Dans quoi j'me suis fourré...Encore ... ? [PV Walther & Meinhard [Terminé]

6éme jour de la première ennéade de Verimios. Début de journée.

Jindanor et Anthoine chevauchèrent près de dix heures par jours, pendant trois jours de suites... Leurs cuisses étaient rougies par le frottement, leurs jambes tendues par le mouvement de leurs montures, et ne parlons pas de l'anticipation des combats, ils continuaient leurs routes, bien déterminé à apporter leurs contribution.

La chevauchée avait été longue, l'aube se levait, ils partaient après un déjeuner léger, lorsque le soleil était à son zénith , ils s'arrêtaient, laissaient les bêtes se reposer un peu et en profitaient pour manger les quelques rations qu'ils avaient prévus pour le voyage. Tout cela n'avait rien d'une chevauchée glorieuse, ou même héroïque, comme l'on en parle dans les contes, ils s'arrêtait le soir après six heures de chevauchée, lorsque la nuit les accueillait, ils prenaient quelques instants pour se nourrir, puis passaient le reste de la nuit à se reposer du mieux qu'il pouvaient, dans ces sacs de couchages en cuir... Tout sauf confortable, mais au moins cela avait le mérite de les protéger du vent froid et cinglant qui se faisait de plus en plus désagréable.

Le troisième jour de chevauchée, ils parvinrent à Nebelheim, l'odeur de corps brûlés, et de chair pourrie les accueillis, de telle manière qu'ils eurent un mouvement de recul.. Entrer dans ce lieu était comme pénêtrer dans le royaume des morts... Tout ce qui les confortait dans l'idée que l'armée tenait encore le coups était les quelques bruits d'armure se mettant en branle et le bruits lointain de quelques ordres... Ils traversèrent la boucherie avec des hauts le cœur, après tout ils n'avaient jamais connus un champs de bataille aussi important, des escarmouches tout du moins. Sur leurs chevaux exténués, quasiment mort de fatigue, qu'ils avaient poussés à tel point que leurs pattes flageolaient sous leur poids... Ils ne tiendraient pas le coups, c'était une certitude...

Lorsqu'ils parvinrent au abords du campement, le cheval de Jindanor s'écroula, sans autre forme de procès... Respirant avec difficulté... Jindanor pris son matériel et le tira de sous la monture. Il soupira longuement avant d'abréger les souffrances de la bête... Celle-ci lui avait coûté une fortune, au moins pourraient-ils utiliser la viande de la bête pour soutenir l'armée. Bien que les quelques centaines de kilos de viande ne nourriraient pas les quelques milliers d'hommes qui constituaient encore l'armée.. Ils traversèrent le campement dans une ambiance de morts, malgré quelques soldats ennivrés de cette victoire... Certains restaient affligés devant ce qu'ils avaient eu à affronter.. La mort elle-même leur avait lancés ses armées... Et Anthoine et Jindanor connaîtraient bientôt cela.. Beaucoup d'hommes semblaient se calmer dans les prières, psalmodiant à voix basses ou intérieurement, d'autres passaient la chose en buvant et en riant.
Cette atmosphère était... Spécial. Jindanor et Anthoine finirent par aborder un semblant d'infirmeries, d'où ils entendirent les hurlements de quelques hommes, certains se faisant amputés,d'autres traînaient encore sur des lits avec des blessures légère.. Ils observèrent même un homme avec la tête dans une écharpe, les yeux couverts, et le visage couvert de sang et de terre... Une réelle festivité pour leur estomac qui eurent du mal à contenir leur déjeuner. Les médecins de campagnes faisaient un travail extraordinaire en permettant à certains d'entre-eux de survivre à leurs blessures, et en permettant à d'autres de quitter ce monde sans trop souffrir.

Le campement allait bientôt être levé, la masse grouillante s'agitait de plus en plus, et Jindanor et son ami Anthoine cherchaient toujours en soupirant qui pourrait bien les prendre sous son aile. Ils étaient dans leurs tunique en tissus et en cuire, transportant leurs bardas sur leur dos, leur matériel clinquant de temps en temps..

Jindanor observa un groupe d'hommes, priant bien plus que la plupart des autres groupes... Et la bannière de Lourmel flottant à quelques pieds... Intrigués, ils s'approchèrent du groupe, en silence.
Jindanor et Anthoine ressentirent... L'envie de prier ? Après-tout... Qui pouvait bien veiller sur eux pour les batailles à venir que leur déesse ?
Ils déposèrent leurs matériel non loin des hommes dans un sacro-saint silence, déposant leurs genoux sur la terre battue et les quelques vestiges de civilisation qui s'y trouvait. Et se mirent à prier en silence, priant pour les batailles à venir, priant pour avoir l'occasion de rentrer "chez eux"... Et pourtant, ils n'avaient pas encore connus l'horreur, et l'adrénaline d'une bataille.

Jindanor fut le premier à se relever, Anthoine le suivant calmement dans le mouvement, ils observèrent le groupe d'hommes. Ils s'étaient infiltrès non sans un bruits.

-Vous venez de Lourmel ... ? Demanda Jindanor, alors qu'Anthoine ramassé son équipement. Nous cherchons une compagnie à laquelle nous joindre. Finit-il en s'emparant de son matériel, du haut de ses deux mètre dix il dominait quelque peu l'audience, observant non loin dans une tente à moitié ouverte un homme imposant triturant visiblement sa gorge à l'aide d'il ne savait quoi. Accepteriez-vous deux hommes de plus ? Reprit-il, en tournant son visage vers un homme aux traits nobles qui s'était approché.

Les ordres étaient tombés et le départ de Nebelheim était imminent. Le campement s'était activé aux aurores dans un ordre pour une fois bien respecté. Il fallait dire que la compagnie de reîtres venant de Lourmel n'avait plus rien à voir avec ses débuts et s'était totalement métamorphosée depuis la bataille. De simples mercenaires, ils étaient à présent devenu un tout jeune ordre composé de frères, défenseurs du culte de Néera. L'ordre n'existait pourtant pas encore officiellement étant donné qu'aucun prêtre reconnu du culte n'avait apporté sa bénédiction, mais Meinhard et lui-même faisaient de leur mieux pour poser les premières pierres. Dans ces prémices de fondation, Walther veillait à ce que les hommes obéissent et respectent les règles. Cela pouvait paraître normal, mais certains seigneurs alentours étaient confrontés à bien plus de problèmes avec leurs hommes. A côté, leur nouvel ordre passait presque pour être l'un des camps les plus exemplaire.

Avant que les hommes ne se mettent à démonter les tentes, ils se réunirent au centre du campement et formèrent un cercle autour de la statuette de Néera sculptée grossièrement faute de mieux. Ils étaient presque les seuls à se rassembler de la sorte chaque matin pour réciter leur prière. Autour, on les regardait avec curiosité ou avec indifférence, cela n'importait pas grand chose à leurs yeux. La seule chose qui prédominait sur le reste était leur dévotion en la Damedieu et le combat qu'il leur resterait à accomplir en son nom.

C'est en se relevant qu'il vit deux nouvelles têtes apparaître derrière. L'un des deux devait être aussi grand que Meinhard, se dit-il. Aussi grand, mais peut-être pas aussi robuste. Cela, il n'aurait pas su le dire. Dans tous les cas, cet homme attisa sa curiosité et il vint à leur rencontre sans attendre pendant que Meinhard tentait de suturer sa plaie au cou dans l'une des tentes non loin d'eux. Le plus grand des deux ouvrit en premier sa bouche, laissant s'échapper une voix bien grave, mais qui trahissait pourtant un jeune âge qu'il n'aurait pu deviner en voyant le gars seulement de loin. A la première question, sa curiosité s'intensifia un peu plus. La deuxième et la troisième le laissèrent un peu plus sceptique.

-Quelques-uns de ces hommes viennent de Lourmel, oui. En plus de nous battre pour la sainte mère, nous accompagnons le seigneur d'Outremont, ainsi que son ost, dit-il tout en inspectant un peu plus les nouveaux arrivants. Si vous venez pour l'appât du gain, vous pouvez rebrousser chemin et aller voir ailleurs. Ici, nous ne faisons que nous battre au nom de la Damedieu et non pour la solde.

Il regarda rapidement la statuette juste à côté.

-Si cela vous va, vous pouvez nous rejoindre et aider les hommes à démonter les tentes. Nous devons faire marche sur Amblère, reprit-il en fixant de nouveau le grand homme. Vous semblez connaître Lourmel. Est-ce de là que vous venez ?

-Quelques-uns de ces hommes viennent de Lourmel, oui. En plus de nous battre pour la sainte mère, nous accompagnons le seigneur d'Outremont, ainsi que son ost, lui répondit calmement l'homme tout en inspectant Jindanor et Anthoine de bas en haut. Si vous venez pour l'appat du gain, vous pouvez rebrousser chemin et aller voir ailleurs. Ici, nous ne faisons que nous battre au nom de la Damedieu et non pour la solde.

Il détourna rapidement le regard pour observer la statuette de la Damedieu, que Jindanor observa à son tour... Ils n'étaient pas venus ici dans l'idée de faire fortune, ou même de gagner leur pain... Certes ils ne voulaient pas mourir de faim, mais l'intention de Jindanor était plus noble que la soif de richesse ou même de gloire... Non, s'ils avaient chevauchés tout ces jours, à en tuer leurs montures que Jindanor avait payé de sa poche à s'en ruiner c'était pour protéger ceux qui leurs étaient chers. Cécilie pour Jindanor, Rose pour Anthoine ainsi que cette tête brûlée de jeune homme qui était venus ici par excès de confiance, et d'amour. Oui.

S'ils avaient priés dans cette statuette c'était aussi pour effacer cette peur qui leurs rongeait le ventre, cette peur qu'ils avaient sentis le long du voyage, avant de dormir parfois même en pissant contre un buisson...

-Si cela vous va, vous pouvez nous rejoindre et aider les hommes à démonter les tentes. Nous devons faire marche sur Amblère, reprit l'homme pas bien plus vieux qu'il ne l'était , lui adressant presque directement la parole alors qu'Anthoine observait les deux protagonistes l'un après l'autre, avant de passer sa main derrière sa nuque. Vous semblez connaître Lourmel. Est-ce de là que vous venez ?

-Nous venons de Lourmel, en effet... Et... Il regarda Anthoine qui opina du chef, bien plus certain que ne l'aurait cru Jindanor. Nous serions honoré de combattre pour la Damedieu. Nous ne sommes pas venus pour l'appât du gain. Si c'était cela qui nous avait poussé ici, nous aurions certainement fais demi-tour devant la boucherie qui s'étale à quelques centaines de mètres d'ici... Nous servions tout deux la Dame Cécilie de Laval. Elle nous a délester de notre devoir le temps de cette guerre.

-Je compte bien apporter ma pierre... Et si nous pouvons servir une cause plus grande encore, cela n'en serait qu'avec plus d'honneur. Finit Anthoine, en souriant légèrement envers Jindanor, avant de reprendre un air sérieux en observant leur futur supérieur. J'vais commencer à aider les autres.. Jindanor saura vous fournir toutes les informations que vous voulez. Termina-t'il avant de filer avec son bardas, allant aider les hommes en se présentant rapidement auprès d'eux, poignées de mains et quelques paroles suffirent à lui permettre de s'intégrer, débutant déjà son oeuvre en aidant à démonter et plier les tentes alentours.

-Je suis donc Jindanor, Jindanor Numanor, et lui c'est Anthoine, je pense que vous voulez peut-être en apprendre un peu plus ? Bien que nous pouvons attendre la marche pour terminer cette conversation si cela vous sied plus.

Ces deux nouveaux arrivants venaient donc de Lourmel et leurs intentions étaient louables. Quel homme n'aurait pas prit la route pour rejoindre l'effort de guerre en même temps ? Cette coalition regroupait peut-être tous les hommes les plus valides et aptes à se battre. Ce qui était visiblement le cas de ces deux combattants souhaitant rejoindre leur ordre. Celui qui faisait sa à peu près sa taille présentait d'ailleurs sur son visage les stigmates d'un ancien combat. Il restait maintenant à savoir si ces gars n'étaient pas de simples reîtres, préférant violer et piller, plutôt que de respecter les codes qui régissaient tous les vrais combattants. Il disait appartenir à une certaine dame de Laval, mais cela ne lui disait fichtrement rien. Appartenir à la cour d'une dame n'était pas forcément un gage de qualité.

Celui du même gabarit que lui partit aussitôt aider ses hommes à replier les tentes. Voyant qu'il ne rechignait pas à la besogne, Walther salua l'initiative par un bref sourire. Seul le plus grand des deux resta en face de lui et fit ses présentations sans attendre. Il se faisait appeler Jindanor et son compagnon, Anthoine. Leurs têtes ne lui disait rien alors qu'ils venaient de Lourmel. Peut-être étaient-ils arrivés après son départ avec les prisonniers Lourmellois ? Cela, il n'en savait rien. Lorsque le nouveau lui proposa d'en apprendre un peu plus à son sujet, Walther acquiesça et lui proposa de l'accompagner dans sa tente.

Celle-ci servait de dortoir la nuit et de « bureau » le jour. Du moins, c'était ce que donnait l'impression de la  petite table et des quelques tabourets posés tout autour. Sans l'avoir invité à s'asseoir, Walther prit place et se servit un petit godet de rouge.

-Nous pourrons en effet poursuivre en marchant, ce n'est pas le temps qui nous manquera, mais j'aimerais néanmoins en savoir un peu plus à votre sujet. Il lui fit signe de s'asseoir bien que la grande taille de son invité promettait quelque petits désagréments. Je suis sire Walther Hohenburg, seigneur d'Ernal et capitaine de cet ordre. Dans l'autre tente, celui que vous avez vu en train de se rafistoler est sire Meinhard, le deuxième officier. Si vous nous rejoignez, vous devrez lui obéir autant qu'à moi, est-ce clair ?

Il servit un verre de vin à ce Jindanor.

-Notre ordre a pour but premier de servir la Damedieu comme vous avez déjà pu le remarquer. Nous ne tolérerons aucun écart et aucune bavure. J'attends de mes hommes qu'ils soient exemplaires et respectueux des règles qui nous empêchent de sombrer dans la barbarie, reprit-il en finissant son verre cul sec. Vous dites servir une certaine Dame de Laval, êtes-vous l'un de ses chevaliers où un de ses hommes de main ? Dans tous les cas, nous avons besoin de tous les hommes capables de tenir une arme et de se battre. Sans trop me tromper, je pense que vous êtes un de ces hommes n'est-ce pas ?

Jindanor ne dit pas mots, suivant calmement l'homme en s'emparant fermement de son bardas par dessus son épaule, composait encore de quelques vivres de plus qui n'attendaient qu'à être dévorés.
Ils s'approchèrent d'une tente juxtaposant de non loin celle de l'autre géant suturant sa plaie. Jindanor s'insinua à la suite de l'homme en-armuré,se baissant légèrement pour passer le pas de celle-ci.

Alors que l'homme s'asseyait, Jindanor dévisageait la tente sous toutes ses coutures, et c'était peu dire alors que son regard portait maintenant sur l'amas de paperasse trônant sur la petite table et les quelques tabourets qui la juxtaposait. Il patienta calmement à l'entrée alors que l'homme se servait un godet de rouge alors qu'il avait pris place.

- Nous pourrons en effet poursuivre en marchant, ce n'est pas le temps qui nous manquera, mais j'aimerais néanmoins en savoir un peu plus à votre sujet. Lorsqu'il lui désigna de s'asseoir, Jindanor vint se poser délicatement sur la tabouret, souhaitant ne pas se retrouver cul à terre en pleine conversation, il jouait des cuisses et des mollets pour exercer le moins de poids possible sur le matériel. Je suis sire Walther Hohenburg, seigneur d'Ernal et capitaine de cet ordre. Dans l'autre tente, celui que vous avez vu en train de se rafistoler est sire Meinhard, le deuxième officier. Si vous nous rejoignez, vous devrez lui obéir autant qu'à moi, est-ce clair ?

Alors qu'il lui servait un verre de rouge, Jindanor répondit calmement et avec toute sincérité :

-C'est tout à fait limpide. Et c'est un honneur que de faire votre connaissance sire Walther.

-Notre ordre à pour but premier de servir la Damedieu comme vous avez déjà pu le remarquer. Nous ne tolérerons aucun écart et aucune bavure. J'attends de mes hommes qu'ils soient exemplaires et respectueux des règles qui nous empêchent de sombrer dans la barbarie, reprit calmement Walther avant de finir son verre cul sec, tandis que Jindanor vidait le sien de la même manière. Vous dites servir une certaine Dame de Lava, êtes-vous l'un de ses chevaliers où un de ses hommes de main ? Dans tout les cas, nous avons besoin de tous les hommes capables de tenir une arme et de se battre. Sans trop me tromper je pense que vous êtes un de ces hommes n'est-ce pas ?

-Vous avez raison... Anthoine et moi savons tenir une arme, et nous en servir efficacement. J'étais le garde personnel de la Dame de Laval, mais je ne reste qu'un serf. Anthoine était là bien avant moi, il a servit la famille de Laval depuis sa dix huitièmes années, en tant que garde de leurs terres... Lorsque la Dame de Laval a quitté sa ville natal il se porta volontaire pour faire partie de sa garde rapprochée. La Dame nous a autorisé à venir ici pour apporter notre aide, comme nous sommes capable de le faire.

Il eu le malheur de se laisser un peu reposer sur le tabouret, celui-ci grinçant il rejoua de nouveau de ses cuisses et molets pour ne pas finir au sol.

-Je viens personnellement de la bordure sud de l'Oësgard, j'ai grandi non loin de La Dross, en bordure de l'Aduram... J'y ai survécu par la suite deux années. Mon voyage m'a ensuite porté vers des zones plus paisible, où j'ai rencontré la Dame de Laval, et ai proposé mes services après avoir aidé sa garde à se débarasser de quelques coupes jarrets. Mon histoire n'est pas des plus intéressante je le crains, mais je répondrais à chacune des questions que vous me poserez.

Assit du mieux qu'il le pouvait sur le petit tabouret, Jindanor faisait de son mieux pour ne pas se vautrer sur la paille qui servait d'isolant. De toute évidence, il ne fallait pas que la conversation dure plus longuement. Pourtant, Walther écouta avec attention son récit sans trop se soucier du fébrile équilibre de ce dernier. A vrai dire, tous les hommes vivaient dans la boue ici et lui le premier s'était cassé la gueule plus d'une fois après une malencontreuse glissade. Meinhard l'avait d'ailleurs dit avec humour, « ce camp était comme un satané lac glacé où l'on pouvait se viander le plus ridiculement du monde juste en allant pisser ». Cet épisode honteux était arrivé à Wilfrid la veille. Celui-ci s'en était allé pour se vider et s'était embourbé dans la boue jusqu'aux genoux. Ils avaient dû s'y prendre à plusieurs pour le sortir de là et tous les gars avaient finit le cul bien sale et trempé.

Foutue boue...

La suite du récit de Jindanor lui donna une idée un peu plus précise du genre de personnage qu'il pouvait bien être. Ce jeune homme, à l'apparence bien plus âgée qu'il n'y paraissait, était issu du servage, même s'il doutait fortement qu'on ait pu être serf dans les environs de la Dross. Cette contrée était mal réputée par chez eux et plusieurs légendes noires circulaient à son propos. On disait de la Dross qu'elle regroupait tous les pires criminels ayant préférés l'exil plutôt que la potence. Néanmoins, Jindanor ne semblait pas être un de ces hommes et ses actions au service de la dame de laval pour la débarrasser de quelques coupes-jarrets l'informait un peu plus sur sa personnalité.

-Je tiens à connaître le passé de tous mes hommes alors ne pensez pas que cela ne m'intéresse pas. Vos quelques années passées dans la Dross ont semblé faire de vous l'homme que vous êtes maintenant et je suis heureux de pouvoir compter un tel combattant parmi les miens.

Son visage devint un peu plus lugubre lorsqu'il repensa à tous ses hommes morts devant Nebelheim.

-Nous avons subis de lourdes pertes en affrontant ces morts revenus à la « vie ». La moitié de nos effectifs sont dorénavant dans l'autre monde... dit-il avec amertume. D'autres nous ont cependant rejoint après la bataille, voulant mettre leur épée au service de Néera.

En parlant de nouveau de Néera, il voulut tester un peu plus sa nouvelle recrue en lui posant une dernière question avant de le laisser rejoindre les autres membres de l'ordre.

-Tous les membres de l'ordre ont juré de servir la Dame. Chacun d'entre eux possède une relation avec elle qui lui est propre, mais la dévotion envers elle est ce qui nous unit tous à présent. Avant que vous ne nous rejoignez, je me dois ainsi de questionner votre foi. Il le regarda fixement dans les yeux comme pour tenter de percevoir le moindre mensonge, même si Meinhard serait probablement mieux placé que lui pour déceler la moindre faille. La foi est ce qui nous empêche de sombrer et de perdre raison lorsque toutes les pires horreurs sont commises comme ces malheureux frères revenus d'entre les morts. Son ton s'était fait tout à coup plus dur. Alors Jindanor, avez-vous la foi ?

Si on lui avait posé la question, lui-même aurait certainement prit le temps de trouver les bons mots. Ce temps aurait d'ailleurs était des plus approximatifs, tellement sa recherche en Néera n'en était qu'à ses balbutiements. De cette façon, il ne voulait pas forcément qu'on lui réponde tout de suite, mais au moins que celui qui lui faisait face se pose la question et tente de trouver sa propre réponse. En plus de ça, il attendait à présent de pouvoir lire l'expression qui figurerait sur le visage du soldat.

-Je tiens à connaître le passé de tous mes hommes alors ne pensez pas que cela ne m'intéresse pas. Vos quelques années passées dans la Dross ont semblé faire de vous l'homme que vous êtes maintenant et je suis heureux de pouvoir compter un tel combattant parmi les miens.

Le visage de Walther s'assombris alors qu'il évoquais les pertes aux portes de Nebelheim.

-Nous avons subis de lourdes pertes en affrontant ces morts revenus à la « vie ». La moitié de nos effectifs sont dorénavant dans l'autre monde... dit-il avec amertume. D'autres nous ont cependant rejoint après la bataille, voulant mettre leur épée au service de Néera.

Néera, c'est vrai, ce groupe de combattant se prétendait la fondation d'un ordre qui visait à porter la voix de la Damedieu et à soutenir les hommes dans ces heures sombres... Un Ordre religieux, combattant.

-Tous les membres de l'ordre ont juré de servir la Dame. Chacun d'entre eux possède une relation avec elle qui lui est propre, mais la dévotion envers elle est ce qui nous unit tous à présent. Avant que vous ne nous rejoignez, je me dois ainsi de questionner votre foi. Alors qu'il le regardait fixement dans les yeux comme pour tenter de percevoir le moindre mensonge, Jindanor soutint le regard, écoutant les quelques mots qui s'ensuivirent. La foi est ce qui nous empêche de sombrer et de perdre raison lorsque toutes les pires horreurs sont commises comme ces malheureux frères revenus d'entre les morts. Son ton s'était fait tout à coup plus dur. Alors Jindanor, avez-vous la foi ?

La foi... L'avait-il ? C'était une bonne question qu'il lui posait là, il ne pouvait se prétendre l'homme le plus croyant, il ne pouvait non plus mentir sur son pragmatisme quand au soutient que la Damedieu aurait bien pu déjà lui apporté... Mais maintenant que la question avait été posé, Jindanor fronçait les sourcils, en pleine réflexion intérieur...

Cette rencontre avec la Dame de Laval, ne revenait-elle pas à un Miracle ? Après tout, celle-ci lui avait permis de se tirer de son vagabondage, de sa simple survie. Le chemin avait certes été semé d’embûches, douloureux même, ses cicatrices lui rappelaient encore Karras, cette cicatrice sur sa joue droite, encore boursouflée... Mais cet amour qu'il avait trouvé auprès de Cécilie, ces petits clin d'oeils... Etaient-ils divin ?

-Pour toute franchise, je ne saurais réellement vous répondre... Je n'y ai jamais réfléchis... Et quand bien même je ne peux nier l'existence de la Damedieu... Pourriez-vous m'octroyer un peu de temps pour répondre à cette question ? Il ne voulait pas mentir... Il ne savait répondre à cette question, et quand bien même aurait-il mentis, cela se serait vu comme le nez en plein milieu de la figure... Il était lui même en pleine introspection, réfléchissant presque à voix basse... Avant de relever de nouveau son visage vers Walther de Hohenburg. Ce que je sais, c'est que nous avons eu bien des chances d'atterrir ici... Ce ne fut pas sans efforts de notre part... Mais peut-être que ce voyage s'est terminé sans encombres graçe à l'aide de la Damedieu ? Qui suis-je vraiment pour savoir ? Je vous répondrais dès que j'aurais bien réfléchis. Accepterez-vous cependant que nous vous accompagnions jusqu'à Amblère ? Moi et Anthoine ?

Alors que la discussion se déroulait dans la tente de Walther, Anthoine se démerdait et se débourbait pour défaire les tentes, roulant celles-ci avec calme et pourtant une anxiété palpable...Il appréhendait... Les Drow's n'allaient pas se laisser faire, loin de là, et avec le charnier qui les avait accueillis aujourd'hui, il espérait principalement repartir d'Amblère entier.

Mais peut-on réellement repartir d'une guerre sans qu'aucune marque ne nous soit infligés, de manière irréversible ?

Alors qu'il s'emmerdait à plier une toile récalcitrante, l'un des hommes vint l'interpeller de loin, lui désignant un chemin à quelques lieux de là, le chemins que l'armée allait suivre pour se rendre à Amblère. Au loin des nuages sombres et noirs survolaient un bosquet...

-C'est cette route qu'on va suivre, c'ça ? Demanda Anthoine en direction de l'homme, auprès duquel il avait entrepris de se renseigner.

-Ouais... L'été à beau être beau, la chaleur commence à faire ses caprices... Un orage vient d'là bas... J'espère juste que le vent le chassera, j'aimerais autant qu'on évite de s'faire détremper là bas...

-Ouais... J'te l'accorde... Grommela Anthoine en finissant de plier la toile de tente, observant les menaçants nuages qui s'étalaient en face de l'armée.

Comme il s'y était attendu, le jeune Jindanor lui demanda un certain de temps réflexion afin de lui fournir la réponse escomptée. Le principal résidait dans le fait que sa nouvelle recrue se poserait peut-être dorénavant la question et chercherait à comprendre pourquoi on lui avait demandé ça. Nombreux étaient les hommes vivant sous le dictât d'un homme plus chanceux à la naissance que l'on appelait seigneur. Ces hommes vivaient simplement et accomplissaient les tâches pour lesquelles ils étaient prédestinés dès la naissance. Peu, en revanche, parvenaient à comprendre comment les choses fonctionnaient réellement et quelle était leur place dans ce monde. En ayant parlé longuement avec sire Meinhard, Walther en était venu à la conclusion que finalement, seuls les dieux leur permettaient de ne pas sombrer dans l'anarchie et la folie. En leur donnant un soupçon d'ordre, malgré toutes les guerres péninsulaires, une véritable bénédiction leur avait été accordé et le Voile n'avait fait que le rappeler. En s'interrogeant sur sa foi, Jindanor commencerait alors peut-être à réaliser toutes ces choses, c'était ce que Walther désirait de tous ses hommes. L'on ne devait pas rejoindre l'ordre pour la simple et unique raison que l'on y avait vu de la lumière, non, il fallait réussir à s'élever mentalement pour être persuadé qu'une vie dédiée à Néera valait bien plus que tous les trésors du monde.

En le regardant une nouvelle fois, il écouta les dernières questions du guerrier.

-Vous aurez tout le temps qu'il vous faudra pour me répondre. En attendant, oui, vous pouvez nous accompagner jusqu'à Amblère et même au-delà si vous et moi survivons à ce qui nous attendra derrière ces murailles. Allez aider votre ami à plier les tentes, il faut que tout soit prêt avant le soleil au zénith.

Le jeune homme à l'allure d'un ours le salua alors et se releva sans sourciller, sans doute était-il heureux de ne plus devoir tenir en équilibre sur le petit tabouret. En le voyant rejoindre les autres, Walther rangea quelque peu le désordre qui régnait sur la petite table et se laissa un petit temps avant de s'activer. En humant l'air frais qui parvenait jusqu'à lui, il eut presque un sentiment d'apaisement.

*********

Plus tard dans la journée, les quatre chariots étaient fin prêts pour le départ et les hommes se mirent en rang de trois pour rejoindre la longue colonne d'hommes déjà en route. Tous affublés de leur cottes d'armes portant sur le plastron l'emblème du calice doré, Walther eut du mal à reconnaître la petite compagnie qui était partie de Lourmel plus d'un mois auparavant. Du chemin avait été parcouru et Nebelheim avait signé la naissance de leur ordre. Une petite fierté l'envahit lorsqu'il vit ses hommes marcher les uns derrière les autres, sans broncher.

Tout devant flottait leur étendard fraîchement cousu dans des draps blancs récupéré dans un centre de soin. Le calice doré était figé en plein milieu et annonçait à tous les curieux que Néera marchait à  présent à leur côté et que ses fils la précédait. Juste derrière le porteur de l'étendard, Walther et Meinhard ouvrait la marche. Suivait encore les dernières recrues et le reste des hommes. Enfin, les chariots fermaient le petit cortège et Walther s'était résigné une nouvelle fois à utiliser son cheval pour en tirer un. Dans tous les cas, il n'aurait jamais voulu se faire porter et surplomber ses hommes de haut comme la plupart des seigneurs. Il voulait être proche des siens et montrer l'exemple. Pour cette raison, il marcherait comme les autres et souffrirait autant qu'eux.

C'est sans regret qu'il laissa derrière lui la cité de Nebelheim disparaître derrière la colline. Leur but était à présent de reprendre la cité d'Amblère et les hommes semblaient être des plus déterminés pour y parvenir. Après tout, une victoire là-bas signifierait que la guerre aurait atteint son terme.

Comme pour briser le silence qui s'était immiscé quelque peu dans la colonne, Walther amorça les prémices d'une discussion qui aiderait à faire passer le temps un peu plus vite.

-Avez-vous réussi à soigner cette vilaine plaie, sire Meinhard ? Il regarda la blessure et fit une petite grimace. C'est un soigneur qu'il nous manque...En tout cas, nous ne manquons pas d'hommes prêts pour la guerre. Il fit signe à Jindanor et son compagnon de les rejoindre. Voici Jindanor et Anthoine, les deux nouvelles recrues arrivées tôt dans la matinée.

Meinhard marchait devant la colonne, en compagnie de Walther, juste derrière l’étendard. A côté de lui, Ambre, sa vieille jument, était tenue par la bride. Le colosse avait préféré suivre l’exemple de son homologue Arétan, qui avait préféré l’égalité au confort d’une selle. De toute façon, Meinhard était devenu bien trop lourd pour qu’elle puisse l’emporter sur son dos jusqu’Amblère. Elle s’essoufflait vite, et ses articulations lui faisaient mal en fin de journée. Sa fin était proche, mais son cavalier refusait tout simplement de l’abandonner. Elle avait été une monture fidèle durant toutes ces années, ç’aurait été injuste de la trahir en la vendant ou en la laissant pour compte. Elle méritait de finir sa vie aux côtés d’un honnête chevalier.

Durant toute une partie de la soirée, et de la nuit, Meinhard avait trituré sa blessure au cou. L’homme qui lui avait recousu la plaie avait eu la tremblote, sans doute à la vue de l’horreur du champ de bataille. Il avait donc dû tout reprendre, avec force alcool pour nettoyer, et également moins sentir la douleur. Ici, il avait placé un linge entre sa blessure et son armure, afin que le métal ne vienne pas racler contre les sutures et la peau irritée. Tout en marchant, il regardait l’emblème du calice sur le drap blanc qu’ils brandissaient tel un étendard. L’Olyssean était fier de voir qu’il n’y avait pas que lui pour montrer le chemin de la Foi à tous ces pécheurs et ces âmes en perdition. A présent, c’était presque un ordre qui s’était créé à la suite de Nebelheim. Un ordre qui révérait la Dame et ses principes, et qui se battait en les gardant à l’esprit. Avec lui, nul viol, nul meurtre gratuit. La justice pouvait enfin ouvrir la bouche, et déverser ses paroles de vérité sur les Hommes, imprégnant leurs actions et leurs pensées.

Ses rêves éveillés furent interrompus par Walther, qui souhaitait briser le silence qui venait de s’installer dans la colonne. Meinhard sourit.

« J’ai mis beaucoup de temps, mais elle est finalement refermée, sire Walther. Pour ce qui est du soigneur, nous devrions bien trouver un chirurgien qui accepte de s’adjoindre à notre bannière. Après tout, s’il sauve des vies, c’est qu’il agit au nom de Néera… »

Il vit deux hommes s’approcher sous l’injonction du chevalier d’Arétria. Apparemment, il s’agissait de nouvelles recrues. L’un était immense, à peu près sa taille, et l’autre plus petit, mais point maigrelet. Ils avaient l’air jeune, très jeune. Meinhard fit un bref signe de têtes aux nouveaux arrivants.

« Je suis sire Meinhard. Mais sire Walther a déjà dû faire les présentations. »

Il observa attentivement les deux bougres, sous toutes les coutures.

« Dites-moi… Avez-vous la Foi, jeunes hommes ? »

Il vit au regard de l’Arétan que ce dernier avait déjà posé la question. Il se racla donc la gorge.

« Car ici, nous ne combattons pas pour l’ivresse de la bataille, ni pour défendre un quelconque territoire. Nous ne cherchons ni gloire, ni richesse, et notre union ne vise aucun lucre ni aucun profit. Ici, nous nous battons pour la Damedieu, et pour elle uniquement. A travers nos actions résonneront sa parole. Nous défendons les faibles, nous éliminons les sournois. Mais jamais nous n’agissons avec cruauté. »

Il approcha son visage de Jindanor, car il était le plus proche.

« Alors je souhaite savoir, jeune maître ; as-tu la Foi ? »

Alors que l'injonction leurs parvint, Jindanor et Anthoine discutaient en riant légèrement d'une vieille histoire s'étant déroulée lors de leurs services pour la Dame de Laval, une histoire où Georges, l'un des gardes s'était retrouvé le cul à l'air dans une rivière après avoir couru après l'un des chevaux de la voiture.

Ils observèrent vers Walther Et Meinhard, avant de saluer les quelques hommes qui se trouvaient derrière eux et de rejoindre les devants, leurs bardas reposant sur leurs épaules, sous la forme de deux sacs de grandes tailles et visiblement bien chargés.

-Voici Jindanor et Anthoine, les deux nouvelles recrues arrivées tôt dans la matinée.
- Je suis sire Meinhard. Mais sire Walther a déjà dû faire les présentations.

Jindanor souris vers Meinhard et inclina la tête, marchant à même allure alors qu'Anthoine s'était glissé aux côtés de Walther, écoutant attentivement et observant de son oeil toujours aussi vif les alentours. la colonne d'hommes s'étendait à perte de vue, les charettes de biens et de nourritures se trouvaient assez dispersée dans la colonne, sans doute pour éviter qu'une attaque ne supprime entièrement la boustifaille.

-Enchanté, en effet, Sire Walther a fais les présentations... Bien qu'Anthoine avait déjà filé aider à bouger la campement.

-Dîtes-moi... Avez-vous la Foi, Jeunes hommes ?

Meinhard le demanda avant de se râcler la gorge, après un court  regard vers Walther, reportant son regard sur Jindanor et Anthoine, l'un après l'autre.

-Car Ici, nous ne combattons pas pour l'ivresse de la bataille, ni pour défendre un quelconque territoire. Nous ne cherchons ni gloire, ni richesse, et notre union ne vise aucun lucre ni aucun profit. Ici, nous nous battons pour la Damedieu, et pour elle uniquement. A travers nos actions résonnent sa parole. Nous défendons les faibles, nous éliminons les sournois. Mais jamais nous n'agissons avec cruauté.

Il approcha son visage de Jindanor, celui-ci étant officiellement le plus proche.... Jindanor l'observa avec sérieux, semblant réfléchir un instant.

-Alors je souhaite savoir, jeune maître, as-tu la Foi ?

-Comme je l'ai dis à Sire Walther... Je ne saurais vous répondre dès maintenant... Je ne suis pas venu pour l'ivresse de la bataille, je ne suis pas non plus venus pour défendre un territoire quelconque... Je ne suis pas la pour la gloire, ou la richesse... Je ne peux me permettre de me dire faire partis de votre Union, bien que j'en serais honoré... Je suis simplement venus pour protéger celle qui m'est chère. Elle n'est pas au front, et je ne souhaite pas que le front ne s'étende plus loin. Est-ce que cela fais de moi un homme de foi ? Je ne pense pas... Je crois en la Damedieu... Je ne doute pas en son existence... Il prit une bouffée d'air, observant toujours Meinhard. Ma foi n'est certainement pas aussi inébranlable que la votre... Elle est présente, mais ne demande qu'à s'étendre. Même si certains petit... Miracle dirons-nous viennent certainement d'un de ses clins d'oeils. J'aimerais y croire... Plus encore que je n'y crois déjà.

Anthoine semblait perplexe, il ne s'était lui non plus jamais la question, et alors qu'ils foulaient la terre de leurs pas et avançaient vers Amblère, lentement mais sûrement, il se posait de plus en plus souvent la question...

Qu'est-ce que la Foi ?

Est-ce une croyance aveugle ? Une interprêtation des choses ? ... Il croyait, dur comme fer à l'existence de la Damedieu... Il croyait dur comme fer aux miracles mais n'était pas pour autant l'un des plus grand pratiquant que ce monde connaisse.... Il n'avait encore jamais réellement prié avant ce matin même, et cela lui avait permis de se libérer l'esprit, de s'alléger le coeur de toutes ces sensations...

Est-ce ça la Foi ? Se reposer sur une croyance... Et espérer ?

-... Sire Meinhard ... J'ai...Une question pour vous... Qu'est-ce que la Foi ? Je me triture l'esprit, car, je crois... Mais je ne sais pas réellement ce que pourrait être la Foi... Décrivez moi ce qu'elle est pour vous... Si cela n'est pas trop vous demander bien sûr. Demanda Anthoine, en les observant, quelque peu perplexe.

Le dénommé Jindanor avait l’air de réfléchir sérieusement. Meinhard préférait cela à une réponse dans le vent. Le doute était un bon départ pour la suite, car il montrait que l’homme n’était pas un imbécile complet. S’il passait outre ce doute, pour finalement arpenter le chemin de la vérité, alors plus rien ne pourrait l’arrêter. Mais tout le travail restait encore à faire, et c’était sur un sentier parsemé de cailloux que le jeune gars allait devoir trouver ses marques, du moins, s’il voulait réellement trouver la Damedieu et vivre selon ses préceptes. Meinhard avait bon espoir pour eux. Ils avaient l’air encore jeunes, des pousses qui n’attendaient qu’à être arrosées par la bonne personne. Le chevalier, armé de son humble savoir, se proposait modestement pour leur apprendre à marcher droit dans les pas lumineux de Néera. Evidemment, cela ne se ferait pas en un jour…

Jindanor était venu pour protéger une femme. Sa dulcinée ? Sa mère ? Sa sœur ? Noble idéal, pas si éloigné de celui des membres de la compagnie, qui combattaient au nom d’une autre Dame, mais également pour les pauvres petites gens, et les opprimés, victimes des guerres atroces se déroulant sur ce territoire. Meinhard ne put qu’acquiescer. Il renifla, et se reconcentra sur la route.

« Se battre pour quelqu’un est une noble cause. Se battre pour tout le monde, l’est encore plus. En te battant pour celle qui te tient à cœur, tu combats également pour le reste des êtres sans défenses. Il n’en a pas l’air, ainsi, mais le conflit que nous surmontons pour l’heure est un combat qui se livre également autre part, et à plus grande échelle. Néera est juste, et bonne. Les idoles que vénèrent les Drows sont violentes, et impies. C’est un affrontement manichéen qui est en train de se jouer, et nous devons faire triompher la vérité. Alors, oui, tu te bats pour une dame. Mais en te battant pour une dame, tu te bats également pour la Dame. »

Il fut satisfait de ses paroles, et remercia Néera de lui avoir insufflé tant d’inspiration. Néanmoins, la question qui suivit, sortie tout droit de la bouche du second jeune homme, était bien plus ardue. Bien plus ardue, mais dans les cordes de Meinhard. Il sourit au petit gars, portant le nom d’Anthoine. Il posa une main sur son pommeau, et prit une grande inspiration.

« Qu’est-ce que la Foi… C’est une question fort intéressante, mais il faudrait des heures pour que je puisse t’y répondre en profondeur. Cependant, si je devais te résumer ce que c’est, c’est ainsi que je le ferais… »

Il regarda le ciel. Il était gris, mais par moments, on pouvait y voir le soleil percer les nuages, comme autant de rais éphémères, mais de toute beauté. Une vision optimiste, alors que le temps et la guerre leur jouaient un sale tour…

« J’ai grandi en Olyssea, près de la ville d’Erdlheim. J’étais au service du seigneur Symphorien Pyk, un homme qui a eu la bonté, un jour que je traînais dans mon village comme un orphelin sans histoire, de me prendre sous son aile. Je ne sais ce qu’il a pu voir en moi pour que je mérite un tel honneur, mais pour moi une chose est sûre ; c’est la Damedieu qui m’a aidé à accomplir ma destinée, et à emprunter cette voie. Chaque fois que j’ai dû faire un choix draconien, ou que j’ai été pris de doute, j’ai prié Néera de me montrer le chemin. Et si j’en suis là aujourd’hui, c’est par sa volonté et son conseil. Alors, qu’est-ce que la Foi ? »

Meinhard sourit.

« La Foi, c’est faire confiance. Faire confiance à la volonté divine, à ses astuces et à sa vérité immaculée. Il n’est pas facile de s’abandonner à elle, et c’est comme se jeter du haut d’un précipice, dos au vide. Il est toujours plus facile de se laisser tomber en fermant les yeux. Le chemin de la Foi nous enseigne à les fermer, pour seulement entendre la voix de la Dame, et se laisser guider par ses paroles. Plus vous vous laisserez porter par elle, plus vous aurez facile de l’écouter, et ainsi, votre voie sera comme toute tracée sous vos pieds. Néera nous apprend à écouter et à faire confiance. »

Il ne s’était pas rendu compte qu’il avait parlé à haute voix de sa provenance. Mais maintenant qu’il y repensait, il l’avait bien dit. Son regard n’osa pas s’attarder sur Walther, qui avait peut-être tout entendu. Que lui avait-il pris de dire ça ? Olyssea, Symphorien Pyk… Que de souvenirs douloureux. L’Arétan connaissait son prénom. Et il pria vivement la Damedieu qu’il ne découvre point son terrible passé…

Jindanor écouta attentivement... Pour sûr, cet homme avait de l'inspiration, et surtout une grande babaille, ce qui fit gentilment sourire Jindanor... Il se sentait souvent seul avec sa grande gueule, toujours à parler sans arrêt, mais pour une fois il tombait sur un personnage comme lui, grand, imposant, fort franc, et au parler pas désagréable...

Lui et Anthoine sourirent en écoutant ses dires, il était croyant, il avait la Foi, c'était indéniable, ses paroles étaient empreinte de ferveur religieuse et d'une franchise sans pareil, à tel point qu'il sembla regretter quelques uns de ses mots... Sans y faire réellement attention, Jindanor se contenta de garder tout cela en mémoire.

-C'était... Très précis, merci en tout cas... Il m'est assez rare de rencontrer des personnes avec une ferveur religieuse aussi importante... Vous pouvez en être fier. D'autant plus que la Damedieu saura très certainement vous remercier de ces paroles éclairées à notre égard... Je suis bien heureux de savoir que vous pourrez m'aider sur ce point... Je n'ai jamais... Réfléchis à cela, mon père n'était pas réellement un fervent croyant... Ou du moins pas à ma connaissance... Maintenant que j'y pense... Il faudra que je me rende là bas un jour...

-Ben... Merci ouais... C'était... Clair et concis... J'vais y réfléchir aussi pour l'coup. laissa s'échapper Anthoine, avant de siffloter, observant les alentours avec un certain calme... La colonne d'hommes était imposante, et la marche serait longue, quelques heures peut-être même....

-Maintenant que j'y pense... Votre ordre est donc né il y à peu ? J'espère que le peuple saura vous reconnaître... Et que la Damedieu veillera sur ses enfants.... Avez-vous une hymne ? Ou bien même, un crédeaux ? Je sais que certains ordres en disposes... Je me demandais si le votre en avait un... Ou si cela allait être à venir. Jindanor faisait la conversation.. Pour faire la conversation principalement, et aussi se renseigner, il voulait surtout éviter de sombrer dans le un silence ennuyeux jusqu'à la fin du voyage.

Hrp:

L'allure était bonne. La longue colonne de plusieurs milliers d'hommes disparaissait presque à l'horizon et l'on pouvait dire que le moral était au beau fixe. Qu'y avait-il de plus à espérer ? En attendant, Walther scrutait le ciel pendant que sir Meinhard parlait de la foi aux nouveaux venus. Le ciel s'assombrissait, non pas parce que la nuit approchait, mais bien parce qu'un orage noirâtre arrivait dans leur direction. Il ne restait plus qu'à prier pour que Néera leur épargne une nouvelle tempête pour clôturer la journée.

Il avait préféré rester silencieux lors de la discussion qui s'était jouée à ses côtés. Ne se sentant pas le mieux placé pour répondre à de tels questionnements, Meinhard était l'homme le mieux placé pour évoquer ce qu'était la foi. Pourtant, une nouvelle interrogation du grand gaillard à la stature imposante le remit dans la conversation. Est-ce que le nouvel ordre avait un hymne à lui ? Un cri de ralliement ? Un chant de reconnaissance ? Non, il n'y en avait pas. L'idée ne lui était pas encore venue, et à vrai dire, cela ne faisait pas vraiment partie de ses premières préoccupations. L'organisation des hommes était suffisante pour ne pas se laisser enfouir pas de nouvelles tâches.

Le regard fixe sur les hommes qui marchaient devant lui, Walther répondit aux questions de sa nouvelle recrue.

-L'ordre est né lors de la bataille de Nebelheim. Au paroxysme de l'affrontement, nous nous sommes réunis dans un temple de la Damedieu pour y prier et rentrer en communion. Il est apparu évident à ce moment là que Néera nous avait réuni pour incarner sa voix et remettre l'ordre sur ces terres désolées.


Les premières gouttes de pluie s'abattirent sur eux, faisant des milliers de cliquetis sur les armures des uns et des autres. La chose devint presque une cacophonie où il devint difficile de s'entendre.

-Il est vrai que certains ordres disposent d'hymnes et de chants portant les louanges de leurs batailles passées. Mais nous n'en n'avons pas. Nous ne sommes uniquement bercés par les litanies que nous récitons au nom de la Dame.

Les gouttes commencèrent à ruisseler le long de son visage.

-Mais si vous avez des idées de chants, soldat, libre à vous de nous en créer un pour l'occasion ! Dit-il avant de se tourner vers Meinhard. N'aimeriez-vous pas que l'on chante pour égayer notre longue route, sir ?  

La boutade passa bien. Son petit rictus en coin des lèvres réchauffa un peu plus l'ambiance malgré la fraîcheur qui s'abattait à présent sur eux. Et bientôt, les grandes bourrasques de vent vinrent considérablement diminuer leur progression. A la nuit tombée, il ne leur resterait plus qu'à se trouver un coin à l'abri pour pouvoir faire un feu. Mais cela n'était encore qu'un lointain rêve...