Les deux marteaux

Drogo marchait déjà depuis de long mois sans direction précise. Il avait été chassé de sa cité depuis le Voile, touché par la forte xénophobie des nains. En 6 ans notre ami n’avait connu que le sang et la violence, vivant seul et tuant ceux qui se mettaient sur sa route. Il ressentait une telle haine au fond de lui que durant ces six longues années à errer, il n’avait rien fait de sa vie, voyageant d’auberges en auberges, déclenchant bagarre de tavernes et remplissant contrats de mercenariats. Sa triste vie se résumait à sa depuis son exil forcée des cités naines, alcool, sexe, sang et cicatrices. Las, las de n’être qu’une ombre dans ce monde, las de n’être qu’un monstre il pensa que son défunt père adoptif, autrefois grand capitaine nain, devait avoir honte de lui. Cette idée lui glaça le sang et deux jours plus tard il prit la route en direction des baronnies humaines. Il n’avait rien de précis en tête à part celle de devenir quelqu’un et ainsi faire la fierté de son père. Enfin, le colosse avait fini d’errer, enfin il s’était fixé un objectif à atteindre.

Après de longues semaines de trajets à pied Drogo commençait à approcher d’une baronnie, connu sous le nom d'Oësgard. Toutes affaires politiques étaient bien inconnues au guerrier qui avait avant tout étudié l’art de la guerre et du maniement des armes, le reste ne l’intéressant que très peu. Mais la contrée semblait en mouvement, Drogo n’aurait su le décrire mais d’après lui ça n’était pas « normal ». Il ne posa pas plus de questions que cela, il avait grandi chez les nains et ne connaissaient pas grand-chose du raisonnement humain. Et les seuls qu’il avait rencontrés au cours de ces 6 dernières années ne pensaient pas beaucoup.

Alors qu’il faisait route, un brigand se mit sur sa route, l’apostrophant de toute sa stupide arrogance. L’ignorant était mal vêtu, mal équipé et semblait affamé. Visiblement il était la pour voler la bourse du colosse. Un intrépide surement, affronter un colosse de presque 2 mètres n’était pas prudent. Drogo chercha ceux qui l’accompagnaient, effectivement, deux autres individus sortirent des bois à ce moment-là, lui coupant toute retraite. Ce n’était pas des guerriers, non… Ils tombaient mal Drogo n’avait pas le moindre sous en poche, ils tombaient mal Drogo n’était pas de bonne humeur.

Les brigands n’étaient équipés que d’épée de mauvaise qualité, surement récupérée sur des cadavres. Sans le moindre avertissement le colosse décocha un large coup de marteau qui vint frapper la tempe du bandit qui s’écroula sous l’impact. Drago se tourna vers les deux autres individus affichant un large sourire sur son visage. Le sang avait giclé et il aimait ça. Les deux autres hommes étaient passés par la surprise, la colère puis la peur. La peur de voir ce colosse heureux d’avoir à les affronter. Il s’approcha d’eux, puis une fois a portée dessina de larges cercles dans les airs avec son arme et abattit son marteau sur le sommet du crâne d’un de ses opposants, qui se fendit dans un craquement d’os et de métal. Le guerrier esquiva le coup d’épée direct du second d’un quart de cercle sur lui-même, continua sa rotation, et, dans le même mouvement brisa le genou de son opposant d’un coup de marteau. L’homme s’effondra dans un cri de douleur réclamant pitié. Au loin une troupe de soldats approchait, Drogo décida d’en finir vite et brisa la tête de son ennemi sur une pierre.

Il était prêt, bien que moins confiant prêt à affronter ces individus tout beaux, tout propres dans leur belle armure. Il se tourna vers eux arme aux poings, dix hommes pointaient des arbalètes sur lui. Il n’était pas tout à fait en position de force et l’affrontement ne se résoudrait que par une issue fatale. Ce n’est donc pas ainsi qu’il ferait l’honneur de son père. Ça tombe bien, ce qui semblait être leur capitaine leur ordonna de baisser les armes. Drogo n’en montra rien mais il fut impressionné par la carrure de son interlocuteur. Jamais personne ne l’avait dépassé que ce soit en taille qu’en poids. Un corps sans doute façonné par les combats. Il semblait plus âgé que lui mais la lueur qui brillait dans ses yeux n’avait rien d’un vieil homme. Drogo en déduit une ambition démesurée et une soif de sang à étancher. Une première impression sans aucun doute mais à prendre en compte. Un colosse qui rencontre un colosse, l’homme en supposa certains points commun notamment l’arme qu’il portait. Il reconnut là immédiatement le travail nain, un autre point commun, mais la façon de l’obtenir avait surement différée. L’homme s’adresse à lui d’un ton surprenant, celui-ci était presque amicale. Il lui dit :

- Belle démonstration de force, il est rare de voir un homme parcourir les routes seuls en ces temps de troubles. D’où venez-vous ?

Belle démonstration de force ? Au moins ces individus n’étaient pas ses alliés, peut être après tout Drogo ne perdra pas la vie aussi inutilement. Il se détendît quelque peu et abaissa son marteau le long de son corps.

*Cet homme veut savoir d’où je viens, il doit être en guerre à sa tenue et celle de ses hommes, peut-être est-il leur capitaine, peut-être est-il plus, quoi qu’il en soit il possède une forte autorité sur ses hommes, c’est quelqu’un de craint et respecté, il pourra peut-être m’aider dans ma quête de reconnaissance. J’aime cette impression de puissance qu’il dégage mais qu’il ne compte pas sur moi pour être son esclave, autant emporter avec moi un maximum de ses soldats.*

- D’où je viens ? Par-là

Dit-il en levant son bras, désignant la direction opposée vers la forêt.

- Je ne sais rien de votre présence ici ni de celle de vos hommes en belle armure. Je me dirigeai tout simplement vers une cité « humaine ». En voilà une bien belle arme pour quelqu’un… [Marqua un léger temps de réflexion] De votre race… Que faites-vous ici ? A part brandir vos armes a dix contre un face à un simple voyageur evidemment.

Peut-être paiera-t-il son arrogance au prix de sa vie, Thalïn ne lui avait pas vraiment enseigné l’art de l’éloquence. Et cet homme n’avait rien d’un homme de concession.Désormais la vie du colosse ne tenait à la susceptibilité d’un homme. Il venait d’abattre trois ennemis, était couvert de sang et de crasse et aucune ne figurait dans son regard. Non, au contraire une volonté d’acier l’animait…

Cet homme se tenait là devant Drogo et de toute sa suffisance se proclama Baron et grand, ‘fin, c’est ce que le colosse retint.

Le baron renchérit en annonçant à Drogo qu’il était en guerre. En revanche il ne semblait pas hostile envers le voyageur et lui souhaita même la bienvenue.

- Cela fait bien longtemps que plus personne ne m’a appelé par mon nom… Autrefois mon père m’a donné comme nom Drogo [Changeant de ton il sentit qu’une opportunité se présentait à lui ; il sentait que c’était peut-être l’occasion de changer son destin] Drogo Thalïn de Kirgan.

- Une réputation vous dites ? Dans le sang de vos ennemis je présume… Je ferai sans doute parti de ces hommes que l’on envoi en première ligne pour se faire embrocher… Haha je plains ceux qui briseront leur lance sur mon marteau [Lança Drogo d’un rire gras]

Levant son marteau vers les cieux, Drogo s’écria fièrement :