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Sujet: Ambitions Eldéennes | Velkyn Mar 10 Mai 2016 - 15:57
Ambitions Eldéennes
& Velkyn Xaran
[3eme ennéade de Barkios, An 8]
Si la Principauté de Thaar était, d'après les légendes, au moins deux voir trois fois plus grande que Diantra la vilaine, les nouvelles s'y répandaient comme fiel dans chair trop mûre. Tout se savait, ou finissait par être dévoilé au grand jour. Mieux valait encore ne rien avoir à cacher, où s'assurer que cela ne soit pas en la cité. Chacun allait de ses informateurs, gamins des rues, putains dont les langues étaient faciles à acquérir, l'information était une affaire à part entière.
La noirelfe toisait de ses prunelles dures l'allée passante sur laquelle donnait la façade principale de son hôtel particulier. A l'abri derrière d'opaques étoffes destinées à obstruer la lumière naturelle, elle se sentait espionne, gosse regardant du piédestal de sa grandeur une méprisable fourmilière. Ses longs ongles s'accrochèrent dans le tissu, elle répétait déjà ce geste depuis un moment, alternant le frottement de la partie charnue de ses doigts au tranchant de ses griffes. La guenaude laissa échapper un sifflement agacé quand un fil aventureux se logea dans une fêlure de la corne. « Il faudra penser à ôter de ma vue ces horreurs, Zarra. » Lâcha t-elle sèchement à l'esclave qui se trouvait aussi dans la pièce, affairée à broder consciencieusement. « Par exemple, là maintenant. » La jeune fille n'avait pas compris l'impératif de la demande, elle n'avait pas levé le nez de son ouvrage. « Dois-je le faire moi-même, petite sotte ? » Enchaîna avec une douceur angoissante la maîtresse des lieux. « Tu as de la chance de m'être aussi utile, d'autres nous ont quitté pour moins que cela. » La prénommée Zarra se leva d'un bond de la méridienne et arracha sans ménagement les épais rideaux qui tombèrent lourdement sur le sol, plongeant la pièce dans une lumière puissante et criarde. «Ribaude ! Gourdasse ! Tes incapables de parents ne t'ont ils pas conçue comme tous, avec une tête pleine et de quoi t'en servir ? Mais réfléchis donc, puterelle ! De quoi nous protégeaient ces draperies ? Maintenant finis donc ce que tu as commencé, nous verrons plus tard comment je récompenserai ton irrespect. » Dans sa colère, la Drow avait reculé jusqu'à l'embrasure de la porte, se couvrant les prunelles de l’agression soudaine. Elle aurait volontiers déversé un flot d'insultes nouvelles à l'encontre de sa servante, mais cette pauvre âme ne méritait qu'un sourd courroux. Shynrae hésitait encore entre le fouet ou les fers brûlant, plus jamais Zarra ne l'aveuglerait par mégarde.
Le reste du manoir baignait dans cette atmosphère étouffée, volontairement assombrie. Le seul éclairage toléré était le faible vacillement de bougies noires, dont l'impressionnant nombre menaçait perpétuellement la bâtisse d'incendie. Après avoir traversé une enfilade de diverses salles, Shynrae pénétra dans une antichambre convertie en un bureau. L'endroit était occupé par deux personnages, un vieil homme à l'air savant et une demoiselle qui semblait plus captivée par son environnement que la leçon qu'on lui prodiguait. « J’espérais te voir plus concentrée, Azadralvra. Tu n'as pas idée de ce que me coûte un précepteur de cette qualité. » S'approchant des assises elle posa ses phalanges sur l'épaule de la jeune. « Maître Hizard, je vous remercie d'être venu. Cependant je pense que nous n'obtiendrons rien de plus d'elle lors de cette séance. Si je puis vous demander de nous laisser, vous revenez à la prochaine ennéade, n'est ce pas ? » Le sage ne se fit pas prier, rassembla ses effets en acquiesçant. « Au revoir, damoiselle. Tâchez de maintenir votre attention, vous avez beaucoup de potentiel. Madame, mes hommages. » Il quitta la pièce sans plus de cérémonie, d'autres se chargeraient de l'escorter jusque la sortie.
« Qu'as tu appris aujourd'hui ? » Demanda Shynrae en prenant place sur le fauteuil désormais libre. Ne tenant pas compte de la mine ennuyée d'Azadralvra, elle continua. « Il est important que tu ai une éducation irréprochable, notre entreprise nous l’exige. Si un jour tu veux en tenir les rennes il faudra en être digne, et seule juge je serais. » La jeune fille tripotait machinalement le boulier disposé sur la table. Elle n'avait que trop entendu le discours moralisateur de sa génitrice, l'importance du mérite et le travail qu'il fallait accomplir pour être digne de son intérêt. Elle ne répondit pas. La grisonne ne réagit pas à ce silence intentionnel, elle était venue quérir sa fille pour d'autres raisons, à son égard, bien plus importantes. « Tu sais, Aza. J'aurais besoin de ton avis, pour une affaire, disons, de très grande importance. »
Ses mots piquèrent sa curiosité. L'autosuffisante Shynrae Irvin Sin'do'Rah lui demandait son opinion ? Et sur un sujet sérieux ! Cela avait de quoi surprendre. Jamais elle ne se serait attendue à telle sollicitation. « Pardonnez-moi, mère, mais … Que voulez-vous savoir ? En quoi puis-je vous rendre service ? » Un sourire carnassier s’afficha sur les lippes de la Doeben. Aucune des paroles qu'elle ne vomissait ne pouvait être dissociée de ses ambitions. « Toi qui incarne yeux mais surtout mes oreilles en cette Thaar viciée, je suppose que tu es au courant de la nouvelle qui gangrène l'esprit de ses habitants, et surtout des sombres. » Il était effectivement impossible pour quiconque d'être passé à côté de l'arrivée de l'éminent Haut-Prêtre d'Uriz en la cité. Oh non, pas en grande pompe ou de façon cérémonieuse, son statut bien trop important suffisait à rendre sa présence plus que remarquable. La petite n'eût même pas à confirmer les affirmations de sa parente. « J'aimerais que tu lui fasse porter une invitation, à dîner j'entends, ici en notre demeure. Je dirais … Pour demain soir ? Un personnage si influent impose que tu te rendes toi même à sa rencontre, sa grandeur mérite une telle attention et plus encore. Tu sera gage de mes salutations, ne t'avise pas de me décevoir. Tu sais a quel point ma fureur sera déraisonnable. Aller, va, les grandes gens n'attendent pas ! » Lui avoua Shyn en la pressant à directement partir en quête de Velkyn Xaran, celui qui incarnait ses nouvelles envies d'expansion.
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:18, édité 5 fois
Velkyn Xaran
Drow
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Sujet: Re: Ambitions Eldéennes | Velkyn Mar 10 Mai 2016 - 18:20
La journée blafarde laissait enfin sa place à la pénombre puis se vit couvrir d’une agréable fraîche, lorsque la nuitée tomba réellement sur Thaar. Les poches pleines à défaut de son engouement pour la citée, le Haut-Prêtre s’était octroyée un peu de bon temps en l’un des nombreux lieux reconnus comme se faisant endroits propices à étancher quelconque soif de luxure. En de concises recherches, il n’eut qu’à redresser le menton au premier coin de rue pour apercevoir un établissement portant le nom « Le Lupanar doré », un nom qui parlait de lui-même. Il en oublia que ces quartiers n’avaient pour la plupart, nul besoin de masquer leurs services sous d’incongrues sobriquets imagés. Pour la peine, bien que ce fût l’une des rares fois, il était affublé d’un pourpoint noir de jais d’une excellente facture sur lequel plusieurs reliures argentées serpentaient du col jusqu’à sa ceinture. Ses braies chutaient jusqu’à en arriver à de petits bottillons qui lui remontaient jusqu’aux chevilles. À ses doigts, plusieurs annel sertis de pierres précieuses et à son cou, ornait un pentacol dont la représentation était, bien évidemment, celle d’Uriz. Il avait fière allure et il se comptait sur les doigts de la main, ceux qui pouvaient se targuer de l’avoir vu si bien vêtu. Il faut croire que sa confortable armure de fer s’était égarée on-ne-sait-où !
Il chassa du revers de main un épais rideau de velours derrière lequel il reçut l’accueil d’une dizaine de paires d’yeux ébahis. Loin d’être malaisé par les réactions multiples, accoutumé à la chose, il se fit accosté par le maître des lieux ou du moins, ce qui s’en rapprochait le plus. Grassouillet, la peau aussi sombre que la sienne, lui aussi transpirait la richesse de par son accoutrement. Il se courba devant Velkyn en de longues et interminables salutations élogieuses, déposant une main à son dos et l’une sur le sommet de son bide enflé par la gourmandise. Il mâchouilla sa langue quelques fois puis tenter de mettre le grapin sur l’intérêt de son invité de marque :
« Haut-Prêtre, si nous nous attentions à votre venue nous aurions fait préparer quelque chose de spécial … Quand bien même sommes-nous à un monde de distance d’avoir en notre établissement de la roture, nous aurions fait apprêter quelques femmes en votre honneur … »
« Peu me chaut de les voir défroquées de soieries et d’or, elles se retrouveront plus tôt que tu le crois les tétons au vent. Ces deux-là suffiront. »
Il pointa du doigt un duo de jeunes femmes qui entre-elles, menaient une messe toute basse. Le claquement de doigt du proxénète fit raidir l’échine de ses « employées » dare-dare et comme de vulgaires bêtes dressées, exécutèrent une brève révérence pour s’éclipser derrière un voilage opaque. Sèchement et sans même le remercier, le guerrier enfonça contre le buste du lourdaud une besace dont les pièces s’entrechoquèrent ensembles. Son pas était lourd et à son passage, les personnes s’écartèrent pour former un couloir dans lequel il pouvait piéter en toute liberté vers sa chambrette.
Nul regards ni nulles paroles ne furent énoncées envers les coureuses de remparts. Il préféra prendre ses aises en se laissant choir sur un très confortable fauteuil. Elles se consultèrent d’un commun regard un peu embêté à le voir si distant et peu enclin à leur bonnes faveurs puis, Velkyn brisa le malaise –ou l’amplifia-, en leur ordonnant sur son fidèle timbre de voix sec et autoritaire :
« Dévêtissez-vous. Pour les heures à venir, aucun tissu ne vous sera nécessaire. »
Elles obéissaient sans chigner, mais sur leur visage se peignait un air un peu déconcerté par le ton dont la soirée allait être handicapée. Elles restèrent plantées là, droites comme des barres, comme si elles redoutaient faire quelque chose qui pourrait lui déplaire. Les secondes s’écoulèrent puis il lança, sans même daigner leur témoigner une once d’intérêt :
« Caressez-vous »
Chose qu’elles commencèrent à faire en des mouvements qui manquaient de fluidités et qui ne convainquaient pas vraiment. Évidemment, effrayées comme elles étaient, elles avaient du chemin à faire avant de rendre l’ambiance apte à ce genre de cajoleries. Leurs mains parcouraient le corps de l’une et de l’autre, délicatement et avec attention, jusqu’à ce qu’elles se raidissent à l’écho d’une arme blanche qui sortait de son fourreau. Le noirelfe calé en son fauteuil venait de dégainer son coutelas fétiche qu’il zieuta d’abord puis, qu’il commença à affûter avec un doigté de maître.
Une lumière tamisée par les chandelles, le fumet de plusieurs encens odorants ici et là puis, deux plantureuses et généreuses femmes se faisant preuve d’amour en un généreux spectacle. N’était-il pas là le plus doux et le plus reposant scénario qu’un homme pouvait rêver pour se relaxer, pour en oublier le temps d’une nuitée, le court de son existence ? L’histoire semblait propice à la luxure, mais en conclusion, le Prima se contenta d’asticoter son braquemart en ne manquant rien de la pièce de théâtre dont il était le seul spectateur et invité de marque.
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Ambitions Eldéennes | Velkyn Jeu 12 Mai 2016 - 16:33
« Pourvu qu'elle ne me discrédite pas... Bécasse comme elle est... » Marmonna Shynrae tandis que la petite venait de quitter la demeure. « Driella, Anlalyn ? Venez donc ici. » Elle se leva du fauteuil et commença à piétiner dans la pièce en attendant l'arrivée de ses caméristes. Celles-ci ne tardèrent à venir, connaissant l'impatience de leur maîtresse. « J'ai une mission à vous confier. J'ai envoyé Azadralvra en ville à la recherche d'une figure de haut rang. Vous savez la confiance que je lui porte, c'est pourquoi j'aimerais que vous vous assuriez de sa bonne démarche, cela sans vous faire surprendre, compris ? » Les deux acquiescèrent sans autre recours et s'empressèrent de s'éloigner. Satisfaite, la grisonne reprenait place et s’octroya quelques instants de repos, seule.
***
Si elle était au courant de l'arrivée du Haut Prêtre d'Uriz, Azadralvra n'avait aucune idée comment aisément parvenir à lui. Les modestes renseignements en sa possession et les quelques questionnements aux badauds croisés ci et là ne l'avaient dirigé sans plus de certitude. Elle n'avait pourtant aucunement droit à l'erreur, sa mère ne lui pardonnerait jamais. Et puis, qu'elle occasion avait-elle là de de gagner l'estime de sa parente ? S'arrêtant un moment pour laisser ses saillantes oreilles vagabonder aux bavardages de rue, elle constata rapidement que les bouches les plus déliées demeuraient celles des coureuses de remparts. C'était dire si Thaar en abritait ! On disait de la cité qu'elle comptait plus de putains que d'habitants. La jeune avait du mal à se résoudre à cette solution, pourtant plus probante en résultats que n'importe qu'elle autre.
La fin-du-jour tombait sur l'Estrévent, si elle avait préféré éviter de passer une partie de la nuit dehors, il était impensable qu'elle ne rentre au manoir sans la confirmation de Velkyn. L'aboutissement de ses investigations la mena devant une maison de plaisirs notoirement appréciée de la population Doeben. Voyant sa mine réservée, une sombre presque complètement dévêtue vint à sa rencontre en se dandinant. « Alors ma mignonne, qu'est ce qui te ferait plaisir ? C'est mon abricot qui t'intéresse ? » Lui demanda la gourgandine d'un air salace. « Tu m'plais bien tu sais, tu sens bon l'argent, si tu as les moyens je peux te faire découvrir des plaisirs que tu ne soupçonnes même pas ! » Le teint livide de la demi-elfe avait viré au pourpre brûlant. Elle se mit à bégayer, gênée de l'approche. « Heu, … Je suis désolée, ...je, je ne suis pas intéressée, du moins. Ce n'est pas ce que je recherche.... » « Ah je vois. Tu préfères tâter du vit. Très bien, nous avons ce qu'il te faut aussi. » Se sentant de plus en plus oppressée, elle respira un grand coup et repoussa non sans douceur l'entreprenante aguicheuse. « Je ne suis pas ici pour cela, ne vous méprenez pas. Je viens de la part de la Maîtresse Marchande Irvin Sin'do'Rah, qui m'a envoyé quérir son Excellence, Velkyn Xaran, tout récemment arrivé à Thaar. » La rabatteuse devint interdite, qui avait-elle donc attisé ? Si Shynrae n'était guère coutumière des bordels, elle versait comme toutes les richesses Thaaris dans l'économie de la cité, même les plus abjectes. Le nom de la matriarche résonnait avec terreur dans les yeux de la sombrette.
« Pardonnez mon insistance, mademoiselle. Vous avez presque fait bonne route, le Haut-Prêtre d'Uriz a été aperçu ce soir dans un de nos établissements. » Elle dodelina du chef quand Aza lui montra celui devant lequel elles se trouvaient. « Non, non. Le Chibron est destiné à une clientèle... plus … banale dirons nous. Son Excellence Xaran se trouve au Lupanar Doré, je vais vous y conduire si vous daignez me suivre. » La distance à parcourir était anodine, les deux maisons closes n'étant guère éloignées l'une de l'autre. Après avoir traversé quelques venelles, elles arrivèrent devant une bâtisse cossue, dont rien ne témoignait l'activité. Le nom de l'office était gravé en lettres d'or sur un grand panneau de bois. Elles pénétrèrent avec discrétion à l'intérieur. Au dehors, les deux envoyées de sa mère faisaient mine de se promener dans le coin. « Maître Quild ? Êtes vous là ? » Demanda la putasse dans le vide. « Il s'agit de quelque chose d'important. » Au mot important, un Drow libidineux se précipita dans le hall. De la sueur ruisselait à grosses goûtes sur son front brillant, la jeune fille préféra ne pas se questionner sur son essoufflement et sa défroque. « Oui Sanae ? Qu'y a t'il de si important pour que tu quittes ton postes, viennes me déranger et pire encore m'interrompe pendant que je ... » « C'est la Guenaude Sanglante qui l'envoie. » Enchaîna Sanae en désignant Aza. « Elle désire rencontrer vous-savez-qui.... »
« Hm.... Dans l'immédiat cela va être délicat, Son Excellence est, disons...affairée à d'autres voies que celles des Dieux, si je puis me permettre. Patientez là, je vais voir ce que je peux faire. » S'égosilla le proxénète en ricanant. Il tourna les talons dans un bruissement de cape et s'engouffra derrières un mur de tentures.
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:21, édité 4 fois
Velkyn Xaran
Drow
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Sujet: Re: Ambitions Eldéennes | Velkyn Mar 17 Mai 2016 - 16:52
À vue d’œil, l’air et l’ambiance de cette salle close s’était embrasé en un claquement de doigt. Les malaises étaient histoire ancienne et les deux femmes, profitaient l’une de l’autre de la manière la plus primale possible. Embrassades, caresses et soupirs, tout ce qui caractérisait le stéréotype du fantasme masculin à son état pur. Quoi que, ici, le prêtre n’avait pas bougé d’un poil ni même ne s’était séparé d’un morceau de ses vêtements. Il se contenta d’observer, de temps à autre, d’un œil distrait, toujours à s’occuper d’avantage de sa lame que des femmes qui se donnaient en spectacle devant lui. Il semblait las, écœuré par cette mascarade féminine. Il les avait payé pour qu’elles se donnent en spectacle, certes, mais au final, il n’en tira rien de plaisant et trouva la représentation sans saveurs. Son faciès démontrait comme il semblait s’ennuyer, s’appuyant parfois contre l’accoudoir de son fauteuil, poing contre sa joue. Ces chambrettes étaient munies d’un sablier dont les grains de sable signifiaient la durée d’un « entretient » normal et celui de Velkyn, tirait à sa fin. Évidemment, il n’en avait cure et se redressa pour au moins, tenter de rentrer en son or. Les deux femmes s’immobilisèrent et surplombant icelles de son imposante carrure, il adressa la parole à la blondasse :
« Frappes-là. »
À l’unisson, les pauvrettes déglutissaient lourdement et bruyamment, faisant mine de ne pas avoir compris. Elles clignèrent des yeux plusieurs fois, papillonnants des cils, hésitantes à prendre place entre l’ordre qu’il venait de leur dire. Le temps se déroula plus rapidement qu’escompté puisqu’à peine avaient-elles eu le temps de refléchir à un echapatoir, il se rua sur la femme aux cheveux d’or et empoigna son visage de sa grosse patte d’ourson. Il s’approcha de son visage pour lui chuchoter méchamment, les yeux froncés et enclin à une certaine violence qui bouillait d’ores et déjà en lui :
« Tu … la … FRAPPES »
Puis il la relâchait violement en la repoussant d’un mouvement du coude afin qu’elle exécute sa basse besogne. L’imminente victime pensa à la fuite et finalement, se résout puisqu’elle cru meilleur son sort ici, plutôt que d’aller pleurnicher dans les jupons de son patron qui de toute manière, vendrait sa vie pour quelques piécettes dorées. Le Haut-Prêtre commençait à se réchauffer, montrant les crocs pour la première fois, comme s’il venait de se trouver une vocation qui saurait lui faire oublier sa misérable position en Thaar. Il ajouta, juste avant qu’elle ne passe à l’action :
« Chaque fois que je serai insatisfait, saches que je te le ferai sentir au centuple »
Les yeux de pauvrette aux cheveux d’or s’arrondissaient comme des billes puis, sans crier gare, sans autres forme de cérémonie, elle vint coller son poing directement dans la tomate de sa compagne de cœur. Elle poussa un cri sauvage qui fit tourner le faciès de sa victime et tourna les yeux vers Velkyn pour constater, dans le plus grand des effrois, qu’il s’était dangereusement approché, son coutelas dans la paume de sa main.
« Qui que quoi ! » disait le joufflu proxénète, en balayant le rideau du revers de la main. Il constata la scène avec la même stupéfaction qu’il aurait eu en ouvrant une rarissime boite de biscuits, que Velkyn s’apprêtait à occire l’une de ses putains. Constatant comme il était momentanément enclin à toute forme de violence et que de laisser son établissement tapissé d’un bain de sang ne lui ferait pas le moindre remord, il tenta la diplomatie en abaissant légèrement les yeux :
« Monseigneur ! Loin de moi l’idée saugrenue de vous empêcher de vous amuser, mais on requiert votre présence à l’entrée. C’est d’une très haute importance, m’a-t-on dit. »
Le Haut-Prêtre grogna, dévisageant les deux femmes de joie d’un regard noir et vide d’empathie. Elles avaient les jambes molles et leur échine étaient à toutes deux, constamment menacées d’innombrables frissons d’effrois. Elles craignaient pour leur vie et pour l’une des rares fois, la vue de ce libidineux personnage agissait comme un baume sur leur esprit agité. Un moment se silence s’installait, comme lorsque l’on attendait les moindres faits et geste d’un prédateur prêt à vous sauter à la gorge. Le Prima acquiesçait finalement, rangeant son acier fétiche dans le nid de son fourreau, ajoutant seulement avant de quitter les lieux en poussant de l’épaule le propriétaire de l’établissement :
« Nettoyez-les moi puis passez-leur les chaînes aux chevilles, aux poignets et au cou. Je vous les achète. »
Le tas de bidoche écarquilla les yeux en balbutiant quelques paroles dans le gras de son triple cou sans pouvoir négocier préalablement avec le guerrier qui s’approcha de l’entrée en déposant ses deux iris de sang dans ceux d’Aza. Il eut tout le luxe de l’épier d’haut en cap, remarquant au passage, malheureusement pour elle, qu’elle avait la peau fort bien plus pâle que celle des Puysards. Elle n’avait hélas pour l’heure, aucune longueur de d’avance, si elle désirait obtenir du prêtre quelques faveurs qu’elles soient. Il venait de se faire déranger d’une séance qui commençait finalement à prendre du mieux et, finalement, par qui ? Une jouvencelle dont la provenance n’était pas même la sienne …
Presqu’interdite, elle abaissa les yeux et lui offrit une courbette respectueuse en guise de salutation. Elle enchaîna cependant en usant d’une voix presque sûr d’elle, comme si elle avait pratiqué cette tirade depuis l’établissement de sa génitrice.
« Votre Excellence, vous êtes formellement invité à partager la table de la Guenaude Sanglante, Maîtresse Marchande de Thaar. Icelle tient à vous rencontrer afin de vous tenir quelques mots à propos de son commerce…»
Aussi simple que cela, concis et sans autres fioritures. Son timbre de voix transpirait le respect mais avant même qu’elle n’eut le temps de s’en rendre compte, Velkyn s’en retournait d’où il était arrivé sans en demander son reste. Complètement désintéressé, il ne prit même pas la peine de la saluer ni même de daigner lui répondre.
« Attendez ! Votre excellence ! C’est pour le bien du Puy ! » S’écria-t-elle aussitôt, toute affolée, de peur de perdre la seule et unique raison de sa venue en ce lieu dépravé. Ces mots lancés sur le volet étaient fort bien judicieux, car il fût aussitôt accroché d’intérêt lorsqu’elle nomma sa patrie. Sans se retourner cependant, il lui répondit sur un timbre de voix clair, net et précis, pratiquement autoritaire :
« Demain à la pénombre, vous me guiderez jusqu’aux appartements de votre Maîtresse.»
Il laissa près de l’entrée du lupanar la messagère, sans aucun doute fort bien soulagée d’avoir obtenu ce dont elle était venue quérir. Quant à Velkyn, il repoussait le rideau de sa chambrette pour y trouver, ligotées comme des morceaux de viandes qu’on avait apprêté, les deux femmes dont il s’était procuré la liberté. Elles gigotaient et poussaient plusieurs criements au travers les baillons qui obstruaient leur bouche. Son sourire était tout grand, il allait enfin pouvoir ressentir à nouveau, le frisson que lui procurait le pouvoir d’ôter la vie à quelqu’un …
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Ambitions Eldéennes | Velkyn Dim 22 Mai 2016 - 16:12
La jeune femme n'aurait su expliquer ce qu'il lui était passé par la tête en faisant sans détours référence au Puy. Quel courage lui avait-il fallu pour s'exprimer ainsi devant un tel personnage ! Elle avait beau côtoyer une sombre depuis sa naissance, avoir dans son sang le vice de cette race des profondeurs, rencontrer d'autres membres de cette espèce l'effrayaient toujours au plus haut point. Le Haut Prêtre n'échappait pas à la règle, devenant même la pire incarnation des noirelfes. Probablement que les Drows Doeben étaient moins effroyables que leurs cousins de terres stériles. « Vous faudra t-il autre chose ma petite ? Je serais ravi d'honorer une autre de vos requêtes ... » Demanda le maquereau en se dandinant près d'elle. Encore sous le choc de sa propre intervention, Aza tremblait de tout son maigre corps et ne réagissait pas. La prénommée Sanae mit fin aux avances de son patron. « Ça ira, Quild. Elle a eu ce qu'elle était venue chercher. Viens petite, rentres donc chez toi, ne fait pas attendre Dame Irvin. » Attrapant Azadralvra par l'épaule, elle la poussa hors du bordel. « Allons, ne traînes pas ! » La sermonna la putain en lui donnant une tape sur le fessier.
La catin s'apprêtait à s'engager dans une rue voisine quand la sang-mêlé retrouvera ses esprits, et surtout, sa jugeote. « Attends ! Reviens ! » Lui cria t-elle dans l'allée vide à peine éclairée. Elle se précipita pour arriver à sa hauteur. « Tu pourrais.... Me rendre un service ? Je n'ai pas vraiment envie de revenir ici, demain soir … Je suppose que Mère désapprouverai, enfin je n'en sais rien mais .. Tu ferais ça pour moi ? Escorter Xaran au manoir Irvin. Disons, je te paie une avance là et le reste une fois le colis livré.. » Elle fit tinter une épaisse bourse à son ceinturon. « Tu sais que j'ai les moyens de rendre ton existence plus douce, Son Excellence aussi d'ailleurs, il a l'air d’apprécier la bonne compagnie ... » Si elle savait les filles de joie facilement corruptible, c'était sans compter sur l'une des plus vénales de Thaar. Les prunelles pourpres de Sanae avaient brillé d'un éclat doré à l'évocation d'une récompense sonnante et trébuchante. « Que te faudra t-il d'autre ? » Osa la gaupe en souriant. « Mère ne doit pas se douter de ta ...profession. Sois aussi discrète que possible, ce qu'il se passera avant, ou après avec Xaran ne nous concerne pas. » La sombre s'évanouit dans l'obscurité dans un rire cristallin. Aza ne s'attarda pas plus, elle avait accompli ce pourquoi on l'avait missionné, elle espérait que Shynrae n'ai rien à redire à ses agissements.
***
La vieille grisonne avait passé une bonne partie de la nuit à surveiller la Thaar assoupie du haut de sa fenêtre. Oh non pas qu'elle s'inquiétait particulièrement quant à sort de son infulte, c'était le bon avancement de son entreprise qui lui faisait ronger les sangs. L'occasion avait été trop belle de tester sa fille sur sa loyauté, sa capacité à se rendre utile pour leur affaire, prouver à sa parente que la place qu'elle occupe est méritée. Elle aurait très bien pu s'occuper de cette ingrate demande par ses propres moyens, ou envoyer quelconque suivante, c'était sans compter sur la mauvaise image qu'elle aurait envoyé à son hôte de marque. Les heures passèrent, toujours sur le qui-vive, la Sirène désirait attraper au vol son rejeton pour s'assurer de la réussite de sa demande. Son instinct la fit rejoindre le hall de la demeure avant qu'Aza ne tente une discrète entrée. « Te revoilà. » Annonça Shynrae d'un ton solennel en se posant les bras croisés contre un pilastre de l'entrée. « Pour une fois je ne te presserai pas, tu me conteras demain la trame des événements. As-tu reçu réponse à mon invitation ? » La petite acquiesça d'un mouvement de la tête en s'inclinant devant la Maîtresse marchande, puis pris la direction des escaliers menant à sa chambre. « Oui, à demain, Mère. »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:22, édité 4 fois
Velkyn Xaran
Drow
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Attention aux âmes sensibles. Gore et sous-entendus douteux au rendez-vous.
La fillote de la Sirène avait au bout du compte, visé bien plus juste qu’elle l’eut cru lorsqu’elle tenta de soudoyer la putain pour la basse besogne dont elle avait été mandatée. Parfumée à outrance, maquillée à n’en plus faire paraitre la moindre ridule et par-dessus tout, accoutrée des atours les plus affriolants, c’est ainsi qu’elle déambula jusqu’au Lupanar Doré. Évidemment informée par le maître de ces lieux, sans doutances il semblait que le Haut-Prêtre avait pris ses aises dans la chambrette et n’en était pas ressorti depuis. Oh, certaines personnes avaient bien entendus quelques criements étouffés, mais sinon, pas d’autres signes de vie. Même qu’à écouter le libidineux personnage au double et triple menton déblatérer sur la chose, les choses ne seraient peut-être pas envenimées pour les deux pauvrettes qui s’étaient vues passer les fers aux poignets. L’après-midi tirait à sa fin et dans le bordel, les clients se faisaient plus rares. À l’instar des mouches à feu, la clientèle avait tendance à se manifester à la brune.
La toute délicieuse et plantureuse Sanae déboula finalement au bordel, là elle enlignait la chambrette de Velkyn. Courant à toute allure –ou à peu près-, Quild se dirigea vers son employée, les cuisses allumant pratiquement un feu à son caleçon par frottement. Il barrait le chemin entre l’antre du dragon et l’aguicheuse pour l’empêcher de passer le portail. Franchement étonnée par l’exercice auquel son maître s’était livré, elle lui laissa la parole :
« Es-tu certaine de vouloir aller le déranger ? Je ne l’entends plus depuis quelques heures. Peut-être vaudrait-il mieux le laisser se manifester de lui-même… »
Sûre d’elle, le faciès de la coureuse de rempart s’illumina d’un doux sourire espiègle. Elle posa sa main contre l’épaule de superviseur, jouant du bout des doigts contre l’un de ses cous. Le timbre de sa voix était doux, chuchoté comme une messe toute basse, répondant aussitôt en plongeant ses mires dans les siennes :
« Je sais ce que je fais. On m’a dit qu’il appréciait la compagnie des femmes et j’ai l’intention d’en profiter. Sa bourse doit être aussi pesante que celle des Princes marchants. Je roulerai les hanches une fois ou deux et j’aurai mon poids en or … »
Elle chassa doucement son patron qui filait de tout manière, s’assurant de ne pas être de mèche avec celle qui pourrait le courroucer …Elle enfila ses doigts sur le pan de la porte puis écarta de son avant-bras, de nombreux et fort bien pesants voiles opaques…
Si elle était venue armée jusqu’aux dents d’un charme dévastateur, capable de faire changer l’orientation sexuelle de quiconque la voudrait pour une nuit, elle se fit désarçonner en moins de deux. Ses yeux s’écarquillèrent, son teint blêmit aussitôt et ses deux mains venaient se positionner contre sa bouche pour retenir un cri d’horreur. La scène la dégouta si tant fort, qu’elle fût prise d’un hoquet nerveux. Le tableau qui se dressait devant elle était digne des pires cauchemars dans lesquels y étaient dressé des scènes effroyablement terrifiantes. Tous les tapis suintaient de sang, tant ils en avaient été imbibés. Dans un coin, la catin y remarqua couché en boule l’une des deux victimes en sanglot. Sa peau était lacérée de parts et d’autres, laissant croire au premier coup d’œil que le fouet avait été au rendez-vous, de même que le fût de plus profondes marques au couteau. Blottie comme un chien battu, les fers toujours au cou, aux chevilles et aux poignets, elle semblait moralement et physiquement complètement brisée. Elle n’émettait aucun son ni ne bougeait de son petit coin, consignée à cette position de son plein gré ou non. Plus effrayant encore, un cadavre gisait plus loin, mais aussi dans d’autres coins de la salle … Flambant nue et bâillonnée, la victime portait le sang comme une deuxième peau, tant elle en était recouverte. L’une de ses mains manquait à l’appel, déposée près de la chienne qui sanglotait. Ses orteils avaient été privés de leurs ongles, l’une de ses oreilles avait elle aussi été déposée ailleurs, mais plus dégoutant encore, c’était qu’elle avait sans doutances été opérée par le docteur Velkyn afin d’être soumise à une césarienne improvisée. Elle avait été éventrée jusqu’au conin et laissée pour morte, dans son sang. Le comble du spectacle, Roi et auteur de cet œuvre d’art, le Haut-Prêtre dormait à poings fermés sur un des fauteuils. Les deux bras derrière sa tête, il ronflait paisiblement comme s’il avait quant à lui, passer la plus agréable des journées. Il était nu comme à son premier jour. Son faciès aux traits reposés portait un masque de sang, sûrement celui de ses deux « concubines », de même que l’était à quelques endroits son corps dénudé, mais l’était aussi, bien évidemment, toute sa masculinité éreinté par les récents efforts. De récentes griffures ornaient son corps depuis longtemps scarifié et tatoué de parts et d’autres.
La gerbe au bord des lèvres, le corps tout tremblotant, le souffle court et les lèvres sèches sous le joug de sa récente crise de panique, elle enchaîna quelques pas incertain et leva le ton :
« Vo… Votre... Hrm .. Votre Ex.. Excellence ? »
Les yeux pesants, le bourrin se redressa un peu en posa une main contre son visage afin d’apercevoir la putain au teint blême. Il ne se senti pas le besoin de se vêtir toute suite, puis la chassa d’un revers de la main, comprenant qu’il était l’heure d’y aller. Il se redressa de tout son long, balayant du revers de la main le goût du sang qui s’était collé là :
« Patiente dehors, le temps que je me toilette. »
Mine de rien, il prit tout son temps pour enchaîner, s’amusant d’y voir les réactions de son pauvre visage dévasté par l’horreur. Sans demander son reste, elle guerpissait au triple galop sans même saluer ni adresser le moindre regard à son maître. Trente minutes passèrent avant que le Haut-Prêtre affronte la noirceur de cette fraîche soirée. Quild eut son pesant d’or, en frais de nettoyage, puis accompagna silencieusement la nouvelle catin traumatisée. À le voir vêtu d’une simple veste pas même attachée, laissant belle vue sur son corps de soldat aguerrit, d’une paire de guêtre aussi sombres que sa peau et dont le ceinturon était armé de son poignard fétiche, on devinait que le prêtre avait le cœur léger. Son batifolage au bordel semblait avoir joué pour beaucoup à son humeur autrefois colérique. Si Thaar lui donnait tantôt le goût de vomir, ce n’était maintenant plus le cas. Il n’aura pas si facilement à cracher tout son fiel sur sa prochaine hôte, compte tenu du bon temps qu’il avait eu au Lupanar Doré. Shynrae aurait peut-être plus de facilité que prévu pour convaincre le ténébreux prêtre …
Il fit son entrée au palais de la Sirène, une main sagement posée sur le pommeau de son poignard, l'autre contre son ceinturon. Il y allait à contre-coeur, vrai, mais qui sait si Shynrae allait être en mesure de rendre au moins la soirée moins désagrable ...
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
Nombre de messages : 394 Âge : 32 Date d'inscription : 22/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
La Doeben avait passé l'aube de sa journée affairée à étudier les comptes de son commerce. C'était là une habitude matinale, routinière, rituel lui permettant de statuer au mieux sur les actions à entreprendre pour toujours plus prospérer. Ce jour là encore, elle consacra bien plus de temps que d'ordinaire devant à consulter ses livrets, émarger les registres, mais surtout vérifier avec attention les éléments la mettant de bien mauvaise humeur. En effet, cela faisait déjà plusieurs ennéades que la grisonne avait remarqué que ses affaires ne jouissaient plus vraiment de leur superbe. Oh, quelconque autre gérant ne se serait guère chagriné de la petite baisse initiale, Shyn étant particulièrement voir abusivement méticuleuse, mais le déclin se faisant de plus en plus significatif, il fallait à la Maîtresse Marchande des options permettant de redorer son blason s'approchant du naufrage.
L'idée d'étendre l'influence de son marché avait germé dans son esprit cupide comme un objectif de premier ordre. Si la noirelfe avait initialement pensé à élargir sa portée en Ithri-Vaan, la perspective de dépasser les frontières des contrées connues lui paraissaient tout aussi alléchantes. Pourquoi se contenter de peu quand on peut avoir plus ? Il suffisait de tendre la main au bon endroit, aussi de s'entourer des bonnes personnes. Velkyn Xaran était de ceux dont elle avait rudement besoin. « Zarra ! » Appela Shynrae en manipulant avec mollesse un abaque disposé sur la console. L'esclave apparu aussitôt, probablement rodait-elle déjà dans les parages, attendant les sollicitations de sa patronne. « J'aurais besoin que tu te rendes en ville, il me faut des produits ...d'origines particulières. » Devant l'incrédulité naissante – et attendue – de la pauvrête, la Drow enchaîna. « J'attends la venue d'un hôte de marque ce soir. Je ne pourrais t'expliquer ni son statut ni son importance, tu n'en comprendrais rien, mais il représente beaucoup pour moi et notre maison. Ce que je vais te demander pourra te sembler effectivement tardif, et surtout difficile. Crois moi si tu me ramènes ce que je désire tu seras grassement rétribuée. » L'elfe tendit à sa domestique deux bourses potelées. Ses yeux s’écarquillèrent tandis qu'elle les prenait dans ses frêles paumes. « Ne t'avises pas de me voler, Zarra. Je sais quelle somme je t'ai confié, et saurais ce que tu dois me remettre. Tu me rapportera, en plus des denrées, des notes de chaque commerçant avec qui tu marchandera. Pour en venir au dessein premier de ma requête, il me faut les plus nobles et beaux morceaux de Ralir que tu puisses trouver, ainsi que divers abats de ces mêmes bêtes. Des épices en tout genre, les plus caustiques et goûteuses. Pour finir, et cela sera le plus épineux à dénicher, de la liqueur de Zat'kyr. Il me semble qu'il soit encore tôt, peut-être aura tu le temps et la chance de ne point me décevoir. Allons ne traînes pas ! Hors de ma vue et je te conseille de ne réapparaître qu'en possession de ce que je viens de te mander ! » En se redressant de son fauteuil et se retournant, la Sirène constata qu'elle était déjà partie.
Le reste de la journée serait consacré à la préparation de la réception. Elle n'aurait su dire si l'exercice lui plaisait vraiment. Oui, Shynrae trouvait une certaine distraction à cette activité différente, mais de là en faire une complaisance … Plus que l'ébauche de passer un moment voulu agréable, elle gardait à l'esprit les raisons de cette invitation. Trop pragmatique pour jouir de futiles et simples instants partagés. Tout allait donc être mis en œuvre en ce sens ; la réussite de ses plans. La marchande savait ô combien le contexte pouvait influer sur l'issue des conversations, et s'appliquait à rendre le cadre de sa demeure plus que disposé à accueillir de positifs présages. Ainsi, elle recevrait son invité dans la Grande Galerie de l'hôtel particulier, plus somptueuse pièce de son logis et fruit de son affection. C'était d'ailleurs en ces mêmes lieux qu'on retrouva feu son époux disparu. Elle s'imaginait déjà ironiquement triompher devant le fantôme d'Axton Irvin, qui peut être cesserait - plus définitivement encore - de l'importuner. D'autres suivantes l'assistèrent à la tâche, Azadralvra n'étant toujours pas venue au devant de sa mère. Préférant tout de même s’enquérir de l'état de sa marmaille, la grise dame alla s'assurer de la présence de la jeune fille dans sa chambrée, dont elle verrouilla l'accès une fois rassurée. Au moins cette sotte n'aura la balourdise de venir nous contrarier. Songea t-elle en réceptionnant Zarra au retour de ses emplettes. La captive n'aurait pas à s'inquiéter de son sort jusqu'à nouvel ordre, les bras chargés des victuailles précieuses, elle s'engagea vers les cuisines du foyer.
« Voilà qui annonce une vêprée délicieuse ! » Se ravit Shyn en se frottant les mains. Il était temps désormais de revêtir une toilette en conséquence, le choix de la noirelfe se porta sur une spectaculaire robe de dentelles ébènes et de velours sang. A peine finissait-elle d'orner sa flamboyante chevelure d'un diadème de nacre qu'elle entendit le fracas de pas précipités dans l'escalier, puis le souffle saccadé d'une de ses caméristes. « Ma Dame Irvin ! Le Haut-Prêtre d'Uriz vient d'arriver ! Nous l'avons fait attendre dans le vestibule d'entrée. » S'exclama t-elle en crachant ses poumons. La Drow descendit flegme, son entrée était aussi importante que celle de son visiteur. Il se trouvait là, traînant des pieds sur le tapis, vraisemblablement courroucé du moindre moment creux. « Votre Excellence, je ne saurais vous remercier d'avoir daigné honorer ma requête. Il n'est plus grand plaisir que celui de vous recevoir en ma demeure, soyez le bienvenu au manoir Irvin. » Lança t-elle d'une voix mélodieuse à Velkyn qui leva les yeux sur elle. S'approchant de son comparse à la peau ténébreuse, elle glissa son maigre bras sous celui fort musculeux du Puysard. « Laissez moi vous mener là où nous passerons la soirée. Quelle mauvaise hôte ferais-je en vous laissant ainsi sur le pas de la porte ! » Elle lui emboîta le pas vers le passage de la galerie. Au fond leur faisait face une immense toile peinte, prenant le mur dans toute sa dimension, ornée d'un cadre d'un bois noble et sombre, représentant un navire de belle facture aux prises avec un antique monstre marin. Tous les rideaux de la pièce étaient tirés, l'endroit éclairé par un nombre mirobolant de bougies et autres lanternes, dégageant une odeur de brûlé venant se mêler aux émanations ragoûtantes du plat de viande disposé sur le buffet central. « Je vous en prie, faites donc comme chez vous. » Lui susurra t-elle en emplissant deux coupes d'un liquide jaune et sirupeux.
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:22, édité 3 fois
Velkyn Xaran
Drow
Nombre de messages : 371 Âge : 36 Date d'inscription : 02/03/2016
Sa venue au palais fût remarquée plus qu’il ne l’eut cru. D’une part, les sang-mêlé lui attribua pour certains un respect démesurément débordant, se courbant en d’interminables salutations honorifiques. Pour d’autres, leurs yeux cherchèrent racoin à fixer, question de ne pas se faire remarquer, se souvenant qu’il ne faisait pas exception des autres Puysard, quant à son amour envers les demi-noirelfes. Quant aux esclaves, aux servantes, aux gardes ainsi qu’aux autres résidents du palais, il attira sur lui moult regards curieux mais aussi, plusieurs commentaires soufflés et susurrés. N’en faisant pas un plat, repu de sa soif de sang, il laissa aller les ragots sans leur accorder la moindre importance. Après tout, il avait tout de même mérité : à l’entrée du palais, un des gardes s’étonna de voir perché contre sa lance d’haste le veston du Prima, accroché en son sommet. Peut-être symbole d’arrogance, l’envoyé d’Uriz se présenta le poitrail au vent. Alors il patienta dans le hall d’entrée, sagement, seulement vêtu d’une paire de bottillon noir de jais ainsi que d’une paire de guêtre amples soutenus d’un pesant ceinturon de ferré. Son corps athlétique était pour l’une des rares fois, bien lavé et entretenu, ne laissant ni trace de combats récents ou même de sang, que ce soit le sien ou celui d’un autre. Non, plutôt que ça, ses tatouages pouvaient enfin briller de mille feux sous l’effet de ses muscles saillants et encore chauds par l’exercice dont il s’était adonné au lupanar avec ses catins de chair. Pratiquement tout le Panthéon sombre y était, chaque tatouage était une œuvre d’art dédiée à l’un d’eux et, certains se masquaient sous le peu de vêtements qu’il portait ce soir-là. C’est d’ailleurs à son dos, que la marque la plus imposante y était gravée à même sa peau d’ébène : un immense bouclier sur lequel y était disposée une hache d’arme à double tranchant. Zébrant d’ailleurs le restant de son poitrail, de nombreuses cicatrices ornaient sa peau en parlant d’elles-mêmes à propos de l’importance de ses combats.
Un regard aussi sévère que glacial se balada d’un mur à l’autre du palais en y admirant les moindres décorations. Il y ausculta les moindres détails de l’endroit, les tableaux qu’ornaient les murs, les richesses qu’agrémentaient le décor des salles et par-dessus tout, le nombre impressionnant de personnes qui travaillaient à la botte de le guenaude. Tout ceci noté et observé scrupuleusement, Velkyn se fit belle image de l’hôte qui le recevait à dîner. Alors elle arriva, la Maîtresse des lieux. Allez savoir si elle l’avait fait exprès, si elle s’était informée ou quoi que ce soit, mais elle se livra à lui en des couleurs qui attirèrent son œil ainsi que l’entièreté de son attention. Bien qu’un peu désappointé par la pâleur de la pigmentation de son derme, ses yeux d’un blanc laiteux et frôlant pratiquement l’immaculé, piquèrent son intérêt au vif. Était-elle borgne ? Non, il écarta cette supposition en froissant l’arrête de son nez d’un air dubitatif en la voyant se mouvoir comme quiconque.
Ainsi donc, c’est en silence et sans piper le moindre mot qu’il gonfla inconsciemment son poitrail en fixant sa descente interminable des marches du palais. La traîne de sa robe était soutenue par une camériste qui rampait pratiquement derrière elle, chose qui amusant l’ombre d’un instant le ténébreux guerrier. Il n’eut pas temps de placer la moindre remarque désobligente qu’il fût aussitôt conquis par une main qui s’immisça sous son biceps saillant. Son passage ne laissa pas derrière elle que les restants de ses beaux atours, mais aussi le fumet de son parfum exagérément odorant. Non pas que ce ne fût désagréable, mais il allait se souvenir de cet odeur pour les années à venir et ce, sans doutances.
Se mêlait à ceci les arômes de fumée que j’aillissais des cuisines, heureux signe que les plats achevaient d’être apprêtés et qu’ils seraient servis de manière imminente. Il prit place près d’elle, lorsqu’elle lui désigna l’endroit où il devait d’asseoir. Curieux, derechef, il porta quelques regards aux alentours, appréciant le cadre plus intime.
« Je vous en prie, faites donc comme chez vous. »
Chose à laquelle il lui répondit, après un moment à avoir dévisager les autres présents, qui faisaient d’immuables statues près des rideaux clos, en attendant de prochains ordres :
« Eut été chez moi, c’est de sang-mêlé que nous aurions mit au fourneaux. »
Loin de la plaisanterie mais aussi, tout aussi loin des menaces, il lui dicta ces quelques mots en confirmant sa position face à cette sous-race qu’il exécrait. Il admira un moment le liquide qu’elle lui servit et s’en envoya une bonne goulée, sans même se soucier de ce dont il pouvait s’agir. Il passa ensuite le revers de son poing contre ses lèvres afin de les essuyer « convenablement » puis offrit toute son attention à nouveau vers la grisonnante Sirène.
« Avant d'en arriver au vif du sujet, parce qu'évidemment, vous ne m'avez pas invité pour le plaisir, il me faudra m’expliquer qui est vraiment la Guenaude Sanglante et ce pourquoi vous a-t-on attribué cet étrange sobriquet … »
Il reposa sec sa coupe déjà bien vide de son contenu contre l’imposante table en chêne et fit signe de la main à une femme quelconque, qu’importait qui elle était après tout, de le resservir. Il se calla ensuite en son siège pour écouter la sirène sans l’interrompre. Peut-être n’avait-elle pas que de beaux atours, mais aussi de belles et doucereuses paroles ?
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
Nombre de messages : 394 Âge : 32 Date d'inscription : 22/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
La remarque du sombre la fit s'esclaffer. Aurait-il pu avoir d'aussi exquis premiers mots ? L'humour des Puysards avait cette aura fascinante que Shynrae ne pouvait qu'envier du haut de son rang de Doeb Lodias. Si elle ne pouvait pleinement se revendiquer de sang Eldéen, elle partageait le même esprit satirique que ses cousins des terres stériles. « Je suis au fait de vos coutumes, Votre Altesse. Et bien que, pour tout vous avouer, je ne sois pas vraiment joisse d'être ainsi entourée, ces hybrides se révèlent d'une utilité mesurable. » Lui assura la grisonne, les crocs toujours dehors et les commissures tirées en un masque effrayant. « Il n'est guère chose admise que de se repaître de ses semblables, ici, en Ithri'Vaan. Du moins, si semblables ne sommes effectivement point avec ces bâtards de souche, ils ont des droits, au moins celui de pouvoir vivre. » L'elfe s'étonnait de la portée quelque peu altruiste de sa réplique, pour peu elle n'aurait cru que des mots si magnanimes pouvaient sortir de sa bouche viciée. Avant que Velkyn ne puisse réagir à ses propos elle enchaîna. « De façon plus pragmatique, je n'ai que peu de raisons de me séparer, par quelconque moyen, de mes esclaves. Vous savez, Sire Xaran, je n'ai pas toujours baigné dans cette opulence. Tout ce que j'ai, je l'ai acquis de mon temps, de ma sueur, de mon sang. J'espère que vous ne vous offusquerez point de dîner ce que votre pitance habituelle vous a préparé. » Son invité avait profité de ses justifications pour s'abreuver. Tout en l'imitant – avec toutefois plus de délicatesse dans son geste – elle l'interrogea quant à la teneur de ce qu'ils venaient d'avaler. « Peut-être auriez vous reconnu ce breuvage ? J'ai ouïe dire que les Drows d'Elda étaient friands de cette liqueur. Distillé d'un fruit que vous appelez Sat'kyr... Oh pardonnez ma prononciation, Zat'kyr, c'est ne pas ? Thaar ne m'est pas d'une grande aide quant il s'agit du patois Daedhel. » La petite gorgée qu'elle s'offrit afin de ne pas perdre des yeux le Haut-Prêtre lui arracha un hoquet fâcheux. Familière des spiritueux de toutes horizons, elle devait avouer que cette préparation avait de quoi secouer les entrailles d'un soiffard chevronné ! Une fois la sensation brûlante de sa langue atténuée, Shyn observa un léger goût acide finalement appréciable. « Si mes connaissances sont justes, le Zat'Kyr serait de la famille des agrumes, une sorte de très gros citron de la région du Puy. » Ses cils papillonnèrent à la seconde lichée. Elle réprima une autre saccade, cette fois-ci attendue. Il lui fallait toute sa dignité devant un être si important. « Zarra, Driella ? Apportez-nous donc la suite du souper. Et de quoi étancher notre soif ...Mh, de l'eau, oui, de l'eau. » Et puis tant pis s'il remarquait son peu d'endurance quant à la boisson, lui n'avait même pas esquissé une réaction après avoir vidé son godet. Mis à part sa requête mercantile, elle n'avait rien à prouver à son sombre compagnon.
Et le Drow frappa juste. Shynrae s'installa avec mutisme en face de Velkyn , qui, avachit dans son fauteuil, semblait pendu à ses lèvres purpurines. Si elle était capable d'une fière souveraineté sur sa personne et ses émotions, la noirelfe n'avait pu retenir un subtil écarquillement de ses pupilles laiteuses. Où voulait-il en venir avec cette perfidie ? Oh oui, ils en viendraient aux motivations de cet entretien qui muselaient la Sirène quant à une réaction à son anodine question. Si elle était, évidement, au fait de cet abhorré surnom, il lui déplaisait plus que tout au monde de l'entendre, encore pis en confrontation directe. Aussi ne pouvait-il savoir qu'il s'agissait là d'une désignation contrefaite et surtout abjecte ! Elle avait une mission à mener, une requête à formuler. La méconnaissance de sa personne de son choyé interlocuteur ne devait la mettre à mal et dérouter ses intentions. « Vous dites vrai, Velkyn. On m'a attribué ce ...sobriquet … Que je ne saurais arborer tel un titre ou réel épithète à mon sujet. Vous vous doutez bien qu'il s'agit là d'un grossier prédicat visant à ternir l'éclat de ma réussite, ma réputation ! Si l'Ithri'Vaan se veut une terre composite en terme d'ethnie, son métissage n'est que pure illusion. Là où séjournent les Hommes se gangrène la cupidité, la convoitise, nombreux sont ceux qui décrient ma fortune, et ma famille, par le biais de cette acerbe appellation. Tenez-vous vraiment à savoir pourquoi l'on me qualifie de la sorte ? » Lui rétorqua la Doeben en se pâmant d'un sourire encore plus large.
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:22, édité 3 fois
Velkyn Xaran
Drow
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Était-elle surdouée en matière de théâtre, feintant l’amusement et l’intérêt au détour de si brefs échanges, ou le courant passait-il vraiment entre eux ? Divertie par les propos du sombre, son rire tonna dans la pièce et se démarquait de tous, franc et amusé. Velkyn s’en étonna légèrement mais n’en fût certainement pas désappointé, son rictus ayant quelque chose d’assez adorable. Sur le même ton, ses propos s’agençaient avec harmonie aux valeurs du prêtre, ainsi qu’à son avis face à l’Ithri’Vaan. Mais avant qu’il ne puisse acquiescer à ses propos en lui donnant raison, elle enchaîna sur le sujet en déblatérant au sujet des esclaves. Ce à quoi il enchaîna, entre deux gorgées plus modeste de son breuvage :
« Parce qu’il s’agit d’esclaves, il vous faut savoir que je vous donne pleinement raison. Qu’importe leur provenance, du moment qu’ils sont dotés d’une abondante propension à la soumission, naturellement ou fortement suggérée via le fouet. Or donc, si ceux-là même qui vous servent vous plaisent, je ne vois pas l’intérêt de s’en départir. »
Quant à sa richesse et la réussite dont elle faisait preuve en Thaar, Velkyn s’en tint au silence, comme si la chose ne lui évoqua que peu d’intérêt, compte tenu du fait qu’il n’estimait en rien « réussite » tout ce qui était fait en dehors de l’Elda. Aussi avait-il dérobé tout le liquide de son gobelet en une seule goulée, ce qui lui fit fermer les yeux pendant deux interminables secondes, le temps d’apprécier l’effet de l’alcool purifiant sa gorge. En d’aussi longues et pesantes rasades, l’effet de brûlure se prolongeait de plus belle, laissant un arrière-goût d’acidité en bouche longtemps après son ingestion, chose à laquelle Velkyn appréciait l’effet.
« Évidemment, ça tombe sous le sens. Le Zat’Kyr tire son acidité particulièrement agressive du souffre abondant de l’Elda. Un vrai Puysard saurait reconnaître ce breuvage entre mille … »
Laissa-t-il sous-entendre, alors qu’il lui offrit une œillade discrète, après avoir ausculter son godet. Il marqua une pose en remarquant l’effort et l’attention dont elle avait fait preuve dans le choix de la liqueur, puis formula maladroitement un compliment, pour se racheter :
« Néanmoins … Vous avez fait un choix judicieux. »
Puis il poursuivait, pour commenter le restant de sa phrase :
« C’est d’ailleurs ce pourquoi j’exècre Thaar. Elle corrompt les racines Drow, elle éloigne les Doebens de ces contrées où nos primes valeurs prévalaient sur tout et où nos croyances religieuses nous offraient des ailes afin de nous élever. À l’heure qu’il est, j’imagine bien tous ces Drow qui se targuent d’être véritables, alors qu’ils ne seraient pas à même de lever le petit doigt, l’heure venue où il faudrait rendre honneur en nos créateurs. »
Son timbre de voix s’emballait, ayant quitté ses prunelles alors qu’il commençait à s’embrumer l’esprit de pensées tous aussi négatives les unes que les autres. Un hoquet féminin fit éclater sa bulle, redressant le menton avec empressement, pour lui vouer de derechef toute son attention : elle venait à son insu de désamorcer une bombe. Les lèvres du Prima s’étirèrent avec légèreté, en un sourire narquois mais qui n’avait rien de mauvais. Il était doux de la voir à l’œuvre, choisir avec brio un menu qui saurait le contempler, apprêter son domaine à sa venue et tenter de se montrer plus Drow qu’elle l’était, en s’envoyant cette horrible liqueur dans le gosier.
Elle lui plaisait, et cela allait bien au-delà des beaux atours dont elle s’était affublée.
Son sourire persistait, plus tenace que jamais, lorsqu’il lança sa toute première question. Peut-être avait-il fait exprès, après tout ? Qui peut après tout, se plaire d’un sobriquet aussi péjoratif ? Le guerrier n’était pas dupe, nulle ne pourrait se voir flattée par de tels propos, mais sa réaction vaudrait chère. Velkyn testa les limites de son hôte à garder son sang-froid, de même qu’il allait pouvoir repaitre sa curiosité, du même coup. Alors elle s’expliqua, comme il se doutait, et c’est avec complicité qu’il acquiesça naturellement à sa requête, non sans avoir cependant ajouté préalablement :
« La jalousie fait bien des choses, mais stimule rarement l’imagination quant à la teneur des mots. Vous devez bien avoir eu un rôle à jouer pour vous faire couronner d’un pareil titre ? »
Le Prima vint croiser ses deux bras au niveau de son poitrail, se callant légèrement en son fauteuil et ce sans une once de gêne, démontrant à son hôte qu’elle avait réussi, en quelque sorte, à le mettre à l’aise.
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Son hôte semblait apprécier la jonchée d’efforts qu'elle avait déployé pour le satisfaire. C'était déjà là franche réussite, même si son plan initial n'était qu'à peine effleuré. L'important était de mettre le Drow en condition, qu'il soit prompt à accéder à ses doléance et prenne part à son grand projet sans trop de réserve. La Doeben savait les premières minutes, les premiers instants d'un entretien décisif, les œillades échangées et la façon dont il s'accaparait son assise en disait long sur son aisance. Si elle en avait eu la capacité émotionnelle, elle aurait probablement rougit comme un tendron à la sobre éloge de Velkyn. « Un convive d'un tel égard n'est point à déshonorer. » Lui confia t-elle tandis que ses créatures réapparaissaient dans la galerie telles des acrobates, portant de leurs bras minces carafes débordantes ainsi qu'un gargantuesque plat. « Il m'est primordial de traiter mes invités à la mesure de leur renommée … Je suis marchande, mon cher Velkyn, si vous me permettez de vous appeler ainsi. C'est une habitude pour moi que de complaire à mes interlocuteurs. C'est là le sel des affaires. » Zarra s'empressa d'emplir la coupe de sa maîtresse d'eau, le précédant message ayant été judicieusement interprété. La grisonna fronça ses sourcils argentés. « T-t-t, je m'en tiendrais à la liqueur pour le moment. Apportes-moi donc une nouvelle coupe. »
Si jusqu'ici elle avait eu le mot juste sans trop forcer son talent, Shyn préféra un silence poli à quelque réponses aux déclarations du Haut-Prêtre concernant l'Ithri'Vaan. Si ils partageaient vraisemblablement le même avis sur le sujet – qu'elle avait d'ailleurs elle même initié – elle ne pouvait s'assurer l'allégeance de son hôte en matière de religion. Certes, il représentait une haute figure du Panthéon Drow, et devait être considéré en tant que tel, mais ce terrain là devenait glissant pour la Sirène. Ballottée entre divers cosmogonies toutes plus légitimes les unes que les autres, elle s'était éloignée des croyances de sa race originelle, néanmoins sans s'en détourner véritablement. Son temps de pause fut vite balayé.
S'il ne lui avait pas été d'aussi plaisante compagnie, Shyn se demandait comment elle aurait réagi à l'insistance malsaine et insolente de l'émissaire d'Uriz. Même si le Puysard se jouait, se délectait même de tourmenter ainsi la noiraude, il lui donnait quelque part une occasion inespérée d'enfin livrer à quelqu'un la véritable nature de cette histoire. Son intuition allait aussi en ce sens ; Velkyn serait peut-être le seul qu'un tel récit ne troublerait point. Elle s'envoya une coupe pleine de Zat'Kyr pour se donner du courage, ce qu'elle s'apprêter à faire, nul n'en avait jamais été témoin.
« Comprenez bien, Velkyn, que ce que vous me demandez là, ce que vous cherchez à obtenir, tient plus de la confession que de la simple narration. Si je vous le relate, sans omission je l'espère, c'est que nous avons de grandes choses à entreprendre tous deux. J'ose croire que cette déclaration scellera notre bonne entente. » Se permit Shynrae avant d'ébaucher le fil de ses vieilles mémoires. « Vous tous, dehors ! » Aboya t-elle à l'adresse de ses serviteurs qui avaient l’indécence de souiller la pièce de leur présence. « Bien. Si j'eus préféré que l'on me désigne par une autre de mes appellations, il est courant que dans mon dos se murmure ce nom ; la Guenaude Sanglante. » Elle réprima un féroce haut le cœur, jamais elle ne prononçait ces termes, même seule, ne s’y était résignée. « Voyez, Velkyn, j'ai par le passé accepté une réquisition particulière, et bien que fort pénible, j'en savoure pleinement aujourd'hui les réminiscences. Comme le suggère un de mes patronymes, j'ai uni mon lignage à celui d'un humain. » Elle guetta une réaction du Drow à l'évocation de cette information qu'il mépriserait probablement. « Ne me jugez point, il est des faits que nous ne pouvons assumer devant nos semblables d'Elda. J'ai été élevée dans l'idée d'acceptation d'autrui, quelque soit sa race. Cette part d'humanité a longtemps cheminé en mon esprit, c'est entre autre ce qui m'a fait accepter d'engendrer des sang-mêlés. Avant que vous n'en ricaniez, il n'a jamais été question d'amour. Si j'ai donné sens à ma descendance, c'est à des fins pragmatiques. Néanmoins je dois vous avouer qu'il m'a été très plaisant de voir le fruit de ma chair prendre vie, avez-vous des enfants, Velkyn ? » La question n'en était pas réellement une, du moins, elle ne s'attendait pas à ce qu'il réplique. Cherchait-elle là à noyer le poisson ? Force lui était d'admettre que c'était chose douloureuse à raconter. « Feu mon époux et moi-même avons posé les premières pierres de ce qui fait ma fortune aujourd'hui. Quoi qu'on en dise, je lui dois beaucoup, au moins quant aux moyens. Il n'était guère très actif concernant nos affaires, ne s'intéressait que de loin aux résultats. Je n'en avais cure, personne ne pouvait m'aider mieux que je ne le faisais seule. Il donnait une certaine légitimité à l'exploitation, et cela nous convenait à tous deux. Nous étions ensemble plus comme de vieux amis qu'un réel couple passionnel. Comme tout homme il étanchait son besoin de concupiscence avec les laiderons de Thaar, cela m'était égal. Et puis nous devinrent plus fortunés encore, aussi privilégiés que des Princes Marchands. Tout cela il me le devait entièrement. Mais comme tous les mortels, il lui était nébuleux de résister à l'opulence, il en voulait toujours plus. Finalement, il se mit à me reprocher la lenteur de certains contrats, jusqu'à l'inefficacité de mes actions. Il en arriva même au point de me menacer de m'évincer de l'établissement. Je m'en souviens encore, presque exactement. Nonchalant comme il était, de m'avoir expliqué d'une façon qu'il voulait rationnelle que " tu comprends, Shynrae. Qui donc voudrait commercer avec une Drow ? Aussi grise puisses-tu être, tu n'en restes pas moins qu'une abomination. Ne t'offusque pas, je ne pense pas cela de toi, ma mie. Mais on m'a rapporté beaucoup trop de plaintes quant à ta nature pour que je ne puisse y rester éternellement sourd. " » » La Sirène soupira avec lassitude, comme si ces souvenirs lui étaient aussi pénibles qu'obsolètes.
« J'ai donc commencé par ses oreilles. Je n'en ai guère savouré le goût, j'étais bien trop possédée par cette nature qu'il me reprochait. C'est là qu'il a le plus hurlé, d'autant qu'il a fini par perdre connaissance. Ses cris m'étaient insupportable, comme finalement cette relation que je finissais par subir. J'aurais pu le laisser là, juste blessé, amoindri. Mais il avait réveillé en moi quelque chose qui ne pouvait faire demi-tour. J'étais près de tout perdre, tout ce que j'avais construit de mes mains désormais pleines du sang de celui qui m'avait élevé vers le succès. Alors j'ai voulu, moi aussi, le faire disparaître de notre commerce, désormais mon commerce. Son cou était incroyablement tendre et sa sève sucrée, délicate ... »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:23, édité 2 fois
Velkyn Xaran
Drow
Nombre de messages : 371 Âge : 36 Date d'inscription : 02/03/2016
Force était d’admettre que sa ténacité était d’or. Les efforts qu’elle déploya pour capter l’intérêt du Prima ne savaient défaillir et c’est sous une ribambelle de serveurs que la ripaille fût servie. Au fur et à mesure que les plats déboulèrent, les Queux dans la cuisine bousculèrent les casserons et levaient le ton afin que le pas se presse. La chose étant dite et comprise, c’est avec empressement que les derniers esclaves déposèrent les assiettes finales aux endroits où l’espace le permettait. Poulardes, bœuf et autres morceaux de viande d’exceptions étaient au rendez-vous. À cela, évidemment, on y déboucha plusieurs jacquelines de multiples cépages, sans même demander l’avis du Prêtre, par prévention seulement, afin qu’il puisse lui-même choisir son cru. Par son abondance qui frôlait la dérision, la ripaille amusait d’avantage le Prima, plutôt qu’il ne lui creusait l’appétit. Alors il se souvint qu’elle le convoqua pour une raison qu’il ignorait toujours, une raison suffisamment importante, qu’elle n’ait point le moindre intérêt sur les dépenses faramineuse que pouvait engendrer ce genre d’entretien. Car on ne pouvait duper personne, elle avait certainement mise bien profondément la main en sa poche, pour s’offrir pareil luxe.
Qu’à cela ne tienne, Velkyn poussa le bouchon de l’arrogance d’avantage encore. Ses épaules roulèrent quelques fois afin que d’iceux, tombent contre le dossier de son assise, sa veste déboutonnée. Il laissa dès lors une vue panoramique sur sa physionomie. Une ode à la perfection, un corps sculpté à même le roc, où l’âge laissa son emprunte ici et là en d’innombrables cicatrices tous aussi honorifiques les unes que les autres. Au travers la toile qu’il exposa, s’ajoutait les profondes croyances spirituelles de ce cruel personnage, en hommage et offrande aux Dieux Sombres. Des tatouages minutieusement travaillés d’une encre immaculée, doublée en quelques endroits à l’aide de scarification, œuvre d’art souvent admirée et jamais égalée.
Il tendit la main pour se saisir d’une aile de poularde quand, derechef, sa nouvelle amie piqua son attention. Elle avait changé d’avis, elle troqua sa flotte pour la liqueur … Forçait-elle la note pour faire belle impression, ou s’était-elle amourachée du produit ? Après tout, une fois que les boyaux se tordaient et que la gorge s’hardrait jusqu’à son paroxysme, le liquide perdait ses vertus, et son goût par le fait même. Bien qu’évidement, traitre liquide, il ne laissait aucun sens indifférent lorsqu’il était ingérer. Le Prima mit le pied au sol pour freiner son envolée, quant à la quantité d’alcool qu’il s’envoyait dans le gosier. Reste, qu’au final, un sourire plus franc se peignait sur le faciès du ténébreux noirelfe, satisfait de la voir se démener d’avantage.
Vint enfin ce moment tant attendu, où elle viderait son sac, où elle lui dévoilerait tout à propos de ce sobriquet qui semblait l’affecter outre-mesure. Elle insista sur le fait qu’elle lui livra somme toute un secret qui jamais n’avait été raconté, ni même entendu. Derechef, il se ravisait, déversant toute son attention de la ripaille à elle, question de mieux en comprendre la pesanteur de ses propos. Elle donna « congé » à ses sbires puis, commença sa petite histoire…
Le faciès de Velkyn, à l’instar de l’eau, était transparent et manquait cruellement d’empathie. Changeant comme le vent, chaque bout du récit lui tira une réaction différente. Tantôt dégouté par son union humaine, tantôt curieux par les raisons qui motivèrent la Sirène et tantôt, fin parer à vociférer milles et uns jurons à l’intention des propos de son mari à propos des Drow. Ses yeux se froncèrent de plus belle, tandis que sa mâchoire se crispa, comme s’il exécra toute cette sombre aventure dans son entièreté. Mais lorsque, du coq à l’âne, elle lui confessa ses péchés vis-à-vis son mari, ses yeux s’écarquillèrent de surprise.
Fort loin d’être dégouté, il arqua plutôt son grand dorsal en s’accoudant contre ses genoux, ses deux mains se mariant, s’équipant d’une posture franchement intéressée. S’il frôla se faire occire par le préambule de la confesse de sa compagne, son cœur lui arracha un souffle lorsqu’il se débâtit en son poitrail, à l’écho de ses premiers mots. Ses yeux s’accrochèrent aux siens et il en perdit toute trace d’arrogance, regagnant des traits qui lui étaient plus fidèles, des traits sévères et austères. Et sous le voile d’inimité qu’incombait les confidences, Velkyn lui adressa plusieurs mots sous un timbre de voix plus familiers et formel, comme il le faisait à l’une de ses recrues ou lorsqu’il s’adressait à un semblable, un vrai :
« La tolérance et l’acceptation de tout ce qui n’est pas Drow, tracent un chemin qui inexorablement mène à la défaite. Une défaite qui peut être évitée, parfois de justesse, lorsque sans scrupules, nous épousons les valeurs Drow. Quant au sort que tu réservas à ton époux … Quand bien même le goût âpre de son lignage et de ses chairs t’auraient levé le cœur, tu aurais été tout aussi contentée. Parce qu’il n’est pas en ce bas monde un goût plus agréable, que celui du triomphe. Surtout ces victoires gagnées au dépend de regards suppliants, de criements douloureux et hurlant leur mépris … »
Un lourd silence fit son apparition alors qu’il la mesurait, les yeux fixés droit dans les siens. Il insista ainsi quelques secondes, cherchant à percer si elle se couvrait de honte à raconter ce récit, ou si à l’inverse, elle en tirait une cuisante fierté. Il mit fin à ce menu malaise puis soulevant son poitrail dominant dans un souffle amusé, il se retourna vers son plat où, derrière une montagne de plats tous aussi appétissants les uns que les autres, il broya les os d’une petite caille. Une aile toute menue entre ses doigts, il lança vers elle sur un ton de voix qui se voulait moins enclin à l’animosité :
« Ce n’est pas dommage pour le goût. Les oreilles, ça n’a rien de goûteux lorsque c’est mangé cru. »
Pince sans rire, sa voix dévoilait ce petit quelque chose d’amusé, comme s’il avait finalement été charmé sous tous les efforts de la Sirène. Son chant avait été entendu et à l’instar des matelots qui se laisseraient bercer sous sa douce mélopée, Velkyn se montra plus docile lorsqu’il mangea. Évidemment bonne fourchette, il profita de la ripaille jusqu’à ce qu’il en soit francherepu, suite à quoi, il se calla dans son assise, dégainant son poignard fétiche, pour que de la pointe de sa lame, il vienne s’en curer les dents. Sa langue roulait sur chacune de ses dents, se pourléchant les lèvres avec satisfaction, alors qu’il offrait une énième fois son regard vers Shynrae.
« C’était fort goûteux … J’ai rarement l’occasion de manger ce genre de plats, à Yutar … »
Il songea un moment puis, après un examen sommaire de sa dentition, il se redressa en déposant son poignard richement serti de multiples gemmes sur le coin de la table.
« Alors … De quoi voulais-tu me parler, Shynrae ? À moins bien sûr, que tu n’aies toi aussi une question à me poser? Bien que l’on ne m’a jamais affublé du moindre sobriquet, aussi élogieux fusse-t-il le tient … »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
Nombre de messages : 394 Âge : 32 Date d'inscription : 22/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Son impassible compagnon n'avait jusque là esquissé aucune réaction particulière, s'en tenant seulement au placide masque qu'il arborait depuis le début de leur entrevue. La grisonne remarqua la tension sourde que les prémisses de son récit lui inspirait – bien qu'elle n'en attendait pas moins d'une telle histoire, jaugée par les ténèbres d'un Prima Sanguis peu enclin à glorifier les mœurs corrompues d'Ithri'Vaan - ainsi que son subtil mais néanmoins perceptible changement d'attitude. Sa voix se faisait plus posée, teintée de ces notes diplomates et quelque peu compréhensives, du moins, attentives. Il se laissa même aller à un tutoiement tout amical, tandis qu'il se confondait en un laïus saumâtre au sujet des idéaux des natifs du Puy. Si la noirefle concéda un sobre silence à ses réflexions, elle ne les laissa pas sans réponse. « J'en demeurerais toujours une Doeb Lodias, Velkyn, quels que soient mes choix. J'ai vécu trop longtemps auprès des mortels, en leur compagnie même, pour ne pas partager du moins, comprendre leurs conscience. Mais je ne peux qu'aller en ton sens, oui, il n'est plus grand mérite que celui que l'on s'attribue par soi-même, plus grande revanche que la consécration. »
Elle s'autorisa de la même façon à ne plus le vouvoyer, ne plus le considérer comme cet inconnu venu des terres lointaines de son ancestrale race. La Sirène avait ouvert son cœur vérolé à un des siens, narré pour la première fois le fil de cette tortueuse chronique dont elle couvait ardemment le mystère. Le Daedhel partageait maintenant son plus sépulcral secret, sans qu'à un instant un seul, cela ne l'eut gêné de se confesser de la sorte. L'acte lui faisait l'effet d'un exorcisme, une délivrance inespérée, était-ce là les usufruits des aveux ? Shynrae répliqua aux remarques du Drow - quant à la saveur des oreilles - par un conciliant sourire, la situation ironique participant à cette étrange détente. Cela ne l'affectait point de commenter ainsi la sapidité de la chair humaine tout en dégustant des mets de plus ordinaire et licites provenance. Si l'idée ne lui avait point coupé l'appétit, l'elfe n'avait pas vraiment grand faim. Quelques pincées picorées dans divers plats dressés pour l'occasion suffisaient à contenter sa maigre panse. Une nouvelle lampée de Zat'Kyr vint accommoder le peu de solide qu'elle venait d'ingérer. « Voyons, s'il est bien des choses que nous pouvons reprocher à Thaar, ce n'est certainement pas le cas de sa gastronomie ! » S'amusa t-elle devant sa cocasse allusion. « Est-ce la première fois que tu te rends en Ithri'Vaan, Velkyn ? C'est ici que l'on trouve le meilleur de ce que la terre de toutes les civilisations peut apporter, bien que le pire aussi, ça je peux te l'accorder. La chère Thaari n'est en rien comparable aux croûtes de Yutar ou encore de Sol'Dorn. »
Elle avait voulu montrer à son hôte toute la diversité culinaire dont la cité était capable, aussi bien pour le sustenter dignement, que pour amorcer de façon métaphorique tout le déploiement de richesse et de fertilité dont elle pouvait faire preuve. Aussi, le Haut-Prêtre en venait aux fait de cette sollicitation, l'interrogeant toujours sans la ménager quant aux réels motifs de son invitation. Une pointe d'agacement vint corrompre son accent, menée ainsi par l’enchaînement des questions de son invité. « Il est d'autres affaires élogieuses dont j'aimerai être affublée … Si je t'ai convié en ma demeure, c'est évidement pour des raisons qui dépassent le plaisir de désacraliser les origines de mon principal titre. J'ai disons, ce que d'aucun appelleraient, des ambitions Eldéennes. »
Si la formulation était sibylline, c'est que Shyn voulait ménager son effet, du moins s'en donner l'illusion. Un claquement de doigt sec fit apparaître une de ses domestiques, portant un plat sur lesquels étaient disposés deux minuscules verres ciselés, ainsi qu'une carafe emplie d'une substance oléiforme et épaisse. La grisonne s'attela elle même à vider la dose adéquate en les petits contenants, proposant à Velkyn d'attraper celui lui étant attribué. « Tiens, goûtes donc. » Lui lança t-elle, avide de ses réactions. « Voici mon meilleur cru. Il s'agit d'un fruité noir, tiré des meilleurs fruits des oliviers les plus prolifiques de mes vergers. Si l'essence d'origine est déjà d'une pureté inouïe, j'ai personnellement œuvré à son agrément de façon à en parfaire la saveur. Si le mélange d'épices de corps est une alliance de ma composition, présente dans nombre de mes produits, ce sont surtout les notes de tête, l'assortiment du safran avec le citron vert, qui la rendent exceptionnelle. »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:23, édité 2 fois
Velkyn Xaran
Drow
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Sa répartie lui laissa un goût âcre en bouche, accentuant une grimace désapprobatrice lorsqu’elle fit référence aux humains. La Sirène cohabitait et côtoyait plus que son lot d’humains et cela se comprenait, compte tenu du contexte dans lequel elle fût éduquée et dans lequel elle s’était elle-même élevée. Mais pour cet être qu’était Velkyn, à l’esprit cloisonné et peu enclin aux compromis, ce n’était pas gagné d’avance. Il avait moult misères à se faire à l’idée de croiser des humains en d’autres contextes que celui de la guerre. Alors s’accoupler avec eux, marchander avec eux, tenter de les comprendre et même, s’en voir imbibé par leurs us et coutumes : non, c’était impensable. Heureusement pour elle, on ne pouvait lui enlever le fait qu’elle avait su hameçonner son invité avec prudence. Les confidences régnaient et bien que la douceur de leurs propos ne fût pas de satin, cette rencontre empruntait un chemin sinueux qui plaisait au Haut-Prêtre. Elle était pour lui, une curieuse créature nimbée de succès, mais qui se devait d’aspirer à mieux. Elle avait en poche tous les outils nécessaires, non pas de biens matériels, mais de valeurs qui se devaient d’être accentuées ou retravaillées. Si en Ithri’Vaan on la confondait avec ces autres Doebens dénaturés, elle pouvait aspirer non seulement au succès, mais aussi à l’acceptation des siens. Elle en était bien capable.
Elle gâta la conversation lorsqu’elle s’exprima sur les talents culinaires de sa mère patrie. Un sujet qui n’avait pour le guerrier, aucune saveur. Voilà qui frôlait l’ironie. Mais lorsqu’elle apostropha Yutar dans ses pourparlers, un sourire vint fendre le visage de Velkyn, peut-être un peu méchamment. « Yutar n’est plus ce qu’elle était, désormais. Le Front Drow a fait d’elle spécialiste en ce qui attrait ce goût suave qu’est la cendre et la mort. » Dit-il, bien entendu, sous un timbre de voix qui laissait croire l’amertume. Après tout, les gens qui visitaient les installations Drow ne venaient pas pour ses pâtés ou ses croûtes, mais bien pour son corps guerrier. « Mais en ce qui concerne ta bien-aimée Thaar, je veux bien admettre qu’elle y couve moult trésors. N’eut été de ces rapaces qui grouillent en les rues, se mêlant presque de manière homogène aux Drow, comme s’ils étaient fait pour s’accorder, je pourrais presque m’y plaire. » Il se retourna ensuite, étirant son bras pour empoigner un os garni d’une viande à peine cuite, mais au fumet odorant. Ses canines écorchèrent la viande aux teintes sanguines, puis déchira le morceau pour le mastiquer silencieusement. À nouveau, il acquiesçait, satisfait. Maintenant, était-il possible que le prêtre soit simplement plus doux, lorsqu’il était question de juger un plat ? Ce serait naturel, parce que bien que son rang lui permettait d’y échapper, il préférait usuellement se sustenter de repas réservés à la menuaille et à la piétaille, lorsqu’il mettait les pieds à Yutar. « Bien sûr que non, j’ai piété en Thaar plus que je ne l’eus désiré. Autrefois, alors que je n’étais qu’initié, peut-être avais-je atteint mon premier siècle … Enfin, on m’ordonna d’aller séjourner plusieurs fois à Sol’Dorn ainsi qu’à Thaar, où je me devais faire la négoce d’importantes livraisons de rochers pour l’agrandissement du temple. Les choses ne se sont pas passées comme je l’eus voulu, tu le devineras. À Sol’Dorn, on m’accueilli comme le prolongement du Grand-Prêtre, on m’offrit rochers, métaux et pierres précieuses pour édifier le sanctuaire. À Thaar, ce fût différent. Les Princes marchants ne me prenaient pas au sérieux et ce n’est, qu’après une vingtaine de réunion, des milliers de lieux parcourues, des mois dépensés à l’aboutissement d’un commun accord, ils me crachèrent tous au visage. Ils couvrirent la honte qui me pesait sous d’interminables rictus moqueurs. Ils me renvoyèrent finalement en me chassant d’un revers de la main, où je dû rentrer faire face à mes nouveaux bourreaux : les Prêtres d’Uriz. » Velkyn marqua une pose, où son visage s’était durci comme un métal refroidi, où ses yeux parlaient pour lui-même, où son souffle semblait s’emballer un peu. Et il lui avoua aussi quelque chose, usant de la même sévérité qu’elle avait faite, lorsqu’elle lui confia son secret. « Mon corps est affligé de milles et unes cicatrices, et ceux-ci sont tous issues de combats, de la guerre et du fer. Mais mon dos, lui, a été flagellé cent fois et une fois par ceux que j’idolâtrais, à cause d’eux. » Il se réserva tout de même de lui dire s’il avait pu obtenir vengeance, se callant comme il était en son assise.
Et il passa à un autre sujet.
Un sujet qui ne manquait pas de faire briller son œil, et pas qu’un peu, lorsqu’elle lui dicta qu’elle avait des ambitions Eldéennes. On disait que le Prêtre était aussi changeant que le vent, et c’était vrai. Son regard bifurqua vers le domestique et la cargaison dont il était se faisait la mule. Une dégustation s’imposa et bien que cela ne fût en rien sa tasse de thé, il s’y adonna tout de même. Il la laissa procéder la première, jouant du miroir pour tenter d’apprécier les épices et les effluves que pouvaient offrir cette huile omnipotente. Il fit rouler le liquide en bouche sérieusement, longuement, interminablement … Puis il acquiesça, opinant du chef en guise d’approbation. « C’est goûteux » dit-il, sans en rajouter d’avantage. Avait-il seulement aimé, à voir de si concis commentaires ? Pourtant, il confirma l’inverse, lorsqu’il ajoutait : « As-tu d’autres produits? Je n’entends pas faire de menues transactions avec toi, Shynrae. Pour se faire, il te faudra une production à la juste mesure de tes clients et, des produits non seulement raffinés mais aussi, personnalisés aux besoins de ta clientèle. » Il se pourlècha les lèvres du bout de sa langue, trompant alors le fait qu’il avait aimé et sans doute, qu’il en aurait redemandé, s’il n’avait pas été aussi fier. « Sont-ce là les seuls produits que ta Maison peut offrir au Puy, ou la Sirène a aussi main mise sur d’autres sortes merveilles? »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
Nombre de messages : 394 Âge : 32 Date d'inscription : 22/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Si ces sourcils d'albâtre se mouvèrent en une curieuse danse quant Velkyn lui fit à son tour part d'un aveu personnel, elle n'en exprima rien. L'envie lui était venue de demander à voir, toucher le rachis de son semblable pour prendre la pleine mesure des atrocités qu'il lui contait là. Mais pour l'heure, ils avaient une situation plus pressante à régler. Le Haut-Prêtre ne commenta guère la dégustation, se réfugiant dans une fumeuse gentillesse. Reposant son verre sur le plateau elle le toisait tandis qu'il se pourléchait les dents. « Apprécier tel prodige est exercice demandant de longues années d'habitude. Tout comme il n'est guère usuel de consommer de l'huile ainsi, pure et comme n'importe quelle boisson. Mais te voyant dévorer la moindre victuaille à ta portée depuis tout à l'heure, je me disais que l'amateur de bonnes choses, l'épicurien que tu es, pourrait jauger du goût subtil de cette préparation. Essaie plutôt ceci. » Enchaîna la Doeben en attrapant quelques lichettes d'une viande pourpre du bout d'une pique, versant par-dessus un maigre filet de son fluide d'ambre. « Voilà qui correspond à un usage convenable. »
Se levant avec prestance de son assise, la Sirène se dirigea, tournant le dos à son hôte, vers la rangée de buffets qui s'alignaient sur un des côtés de la pièce, formant une ligne de vieux bois sombre difficile à discerner dans cette atmosphère étouffée. Ainsi il voulait connaître l'étendue de ses marchandises, et se permettait même, d'en exiger de particulières pour le Puy ! Ce personnage ne manquait décidément pas de toupet, mais, une Shynrae insatiable en affaires ne pouvait que ce délecter d'un tel caractère. « Avant que nous ne statuons sur des substances plus...disons... adaptées, à Elda, laisse moi te montrer ce que je possède déjà. A savoir que oui, il m'est possible d'accéder à presque la moindre de tes exigences. »
Un chaos d'effluves disparates se mêlèrent au parfum cendré de la galerie tandis que la grisonne faisait coulisser les massives battants d'un des bahut. Elle en sorti d'autres carafes ainsi que des fioles de taille plus modestes, allant du réduit au minuscule. Une suivante venait attraper par-derrière ce que Shyn débusquait sans s'inquiéter de les apporter à leur pupitre. La noirelfe ne revint faire face au Prima qu'une fois le meuble complètement vidé. « Je ne … dévoile guère toute l'envergure de ma production ainsi, sauf si des circonstances particulières l’exigent. Il se trouve que notre rencontre en est une, et comment pourrais-je te refuser un aperçu de mon travail, Velkyn. » Le plateau s'était considérablement embelli de moult matras et autres flacons cristallins, tous miroitant les reflets allant du vert acidulé à la teinte d'or pur de leur lymphe. Les prunelles pâles de l'elfe se paraient de cette même rutilance. « De se coté-ci se trouvent les huiles végétales, si certaines sont comestibles, elles peuvent être d'usages multiples. Je prépare aussi bien des liquides purs et peu rehaussés, que des substrats plus aiguisés et sophistiqués. Voilà de l'oléoat d'Argan, ici d'Amande, là de noyaux d'abricot. Mais je dois surtout la renommée de mon affaire à mes huiles de rose ainsi que d'olive. Ce sont là, incontestablement, les meilleures d'Ithri'Vaan. » Ses griffes tiquèrent contre les délicats matériaux, faisant vibrer les épaisses essences.
« J'ai aussi développé des élixirs destinés à des usages plus ... cosmétiques, du moins d'apparat. En plus de ces exploitations je cultive diverses plantes aromatiques, telles que la myrrhe, le jasmin ou le romarin. J'associe alors ces composantes végétales à certaines de mes huiles de façon à obtenir des miscellanées parfumées. Vois-donc. » Conclut-elle en tendant son cou vers le Daedhel. « Fond de Mandorle, sel et absolu de mimosa. »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:23, édité 2 fois
Velkyn Xaran
Drow
Nombre de messages : 371 Âge : 36 Date d'inscription : 02/03/2016
Il fallait somme toute, s’y attendre. Les produits offerts, bien que d’une qualité inégalée, ne pouvaient complaire si aisément aux goûts divergents de ce bourrin de noirelfe. Après tout, avait-il ne serait-ce qu’une seule et unique fois eut la bonne fortune de jouir d’un tel produit? L’huile, pour l’esprit pragmatique, ne connaissait d’autres utilités que celle d’un carburant pour les torches et les lampes. Or, de voir ce liquide travaillé, transformé, afin de lui redonner une autre vie, une autre utilité, cela était fascinant. Sa texture modifiée, parfumée, aromatisée, les portes pouvaient s’ouvrir à d’innombrables possibilités. Son utilisation ne serait plus jamais la même et les Drow, méritaient d’avoir l’opportunité de connaître le produit. Ainsi, suite à la première dégustation, certes peu concluante pour le palais néophyte du Prima, son hôte osa marier son œuvre à quelque chose qui semblait être détenteur de la clé de son cœur. Elle badigeonna d’huile un morceau de gibier dont la cuisson avait laissé la chair bleue, encore saignante et tendre à souhait, puis le servit à son homologue au derme ténébreux. Sans faire ni une ni deux, n’attendant pas même qu’il prenne en bouche son nouveau plat, la Sirène délia ses jambes de sous la table pour se redresser et prendre d’assaut les dressoirs remplis à ras-le-bord de flacons, de bouteilles et de pots.
Cette-fois, le berserk dû se rendre à l’évidence, c’était un délice. Et le mot était faible. « Hmpfh … Ce plat plairait même à un bouffeur d’herbes. » dit-il, les joues gonflées par la bouchée un rien exagérée, incapable de retenir son dernier commentaire avant de déglutir. Il laissa en suspend sa dégustation, passant le revers de son poing contre ses babines, après se les avoir pourlécher de sa langue. Discrètement, on devina qu’un sourire faiblard mais véritable, dépeignait son faciès. Le succès mariage n’était peut-être dû qu’à la coupe, au choix du gibier, ou était-ce simplement notre Velkyn qui se découvrait un coup de cœur improvisé, qu’importait. La chose était sûre, cette huile y était pour quelque chose, et c’était pour la princesse des arômes, d’une lucidité palpable.
En moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire, d’un claquement de doigt, la tablée était prise d’assaut par milles et uns produits, dérobés à la va-vite par la sirène. Tous aussi odorants les uns que les autres, leurs fumets se mêlaient à celui déjà fort présent des victuailles, formant un amalgame un rien désagréable d’odeurs qui ne savaient se mêlé de manière homogène. Heureusement pour lui, après quelques explications tous aussi claires que pertinentes, son hôte se redressa et allait pallier à cette menue problématique. D’un mouvement tentateur, elle tendit le cou en sa direction afin qu’il puisse humer son parfum, fière création de sa maison. Les yeux du Prima se fermèrent, l’espace d’un tout court laps de temps, alors que les effluves de son parfum enterraient la désagréable effluve de la salle prise d’assaut par la ripaille. Il emplit ses poumons d’air, se surprenant de l’effet que cela lui procura.
À son tour, son cou se tendait, légèrement seulement, puis approcha le bout de son nez contre cette zone particulièrement alléchante. Soudain, il se retrouva à batailler contre l’envie de l’embrasser sur le champ, de la mordiller et de la posséder. Sa main autoritaire sembla se crisper dans le vide, démangée par l’envie d’aller lui faire le témoignage de sa fougue. Il reprit finalement contenance, en déposant précautionneusement l’une de ses pattes contre ses hanches, dans un mouvement qui ne manquait pas de douceur. Au détour de ce mouvement contradictoire à tout ce qui faisait de lui l’homme qu’il était, il la repoussa sèchement, sans ménagement. Son refus était clair, net et précis, mais parlait de lui-même. Il avait passé à un cheveu, un poil de tomber sous le joug de son charme, mais se réfugiait sous un voile d’indifférence et de sauvagerie, voile qu’il arborait quotidiennement. Mauvais acteur, il était fort à parier qu’elle se douta l’avoir hameçonné, mais que poisson qu’il était, s’était défilé de justesse. « Nous devons discuter de tes prochains clients potentiels. » Lança-t-il, pour sauver la face.
Il balaya de son large bras plusieurs plats et assiettes encore pleines, les envoyant paître contre d’autres œuvres culinaires sommeillant plus loin sur la tablée. « D’abord, tes huiles culinaires et à dégustés plairont très certainement à plusieurs familles du Puy. Icelles seront très certainement enjoués de pouvoir jouir d’un nouveau produit auquel ils pourront justifier la dépense de leur fortune, comme ils savent si bien le faire. C’est, cependant, un travail qui demandera du temps, puisqu’il faudra s’entretenir avec chacune d’elles. Je fournirai une liste exhaustive à l’une de tes créatures, en les classifiant à la mesure de leur richesse. » Il prit le temps de se replacer en son assise, lui faisant face avec un sérieux plus posé, comme s’il tentait de se convaincre de son manque d’intérêt envers elle. « Vient ensuite l’armée, à laquelle tu pourras offrir ton plus médiocre produit, si tel produit existe. Leurs torches demandent toujours d’être humidifiées et leurs harnois d’être frottés et reluisants. Enfin, je crois que tu pourrais avoir bon client des Temples. Celui d’Isten voudra s’approprier tes parfums, celui de Kiel pour des peintures à base d’huile et celui d’Uriz, mon Temple, pour les bûchés. » Sa main vint se frotter contre son menton, un brin pensif, à savoir si d’autres pourraient être intéressés. Il ajouta ensuite, après avoir marqué une pause : « Je crois que c’est tout, pour le moment. Est-ce que cela te convient ? »
Évidemment, fin joueur, il n’aborda pas même la question pécuniaire, ni des modalités relatives à un tel service. Il préféra l’appâter et lui mettre l’eau à la bouche, avant de le lui rappeler cruellement que tout cela, que toutes ses portes entres-ouvertes, avaient un prix. À savoir si elle le payerait fort, c’était à voir …
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
Nombre de messages : 394 Âge : 32 Date d'inscription : 22/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Si Velkyn était du plus noble sang Daedhel, il n'en demeurait point moins un mâle, avec ses pulsions dignes des plus bas instincts. Jusqu'ici il ne lui avait guère fait preuve du contrôle prépondérant de son attribut viril, chose qui reluisait à une Shynrae distante mais surtout lassée des rapports lubriques, c'était sans compter sur l'approche mesquine de la Sirène. Oh oui, elle avait voulu le geste anodinement provocateur, comme pour titiller quelque peu subtilement les pulsions de son invité. Après tout s'il y était sensible, c'est qu'elle avait de proéminents arguments dont elle pouvait user avec malice, non sans amusement. S'il tenta de se dérober avec peu de convictions et beaucoup de renoncement, la noirelfe discerna ce presque imperceptible instant de lâcher prise. « Je suis toute ouïe, Velkyn. » Répondit-elle dans un murmure à sa malhabile pirouette. Dans un violent geste du bras il envoya les mets les plus proches se disperser à l'autre bout de la table, la plupart chutant simplement au sol dans un fracas de vaisselle brisée. Étrangement l'acte l'impressionnait, l'instant d'une seconde elle s'était imaginée qu'il avait débarrassé la surface afin de discuter différemment. Littéralement pendue à ses lèvres, elle attendait sa proposition.
« C'est le genre de clientèle à qui je destine mes marchandises, ici en Ithri'Vaan. » Objecta la grisonne, satisfaite des allégations du Puysard. « Si je puis me permettre, je préférais que cette dite liste me soit destinée directement. Je traite mes affaires sans aucun intermédiaire, Velkyn. Encore moins quand il s'agit d'aussi importantes informations. » Jusque là rien ne lui paraissait hors de portée, ou irréalisable. Sans vraiment s'en rendre compte, il la confortait dans son idée qu'il était possible d'étendre son domaine mercantile à Elda. Plus la discussion avançait, moins elle ne pouvait réprimer cet indolent sourire carnassier qui lui rehaussait les pommettes. Jamais elle n'avait été aussi proche de ce qu'elle désirait. Le Haut-Prêtre s'aventura même vers des cibles insoupçonnées, élargissant toujours plus la faille naissante. « Je dois t'avouer n'y avoir jamais songé. C'est là quelque chose que j'aurais pu expérimenter en ma propre contrée, peut-être même en Péninsule aussi, bien qu'il s'agisse là d'autres affaires ne concernant pas notre entrevue … Oui, il m'est possible de confectionner une huile de moindre qualité destinée à des usages moins nobles, dirons-nous. C'est que jusqu'alors je lorgnais aux mœurs des plus hautes lignées, peut-être devrais-je avoir une affaire parallèle, moins prestigieuse mais tout aussi fertile et demandée. » Shyn voyait déjà tous les bénéfices et la renommée supplémentaire que lui apporteraient telle ébauche. Si elle l'avait convié dans le but d'engager les bases d'une nouvelle route commerciale, de dégrossir les traits de cette union, jamais elle n'avait imaginé que son interlocuteur puisse se révéler fort bon à la négoce et riche de desseins. « Cela me convient …. parfaitement. » Lui susurra la Marchande avec détermination. « J'imagine que nous n'avons guère moyen de sceller cela maintenant, du moins, peu de façons de célébrer cette union. Trinquons à notre alliance, Velkyn, à la rencontre du Puy d'Elda et de l'Ithri'Vaan. » Lui servant à nouveau un coupe pleine de Zat'kyr, elle porta les silices l'une contre l'autre.
« Ceci dit, avant de réellement nous confondre en extases, j'aurais voulu connaître, mon cher Velkyn, toi qui a désormais connaissance de ce que j'ai à apporter, qu'exigerai tu en échange de ces faveurs que tu m'accordes ainsi ? » Toujours souriante bien qu'inquisitrice, Shynrae fit mine d'être tout aussi demandeuse que ne l'était le Drow quand il l'interrogeait précédemment. « Je sais qu'ici bas tout se paie, point toujours en or sonnant et trébuchant certes, mais alors, quel est ton prix. »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:23, édité 2 fois
Velkyn Xaran
Drow
Nombre de messages : 371 Âge : 36 Date d'inscription : 02/03/2016
Il acquiesça volontiers à sa doléance, opinant du chef avec satisfaction. Il tirait de sa demande un certain respect, lorsqu’elle démontra l’étendue de sa passion aux affaires mercantiles de sa Maison. Depuis le temps, la mode tirait vers l’art de la délégation. Plus se hissaient haut les genses, plus il était tentant de délégué à un tiers qui lui, mettra à terme ces basses besognes. Or, de la voir insister afin d’avoir l’absolu contrôle sur ce projet d’envergure … Il y avait là le beau geste.
« Loin m’est l’idée de t’inculquer comment t’occuper de ton commerce, je ne saurais le faire, de toute manière. Ce n’est seulement qu’un premier jet d’idées, et je trouvais pertinent de t’en faire part. Après, je veux bien aller discuter avec les clients que tu désires, et éviter ceux qui te semblent impertinents. Tu as le dernier mot, après tout. » Une coupe s’éleva, dans l’intention de trinquer en l’honneur de leur commun accord. Ses lèvres du Prima se déformèrent en une moue un peu dédaigneuse, lorsqu’elle cherchait à boire en l’honneur de l’Ithri’Vaan. Bien qu’il sembla réprimer un rien d’agacement, il obtempéra silencieusement, les lèvres soudées, en levant le coude pour s’abreuver du liquide brûlant d’alcool. À peine avait-elle terminé sa goulée de liqueur qu’elle cherchait à élucider la question monétaire, en attaquant d’une question nette et précise. En retour, on s’y attendait, le visage du prêtre s’illuminait d’un sourire, narquois cette fois, marquant une pause avant de répondre. Sa voix était un rien plus mielleuse et joueuse, comme s’il trouvait amusement à la faire languir. « Ce n’est pas chose simple d’établir convenable prix à un tel service. D’importantes retombées pécuniaire dévaleront d’ici quelques mois et je n’ai pas la moindre idée de l’envergure de la chose. Mmh … » Ses deux billes sanglantes volèrent en d’autres paysages que la grise créature, marquant un moment pensif. « Nous parlons donc de l’élaboration d’une toute nouvelle clientèle, l’établissement d’une route marchande, la production massive de nouveaux produits et, par la bande, de nouvelles connaissances politiques au Puy … » Il acquiesça pour lui-même, réfléchissant à voix haute.
Alors ses yeux retrouvaient le confort de son adorable hôte. « Mon prix sera en trois points. D’abord, tu me donneras trente pourcents des profits engendrés par notre petite affaire, à laquelle je deviendrai ton émissaire, lorsqu’il te faudra traiter avec l’Elda. Ensuite, il te faudra piéter jusqu’au Puy afin de t’entretenir avec tes nouveaux clients, question qu’ils sachent à qui ont-ils à faire. Enfin, une fois aux trois mois, j’exige que tu viennes séjourner quelques jours à ce même endroit, afin de t’imprégner de cette Patrie qui devrait être la tienne. » Moins malicieux, son regard s’était solidifié comme le ciment, démontrant tout le sérieux de sa requête. Si le côté monétaire semblait ne pas avoir été sévèrement abusé, il semblait avoir mis l’accent sur sa présence dans le berceau des Drow. « Cela te convient-il, Shynrae? »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Si l'offre la contentait, il lui était impossible d'y concéder son complainte. C'était là une bonne occasion de lui prouver ses talents de négoce, qu'elle saurait tenir tête aux biens assurés Puysards qui croiseraient sa route. Et puis, le marché était tellement près d'être conclu que la Sirène pouvait se permettre quelques caprices= judicieusement amenés... « Si le fond de ta proposition me semble tout à fait digne d'intérêt, permets moi, Velkyn, d'y apposer quelques nuances. Si cet accord consiste bien en la création d'un nouveau domaine mercantile, de confections de marchandises tout aussi novatrices et dédiées, je puis t'assurer que cela mettra quelques temps avant de devenir une affaire rentable et prospère. Aussi, si ta part m’apparaît comme décente au regard de ton implication, je suggérerais que nous laissions quelques ennéades, ou mois peut-être, pour la laisser se développer. Il est d'ailleurs probable que nous ne récoltions que peu de lauriers dans les premiers temps , après lancement. C'est quelque chose de tout à fait normal et vraiment peu inquiétant. Mes autres champs d'action me permettront de couvrir les dépenses que nous aurons engagé. De fait, ce tiers que tu réclames, tu n'en verra la couleur qu'une fois tout cela derrière nous. »
Plus que des pourparlers c'était là un constat. D'entre eux deux c'était elle la Marchande, elle qui tirait les ficelles des tractations et en affirmait la finalité. Si le Daedhel avait jusqu'ici fait preuve d'une notable clairvoyance et de maestria, il n'avait plongé que le petit doigt dans les abysses des affaires. Shynrae, elle, s'y immergeait complètement. La suite de son initiative la captiva avec bien plus d'ardeur, ils touchaient là le fondement du projet ; rapprocher la noirelfe du berceau de ses ancêtres. Le Drow avait décoché on ne peut plus justement, en plein cœur de la cible, mais la grisonne ne pouvait raisonnablement se laisser aller à telle invitation, tant voulue, passionnément désirée, aujourd'hui si proche d'être atteinte. « Quant à une probable visite au Puy … J'en serais véritablement enchantée, Velkyn. M'accordera tu l'honneur d'être mon guide ? Je me vois mal m'y rendre sans ...légitimité. Ceci dit si tu m'en parles, c'est qu'il s'agit de quelque chose de plausible et non des paroles en l'air. » Sa retenue n'avait d'égal que sa hâte que tout ceci s'engrange. « Aux bons comptes, qui font les plus bons amis. » Lui proposa t-elle de trinquer pour tout de même lui signifier sa pleine satisfaction.
« J'imagine qu'il me faudra combler mais surtout parfaire mes désuètes connaissances du Panthéon Drow, n'est ce pas ? Je ne pense point me tromper en affirmant que tu as aisément discerné mon peu d'implication quant à la foi... »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:23, édité 2 fois
Velkyn Xaran
Drow
Nombre de messages : 371 Âge : 36 Date d'inscription : 02/03/2016
Rapace! Elle aurait fait se prolonger les négoces et ce, même s’il n’avait rien demandé. Lui aurait-il offert une offre moins chère que la gratuité, qu’elle aurait tout de même tentée d’avoir d’avantage encore! Ainsi c’était vrai, la Grise Sirène était aussi vorace en affaires qu’elle était belle. Or, lorsqu’elle commenta sa proposition, en déblatérant des faits concernant leur prochaine entreprise, une moue désapprobatrice attaqua le faciès du guerrier. Ses lèvres se retroussaient légèrement, ses sourcils se fronçaient et s’il ne jactait aucun commentaires, lorsqu’elle s’exprimait du moins, c’était pour connaître le fin fond de sa pensée. Une pensée qui, devait-on l’avouer, faisait preuve d’un grand pragmatisme, puisqu’elle orientait la discussion sur ce que serait vraiment l’avenir. Ce qu’elle dicta était pour le moins plausible, vrai. Mais, ce n’était pas pour plaire à l’envoyé d’Uriz, qui lui, croyait sa proposition plus que généreuse. Alors, une fois qu’elle en eut terminé avec sa plaidoirie, Velkyn déposa profondément ses yeux dans les siens, ceux-là même qui étaient froncés, accentuant leur côté sérieux. Il se redressa sur son assise, cambrant l’échine avec délicatesse vers elle, ajoutant à ses prochaines paroles une fermeté sans pareille. Puis, pour accompagner le tout, ses lèvres crispées ajoutaient à ses prochaines paroles quelque chose d’inquisiteur, sifflant sur un ton de voix sec : « Alors, si je n’ai pas mes trente pourcent dès le départ, tu devras me débourser une somme conséquente. En récompense de mes efforts, d’abord, et en remboursement pour la perte de temps qui encourra, le cas échéant où les Noirelfes t’enverraient paitre parce qu’ils n’auraient pas été conseillé correctement … Mais, ça ne risque pas d’être le cas, n’est-ce pas ? » Insinua-t-il, en l’interrogeant du regard. Son poing était clos, les doigts fermement refermés sur eux-mêmes, tandis que ses dents étaient serrées. En son cas, on peut dire que s’il n’était pas bon négociateur, il était doté d’un certain talent pour la persuasion –non amicale, vous vous douterez-.
Puis, il s’adoucit, un tantinet, pour poursuivre sur le restant de ses commentaires. « Le Puy est une fosse dans laquelle les Doebens n’ont que peu de chance d’être accepté et traité décemment. Notamment ceux qui sont identifiés comme tel à leur simple vue. Heureusement, ce n’est pas ton cas. Mais sache qu’il n’est pas majorité de gens qui tiennent en estime les Drow d’Ithri’Vaan, moi le premier. » Il marqua une brève pause, le temps d’analyser sa physionomie concisément. « Évidemment que je vais t’y guider. Et pour l’éducation que tu aurais dû avoir depuis ta prime jeunesse, j’y verrai personnellement. Ton apprentissage ne devrait pas être très laborieux. Il se pourrait cependant que les leçons se prolongent, dépendamment de la vitesse à laquelle tu … comprends. » Il avait hésité. Le choix du mot était important, question de ne pas l’effrayer ou de sous-entendre quelques propos qui pourrait la faire mettre en doutance. « Alors ? » Ajoutait-il, finalement, pour voir si elle avait encore des objections, même s’il était à parier que des menaces lancées, même par celles d’un homme aussi cruel et enclin à la violence, n’était pas pour la faire reculer.
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
Nombre de messages : 394 Âge : 32 Date d'inscription : 22/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Évidement d'accords au fond, ils ne pouvaient arrimer leur alliance sans s'offrir une ultime joute verbale. Chacun ayant un besoin glouton de domination sur l'autre, l'exigence d'avoir le dernier mot. La requête finale du Haut-Prêtre sonna d'ailleurs comme une opprobre. Les joues de la Sirène se crispèrent tandis qu'elle répondait avec sarcasme. « Tu aura ce que tu désires. Je tenais juste à t'expliquer comment les choses vont s’amorcer, crois moi, ce n'est pas la première fois que j'initie une route commerciale. Quant à l'échec … Ce n'est tout simplement pas envisageable. Nous ne tenterons pas de commercer avec le Puy, nous y triompherons. » Elle accompagna la précision d'un coup sec sur la table. « Anlalyn ? Ressert-nous de ces mets, ci et là. » Ses griffes pointaient les viandes ainsi que les accompagnements. « Il est hors de question que La Voix d'Uriz consomme de la chair froide ! » Si elle parlait au nom de Velkyn c'était plus son propre estomac qui s'exprimait. Jusqu'ici peu encline à se restaurer, l'achèvement de sa demande et l'acceptation de celle-ci lui avaient ouvert l'appétit. La rencontre augurait de se clôturer sous les meilleures auspices.
Et il y avait cette proposition inespérée, irréelle, que de se mêler elle même à Elda. Shynrae aurait voulu qu'il lui en parle des heures durant tant elle était captivée par le sujet, qu'il l'y emmène même sur le champ, remettant à plus tard le cours habituel de ses occupations … Mais c'était là trop demander au Prima qui avait déjà beaucoup livré de son pouvoir, pour le moment en promesses, mais bientôt en récompenses. Si elle se sentait plus Drow que jamais elle ne l'avait été auparavant, elle ne pouvait que comprendre ses avertissements … Sa pâleur, ses mœurs humanisées ...tout cela allait-il jouer en sa défaveur au point qu'il lui décrivait ? Etait-il possible de revoir presque trois siècles pervertis par la proximité des mortels ? En son fort intérieur, quelque chose la rassurait. Peut-être la présence en Ithri'Vaan de ces dédaigneux Puysards, qui sans même le vouloir montraient une certaine propension à l'ouverture au monde, du moins, à leurs frontières. La compagnie même de Velkyn Xaran en sa demeure achevait cette constatation. « Je connais la rudesse d'un environnement hostile. Comme je le disais plus-tôt, l'Ithri'Vaan n'est pas une terre de mélange, de partage, encore moins de tolérance. Thaar est l'exemple même d'un panier de crabe avec beaucoup trop de tourteaux souverains pour trop peu d'alevins influençables … Encore aujourd'hui je paie le prix de notre sombre réputation, probablement plus que les résidents des Terres Stériles, qui se gardent bien de venir affronter le jugement corrosif des faibles peuples. Le Puy d'Elda ne m'effraie pas, et s'il devrait, c'est bien mal me connaître. » Elle l'affirmait sans mentir, ni surévaluer son désir de renouer avec ses origines.
Ses esclaves revinrent avec des plateaux emplis de victuailles fumantes et odorantes. La grisonne ne leur accorda même pas un bref regard tandis qu'elles disposaient le tout sous leur nez. « C'est un honneur, Velkyn. Vraiment, je ne puis recevoir meilleure formation que celle dispensée par le plus haut dignitaire du Père sur cette terre. Je veillerai à être la plus excellente élève possible, pour te complaire mais aussi pour m’imprégner de tout ce qui m'a fait défaut jusqu'alors … » Shynrae était vraiment touchée de la démarche de son invité, avait vraiment envie de lui donner raison quant à ce choix que de l'éduquer lui même. « Y a t-il quelque chose que je puisse faire, avant que nous ne nous retrouvions ? J'imagine qu'il nous faudra attendre quelques temps avant de nous revoir … et de convoyer vers Elda. Que faisais-tu en ville d'ailleurs ? Je ne m'étais même pas inquiétée de connaître les raisons de ta présence ici ! Il faut dire que tu m'a tout de suite interrogé quant à cette appellation … Cela m'a ôté la bienséance de l'esprit. Me concernant je dois me rendre en mon domaine d'ici le début Verimios, c'est une saison importante pour mon commerce puisque j'y initie les primes récoltes, de bien nombreuses ressources mûrissent à ce moment de l'année. »
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mar 13 Sep 2016 - 15:24, édité 1 fois
Velkyn Xaran
Drow
Nombre de messages : 371 Âge : 36 Date d'inscription : 02/03/2016
C’est … tout ? Il s’attendait à bien pis. Il la croyait vorace, sans pitié et prête à tout pour gratter jusqu’à la dernière pièce d’or. Ou peut-être avait-elle tant besoin de cette route qu’elle était prêt à tout lui céder ? Avoir su qu’elle se montrait aussi docile et domptable, il lui aurait demandé la lune. Alors elle jouait du fouet et ordonna la préparation d’autres plats, sans prendre en considération qu’elle pouvait réchauffer ceux-là déjà en dormance sur le coin de la tablée. Un sourire déchira une énième fois le sérieux qui avait pris d’assaut le faciès du Prima. Cette fois un peu moqueur et narquois, entrelaçant ses doigts ensembles pour les poser sur ses abdominaux un peu moins découpés, vu la quantité de nourriture qu’il avait ingérer. Si elle ne s’était pas régalée, ce n’était certes pas le cas du guerrier. Sa panse était pleine et même si les plats abondaient, ses pattes ne quittaient pas le confort de son ventre plat, exception faite où il allait s’abreuver derechef de Zat’Kyr. Chaque coupe servie avait été descendue en trois ou quatre gourmandes goulées, chose qui commença inévitablement à l’enivrer.
Son regard semblait moins concentré, plus enclin à voguer ci et là sur les décorations de l’endroit, ou sur certains objets qui n’avaient pas été encore sujet à observation. Ses lèvres s’asséchèrent, obligeant un passage de sa langue rosée contre celles-ci, la bouche légèrement pâteuse. Et lorsqu’il revint à elle, c’était d’une limpidité alarmante : ses yeux criaient à l’état second, bien que jusqu’à maintenant, nul geste ne le confirmait. Elle se positionna ensuite face à ses avertissements concernant le Puy, chose qui réaffirmait l’air joyeux à son visage. Il se réjouissait de son comportement déterminé, fonceur et qui n’avait pas froid aux yeux. Son parcourt lui avait forgé une échine d’acier et c’était tout à son honneur, mais au Puy, si près des flammes primordiales, l’acier ne fait pas long feu … Lorsqu’elle quittera l’Ithri’Vaan, elle sera démontée, fondue puis réassemblée, pour revenir chez elle aussi affilée qu’une lame Al’Serat.
Il ne donna pas suite aux remerciements de cette dernière et préféra plutôt répondre à sa requête qui, somme toute, aurait dû être énoncée dès le départ, effectivement. « Au tout départ j’ai daigné venir en Ithri’Vaan pour faire acte de présence à une soirée … Très Drow, au palais du Prince-Marchand Vel Do’Hel. Suite à cette débauche, j’ai été contraint à prolonger mon séjour pour régler quelques affaires, autant commerciale que politiques. Et, dans le plus pur des hasards, alors que je me décidais enfin à quitter, l’une de tes créatures m’a intercepté pendant que je me divertissais. Guilleret, j’ai accepté mais demain, je ne peux d’avantage retarder mon départ. Une guerre dont je suis l’instigateur principal, m’attends … » Son sourire s’accentua, plus mauvais que jamais et presque rêveur. « Je viendrai te chercher une fois qu’elle sera terminée. J’espère que tu seras prête. »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
Nombre de messages : 394 Âge : 32 Date d'inscription : 22/03/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 273 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Elle était en train d'attaquer un part monstrueuse de Ralir rôti quand il évoqua son invitation chez Rewt. Si cela ne l'étonnait guère – le dodu était bien du genre à s'enorgueillir de convier si hauts représentants – la grisonne ne put néanmoins pas réprimer un hoquet disgracieux, autant provoqué par sa gloutonnerie que l'allusion désuète à cet infect personnage. Certes, Shynrae était loin de porter le Prince Marchand d’esclaves dans son cœur putréfié, mais elle aurait souhaité que, quelque part, le Haut-Prêtre puisse partager son aversion. Répugnance qu'il lui était difficile de dissimuler présentement … « Ce rat …. » Marmonna t-elle sans pouvoir se maîtriser. « Quelle ironie que ce porc puisse être à l'origine de ta présence ici, et de notre présent accord ! Cette pensée me ferait presque imbécilement ricaner, si je n'avais pas plus de manières ou de décence que cet infâme libidineux. » Une fois les vannes ouvertes, il lui était difficile de se tarir prestement. Nul ne savait réellement pourquoi cette haine toute démesurée à l’encontre de Vel'Do'Hel, rien que son insinuation suffisait à mettre Shynrae dans tous ses états. Heureusement, leur consensus avait de quoi amoindrir son inspiration quant à la poésie empoisonnée. « Je ne t'avais d'ailleurs point demandé si mon infulte, Azadralvra, t'avais importuné ? J'espère que tu n'y a pas vu là un manque de discernement quant à ton rang et ton prestige … C'est que … J'évite les escapades Thaari, du mieux que je peux. Mes yeux me fatiguent vite et la lumière des lieux m'aveugle plus que de raison... » Non pas qu'elle souhaitait être prise en pitié, mais voulait désamorcer les malentendus qui auraient pu planer sur l'invitation. Le Prima n'en releva rien, tout comme concernant les joyeusetés déversées à l'encontre du Seigneur de Qiryah. Leur destin commun se cimentait, l'issue de leur entrevue désormais esquissée. « Je reviendrais de Magsque courant Verimios, probablement vers la fin du mois. Tu peux considérer que je serais de retour à Thaar, et surtout disponible, lorsque naîtra Karfïas. » Elle lui annonça son programme presque comme si de rien n'était, comme s'il n'avait jamais au détour d'une conversation - anodine bien qu'importante - fait référence aux hostilités qui pendaient aux frontières de l'Ithri'Vaan et d'Aduram. La Sirène aurait du s'en douter, faire preuve de plus de jugeote quant à son hôte et sa stature. Voix d'Uriz, Père de la guerre. Il était évident que Thaar n'était qu'une étape, comme celle des nombreuses troupes qu'elle avait pu voir vaquer par delà la ville. Son engagement se teintait alors d'une teneur différente …
Le reste du dîner se déroula autour de conversations plus obsolètes, légères. S'ils avaient réussi à trouver un terrain d'entente, à quoi bon en ressasser les moindres composantes ? La Doeben se retenait surtout de l'interroger quant à son implication belliqueuse, voir le sermonner d’empêcher tout cela, et leur affaire alors ? Qu'adviendrait-il de leur marché une fois qu'il serait piétiné sur un champ de bataille ? Si elle avait bien un attrait typiquement Daedhel absent de son psyché, c'était celui de la fureur combative. Ne voulant risquer d'offusquer Velkyn, probablement irrémédiablement d'ailleurs si elle osait un tel discours, la noirelfe s'abstint de tout commentaire, toute remarque suite à sa révélation. Après avoir englouti tous deux quelques bouteilles de digestif, le moment était venu de mettre fin au souper d'affaires. L'accompagnant de ce même bras l'ayant accueilli en son antre, Shynrae opta pour une mesurée révérence comme politesse d'adieu. « Velkyn, mon ami. Cette vêprée en ta compagnie était délicieuse, et mieux encore fructueuse. Si je n'avais que peu de doutes en faisant appel à ta grandeur, c'était sans compter sur les véritables qualités dont tu fais preuve. Je t'avouerai que seule la portée mercantile de cet échange a de prime abord stimulé ma proposition. Néanmoins, si nous sortons victorieux de cet entretien, c'est aussi bien en concordat qu'en amitié. » Souriante, elle cachait derrière un masque sincère son anxiété.
« Quant à moi, je n'ai pas à me plaindre, me voilà la panse pleine et ma besace également. Aussi dois-je t'avouer que je venais à reculons, mais qu'au final, je n'en tire nuls regrets. N'oublies surtout pas ce à quoi tu t'es engagée Shynrae ... » Répliqua t-il en inclinant du chef vers son associée, puis tournant directement les talons vers son avenir qu'elle imaginait incertain. « Je te recommanderai à la dextre d'Uriz. »
« Je t'attendrais …. » Siffla t-elle à son ombre tandis qu'il s'éloignait. « Mais reviens moi ... » Ces mots se perdirent sur ses lippes quasi-closes. L'avait-il entendu ? Elle n'en savait rien, c'était là autant un appel qu'une prière intérieure.