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 De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]

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Enrico di Montecale
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MessageSujet: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeLun 2 Nov 2015 - 12:27

Le temps était extrêmement long. Et pourtant, Marco n’était pas parti depuis si longtemps que cela. Mais lorsque l’on est pressé de connaître une réponse, le sablier du temps n’a plus aucune prise sur la conscience, ni même aucune autre chose. Seule la nouvelle si attendue a de l’importance, allant jusqu’à obnubiler l’esprit tout entier, mobilier toute l’attention. Enrico était dans un couloir, assailli par le démon de l’attente, à compter les secondes le séparant du moment où son ami avait été envoyé la trouver. Son regard fixait le sol, et sa main était crispée sur le pommeau de sa rapière. Tout ce temps qu’il avait attendu, toutes ces épreuves par lesquelles il était passé… Dans une course, en général, ce sont les derniers kilomètres qui sont les plus durs. Et l’amiral se retrouvait comme prisonnier d’une course, dont il ne connaissait pas la durée, mais qui le faisait se sentir comme à la fin de celle-ci. Or, il s’en doutait, la ligne d’arrivée semblait encore bien lointaine…

Le bruit des pas réguliers résonnèrent dans le grand couloir palatin. La silhouette de Marco se détacha d’un coin d’ombre, à l’angle d’un embranchement, marchant en direction d’Enrico. Ce dernier soupira d’aise. Son ami aux fières moustaches tombantes auburn lui revenait enfin. Se redressant comme le militaire qu’il était, l’estropié accueillit son homme de confiance avec le sourire aux lèvres.

« Alors ? »

Marco Solomeo s’arrêta net, son expression passant de la neutralité totale à l’expression la plus navrée, quoiqu’un peu exagérée.

« Elle… hum… Dame Orphelia est dans son domaine pour l’heure. Pas au palais… »


Enrico jura entre ses dents, frappant de sa jambe de bois au sol. Le son résonna fort et durement, et Marco haussa les épaules. Que pouvait-il y faire après tout ?

« He bien, rends-toi à Lambruzzia. »


Marco écarquilla les yeux.

« Mais… C’est à plusieurs lieues d’ici ! »

« Et alors ? Tu as un cheval ! Va à Lambruzzia ! Tu sais que c’est important. »

Le suderon grommela, mais s’exécuta, non sans une certaine mauvaise grâce. Ses pas l’emmenèrent loin d’Enrico, le faisant disparaître au détour d’un couloir. Et encore une fois, l’amiral se retrouvait seul. Un vétéran seul, devant une magnifique tapisserie. La bataille de la Pointe du Soleil. Une importante action contre les pirates mécans, à laquelle il avait pris part. En la regardant, il se mit à ressasser les souvenirs de la bataille, encore si vivante dans sa tête… Dans sa jeunesse, quel panache il avait pu avoir !

Son attention fut soudain détournée de la magnifique œuvre d’art par une autre forme qui se présentait à l’entrée du couloir. Une jeune femme, un véritable parangon de beauté, à la fois pur et noble. Ses grands yeux ne trompèrent pas Enrico, non plus ses formes qui ne vinrent que renforcer sa conviction ; il avait affaire à la parfaite description d’Azénor d’Anoszia, la sœur de son suzerain. Ce dernier lui avait demandé de prendre de ses nouvelles pour lui, profitant de son voyage à la capitale du Soltaar. Lorsqu’elle s’approcha de lui, il esquissa une petite révérence, avant de baiser la main de la jeune demoiselle.

« Madame, c’est grand honneur de vous rencontrer et de ne point être déçu, après tous les récits vantant votre beauté. Je suis Enrico di Montecale, l’amiral du Langecin, et le gouverneur de l’archipel de Nelen. Conquis de faire votre connaissance. »

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Azénor d'Anoszia
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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeMar 17 Nov 2015 - 15:10




Un calme relatif avait amoindri les hautes températures du chef lieu du Soltaar. L'euphorie de l'éveil du duc, puis son retour sur la scène publique s'étaient atténués dans une normalité toute retrouvée. L'absence remarquée de la princesse d'Ys au Palais avait d'abord laissé planer un émoi de stupeur, faisant assez vite place à une consternation générale. La distance prise par sa maîtresse avait laissé à Azénor plus de libertés qu'à l'ordinaire, pour ainsi dire, elle se sentait comme affranchie de ses obligations de duègne, pouvant jouir des plaisirs et autres ressources de la demeure ducale sans craindre le spectre de son rang. Elle se considérait noble parmi les nobles, portant fièrement les couleurs de sa lignée, arborant avec orgueil la puissance de ce nom qui faisait trembler les lippes de ses comparses au sang bleu.

Une Myriade d'émotions avaient envahit son esprit pétillant ; l'enthousiasme de se prétendre ainsi indépendante, la pointe d'ennui de se retrouver sans tâche particulière à laquelle s’affairer, la soif inépuisable de curiosité qui l'emmenait à s'aventurer toujours plus loin dans la cité. Elle avait même envisagé un instant de la quitter,  le temps d'une journée peut-être plus, afin de découvrir les contrées environnantes ; ce qu'un frais coursier aurait pu lui faire miroiter en un si court intervalle. Mais tous ses plans extravagants ne trouvèrent écho dans la réalité, la belle ne pouvait décemment prendre une décision de cet ordre à la légère. Aussi le castel lui apportait l'abondance de stimuli nécessaires à son bien-être. Toutes ces arrivées, venues d'autres provinces de la Péninsule, d'Estrevent ou d'autres lointains territoires attisaient sa dévorante appétence pour autrui.

Le délicat claquement de ses fins souliers sur le dallage de terre-cuite peinte aux motifs de soleils chamarrés résonnait plus que de mesure dans les galeries hautes de plafonds de Soltariel. Sa camériste sur les talons, Azénor vaquait à une promenade désinvolte, parcourant l'aile Est d'un pas aussi léger que décidé. Les deux demoiselles n'avaient croisé âme qui vive, hormis d'autres domestiques devenus quasiment invisibles pour les résidents du château.
« Ma Dame, je vous en conjure, modérez votre allure ! ...Seriez vous donc pressée ? Nous ne sommes attendues nulle part et vous gambadez comme hase en chaleur fuyant un bataillon de lièvres ! » Se plaignit Sizelonde, la chambrière qui paraissait à bout de souffle.
La donzelle d'Ydril se surprit à sentir un rictus taquin s'esquisser sur son visage. Accélérant le pas elle haussa le ton à l’égard de sa suivante qui s'apitoyait depuis un moment. « Cesse donc de geindre, Sizelonde. Ne vois tu donc pas que tes jérémiades m'importunent ? N'est ce pas ton devoir que de me servir et de veiller à ma bonne composition ? Si fait. Alors tais-toi. »

Son intonation n'était guère compatissante, cela faisait bien depuis le début de leurs pérégrinations que la camérière se lamentait, ce de plus en plus pitoyablement. La patience de l'héritière Anozsia s’effritait à chaque soupir de son accompagnatrice.
«  J'ai tellement mal aux pieds …. » Finit-elle par grommeler tout bas, comme pour dissimuler son ultime appel à l'indulgence. S'en était trop. Pourquoi l'avait-on affublé de cette mégère insupportable ? D'ordinaire elle pouvait se mouvoir à sa guise, et ce seule, à Soltariel, pourquoi fallait-il qu'en ce jour on l'accable avec la présence de cette malheureuse ? Dans sa colère grandissante, elle entendit au loin, dispersé par les volumes des pièces, d'autres éclats de voix.

« Tais toi donc ! » S'exclama t-elle en s'arrêtant subitement, tout en tendant l'oreille. Mais rien d'autre ne lui parvint. Reprenant toute la douceur dont elle était capable, elle se tourna vers sa servante. « Size, s'il te plaît. Je pense avoir égaré ma broche, tu sais, celle aux armoiries de ma famille. Je suppose l'avoir laissé dans mes appartements mais n'en suis guère sûre. Pourrais-tu y retourner et me la retrouver ? C'est très important, Père m'a dit de toujours porter haut et visible notre emblème. »

Ce n'était là qu'une diversion pour se débarrasser d'elle, cette broche elle l'avait égarée depuis des lustres. Il lui avait semblé ouïr un timbre masculin, se sentant d'humeur badine, elle ajusta ses atours de façon à mettre en valeur ce qui rendait plus cinoque encore que son patronyme. S’avançant plus lentement, elle entra dans ce qu'elle reconnut comme la Salle des Tempêtes, notoire pour ses décors illustrant quelques escarmouches célèbres. Devant la tapisserie représentant l'illustre bataille de la Pointe du Soleil se trouvait un homme qu'a sa grande surprise elle ne reconnut pas. Lui pourtant semblait prompt à poser de son regard gris un nom sur sa personne. Devant le défilement de ses désignations, elle ne put s’empêcher d'entamer une timide courbette. Peut-être plus digne et affirmée que d'ordinaire. Ce mot Langecin lui évoquait étrangement son frère aîné, Oschide, Duc de Langehack, mais elle ne pouvait se l'affirmer avec certitude. Sa méconnaissance du Médian lui faisant défaut. Sa bouche s'arrondit lascivement.

« Mon beau Sire di Montecale, vous me voyez tout aussi séduite de vous rencontrer. Si vous me le permettez, qu'avez vous donc entendu à mon sujet ? Je ne suis guère familière des romans sur ma personne, ici je ne déambule que dans l'ombre des autres Anozsia. »




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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeVen 20 Nov 2015 - 14:31


Lorsqu’Azénor le gratifia de salutations plutôt enjouées, il esquissa un mince sourire en coin. Il ne connaissait que trop bien ce subtil numéro de charme, qu’il employait lui-même souvent avec certaines dames pour lesquelles il éprouvait quelques arrière-pensées. Ici, point de difficulté à en avoir, et plus encore si elle aussi souhaitait jouer à ce jeu-là. Qu’elle soit la sœur de son suzerain, cependant, servait à remettre en cause ce qu’il pouvait se permettre de dire et de faire en la présence de la jeune Anoszia, plus encore que le rang de cette dernière. Il lâcha délicatement la main de la charmante Fleur de Velmone, dont le verbe lui plaisait de plus en plus à mesure qu’elle lui parlait. Qu’elle use du terme ‘beau’ en le désignant ne faisait que renforcer son ego de coq suderon amateur de flatteries et de belles paroles. La question d’Azénor était, de plus, tout à fait légitime, et il se ferait un plaisir de continuer ce petit jeu charmant dans lequel ils s’étaient lancés tous deux.

« Apparemment, la beauté ne semble point être le seul atout dont vous disposiez, gente damoiselle. Et il est étonnant que rien de ce que les gens disent à propos de vous ne vous soit réellement parvenu. Mais soit… »

Il prit le temps d’embrasser du regard la silhouette enchanteresse de la jeune femme. Ensuite, il déclara de sa plaisante voix de baryton :

« L’on dit de vous qu’il faudrait vous prémunir davantage de la colère des Déesses, qui pourraient vouloir éliminer leur rivale en un éclair… Et ces on-dit me semblent avérés. J’aime surtout cette histoire, dans laquelle votre illustre père s’en va chercher deux magnifiques saphirs pour vous les offrir, mais qu’en voyant vos yeux, il ne peut que les jeter à la mer en les trouvant soudain bien ternes. »

Ce faisant, il agrandit son sourire.

« Ce n’est pas sans rappeler non plus que certaines personnes m’ont vanté que c’était vous qui faisiez de l’ombre aux autres Anoszia, non le contraire. Et il est vrai qu’entre vous et vos frères, je pense déjà savoir vers où se portera mon regard. »

Il ricana, avant de faire une nouvelle petite révérence, reportant ensuite sa main sur le pommeau de sa rapière. En y réfléchissant bien, les différentes légendes sur la prétendue beauté d’Azénor semblaient fondées. Des longs cheveux bruns, servant de fière parure à un délicat visage taillé pour faire frémir de jalousie Néera. Et que dire de ses formes, assez voluptueuses pour faire tourner le regard au plus stoïque, et assez arrogantes pour la faire haïr de la gente féminine. Elle lui rappelait presque Dame Orphelia lorsqu’il l’avait vue la première fois, bien qu’ici, l’effet soit beaucoup moins dévastateur pour lui qu’à l’époque de sa jeunesse.

« Votre frère, messire Oschide, m’a également parlé d’un ardent volcan sommeillant en vous. Mais vous êtes dame du Sud, il est normal que le feu soit dans vos veines. »

Il vit cependant que la jeune demoiselle réagissait assez curieusement au nom de son frère. Enrico réfléchit. Peut-être n’avait-elle plus de nouvelles de son cher aîné, qui, d’après ce dernier, entretenait une relation particulièrement forte avec sa sœur. Caressant son bouc, l’amiral sut dès lors que la rencontre n’allait pas être que purement fortuite.

« Oui… Votre frère, Oschide d’Anoszia. Je le sers à présent. Vous n’étiez pas au courant pour lui ? »
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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeJeu 3 Déc 2015 - 10:13




Cette histoire, on lui avait conté dans la candeur son enfance. Le tendre souvenir de cette anecdote lui fit esquisser un sourire quelque peu songeur. Parfois les pierres précieuses se voulaient différentes, des aigues-marines ou encore des topazes venaient prendre la place des divins saphirs, tant que la gemme irradiait un bleu aussi pur que les pupilles de la Fleur de Velmone. L'amiral se baladait de flatteries en autres plus pointues et incisives encore, veillant à porter le mot juste à cette audience d'un instant déjà plus que captivée.

«  Messire, le venin s'échappant de vos lippes et bien trop sucré pour n'être que sincérité, vos belles paroles m'honorent et me transpercent à la fois de leur tranchant. » Gloussa t-elle en réponse à ces louanges.

La petite fille au fond d'elle se dandinait dans cette enveloppe voluptueuse de femme faite, sujette à un flot incessant de compliments et de félicitations. Elle bouillait sur place, tenant de maintenir fermement le masque de l'impassibilité. Envoûtée par les mots délicieux du seigneur Di Montecale, elle baissait malgré elle sa garde, se prenait au jeu des flagorneries, et n'était guère attentive au cœur des dires de son interlocuteur. Ainsi quand il évoqua le nom de son frère aîné, lui disant même être à son service, des secondes interminablement longues s'écoulèrent avant qu'elle ne puisse exprimer la moindre réaction.

« Osch........Osch....Oschide ??! » S'exclama-t-elle dans un hurlement bien trop strident comparé au timbre musical de son accent. Ses traits se tordirent dans un rictus mi-paniqué mi-interrogateur, ses yeux commencèrent à prendre l'aspect humide des océans en plus de leur fard. Le rappel du prénom de son semblable lui fit l'effet d'un coup de poignard dans les tripes. Un instant elle sentit la chaleur de son corps lui échapper et une impression glacée l'envahir. Ses premiers pressentiments lui revinrent comme un coup de fouet dans la figure. Langecin. Langehack
Et puis tout devint flou autour d'elle, sa vue vacilla, le monde se faisait comme un manège infini tournant à un rythme infernal. Les sons se faisaient étouffés, altérés, pour finir par ne plus lui parvenir. Elle finit par perdre pied et s’effondrer comme une fragile poupée de chiffon brutalement lachée par son propriétaire. Azénor sentit à peine le contact d'Enrico qu'elle percuta dans sa syncope , tout comme elle ne s'entendit pas dire dans un dernier souffle «  Ce n'est pas possible ... ».
Une toile noire emporta les derniers restes de sa perception et elle sombra dans l'inconscience.





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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeMar 15 Déc 2015 - 18:46

Voir la jeune demoiselle sourire, visiblement flattée, était une petite victoire pour Enrico, toujours avide de charmer et séduire par les mots. La plupart des hommes ne le savaient pas, mais il était évident que les femmes étaient bien plus sensibles aux phrases et aux compliments qu’à la seule beauté physique, à la différence du sexe opposé. Certes, Enrico était bel homme, mais il gageait que s’il avait été un tantinet plus laid, cela n’aurait rien changé à la donne. Les dames tombaient amoureuses pour des mots, des promesses, des phrases bien tournées. Le plus beau mâle pouvait se présenter à l’une d’entre elles, s’il bégayait ou ne savait aligner un mot sur deux sans hésiter et hacher son texte, il n’allait sans doute pas produire le même effet. Et l’amiral n’était pas ce genre d’homme.

La Fleur de Velmone semblait se complaire des dires d’Enrico, et elle avait vu juste. Il avait pris l’habitude d’être un brin trop flatteur avec les jolies femmes, mais ça avait toujours fonctionné ainsi. Il n’avait jamais eu à s’en plaindre. C’est lorsqu’il avait abordé le thème de son frère aîné qu’Azénor avait commencé à réagir étrangement. Elle s’était embrouillée, et avait lâché un cri strident, caractéristique des femmes de haute cour. L’estropié ne s’était pas réellement attendu à ça, et ne cacha pas son étonnement. Les yeux luisants et la bouche tordue d’un rictus interrogateur, elle resta presque immobile un instant, cherchant à digérer l’information. Comment Enrico aurait-il pu se douter que cela déclencherait une telle réaction ?

Ce qui suivit se déroula très vite. Prise de vertige, elle tituba vers l’avant, commençant une syncope. L’œil aux aguets et les réflexes alertes, l’amiral rattrapa le corps de la jeune femme, l’empêchant de tomber plus avant. Elle était très légère, mais elle ne tenait plus sur ses jambes, et le marin dut reprendre son équilibre pour empêcher sa jambe de bois de glisser sur le marbre du sol. Elle était tombée dans les pommes, les paupières closes et les membres complètement paralysés. Enrico jura entre ses dents, regardant de plus près Azénor. A y réfléchir, il n’était pas si malchanceux que cela. Ses yeux coururent sur les courbes arrogantes de la jeune Anoszia, ainsi que ses longs cheveux dégageant un parfum des plus exquis. Sa peau semblait douce et…

Et elle était dans les pommes, merde ! Ressaisis-toi !

« Mierda… »

Il se reprit, conscient qu’il ne pouvait rester ainsi toute la journée. Il regarda dans le couloir. Il n’y avait pas un chat, et derrière-lui se trouvait une porte débouchant sur un magnifique salon. Des divans y étaient installés, à l’aspect luxueux et moelleux. Un endroit convenable pour y déposer une dame du rang d’Azénor. Il clopina jusqu’à l’entrée, tentant d’adapter son handicap à la situation. Méthodiquement, il trouva son rythme, et franchit la porte grande ouverte. Une fois à l’intérieur du magnifique salon, il repéra un gros divan rouge, aux coussins colorés et bien disposés. Il s’y dirigea, déposant la jeune femme sur celui-ci. Enrico souffla un peu, se grattant la joue. Il n’était pas, pour ainsi dire, dans une position facile. Réveiller une demoiselle d’un tel pedigree demandait à la fois douceur et précaution. Il soupira. Ce ne serait peut-être pas aussi différent de la fois où il avait réveillé une bourgeoise ayant fait une insolation…

S’asseyant à côté du corps ankylosé de la Fleur de Velmone, il se mit à lui parler tout doucement, pour tenter de la réveiller.

« Damoiselle d’Anoszia ? Damoiselle ? Vous m’entendez ? Réveillez-vous, s’il vous plaît. »

Son ton était à la fois doux et empreint d’une certaine fermeté. Il fallait la réveiller en douceur, certes, mais la réveiller tout de même. Il lui tapota la main. Conscient qu’elle devait respirer, il se saisit de l’éventail qu’il avait dans une de ses poches. Un cadeau d’une femme charmante, qui avait vraiment cru qu’Enrico resterait s’établir avec elle. C’était mal connaître cet éternel libertin… Il fit quelques mouvements pour amener une brise légère sur le visage d’Azénor, afin qu’elle puisse s’éveiller au plus vite.
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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeJeu 10 Mar 2016 - 11:25




Le monde se fit d'abord vague, aux contours incertains, puis les teintes se ternirent et Azénor se retrouva comme songeuse, là où quelques secondes plus tôt elle conversait avec l'Amiral de Langehack. La jeune femme se voyait gambader dans une prairie verdoyante lui rappelant vaguement les alentours de Velmonè, des cris d'enfants familiers lui évoquèrent sa fratrie et les nombreux souvenirs d'un temps heureux où les Anozsia étaient tous réunis. Ses frères lui apparurent et chahutaient ensemble dans une allégresse toute vaporeuse, leurs agissements la firent rire aux éclats, tandis qu'une légère brise commençait à se lever et à inonder la plaine de sa fraîcheur. Et puis .... le tumulte d'Oschide et Oscario se mit à s’évanouir, le vent se faire encore plus fort, les rires tourner aux convulsions étranglées.

Azénor mit plusieurs longues minutes à revenir à elle. Ils n'étaient plus dans la même pièce mais désormais dans un cabinet adjacent, Enrico à ses côtés faisant se mouvoir avec douceur les pans d'un éventail en direction de son visage. Encore un peu vaseuse, elle esquissa un timide sourire avant d'entreprendre de se redresser, une telle position avait maintenant de quoi affoler les convenances ! La belle s’adossât dans le divan, reprenant peu à peu de sa superbe et de son port naturel. « Je ...je suis confuse messire. Veuillez excuser ma faiblesse et cet instant délicat que je vous ai infligé … J'aurais dû écouter mes dames et déjeuner avec plus d'application ! » Lui lâcha t-elle en tentant de remettre en place sa chevelure et sa robe que le transport avait plissé.
Elle s'en voulait d'avoir fait preuve d'aussi peu de force d'esprit, qu'allait-on penser d'elle ? Cependant la compagnie du seigneur Di Montecale la faisait remettre à plus tard ses questionnements, elle sentait au fond-elle qu'il ne serait point du genre à la juger, et mieux encore, à même de la comprendre. Ce sentiment de confiance la fit s'exprimer à cœur ouvert, sans fard.

« Vous savez, Monseigneur, je n'ai guère de nouvelles d'Oschide ces derniers temps ...J'ose dire même, depuis bien trop longtemps. Votre venue ici, … C'est … quelque peu déstabilisant, inattendu, vous comprenez je l'espère … Je crois que nous avons quelques pans du passé à dépoussiérer ensemble. »




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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeMar 15 Mar 2016 - 0:18

Son éventail sembla fonctionner à merveille. Enrico attendit quelques minutes avant que la jeune damoiselle n’émerge du royaume des songes. Elle lui sourit avec contrition, sûrement gênée d’avoir eu cette syncope devant l’amiral, et se releva doucement pour s’appuyer contre le divan sur lequel elle se trouvait. En tant que fille d’un vicomte ydrilote, elle avait été fort bien éduquée, et ce fut sans mal qu’elle retrouva tout son charme et sa prestance naturelle, une fois bien remise de sa petite mésaventure. Enrico, lui, n’y voyait pas vraiment une mésaventure, en vérité. S’approcher de si près d’une telle beauté, rares devaient être ceux qui pouvaient s’en vanter. Mais pas de méprise, le Suderon n’irait rien raconter. Il tenait à conserver l’honneur de la damoiselle, sœur de son suzerain.

Azénor s’excusa en se recoiffant et en défroissant sa robe, non sans une certaine grâce, le sourire toujours aux lèvres. Enrico aussi souriait, à présent. Il avait rangé son éventail, et plongeait son regard dans celui de la Fleur de Velmonè.

« N’ayez point de honte, ma damoiselle, cela arrive à tout le monde. Et en effet, mieux manger devrait vous faire le plus grand bien. »

Malheureusement, il n’avait rien à lui faire avaler sur lui. De toute façon, n’aurait-ce pas été saugrenu ? Sortir un quignon de pain de sa poche pour le tendre à une noble d’Ydril ? Catégoriquement non. Enrico regarda aux alentours de la salle, mais comme il s’en doutait, il n’y avait pas d’eau tout près. Tant pis. Elle avait l’air de se porter mieux, de toute façon. Azénor préférait lui expliquer les raisons de cette perte de conscience soudaine. De ses dires, recevoir des nouvelles d’Oschide, son frère parti depuis si longtemps, l’avait extrêmement bouleversée. Et comment ne pas comprendre ? Lui-même était séparé de sa fratrie depuis quelques bonnes ennéades déjà. Azénor n’avait pas vu son frère depuis encore bien plus longtemps…

Il écouta la demoiselle, acquiesçant au passage.

« Oui, je comprends parfaitement. Etre ainsi éloignée de votre frère doit vous peiner plus que de raison. Et je me ferai une joie de vous apporter de ses nouvelles. En ce moment-même, il se porte d’ailleurs très bien. Sous l’œil bienveillant de la Duchesse Méliane, il s’est vite rétabli de ses blessures oësgardiennes. Il a même marié cette dernière, il n’a sans doute pas pu résister longtemps à son charme ! Mais cela, je pense que vous le savez déjà… Que souhaitez-vous savoir sur son Altesse, au juste ? »

Son Altesse, plutôt son frère. Cependant, Enrico avait toujours respecté l’étiquette à la lettre en présence de figures de la noblesse. Azénor pouvait être jeune, elle était la fille du Dragon. Qui plus est, son joli minois n’en faisait pas n’importe quelle rosière des terres du Sud. Non, sa beauté rayonnait même en dehors de ses pénates natales, et il était de bon ton de pouvoir montrer son éducation afin, peut-être, d’impressionner…
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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeMer 16 Mar 2016 - 17:07




Son malaise lui laissait l'amère sensation que ses capacités et sa mémoire lui faisaient défaut. Son souffle était désormais régulier mais quelque chose ne semblait pas tourner correctement. Aussi quand le Langecin évoqua la Duchesse Méliane et son alliance avec son aimé frère, elle ne pouvait se remémorer si la nouvelle avait déjà effleuré ses oreilles.

« Je ne saurais vous dire si je suis au courant, je n'en ai pas de souvenir particulier... Peut-être ai-je été heureuse d'apprendre les épousailles de mon parent, tout comme je l'imagine profondément chagrinée de ne point partager ce bonheur avec lui. Mais il est évident que ce nom résonne comme déjà entendu, et ces blessures dont vous parlez me font écho à de sombres pensées. » Lui répondit la Fleur de Velmonè tandis qu'un semblant de perle salée roulait le long de sa joue. Elle aurait tout donné pour se retrouver près de son protecteur, celui qui -après son aïeul évidement- avait veillé sur sa personne et son épanouissement.

Elle essuya rapidement les prémices du torrent qui menaçait de se déverser sur ce beau visage triste. Non, elle ne voulait pas qu'Enrico la prenne pour plus faible qu'elle ne lui avait déjà montré. Non, elle ne devait pas faillir à la réputation de sa lignée, de personnalités fortes dont les failles ne cédaient pas. Mais il lui fallait se rendre à l'évidence, un mal profond achevait de la ronger, le déni dans lequel elle avait accepté de vivre ne pouvait plus durer depuis que l'Amiral d'Oschide avait fait irruption dans son quotidien.

« Messire Di Montecale, je voudrais tout savoir .... mais ....j'ai une proposition à vous faire. » Faisant fi des démarches de bonne conduite de l'homme, elle se pencha afin de lui murmurer.
« Je vous en conjure... Partons le retrouver. »






Dernière édition par Azénor d’Anoszia le Lun 18 Juil 2016 - 9:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeLun 21 Mar 2016 - 13:04

La jeune Azénor semblait quelque peu désorientée encore. Elle ne semblait pas au courant des affaires concernant son frère, et Enrico trouva cela un tantinet étrange, lorsqu’il y réfléchit. Néanmoins, il finit par mettre cela sur le compte du malaise, qui avait dû déboussoler la damoiselle de compagnie. Il la vit soudain lâcher une larme, alors qu’elle lui faisait part de ses sentiments quant à son éloignement d’Oschide. L’amiral se crispa soudain. Il ne voulait pas la faire pleurer, qu’allait-on penser de lui ? Il se frotta un instant le front, puis se saisit d’un de ses mouchoirs de poche, qu’il tendit à la demoiselle, qui essuyait ses larmes avec ses mains. Il tenta de sourire bien malgré la tristesse apparente de la jeune femme, prononçant des paroles réconfortantes.

« Allons, ma damoiselle, je comprends qu’être éloigné de ce frère avec qui vous aviez un lien si fort puisse vous peiner, mais il n’est point lieu de se tracasser pour son Altesse quant à ses blessures. Chassez donc ces souvenirs noirs, et pensez à autre chose. »

Il se souvenait bien de ces dernières paroles. C’étaient celles que son père avait prononcées quand il avait reçu sa jambe de bois. L’avait-il pourtant fait ? A moitié, à dire vrai. Il avait pensé à autre chose, oui. Mais chasser les souvenirs ? Il avait fait bien mieux en les élevant au rang de motivations. C’était pour ça qu’ils étaient encore clairs comme le cristal dans son esprit.
Cependant, Azénor, elle, n’avait pas besoin de ça.

Elle retrouva vite son port altier habituel, au grand soulagement d’Enrico. Pourtant, si elle s’était reprise, la damoiselle ne semblait pas entièrement détendue. Elle paraissait même hésitante. Elle prit son courage à deux mains, et le supplia. Ce qu’elle demandait, pourtant, était assez inattendu. Il arqua un sourcil.

« Partir ? Partir retrouver votre frère à Diantra ? He bien, ma damoiselle, c’est… quelque peu précipité, vous ne croyez pas ? Je veux dire, que dirait donc votre père s’il apprenait que vous souhaitiez vous en aller d’ici ? »

Il se doutait que le Dragon sortirait sûrement ses griffes, s’il apprenait que l’une de ses jeunes filles s’apprêtait à quitter Soltariel sans son consentement. Néanmoins, il se releva doucement, faisant attention à sa jambe de bois, et enleva son chapeau pour le poser sur sa poitrine.

« Cependant, belle damoiselle, je serais honoré de vous aider dans votre entreprise, si celle-ci venait à son concrétiser… Cela dit, réfléchissez bien. Etes-vous certaine de vouloir quitter ce pays que vous avez toujours connu ? »

Il savait que l’aventure appelait souvent le cœur des jeunes gens. Ne l’avait-elle pas appelé, lui, pour parcourir l’océan de furie, et les mers chaudes de l’est ? Azénor voulait revoir son frère, certes, mais il se doutait que cette demande devait sans doute cacher un soupçon de soif pour la découverte. Enrico ne pouvait qu’y adhérer. Et si la belle souhaitait se rendre quelque part, son navire serait prêt à appareiller.
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MessageSujet: Re: De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia]   De fraternelles nouvelles [Azénor d'Anoszia] I_icon_minitimeLun 21 Mar 2016 - 15:34





«  Je suppose que vous savez toute la fièvre dont sont capables les Anoszia, vous qui côtoyez Oschide. Certes il n'est pas le plus véhément de notre fratrie, mais le sang du dragon palpite aussi en son sein. » Sa tentative de détendre l'atmosphère se révéla fructueuse et son compagnon lui esquissa un rictus amusé. Enrico soulevait là la principale épine qui entraverait cette péripétie ; l'avis du patriarche. D'ordinaire, cette évocation l'aurait fait paniquer, Azénor craignant au plus haut point décevoir l'incarnation vivante des valeurs de sa lignée. Cependant une pensée profonde, un instinct jusqu'ici ignoré, la rassurait quant à cette entreprise farfelue.

« Il est légitime que vous trouviez cela précipité. Mais en s'attardant sur la question … Ai-je encore des raisons de demeurer ici, à Soltariel ? » Le questionna la jeune femme toujours plus assurée dans sa démarche. « Je me retrouve désormais dame de compagnie d'une ombre. Une ombre qui me retenait prisonnière en ces murs, détenue dans les geôles douillettes d'un palais que l'on m'a imposé. Quel moment plus opportun pour partir ? Devrais-je attendre que les moult conseillers et autres nobles d'importance qui pullulent au castel décident à ma place quel sort me sera réservé ? De vous à moi, Messire di Montecale, je ne souhaite plus parader près d'autres grandeurs mais entreprendre de m'élever moi même. »

On aurait dit que la belle tentait de se convaincre elle même du bien-fondé de sa décision, comme une répétition générale avant l'affrontement avec Arichis. Celui-ci s'annonçait évidement terrible, peu de fois Azénor s'était risquée à lui tenir tête. En son fort intérieur, la Fleur de Velmonè ressentait une terrifiante énergie, la poussant presque autant que ses convictions à oser défier son aïeux. La réaction du Suderon, bien que tempérée et raisonnée, ne manqua pas d'apaiser sa hargne. Ainsi il acceptait de l'aider, s'inquiétant tout de même de ses certitudes. Soulagée, elle soupira bruyamment en reprenant sa respiration avant de prolonger son laïus.

« Ce serait foutaises que vous affirmer partir sans regrets … Cependant j'ai terriblement besoin d'évasion, de voir du pays, de quitter les terres de mon enfance pour je l'espère, mieux y revenir ? Je ne saurais vous dire pourquoi, comment, mais je suis persuadée que Père ne s'opposera point à ma décision. D'ailleurs ma requête n'est ni l'objet de son accord ou sa bénédiction, je voudrais le prévenir, pour ne pas rendre plus difficile encore ce choix. Choix qui se précise de minutes en minutes, chaque seconde où nous discutions est un temps de voyage précieux qui s'évapore ... »

Elle avait trouvé là un allié de grande mesure, inestimable. Décidément ce personnage qui hier encore n'était qu'un parfait inconnu lui avait montré nombre d'horizons insoupçonnées … Néanmoins lui faire porter la seule responsabilité était ignorer que le projet avait germé dans son esprit depuis déjà plusieurs ennéades, ne cessant de croître et d'être aussitôt remis en question. Malgré lui, Enrico lui avait ouvert les yeux sur ce le feu véritable qui l'animait. Un tendre sourire lui tira les lippes. « Je serais plus honorée encore de voguer en votre compagnie, mon bon Sire. Ou peut-être devrais-je vous appeler Capitaine à présent ? » Ricana Azénor en se relevant du divan.  « Enfin, je suppose que nous n'allons guère gaspiller plus d'instants à causer de notre affaire. Nous avons mille et une chose à préparer. Je m'en irai voir Père demain, dès l'aube, en espérant que nous puissions prendre la route dans les jours prochains, Diantra nous attend. »

S'approchant de l'homme qui s'était lui aussi redressé, elle acheva dans un murmure. « Ce fût un plaisir délicieux que de m'entretenir avec vous. Nous aurons l'occasion de partager ensemble d'autres entrevues. Je vous ferais parvenir un pli quand le Comte d'Ydril sera mis dans la confidence. Je vous souhaite une très belle soirée, Enrico. » Elle déposa à long baiser sur sa joue.



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