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| Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] | |
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Godfroy de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Sam 2 Avr 2016 - 17:27 | |
| 2ème jour, 9ème énnéade, Verimios, 8ème année Le marquis de Sainte Berthilde s'était entretenu par missive avec la baronne de Hautval dès qu'il était revenu d'Arétria. Durant la 8ème énnéade, ils n'avaient échangé que deux lettres, courtes et sommaires. La première proposait une entrevue à la baronne, à la frontière entre Olyssea et Hautval, au début de la 9ème énnéade. Godfroy se rendre après cela au tournoi organisé par Aymeric de Brochant, aussi il n'avait guère prévu de s'attarder. La réponse, elle, acceptait l'entrevue, revêtant la rencontre d'un certain voile d'anonymat et de mystère. C'est ainsi, qu'au crépuscule du deuxième jour de la dernière énnéade du mois, que la troupe légère, passée par le col de Kahark, s'était établie juste après la frontière Olysseano-Hautvaloise.
Un modeste chapiteau avait été dressé. Seule une légère bannière était plantée là. A vrai dire, hormis Godfroy, seuls se trouvaient là son fils aîné, Louis, ainsi qu'une vingtaine de cavaliers. Une escorte en petit nombre, vive et rapide, s'était ainsi détachée du cortège berthildois, où se trouvaient Judith et Éléonore, se dirigeant actuellement vers la capitale du marquisat voisin. Avant que les derniers rayons de l'astre princier ne se couchent, on vit venir, de la colline, une escorte montée. Une table avait été placée, avec de chaque côté, une chaise, deux verres, et du vin. Lorsque la baronne de Hautval parvint au petit campement improvisé, le marquis se leva. En armure intégrale, le colosse s'était revêtu de son entière panoplie de qualité, d'un gris anthracite mettant en valeur ses yeux et les quelques filaments gris de sa barbe.
« Baronne de Hautval. Merci d'avoir accepté cette rencontre. Prenez place, je vous en prie. » S'asseyant lui même face à Blanche, il prit un instant pour la détailler. Femme d'un certain âge, beaucoup auraient trouvé un certain désir à l'avoir dans leur lit, si la femme n'avait pas cette légère réputation de se rendre d'elle-même dans le lits des autres.
« Nous avons beaucoup à nous dire, me semble-t-il. » Servant deux verres de vin, le marquis conserva la parole. « Le royaume est dans un bien piteux état, n'est-ce pas ? Cela doit vous causer de la peine, je suppose. »
Dernière édition par Godfroy de Saint-Aimé le Mar 3 Mai 2016 - 14:49, édité 1 fois |
| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Lun 4 Avr 2016 - 19:22 | |
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A présent, Dame File-Comme-Le-Vent pouvait assurer sans détour qu’elle était une femme bien occupée. Sa relative inaction durant la guerre opposant le présentement Duc du Médian et la feu Régente Arsinoé d’Olysséa était révolue. Précisons tout de même qu’elle s’était tenue à l’écart après le fiasco, dont la génération ci-présente, du conseil visant à faire de Nimmio de Velteroc, un Roi, plus encore fut la demande qui présenta ses filles comme les dignes héritières du trône. Enfin ainsi est fait la vie : d’échecs. L’important est tout simplement de ne pas se confiner dans cette position. C’était tout de même amusant. Les évènements les plus improbables ne cessèrent de s’enchainer. A chaque jour sa nouvelle surprise quand ce n’était pas la mort d’un noble de haut rang, voilà que la nomination d’un autre prenait le pas sur le deuil est ainsi de suite. Blanche pensa que les Cinq devaient sans doute bien s’amuser à les regarder. Avec un certain recul, elle était curieuse de savoir quel sort, lui réserva le panthéon. Plus encore de quelle déité, elle était la marionnette.
A peine avait-elle quitté les murs de Soltariel-la-Ville, qu’elle devait déjà se rendre à l’opposé. Elle avait pressé ses hommes pour arriver dans les temps et c’était crotté jusqu’au cou qu’ils étaient rentrés. Pour la Garde obsidienne, ce n’était pas un problème. Ils étaient habitués à la crasse et avant d’atterrir comme garde du corps, ils avaient jalonné bien des batailles pour certains. Et pour d’autres, comme ceux ayant un passé d’assassin, les conditions n’étaient pas meilleures. La Dame du Val s’était parfaitement accommodée à la souillure. Afin de gagner du temps, ils n’avaient tout simplement pas fait halte à Hautval mais avait plutôt rejoint une seigneurie d’un clan de Helderion qui servait point de passage entre la frontière d’Olysséa et celle de Hautval. Sur la route, une dizaine de chevaliers s’était allié au cortège. Saluant l’hospitalité du seigneur du Clan du Cerf, Blanche s’était hâtée à se décrasser et avait revêtu quelques atours plus dignes de son rang. Le seigneur Morgan avait insisté pour se joindre à l’entrevue et elle ne se vit pas refuser. Si celui-ci était si prompt à protéger les intérêts de sa maîtresse alors elle le contenterait.
Descendant des monts, la délégation armée des bannières de la Chouette et du Cerf daignèrent enfin pointer le bout de leur nez. Les sabots battirent la terre sous les cris gutturaux du Clan de l’Elaphe contrastant avec la sévérité des Hommes-En-Noir qu’étaient la garde personnelle de l’Obsidienne. Tous mirent pied à terre. Le Marquis put remarquer que la Baronne n’était point cocounée dans une agréable diligence et afin de n’heurter aucune âme sectaire sur les préceptes ancestraux, elle avait choisi de monter en amazone plutôt que de chevaucher telle une guerrière. Enfin… Enfin… Tous pouvaient enfin mettre un visage sur celle qu’on appelait « la Putain de Hautval ». Le talon au sol, les fines-lames pouvaient admirer de majestueuses gambettes galbées enfermée en des cuissardes montantes jusqu’à mi-cuisse. Pour la pudeur, des cuissards tombaient jusqu’à son genou mais dévoilaient sa chair à l’arrière. Fort heureusement, les pans d’une tunique agrémentée de quelques voiles couvaient jalousement ses formes. Une jupe courte d’écailles parachevait le tout ourlant ainsi ses hanches. Un plastron de cuir finement ouvragés en quelques entrelacs argentés moulaient son buste soulignant ainsi ses courbes. Des épaulières où se dessinaient les serres reflétant l’emblème retenaient une cape légère où se mêlait aussi les manches bouffantes de sa chemise. Elle ne portait apparemment pas l’épée et ne semblait pas armée. Un simple voile retenu par une tiare couvrait sa chevelure d’ébène. L’ensemble de ses atours était évidemment d’un noir de jais signe de deuil et cela lui allait à ravir contrastant avec sa peau de porcelaine. Le regard d’un bleu royal embrasait alors la silhouette du Marquis. Blanche se plia alors d’une révérence élégante suivie en chœur par ses guerriers.
« Votre Excellence, Monsieur le Marquis Godfroy de Saint-Aimé, je vous remercie également de me recevoir. »
Blanche de Hautval avait une femme mûre mais aussi étrange que cela puisse paraître, elle semblait avoir conserver sa jeunesse comme aucune autre femme de son âge. Aucune ride ne troublait ses traits aussi lisses que de la soie. Lorsqu’on eut tiré sa chaise, elle s’assit et présenta alors un second protagoniste.
« Le Seigneur Morgan du Clan des Cerfs des Monts Corbeaux m’assistera. »
D’un signe de tête, elle remercia celui qui lui servit une coupe de son sourire carmin.
« La peine est le lot de tout homme, plus encore celui des femmes. Je regrette les événements de ces dernières années et je déplore l’éclatement péninsulaire. Qu'en est-il de votre position ? Je tenais aussi à vous signifier que mes prières vont vers vos deux vassaux, le Seigneur Alwin et la Dame Veae malgré les tensions. Nous sommes tous égaux face à la mort. Les Cinq nous le rappelle assez souvent. »
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| | | Godfroy de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Lun 4 Avr 2016 - 21:12 | |
| Derrière le marquis, Louis se tenait droit. A quelques mètres derrière, l'héritier du marquisat s'était vêtu de son armure également, épée au flanc. Des deux mains, la lame posée sur le sol, il tenait l'imposante hache de son père. A ses côtés, à quelques mètres de distances, la garde rapprochée du marquis, certains hommes parmi les plus féroces du marquisat, regardaient l'entrevue d'un œil attentif, jugeant d'un regard méprisant les hommes de Hautval. Assis sur une chaise qu'il menaçait d'écraser, Godfroy, quant à lui, avait les bras mi-pliés sur la table, chacun de mouvement étant accompagné par le cliquetis métallique des gonds de sa colossale armure.
« Je vous remercie pour vos pensées à l'encontre de mes anciens vassaux. Leurs successeurs sont loyaux et efficaces. Mais...vous déplorez l'éclatement péninsulaire, vraiment ? »
Se reculant sur sa chaise, manquant de rire, le marquis jaugeait son invitée. Un sourire élargi aux lèvres, dévoilant timidement les rangées de dents blanches, il demeura silencieux un instant avant de reprendre.
« De mauvaises actions peuvent avoir de bonnes conséquences. Je dois dire que je suis surpris, baronne. Beaucoup murmurent que vous vous êtes soulevés pour placer vos filles sur le trône, une fois ma cousine et son fils renversés. Quant à votre mari...que dire du fait qu'il s'est soulevé contre ma cousine, mais lui, clamant que l'Ivrey était régicide, écoutant un ensorceleur fou. »
S'avançant, Godfroy prit sa coupe, qu'il vida d'un trait, déplorant qu'elle ne soit pas plus grande. Dépassant d'une tête, même assis, son interlocutrice, il devait baisser la tête pour s'adresser à elle. Les sièges étaient inconfortables, et l'armure n'arrangeaient guère le fessier, frottant contre le fer.
« Au nord de vos terres se trouvent un grand nombre de territoires puissants, qui ont maintenu l'intégrité du royaume contre les Drows. Aymeric de Brochant a uni sous sa bannière des forces que, contre aucun autre ennemi, nul n'aurait su rallier dans un but commun. Et pendant que nous luttions contre l'ennemi, un homme grimpe à l'échelle du royaume, et veut s'emparer de la couronne, en bafouant nos lois, nos principes, nos traditions, et la dynastie régnante. »
Le marquis pencha légèrement la tête sur le côté, plissant les yeux. « Mais comme je l'ai dis : de mauvaises actions peuvent avoir de bonnes conséquences. Mais voilà que les territoires du Roy s'organisent d'eux-mêmes, et que votre époux viole la suzeraineté du duché d'Erac, s'emparant de ses terres. » Ralentissant ses paroles, le marquis s'avança un peu plus devant la baronne.
« Votre mari n'avait ni la légitimité, ni la force pour revendiquer la couronne. Aujourd'hui, de nombreux regards se tournent vers votre fille aînée, Alcyne. Mais il vous manque la force pour l'imposer, d'autant que cela vous opposerait directement à votre époux, qui s'est soulevé contre la légitimité de leur père. S'il les reconnait maintenant, ses seigneurs se désolidariseraient de lui : là où la racine se brise, l'arbre plie, et le mur résiste. »
Se servant un nouveau verre de vin, qu'il vida tout aussi vite que le premier, le marquis conserva toutefois la coupe dans sa main, et continua son monologue.
« Aujourd'hui, je suis le mur. » Plongeant ses yeux à la couleur de l'argent dans ceux de la baronne, le marquis demeurait inaliénable dans son ascendance physique. « Dans la Péninsule, Madame, il y a ceux qui suivent le Royaume du Sel, et ceux qui suivent votre époux. Puis il y a, toujours dans ce royaume, un grand nombre de seigneurs indécis, baronne. Ces marquis et ces ducs rejettent la personne de Bohémond Ier, considérant qu'il est mort, refusant d'être les marionnettes du Royaume du Sel. Ces derniers n'accepteront que le retour d'une figure forte qui saura unir autour de lui non seulement les indécis mais aussi les vôtres. »
« Il se trouve, Madame, que je suis cette figure forte. Je suis aujourd'hui en relation avec toutes les puissances du Médian, de Langehack, et de Serramire. J'ai reçu Niklaus d'Altenberg l'énnéade dernière, et lui ait fait mes propositions, que j'estime plus que généreuses compte tenu des circonstances. J'ai rencontré, pas plus tard qu'il y a quelques jours, le duc de Langehack, Oschide d'Anoszia, votre cousin. Il m'a assuré de son soutien. Et je suis en correspondance avec le marquis de Serramire, qu'on dit fort avisé, assez pour voir, dans ce que je lui soumettrais, l'intérêt de son marquisat, sinon le sien. »
Le marquis marqua une pause, remplissant son troisième verre, et l'engloutissant aussitôt, ne montrant aucun signe de faiblesse dans sa démonstration.
« Ces seigneurs ont aujourd'hui deux choix : s'unir sous ma bannière, reconstruire le royaume et rétablir la paix sous une autorité royale stable. Ou refuser de me rejoindre, et contribuer à l'éclatement du royaume que vous déplorez. Si vous êtes face à moi ce soir, c'est parce que j'ai une autre proposition, personnelle, à vous faire. Comme je vous l'ai dis, aujourd'hui la légitimité est vôtre, mais vous n'avez pas la force de vous imposer. Quant à moi, il me manquerait la légitimité, mais compensée par la force de mes alliés et la mienne. Je vous propose de nous allier, et laissez-moi vous dévoiler les cartes que je conservais pour vous : des fiançailles, entre votre fille Alcyne, et mon fils Louis. Ce n'est que par un acte aussi puissant que l'union que nous saurons, autour de nos personnes, fédérer les seigneurs du royaume. Sans compter les détails comme le comté de Scylla, que nous serions en mesure de revendiquer pour votre fille...Mais cela n'est que broutille. » Il avait agité la main négligemment, affichant un sourire trahissant explicitement l'ironie de sa dernière phrase. Faisant silence, il laissa la baronne répondre.
Dernière édition par Godfroy de Saint-Aimé le Ven 8 Avr 2016 - 7:42, édité 1 fois |
| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Jeu 7 Avr 2016 - 15:53 | |
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L’œil curieux sillonnait les différents protagonistes des lieux. Tout d’abord, attirée par l’imposante hache à deux mains que tenait le fils héritier. Elle se demanda si elle aurait pu manier une arme de cette facture et mettait dans un coin de sa tête cette idée. Il y avait bien parmi les terres réunissant désormais la Ligue, un maître d’arme capable de l’instruire de cette école disciplinaire. Puis les prunelles continuèrent de s’évader s’étonnant de l’attitude de ces gardes qui crachaient par leur seul regard la mésestime à l’encontre de ses protecteurs. D’ailleurs, le plus grand mépris était surement voué à la seule femme de la troupe, Odeline. Et son attitude n’arrangeait en rien les choses puisque la Lieutenante se tenait là, le menton bien haut, accordant un sourire sournois à tous ceux qui osaient croisés son regard. Son assurance était agaçante. Mise à part elle, le reste de ses gardiens avait une expression lisse d’indifférence. On pouvait même se demander si une seule âme habita leur corps. Les phalanges de la Dame du Val vinrent doucement caresser les nervures de son calice alors que Godfroy débutait son plaidoyer. Les billes rivées sur l’onde carminée, elle se rappela bien vite qu’il fallut qu’elle soutienne son regard. Les discussions politiques l’ennuyaient. A chaque fois, c’était un supplice mais cela restait une nécessité. Ses océans, aujourd’hui limpides, d’un bleu majestueu s’ancrèrent dans ceux de son interlocuteur. A la première question, l’Obsidienne acquiesça. Oui, elle le déplorait et même si la plupart lui jetait la pierre et accusait son époux du morcellement du Royaume, elle aurait bien voulu leur rappeler que cet éclatement était un mal qui débuta bien avant, au crépuscule du règne du feu roi Trystan. Naturellement, la Duchesse le laissa poursuivre. Déjà qu’elle n’avait en tout point non tiqué lorsqu’il l’appelait baronne et non duchesse mais cela témoignait tout simplement la condescendance que lui inspirait toute sa personne. Il ne reconnaissait pas ses titres et qui l’eut pu reconnaître mise à part une personne qui les gouverna tous. Après tout, n’est-il pas dans le même cas qu’elle ? Pas un seul roi ou une seule reine ne l’avait reconnu marquis. Blanche avait acquis son titre de baronne par la main du feu roi Trystan tout autant que l’eut été son époux en tant que comte. Tandis qu’elle réfléchissait sur les préceptes de ce qui fait un noble avec un titre ou non, le Colosse pouvait déceler un sourire énigmatique posséder ses lèvres vermeilles, si goûteuses. Entre deux tirades, ses lippes cueillaient quelques gorgées sans ajouter l’ombre d’un traître mot. Enfin lorsqu’il eut fini. Elle put débuter.
« J’ai une question. N’est-ce pas là, le rôle des Marches du Royaume ? Protéger nos frontières ? Alors pourquoi nous servir un tel argument ? Est-ce pour m’insuffler une quelconque culpabilité ? Ah ne vous méprenez pas, j’aurais aimé aider mes camarades contre cette sale race. Mais comme vous l’avez rappelé à juste titre, nous avions une autre guerre. »
Puisqu’il s’était penchée vers elle, elle en fit de même. Le coude rejoignait le bois tandis que sa joue se lovait au creux de sa paume. L’index vint récupérer une goutte du breuvage qu’elle amena à sa bouche pour n’en perdre un seul soupçon. Après quoi, la noble redessina encore et encore les contours de son calice.
« Oh d’ailleurs, je salue vos prouesses guerrières. Les vôtres, celle du Marquis de Serramire et celui d’Odélian. » Celui-là même dont le frère marcha contre elle au même titre que sa sœur cadette, agilement manipulée et veillant aux intérêts de son fils, ce qu’elle pouvait totalement comprendre. Elle trouvait l’écho de ses propres actes dans ceux de son sang, elle aussi, défendait ardemment les intérêts du fruit de ses entrailles.
« Connaissez-vous l’adage : manger ou être mangé ? Qu’auriez-vous fait à ma place ? Auriez-vous laissé une quelconque personne s’en prendre à vous pour seul motif que celui de la jalousie ? Arsinoé a tenté d’assassiner mon époux dans un premier temps tout simplement car elle voyait en moi une rivale et qu'elle croyait que je lui avais volé son seigneur et maître. Ensuite, après l’échec de sa tentative, elle a voulu m’anéantir et me destituer pour me faire du mal. Si son action était aussi légitime, pourquoi ne pas avoir sonné le clairon dans la bonne et due forme ? Au lieu de cela, elle a levé ses armées et a marché directement contre Hautval et Velteroc. Et là encore, elle n’a pas fait appel à ses vassaux légitimes. Moi, je vois plutôt cette situation comme une affaire personnelle. Rien qui n’eut rapport avec la dynastie. En somme, c’était de la politique de femme comme se plaisait à le dire si souvent, mon feu cousin, Aetius d’Ivrey. »
UElle prit une fine faussement interrogative en ajoutant.
« Hmmm. D’ailleurs si je ne me trompe pas, Aymeric de Bronchant n’était pas non plus favorable à Arsinoé d’Olysséa, n’est-ce pas ? En somme pour résumé la chose, chacun prend ce qu’il l’arrange le plus pour faire ses petites affaires. Que celui qui n’a jamais pêché, me jette la première pierre. »
Un sourire arma ses lippes dans une petite expression espiègle. Elle sondait dès à présent le Colosse instaurant un moment de silence jusqu’à ce qu'elle détourne son attention vers son index qui languissait tantôt contre le rebord de sa coupe. Mu par un geste circulaire, c’était dès à présent sa main entière qui imprimait une lente valse dans les airs, tournoyant encore et encore. La conséquence de cet acte était aux yeux des ignorants la plus vile des manifestations. En effet, Blanche avait extirpé des pans de sa tenue deux billes qu’elle fit rouler sur la table. Celles-ci après s’être immobilisées commencèrent à valdinguer dans un sens giratoire. Bientôt, leur surface ne touchait plus le bois massif mais tourbillonnait en chœur entre les deux camps.
« Parlons un peu des arcanes, voulez-vous. Sorcière, me direz-vous. Mais ne brandissez pas tout de suite vos épées. Nous ne sommes pas ici pour un cours de magie… Cependant, il est important de poser les bases. Ceux qui craignent la magie sont tout simplement les ignorants car ces derniers ne la contrôlent pas. C’est effectivement déstabilisant de se retrouver face à un phénomène inconnu dont on ne connait pas tous les rouages. D’autant plus, que généralement nous sommes confrontés à ceux qui l’utilisent mal comme par exemple avec la sale race. La magie en soi n’est pas bonne ou mauvaise, c’est l’usage que l’on en est fait qui détermine sa substance. Je suis moi-même Aéromancienne. C’est-à-dire que j’use de la magie de l’air, l’air est l’élément de notre bien aimée Déesse, Néera. Donc personnellement, je vois plutôt cela comme une bénédiction de notre Mère à tous. D’autant plus que je l’utilise pour me protéger. Donc, je ne l’utilise pas à mauvais escient. Pour en revenir à vos premiers propos, vous avez fait mention de l’ensorceleur fou. Voilà, là où je veux en venir. »
Les deux petites sphères ne tardèrent pas à quitter le centre de la table qui sous l’impulsion de sa concentration vinrent errer entre les gardes personnelles du Marquis jusqu’à encercler Louis autours duquel la farandole se perpétrait. « En fait, les actes de mon époux sont ce qu’ils sont car on manipula son esprit. Et l’instigateur de ce complot n’est autre que ce vieux mage, un proche ami du feu roi Trystan. Je ne me suis pas aperçue tout de suite qu’il était ensorcelé. Et je suis certaine que ses nombreuses fièvres qui le clouèrent au lit sont le fait de sa détermination à combattre ce mal. Donc je vous prie de ne pas condamner mon époux mais plutôt l’inspirateur de tous nos maux : Nakor. Mon seigneur et maître sait où est sa place. »
Elle baissa un instant les yeux sur son verre, s’il désirait ajouter quelque chose sur ce qu’elle venait de dire. A sa guise. Elle prit une troisième gorgée n’ayant pas encore vidé sa première coupe.
« Le Duc du Garnaad est une personne bien aimable avec des conseils avisés. Nous sommes aux faits de ses propositions. Concernant le Duc de Langehack et quand bien-même ce dernier est mon cousin, je vous conseillerais de ne pas vous reposer entièrement sur ses paroles. Il change ‘’ d’amis ‘’ aussi vite que le vent tourne une girouette. »
Elle ne tiqua pas non plus lorsqu’il lui jeta au nez sa supposée impuissance.
« En somme, ce serait votre fils, le Roi ? C’est bien cela ? A moins que vous avez l’audace de prétendre à vous ériger en monarque. Et de fait, si je puis me le permettre, vous avez critiqué mon époux pour la même entreprise, à la seule différence que mon seigneur et maître était lui ensorcelé par le malin et que dans votre cas, ceci est de votre fait. Qui est le plus à blâmer ? Quelle est votre point de vue, Sire Louis ? »
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| | | Godfroy de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Jeu 7 Avr 2016 - 17:38 | |
| « La survie est le devoir de chacun, dans ce royaume. Le rôle des marches est de tenir les frontières sûres. Le vôtre est de faire en sorte que nous n'ayons pas à regarder au-dessus de notre épaule. Mais vous ne m'avez pas écouté. »
Le marquis se leva, renversant par inadvertance sa chaise. Ne le remarquant même pas, il fit quelques pas, lents, sous les fines brises du crépuscule. Il regardait au loin les plaines de Hautval. En se retournant, il voyait celles d'Olyssea. Ses mirettes se posèrent un instant sur sa bannière, puis revinrent sur Blanche. N'ayant prêté aucune attention à petite démonstration de magie de la baronne, Godfroy ne releva pas ce qu'elle dit. Si un accident devait éclater ce soir, le Nord entrerait en guerre. Aussi était-il guère inquiété. Son ton était toujours calme, étrangement calme, même, pour qui le connaissait.
« Ma cousine était stupide. Une mauvaise personne, et une mauvaise dirigeante. Mais elle était légitime, ce qui rend la chose encore plus complexe. Le marquis de Serramire reconnaissait Arsinoé comme régente. Il a cependant protesté, avec raison, lorsque celle-ci s'est immiscé entre lui et sa terre vassale légitime, l'Oësgard. Une erreur de débutante. »
« De fait, rien ici n'est comparable à ce que votre époux a entrepris. Je n'ai eu besoin d'aucune épée pour m'assurer le soutien de Langehack, ni de onze milles morts pour avoir le contrôle de la capitale. Je n'aurais besoin d'aucune flèche pour convaincre le marquis de Serramire de se rallier à ma cause. Et je n'aurais besoin d'aucune arcane, pour que vous en veniez à me voir comme une opportunité d'unité. Voyez par vous-même comme les différences sont de taille. Vous parlez d'audace ? Oui, Madame, c'est d'audace dont il est question. Et je vous retourne le compliment : il est audacieux de laver votre époux de ses actions, en les remettant sur le dos d'un autre. »
Blanche de Hautval le prenait-il pour un sot ? Godfroy avait apprit que le vieux mage, Nakor, avait combattu les Sombres aux côtés de la coalition à Amblère, au début du mois. L'énergumène nourrissait des sentiments forts amers envers l'Ivrey et les siens, mais il était aisé de rejeter la faute des actions de Velteroc sur le vieux mage. Un peu trop aisé au goût de Godfroy. Ce dernier posa alors le regard sur Louis, qui attendait l'autorisation pour prendre la parole et répondre à la baronne.
« J'en pense, Madame, que le Royaume est dans une impasse. Le Royaume du Sel est isolé, avec à sa tête un enfant, qu'ils prétendent être Bohémond, mais que ni le Médian, ni les Marches ne reconnaissent. La Ligue attend un seigneur assez soutenu pour le reconnaître comme Roi. Quant aux Marches, les dernières régences les ont rendu sceptique, Madame, si ce n'est hostile, vis-à-vis de toute forme de contrôle d'un enfant-roy, ou d'une enfante-reine : vous souligniez le cas du marquis de Brochant, à juste titre. »
« Ce que je veux dire, c'est que les nobles et les seigneurs attendent une couronne qui soit forte, et qui fasse consensus. Si vous acceptez la proposition de mon père, nous aurons fais un pas vers la réunification. Votre fille me sera promise, et lorsque Tyra appellera mon père à le rejoindre, elle et moi monteront sur le trône. » Louis marqua une pause, comme s'il hésitait à aller plus loin. « Ces derniers mois, Madame, j'ai désespéré de voir le royaume uni à nouveau. Je vois ici l'opportunité de le réunifier, avec tous les seigneurs, vous la première. Et puisque vous me demandez ce que j'en pense, je dirais, humblement, que l'alliance de nos familles serait un grand pas pour réunifier le royaume. »
Le marquis ramassa sa chaise, se rendant compte qu'elle avait basculé, puis reprit place dessus, après que son fils Louis eut parlé.
« Je ne suis pas Arsinoé, Madame. Je ne compte pas châtier Altenberg, votre époux, ou vous-même, et cela même si un grand nombre le souhaite. Je pense fortement que Serramire me rejoindra. Langehack m'a déjà rejoint. Niklaus d'Altenberg a affirmé que lui et les siens reconnaîtraient qui serait reconnu par les puissants. Qui plus est, si votre souhait est de défendre votre mari contre ceux qui veulent le faire payer, je me permets de vous signaler que vous ne serez en meilleure posture pour le faire que si votre fille est promise à mon fils. Vous seriez la mère de la princesse, future reine du Royaume, et future marquise de Sainte Berthilde. Autrement, je crains que les choses soient bien plus complexes pour l'avenir du Royaume. »
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| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Mer 27 Avr 2016 - 17:19 | |
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« Je vous ai parfaitement écouté. Je ne suis pas encore à un âge où la surdité me guète et … J’ajouterais aussi que je ne prends pas en considération uniquement ce qui m’arrange. Donc soyez en sûr, Monsieur le Marquis, vous avez ma plus grande et parfaite attention. »
Par cette remarque concernant les marches du Royaume, Blanche de Hautval soulignait simplement qu’il était mal avisé de lui servir l’argument du « Euh pendant que vous vous disputiez la couronne tout ça tout ça, nous on défendait votre cul contre les sombres ». Chacun a sa place. Chacun possède son rôle. Là est celui des frontières. La suite de ses propos était accueillie avec un avis mitigé. Mauvaise personne, pas franchement, bien que Blanche tenait rancœur tenace à Arsinoé, elle ne pouvait lui reprocher ce que toute mère de ce monde aurait fait pour ses enfants : assurer son avenir. A moins que la Berthildoise avait agi uniquement pour s’élever. Au fond, elle ne savait pas et n'était pas en mesure de fournir un avis objectif. Mauvaise dirigeante, là, elle ne pouvait le nier. La feue Régente avait commis bien des erreurs durant son règne, aussi court fut-il. Alors qu’il continuait à discourir, l’Obsidienne rappela ses sphères à elle qui nonchalamment tournoyaient au-dessus de sa paume.
« Là n’est pas de l’audace, la simple vérité. Quel homme sain d’esprit aurait intenté une action aussi basse contre sa moitié, sachant qu’il perdrait tout son soutien et une perte non négligeable militairement parlant. Allons, cela reviendrait à dire que Hautval et Ancenis se rallieraient à l’Erac. Et l’ancienne terre de Velteroc se retrouverait bien pauvres d’alliés. Il faut tout simplement être fou s’enliser dans ce bourbier. »
Quant à Langehack, elle avait une idée bien arrêtée sur son détenteur : un opportuniste qui changeait d’allié comme de braies, se retournait contre ceux qui furent autrefois ses amis pour se graisser davantage la patte. Mais bon, après tout, c’était un sudiste, que devait-on attendre du Sud ? Ils ne sont tout simplement pas comme le Médian ou le Nord. C'était une autre mentalité. Elle avait déjà pu à loisir observer cette façon de faire avec Maciste. Elle connaissait donc bien la sérénade. Et pour avoir côtoyé plus d’une fois le Vieux renard d’Anoszia, elle avait pu se familiariser avec les rouages des Gens-d'en-Bas. Elle lui aurait bien confié de se méfier mais peut-être l'apprendra-t-il tout simplement à ses dépends. D’ailleurs, un instant son esprit s’échappa se demandant comment Langehack avec ses vieilles familles plutôt conservatrices, laissait faire à loisir ce Duc qui n’était pas de chez eux. Une moue de réflexion pinça un instant ses lippes. Sa réflexion rhétorique prit vite fin puisque la voix du jeune Louis lui parvenait désormais. Allons bon, bien sûr que ce dernier n’irait pas contre son père. Il serait fils de roi et par après, roi lui-même. Ahahaha. Osons la provocation.
« Dites-moi, Sire Louis de Saint-Aimé… Qu’est-ce que cela vous ferra de bourrer une pauvre enfant, une fois mariée à ma fille ? Vous êtes son ainé de hm… disons une quinzaine d’année. Enfin là, n’est pas le débat. Je m’éparpille un peu mais vous avez une sœur… et vous, une fille, sire Godfroy, je me demande quelle aurait été votre attitude si … Excusez-moi, passons. »
Le minois s'inclina un bref instant, démontrant qu'elle regrettait ce qu'elle venait de dire. Bon il faut avouer que livrer sa fille qui aura au pire une douzaine année lors de son mariage, au mieux seize ans ne lui allait guère. Elle se souvint de sa première fois qui ne fut pas des plus agréable mais avait eu la chance d’être mariée assez tardivement. Lorsque Godfroy prononça le nom de Niklaus, un sourire bien grand et affamé ourla ses lippes vermeilles.
« D’ailleurs, qui veut faire payer à mon époux ces agissements ? Et au nom de quoi ? Ce n’est pas lui qui a tué Arsinoé, ni même Bohémond d’ailleurs. Pourriez-vous me donner des noms que je puisse œuvrer à son salut … Autre chose, que comptez-vous faire du Sud qui ne vous reconnaîtra pas ? »
Elle attira la cruche de vin par le biais de ses arcanes et servit à nouveau le seigneur Morgan ainsi que sa propre coupe. Levant l’urne en direction de Godfroy, elle attendit sa réponse avant d’étancher la soif de ce-dernier si il le souhaitait. Cette fois-ci, elle vida son verre à demi.
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| | | Godfroy de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Ven 29 Avr 2016 - 9:31 | |
| Le marquis haussa un sourcil. Il se demandait bien ce qui pouvait pousser une baronne aussi isolée politiquement à faire preuve d'insolence envers un marquis. S'il ne s'apprêtait pas à être roi, il se serait énervé, et la retenue dont il fit preuve lui attira le regard curieux, sinon satisfait, de son fils, devant la finesse de sa réponse :
« Je suis sûr que mon fils, dans sa grande bonté, vous tiendra informé de ses ébats. Il rassurera toutes vos inquiétudes à ce sujet. Quant à ma fille, je lui trouverais un mari, un homme fier, fort et viril, à qui elle donnera des fils. » Tout ce que le couple entre Velteroc et Hautval était à des lieues d'être.
Un instant, Godfroy se rappela pourquoi les femmes ne se mêlaient généralement pas de politique. Demandait-elle vraiment qui voulait la tête de son mari ? Par où commencer ? Par le Sud qui, bien qu'amusant en croyant à son propre mensonge, demeurait bien brave de rester fidèle à celui qu'il croyait être Bohémond ? Ou au Nord, fidèle entre tous à la couronne, qui se tournerait vers l'homme qui saurait les rallier, rejetant d'office une enfant de même pas six hivers, et qui serait régentée par une femme comme Blanche de Hautval ? Que dire alors du Langecin, dont le duc semblait fort versatile, mais qui avait gagné le respect de Godfroy en rejetant l'association de la Ligue, qui, tôt ou tard, serait forcée de reconnaître le marquis comme roy, lorsque celui-ci aurait acquis les soutiens du Nord.
Godfroy se demanda réellement un instant si son interlocutrice mesurait l'intégralité de la situation. Avait-elle d'autres choix que de se tourner vers lui ? La Ligue le reconnaîtrait, tôt ou tard, et elle serait dans une position fort inconfortable, où sa fille serait à nouveau écartée si elle refusait l'offre de Godfroy. Se tourner vers le Sud était irréaliste : Godfroy avait bien sûr pensé à un mariage entre le marmot qu'il affirmait être Bohémond, et Alcyne. Que dire de cela ? Que dire d'une telle promesse, lorsque le mari même de Blanche de Hautval n'avait pas reconnu les droits de ses filles à la couronne, tout comme il n'avait guère reconnu Bohémond comme roy de son vivant. Le schisme qui aurait lieu isolerait à la fois Blanche de Hautval, et Nimmio de Velteroc. Qui plus est, les nobles qui avaient soutenu l'Ogre et son épouse s'empresseraient de se rebeller, forts déçus qu'ils seraient que leurs convictions soient ainsi bafouées par leur baronne, qui démontrerait par là qu'elle n'est qu'une femme prête à trahir non seulement les autres, mais elle-même, pour espérer voir ses filles sur le trône. Fort de son ascendance, le marquis répondit :
« Je donnerais une chance au Sud de se rallier à moi. Sinon, ils pourront continuer de se complaire à croire au mensonge qu'ils ont bâti. Mais si le Sud entreprend ne serait-ce qu'une action pour mener l'un de mes vassaux à rompre son serment, alors je les anéantirais. Je défendrais mes intérêts, et ceux qui me seront fidèles, jusqu'à mon dernier souffle. Mais je ne tolérerais pas qu'on tente de les saper. »
Godfroy s'arrêta un instant. Les yeux dans le vide, il pensa un instant à ses vassaux. A Sigvald et à Roderik. Il pensa au Nord, puis au Langecin, à Aymeric de Brochant, à Oschide d'Anoszia. Puis, il prit la plume qui était devant lui, scellant l'encrier, et le vélin qui était là, aussi. Il se mit à écrire, sans dire mot, sans prononcer la moindre parole. Et plus il écrivait, plus il souriait. Lorsqu'il eut fini, il rédigea un long texte, le même, sur un second parchemin, qu'il tendit à son fils afin qu'il le conserva. Enfin, il lut le premier vélin à Blanche de Hautval.
« A vrai dire, j'ai mieux à vous proposer. Quelque chose qui vous sierra mieux, Madame. »
Sur le vélin, on pouvait lire ceci :
« Moi, Godfroy de Saint-Aimé, marquis de Sainte Berthilde, seigneur de Saint-Aimé, de la Toranne et d'Erignac, par la grâce des Cinq et en leurs noms, salut.
Entendu que le décès du roy Bohémond Ier en nos humbles terres a plongé le royaume dans un chaos plus grand et indescriptible qu'il n'aurait pu l'être, le marquisat a souhaité se poser en garant de l'unité des hommes, et en ce nom, proposer un candidat à la couronne du royaume. Toutefois, compte tenu des événements tragiques de l'année, le marquisat de Sainte Berthilde n'a pas souhaité offrir une voie qui diviserait plus qu'elle n'unirait les nobles du royaume, et affirme, autant qu'il reconnaît, les droits d'Alcyne de Hautval, fille de Blanche de Hautval et de feu Aetius d'Ivrey, à la couronne du royaume des Hommes. Le marquisat n'aura de cesse de défendre les droits légitimes d'Alcyne de Hautval à la couronne, et au retour d'un conseil de régence, dont le marquisat de Sainte Berthilde se propose de prendre la tête, et dont les membres ne seront autres que les ducs et marquis du royaume. »
« Cela pourrait être lu sur toutes les places publiques de Sainte Berthilde, su dans tout le royaume, dès les prochains jours. Qu'en dites-vous, Madame ? Les nobles n'accepteront pas que vous soyez la régente, mais accepteraient que je le sois, en étant secondé par l'ensemble des grands seigneurs. Dont vous. Dont votre époux. »
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| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Mar 3 Mai 2016 - 11:43 | |
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Ce que pouvait sans doute affirmer Blanche en cet instant s’est que Godfroy ne la tenait pas forcément en très haute estime. Il est vrai que c’était sans doute la première fois qu’ils se voyaient et se parlaient. Et force est de constater que la réputation avait fait son œuvre. Blanche se méfiait de ces gens qui se forgeaient une opinion sur des rumeurs et autre « on dit » à tout va. Il ne la connaissait pas et elle le regrettait qu'il ne prenne pas la peine de le faire. Il faut se le dire, elle n’était pas non plus avenante, si bien qu'elle avait la fâcheuse tendance d’être sur la défensive lorsqu’elle se tenait face à un inconnu qui ne l’estimait pas forcément, du moins pas de la façon dont elle le voudrait. La brève « effusion » des hommes du Marquis ne lui échappa pas ce qui lui indiqua qu’encore une fois ses mots avaient dépassé sa pensée. A sa réponse, Blanche lui offrit un sourire forcé de rigueur.« Je vous remercie et souhaite bien du bonheur à votre fille. »Elle ne releva pas la pique déguisée. En dépit du fait que Nimmio et Blanche était un couple atypique. Ce dernier l’avait déjà honoré plus d’une fois et deux enfants naquirent de cette union. Cela lui suffisait pour l’instant. Elle n’en demanda pas plus. Blanche avait fait une croix sur ses désirs depuis la disparition d’Aetius. Elle s’y était faite. C’était ainsi. Et malgré le fait qu'on la complimente sur sa beauté, aucun homme n'avait intenté quoique ce soit pour la séduire, la simple cause étant qu'elle était mariée. Finalement, sa main se stoppa nette et les billes se rangèrent bien sagement dans sa paume. Elle les ensevelit sans attendre entre ses voiles alors que le Colosse reprit la parole pour évoquer ses intentions vis-à-vis du Sud. Un hochement de tête appuya ses propos. Elle n’avait rien à redire là-dessus. Il ne sembla pas désireux d’approfondir la question.« Je désirais aussi savoir la nature de votre relation avec Oschide d’Anoszia. Vous m’avez confié que ce dernier vous soutient. Un serment vous lient-ils ? Ou quoique ce soit d’autres d’officiel ? Il est tout de même l'ainé d'Arichis d'Anoszia qui est l'un des représentants du Sud, vous savez ceux qui se complaisent dans leur mensonge. »Elle ne s’impatienta pas lorsqu’il se mit à écrire et lui laissa le temps en jetant un regard curieux vers le vélin. Bien qu’il l’eut lu, elle tendit naturellement la main en sa direction afin de pouvoir le relire et que le Seigneur Morgan en fasse de même.« Je vois... Je ne peux pas vous garantir quoique ce soit à l’heure actuelle. Comme vous le savez très certainement, je suis liée à la Ligue et je ne peux décider seule. Néanmoins, je peux toujours leur montrer ceci et plaider votre cause. Est-ce que cela vous conviendrait-il ? J'ajouterais aussi... la clause concernant le fait que vous soyez, seul régent et secondé, personnellement... Je pense que mes pairs n'accepteront pas. La Ligue fonctionne sur un pseudo-système d'égalité... Donc, il serait bon de convenir d'une réunion entre nous »Elle marqua une courte pause, celle-là même pour saisir sa coupe et la vider en se pourléchant un instant les lèvres afin de saisir l’entièreté du breuvage.« Je tenais aussi à vous dire que mon objectif n'a jamais été celui d'être régente, je n'ai pas l'arrogance de votre parente... Ah et au fait, toutes mes félicitations pour votre ascension en tant que Marquis, je ne crois... Que je ne vous les avais pas encore communiqués. »- Spoiler:
Avec un jour de retard, mes plus plates excuses.
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| | | Godfroy de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Prophétiser l'avenir. | Blanche [Fini] Mar 3 Mai 2016 - 14:40 | |
| Le marquis hocha la tête. Il n'était, bien sûr, pas possible à la baronne de pouvoir prendre une quelconque décision ce soir. L'intérêt de cette rencontre n'était pas, d'ailleurs, de la rallier, mais d'informer des prétentions, et d'éclaircir ce qui devait l'être. Le marquis, lentement, tout en se penchant en avant, reprit la parole.
« Vous savez, Madame, dans ce royaume, il y a ceux qui ne veulent pas de roi, ceux qui veulent que le roi soit un allié s'il n'est pas manipulable, et ceux qui veulent un roi fort. Oschide d'Anoszia et moi-même sommes d'accords sur ce dernier point. C'est tout ce qu'il vous faut savoir. Mais à défaut de pouvoir unir, mais bien que ma volonté soit celle-ci, je n'ai en aucun cas l'envie, ou l'ambition, de diviser pour régner. »
Le marquis reprit le vélin, le pliant, le conservant ainsi dans son armure.
« Vous savez, la couronne n'est pas une fin, pour moi. C'est un moyen. Une voie pour unir. Mais si celle-ci divise, alors j'y renoncerais sans aucun mal, car le pouvoir n'est pas mon objectif. Si je voulais le pouvoir, je n'aurais pas proclamé la mort de Bohémond, à Sainte Berthilde, j'aurais fais comme le duché de Soltariel, et entretenu un faux. Pourquoi ? Car vivant, le roy n'aurait été régenté par nulle autre personne que moi, et j'aurais eu la main basse sur Sainte Berthilde, Olyssea, Scylla, mais aussi le royaume. »
Rappelant ce fait, le marquis s'adossa à son siège.
« Beaucoup disent que mon intérêt se trouvait dans la mort du roy. En réalité, il se serait trouvé dans sa survie. Mais peu ont la clairvoyance, sinon l'intelligence, de le voir. Il est, toutefois, comique que ce soit le duché de Soltariel qui affirme avoir Bohémond, lorsqu'on sait que cette année même, ma cousine a fait décapiter leur duc. Les nobles du Sud sont aussi versatiles que le con d'une putain, servant leurs intérêts. C'est un nid à vipères, et je me demande qui sera la plus rapide : celle qui chutera, ou celle qui s'élèvera. »
Mettant un terme à l'entrevue, le marquis se leva, récupérant sa hache. Posant sa main gantée sur l'un des tranchants, il posa un dernier regard sur la baronne.
« Toute association avec le duché de Soltariel, tant que celui-ci clamera avoir Bohémond, est exclue pour le marquisat et ses vassaux. Si les seigneurs ne souhaitent pas d'un roi fort, alors ils n'en auront pas, et nous nous tournerons vers votre fille, dont nous défendrons les droits. Officiellement, jusqu'à ce jour, la position du marquisat a été de déclarer Bohémond mort. Mes desseins pour la couronne ne sont connus que de Langehack, qui me soutient, Niklaus d'Altenberg, et vous. J'invite donc la Ligue à choisir aux côtés de qui elle s'engagera : moi, ou votre fille. L'un ou l'autre m'indiffère. Mais de grâce, hâtez-vous de vous décider. »
Après un signe de tête courtois à l'attention de la baronne et de son seigneur, le marquis remonta à cheval, laissant derrière lui deux hommes pour démonter la toute petite tente sous laquelle s'était tenue l'entrevue.
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