Un problème nommé Anaïs

Depuis leur retour à Hiviène, Mathilde avait eu beaucoup de travail et très peu de temps à consacrer à sa fille, même si elle s’efforçait de toujours manger avec elle et d’être là pour l’heure du coucher. Depuis quelques jours, elle remarquait un changement de comportement chez Lyse. Habituellement sage et douce, on l’entendait de plus en plus crier son mécontentement dans les couloirs du château. De caprices en caprices, les serviteurs avaient de plus en plus de mal à satisfaire la jeune demoiselle, surtout Anaïs. Cela faisait une ennéade qu’elles étaient rentrées de Lourmel et ce matin, alors qu’elle finissait de répondre aux demandes diverses de Cynérus concernant la tenue du domaine, on frappa doucement à la porte du bureau. Une Anaïs déconfite s’avança alors sur le tapis et se posta devant elle.

« - Ma Dame, je suis vraiment navrée de vous importunée… vous avez sûrement beaucoup à faire mais… j’aimerai m’entretenir avec vous. »
« - Bien sur Anaïs, assied-toi. Que se passe-t-il pour que tu sois si pâle ? »
« - C’est au sujet de Mademoiselle Lyse … Elle… Je ne comprends pas ce que j’ai fait pour qu’elle me déteste autant… »

Les minutes suivantes, Anaïs raconta à sa maîtresse combien la jeune demoiselle pouvait être irritable en sa présence, ne l’épargnant jamais de mots méchants. Pour finir la jeune femme écrasa une larme qui roulait sur sa joue avant de se lever prête à partir.

« - Je suis vraiment désolée Anaïs… Tu aurais dû venir m’en parler plus tôt. Je vais m’occuper de Lyse de ce pas. »
« - Mais… Dame Mathilde, nous n’avons pas terminé les comptes de l’ennéade. »
« - Ca attendra, Cynérus. Pardonnez-moi, mais Lyse est ma priorité. »

Quittant son bureau à grands pas, la jeune femme se rendit d’abord dans la chambre de la fillette qu’elle ne trouva nulle part. Finalement, elle se rendit dans le verger, sachant pertinemment où Lyse était partie se cacher. Parvenue au pied du cerisier, Mathilde leva les yeux et croisa le regard de sa fille. Malgré la déception et la colère qu’elle avait ressenti durant le discours d’Anaïs, Mathilde prit sur elle et un doux sourire se dessina sur ses lèvres.

« - Veux-tu bien descendre de ton perchoir ? J’aimerai faire quelques pas avec toi dans le jardin. »

S’éloignant de quelques pas, Mathilde attendit que sa fille la rejoigne et elle prit sa petite main dans la sienne avant d’avancer sous le soleil entre les arbres.

« - Est-ce que tu as quelque chose dont tu aimerais que nous parlions ? »

Face au silence de sa fille, sûrement prise au dépourvue par la question de la jeune femme, Mathilde s’accroupit devant elle et chercha aussitôt à croiser son regard en lui relevant doucement le menton.

« - Moi j’aimerai que nous parlions de quelque chose. J’aimerai comprendre pourquoi j’ai dû consoler une Anaïs en pleurs ce matin… »