Lourmel, le temple de Néerra ( pv:Cécilie :)

La mâtiné avait disparue très rapidement. Malyne était de retour, mais n'ayant pas une minute à elle pour le moment, Cécilie s'était contenté de l'aider de son mieux avant de quitter le château accompagné du Capitaine et de Rose pour se rendre au temple de Néera juste après le déjeuné.

Comme toujours, l'accueil y était chaleureux, les enfants étaient ravis de la voir. D'autant plus qu'elle n'était venu que deux fois dans les deux dernières ennéades. Patrice, la prêtresse qui s'occupait principalement de l'orphelinat était toujours aussi maternelle avec son petit monde. Même si la jeune musicienne ne pouvait pas faire de dons importants, elle ne manquait pas une occasion de participer un peu à changer le quotidien de ces enfants. Quelques notion de rhétoriques et un peu de musique s'étaient succédé pour les plus âgés pendant que Rose aidaient les cadet à apprendre à lire. Certains enfants avides d'apprendre les avaient retenues plus longtemps que de coutume mais elle s'était finalement échappé pour revenir au temple même pendant que Rose continuait a amuser les petits.

Installée dans l'ombre de premiers rangs, sur les bords extérieurs, elle joignit les mains, à genou en prière. Le capitaine était évidement jour resté à moins de vingt pas, mais dans ce temple, il semblait étonnamment paisible aussi arrivait-elle a oublier sa présence. Il y avait tant d'autres choses auxquelles penser. Tant de sujet de prière. Le plus difficile était de savoir par quoi commencer.

Pour se calmer, elle se laissa fredonner à voix basse les longues prières qu'elle connaissait et récitaient depuis sa plus tendre enfance. Juste pour trouver un peu de calme dans la tourmente. Et c'est ce qu'elle trouva. Inspirant et expirant profondément comme lors d'un exercice de concentration, le calme si particulier de la contemplation éclaircissait son esprit. Juste assez pour qu'elle commence à ne plus se sentir submerger par tout les changements de sa vie.

Les attaque et le dangers étaient autant d'épreuve que la Déesse mettait en travers de son chemin... Mais ce n'était pas forcément pour qu'elle en reste victime. La Dame-Dieu n'était pas contre elle, elle n'avait pas été abandonné. Un clin d’œil, un moineau avait suffit à le lui faire comprendre. Alors tout ceci devait avoir un sens. Si elle était maîtresse de ses actes et que le Choix lui appartenait, alors elle le mettrait à profit pour mériter sa décadence... Ne serait-ce qu'un peu. Mais que pouvait-elle faire face à l'adversité qui semblait la poursuivre ? Et ce n'était là que l'une de ses angoi …

« Une guerrière dans ces lieux et une étrangère ne mérite pas de prier dans ce temple. Ton visage montre une femme qui prend plaisir à tuer. Je vous demande de partir. »

Un murmure agacée et une voix froide, condescendante avait heurté ses ses tympans... Et visiblement ceux du Capitaine également puisqu'en une seconde il avait avancé de cinq pas et sa respiration prouvait qu'il était tendu comme un arc. Elle releva légèrement la tête tendant l'oreille avec un léger soupire intérieur. Pourquoi la haine se déchaînait-elle toujours autour d'elle ? … Et comment expliquer à ceux en charge de la protéger que rester constamment inquiets ne servait à rien ?

Elle ne bougea pas, gardant les mains jointes et l'oreille au aguets. Le silence fut bien plus éloquent que n'importe quelle réponse. Celle qui venait d'être interpellée, elle ne l'avait pas entendu bouger jusque là. Pourquoi un prêtre interromprait-il une croyante en prière ? Et dans quelle état devait-elle être pour qu'on juge son visage assez froid pour commettre un meurtre... ?

Le feu de nombreuses bougies crépitait autour de la jeune noble, comme une musique interminable. Inspirant profondément, elle usa de son immobilité pour joindre les mains sur son médaillon et tracer ses traits. Elle expira en soulevant le Voile pour un bref instant. Les mélodies qui la berçaient étaient rompues par deux contrepoints discordant. Des accords majeurs, tonitruant dans le simple murmure du temple. Empreints d'une sincérité certaine. Et elle replaça sereinement le Voile, étouffant l'univers à une chaleur qui lui courait sur la peau puis de nouveau le calme.

La réponse fut cinglante. La voix était féminine, jeune, pleine de fougue, d'agressivité et de hardiesse... Mais ce qu'elle disait était touchant. Le temple n'était-il pas sensé être un sanctuaire pour ceux qui voulaient rentre hommage à la déesse... Et qui, plus que ceux qui perdaient leur route et bouillaient de rage contre le monde, avaient besoin de ces instants de paix ?

Cécilie n'attendit pas que l'étrangère ait fini pour se lever calmement. Un autre détail l'avait frappée. La voix du jeune homme hautain était celle de Willem, un novice arrivé à peine quelques ennéades auparavant. La voyant se redresser, le Capitaine vint lui offrir  galamment son bras gauche, réservant toujours le droit pour combattre. Lorsqu'elle lui indiqua d'un discret signe de main les deux personnes qui troublaient la paix ambiante, il ne fit aucun commentaire, mais elle le sentait près à dégainer à la moindre suspicion de potentialité d'intention belliqueuse envers sa jeune protégée. Elle serra doucement son avant bras dans un geste qui se voulait rassurant... sans grand succès.

Les plis de sa robe rouge et blanche glissant fluidement entre les bancs, Il ne fallu pas plus de dix secondes pour qu'elle et son garde soit suffisamment proche pour qu'il ne paraisse pas désobligeant de s'adresser aux deux coqs sous les yeux de la Dame-Dieu. Les respirations étaient forcées, outrées même. Le jeune homme, faisant preuve d'un aplomb inébranlable et d'un ton hautain des plus inopportun allait se lancer dans une diatribe encore plus véhémente que la première... Mais il n'en eut pas le temps.  

Ses yeux bleus ciels humblement baissés, la jeune musicienne l'interrompit avant que cela ne dégénère.

-Excusez-moi Willem, j'ai cru comprendre que vous et cette jeune femme aviez des maux ?
-Je ne voulais pas vous déranger, ma dame, mais cette...

Elle ne le laissa pas trouver le mot qu'il cherchait avec tant d'application et poursuivit.

-Pourquoi n'allez-vous pas quérir la Révérende mère Patrice pour qu'elle règle la question avec sa douceur habituelle ? Il n'y aura aucun débordement en votre absence, je puis vous l'assurer. Et cette dame ici présente également. Nous somme dans une enceinte sacrée.

Ce n'était pas une question mais un fait dont elle prenait la charge. Elle n'avait aucun poids, aucun pouvoir quelque soit le lieu, si ce n'était celui de faire justement appel aux figures d'autorité qu'elle connaissait. Le Novice s'inclina de mauvaise grâce, mais s'inclina tout de même devant l'argument avant que la suite ne montre trop honteusement sa conduite. Il lança un regard glacial à l'étrangère vagabonde avant de s'éclipser dans les couloirs pour chercher l'une des prêtresse.

Cécilie attendit d'avoir entendu la porte se fermer dans un souffle avant de se tourner légèrement vers la jeune femme pour reprendre, toujours à voix basse.

-Veuillez excuser mon interruption mais je ne pouvais pas le laisser éconduire une croyante sans raison réelle. Après tout, un temple n'est il pas un lieu pour tous ? Si nous n'y montrons pas le meilleur de nous-même, où le montrerons-nous ?

Malgré les paroles de celle qui était à son bras, le soldat regardait la guerrière des pieds à la tête et de la tête aux pied d'un air méfiant de vétéran. Cécilie esquissa un gracieux salut de la tête, mesuré avec soin. Sa voix paisible continua, s'accordant avec un sourire doux aussi contrôlé que son maintient ou le regard humble qui semblait éviter à dessein de croiser celui de la vagabonde.

-Je me nomme Cécilie de Laval. J'espère que vous accepterez d'attendre quelques minutes en ma compagnie avant que notre sauveuse n'arrive ?

Voila une nouvelle victime de la mortelle Curiosité. L'étrangère avait un débit de parole bien loin de celui de Jindanor mais elle semblait condamnée à rencontrer des personnes étranges rongées d'une avidité de découverte. Tant mieux quelque part, elle pouvait plus facilement se laisser aller à poser ses propres questions.

Elle frémi lorsque la vagabonde s'empara de sa main sans crier gare et sentit le capitaine se retenir des deux mains pour ne pas la faire reculer. Mais la présentation innocente de la jeune femme accaparait bien plus l'esprit de la demoiselle. Pour faire bonne mesure, elle répondit immédiatement.

-Croyez moi, le notre n'était pas de trop. Willem est bien jeune mais je suis sûre que vous apprécierez la révérende Patrice.

Mais le prénom de cette étrangère tournait un peu dans son esprit. Lyarra. Une forte tête d'après ce qu'elle avait eu l'occasion d'apprendre jusque là. Comment ne pas penser à Lyanna alors qu'elle était à Lourmel. A taton, elle trouva le dossier du banc et s'assit précautionneusement au côté de celle qu'elle venait de tirer d'un mauvais pas sans faire de remarque sur ses paroles bravaches pour ne pas envenimer les choses.

-Ne vous en faites pas, vous n'êtes pas. La curiosité n'est pas un mal. Je loge au château pour quelques temps. Mais vous même devez avoir bien plus d'histoires à conter. N'y voyez nulle insulte, mais si Willem s'en est pris à vous c'est que vous devez être une bien curieuse personne. Votre accent est celui du Nord et pourtant vous n'avez pas l'air d'être de Lourmel. Vous êtes un femme et pourtant armée. Votre histoire doit être bien extraordinaire pour que vous arriviez ici.

La voix de la musicienne était basse pour ne pas partir en écho dans la salle du temple.

A la voix, cette femme était jeune. Dans quelles extrémités la vie avait due la poussée pour que sa propre vie lui apparaisse comme ordinaire. Une femme forcée à prendre les armes qui avait du s'endurcir au point de rejeter toute once de féminité. Qui n'acceptait plus ni faiblesse du cœur, ni douceur, ni paix. Renoncer à sa vie de femme pour prendre les armes et se venter même de refuser l'aide de ceux qui auraient pu la protéger. Quelle pitié...

Son existant avait due être bien difficile... Et n'en était que plus intrigante pour Cécilie... Mais le passé de chaque personne lui appartient après tout. Poser plus de question l'aurait certes mise mal à l'aise, surtout si, comme la musicienne le soupçonnait, il était parsemé de moment douloureux.

- Je viens du Médian... Mais mon accent m'a peut-être trahi, sourit-elle. Je...

Des pas venaient de leur côté. Deux personnes avançant d'un pas décidé. Trois ? Non bien deux. Et l'un d'eux était sans hésitation possible celui de Patrice. Elle se leva avec l'aide de Capitaine pour libérer le bout du banc et permettre à la fameuse Lyarra de se lever sans peine.

Le temps que les pas s'immobilise et Cécilie accueillait la matrone avec une inclinaison de la tête sans formalité. Elles avaient passé une partie de la matinée ensemble, inutile d'ajouté au décorum. Ne voulant pas non plus couper l'herbe sous le pied de Willem qui avait certainement du omettre le fait qu'il n'avait pas été celui qui avait pris l'initiative d'aller la trouver pour régler le problème de façon diplomatique, la musicienne n'ajouta rien de plus qu'un simple :

-Heureuse de vous revoir.
-Moi de même ma Dame.

La prêtresse, qui avait d'ailleurs plus des air de mère de famille aussi sévère qu'aimante avec son corps tout en rondeur et les rides de sourire qui commençaient à marquer son visage, toisa la vagabonde des pieds à la tête avant d'aviser son arme. Une épée. Une arme noble. Mais sa détentrice était tout sauf noble... et c'était une femme. Une voleuse peut-être...? Peu importait du moment qu'elle ne créait pas de problème. Le rôle des serviteurs de la Dame-Dieu n'était pas de juger les choix de ses autres enfants.

Elle se dérida.

-On me dit que vous représenteriez un danger pour mes fidèles mais je ne vois qu'une croyante. Vous êtes la bienvenue pour rendre vos hommages à la Dame-Dieu et je m'excuse de l'accueil dont vous avez du souffrir... Mais je vous prierai de faire attention à votre arme. Nous accueillons de jeunes enfants et je ne voudrais pas qu'il y ait d'accident.

Willem jeta un regard à la prêtresse et se retint de répondre à la sauvageonne qui le provoquait. Et pourtant il aurait eu bien des choses à dire sur le respect et l'amour de la Dame-Dieu !

Cécilie intercepta le discret soupire de la prêtresse alors que la vagabonde s'éloignait toujours drapée dans sa superbe arrogance et suivit par la cohorte de toute son ignorance. Elle avait beau essayé de parler noblement, elle en était loin et apparence ou non, même Cécilie aurait put témoigné de son comportement la plus part du temps bien loin de la politesse la plus élémentaire.

-J'ai pensé que vous deviez être au courant.
-Et vous avez bien fait, merci. Je m'en occupe. Vous feriez sans doute mieux de retrouver Rose. Je ne voudrais pas que vous soyez prise à partie...
-Oui... Vous avez sans doute raison.

Alors que Cécilie s'éloignait vers la porte du cloître au bras du Capitaine, Lyarra provoquait à nouveau l'assistance. Si elle ne se calmait pas, elle ne pourrait rien pour une femme comme elle. Maintenant que la prêtresse était là, elle pouvait être sûr que cela ne dégénérerait plus.

En passant dans le couloir, elle entendit de petits pas précipité arrivé à toute vitesse dans sa direction. En voyant les deux adulte, le gamin pila net.

-Théo... Théo il est tombé du muret. Il.. Il... Il arrive plus à se relever.

Le petit pleurnichait malgré de gros efforts pour ne pas fondre en larme. Ça au moins, elle pouvait le gérer en attendant que les choses se calme. Elle se baissa jusqu'à la hauteur supposer du gamin et tendit calmement la main vers lui. Lorsqu'il s'en saisit, elle l'attira contre elle un instant avant de reprendre.

-Tout va bien. Tu m’emmène jusqu'à Théo ? Tu t'en sens capable ?
-...Oui.
-Capitaine, allé chercher Rose, nous allons régler ça avant de partir.
-Bien ma Dame.

HRP: