[Lourmel]Si près du Royaume de Tyra [Terminé]

Il n’y avait plus rien. Le monde matériel n’existait plus. Dès l’instant où j’avais fermé les yeux, mes mains posées sur celle de la Dame de Lourmel, le monde n’avait plus existé que comme un vague souvenir. Je me concentrais sur le pouvoir que je sentais affluer dans mes veines comme s’il s’agissait de mon propre sang. Je le sentais fourmilier, courir dans mes bras, dans le creux de mes paumes. Sans la voir je savais qu’une douce lumière blanche enveloppait mes mains. Je n’entendais plus rien, je ne ressentais plus rien. Les émotions qui s’étaient bousculés autour de moi dans la salle de réunion quelques minutes plus tôt étaient un lointain souvenir. Dans la guérison je retrouvais une forme de paix intérieure, un calme apaisant.
Sous mes doigts je sentais son cœur battre si faiblement qu’on aurait pu la croire morte. Et c’était presque ce qu’elle était. Je ne pouvais me soucier de son esprit qui flottait déjà aux Portes du Royaume de Tyra, il me fallait d’abord soigner son corps. J’ignore combien de temps me fut nécessaire pour soigner la blessure à son ventre, pour réparer les dégâts causés par l’acier. Savoir que l’enfant qu’elle portait été mort me serrait le cœur. Il n’avait que quelques ennéades, peut-être même qu’elle ignorait son état, mais elle avait perdu trop de sang pour que je puisse les soigner tous les deux.
Lorsque j’en eus terminée avec sa blessure je rompis le contact. Je frissonnais en revenant à moi, et j’appelais le Prêtre. Il m’aida à retirer les vêtements souillés de sang de Maélyne et à la glisser sous les couvertures. Je profitais également de ces quelques minutes pour me reposer, pour prier Néera de m’aider à sauver cette vie. Depuis son intervention, je n’avais plus senti sa présence, sa colère avait laissé des traces dans mon esprit, mais j’avais l’impression de m’adresser au vide.

Je m’installais à nouveau sur le rebord du lit et posais mes mains de chaque côté du visage de la jeune femme. Cette fois il ne me fallut que quelques minutes pour guérir le reste de son corps, les écorchures, la fièvre et le reste. Je savais qu’à présent il me fallait regarder plus profondément en elle et après une profonde inspiration je laissais mon Don agir.
La douleur qui habitait son cœur m’envahit alors. Je pouvais ressentir sa douleur de mère, de sœur et de fille endeuillée. Elle avait perdu tant de monde. La mort rodée autour d’elle depuis si longtemps. Et puis il y avait d’autres blessures : son mariage, le poids politique et plus récemment l’abandon de celui qu’elle croyait aimée. Je savais à présent à quoi pouvait ressembler un cœur brisé. Toute la magie du monde ne suffirait pas à gommer sa souffrance, ce travail elle devrait le faire seule. Moi je pouvais seulement essayer de lui apporter la paix de l’âme.

A présent que son cœur battait un peu plus fort, je tendis mon esprit vers le sien, cherchant à la ramener. Mais elle était si loin, quelque chose semblait la retenir. A moins que ce soit elle qui ne veuille pas revenir. Un souffle balaya mon visage et bientôt je sentis la présence de Néera dans mon esprit.

« - Elle ne rejoindra pas ma Sœur aujourd’hui. »
« - Mais j’ai la sensation qu’elle ne veut pas revenir… »
« - Ce Choix ne lui appartient pas entièrement. Ma Sœur lui a accordé une faveur, mais il est temps à présent. Ouvre les yeux et raccompagne-là.»

J’obéis. Je fus surprise de voir autour de moi les milliers de couleurs qui composaient le paysage. J’aurais pu rester des heures à les contempler mais je n’étais pas là pour ça. En face de moi je pouvais voir des silhouettes dont celle de Maélyne. Je l’observais alors qu’elle partageait un moment avec les êtres chers qu’elle avait perdu. Une main se saisit de la mienne et je tournais la tête pour croiser le regard brillant de Néera. Une jeune femme à la douce beauté, comme lorsqu’elle m’était apparue plusieurs années plus tôt à la naissance de Dastan. Vêtue de blanc, le visage rayonnant elle me fit signe de rester là tandis qu’elle s’avançait. J’avais l’impression de la regarder flotter… Les images devenaient floues autour de moi et je sentais le vent balayer mon visage.

« - Prends sa main. »

Je ne voyais plus rien à présent mais à peine une seconde après, je sentais une main dans la mienne et je la serrais doucement. La sensation qui m’envahit alors fut tout à fait stupéfiante. C’était probablement ce que l’on devait ressentir en volant.
Ce fut les cris de Maélyne qui me ramèrent à moi. Je me levais d’un bond mais la magie que j’avais employée m’avait épuisé et je m’écroulais littéralement au pied du lit. Des mains virent me soulever et je perdis connaissance.

Lorsque j’ouvris les yeux, j’étais allongée sur un lit. Je me redressais et presque aussitôt les mains de Frère Ulrich se posèrent sur mes épaules pour me forcer à me recoucher.

« - Vous devez vous reposer, Jena. Vous vous êtes épuisée…»
« - Maélyne… comment va-t-elle ? »
« - Elle dort toujours, vous avez guéri ses blessures. Pour le reste je ne… »
« - Conduisez moi jusqu’à elle. »

Le prêtre voulut protester mais je me fis plus autoritaire et quelques minutes après il me guidait dans le château jusqu’à la chambre de la Dame de Lourmel.
Il y avait des gardes devant la porte et à l’intérieur même de la chambre. Je pouvais comprendre ce déploiement de sécurité même si je le regrettais. Je m’installais près d’elle et cherchais sa main. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je prenais conscience d’un nouveau détail. Lorsque Néera m’était apparue la première fois, elle m’avait laissé une marque, juste en dessous de l’oreille. Une plume, Sa plume, comme gravée dans ma peau.
Je savais sans la voir que la Dame de Lourmel portait à présent la même à l’intérieur de son poignet.

Sa voix s’éleva soudain, elle semblait perdue, déboussolée. Qui ne l’aurait pas été après ce qu’elle venait de traverser.

« - C'est moi, Jena. Vous souvenez-vous de moi ? Vous n’avez rien à craindre Maélyne. Vous êtes en sécurité à présent, nous sommes toujours chez vous, à Lourmel. Dites-moi, de quoi vous souvenez-vous ? »

Je me tournais vers l’entrée et m’adressais à celui qui voudrait bien m’entendre pour lui demander de faire prévenir l’intendante. Dame Cécilie serait probablement ravie d’apprendre que la maîtresse de Lourmel était enfin de retour parmi les vivants.

Drôle de sensation que celle de se réveiller et de ne même pas savoir qui l’on est, où l’on est et l’identité des personnes qui vous font face. Que pouvait-on dire à part qu’Elle était complètement perdue, déboussolée, apeurée ? Son corps trembla légèrement et ses sens étaient aux aguets comme le peuvent être celles d’une proie encerclée par des prédateurs. Etait-Elle réellement en danger ? Comment pouvait-Elle le savoir, en même temps ?

Elle avait beau essayer de se souvenir mais Elle ne trouva rien. Pourtant il suffisait d’un regard vers la fenêtre pour savoir que le ciel était bleu et que les nuages étaient blanc, qu’Elle savait aisément compter le nombre de ses doigts ou qu’Elle connaissait le nom de chaque meuble se trouvant dans cette chambre. Quel était son nom ? Rien. Qui était-elle ? Personne. Où se trouvait-elle ? Nulle-part.  

Le temps semblait s’écouler si rapidement.

Une femme vint la rejoindre. A la vue de ses yeux, et de cette brume, Elle ne put qu’offrir un sentiment d’étonnement.

« C’est moi, Jena. »
Elle buta sur ces premiers mots. La connaissait-Elle ?
« Vous souvenez-vous de moi ? »
Non… pensa-t-Elle.
« Vous n’avez rien à craindre Maélyne. Vous êtes en sécurité à présent, nous sommes toujours chez vous, à Lourmel. »
« Maé…lyne… Lourmel ? »
« Dites-moi, de quoi vous souvenez-vous ? »
« De rien. »

Lorsque un serviteur débaroula dans la salle où elle prenait son repas, Cécilie faillit s'étouffer avec le bout de pain qu'elle avait fini par accepter de mastiquer mollement. Occultant les événements de la nuit, elle agrippa le bras du pauvre homme si fort qu'elle l'entendit pousser un glapissement. En un clin d’œil, elle était près de sa cousine.

Son arrivée avait visiblement coupée la parole de Jena, mais elle n'y prêta pas attention. Elle demanda plutôt à ce qu'on l'accompagne jusqu'au lit et se laissa tomber à genou au chevet de la jeune dame, les larmes aux yeux, la prenant maladroitement dans ses bras.

« Maélyne. ! Néera miséricordieuse mère des hommes. DameDieu de Perfection et d'amour. Mon cœur est votre calice. Soyez louée. Soyez louée, ainsi que chacun de vos suivants. Merci. Merci... »

Elle serrait Maélyne dans ses bras. L'odeur de ses cheveux était légèrement différente de d'habitude, mais c'était bien elle. Tous les dieux soient loués jusqu'à la fin des temps. Elle était de retour auprès d'elle. Saine et sauve.

Mais Cécilie ne savait pas encore que quelque chose clochait… Son cœur se glacerait bien assez tôt lorsqu'on lui expiquerait pourquoi sa cousine ne lui rendait pas son étreinte.

La surprise se peignit quelques secondes sur mon visage. Rien. Elle ne se souvenait de rien… En même temps l’épreuve qu’elle venait de vivre était particulièrement éprouvante. Elle s’était trouvée au porte du Royaume des Morts, elle avait revu les siens…un esprit faible aurait pu ne jamais s’en remettre.
Avant que je n’aie eu le temps de dire quoi que ce soit la porte de la chambre s’ouvrit et des bruits de pas m’annoncèrent l’approche d’une femme. Et cette dernière se laissa littéralement tombée au chevet de la Dame de Lourmel.
Lorsque j’entendis sa  voix je reconnus aussitôt la Dame de Laval qui m’avait accueilli la veille. Notre rencontre me marquerait probablement jusqu’à la fin de ma vie… Nous avions affronté tant de chose ensemble. Je l’écoutais remercier la Damedieu pour la vie de son amie, car elles devaient forcément être très amies pour se tenir ainsi auprès de la Dame.
Plaçant mes mains en coupe devant moi je prononçais dans un murmure une prière à l’adresse de Néera. Elle avait non seulement ramené Maélyne mais elle m’avait guidé moi et grâce à elle, la jeune femme alitée devant moi était  vivante.

« - Je suis navrée que votre mémoire… ne soit pas revenue avec vous. Peut-être n’est-ce l’affaire que de quelques jours. Je vais prendre votre main. »

Tendant mes doigts je les refermais sur le poignet de la jeune femme. Malgré ma fatigue extrême je parvins à canaliser mon pouvoir en elle. Son corps était fatigué mais sain, ses blessures n’étaient plus que cicatrice, mais ce qui m’inquiétait à présent, c’était son esprit. Là où j’aurais dû ressentir le poids de sa vie, tout ce qui m’avait submergé aux portes de Tyra, il n’y avait plus rien.
La Déesse des Morts aurait-elle pris un paiement supplémentaire pour le dérangement ? Néera ne me répondait pas. Je ne pouvais même pas être certaine que la mémoire lui reviendrait un jour…

« - Vous avez besoin de repos, Maélyne. Garder le lit n’est pas une obligation, c’est du repos de votre âme et de votre esprit dont je parle. Vous ne devez pas vous infliger de choc violent… les gens autour de vous saurons prendre soin de vous je n’en doute pas. Ils répondront à vos questions, et je prierai pour que vos souvenirs vous reviennent avec autant de douceur que possible. »

Prier était la seule chose que je pouvais faire pour cette amie qui m'était chère.

« Quoi ?! Comment ça : « votre mémoire ne soit pas revenue avec vous. » ? Que se passe-t-il ? Où suis-je ? Que me voulez-vous ? Laissez-moi ! Laissez-moi !! »

Un vent de panique avait conquis notre Dame, repoussant ainsi violemment la couverture qui la couvrait. Ses bras s’agitaient, ses jambes également, son visage arpentait une peur que peu de gens pouvaient se vanter d’avoir connu. Ces deux jeunes femmes semblaient être amicales, mais elle ne les connaissait pas. Des inconnues, qui lui parlaient sur un ton familier. Que pouvait-on espérer de pire ?

Quittant son lit, Maélyne se leva, bousculant au passage, sans réellement le vouloir, la jeune femme rousse qui s’était précipitée à son chevet, priant une femme encore moins connue pour Maélyne.

« Non... non... laissez-moi... Laissez-moi ! »

Recroquevillée dans un des coins de la pièce, le souffle saccadé par la peur qui s’était emparée d’elle. Ses sens aux aguets, elle scrutait la pièce de long et de large. Puis, grâce à une certaine montée d’adrénaline, la Dame se mit à courir. Effectuant de longues enjambées, la porte arriva bien vite, elle l’ouvrit, s’engouffra dans la couloir, puis s’enfuyait comme elle savait si bien le faire.

Cécilie se figea en entendant la Gardienne prononcer des mots qu'elle ne voulait pas comprendre.

Maélyne se défit violemment de son étreinte, la bousculant pour sortir de son lit d'un bon maladroit. La jeune femme se serait sûrement écrasée au sol si elle n'avait pas déjà été à genoux. Glacée jusqu'au fond des os, elle entendit Maélyne se précipité vers un coin de la pièce, y rester quelques secondes à peine et repartir à toutes jambes vers la porte.

Appuyée d'un bras sur le sol, Cécilie releva immédiatement la tête. Son sang ne fit qu'un tour.

« Rattrapez-là, je vous en supplie, elle pourrait se blesser ! »

Si Maélyne devait se calmer, elle pourrait l'y aider, mais elle avait besoin de plus de quelques secondes pour ça ! Tout en se remettant pesamment debout, elle inspira et expira avec précaution, soulevant le Voile qui la séparait de toutes les mélodies que portaient jusqu'à elle la Magie. Une chaleur rayonna dans son plexus alors qu'elle commencer par se calmer elle-même avant de chercher a atteindre tant bien que mal la porte de la pièce.

« Dame Maélyne !! Dame Maélyne arrêtez !! »

Plusieurs gardes s’étaient élancés à sa poursuite, non sans une once d’hésitation quant à la manière d’attraper la « fugitive ». Elle était leurs Dame, elle était celle à qui ils avaient prêté serment et celle qu’ils avaient protégé alors que bon nombre de leurs collègues n’ont pas hésité à tourner leurs vestes.
Comment attraper celle qui semblait être désorienté sans lui faire de mal ? Comment essayer de la raisonner alors qu’elle ne connaissait plus personne ? Comment s’y prendre ?

La solution vint de celui que tout le monde craignait. Sortant de l’enclos de la bête, Godfroy se mit en travers de sa course alors que la Dame avait tourné la tête vers ses assaillants. Elle le bouscula, sans toutefois le faire bouger d’un millimètre, puis, il empoigna la jeune femme pour la placer sur l’une de ses épaules. Maélyne criait, tout en frappant le dos musclé de l’homme.

« Lâche là tout de suite Godfroy ! Et retourne à ta cellule ! »

La chaine placée aux pieds du monstre qu’il était le retenait d’aller plus loin que la moitié de la cour. Il y déposa alors Maélyne tout en la confiant à un autre garde. Ses gestes étaient doux, comme son regard, ce qui permit à la Dame de se calmer un peu
.
« Ma Dame, s’il-vous-plaît, suivez-nous. Vous devez vous reposer... »

De retour au château, on la plaça dans un petit salon où on lui apporta de quoi boire.

« Votre cousine ne va pas tarder. »

Le garde quitta la pièce tout en surveillant la porte. Maélyne fit alors un bon et se dirigea par la fenêtre. S’assurant d’être à une hauteur qui ne pourrait point la tuer, elle commença à enjamber l’appui de fenêtre pour s’échapper à nouveau.

Cécilie acquiesça et demanda a être immédiatement conduite auprès d'elle sans plus se préoccuper de la prêtresse. Blême, elle se força à se calmer durant toute la distance avalée à bon pas. Avec ses exercices mentaux, cela devenait de plus en plus simple de retrouver sa concentration.  Le serviteur ouvrit la porte... et hurla.

« MA DAME NON ! NE SAUTEZ PAS ! »

Tout le reste se passa à une vitesse incroyable. Le serviteur voulut partir vers l'avant comme un dératé. Cécilie n'eut que le temps de prendre une inspiration. Expirer lentement et une grande chaleur se répandait dans sa poitrine. Le voile se leva sur un vrombissement de mélodies cacophoniques et un entrelacs de chaleurs courant sur sa peau. Près d'elle, une mélodie rapide et saccadée : affolée. Quelque pas plus loin, une... chose étrange. Une grande chaleur émanait droit devant elle mais la mélodie en était... incertaine... brisée... bridée...

« Maélyne, écoute moi, s'il te plaît. Nous ne te voulons aucun mal. Si tu veux partir, tu peux partir par la porte. Mais ne risque pas ta vie ainsi. »

Les mains de Cécilie s'élevèrent au rythme de sa respiration. Ses mains jouaient sur un instrument invisible pour combler les blancs et les contrer les discordances qui lui parvenaient. Entièrement concentrée sur l'esprit de Maélyne, elle se souvenait des cours de son professeur, démêlant chaque émotion qu'elle percevait dans cet amalgame de note.

Ce qu'elle essayait de faire ? Exactement ce qu'elle avait été capable de faire sur Rose lors de l'attaque de Karras. Par un contre-chant complexe, bien loin de réussir à rendre une forme cohérente à la mélodie que produisait l'esprit de sa cousine, elle en gommait peu à peu les accents les plus forts, imposant une sérénité artificielle dans un esprit tourmenté par des pensés qui défilaient sans rime ni raison.

Elle savait que ce n'était qu'un sursit, les émotions reviendraient les unes après les autres au fur et à mesure des heures et avec toute leur puissance. Mais au moins elles ne surgiraient pas toutes en même temps dans des directions contraires.

L'esprit de la Dame de Lourmel était fuyant et agité, la danse qu'effectuaient les doigts de l'aveugle ne devaient pas aider à la rassurer, elle devenait de plus en plus difficile à garder en ligne de mire. Pour tenir assez longtemps et que son acte soit assez puissant pour être utile en une pareille situation, Cécilie s'était mise à chantonner une ballade que les deux jeune femmes chantaient autrefois à Beaurivages.

De l'extérieur, cette lutte n'avait duré qu'un instant. Le temps de quelques notes, d'un refrain. Et la Magie avait suivit son œuvre, apaisant les tourments de l'âme pour un temps bien trop court. Le serviteur terrifié tendait toujours la main à sa Dame, approchant pas à pas tout en restant attentif à ce qu'elle ne tente pas de reculer à son approche.

Ce fut bref. Le chant de sa cousine était si apaisant que Maélyne abandonna toute idée de fuite. Un regard fut lancé au serviteur qui s’approcha doucement mais surement. Il semblait apeuré qu’elle tombe et qu’elle se blesse. La jambe qui balançait à l’extérieur du bâtiment revint bien vite à l’intérieur de la bâtisse. La jeune femme s’avança vers le serviteur sans réellement se rendre compte qu’elle était en train de marcher.

L’homme l’attrapa juste à temps avant qu’elle ne s’écroule complètement. Le visage de Maélyne n’exprima plus aucune expression et ne semblait même plus réagir à ce que le domestique lui disait.

Ce chant l’avait calmé, peut-être un peu trop ?

A genoux, Maélyne fixait le sol. On lui parlait, on lui demandait si elle allait bien, mais aucune réponse n’arriva à franchir la barrière de ses lippes.