|
| En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] | |
| | Auteur | Message |
---|
Godfroy de Saint-Aimé
Humain
Nombre de messages : 196 Âge : 29 Date d'inscription : 10/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 40 Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] Dim 13 Mar 2016 - 20:28 | |
| Début 6e énnéade, Verimios, 8ème année, 11ème cycle « Par la verge d'Othar, il fait plus froid dans cette région du Nord que dans le cul du cadavre de mon arrière-grand-mère ! »
Et pour cause ! Le vent soufflait fort sur la Malelande. L'herbe rase elle-même s'inclinait sous le souffle des alizés de l'Est. De violentes bourrasques malmenaient les cimes des arbres, et on voyait chênes, hêtres et pins au loin, malgré la nuit. Sous la pénombre, seuls les sabots des canassons résonnaient, hormis les aboiements joueurs des Angolas, qui ne voilaient pas leurs joies de s'élancer dans la plaine. Cela faisait bien longtemps que les meilleurs compagnons de Godfroy n'avaient goûté l'air pur de la campagne, ou senti les caresses des vents nocturnes. C'était ainsi fièrement encadré que le marquis s'était élancé vers le pays Arétan, lui, ses comparses, et cinquante braves reîtres pour sa protection.
Sur sa monture, le marquis ne voilait pas son enthousiasme à l'idée de chevaucher. Sa grande et fidèle hache sanglée sur sa monture, revêtu d'un imposant pourpoint, le Saint-Aimé était passé par la ville de Ferté-sur-Cours où on l'avait salué avec enthousiasme. Sous la puissance du vent, le marquis était pourtant songeur, le visage éraflé par son imposante pilosité faciale : les fils du comte, ainsi que le comte lui même avaient perdu la vie. Il avait déjà rencontré les deux frères, Bertrand l'aîné, et Ewald le cadet, fils d'Alwin de Karlsburg. La fille de ce dernier, Iselda, était désormais comtesse, et en pâture à une armada de rapaces prêts à tout pour obtenir du marquis qu'il bénisse une union. Foutredieu, s'il n'avait point été marié, il l'aurait embarqué pour l'engrosser et s'arroger le titre de comte !
Mais il pensait mieux que cela. Judith était sienne, et pour rien au monde il ne changerait ses années de mariage. Mais le choix devait être judicieux, car s'il ne plaisait pas, Godfroy pouvait se retrouver avec une guerre civile Arétanne sur les bras. Les nobles de cette contrée savaient quel homme était leur marquis, et qu'on le nommait pas « l'Effroyable » pour rien. Mais cette crainte préventive ne sauverait pas le pays si leur suzerain à tous ne proposait pas un bon nom. Et les Cinq savaient qu'il en avait une. Au milieu de la nuit, les lumières d'un bourg apparurent à l'horizon, et chacun fut soulagé, les pensées de chaque homme se rivant sur un plat chaud et un toit - et qui sait, une femme !
« Hohé, le fier ! Tiens bien haut la bannière ! Strël ! Glök ! Ymïr ! Söbek ! Près de moi, là ! »
Comme si les foudres des Enfers les pourchassaient, ils se ruèrent sur le bourg, et parvinrent devant le château. S'assurant de ne pas écraser ses Angolas, qui jouaient autour du cheval, le marquis héla :
« Hé, du château ! Informez le maître des lieux que le marquis Godfroy de Saint-Aimé est là avec ses gens, qu'il fait route vers Arétria, et qu'il demande le gîte et le couvert pour la nuit ! »
Dernière édition par Godfroy de Saint-Aimé le Mer 30 Mar 2016 - 11:46, édité 3 fois |
| | | Arnoul de Stern
Humain
Nombre de messages : 105 Âge : 28 Date d'inscription : 19/02/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 84 ans Taille : Niveau Magique :
| Sujet: Re: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] Lun 14 Mar 2016 - 10:14 | |
| En plein milieu de la nuit, par un temps dégueulasse, Yvon avait été assigné au chemin de ronde, pestant contre le chevalier Wilfred Log. Avec son ami Hubert, ils avaient commis l’erreur de finasser un jour de pluie, et le bras droit du seigneur de Stern les avait découverts en flagrant délit. Commis à la surveillance du château à des heures extrêmes, les deux jeunes gens crachaient leurs vilipendages sur l’homme d’Arnoul, s’activant près du réchaud, afin de ne pas mourir de froid dans cette nuit battue par les vents. Au loin, il semblait y avoir du mouvement. Mais si tel était le cas, les avant-postes au-devant de Sternburg auraient dû déjà donner l’alerte. Non, à moins que ces derniers ne soient complètement cuits, comme dans la majorité des cas, l’ombre se mouvant ne devait être qu’un groupe d’oiseaux volant à basse altitude.
Ils décidèrent donc de piquer un petit somme, à l’abri derrière un parapet, se racontant tout d’abord quelques blagues salasses, histoire de détendre l’atmosphère. Le brasero à proximité leur permit de ne point se plaindre du froid, et ils commencèrent légèrement à somnoler, Yvon piquant de la tête le premier. Soudain, alors qu’ils étaient en passe de sombrer, un cri réveilla les deux hommes. Etonnés, ils se relevèrent, pour mieux entendre ce qu’on leur voulait. Hubert avait l’ouïe fine, et s’étonna encore plus de ce qu'on lui disait là. Le Marquis, ici ? A Sternburg ? Il jeta un œil pour observer les chevaliers en contrebas, que les torches parvenaient à éclairer. Il reconnut sans mal la bannière au cerf, et voulut les inviter à entrer. Cependant, Yvon, qui ne s’était toujours pas levé, le fit d’un bond, et dit :
« Ouais, c’est ça, on me la fait pas à moi ! Laisse le seigneur tranquille, ou bien… »
Il s’arrêta en pleine phrase, observant la bannière avec insistance. Hubert lui lança une œillade paniquée, et Yvon la lui rendit au centuple. Hubert leva les bras en direction de Godfroy et de sa troupe.
« Excusez-nous, m’ssire, on avait point vu vot’ belle bannière… On va vous ouvrir tout d’suite ! »
Yvon restait rivé sur le personnage de Godfroy. Il était sûr qu’il allait finir pendu pour avoir débité de pareilles conneries. Son ami lui mit alors une claque sur l’épaule.
« Réveille-toi ! Va avertir messire Wilfred, et le seigneur Arnoul ! »
Arnoul était d’une humeur exécrable. Non seulement il avait besoin de ses heures de sommeil pour être performant, mais il était en colère après le Marquis lui-même. Quel homme, quel que soit son rang, se permettait l’audace de réveiller un vieillard en pleine nuit, demandant le gîte et le couvert ? Il se souvenait d’une époque plus polie, où les gens arrivaient le soir. Peut-être que le monde changeait trop vite à son goût… Néanmoins, il avait dû accepter la demande du Marquis. Après tout, on ne laissait pas un homme de sa qualité coucher dehors. Et ç’aurait été extrêmement mal vu de refuser. C’est ainsi, vêtu à la hâte d’un immense manteau de fourrure, qu’il s’était présenté dans le hall, avec sa suite de chevaliers et de dames, attendant le Berthildois. Intérieurement, il pestait contre ce rustre, mais n’en disait mot.
Lorsque le grand homme, à la barbe soignée et fournie, se présenta à lui, Arnoul eut peine à reconnaître le jeune homme qu’il avait déjà pu apercevoir lors d’un banquet, il y a une vingtaine d’années de cela. Sa mémoire lui jouait des tours, parfois, mais les visages restaient souvent plus longtemps. Il fit une révérence, qui lui valut un avertissement de la part de sa colonne vertébrale, et il fut suivi par tous les Arétans de sa suite.
« Monseigneur, c’est un honneur pour le domaine des Stern de recevoir si illustre nom en ses murs. Même si l’heure est tardive… Vous aviez parlé de gîte et de couvert, n’est-ce pas ? Je peux vous proposer quelques quignons de pain, puisqu’il est un peu tard pour sortir les grands couverts. Mais le matin, vous mangerez à ma table. »
Le vieil homme bâilla, regardant avec insistance le Marquis Godfroy.
|
| | | Godfroy de Saint-Aimé
Humain
Nombre de messages : 196 Âge : 29 Date d'inscription : 10/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 40 Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] Lun 14 Mar 2016 - 10:33 | |
| Lorsque les larges portes de bois s'ouvrirent, Godfroy s'engouffra à l'intérieur avec ses hommes et ses Angolas. Il mit pied à terre, et le grand homme ne put s'empêcher de regarder là où il allait passer la nuit. C'était un bourg sympathique, où la douceur et le calme de la vie semblaient garder à distance le dynamisme des grandes villes. Tout ici respirait la sérénité, et ce n'était pas l'heure tardive qui faisait penser cela à Godfroy. Ce dernier fut invité à entrer dans l'intérieur du château, suivi par cinq de ses hommes et par ses chiens, qui, disciplinés, n'attendaient qu'un ordre de leur maître pour aller jouer.
Le propriétaire des lieux était un affreux vieillard, menaçant de briser sous une rafale trop puissante. Vêtu d'un grand manteau de fourrure, et suivi par un nombre conséquent des siens, ils vinrent tous accueillir le marquis. De coutume, ce dernier aurait échangé une virile poignée de main, et nombre de tapes amicales avec le seigneur des lieux, mais Godfroy ne souhaitait pas débuter son voyage en Arétria en tuant par inadvertance un seigneur local. L'homme, si vieux, semblait avoir été déféqué par le Temps lui-même. Le marquis frappa son torse, et inclina légèrement la tête par respect pour son hôte.
« Seigneur de Stern ! Mes hommes et moi-même nous contenterons de ce que vous avez à nous proposer. Mes Angolas ici présents se passeront de pain, et si viande il n'y a pas pour eux, alors de la bière sera suffisante. »
Le marquis s'arrêta, regardant successivement ses quatre fiers compagnons. Assis les uns à côté des autres, gueule ouverte et langue pendante, ils regardaient le seigneur de Stern et le marquis. Strël, celui aux poils les plus longs, s'allongea en étendant ses pattes après avoir aboyé au mot « bière ».
« Nous faisons route vers Arétria pour rencontrer la comtesse Iselda, fille d'Alwin de Karlsburg. La situation peut s'avérer complexe, et j'entends réglementer cela comme un bon suzerain le doit. »
Dernière édition par Godfroy de Saint-Aimé le Jeu 17 Mar 2016 - 13:53, édité 1 fois |
| | | Arnoul de Stern
Humain
Nombre de messages : 105 Âge : 28 Date d'inscription : 19/02/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 84 ans Taille : Niveau Magique :
| Sujet: Re: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] Jeu 17 Mar 2016 - 13:18 | |
|
Le Marquis avait une voix puissante et riche, digne de son personnage. Il faisait route pour se présenter à Iselda de Karlsburg, nouvelle comtesse d’Arétria, sûrement pour y recevoir l’hommage. Il s’était lui-même déjà rendu en ville pour rendre le sien à sa nouvelle suzeraine, et avait été l’un des premiers à le faire. Et pour cause, la plupart des autres nobles étaient en Oësgard, à affronter les Sombres. La nouvelle lui était parvenue qu’ils auraient été victorieux à Amblère, et que les hommes rentreraient bientôt. Arnoul, lui, avait hâte de revoir son petit-fils, Arnaud. Son inquiétude grandissait chaque jour. Arnaud n’était pas mort, mais plutôt dans un coma, qui pour lui, ressemblait plutôt à un sursis. Il souhaitait tellement voir revenir ses soldats, ses chevaliers… et son dernier héritier.
Le seigneur de Stern regarda les chiens un à un. Ils étaient bien bâtis, et ils avaient l’air joueur. Il se tourna vers son intendant, cette vieille raclure d’Egbert. L’homme, qui devait avoir vingt ans de moins qu’Arnoul, regarda son maître de ses yeux de fouine.
« Egbert, va aux cuisines. Que l’on apporte du pain, et de la bière. Et va également prévenir le burgrave, qu’il trouve des places dans la vieille caserne pour les hommes du Marquis. »
L’intendant acquiesça, et se dirigea vers les cuisines. Arnoul se reconcentra sur le Marquis, l’invitant à venir avec lui dans la Grande Salle. Ils marchèrent en compagnie de leurs suites respectives.
« Complexe, vous dites ? Iselda est jeune, et elle est entourée d’un nombre incroyable de flagorneurs, mais elle est loin d’être une faible damoiselle. Elle est une Karlsburg, et elle aura le soutien de ses vassaux. La mémoire d’Alwin va rester un moment dans les cœurs des Arétans, surtout maintenant que celui-ci a trépassé. Iselda est fille de héros, monseigneur. »
Ils arrivèrent dans la salle réservée aux banquets et dîners. Elle était vaste, et abritait de longues tables en bois de chêne. Sur les murs de pierre nue, des tapisseries étaient accrochés, ainsi que quelques armes, souvenirs des nombreux faides dont s’étaient rendus victorieux les Stern.
« Quelles nouvelles de Sainte-Berthilde, messire ? L’on m’a rapporté que l’enfant de l’Ivrey et de votre cousine a trépassé ? D’aucun dirait que c’est une fort triste nouvelle pour le Royaume… »
Arnoul avait eu vent des rumeurs concernant les projets de Godfroy. A vrai dire, c’était de notoriété publique. La mort de Bohémond l’arrangeait bien, mais apparemment pas seulement lui. Le vieux seigneur avait toujours détesté voir un enfant avec une couronne royale sur la tête. Le cou n’était pas encore bien rigide, et sa tête finissait par ployer sous le poids du métal. Les affres de la régente Arsinoé avaient sali l’or de cette couronne, la recouvrant de lisier alors que les armées du Comte manchot marchaient sur Christabel. Arnoul avait vu bien des rois s’asseoir sur le trône de Diantra. Ici, il vivait une crise sans précédent, et ce n’était pas un enfant qui allait incarner l’espoir d’une stabilisation. Non, il fallait un homme, pour porter cette couronne. Un vrai.
Les plateaux arrivèrent, garnis de pain et de fromage. Un autre plateau arriva avec de la charcuterie, et l’on amena également un tonnelet de bière, qui ne manqua pas de ravir les chiens lorsqu’ils le virent arriver.
|
| | | Godfroy de Saint-Aimé
Humain
Nombre de messages : 196 Âge : 29 Date d'inscription : 10/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 40 Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] Jeu 17 Mar 2016 - 13:52 | |
| Le marquis frotta sa barbe au menton, avant de gratter ses joues de ses gros doigts, une vieille moue crispée pour tendre la joue. Il retint un bâillement tandis que tous se dirigeaient vers la grande salle. Laissant la place en bout de table pour le propriétaire des lieux, Godfroy prit librement place autour de la table, s'écrasant de tout son poids sur un siège en lâchant un soupir de soulagement. Strël, Glök, Ymïr et Sobëk se dressant, pattes avant sur la table, à la recherche de quoi manger. Gueules ouvertes et langue pendue, ils offrirent un concert d'aboiement lorsqu'on apporta le dîner, sentant l'odeur de la bière, et surtout celle de la charcuterie.
« SILEEENCE ! » tonna la tonitruante voix du marquis à l'adresse des Angolas. Ces derniers gémirent d'impatience, s'asseyant, tandis que leur arrière-train trémoussait, trahissant leur faim. Le marquis alternait son propre service et celui des chiens.
Tantôt il s'emparait de la moitié du plateau de charcuterie, la versant dans son assiette, tantôt il piochait dans cette dernière, envoyant avec leste la viande à ses chiens, s'assurant du coin de l’œil que les quatre mangent. Le seigneur Arnoul fit amener un tonnelet de bière, que le page servit dans un grand saladier. Les Angolas se ruèrent dessus.
« Navré seigneur Stern...Ils ont beaucoup courus. Merci pour vos attentions à leur égard. » Commençant aussi à manger, alternant grosse miche de pain et morceau de fromage conséquent, le marquis répondait, bouche pleine, lorsqu'il ne s'arrosait pas l'estomac d'une lampée de bière à la chopine. « Je connai'chais Alwin. Un brave. Un bon homme du Nord. Ch'a fille est entourée de prétendants, maint'nant. L'nouveau baron d'Olyssea, Ch'igvald, n'est pas marié mais...la dernière fois qu'Arétria et Oly'chea n'ont fait qu'un, c'la a coûté une guerre, durant laquelle j'ai perdu mon aîné. Je ne ferais pas la même erreur que ma cousine. J'pen'che que...c'lui qui...serait bon candidat est c'lui qui s'rait fidèle...loyal...et obéissant. »
Godfroy savait déjà qui bénir pour une union avec la fille Karlsburg. Il ne le révélerait pas encore, ne sachant pas vers qui le seigneur Stern s'était tourné, vers qui son soutien s'était tourné. Même à son âge, un homme restait un homme, et un noble vieillissant conservait jalousement son pouvoir. Godfroy finit sa dernière bouchée, puis lâcha un rôt tonitruant qui alla même jusqu'à faire lever le museau des Angolas de leur soupe de bière. D'un ongle, le marquis ôta un bout de pain d'entre ses dents, puis sortit de sa poche sa pipe, qu'il bourra grossièrement et sans aucun respect de l'art, puis il alluma le tout avec une bougie dont il s'empara sans aucune finesse.
« Pour Sainte Berthilde...Vous avez entendu la vérité. Le Roy Bohémond, mon petit cousin, est mort le mois dernier d'une pneumonie. Déjà que son autorité et sa légitimité étaient contestées, comment envisager l'avenir maintenant qu'il est mort. Mais je jure par le con des déesses que la couronne aura de nouveau quelqu'un pour la porter ! » Il avait ponctué sa dernière phrase d'un gros coup du poing sur la table, faisant trembler toutes les assiettes. « M'enfin...Pour en revenir à Arétria, seigneur Stern, j'entends que vous m'accompagniez à la capitale du comté. Votre âge fait de vous quelqu'un de respecté, et votre approbation pour le candidat de mon choix sera facteur d'unité autour du comte et de son épouse. Est-ce entendu ? »
|
| | | Arnoul de Stern
Humain
Nombre de messages : 105 Âge : 28 Date d'inscription : 19/02/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 84 ans Taille : Niveau Magique :
| Sujet: Re: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] Jeu 17 Mar 2016 - 16:26 | |
| Arnoul ne mangea pas, se contentant de regarder l’Effroyable se gaver de toute et nourrir ses chiens. Le vieillard sirotait tout de même une bière, écoutant le Marquis de Sainte-Berthilde lui expliquer la raison de sa venue en terres arétanes. Il parlait la bouche pleine, et ne semblait doté d’aucune classe. Néanmoins, Arnoul ne pouvait pas s’ériger non plus en exemple de la tenue, et n’y vit rien à redire. Il était plutôt concentré sur ce que lui disait Godfroy, car à cette heure avancée de la nuit, il avait du mal à rester éveillé. Ce qui semblait l’inquiéter le plus, c’était le nombre de ses prétendants, et toutes les demandes qu’elle allait sûrement recevoir. Le Marquis, lui, cherchait déjà le meilleur candidat pour sa future vassale.
« Si la Comtesse souhaite trouver conseil, ses vassaux les plus loyaux sauront lui répondre avec honnêteté. Mais si vous avez également une idée, messire Godfroy, je suis sûr qu’Iselda de Karlsburg saurait vous écouter. »
La fin de sa phrase fut presque coupée par une violente quinte de toux, de celles qui l’assaillaient parfois. Il se reprit vite, pour mieux entendre le Marquis lui répondre d’un violent rot, sonore et percutant, qui emplit la salle en se répercutant contre les murs. Même ses chiens relevèrent la tête. Arnoul soupira, et reprit une gorgée de bière pour se délier l’œsophage, qui lui démangeait depuis qu’il avait toussé. Godfroy se saisit d’une pipe, qu’il bourra comme il le put, et qu’il commença à fumer. Pendant ce temps, Arnoul le regardait, il ne disait ni ne faisait rien d’autre. Tapotant la table, il attendait que le Berthildois lui confirme la rumeur de la mort de Bohémond. Apparemment, c’était avéré, et en bon prétendant au trône, Godfroy s’était juré de donner un roi à la Péninsule, frappant même du poing pour montrer sa détermination.
« Les couronnes sont faites de métal. Cela veut dire qu’elles sont lourdes et froides, sous leur aspect doré et chatoyant. Un enfant ne devrait pas avoir à porter un tel fardeau. »
Arnoul cessa de faire pianoter ses doigts sur le chêne, lorsqu’il entendit le Marquis lui ordonner de l’accompagner jusqu’à la capitale. Il se racla la gorge.
« Ce serait un honneur, messire. Mes vieux os grondent et vous insultent, mais je vous en suis très reconnaissant. Je risque cependant d’être de bien effroyable compagnie, une fois que je serai reposé, et que ma mauvaise humeur coutumière viendra vous le faire regretter. »
Arnoul dévoila ses dents dans un petit rictus, et prit tout de même un petit morceau de pain. Il appela son plus fidèle chevalier, Wilfred Log, qui accourut auprès de son seigneur.
« Oui, monseigneur ? »
« Tu accompagneras le Marquis jusqu’à sa chambre, et tu veilleras à ce qu’il ne manque de rien. Je suis extrêmement fatigué, et d’après messire Godfroy, je vais devoir me lever pour l’accompagner sur le chemin d’Arétria-ville. Fais bien savoir à tous que le Stern de Sternburg sera Karla, ma petite-fille. Je compte sur toi pour veiller sur elle, sur sa sœur Hildegard, et sur mes terres. Tu ne m’as jamais déçu… »
Le chevalier frappa sa poitrine.
« Et c’est pas demain la veille que ça changera, messire ! »
Le cinquantenaire salua le Marquis se rendant à la grande porte, afin de l’attendre une fois qu’il aurait fini de fumer la pipe. Arnoul se releva lentement, sentant ses articulations le faire souffrir.
« Mon dernier pupille encore en vie… Rares sont ceux qui survivent, dans mon entourage. Je les enterre tous… »
|
| | | Godfroy de Saint-Aimé
Humain
Nombre de messages : 196 Âge : 29 Date d'inscription : 10/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 40 Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] Jeu 17 Mar 2016 - 18:24 | |
| Ah, ce drôle là l'amusait ! Alors qu'il s'apprêtait à éclater de rire et asséner une grande tape sur l'épaule du vieillard, il se ravisa juste à temps, se contentant de rire à gorge déployée. Godfroy asséna de grandes claques au bois, crachant sa fumée par son nez et ses lèvres. Il riait tant, qu'on entendit progressivement sa toux devenir grasse. Le marquis se racla la gorge jusqu'aux abysses, et cracha un mollard visqueux et épais dans son verre. Du revers de la main, il s'essuya la barbe, et continua de rire, tempérant son humeur enjouée.
« Ah, ça fait longtemps que j'avais pas bien ri. Nous serons une joyeuse compagnie, vous me conterez des histoires sur ces jeunes pourceaux que vous avez vu naître et qui se pavanent comme des paons ! Foutredieu, un peu plus et vous seriez mon grand-père ! »
Le rire du marquis se fit jovial, puis comme les affaires reprenaient le dessus sur la conversation, Godfroy se calma tant bien que mal. Toujours à moitié souriant en fumant la pipe, il arborait la mine enjouée qui signifiait tant de choses. Elle pouvait voiler une profonde colère, tout comme une sincère affection ou un respect non feint. S'avérant à double tranchant, elle recouvrait parfois le rôle d'annonciatrice de mort soudaine, si l'interlocuteur était un ennemi. Mais là, le marquis reconnut la sagesse dans les paroles du vieillard.
« Vous parlez sagement, seigneur. Même le plus fort des hommes ne peut soutenir le poids du monde sur les épaules. Mais s'il s'entoure bien, il peut le soulever, et le modeler. Et je vous comprends, vieux seigneur. Aucun homme ne devrait avoir le malheur d'enterrer son propre fils. »
La soirée se conclut sur cette note. Le marquis passa une bonne nuit de sommeil, réchauffé par Strël et Sobëk qui vinrent lui voler la moitié du lit en se blottissant à ses côtés. Le lendemain, de bonne heure, le château s'activa, et à l'aurore, le convoi partit, revivifié par une bonne nuit de sommeil, et agrandi par le seigneur de Stern et sa troupe.
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] | |
| |
| | | | En route pour le Nord | Arnoul de Stern [Fini] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |