[Foire d'Oesgard] Non mais... Vous avez quoi dans le sang? (Hesperis)

Panahos, fin 4ième ennéades de Bàrkios, An 17, Cycle 11

Okay, soyons franc, il n'était pas, vraiment pas préparé à ça… Ce froid… Ca vous transit et transperce les os. Il a crapahuté partout, mais jamais dans le nord de la Péninsule et en cette saison. Non mais putain, en Oësgard. Ca explique beaucoup de choses en tant que tel sur les mœurs glaciales des gens du cru.

Lui qui, habillé de pied en vrac, n'a jamais vraiment souffert de la chaleur donnerait mer et monde pour un petit coin tranquille, au chaud, au coin du feu et avec 5 fourrures. Il endurerait le poid des pelisses avec délectation. Mais il ne peut rester cacher indéfiniment dans un recoin obscur du bled. Il ne s'adaptera pas ainsi.

Mais, avouons le, Dante en bave. Il a l'impression que son sang s'épaissit à vue d'œil, se congèle en lui. Il passe son temps à bouger les doigts tant ils lui semblent gourds. Ses bottes ne sont pas doublées et même s'il a un truc nommé chaussettes épaisses, ce n'est pas assez.

Ses pantalons léger, sa cape de laine bouillie neuve, qui lui semblait extrêmement chaude à l'achat, non doublée, ses gants sans doigts ne sont réellement pas fait pour la température locale.  Et ce qu'il a dans sa malle non plus. Comme d'habitude, il a voyagé léger, et même ses vêtements propres ou habillés sont trop légers, a part un ensemble strictement à la mode nord-péninsulaire, au cas ou Maralina aurait besoin de sa présence lors d'un quelconque événement.  

Bref, si notre homme ne veut pas choper un truc et crever d'une pneumonie il se doit de s'adapter et en ce moment, dans ce matin vivifiant pour les locaux mais ô combien glacial pour lui, l'estreventin se met en chasse… Une chasse différente de d'habitude. Une qui implique de l'argent.

Dante doit s'habiller s'il ne veut pas geler sur pieds. Le souffle de l'homme faisant une buée dans l'air frais, il hésite un moment, ne sachant pas trop s'il doit commencer par des bottes fourrées ou un manteau plus chaud.

La jeune femme regardait d'un œil interrogatif les cieux qui s'étaient également paré des couleurs automnales. Elle aimait la luminosité si particulière d'un ciel gris illuminé par la lumière rasante du soleil. Tout semblait plus lumineux, plus colorés. Plus beau. Mais aurait elle ce plaisir de le contempler ici ? Seuls les Dieux le savaient.

C'était la première fois qu'elle allait si haut dans le Nord, comme cela avait été son premier voyage en tant qu'épouse. Elle l'avait craint autant qu'elle l'avait désiré. Ils étaient partis pour affaire, lui devait nouer des contacts tandis qu'elle devait faire en sorte à ce qu'elle puisse donner naissance bientôt. Malgré tout leurs efforts leur mariage n'avait pas commencé sous les meilleures auspices à cause de l'horrible enlèvement de ses sœurs. Mais elle avait découvert jour après jour, un mari aimant, attentif et attentionné. Elle en était comblée.

" Ma Tendre amie, je vous ait fait attendre une fois de plus. Les malles étaient encore scellées et votre châle enfermé. Puis-je vous le déposer sur vos épaules ?"
Sigismon Arsinoé avait encore les pommettes écarlates, comme à chaque fois qu'il lui demandait de se rapprocher d'elle. Comme à l'accoutumée, elle acquiesça dans un sourire doux et affectueux.

Le châle en question était un grand triangle noir entièrement en dentelle. Il n'avait jamais été conçu pour tenir chaud mais pour mettre en valeur celle qui le portait. En effet, sa pointe couvrait qu'une partie de la croupe et dévoilait dans le dos, un sublime dessin constitué de rameaux, d'épis et de fleurs. Ainsi il atténuait quelque peu l'ocre jaune de la veste de la jeune femme, qui rappeler en cette saison la couleur des céréales. Comme les marais lui avait appris depuis sa plus tendre enfance, Hespéris portait une jupe de couleur châtaigne pour éviter que les traces de boues ne soient trop visibles.  Il ne lui manquait qu'une seule chose : le bras de son mari. Qu'il lui offrit avec sa maladresse touchante et affectueuse.

Depuis Karfias, il était un homme heureux. Il n'avait jamais osé rêver d'avoir comme épouse cette magnifique princesse aux cheveux d'ébène, au regard de soie et aussi gentille. Béat, il appréhendait cette foire avec sérénité : il aimait et était aimé en retour, rien ni personne ne l'arrêterai.

Hespéris, radieuse aux côtés de son mari, s'arrêta au premier étal qu'elle croisa, soit après avoir fait moins d'une dizaine de pas. Il y avait quelques articles déjà fait comme des manchons ou des chapeaux, mais ce n'était pas ce qui avait attiré l'œil mais aussi la main de la jeune femme. Les fourrures de différents espèces d'animaux semblait n'attendre qu'une seule chose : des caresses. Après une lutte intérieure entre cette envie et la stricte éducation de son rang, la jeune femme avait trouvé un compromis satisfaisant.

Tandis que sa femme caressait du bout des doigts les fourrures de l'étal, Sigismon l'admirait jusqu'à ce qu'un homme entre dans son chant de vision. Alors il l'observa…

" Messiir, n'en tenait pas trop riigueur à votre amii, iil vous a déjà bien conseiillé sur le chemin. " La voix du bourgeois avait un accent du sud, qui avait une légère tendance à insister et à remonter sur les "i". Bon enfant, il souriait à cet étranger, dont il se sentait proche. Peut être par ce que comme eux, il avait du faire de la  route, tout simplement.

- " Pardonnez moi, Siigiismon Arsiinoë. Je représente l'entreprise famiiliale basée à Scylla. Et vous ? Quel bon vent vous amène ? " Le jeune homme était enfin satisfait de sa présentation. C'était peu dire qu'il l'avait travaillé durant le voyage entre sa ville natale et la foire. Et parler à cet inconnu lui permettait de s'entrainer en situation réelle. Et qui sait, par la grâce de la DameDieu, peut être qu'il y avait des affaires à faire…

Mais soudain, il sentit à nouveau un poids à son bras. Son cœur en devenait tout léger.
- " J'ai l'honneur de vous présenter ma femme, Hespériis Arsiinoë. " La dame en question fit une légère inclinaison pour saluer l'homme. Curieuse, elle aussi voulait en savoir plus sur Thaar et son exotisme.

La belle demoiselle avait volontiers laissé l'homme prendre sa main pour y déposer un baiser. Droite et élégante, sa chevelure savamment coiffée, elle avait la prestance d'une princesse et portait au visage le plus doux des sourires. Elle écouta Halewyn avec un mélange de respect et d’intérêt évident et se permit de rougir. A ses cotés, le dénommé Sigismon n'avait d'yeux que pour elle et ne semblait pas jaloux du nouvel arrivant. A eux deux, ils formaient une paire des plus adorable.

- Voilà de beaux compliments qui me touchent au fond du cœur, Sire Redinem de Thaar.

C'était la première fois qu'elle prenait la parole depuis leur rencontre. Sa voix portait en elle douceur et apaisement, décorée d'une touche d'innocence et de curiosité du plus bel effet.

- Je n'ai jamais rencontré quiconque pvenant des contrées ensoleillées de l'Ithri'vaan. On raconte tellement de choses de votre pays. Sigismon haussa un sourcil. Hesperis se tourna alors vers lui, l'enthousiasme brillait maintenant dans ses yeux. Il la trouvait si belle quand elle était ainsi. Pour dire vrai, il ne se souvenait pas de circonstances pendant lesquelles elles n'était pas si belle. C'est le le pays du soleil, de l'aventure et de la romance! Sigismon. Peuplé d'assassins au grand coeur, de drows maléfiques, de marchands audacieux et d’esclaves nubiles et tatouées!

Sigismon avait rougit jusqu'aux oreilles en entendant le dernier élément de la liste. La demoiselle ne sembla pas s'en soucier le moins du monde, et porta à nouveau son attention sur l'inconnu.

- Tout cela est-il vrai? Non, ne me dîtes pas cela. Qui êtes-vous là bas? Avez-vous vécu des aventures? Peut-être étalé au grand jour quelque complot de maléfiques noirelfes?

- Vous avez bien raison de laisser les chevaliers à nos contrées, sire Redinem. Si votre l'Ithri'vaan natale n'était pas si exotique, elle ne pourrait servir d'écrin à autant de si belles histoires."
Qu'il revèle être un mercenaire n'avait apparemment pas affecté sa volonté de parler de l'homme comme d'un sire digne de respect. Après tout, il parlait bien, elle pouvait aisément l'imaginer accomplir tout ce qu'il décrivait, et bien plus encore. Elle décelait même, et c'était étonnant, une dose d'humilité dans son récit. Peut-être tout cela était-il faux, mais quelle importance? Croire le contraire ne coûtait rien.
-Si cette engeance est aussi terrifiante qu'on le dit, il vaut mieux pour moi que je m'en tienne loin… Avait-elle répondu, pensive, des images d'amants drows plein la tête. Il y avait aussi des amantes dans les livres. Ils étaient si émoustillants.

Loin d'imaginer ce qui se passait dans la tête fort romantique de son épouse, son mari avait hoché la tête, car il approuvait clairement. Heureusement, son commerce lui évitait de devoir lui-même ne serait-ce qu'échanger des courriers avec de tels êtres. Il admirait le courage des membres de sa famille qui traitaient avec l'Ithri'vaan. Certain d'entre eux devaient même faire affaire avec des drows, paraissait-il. Sigismond ne les enviait pas.

Soudain, la jeune Héspéris reprit la parole.
Sigismond, ce sont les dieux qui nous envoient cet intrépide aventurier." L'homme haussa un sourcil. Il avait manqué un morceau de la conversation et s'en voulait maintenant énormément. "Vous pourriez retrouver mes sœurs! C'est une horrible histoire… Elles ont été enlevées! Des fleurs frêles et innocentes… Nous n'avons aucune nouvelle." Dans ses ouvrages, les héroïnes auxquelles il arrivait pareille chose finissaient souvent en Ithri'vaan justement. Hesperis n'était pas certaine que ses deux jeunes et angéliques parviennent à traverser pareilles épreuves.

-Oh, oui, c'est une excellente idée, ma très chère…" Comment ne pouvait-il pas y avoir pensé auparavant? Il croyait savoir que son père avait mis sur l'affaire ses hommes les plus qualifiés, mais de l'aveux même du paternel, ce type d'enquête discrète n'était pas leur spécialité première.

-Vous devriez rencontrer mon père. Vous me semblez exactement le type de personne à laquelle il peut faire appel. Sérieux, droit, professionnel . Demandez Monsieur Arsinoé, à Pharenbourg, Comté de Scylla, sur la côte sud. Dîtes que c'est Sigismond Arsinoé qui vous envoie, il vous recevra."

L'homme souriait chaleureusement. Son épouse l'admirait avec des étoiles dans les yeux.

Le marchand répondit posément à la première question du fin limier. Par contre, plus le mercenaire réfléchissait tout haut (car qui parlait autant sans reprendre sa respiration si ce n'est que pour suivre le cours de sa pensée ?) plus le jeune homme oubliait qu'il était un mari aimant pour redevenir un marchand. 

Il posa une main ferme sur l'avant bras de sa femme et lui dit dans un sourire :
- " Ma douce amiie, n'en faite point trop, s'il vous plait. Je crois que Monsiieur Rediinem a trop bien compriis votre désarrois. " 

Sigismon se tourna vers le Thaaris et plaça ses mains en cloche. 

- "Monsiieur. Allons à l'essentiel. Je ne suis pas intéressé par un deviis payant. Sii vous êtes intéressé par le contrat, je vous inviite à Pharenbourg. Siinon, passez votre chemin. Nous ne vous le reprocherons pas." 

Ce n'était pas lui qui s'occupait des contrats de travail d'intérimaire. Il n'avait pas l'envie de marcher sur les activités de son père, car il ne voulait pas que son père s'occupe de ses activités. 

Halewyn hausse un sourcil avant de sourire, apparemment ravi de la réponse du marchand avant de répondre d'un ton des plus affable de son accent exotique.  S'il avait accepté trop rapidement, l'assassin aurait été déçu. 

  -Monsieur Arsinoé. Je devrai faire un détour conséquent pour me rendre jusqu'à votre père. Et même si j'ai bon coeur, ceci engendrera des frais. Je ne demande pas de devis payant. Loin de moi cette idée. Vous êtes marchands de bien et moi de service. Dans un cas comme dans l'autre, il y a  moyen de s'entendre. Une lettre adressée à votre père lui demandant de quoi me rembourser la nourriture et le voyagement jusqu'à Pharembourg me contenterait amplement sur l'heure et vous verrez que je ne suis pas gourmand. Si ca peut vous rassurer, vous pourrions appeler cela une avance de salaire. Je fournirai les reçus. Et avant que vous ne jugiez ma demande outrageuse, sachez que c'est sur les fonds de mon propre voyage de retour que je financerais mon périple jusqu'à Pharembourg. Vu votre métier, vous comprenez sûrement aisément mon dilemme… Le Thaari s'éclaircit la gorge qui commence à lui piquer. Il fait froid…  Si je ne me rend pas jusqu'à Monsieur Arsinoé père, vous n'aurez ainsi rien perdu. Si je me présente, lui aura une preuve de ma fiabilité de votre main ainsi que de vos nouvelles, et vous aurez une preuve de mon sérieux quand vous rentrerez chez vous, si je n'ai pas retrouvé et ramené vos sœurs avant madame… Sur ma réputation et mon honneur, quand je suis en mission, je ne m'arrête pas avant de l'avoir achevée. 
 
 Le marchand écoutait attentivement. Son visage était resté de marbre pourtant il croisa les bras.

-"Monsiieur. J'ai une autre proposiition, bien plus sage. Voyagez avec nous et nous serons heureux de partager avec vous la table, le couchage et le foin pour votre bête. Par contre, sii vous restez trop longtemps à Diiantra, nous ne vous attendrons pas. C'est à prendre ou à laisser, sachant que votre trajet d'iicii à Diiantra est déjà payé. Sii vous avez négociié comme avec nous… " Il n'y avait pas une once de sarcasme sur le visage du jeune homme.

Ces iii, il les lui ferait ravaler au fond de la gorge à coups de dagues. C'est insupportable. Il est chanceux le marchand que celui qui est en face de lui fonctionne plus aux défis qu'au fric. Le mercenaire s'incline. Il n'a pas l'intention de retrouver les sœurs gratuitement. Loin de là. Mais l'idée de remonter une piste froide comme ce climat pourri est stimulant et lui plait infiniement et il a assez de bon sens pour faire passer cela pour de la bonté d'âme. Comme on dit, le client est roi. Et si ils essayent de le doubler où qu'ils lui payent des clopinettes, il trouvera bien certaine compensation de valeur, une de ces nuits sans lunes.

Le sourire du mercenaire est on ne peut plus affable… Les prunelles dépareillées bienveillantes.

"Vous êtes dur en affaire cher monsieur Arsinoé. Cela me plait, je n'aurais pas aimé quelqu'un qui accepte facilement. Vous êtes un homme de caractère et les yeux de dame Hespéris m'émeuvent… Ce qui est dommage c'est que je dois terminer mon contrat ici avant, je ne sais pas si je pourrai partir en même temps que vous deux. Mes demandes pour vous, madame tiennent cependant. Et une lettre de recommandation pour monsieur Arsinoé père me serait plaisante, histoire de me faciliter l'introduction. "

Aux compliments, la jeune femme s'agrémenta d'une charmante coloration au niveau de ses pommettes.

" Oh, Sigismond ! Oui ! Demandons à Père une lettre de recommandation quand nous serons à Pharembourg ! " Elle se pendit à l'avant bras de son époux en lui offrant le plus enjôleur des sourires. " Mais… comment vous contacter ? " Elle posa à nouveau ses prunelles azurées sur Halewyn tout en lui offrant le même sourire. De nouveau, l'Estreventin s'incline devant le couple.

Dites moi à quelle auberge vous descendez à Diantra et un message vous y attendra avec ma date de départ et estimée d'arrivée et où vous contacter à Pharembourg pour vous aviser de mon arrivée imminente. Cela vous sied t'il, Dame?

" A merveille, Messire. "

Ils échangèrent alors les adresses et les phrases de politesses comme c'était de coutume. Puis, le couple poursuivit son chemin. La demoiselle avait le coeur plus léger, elle avait un nouvel espoir de retrouver ses sœurs.

De son côté, Dante se tourne de nouveau vers le marchand pour se trouver de quoi de chaud et de solide. C'est bien beau toute ses tractations, mais ca n'empêche pas qu'il se les gèle quand même. Une chance qu'il y ait ce contrat soit arrivé avant et non après son achat… Ca évite des dépenses inutiles.

Dans son cerveau tordu, La Bête est déjà en train de réfléchir à la chasse à venir. Le triple défi que les sœurs Termers représentent fait ronronner les deux colocataires d'aises, toute animosité temporairement envolée.