elle a quitté la ville sans demander son reste. »
Il se demanda un instant si le destin le conduirait à recroiser Caley un jour. En d'autres circonstances, il l'espérait. Son orgueil le titillait lorsqu'il repensait à elle, et d'une certaine manière, il s'en voulait de ne pas l'avoir mise dans son lit. Elle avait beau avoir des manières d'homme, elle restait une belle femme, une fois délestée de son armure. A cette pensée, sa gorge devint soudainement sèche, et Ascanio s'empressa de boire une gorgée de vin. Il avait chaud. Très chaud. Il vida le reste de sa coupe et la jeta au loin ; ce geste n'avait pas la moindre explication rationnelle, mais Ascanio trouvait ça super classe.
Lorsque May'Inil évoqua leur dernière conversation autour de la religion, Ascanio fronça les sourcils, cherchant à se remémorer le propos. Sa religion à lui étant le Dieu Argent, la théologie n'était pas son fort, et il fut bien en peine de se souvenir de quoi il avait été question. Il s'imagina que May'Inil allait énoncer, de manière détournée, le véritable but de sa visite, s'il y en avait bien un. Cela dit, s'il était un prêche qu'il se sentait prêt à entendre, c'était celui de May'Inil. Rares étaient les gens de religion qui pouvaient éveiller l'intérêt aussi facilement qu'elle ; et de ce qu'il avait comprit du culte d'Isten, c'était une divinité qu'il se sentait prêt à adorer.
« Tu m'avais dit que le bon fidèle d'Isten est celui qui suit et accomplit ses propres ambitions. Si tu viens me convertir, May'Inil, tu perds ton temps ; je suis adepte depuis ma naissance. »
Amusé par son propre trait d'esprit, il se servit une nouvelle coupe. Le vin commençait à produire son effet ; il était déjà une grande gueule en temps normal, mais sa langue était plus déliée que jamais, et il ajouta dans un souffle :
« A moins que tu ne sois plutôt venue me parler d'Arcam. Mais je t'en prie, May-Inil... instruis-moi. »
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| | | May'Inil Baenrahel
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Sam 28 Nov 2015 - 19:44 | |
| May'Inil haussa un délicat sourcil en entendant le tintement métallique sur le sol. Avait-il fait tomber sa coupe ? Cela paraissait étonnamment fort et distant pourtant. A moins qu'il ne s'agisse d'une autre lubie du prince-héritier. Elle n'y accorda pas plus d'attention, mais se dit qu'il faudrait y réagir si cela se répétait.
« Et moi qui pensais que je pourrais me reposer aujourd'hui, on dirait bien que je vais devoir encore accomplir mon devoir sacré. Mais soit, si tu le demandes, j'y consens. Et puis, parler d'Arcam reviens à raconter des histoires, des contes et des légendes. »
Elle se releva, plus par habitude qu'autre chose et fit quelques pas prudents pour s'assurer que les environs n'abritaient pas de meubles traîtres ou quelque décoration. Alors elle prit une gorgée de vin et commença son récit :
« Et celle que je vais te raconter aujourd'hui démarre avant même l'ère des mortels, à une époque où les dieux parcouraient encore cette terre. Arcam, à ce moment, était libre comme le chant qu'il portait à travers le monde, le chant de la création. Il faut savoir, à ce stade, qu'Arcam était un dieu particulier à bien des égards : né du Chaos originel, il n'avait ni forme définie ni limites. Il voyait ce ce que les autres ne pouvaient voir, contemplait le futur aussi facilement que nous le ciel et prodiguait ses multiples dons à travers son chant.
Il est difficile de savoir qu'est-ce qui s'est passé ensuite. Les légendes péninsulaires disent que Tari l'a enfermé sur une île pour le punir d'avoir essayé de tuer leur jeune sœur Néera. D'après d'autres histoires, ce serait la jalousie seule de Tari, réputée fort laide, envers le dieu aux milles visages qui la poussa à se retourner contre lui. Mon peuple, lui, ne reconnaît pas vraiment Arcam, mais j'aime à voir son influence dans certaines de nos légendes et je ne serais pas surprise que Kerhel l'aurait enfermé sur une île, ne supportant pas le désordre qu'il semait.
Mais toutes s'accordent plus ou moins : Arcam ne parcoure plus notre monde. Qu'il soit enfermé sur une île ou simplement oublié, il n'est plus là. Pour autant il n'a pas complètement abandonné notre monde : son chant, par exemple, inspire encore amour et haine, espoir et peur, génie ou folie. Mais ce n’est pas la seule chose qu'il a laissé derrière lui, les légendes parlent également de son miroir. Il est dit que le dieu aurait mis la main sur une chose impossible : un morceau de glace liquide. Ni vraiment de l'eau, ni vraiment de la glace, mais quelque part entre les deux. Et dans ce miroir il aurait scellé une partie de son pouvoir avant de l'entourer de ronces destinés à le protéger de tout usurpateur : seuls celles et ceux qui ont la bénédiction d'Arcam peuvent le toucher sans se faire empaler par les cruelles épines. »
Elle se laissait un peu emportée par son récit, accompagnant ses paroles de gestes habituellement destinés à une foule qui n'était pas présente. Elle finit d'ailleurs sa coupe de vin et, puisque apparemment cela ne gênait pas, la laissa simplement tomber à ses pieds ou elle rebondit sur elle-même avant de rouler lentement sur le sol marbré de la terrasse.
« Mais, pour ceux qui ont cet honneur, le Miroir révèle son plus grand pouvoir : celui de connaître ce que nul autre ne peut connaître, d'entrouvrir légèrement le voile de l'avenir et d'en ramener quelque savoir. Bien sûr, car il en est toujours ainsi dans les légendes, rien ne va sans une contrepartie. On dit que certains sont devenus fous et ont passé le reste de leur existence à contempler le miroir pour découvrir tout ce qu'il avait à dire. Quelques uns ont tout abandonné en apprenant leur futur tandis que d'autre ont lutté contre toute leur vie avant de finir inexorablement broyés par la mécanique du destin.
Évidemment la plupart des gens ne voient dans cette légende qu'une métaphore, un conte éducatif. Et je mentirais si je disais que je n'avais pas moi-même, pendant longtemps, posé le même regard dessus. Un regard erroné, faux. Car le Miroir existe, j'en suis désormais certaine. Imagines-tu ce que cela représente ? Un pouvoir digne d'un dieu pour celui qui oserait plonger son regard dedans... et qui sera prêt à en accepter pleinement le prix. »
Cette dernière phrase avait été dite sur un ton plus sombre et pourtant curieusement tentateur. Elle voulut aussi se rapprocher d'Ascanio, se rappelant l'endroit où il se trouvait, mais son pied se posa sur la coupe précédemment abandonnée. Incapable de la voir, ni de voir ce qui pouvait l'aider à se rattraper, la prêtresse trébucha pour atterrir directement sur le prince marchand. Il lui sembla percevoir, du fond de son esprit, comme un pincement de corde moqueur. Elle s'empressa de se redresser, se retrouvant à moitié agenouillée sur l'accoudoir d'Ascanio. Elle était, en vérité, assez gênée, détestant paraître aussi peu sûre d'elle. Elle bredouilla donc quelques excuses :
« Je suis désolé, ça ne m'arrive quasiment plus normalement mais là, à cause de cette coupe... »
Ce faisant, elle n'avait pas remarqué que leur très bref corps-à-corps avait mis un certain désordre dans sa toilette et que notamment le satin violet qui descendait de son épaule droite avait glissé de celle-ci et ne cachait plus que très peu ce qu'il était censé recouvrir. |
| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Dim 20 Déc 2015 - 20:11 | |
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Bien qu'il fut peu instruit en matière de religion, Ascanio avait toujours aimé les histoires, tant qu'elles étaient bien racontées. May'Inil avait l'art et la manière, et Ascanio buvait ses paroles avec le calme d'un enfant attentif suivant sa leçon ; c'était d'autant plus étrange venant de lui, le cancre qui avait conduit plus d'un précepteur à la dépression. Au fil des paroles de la prêtresse, les traits d'un monde antique se dessinaient peu à peu dans l'esprit du prince, un monde de dieux et de magie.
Mais, plus que l'histoire d'Arcam lui-même, c'est le Miroir d'eau qui retint l'attention d'Ascanio. Légendaire ou non, un artefact qui, attisant la cupidité des hommes, leur ronge l'âme et les mène à la ruine, un tel artefact a tout pour attirer quelqu'un comme lui. Le pouvoir d'un dieu. Un homme sage se tiendrait forcément à l'écart d'un tel objet, si tant est qu'il existât ; mais Ascanio était tout le contraire d'un homme sage. Il jouerait avec le feu jusqu'à se brûler, si cela pouvait lui permettre d'entrevoir ce qui était réservé aux dieux.
Il était sur le point de questionner davantage la prêtresse sur le fameux Miroir d'eau, quand celle-ci trébucha et lui tomba littéralement dessus. D'abord surpris, Ascanio ne tarda pas à s'en amuser ; décidément, qui d'autre en ville pourrait se targuer d'avoir approché d'aussi près la haute-prêtresse ? Son regard s'attarda sur l'épaule dénudée que le satin ne couvrait plus ; il distinguait maintenant la naissance de sa poitrine, qu'il devinait ferme, terriblement tentatrice. Sachant que sa cécité empêcherait May'Inil de s'en offusquer, il la déshabilla du regard, à l'aise et sans vergogne. Je suis certain qu'elle a les tétons qui pointent, là-dessous, se dit-il en souriant.
- Il n'y a rien à excuser, chère May'Inil. Un homme ne saurait se plaindre quand une femme se jette sur lui...
Il eut un petit rire, puis se leva de son siège, et, prenant la main de May'Inil dans la sienne, l'aida à regagner sa place. Toutefois, ils demeurèrent debout encore un moment. Il fit glisser doucement sa main sur la bande de satin violet, que May'Inil n'avait pas remontée.
- Cette robe te va véritablement à ravir. Je me suis souvent laissé dire qu'une belle robe, c'est un peu comme l'emballage d'un cadeau... plus l'emballage est sophistiqué, plus on a hâte de découvrir ce qu'il cache.
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| | | May'Inil Baenrahel
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Dim 3 Jan 2016 - 22:22 | |
| Et bien non, la prêtresse n'avait pas les tétons qui pointaient. Premièrement, on était au début de l'été à Thaar et, si la chaleur n'était pas encore étouffante, elle était plus que confortable. Deuxièmement, May'Inil était aveugle et ne pouvait donc être excitée par le spectacle qu'offrait Ascanio, si tant est même que le dit spectacle eut suffit à lui faire de l'effet -quatre siècles de prêtrise au service d'Isten peuvent avoir tendance à légèrement diminuer l'impact de ce genre de chose-. Troisièmement leur bref corps-à-corps n'avait même pas suffit à lui donner un début de sensation à exploiter. En fait Ascanio n'avait pour l'heure que la voix pour éveiller les désirs de la belle drow, et même s'il avait un bel organe il fallait certains des meilleurs poètes de Sol'Dorn pour aiguiser suffisamment l’appétit de May'Inil avec ce seul outil.
Bref.
Ce n'est que lorsque Ascanio joua doucement avec la bretelle tombée qu'elle se rendit compte de la chose. Elle ne s'en offusqua pas, c'eut été parfaitement hypocrite, au contraire elle se tourna légèrement pour faire au mieux profiter le jeune héritier de la vue et, d'un léger haussement d'épaule, fit tomber un peu plus le tissu qui commença à glisser sur ses rondeurs. Elle laissa entendre un rire clair comme le cristal à la réflexion, fort juste elle devait le reconnaître, d'Ascanio.
« Tu as parfaitement raison. Par contre, je ne t'aurais pas imaginé si patient. »
Disant cela, elle s'avança d'un demi-pas vers lui, venant presque s'appuyer contre son torse. Il était légèrement plus grand qu'elle de quelques centimètres et à ce niveau de proximité elle pouvait sentir sa chaleur et son parfum -probablement quelque produit de beauté fort cher dont les hautes castes de Thaar étaient friandes- mais surtout la sueur. Rien d'étonnant vu ce à quoi il était occupé quand elle avait presque littéralement frappé à sa porte. Elle fit courir une main joueuse sur les vêtements d'Ascanio, relevant du bout des doigts une étoffe qui n'avait rien de luxueuse, probablement une simple tenue d'entraînement. Mais de telles tenues étaient faites pour laisser la peau respirer et rapidement des doigts courir sur la peau nue de l'humain, remontant le long de son cou pour venir caresser du dos de la main une barbe soignée.
« Cela étant dit, je me demandes : es-tu du genre à contempler l'emballage ou à profiter du cadeau ? »
La phrase avait été dite dans un souffle et elle n'avait pas pu résister à y glisser une légère, minuscule, infime touche de magie qui la rendait plus tentatrice encore qu'elle ne l'était déjà. Comme si il y en avait besoin. Mais sans lui laisser le temps de répondre, May'Inil approcha doucement son visage de celui d'Ascanio pour venir déposer un délicat baiser sur les lèvres de celui-ci. |
| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Lun 1 Fév 2016 - 11:10 | |
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- La patience, dit Ascanio la bouche un peu sèche, est une vertu commune chez, euh... hem...
Sentir la main de May'Inil glisser sur sa peau lui coupa la parole. Un exploit rarissime, diraient certains. Obnubilé par la prêtresse, par le doux contact de ses doigts fins, par son parfum entêtant et délicat, il se sentit, l'espace d'un instant, très vulnérable, comme si May'Inil pouvait le percer à jour, comme si elle pouvait sonder l'entièreté de son âme de par ses yeux aveugles. Car bien qu'elle ne puisse le voir, il se sentait plus observé que jamais, comme si la cécité, loin d'être un handicap, permettait à la prêtresse de ressentir des choses que nul autre n'aurait pu soupçonner chez Ascanio. Cette gêne passagère, piquant la susceptibilité du prince, l'entraîna vers l'excès inverse : résolu à ne rien montrer d'autre qu'une parfaite confiance en lui, il s'abandonna au baiser avec une ardeur effrénée.
Aussi la délicatesse des premiers instants ne dura guère. D'un geste vif, Ascanio débarrassa la table de tout ce qu'elle contenait ; les pichets de vin se brisèrent au sol, répandant leur liquide rougêatre entre les dalles comme des traînées de sang, éparpillant les pâtisseries dans la poussière. Sous les yeux des deux esclaves, toujours occupés à agiter leurs flabellums d'un air aussi insignifiants que s'ils faisaient partie du décor, le prince souleva la prêtresse, et la déposa sur la table ainsi libérée de son contenu. Il glissa une main sur la fameuse bretelle et, la faisant descendre pour de bon, lui dénuda un sein, qu'il palpa avec envie, appréciant sa fermeté. Ennivré par le désir, ou peut-être par l'excès de soleil, le sang lui battait aux tempes. Il l'aurait possédée sur le champ si elle n'avait été qu'une simple fille sans envergure. Mais elle était la Haute Prêtresse d'Isten, la Gardienne d'Arcam. Il mesurait la chance qui était la sienne, et devait l'apprécier à sa juste valeur ; il devait profiter autant que possible de l'instant. Il enfouit sa tête dans le cou de la prêtresse, attaquant sa peau du bout des lèvres, des dents, la respiration haletante. May'Inil ne pouvait voir ses yeux vitreux, son regard avide et aussi trouble en cet instant que celui d'un ivrogne - dans un sens, ce n'était pas une mauvaise chose - mais devinerait sans peine tout l'émoi qu'elle provoquait chez lui. Il releva la tête, et baisa ses lèvres, se serrant contre ce corps offert avec l'avidité d'un conquérant s'apprêtant à dominer un peuple vaincu.
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| | | May'Inil Baenrahel
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Lun 22 Fév 2016 - 16:37 | |
| Délicieuse sensation que celle de l'envol. Ce bref moment où ses pieds quittaient le sol, où elle ne percevait plus rien si ce n'était les mains d'Ascanio qui la soulevaient, ses lèvres qui dévoraient les siennes et sa peau sous la caresse des doigts de la prêtresse. La table arriva bien trop vite au goût de May'Inil, mais elle était aussi synonyme de nouvelles caresses. Elle sentit la main de son amant faire glisser la bretelle de satin le long de son bras, l'aida pour s'en débarrasser complètement, et laissa échapper un gémissement de plaisir quand les doigts d'Ascanio vinrent caresser sa poitrine libérée et en agacé les tétons qui durcirent rapidement sous les attentions du prince-marchand. La haute-prêtresse ferma les yeux, quand bien même cela ne changeait rien pour elle, et laissa sa tête tomber en arrière. Elle eut un léger sursaut de plaisir quand elle sentit les lèvres du prince au creux de son cou, mais elle l'encouragea d'une main caressant ses cheveux tandis que l'autre venait caresser son torse, glissant sous la chemise dont elle détachait les boutons d'une main adroite. Quand Ascanio captura de nouveau ses lèvres, elle se redressa légèrement, rapprochant leur étreinte. Elle l'embrassa avec une ardeur qui faisait écho à la sienne et s'affairaient désormais des deux mains à défaire sa chemise en quelques gestes fébriles, arrachant les boutons qui ne voulaient pas céder assez rapidement. Ses jambes, elles, avaient capturés le bassin de l'héritier Vossula et, de quelques mouvements lascifs des hanches, elle excitait sa virilité qu'elle pouvait sentir à travers les étoffes. Elle-même pouvait sentir la chaleur se répandre dans son bas-ventre et son souffle se faisait plus cours. Furtivement, la pointe durcie de ses seins venait parfois caresser le torse désormais dénudé d'Ascanio, ce qui ne manquait pas de lui soutirer un léger gémissement de plaisir à chaque fois. Qu'il était délicieux, ce moment où les premières barrières s'affaissaient et où le désir de l'un et de l'autre s'échauffaient. C'étaient comme les premiers temps d'une musique, ou les premiers vers d'un poème, qui n'avaient rien à voir avec l'ardeur et la passion des dernières notes ou strophes mais qui, par leur savante composition, savaient guider l'esprit de l'amateur vers une inclinaison propice au spectacle qui allait suivre. Tout orateur le savait, le début et la fin d'un discours importaient plus que toute autre chose, et que le discours en question de contente de caresses et de baisers en guise de métaphores et d'arguments n'y changeait rien. Il était dans le cas présent bien trop prématuré de se soucier de la fin, dont elle espérait vaguement qu'elle n'arriverait jamais, mais le début leur était tout offert. |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Mer 16 Mar 2016 - 16:38 | |
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Soucieux de ne pas trop froisser les atours de la haute-prêtresse, car il éprouvait en cet instant précis un grand respect pour le culte d'Isten, Ascanio ne tarda pas à débarrasser la créature du reste de ses effets. Les belles étoffes s'envolèrent vers d'autres cieux, laissant la drow dévoiler tous les charmes que sa tenue dissimulait - sans doute davantage pour attiser la curiosité du prince que pour observer un soupçon de pudeur. Mais Ascanio n'avait jamais été homme à se contenter d'être imaginatif : il préférait regarder, savourer, satisfaire son plaisir des yeux. Et maintenant il y avait quelque chose d'animal dans son regard, tandis qu'il prenait le temps de la regarder toute entière, nue et offerte.
Les deux esclaves, en bons éléments du décor, continuaient d'agiter leurs flabellums ; toutefois, si le plus docile des deux faisait au moins semblant de détourner le regard, l'autre ne quittait pas May'Inil des yeux. Que cela gêne ou non la drow, Ascanio, lui, ne semblait rien remarquer. Approchant à nouveau son visage du sien, leurs souffles se mêlant, il descendit sa main entre ses cuisses, et insinua un doigt aventureux jusqu'à sa fleur encore close. Caressant, effleurant son intimité, il en dévoila le petit bouton ; il sentit la respiration de May'Inil se faire plus rapide, sa poitrine se soulevant à chaque inspiration et venant se serrer contre son torse. Son propre souffle se faisait plus court, et il se sentait plus que jamais à l'étroit dans ses haut-de-chausses.
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| | | May'Inil Baenrahel
Ancien
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Dim 20 Mar 2016 - 19:44 | |
| May'Inil laissa échapper un doux gémissement de plaisir en sentant la main adroite d'Ascanio venir jouer toute contre sa féminité. Elle sentait son souffle contre son visage, une sensation de proximité enivrante. Ses mains remontèrent le long du torse d'Ascanio, se glissèrent sur sa nuque et dans ses cheveux pour délicatement l'inviter à se pencher un peu plus, qu'elle puisse dévorer ses lèvres de baisers, entrecoupés de profondes inspirations et de soupirs d'extase.
Les mains de la drow, délicates, redescendirent pour reprendre leurs caresses : l'une dansait dans les dos du prince-héritier, tantôt légère tantôt insistante, le long des muscles et des nœuds, démontrant un certain savoir faire en matière de massage. L'autre glissa sur les pectoraux, caressant de sa paume comme le ferait une brise fraîche, avant de descendre sur le ventre, puis sur le bas-ventre. Là, elle s'échina à défaire ce qui retenait les hauts-de-chausses et, une fois ceci fait, se glissa sous le tissu. Les doigts, joueurs, vinrent caresser le membre viril d'Ascanio, déjà passablement tendu. Ils ne tardèrent pas à le sentir grandir plus encore, irradiant une douce chaleur que May'Inil trouvait particulièrement érotique. Elle avait cessé de dévorer ses lèvres pour enfouir sa tête dans son cou, ses longs cheveux cascadant contre son torse. Elle s'enivrait de son odeur, déposait d'ardents baisers contre son cou et, en une occasion, lui laissa une légère marque rougeâtre, ce qui ne manqua pas de la faire glousser un peu.
Elle glissa l'une de ses jambes derrière son dos, l'attirant un peu plus à elle. Elle avait envie de lui, tout de suite, de sentir son corps tout contre le sien, leur cœur qui battaient à l'unisson, leur souffle, leurs gémissements et leurs cris qui se répondaient. Elle avait envie de lui bien plus qu'elle ne l'aurait elle-même soupçonné, n'avait aucune intention de s'épancher en préliminaires trop long. Plus tard, peut-être, viendraient les jeux et les tentations mais là, tout de suite, elle le voulait. |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Lun 4 Avr 2016 - 14:24 | |
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Ascanio sentit dans son dos la jambe de May'Inil l'attirer à elle, resserrant son étreinte avec une lenteur étudiée, à la manière d'un serpent refermant le piège autour de sa proie. Il la fit basculer en arrière pour l'étendre sur la table ; puis il lui grimpa dessus avec une gaucherie outrancière pour l'assaillir de baisers, sans se rendre compte qu'il l'écrasait de tout son poids. Il caressa des lèvres ses seins, son ventre, avant d'embrasser son intimité, enflammant la drow d'un ardent plaisir alors qu'il flattait sa féminité à grands renforts de baisers et de coups de langue.
Il se redressa, exposant bien en évidence sa virilité fièrement dressée, au garde-à-vous. Il s'en enorgueillissait même, car il aimait voir ses partenaires s'extasier - sincérité ou comédie - à la vue de ce qui faisait de lui un homme ; puis il se rappela, une fois de plus, que sa partenaire ne pouvait voir. Va vraiment falloir que je me rentre ça dans le crâne, songea-t-il entre deux profondes inspirations. Alors, aidant May'Inil à s'allonger d'une manière plus confortable, il attrapa ses jambes et les souleva jusqu'à ses épaules puis, s'avançant, il la pénétra lentement, leur arrachant à tous deux un profond soupir.
- Par Isten, murmura-t-il, et il pensait au départ rajouter quelque chose d'intéressant, mais ne produisit que des sons inaudibles s'apparentant à des halètements d'animaux.
L'écrin de la drow était aussi agréable que de la soie. Il est de ceux dans-lesquels on est à l'aise, et où l'on passerait volontiers beaucoup de temps, pensa-t-il de manière futigive, alors qu'il besognait sa partenaire à force de grands coups de reins. Elle était étroite à souhait. Le plaisir intense qu'il ressentait donnait à Ascanio un air hagard, totalement disgracieux mais que sa partenaire, Isten soit louée, ne pouvait pas voir. Elle n'entendait que leurs souffles se mêlant à l'unisson au rythme d'une cavalcade effrénée, et les deux amants faisaient résonner la terrasse de cris qu'ils ne prenaient pas la peine de réprimer.
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| | | May'Inil Baenrahel
Ancien
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Dim 1 Mai 2016 - 20:16 | |
| Dans la fougue d'Ascanio qui l'écrasait littéralement, May'Inil y voyait une flatterie, de celles qui disait qu'elle était parfaitement capable de faire tourner la tête de qui elle le désirait. C'était toujours agréable pour son égo, quand bien même elle n'avait jamais mis en doute ses capacités de séduction. Ce qui suivit fut également, à bien d'autres niveaux, des plus agréables. Elle savait déjà, de leur première rencontre, que le prince héritier avait le verbe adroit et plaisant, elle découvrait maintenant que c'était tout autant, si pas davantage, le cas de sa langue. Elle ne se priva pas d'ailleurs de le faire savoir, ondulant sous les caresses et poussant des gémissements de plaisir qui se muaient progressivement en cri d'extases. Et quand Ascanio s'arrêta, ce ne fut que pour passer à la suite presque sans interruption, juste le temps pour May'Inil de s'allonger un peu mieux, notamment d'envoyer s'écraser au sol une soucoupe qui devait originellement contenir quelques pâtisserie mais dernièrement lui avait surtout cisaillé la peau au niveau de l'épaule. Quand elle sentit Ascanio en elle pour la première fois, elle ne retint pas un long gémissement, presque un feulement, animal. Chaque mouvement de rein faisait grimper un peu plus le plaisir de la haute-prêtresse. Ils profitèrent longuement l'un de l'autre, baignés de soleil, sans se soucier de qui risquait de les surprendre ou de les entendre.
Au bout d'un moment, May'Inil se redressa un peu, s'asseyant au bord de la table, sans briser l'étreinte. Elle passa ses jambes dans le dos d'Ascanio et ses bras autour de son cou. Ils s'embrassèrent de nouveau, faisant partiellement taire leurs cris de plaisir. Sans prévenir, elle se laissa glisser de la table, rapidement soutenue uniquement par Ascanio. Complètement libre, accrochée uniquement à son amant qui constituait son seul repère dans les ténèbres, elle profitait plus que jamais de chaque mouvement de bassin, de chaque coup de rein. Mais elle ne fit pas durer l'exquise sensation et, de quelques mots qui se voulaient murmures mais déformés par le plaisir et ses halètements, elle l'invita à s'asseoir dans son fauteuil, la prêtresse toujours accrochée à ses épaules, l'intimité d'Ascanio dans la sienne. S'installer fut quelque peu malaisé et ils manquèrent renverser tout le mobilier, ce qui les fit rire aux éclats, ivres de plaisir qu'ils étaient. Mais une fois que ce fut fait, Ascanio assit dans son fauteuil et May'Inil à califourchon sur lui, les ébats reprirent de plus belle. Droite, son corps nu et luisant de sueur surplombant le prince dans son fauteuil, la drow commença à onduler lentement du bassin, comme si elle dansait. Sa poitrine rebondie suivait le mouvement de ses hanches avec un léger retard, invitant aux caresses et aux baisers. Elle avait la tête penchée en arrière, ses cheveux tombant sur son dos et sa gorge comme offerte. Petit à petit le rythme de la danse se fit plus rapide jusqu'à ce qu'ils approchent à nouveau de l'extase. Mais cette fois May'Inil ne cherchait aucun changement de position pour retarder l'échéance, elle voulait qu'ils continuent crescendo jusqu'à la dernière note. |
| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Mar 14 Juin 2016 - 9:34 | |
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Dans le fauteuil où il s'était avachi avec la drow poursuivant sa danse lascive, Ascanio se sentait chanceler. Le va-et-vient, toujours plus vif, lui arrachait des grognements rauques ; les yeux à demi-clos, c'était un Ascanio enfiévré qui savourait les derniers instants d'une étreinte idéale. Par les trois verges du dieu à trois verges, pensa-t-il, l'oeil hagard, alors que l'étroitesse de la drow le rendait encore toute chose. Se sentant partir, il attira son amante tout contre lui, et vint en elle dans un long râle de satisfaction. L'apaisement qui accompagna la jouissance était plus fort que toute autre sensation qu'il ait pu connaître, et la perfection de ce moment, paroxysme d'épanouissement, laissa un Ascanio ébahi et étrangement muet.
Reprenant peu à peu ses esprits, le prince contemplait sa partenaire en respirant profondément ; à présent libéré de ce désir physique que savait si bien provoquer May'Inil, il découvrait chez elle une beauté étrange, qu'il n'avait pu remarquer tant que l'avait obnubilé son charme concupiscent. Il se dégageait d'elle une grâce sensuelle qui transcendait l'érotisme, mais pas uniquement ; sa silhouette fine et nue, le teint foncé de sa peau luisante de sueur, la manière dont sa poitrine se soulevait au gré de sa respiration, l'éclat de rubis qui émanait de ses yeux atones, tout cela dégageait une étrange et profonde harmonie. Il avait pour habitude de chasser ses amantes après l'amour et de piquer un somme, mais il ne pouvait détacher son regard de May'Inil.
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| | | May'Inil Baenrahel
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Mer 22 Juin 2016 - 17:28 | |
| Il y a quelques problèmes inhérents à une longue vie. L'un d'eux, celui qui gênait le plus la Haute-prêtresse d'Isten, était sans aucun doute cette habitude qui se développait petit à petit vis-à-vis des expériences, notamment sensorielles. Bien que sa cécité avait amené un regain de nouveauté dans son existence, May'Inil n'en demeurait pas moins très, voir trop, expérimentée dans bon nombre de domaines, celui de l'amour et des plaisirs de la chair n'étant certainement pas le moindre. Ils devenaient rare ceux qui étaient à même de la satisfaire pleinement. Et bien qu'il s'était montré un amant agréable à plus d'un titre et qu'elle avait particulièrement apprécié cette étreinte, le prince-héritier n'avait pas été capable de la porter au sommet de l'extase.
Après qu'ils eurent finis leur affaire, elle resta allongée contre lui, son tête reposant contre son torse. Elle pouvait entendre les battements de son cœur qui diminuaient petit à petit et y trouvait un certain côté relaxant. Malgré l'été qui commençait, le vent sur sa peau nue parvenait encore à lui arracher occasionnellement un frisson mais elle n'avait pas l'air décider à bouger. Pas tout de suite en tout cas. Ses doigts caressaient délicatement le visage d'Ascanio, venaient parfois jouer dans sa barbe, qu'elle devinait parfaitement taillée et entretenue. Après une apathie certainement au moins aussi longue que leur corps-à-corps endiablé, elle décida de parler. Sa voix était douce, à peine un murmure, mais claire et audible.
« Tu te rappelles le Miroir dont je t'ai parlé tout à l'heure ? » Il opina : « Je l'ai trouvé. »
Elle se redressa doucement et quitta prudemment le confort du fauteuil. Elle n'y voyait rien et avait complètement perdu ses repères après toute cette agitation. Elle sentit sous ses pieds une étoffe légère qu'elle supposa être une partie de sa robe. Peut-être. Elle fit quelques pas hasardeux et prudent, tout en s'étirant, déployant son corps dans toute son arrogante nudité, baignée des chauds rayons du soleil qui faisaient ressortir ses courbes par les ombres qu'ils provoquaient. Finalement, elle se retourna vers Ascanio, réussissant par un petit miracle à plonger ses iris droit dans ses yeux avec un regard d'une étrange intensité qui lui était peu commune et dont on aurait pu jurer qu'il voyait :
« Est-ce que tu aimerais regarder dedans ? » Sa voix n'avait plus rien d'un murmure, provocante mais dangereuse, comme les épines d'une rose. |
| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Une visite à l'improviste | PV Ascanio Mer 17 Aoû 2016 - 20:23 | |
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Ascanio était un homme plein de paradoxes, puisqu'il aimait à croire qu'il était prudent et savait prendre le temps de la réflexion avant de se lancer dans des équipées hasardeuses. Pourtant, l'histoire de sa vie témoignait du parfait contraire ; et s'il était encore besoin de s'en convaincre, le moment de passion charnelle qu'il venait de partager avec la gardienne d'Arcam était une preuve plus qu'éloquente. Ascanio Vossula était un risque-tout, un électron libre, aventureux et imprudent. Même les membres les plus éminents de la bonne société thaarie savent se méfier des jeux des dieux ; Ascanio, lui, y plongeait tête la première. Il était né en prince parmi les hommes, et, depuis, n'avait eu de cesse de repousser ses exigences et ses désirs. On imagine sans grande peine, alors, combien la perspective d'effleurer le pouvoir d'un dieu pouvait éveiller sa curiosité et sa convoitise, en dépit - ou peut-être à cause - de ses immenses lacunes théologiques. Peut-être était-ce parce qu'il ne savait rien et ne comprenait rien aux mystères sacrés du divin que ceux-ci exerçaient sur lui une telle attraction.
- Oui, dit-il d'une voix rauque et rongée par une excitation sourde. Oui, je crois, je sais que j'en suis digne.
Et tout à coup, tout fit sens - du moins, tout semblait faire sens dans l'esprit simpliste d'Ascanio. Avec la ferveur du profane inculte qui trouve soudain dans une foi nouvelle l'occasion de pallier son désœuvrement, il réalisa qu'il était béni par Arcam depuis sa naissance, et qu'il avait toujours été marqué par le dieu sans le savoir, jusqu'à ce que la venue de May'Inil, poussée non par le hasard mais bien par le destin, lui ouvre enfin les yeux - qui d'autre qu'un dieu pouvait avoir un tel sens de l'humour qu'il lui faille envoyer une aveugle pour cela ! May'Inil était venue à lui pour l'initier aux mystères d'Arcam, et bien qu'Ascanio soit incapable d'expliquer ce que cela pouvait bien vouloir dire, il trépignait d'impatience, frémissait d'orgueil à l'idée d'être admis à se tenir dans l'ombre sacrée d'un dieu.
- Ta présence ici n'est pas un hasard, je le sais à présent.
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