Sentiments, douleur et responsabilités

Panohos, première ennéade de Verimios, an 8 du XI° Cycle,
Château de Naelis.

Les choses avaient pris le temps de se faire... et le chemin lentement se tracer. Ils étaient partis il y a de cela plusieurs ennéades pour la Dross, s'arrêtant dans la ville désormais vassale de Naelis avant de se diriger vers le nord-ouest, là où se trouvaient les terres natales de ceux qui avaient fait partie de la troupe du Centaure. Le temps avait fait son œuvre, mais la traversée d'Aduram aussi. Les pas des soldats avaient éveillé les sombres créatures qui se tapissaient dans ce qui avait été autrefois une partie d'Anaëh et leur colère s'était abattue sur celui qui dirigeait l'armée humaine.

Il avait été ramené, ainsi qu'une partie de l'armée. Mon cœur s'était arrêté en le voyant revenir dans un état qui laissait à demander comment il faisait pour survivre, qu'est-ce qui lui permettait de tenir. Debout devant la porte du château, le temps avait semblé s'arrêter, mon esprit s'était perdu alors que l'on emmenait mon mari dans des appartements où des mages s'occuperaient de lui. Ma main glissa le long de son bras et je sentis les bras de Trimack me prendre, et ce fut serrée contre mon ancien commandant que je me mis à pleurer. Si l'espoir que Glenn survive à cette épreuve me permettait encore aujourd'hui de faire ce qu'il fallait, la douleur et la peur s'étaient insérés dès cet instant en moi. Qu'allait-il arriver au père de mes enfants ? Comment l'avenir allait-il se profiler ? Et que devais-je faire ?



Après avoir noté les dernières décisions prises sur un cahier, je remerciais les membres du conseil tout en fermant le cahier se trouvant juste devant moi. Tous se levèrent, sauf Trimack, le commandant de la Garde. Voyant qu'il désirait me parler, je croisais mes jambes et m'appuyais contre le dossier du siège, attendant que nous soyons seuls dans la salle du conseil restreint pour pouvoir discuter.

"Quelque chose dans les décisions prises ne te convient pas, Trimack ?
- Non, sinon je l'aurais fait savoir à tout le monde. Au contraire, ramener toute l'armée et faire encore plus attention aux frontières n'est pas une mauvaise idée. Mais c'est plus pour toi que je m'inquiète.
- Tu ne devrais pas. J'ai survécu à pire et, de toute façon, je compte bien tenir... au moins pour les enfants. En ce qui concerne les décisions politiques, vous serez là pour m'aider. Mais toi ?"

Nous continuâmes à discuter un bon moment. Trimack était un ami cher à mon cœur, mais il était surtout l'une des personnes les plus proches de Glenn. Aussi lui aussi pouvait avoir du mal avec l'état de Glenn et je me devais de m'assurer que tout allait bien de son côté. De reine qui avait un certain pouvoir en sous-cape, je devenais officiellement la régente de Naelis et ce soit jusqu'à ce que le roi soit à nouveau capable de régner, soit jusqu'à ce que l'un de mes enfants soit en âge de monter sur le trône. Je priais pour que le premier cas soit le bon... Quoi qu'il en soit, il nous faudrait tous les deux nous serrer les coudes pour que tout se passe pour le mieux. J'avais peur que les Sombres profitent de l'affaiblissement de Glenn pour considérer qu'un petit pays sans roi était bon à prendre ou bien que des personnes essaient d'achever définitivement sa vie.