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 [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...

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Telenwë Neraën
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Khernal Baenfere
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... - Page 2 I_icon_minitimeSam 26 Mar 2016 - 13:19

Verimios, 7ème ennéade de l'an 8 du Cycle XI,
Eraison, Palais du Protecteur

"Je veux une guerre, pas une victoire..."
Elvad Do'ana

"– Quel-est la situation ?
– Selon les éclaireurs, les elfes se seraient regroupé au Nord. Selon moi, l'assaut est proche.
– Vous pensez que nous devons nous préparer au siège dès à présent ?
– Sans aucun doute, oui.
"

Khernal regarda les Streea Jabbuk conjecturer sur l'arrivée imminente des elfes d'un air circonspect, les bras croisés, le dos appuyé contre le dossier du siège. Les Clairs ne tarderaient pas, c'était une évidence. Leur orgueil les empêchaient d'attendre avant de se jetter dans le piège que leur tendait leurs cousins sombres. N'ayant aucune envie de passer plus de temps à tergiverser, le mage coupa court à la conversation.

"– Les elfes sont aux portes de la Cité. ll est évident que nous devons finir les préparatifs maintenant. L'évacuation est-elle terminée ? Un oui s'échappa d'une bouche dont il n'aurai pu définir la provenance. Il acquiesça simplement et continua. Bien. Rassemblons les mages et les autres troupes. La réactivité est la clé de notre réussite, et cela passe par la prévoyance. De mon côté, mes sorciers terminent les dernières levées de corps. Bientôt, cette ville ne sera habitée que par des cadavres... "

Sous les yeux impuissants et légèrement vexés de s'être fait coupés par le Ditronw Da're des soldats, celui-ci se retira préparer ses hommes. Une longue journée l'attendait, afin qu'enfin la bague qui lui revenait brille à son doigt.




Entrée Nord de la Cité.

La colonne de soldat attendait patiemment les ordres. L'impatience et l’excitation commençait à pointer chez les hommes, aussitôt réprimée par la discipline de ces vétérans de la guerre. N'étaient ici que les experts en guérilla, qui saigneraient à blanc l'armée des Cités.

Le chef du C'nros attendait, lui aussi impatient de régler les tâches qui lui incombait. Il était assis sur une pierre d'une maisonnette effondrée et affutait ses lames qui pendaient à sa ceinture. Sa main se porta à son fourreau, avant qu'il se souvienne que l'épée qu'il contenait n'était qu'une vulgaire remplaçante de l’œuvre d'art qui l'avait servie jusqu'à présent. Son ancienne lame reposait en quatre morceau dans ses affaires, qu'on avait emporté jusqu'à Yutar. Et celle que Khernal attendait ne lui serai fournie que lorsqu'il aurait contracté sa dette. Dette qui s'élevait à un prix exorbitant, puisque la marchande qui avait imposé son prix avait demandé un haut gradé elfe.

Le soleil du milieu de printemps frappait sur les épaules et les casques. L'air se faisait lourd et attendait les mots qui vinrent quelques minutes plus tard :

"– Les elfes arrivent ! "

Un second cri monta des troupes et répondit au premier :

"– Whol l'Uriz ib'ahalii ! Whol l'Uriz's ib'ahalii ! Whol l'Uriz's ib'ahalii ! "

Un sourire s'épanouit sur le visage de Khernal. Il remit ses poignards au fourreau et se leva. D'un pas pressé, il grimpa les marches de la muraille à présent réparée et regarda dans la plaine, les elfes s'avancer vers ce qui fut leur territoire. Son sourire s'élargit. Deux Streea arrivèrent à ses cotés. L'un d'eux fit signe à un archers, qui décocha un trait enflammé. Celui-ci se planta plusieurs dizaines de pas plus loin, dans l'herbe, qui prit aussitôt une teinte rousse. La guerre était lancée.

En contrebat, les Veldruk beuglaient encore leurs ordres.

"– Ne perdez pas notre objectif de vue ! Quand l'ordre sera donné, repliez vous dans les tunnels ! Saignez les elfes à blanc ! Piétinez leur cadavre ! Qu'Uriz soutienne nos épées ! Pour la gloire du Puy d'Elda ! POUR LA GLOIRE DU PUY D'ELDA ! "

Un servant du C'nros monta sur les rempart et vint s'adresser au mage :

"– Maître... un cadeau de la part de votre famille... "

L'expression de son visage pour lui. Il tendit à Khernal une bourse scellée. Qui d'autre qu'Haldren pouvait lui avoir donner ça ? Et qu'était-ce ? Surement pas l'artefact tant attendu... Le Ditronw Da're fourra la bourse dans ses braies et grogna pour faire déguerpir l'importun.

"– Celui qui a donné ça a ajouté qu'il ne fallait pas l'ouvrir avant la fin... "

Après ces mots, il s'en alla. Khernal le regarda s'éloigner, songeur, puis reporta son attention sur la bataille qui se préparait. Dans sa poche, l'artefact palpitait de magie, une magie vicieuse n'attendant qu'à être relachée.

HRP:



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Halyalindë
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... - Page 2 I_icon_minitimeMar 5 Avr 2016 - 16:13

Une heure…. Cela faisait une bonne heure que Feran râlant sans interruption… mis à part les ordres qu'elle donnait et les concertation avant le commandant des forces d'Eteniril. Jusque là, ils l'avaient pas eu de forte divergence et les forces de Mera les avaient enfin rejoint. Mais pour sa dernière proposition, elle hésita quelques instants.

« Si on enfume l'intérieur du palais, ils pourront utiliser la poussière, ou tout ce que nous utiliseront comme fumigène, pour ne la renvoyer aussi vite dans la figure. Ce sont des nécroman mais ça m'étonnerait qu'ils n'aient pas quelques mages élémentaires sous la main. Mieux vaut s'en servir le dans certaines parties bien particulière comme…. Hmmm… Ici, ici et là. »

Elle désigna vaguement trois directions et donna quelques indications supplémentaires.

« ça les pousseraient à se diriger par ici et au pire, le retour de flamme ne sera pas bien grave car nous resterons dans un milieu ouvert. Avant de se tirer, la Protectrice à tenue à ce que nos Limiers tiennent des positions en hauteur et en ont repérés d'autres facile à couvrir. Nous pourrons donc mettre plusieurs archers sur les toits sans les mettre en danger. »


Les Sièges n'étaient pas la spécialité des Ardamirien… Ils n'avaient même pas de murailles à leur propre Cité, c'était pour dire ! Par contre, profiter du terrain sur différent niveaux, ça ils savaient faire. A part ça, leurs principales techniques étaient pensées pour influencer les mouvements ennemis.En les divisant les drows en petits contingents, la prise du Palais devrait être facilité, surtout que grâce aux réfugiés de l'armée d'Eraison, les troupes avaient une parfaite connaissance des bâtiments… Enfin des bâtiments tels qu'ils étaient avant que les drows ne les saccagent. Feran regrettait chaque jour un peu plus que son homologue d'Eraison n'ait pas réussit à survivre…

Quelques deux minutes suffirent à peaufiner le plan et à donner les ordres. Plusieurs groupes couvriraient les différentes entrées qui avaient été repérés et d'autres, plus discrets, les passages secrets que les diplomates et officiers réfugiés avaient signalés. Feran se placerait près de la porte principale, de manière à pouvoir briser une charge ou déplacer des mages avec sa cavalerie en cas de besoin. Si certains contingent voulaient tenter des actions plus discrètes, eux, devraient soutenir l'assaut.

Elle remettait son heaume frapper de l'emblème du Grand Chêne lorsqu'un cavalier se porta à leur hauteur. Un messager providentiel qui venait confirmer que, malgré quelques problèmes de dernières minutes, tous les sous-terrains qui avaient été trouvés par les Noss avaient été effondrés. Tout semblait bien se passer…

« Menendas ! » appela-t-elle à peine remise en selle. « Tout ceci a été bien trop facile… Nous avons trouver exactement ce que nous nous attendions à trouver à quelques détails près. Cette magie maligne ne me dit rien qui vaille. Quelque chose cloche. Restez sur vos gardes… Et n'allez pas mourir bêtement quand ça nous tombera dessus. »

Une incitation du bassin et Nirëon partit au trot vers la grande porte. Il était aussi tendue que sa cavalière, et avait conscience… Peut-être même plus qu'elle, de ce qui se tramait dans la ville.

Les ordres se propageaient peu à peu. Sans jamais céder au chaos, l'ordre des troupes se réagençait vers la configuration voulue. Les différents phalanges se scindant sans heurt dans une mécanique bien rodée. Quelques officiers firent un geste à la Commandante tout en fronçant les sourcils devant l'absence de leur Protectrice. Feran recommença à rouspéter à vous basse contre son ancienne supérieur. Ce qu'on pouvait dire, c'était que la disparition des Protecteurs ne mettaient pas les hommes en confiance. Et les dieux savaient qu'ils n'avaient pas besoin de ça !

Lorsqu'elle atteint la cavalerie pour s'entretenir rapidement avec Henaël son Capitaine, son air grave lui fit craindre le pire. Pas de blague de mauvais goût avant de donner la charge ? Cela ne lui ressemblait pas…

« Nous devons entrer dans le palais.
-Nous allons plutôt les faire sortir de leur taupinière.
-Sauf votre respect, un de nos éclaireur est ressortit de là-dedans en disant qu'il fallait qu'on entre et il est parti en courant pour trouver les Protecteurs… Je le connais depuis plus de trois siècles… et honnêtement, j'ai pas aimé sa tête. Je ne l'avais jamais vu dans une telle rage.
-Les protecteurs ne sont pas ici pour l'instant et sans plus d'explication, nous suivrons le plan. Elle leva le ton. Restez maîtres de vous ! N'oubliez pas que leur magie est toujours à l’œuvre pour saper vos forces, ne leur faites pas ce plaisir !

En espérant qu'ils ne faisaient pas une bêtise…

Elle fit volter Nirëon une dernière fois pour vérifier l'organisation des troupes et retourna à l'emplacement prévu. Elle échangea un regard avec Henaël. Il acquiesça. Elle prit une grand inspiration.

Le cri du cor d'Ardamir raisonna longuement dans l'air. Lorsque les deux autres lui répondrait, la violence se déchaînerait à nouveau… si rien de plus dangereux encore ne leur tombait dessus d'ici là.
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Elvad Do'ana
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... - Page 2 I_icon_minitimeSam 16 Avr 2016 - 17:08

« Ils ont commencés à enfumer certains des couloirs secondaires. »

Le soldat drow qui venait de parler était l'un de ceux à ne pas avoir consommé de la substance jaune, encore, et donc encore assez lucide pour aider à l'organisation de leur petite troupe. Elvad reporta son regard vers l'entrée du palais.

« Ils essayent de nous pousser à sortir.
-S'ils arrivent à enfumer la pièce on risque d'y être contraints. Je préfère mourir sous une pluie de flèches qu'intoxiqué. »

Le prêtre ne répondit rien. Ils n'avaient pas de mages compétent et donc personne pour contrer une telle stratégie de la part des elfes. Il leva le regard vers la voûte, qui culminait à plusieurs mètres de hauteur sur toute la longueur de l'entrée et à plus d'une dizaine au-dessus de lui, surplombé qu'il était d'une coupole de pierre élégamment taillée et percée de centaines de petites ouvertures, le tout reproduisant la canopée d'un arbre. L'endroit était donc très bien ventilé mais si les elfes avaient des alchimistes avec eux, ils arriveraient sans doute à produire une fumée assez épaisse pour qu'elle reste au sol.

« Dis aux soldats de me rapporter tout ce qu'ils peuvent trouver de combustible et qui ne sert pas aux barricades. Qu'ils le ramènent ici et l'empilent sous la coupole. »

Le soldat n'hésita qu'un bref instant devant un ordre aussi incongru et il fallut un peu de temps et beaucoup d'agitation pour qu'Elvad se retrouve devant une pyramide faites de tentures, meubles fracassés, draps, plantes décoratives... Le tas grossissait encore au fur à mesure que des drows ramenaient plus de combustible, mais il y avait déjà suffisamment pour ce qu'il voulait. Il tendit les mains, paumes ouvertes, et se concentra sur la magie pour la faire affluer au centre du monticule, la faire enfler et la transformer en feu comme on le lui avait appris.
Bientôt un crépitement prometteur se fit entendre tandis que l'intérieur commençait à s'embraser et que des flammes prometteuses perçaient à travers le fatras et léchaient d'autres matériaux qui ne tardaient pas trop à les nourrir. En quelques minutes, le monticule était devenu un foyer de belle taille dont la chaleur irradiait l'armure d'Elvad qui suait à grosse goutte. Il relâcha la magie, baissa les mains et s'éloigna de quelques pas. La fumée produite par le foyer s'élevait doucement jusqu'à la coupole et s'échappait par là. Puisque l'air dans la colonne montait, il devait être remplacé par un autre. Et cet autre air venait tout autant de l'extérieur du palais, par l'entrée, que de l'intérieur, par les positions des drows. Si les elfes essayaient désormais de les enfumer, leur stratagème serait déjoué par la colonne de chaleur et le mouvement ascendant de l'air.
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Halandarin Las'Danir
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... - Page 2 I_icon_minitimeSam 16 Avr 2016 - 18:51




Depuis que tout cela avait commencé, le Toer Tamindal avait eu l'occasion de panser les quelques plaies qui s'étaient lentement rendue dangereuses... Ainsi pansée, son sang s'écoulerait moins, et sa fatigue ne serait plus dû à celles-ci... Une bonne heure de répits, sans réellement en avoir, chaque personne s'approchant de trop près de son petit coin de paradis se retrouvait vite vidé de son sang et la gorge tranchée, évitant de s'en prendre aux groupes trop imposants... Non, le Toer Tamindal ne tuait plus par nécessité, mais par simple plaisir... Du haut de son étage, il rejoint la maison voisine, d'un bond particulièrement bien réalisé, tombant sur une poutre calcinée qui lâcha sous son poids, il se raccrocha au bois semblant encore tenir avant de se relever en grommelant, le bruit qu'il avait fait attirerait très certainement quelques curieux, des Drow's, peu probables, des elfes, un peu plus... Il continua sa course, manquant à de trop nombreuses reprises de finir à l'étage d'en dessous, cependant, ce passage en force et de haute voltige lui permis de parcourir la distance en quelques instants, évitant de rencontrer des groupes un peu trop questionnant et curieux... Arrivant au clocher d'une maison dessinée en hauteur, aux courbes gracieuses, dont il atteint le sommet sans manquer d'atterrir en contrebas avec toute la grâce d'un éléphant.

Observant ainsi, il pu rapidement distinguer que l'enfumage se passer... Visiblement bien, cependant, les quelques feux allumés ne semblaient pas suffisant pour enfumer à tel point la coupole du palais qui crachaient maintenant des volutes importantes...

-... Bizarre.. Commença le forgeron... La fumée, il la connaissait bien cette saloperie, dans sa jeunesse il avait fait l'erreur d'ajouter une substance à son métal qui au contact des flammes avait produit une fumée huileuse et collante qui manqua de l'enflammer lui et toute la forge... Hors la fumée préparée par les quelques silouhette sur la place ne semblait pas être si légère que cela... Non, elle était épaisse, et même vachement compliquée à souffler... Il gratte sa mâchoire quelque peu circonspect.

Descendant rapidement de cette tour, il se laissa glisser du toit pour atteindre le plancher des vaches, rejoignant le groupe d'elfe, toujours autant couvert de sang, il se faufila entre les hommes discutant d'un air tendus, pour se faufiler jusqu'aux bas du palais... L'observant d'en bas il sembla interroger la structure dans sa possibilité de s'essayer à l'escalade.. Cependant les pierres la composant était... Tout sauf particulièrement apte à l'accueillir dans cette escalade quelque peu vertigineuse...

Il soupira longuement en observant les alentours, le palais avait ça d'utile pour la défense qu'il s'éloignait bien de toutes les masures alentours, n'aidant pas le Toer Tamindal à trouver un point d'accroche, cependant, à force d'observer il comprit rapidement qu'il ne pourrait pas se hisser et devrait attendre comme tous que l'assaut soit lancé pour ne pas se faire veinement étripper... Aussi alla-t'il se poser contre une des masures, s'attardant à glisser sur sa lance l'équivalent d'une lanière de cuir, retravaillant son tranchant.

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Telenwë Neraën
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Assis sur ce qui avait été autrefois un balcon, de sorte à pouvoir voir ce qui se profilait à l'horizon tout en restant à portée de voix de ses elfes, le lieutenant avait les sourcils froncés. Dans le palais d'Eraïson (ou plutôt ce qu'il en restait), une grande fumée noire s'échappait par les toits. Rien d'anormal à première vue, surtout que leur moyen à l'instant présent pour faire sortir les Drows était de les enfumer. Cependant Menendas avait déjà eu affaire à quelques rares incendies en plusieurs centaines d'années et il voyait mal comment quelques enfumages pouvaient créer une telle fumée à cet endroit où aucun foyer n'avait été allumé. Du moins pas par eux. Par les Drows eux-mêmes, afin de leur faire croire qu'ils avaient préféré périr par asphyxie ou par le feu plutôt que par leurs ennemis jurés ? Cela lui semblait peu probable. Ce serait vraiment les prendre pour des idiots, même s'il devait reconnaître que son peuple n'était pas forcément le mieux informé sur les propriétés du feu puisqu'il était utilisé avec modération lorsqu'on ne pouvait avoir recours au feu magique. Ou peut-être les Drows avaient-ils trouvé un moyen de se sauver de l'asphyxie par le feu lui-même ? Cela l'intriguait. Vraiment.

Il expira longuement. Il se rappela l'avertissement de la capitaine d'Ardamir puis se remémora tout ce qui avait été attendu de cette bataille ainsi que toutes les horreurs qu'ils avaient pu rencontrer depuis qu'ils s'étaient présentés devant la brèche de la cité. Et c'était triste à dire, mais la capitaine avait raison : cela avait été trop facile. Menendas s'était attendu à ce qu'ils soient confrontés à plus d'opposition magique et qu'ils rencontrent bien plus de drows. Là, mis à part les morts-vivants, ils n'en avaient croisés pratiquement que sur les murailles. Les derniers allaient être ceux qui se trouvaient à l'intérieur du palais. Un palais encerclé et donc relativement facilement prenable. A quoi cela pouvait-il bien rimer ? Qu'avaient-ils en tête ? Et comment si peu de drows avaient pu prendre puis garder aussi longtemps la cité ? Il y avait un truc qui clochait.

"Telya ! Venez.
En réponse au signe que lui faisait l'elfe, l'archère postée sur le toit non loin de lui sauta avec grande souplesse aux côtés de son lieutenant.
- Oui Lieutenant ?
- J'ai besoin de votre avis...

La jeune femme pencha la tête sur le côté, montrant ainsi qu'elle était étonnée que son supérieur demande l'avis d'une militaire encore relativement nouvelle.
- Que pensez-vous de cette bataille ? Vos idées et ressentis ?
- Hum... Beaucoup de morts-vivants, c'est déstabilisant de parfois reconnaître des personnes et de devoir se battre contre elles, Lieutenant. Sinon j'avais imaginé que nous rencontrerions plus de drows et que nous aurions plus de pertes... normales, si je puis dire.
- Et ?
- Et ?
- Des suppositions concernant ce qui se trame ?
- Leur force est dans ce sort qui frappe tous les blessés. Moins il y a de guerriers drows, moins ils auront de morts anormales. Mais pour provoquer cela il faudrait soit un mage d'une puissance fénoménale, soit que de nombreux mages se soient réunis tout en utilisant un ou plusieurs focaliseurs.
- Vous vous y connaissez en magie ?
- Mon frère a été à l'Académie d'Alëandir. Il m'a beaucoup appris sur le sujet.
- Très bien. Continuez.
- Pour moi, soit ils nous attendent de pied ferme dans le palais, soit c'est que cette bataille n'est qu'un piège.
- Et dans le dernier cas ils seraient déjà repartis... Merci Telya, vous pouvez retourner à votre poste.
- Lieutenant, pour les protecteurs... c'est vrai qu'ils sont allés vers la source de magie ?

L'elfe hocha affirmativement de la tête.
- Ils vont revenir, ne vous inquiétez pas. Le Protecteur Yeldoreï en a vu d'autres et lui comme Dame Yassairava sont d'anciens Aigles. Ils s'en sortiront. Allez-y maintenant."

La jeune femme ne se fit pas prier et retourna très rapidement sur le toit, arc en main. Toujours assis sur le balcon, Menendas réfléchissait : des drows étaient dans le palais et peut-être que cet endroit était bourré de mages prêts à les tuer dès qu'ils franchiraient la première porte. Ou peut-être n'y avait-il que des guerriers. Quoi qu'il en soit il ne pouvait savoir exactement ce qu'il y avait dedans et cela l'énervait. Il ne pouvait se permettre de perdre trop de soldats, surtout à cause d'un piège drow. Et l'idée initiale était de faire sortir l'ennemi, idée à laquelle il tiendrait puisque les protecteurs n'étaient plus présents. Il espérait vraiment ne pas s'être trompé concernant le sort de ces deux fous - même trois s'il comptait l'autre mage qui avait osé insulter son protecteur devant ses soldats - d'ailleurs... cette magie étrange l'intriguait.

Il souffla longuement une nouvelle fois, puis se releva. Les enfumer ne fonctionnait pas ? Très bien, il allait devoir passer à plus fort, comme prévu dans le plan. Il donna ses directions à qui de droit et demanda à voir les mages de la terre présents non loin. De même, il essaya bien malgré lui d'entrer réellement en collaboration avec les Noss : les différentes tribus avaient réussi à faire effondrer les entrées des tunels qu'elles avaient pu trouver afin d'empêcher les Sombres de sortir de la cité par les souterrains. Là il allait falloir qu'il sache s'il se trouvait des tunels sous le palais - ce qui était fort probable - et surtout sous l'endroit où se trouvait cette grande fumée qui ne devait pas être. Soit ces connards de sombres sortaient de leur trou et se retrouvaient face aux archers elfes, soit ils se retrouveraient ensevelis, écrasés sous la pierre elfique. Menendas eut un petit sourire sadique en coin, sourire qui pourtant était teinté de tristesse. Cela pouvait parraître étonnant que des elfes aient décidé de détruire une oeuvre architecturale héritée de leurs ancêtres, un palais qui plus est. Mais aux yeux de tout haut-gradé sylvain il valait mieux perdre un trésor architectural plutôt qu'une seule autre vie elfique. Dans un quartier adjacent le long cri d'un cor retentit : Ardamir. L'elfe fit un signe négatif de la tête et en réponse le soldat chargé du cor d'Eteniril souffla trois coups : long, court, long. Cela signifiait qu'il fallait passer au plan B.

Après être descendu de son triste promontoire, le lieutenant s'entretint avec les mages demandés pour que tout le monde soit d'accord sur ce qu'il fallait faire : où se placer, à quel signe commencer, à quelles conditions arrêter... et également qu'ils n'oublient pas de se mettre à l'abris une fois le travail fait. Les informations apportées par la seule noss ayant daigné se joindre à cette partie de la "fête" mirent du beaume au coeur de Menendas... il existait bien un souterrain qui devait passer sous l'endroit où se trouvait visiblement l'ennemi. Celui-là ainsi que deux autres seraient les premiers à s'effondrer.

L'elfe congédia tout le beau monde, regarda un instant autour de lui et ne put s'empêcher de s'arrêter sur la fine silhouette de la noss qui repartait vers son clan. Elle était belle, vraiment, et semblait avoir bon caractère malgré l'endroit d'où elle venait... dommage qu'elle soit des noss, vraiment. Oui, vraiment dommage. Bon ! Et s'il se réveillait de sa torpeur ?! Il avait une armée à gérer et un palais à faire s'effondrer ! Il se retourna et marcha vers l'unité avec laquelle il serait, plaçant en même temps sur sa tête son casque sur lequel était gravée une orbe entourant un arbre.

A nouveau un long souffle du cor d'Eteniril retentit. Cette fois-ci les mages étaient prêts, ils commençaient même. La terre trembla, le palais commença à ne plus être stable. Il n'y en aurait pas pour longtemps... aux Drows de décider de leur destin.
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Khernal Baenfere
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... - Page 2 I_icon_minitimeMer 1 Juin 2016 - 21:20

"La Guerre est née de la volonté du Père des Bataille. Puisse Sa flamme se réveiller en vous lorsque votre épée Le servira !"
Dogme drow d'Uriz

Khernal réajusta les sangles de son armure. Il porta le regard sur les elfes, en contrebas des remparts, se déversant, armures scintillantes au seuil et armes tranchantes à la main, dans le mince lambeau de terre séparant la forêt de la cité.

Aussi lestemment que lui permettait les plates, il descendit les marches menant au chemin de ronde. Il s'approcha de ses hommes, postés en rang d'ognon derrière leur Faern d'Hosse. Celui-ci s'approcha à la rencntre de son chef et s'adressa à lui :

"– Maître ? Quels sont vos ordres ?
– Les nécromants ont ils lachés leurs abominations ?
"

Le drow acquiesça sans relever l'ironie.

"– Alors laissez les elfes approcher jusqu'au remparts puis tenez à distance pour retarder leur arrivée. Lâchez les rejetons de Teweion si c'est nécessaire, mais je ne veux au-cu-ne perte. Aucune. Faites le maximum de perte puis repliez vous. Gardez à l'esprit que la Cité est intenable. Quand les elfes arriveront, repliez-v... "

Le mage s'interrompit. Derrière le fracas du fer et les cris préludes à la bataille, une magie au caractère bien étrange _ bien que pas tout à fait inconnu _ était à l'oeuvre dans les tréfonds de la Cité. Reconnaissant l'essence de la source, Khernal laissa échapper un rire, qui, somme toute, ressemblait plus à un grognement qu'autre chose.

"– Ah ce vieux bougre d'Haldren Baenfere... Vous sentez cette magie, Faern d'Hosse ? Si vous sentez que son invocateur faillit et laisse cette magie hors de contrôle, ne vous attardez pas ici. "

Le mage laissa sa phrase en suspens et tourna les talons. Avant de disparaitre dans les rues de la Cité, il se tourna vers ses hommes et en pointa trois du doigt.

"– Zaar'k'ahn, Ym'kov, Elkin, avec moi. "

Les trois appelés s'avancèrent et suivirent Khernal. Les deux premiers étaient deux talentueux élémentalistes, respectivement du feu et de la Terre, glorieux combattants des arcanes du cinquième Ost. Le troisième était un mage du Sang. Khernal l'appréciait beaucoup pour son dévouement à toute épreuve et son fin esprit tacticien. Il ferait sans doute un bon Phord'ur dans le futur.

"– Vous voulez vous tenir hors des combats, Maître ? osa le premier des trois.
– Je souhaite... couper la tête du serpent... et pour cela j'ai besoin de vous.
"

Retrouvant l'esprit stratège de son chef, le drow sourit, découvrant ses dents jaunies d'alcool et tachées de tabac. Les quatre sombres s'enfoncèrent dans les ruelles de la Cité. Au nord, les premiers cris de la bataille résonnaient dans l'enceinte de pierre. Parfois, le grognement d'un mort-vivant se faisait entendre, souvent suivi de hurlements.

Ils arrivèrent devant un escalier de pierre qui montait sur les toits de la Cité. Ils arrivèrent à une lourde porte en bois que le temps avait rendu difficile à ouvrir.

"– Les Osts ont obstrué l'accés aux toits avant la bataille, pour qu'ils ne soient pas surpris par des elfes trop entreprenants. Mais je leur ai demandé de la libérer... commenta le mage.

Les gonds grincèrent lorsqu'Elkin s'avança pour ouvrir le lourd bâtant. Le bois craqua mais tint bon, et les dernières résistances cédèrent en même temps qu'un nuage de poussière recouvrait les drows. Il entrèrent dans un tunnel qui se terminait par une nouvelle rangée d'escalier menant vers l'extérieur. Les mages le franchirent au pas de course et débouchèrent à l'extérieur en ayant forcé la terre qui s'était accumulée.

Les elfes semblaient loin, bien que les cris se rapprochaient. La forêt devait sans doute grouiller des rejetons de Pentiens. Aussi les elfes longèrent les baraques à demi-effondrées sans aller plus loin. Quelques minutes passèrent, en silence, alors que les mages se rapprochaient des bruits de la bataille. Ici et là, les combats faisaient rage. Les elfes combattaient férocement, et étaient contrés avec tout autant de rage par leurs cousins sombres. Sentant la fin des combats et le repli des siens s'annoncer dans peu de temps, le Ditronw Da're fit signe aux trois mages de le suivre. D'un coup d'oeil, il repéra une lieutenant, ou une capitaine, peu s'en fallait, juchée sur sa monture, parmi ses soldats. Devant l'entrée du Palais, que les Peaux-Claires avaient déjà entouré, elle gardait les arrières de son armées. Un sourire s'épanouit sur le visage du mage. La bague brillante au doigt, il s'avança vers la commandante. Ou capitaine. Il haussa les épaules et tendit la main.




Le Faern d'Hosse Shindra Do'tkel, spécialiste en magie de la Vie, parmi les mages nécromanciens les plus respectés du Royaume Noir, regarda son dirigeant s'éloigner. Bien qu'il soit de plusieurs décennies son aîné, il respectait ce drow qui s'était hissé, après son oncle, au titre que lui ne convoitait plus depuis longtemps. Il se tourna vers ses subalternes et beugla ses ordres. Les nécromants se retireraient derrière les élémentalistes, qui eux même ne se mettraient pas plus en avant que nécessaire. Un cor sonna, d'un son dur et violent, bien loin des musiques elfes, pleines de poésie, Bien que pour les drows, l'appel du sang revête une certaine poésie. Tous se mirent en place. Archers sur les remparts, troupes dans l'enceinte, derrière les lourdes muraille. La bataille serait courte, tous le savaient. Personne n'oubliait le but qu'on leur avait donné : lâcher la Cité au prix le plus élevé.

Un second cor se fit entendre, par delà les murs du Palais du Protecteur, ou certains officiers s'étaient réfugiés. Les cordes tendues des arcs se relâchèrent et déversèrent des volées de flèches. Des elfes tombaient, mais un nombre toujours plus grand arrivait. Sur leurs tuniques, leurs insignes les distinguaient. On voyait par ici un arbre, par là une feuille. Mais tous s'étaient réunis pour reprendre leur ancien bien. Sindra Do'tkel sourit.

Enfin, la porte fut forcée. Une nuée de drow contint l'armée elfe, soutenus par les mages, déversant leurs sorts à grand coup d'incantations. Le Faern d'Hosse leva un bras, et l'abaissa rapidement. Un cri surpassa tous les autres. Une créature de chair et de sang, les yeux absents et l'air hagard, débarqua sur le champ de bataille. Toute droit sortie de l'imagination tortueuse de nécromants, sa puissance dépassait celle de tous les autres morts-vivants. Les quelques pas qu'elle fit, les bras se balancant, firent mouches par dizaines. Mais rapidement prise en cible, elle tomba, écrasant au passage quelques inattentifs.

Les minutes passaient. Les drows infligeaient de lourdes pertes aux ennemis de leur peuple, mais reculaient inexorablement vers la Cité. Au loin, Shindra écoutait la magie bien sombre à l'oeuvre sous la Cité. Il avait entendu Khernal évoquer le Ditronw Da're légendaire qui avait tenu tête à la Gardienne, plusieurs années auparavant, et dont le neveu commandait à présent lui-même le C'nros. Pourtant, il était mort dans l'affrontement, ou avait disparu, et nulle trace de lui n'avait été découverte. Comment pouvait-il être ici ?

En pleine réflexion, juché sur son promontoire sommaire, il fut interrompu par le départ d'une longue trainée noire sortant tout droit du Palais. Le elfes avaient donc renoncé à sauver leur Cité ? Ou un Sombre avait été imprudent ? Il appela vers lui quelques mages qu'il savait spécialistes des éléments de l'eau et de l'air, et se retira devant le bâtiment. Leurs efforts combinés ne portèrent pas leurs fruits et ils durent se résoudre à regarder leurs camarades sortir, crachant leurs poumons sur le sol. Puis, aussi soudainement qu'elle avait commencé, la fumée cessa. Sans demander son reste, le Faern d'Hosse repartit vers les combats, en adoptant le rôle actif qu'il voulait : il tint dans sa main droite le collier en os qui lui servait de focalisateur et, de l'autre main, invoqua un guerrier trépassa depuis le royaume de Teweion.

"– Lève-toi, guerrier de l'Elda ! Puisse ton armure de chair être impénétrable, et tes bras solides comme le roc, par la volonté de la Déesse des Morts ! "

Comme une litanie il prononça son incantation, et devant lui se releva bientôt un combattant en armure, le regard vide, qu'il envoya d'un revers de la main se jeter sur ses ennemis. Avec un dernier regard vers les troupes elfes, il hurla à la retraite et s'enffonça dans le tunnel.




Non loin de Khernal, un elfe s'enflamma sous l'effet du sort du pyromage qui lui offrit un regard entendu. Les quatres mages avancèrent vers les portes, conscient du risque que chacun courait. Deux flèches vinrent se planter à quelques pas d'eux, et une troisième vit s'éclater sur le bouclier magique du Ditronw Da're, qui, loin d'être aussi efficace que celui de son oncle, vola en éclat sous l'impact. Il grogna et d'un geste le reforma, en perdant au passage un temps et une énergie précieuse.

"– Couvrez-moi.

Un second elfe prit feu en hurlant. Un autre, plus loin, sentit son sang s'échapper par chaque pore de sa peau claire. Il mourru en se tordant de douleur sur le sol. Les portes de la ville se rapprochaient, avec elle le nombre d'ennemis. Khernal s'arrêta un instant et tendis le bras. Sûr d'être protégé par l'élémentaliste de la Terre qui déjouait les attaques contre lui, il incanta.

"– Treemma Snu'reion wun dosst shar... Treemma Snu'reion wun dosst shar... Treemma Snu'reion wun dosst shar... "

Peu à peu, la magie du Ditronw Da're infecta chaque esprit du champ de bataille. A son doigt la pierre sanguine éclatait de mille feux, alors que la Peur s'immiscait dans la tête des soldats. Une peur irrationnelle et pourtant indéfectible prenait chaque elfe. Leur esprit était empoisonné, leurs forces sapées. Pendant un temps, les drows purent reprendre le dessus sur les adversaires proches de la porte. Mais la magie a un prix. Chancelant, Khernal rompit le sortilège. Grisé par le Flux et l'adrénaline il ne vit pas la flèche faire de nouveau éclater son bouclier. Les elfes avaient repris contenance. Il aurait du prendre avec lui des Sargtlin et des Luth'Elghinn, mais n'y avait pas pensé et le regretait amèrement.

Enfin il capta l'attention de la cavalière elfe qui, sous ses airs de commandante supérieures, agaçait le mage. Ses troupes investissaient la Cité et il fallait vite décapiter leur tête. Ce serait la prochaine victime de Khernal. La Citadine éperonna sa monture, dégageant un passage pour la laisser charger à sa guise. Son arme à la main elle s'élança contre la petite troupe d'arcanistes.

Au cours de ses expérience, il avait remarqué que les personnes qui avaient plus commandé dans leur vie résistaient davantage à des attaques mentales. Là où un soldat qui obéit au doigt et à l'oeil laisse son esprit s'ouvrir à n'importe qui, les plus fins tacticiens et les mages les plus talentueux possédaient des barrières invisibles et inconscientes. De ce côté la soldate n'était pas en reste. Sur son visage était peint une détermination sans borne et rien d'autre que la mort ne la ferait flancher. Tant mieux. Pour la troisième fois le Ditronw Da're réactiva son bouclier magique. Il lança un regard appuyé à ses pairs et lança son esprit contre celui de la jeune elfe.

Le cheval de la commandante approchait, lancé au galop. Sa monture lui donnait un avantage de poids face aux quatre mages. Eux avaient l'avantage du nombre. Elle fendait l'air de son épée longue et se mit à tournoyer autour d'eux, leur empêchant toute retraite. Ses déplacements étaient imprévisibles. Aucun des drows ne pouvait se mettre à incanter, au risque de perdre sa concentration et de se faire embrocher. C'est d'ailleurs le destin tragique qu'attendait Zaar'k'ahn. Son imprudence lui couta la vie lorsque Feran profita d'un moment où il allait lancer sur elle une gerbe de flammes pour lui planter sa lame dans le coeur. Il rejoignit le royaume de Teweion en un instant. Un coup de maître qui ébranla les mages. Ils resserrèrent la position autour de leur chef pour le laisser déployer sa magie.

Khernal, plongé dans son monde spirituel, ne gardait qu'un lien ténu avec la réalité. Son corps, enveloppe charnelle pesante et encombrante, était libéré de son esprit, qui pouvait voler au dessus du monde. Mentalement, il repéra la commandante. Son esprit était devenu une flèche à la pointe acérée. Il décocha la flèche d'une impulsion magique qui alla se heurter contre les barrières mentales de Feran. A chaque assaut, il était repoussé. Les protections de la jeune elfe faiblissaient, les forces du mage s'amenuisaient.

Autour d'eux la soldate tournoyait, inssaisisable, virevoltant comme la foutue gazelle devant un arc bandé. Ses attaques étaient précises, ciblées. Les deux mages encore vivants avaient tiré leur épée et défendait la vie du Ditronw Da're. Pourtant, à chaque minute qui passait, un voile couvrait son visage, signe de l'intense bataille menait qu'elle jouait contre l'esprit de Khernal. Cela ne l'empêcha pas d'infliger à son adversaire magique une estafilade sanglante qui lui barra la joue. La douleur, cuisante, ramena instantanément Khernal dans la réalité. Son bouclier avait volé en éclat et lui avait sans doute sauvé la vie. Il tira son épée. Il chuchota un ordre à ses mages et la réponse fut immédiate : Elkin ferma les yeux quelques secondes, assez pour que le cheval de Feran s'écroule, un flot de sang se déversant de ses narines. Avant que les drows n'aient pu esquiver un geste, la commandante était debout et les chargeaient, l'épée à la main. Khernal para son premier assaut, son second et son troisième. Sa maîtrise des lames étaient nettement moindre que celle de l'elfe, aussi, au fur et à mesure de ses parades il la sentait prendre le dessus. Avec un hurlement rageur il para un coup d'estoc et rattaqua mentalement sa cible.

Le Ditronw Da're trouva enfin une brèche et s'y engagea. Feran hurla lorsque le mage s'imisca dans son esprit par une invasion brutale. Elle lança son épée contre son adversaire. Elle lui ouvrit la cuisse et la pression dans son crâne se relacha. Autour d'eux un cor retentit. Un cor elfe qui précéda le tremblement de terre qui ébranla le Palais. Les deux mages étaient occupés à protéger les arrières du drow des autres elfes venus soutenir leur commandante. Ils tenaient bon.

Sur le visage de Khernal le sourire provocateur avait laissé place à un rictus équivoque. La douleur déformait ses traits, la concentration lui fronçait le front et la magie le fatiguait. Il ne tiendrait pas longtemps à ce rythme. Sur lui la pression des elfes se faisait plus intense. Il devait maintenant faire face aux soldats qui lui trancheraient les jarrets si ses subordonnés n'étaient pas là pour les arrêter. L'un d'eux, le visage transformé par la haine, s'attaqua à lui. Son armure était plus garnie que les autres, signe de sa place hiérarchique. Un capitne, ou un lieutenant sans doute. Henaël soutenait sa Commandante à la bataille. Il ne vit cependant pas Elkin qui tendit les mains vers lui, un sourire carnassier sur les lèvres. Un hurlement à déchirer les tympans résonna dans les ruelles de la Cité. Feran se jeta, l'épée en avant, sur le mage de sang. Le sortilège de celui-ci atteint la Commandante, qui s'écroula, un filet de sang coulant de ses oreilles. Dans la mort, elle emporta Elkin d'un coup d'épée dans l'abdomen, qui rejoignit son compagnon en gargouillant dans le sang qu'il maniait avec autant de dextérité.

Khernal éclata de rire devant le corps sans vie de son mage et de l'elfe. Bien vite cependant, il engagea la retraite. Le Capitaine, sorti de sa torpeur, l'attaquait avec plus d'acharnement que jamais. Sa cuisse le faisait souffrir affreusement mais il gardait contenance et parait tant bieux que mal les attaques. Henaël se fendit et frappa. L'épée de Khernal vola dans les décombres d'une maison. Le mage se retourna et mis ses dernières forces pour rejoindre l'entrée du tunnel. Il s'y jeta, Ym'kov derrière lui. L'élémentaliste de la terre fit écrouler la cavité pour sécuriser leurs arrières. Péniblement, il soutint son chef que la retombée de l’adrénaline avait rendu faible. Le sang s'écoulait de sa plaie à la cuisse et menaçait de s'infecter dans la poussière ambiante. Ils titubèrent pour rattraper leurs congénères. Ce n'est que bien plus tard que Khernal réalisa qu'à son doigt, l'éclat familier de la pierre rouge avait disparu. A la place, de la crasse noire et de la poussière.
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Elvad Do'ana
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Il y avait de la magie dans l'air. Il pouvait en sentir les flux autour de lui. Les elfes leur préparaient une autre fourberie, plutôt que de venir les affronter en face. Les murs commençaient à vibrer. Des lézardes apparaissaient dans la pierre parfaitement taillée. Ils n'avaient pas le courage de venir prouver leur force alors ils s'apprêtaient à les enterrer vivants.

Pitoyables lâches, vous ne méritiez pas le don du Père.

Sans prévenir, un morceau de maçonnerie de plusieurs kilos lâcha juste au-dessus de lui. Le bloc tomba à ses pieds, éclatant contre les dalles en fragments qui volèrent en tout sens. Elvad porta sa main à l'une de ses arcades, dans laquelle quelques morceaux de pierres étaient encore logées. La douleur lui était comme lointaine, si vive qu'elle en devenait assourdie. Un filet de sang lui coulait sur le visage. Il s'approcha de l'endroit où les soldats se préparaient. Autour de lui le sol et les murs commençaient à se fissurer profondément, de la poussière chutait du plafond, les reliquats de la somptueuse décoration elfique était arrachés par les violentes secousses et occasionnellement un pan de maçonnerie se détachait. Elvad attrapa l'une des outres de liquide jaune et en but une longue gorgée sans réfléchir.
Le liquide était brûlant. Pire que ça, acide. Il ne sentait plus sa langue et sa gorge. Il lui tomba directement dans l'estomac. Bientôt, ce fut comme si ses veines étaient en feu. Il eut l'impression que sa vision se rétrécissait. Ses doigts se contractèrent tout seul. Son visage ruisselait de sueur. D'une main maladroite il attrapa son casque et se l'enfonça sur le crâne, puis il s'approcha de la grande pique à laquelle il avait suspendu Dyarque. Le reste de cadavre n'était à peine plus qu'un sac de peau et d'os, dont une bonne partie manquait. De sa main droite il dégaina sa hache, la levant bien haut au-dessus de sa tête. De l'autre il attrapa la lance et, avec un grognement, la souleva du sol, la calant sous son bras. L'ancien roi des elfes serait son étendard dans cette bataille. Il se retourna à moitié vers les soldats qui l'observaient. Il voulut leur adresser une dernières paroles d'encouragement, loué le nom du Père. Ne sortit de ses lèvres qu'un rugissement bestial mais qui trouva aussitôt un écho dans toutes les gorges drows.
Puis ils chargèrent. Il n'y avait aucune science militaire dans ce mouvement. Ils se ruèrent dans la direction probable de l'ennemi comme des bêtes féroces. Lorsque le passage se faisait un peu étroit ils se marchèrent dessus. Quand ils déboulèrent à l'extérieur du palais, vociférant, hurlant, leurs armes dégainés, leur soif de sang à leur comble, les elfes eurent un bref mouvement de recul. Il était difficile pour eux de croire qu'ils partageaient quelques ascendances avec les êtres qu'ils avaient en face. Puis les flèches plurent. Elles transpercèrent les rangs des drows. Plusieurs d'entre eux tombèrent. Mais la plupart faisait montre d'une résistance à la douleur surnaturelle et ne stoppèrent pas leur charge. Ils mourraient plus volontiers sur leurs pieds, continuant sur leur lancée, que rampant au sol. Elvad était à leur tête, géant en armure, portant bien haut son symbole de mort, plusieurs empennages dépassant de ses épaules ou de son plastron.

Le choc fut d'une rare violence, même selon les critères élevés des drows. Les soldats daedhels n'avaient aucun contrôle. Ils ne cherchaient qu'à répandre le sang au maximum, frappant au hasard avec tout ce qu'ils avaient sous la main. Ce qui aurait du mener à leur rapide extermination était contrebalancé par ce qui semblait une résistance hors-norme. La plupart se traînaient encore même avec des blessures qui les auraient laissés agonisants en temps normal. L'un d'eux, dont un bras était brisé et l'autre quasiment amputé, essayait de tuer les elfes autour de lui avec les dents. En plein cœur de la mêlée, Elvad ressortait du lot. Son armure maculé de sang, balançant sa hache en tout sens, certaines de ses blessures semblaient se refermer à vue d’œil tandis que le rubis de son arme brillait d'une lueur malsaine à chaque gerbe de sang qui l'éclaboussait.
Tout ceci ne dura que quelques minutes. Quelques minutes qui virent des litres de sang versés sur le sol et des mètre d'entrailles répandues. Les drows finirent par tomber, sous les coups répétés ou d'épuisement, tués par ce qu'ils avaient ingérés. Elvad fut le dernier. Encerclé de toutes parts, baignés dans ses humeurs et celles de ses ennemis, frappé de lances de tous côtés, il s'effondra finalement au milieu des rangs elfiques, glissant le long de son macabre étendard qui lui avait servit de béquille quand un coup d'épée lui avait brisé la rotule en deux. Il tomba, essaya de se relever sur un pied, glissa sur son propre intestin et rampa un moment au sol, les doigts serrés sur le manche de sa hache, essayant de tuer toujours plus, avant qu'il ne sente l'acier transpercer sa poitrine et qu'il ne plonge dans le noir et le silence comme on plonge dans une eau profonde.


Il eut soudain très froid. Sa poitrine était compressée. La première inspiration fut brutale, l'air pénétrant dans ses poumons meurtris comme des centaines d'aiguilles portées au rouge. Il cracha quelques chose de visqueux. Il voulut ouvrir les yeux seulement pour comprendre qu'ils l'étaient déjà. Il faisait noir. Il sentait l'odeur de la mort et de la décomposition. Quelques chose de mou l'écrasait. Il essaya de bouger le bras. C'était comme vouloir plier une branche d'arbre. Après bien des efforts, il réussit à se frayer un chemin entre les corps flasques de ses anciens compagnons et sentit le vent frais sur ses doigts. Agrippant ce qui lui tombait sous la main, essayant de jouer des épaules pour dégager le chemin, poussant de ses jambes, chaque muscle lui donnant l'impression d'appliquer un fer chauffé au rouge, il parvint enfin à sortir la tête et son deuxième bras, après plusieurs minutes d'efforts au bord de l'asphyxie. Prenant une vrai goulée d'air, il puisa dans ses forces pour le dernier soubresaut qui lui permit de s'extraire de sous les cadavres et de gagner la tiédeur nocturne. Dans le ciel le surplombaient les deux lunes. Leur lumière douce nimbait la scène d'une aura surnaturelle. Les ombres profondes donnaient aux soldats morts une allure presque vivante, cauchemardesque. Mais rien ne bougeait. Rien hormis lui.
Elvad se laissa glissa le long du tas de cadavre, atterrissant sur un sol de terre meuble. Il entreprit de rouler sur le dos et ne put retenir un grognement quand il se laissa choir. Il ne remarqua qu'à ce moment là, manquant de se la prendre, qu'il avait encore les doigts serrés sur le manche de sa hache. Il la lâcha lentement, un doigt à la fois, avec l'impression tenace de les fracturer à chaque fois qu'il en dépliait un. Il respirait lentement. L'air dans ses poumons, les sang dans ses veines, il avait l'impression d'en avoir été privés pour longtemps et son corps acceptait difficilement leur retour, l'élançant de douleurs au moindre prétexte. Doucement, il leva sa main et tâtonna contre son plastron. Il trouva le point d'impact, une large ouverture béante, le métal transpercé. Il parcourut du doigt les rebords : la faille était longue, fine, sans doute une quelconque pièce elfique de grande qualité, le métal tordu vers l'extérieur signalant un point de sortie. Il plongea les doigts à l'intérieur, jusqu'à toucher sa chair. Il s'attendait à trouver une blessure béante. Il avait sentie la morsure dans ses chairs. Mais pourtant il n'y avait rien de tout cela. Rien qu'une masse de tissu spongieux, insensibilisée. Il enfonça légèrement ses doigts dedans. Il sentit du sang et d'autres humeurs suinter. Il releva la main. Ses doigts étaient rouges. Mais pas de traces de gangrène. Il laissa retomber son bras sur le sol.

Il ne pouvait rester là. Les elfes avaient du les emmener dans une quelconque fosse commune le temps de vérifier tout le reste de la Cité. Mais ils pouvaient venir à tout moment et il n'aurait alors aucune chance. Il entreprit de se relever, opération qui lui demanda de gros efforts. Dans un premier temps, il marcha même à quatre pattes, moitié rampant, désireux de s'éloigner de cet endroit sans perdre de temps mais ses jambes incapables de le porter seules. Il parvint finalement à se remettre sur pied en s'appuyant contre un mur. Un éclair de douleur traversa son genou gauche tandis que la blessure de sa rotule se rappelait à lui. Il boita misérablement. Quand il commença à s'intéresser à l'endroit où il était, il ne lui fallut pas longtemps pour repérer le quartier : non loin de ceux détruits par le serpent de pierre, dans la partie la plus ravagée de la ville par les combats initiaux, les drows n'y avaient entreposés que les cadavres et les parcs à esclaves. Le tout abandonné lors de la retraite. Le palais et les autres endroits importants pour les elfes étaient à l'autre bout de la Cité. Il avait de bonnes chances de réussir à ne croiser personne.

Il traversa ses rues désertes, s'enfonça entre des bâtiments abandonnés. Il voyait les murs, ou ce qu'il en restait, qui le surplombait, à peine une centaine de mètres plus loin. Ils étaient son objectif. Dans la ville, il n'avait aucune chance d'échapper aux elfes plus de quelques jours. Dans la forêt, sans s'arrêter de marcher, en fonçant vers les positions drows... et bien ses chances n'étaient guère mieux mais au moins elles existaient. S'était occupé à ses réflexions qu'il tomba, dans une petite cour intérieure, sur un spectacle pitoyable. Un elfe, un taledhel, était assis bord d'un ancien bassin désormais vide. Il laissait sa main racler contre la mosaïque qui en constituait le fond comme s'il y avait encore de l'eau. Ses phalanges étaient en sang et laissaient voir les os. Ses cheveux étaient secs et tombaient devant son visage. Sa peau était comme parcheminée et certains endroit partaient en lambeaux, révélant des fibres musculaires comme du crin de cheval. En entendant les bottes du prêtre tinté contre le sol, l'elfe se retourna avec une vitesse surnaturelle. Il avait le regard fou, les lèvres à moitié arrachées et la peau du visage dessinait presque parfaitement la forme de son crâne. Le mort-vivant eut un bref instant d'immobilité parfaite. Puis il se jeta sur Elvad au moment exact où celui-ci levait sa hache.

Il allait un peu plus vite désormais, boitant moins. La lame de sa hache scintillait de quelques gouttes de sang marronnasse. Il n'y avait pas grand reste de vie dans un mort-vivant, mais l'enchantement de l'arme avait pu en extraire de quoi le soigner légèrement. Il le fallait puisqu'il n'était pas certain que le cri n'avait pas alerté des elfes non loin. Malheureusement l'arme n'avait aidé à guérir que les blessures les plus évidentes, et encore que partiellement. Il clopinait toujours et chaque pas en avant était une épreuve de volonté contre la douleur qui essayait de le mettre à terre. Mais il était presque aux remparts désormais, non loin d'un endroit, partiellement effondré, où il pourrait les escalader et ressortir dans le Jardin sans trop de problèmes. Il y parvint finalement. L'escalade fut pour le moins malaisée. Des prises peu stables ajoutés à sa fatigue musculaire rendaient sa progression chaotique, lente et surtout bruyante. Combien de fois s'était-il attendus à entendre un cri de guerre sylvain et à sentir une flèche lui transpercer le dos ? Bien trop. Mais aucune flèche ne vint. Il se laissa tomber plus qu'il ne descendit la pente de l'autre côté. L'herbe épaisse qui l'accueillit quand il s'échoua au sol avait quelque chose d'encourageant, bien qu'il ne l'aurait jamais cru si on le lui avait dit. Il se releva, jaugea à peu près de la direction selon ses souvenirs, et marcha maladroitement vers la lisière de la forêt. Il gardait les yeux rivés sur les arbres et les ombres du sous-bois, luttant contre l'évanouissement. Il avait froid et pourtant la sueur lui coulait le long des tempes, venait lécher la commissure de ses lèvres, s'y mêlant au sang qu'il toussait de temps en temps.
Il pénétra dans la forêt à peine conscient de ce qu'il faisait. Il trébuchait sur les racines et les pierres, les ronces et autres fougères s'accrochaient à ses jambes. Il ne sentait pas leur morsure. Il devait avancer et ne se concentrait que sur ça, un pas à la fois. Il lui sembla passer près d'animaux. Une meute de loups en maraude le regarda traverser leur route, babines retroussées mais n'osant pas attaquer, leur instinct animal sentant confusément que l'apparente vulnérabilité de leur cible n'augurait rien de bon. Autour de lui c'était le silence. Seuls ses grognements de douleur et les grincements de son armure étaient perceptibles, ponctués parfois par le bruit lourd d'un chute sur l'humus qui recouvrait le sol. Lorsqu'il ne pouvait plus marcher, il rampait, n'arrêtant jamais sa progression. C'était un défi à sa volonté, à son mental. Son corps ne pouvait guère être qualifié de vivant. Il commençait à sentir son esprit sombrer, ses yeux se fermer, quand il eu la soudaine sensation d'une chute. Il rebondit contre la roche, roula au bas d'une pente et s'écrasa finalement dans la boue, devant un mammifère fouisseur qui déguerpit sans attendre. Il essaya de se relever, puis ce fut le noir.

La lumière était faible quand il rouvrit les yeux. Il avait le visage couvert de boue, ses membres endoloris. Son bras gauche était brûlant et en essayant de le bouger il comprit qu'il s'était sans doute fracturé quelque chose. Il tourna un peu la tête, se dévissant le cou pour essayer de comprendre où il était. Il voyait une paroi de terre, de roches et de racines qui remontait vers la lumière. Il était tombé dans un trou. S'aidant de son bras droit, agrippant les racines qui dépassaient pour se hisser, il réussit à se remettre sur pied. En regardant autour de lui il vit que le trou continuait plus profondément, en un boyau que l'on pouvait à peine distinguer tant il était étroit. Des souvenirs remontèrent et il s'enfonça dedans. Au bout de plusieurs minutes d'une progression laborieuse où il réussit à rester debout essentiellement parce qu'il n'avait pas la place de chuter au sol il arriva dans une cavité plus grande. La lumière ici était à peine suffisante pour qu'il discerner les formes. Éboulis, effondrement... Il n'y avait aucun doute : il était tombé dans l'un des boyaux de sortie secret que les drows avaient creusé autour des tunnels d'invasion. Et visiblement, si les elfes avaient réussit à rendre les tunnels impraticables pour tout ce qui ressemblait à une armée, il restait encore des boyaux et des tunnels entre les éboulements. Et, peut-être, s'il était chanceux, un passage jusqu'à Yutar. Ragaillardis par l'idée, convaincu qu'Uriz avait guidé son chemin, il tâtonna dans le noir et entama une laborieuse progression.

Il y passa des jours, des ennéades peut-être. La faim était devenue une compagne permanente et la soif la seule saveur que sa gorge connaissait. Mais il avançait petit à petit. Seul. Dans le noir. Parfois, il avait du creuser son chemin, se servant de ses ongles et de sa hache. La douleur de son bras gauche était devenue presque oubliable tant qu'il le bougeait pas. Il ne lui arrachait un grognement de douleur que lorsqu'il le cognait dans un bout de roche. Au bout d'un moment, il commença à trouver que sa progression se faisait plus aisée. Les éboulis moins présent, les espaces plus ouverts. Jusqu'à marcher sur un sol plat, mieux, aplanis. Nul obstacle ne se dressait plus devant lui et il marcha lentement, au milieu de ce tunnel abandonné qu'avait auparavant foulées des armées. Puis il aperçut une lueur au loin. Elle lui fit d'abord mal au yeux, tant elle était forte pour ce à quoi il était habitué. Puis elle devint son phare, son guide. Il marchait lentement vers elle, se rapprochant petit à petit, pas assez vite à son goût. Quand, enfin, il arrivait assez près pour distinguer la flamme de la torche, il put aussi voir une silhouette sur le côté. Celle d'un soldat, qui pointait une lance dans sa direction. Une lance drow. Elvad s'approcha encore, sans même ralentir. Quand il arriva dans le cercle de lumière, il s'arrêta. Le garde qui le fixait le regarda et, apr_s un examen attentif, le reconnut.

« Ce n'est pas possible ! »

Alors, pour la première fois depuis ce qu'il lui semblait une éternité, Elvad déserra les lèvres, tâchées de sang et de terre, desséchées et d'une voix qui lui sembla étrangère tant il ne l'avait plus entendu pendant longtemps, répondit :

« Si. »

Il s'effondra au sol.
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