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| Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] | |
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Telenwë Neraën
Elfe
Nombre de messages : 571 Âge : 32 Date d'inscription : 04/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Dim 12 Juin 2016 - 22:38 | |
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"Merci."La jeune femme à la courte chevelure blonde sourit sincèrement au guérisseur qui avait accepté de s'occuper d'elle cinq minutes au lieu de continuer à privilégier les blessés graves. C'était une mauvaise plaie au bras, rien de bien grave, mais qui pouvait facilement devenir mortelle si elle n'était pas prise en charge relativement rapidement. Elle acquiesça lorsqu'il lui dit d'éviter d'utiliser son bras gauche pendant quelques jours et se leva pour sortir du dispensaire. Le dispensaire... ou les mouroirs, comme disent certains. Et elle devait bien avouer que ce n'était pas beau à voir, les soldats qui s'y trouvaient étaient dans de piteux états. De temps à autres elle entendait des cris sans pouvoir voir de quoi il s'agissait, les derniers en date étant là où s'était précipité le régent d'Alëandir. Elle avait de quoi être inquiète et pourtant, elle savait qu'elle n'était pas dans la zone la plus sensible. Au fond cela avait l'air de se calmer, suite à ce qui lui avait semblé être une panique générale. Le médecin qui s'était occupé d'elle avait fait preuve de professionnalisme en faisant comme s'il ne se passait rien, mais Tiliel avait bien senti que quelque chose le dérangeait, que ce qu'il se passait au fond n'était pas normal... ou habituel du moins. En tout cas elle plaignait tous les mages de la vie qui étaient présents en ce lieu. Gérer les retours de combat n'était visiblement pas chose très simple. Elle fit quelques pas à l'extérieur et savoura l'air frais, loin des odeurs de sang. Qu'est-ce que ça faisait du bien ! En faisant attention à son bras elle s'étira de tout son long, essayant au passage de chasser de son esprit toutes les horreurs qu'elle avait vues ces derniers jours : les mort-vivants d'Eraïson, la mort de ses frères d'arme, les Drows, le dispensaire... et le fait que dans tous les blessés, plusieurs protecteurs faisaient partie des victimes présentes aux mouroirs. Y compris le sien, celui d'Eteniril. Ils étaient dans un sale état à ce que l'on disait, surtout qu'ils avaient dû affronter le mage drow qui avait provoqué autant de morts. En peu de temps ils avaient dû changer plusieurs fois de seigneur-protecteur, est-ce qu'ils allaient encore devoir faire pareil ? Alors qu'elle se posait cette question, elle entendit quelqu'un parler derrière elle. Il disait de faire attention. Tiliel se retourna donc et aperçut que l'on amenait une personne dans un brancard. Celui qui était devant semblait avoir du mal à supporter le poids du blessé allongé, surtout qu'il semblait être bien fatigué. Sans même se poser la question la jeune elfe vint aider le guérisseur en prenant un bout du brancard de sa main droite tout en demandant gentiment si elle pouvait aider en quoi que ce soit. Son aide fut acceptée, d'autant plus qu'il se voyait sur ses habits qu'elle appartenait à l'armée d'Eteniril. Elle n'eut aucun problème pour mener le petit groupe jusqu'à la tente de son protecteur et capitaine temporaire, s'écartant alors pour laisser faire ceux qui devaient s'occuper de lui. Elle était inquiète mais essaya de ne pas le montrer, faisant mine d'être là pour faire en sorte que des curieux ne s'approchent pas trop. Après quelques minutes un mage vint et discuta brièvement avec le guérisseur et son collègue (ou apprenti ? elle n'en savait rien), regarda un instant le protecteur Yeldoreï et sortit de sa besace des pierres de couleurs différentes. Il sembla se concentrer sur elles et tout en commençant à entonner un chant étrange, il commença à disposer les pierres tout autour de la tente, à l'intérieur. Tiliel le regarda faire avec curiosité, repérant sans problème le bracelet au poignet de l'elfe qui se chargeait de lumière au fur et à mesure qu'il continuait son chant. Elle demanda rapidement à l'une des personnes présentes ce que le mage faisait et l'elfe lui répondit en chuchotant "anti-magie". Elle ne comprit pas sur le coup, puis commença à repérer que quelque chose n'allait pas chez le protecteur : son corps ne bougeait pas, son torse ne se levait pas beaucoup sous l'effet de la respiration... seuls ses yeux derrière ses paupières closes semblaient bouger dans tous les sens. Que se passait-il ? Puis tout changea, sans crier gare. Un premier elfe tomba, le guérisseur qui se trouvait en train de refermer une blessure du protecteur tomba sur le sol en criant de douleur. Tiliel ne sut pas quoi faire, resta tétanisée. Non loin d'elle, le mage spécialisé en anti-magie ne broncha pas, restant concentré sur la zone qu'il était en train de créer, mais s'évertuant à aller aussi vite qu'il le pouvait. Alors elle réagit en faisant la seule chose qui lui semblait utile dans une telle situation : tirer le guérisseur de là où il était, l'emmener à l'abri. Elle courut donc, prit le mage de la vie par l'épaule et eut alors l'impression que le temps passait à une vitesse incroyablement lente alors qu'un vide s'ouvrait devant elle. Elle tomba sur les genoux et tout s'arrêta : les cris, le temps... elle regarda la main qui était devant elle et, perdue, se demanda si c'était la sienne... se demanda même ce qu'elle était. ~~~~~~~~ "Du calme, je suis là. Tout va bien, vous êtes avec moi. Je m'appelle Tarion Delvir, je suis un mage de l'immatériel. Vous vous souvenez de qui vous êtes ? Non ? Ce n'est pas grave. Un collègue va vous aider. Je... hum ! Restez calme, arrêtez de crier. Vous êtes en sécurité maintenant, vous n'avez rien à craindre. Je reste là, près de vous."Bien sûr, les cris des guérisseurs comme de la militaire avaient attiré du monde dans le campement d'Eteniril, si bien que les lieutenants avaient dû renvoyer à coup de gueulantes leurs soldats au loin. Gardant un calme exemplaire, le dénommé Tarion fit quémander un mage de l'esprit : il avait vu ce qui s'était passé et craignait le pire. En peu de temps la jeune semblait avoir complètement perdu la mémoire et le guérisseur qui avait commencé à s'occuper du protecteur était inconscient au sol, et le mage n'avait pas réussi à le réveiller. Au moins il respirait encore, ce qui ne voulait pas forcément dire grand chose en magie... Il se passa peut-être une heure avant que le mage de l'esprit ne se relève, aussi livide qu'un mort. Tarion vit du coin de l'oeil l'état de son collègue de l'immatériel, collègue qui fit en sorte que l'on ne remarque pas trop son visage. Arriva à ce moment précis un autre guérisseur, bien plus influent que celui qui était allongé au sol, les yeux fermés : Anornedellon. Tout autour il avait été fait place nette et seuls quelques militaires haut-gradés étaient encore présents, sans compter deux sentinelles postées devant la tente de leur capitaine. Lorsqu'ils eurent à accueillir le régent, Tarion expliqua sans faire de détours ce qui s'était passé et le fait qu'il avait pu créer une zone d'anti-magie, mais peut-être pas à temps puisque le protecteur semblait avoir réagi lors de son sommeil de manière totalement imprévisible. Le mage de l'esprit, lui, essaya de prendre plus de pincettes pour faire état de la situation. Même s'il savait que sa faiblesse physique due au choc mental qu'il venait de recevoir faisait déjà omprendre à qui voulait ce qui pouvait être. "Régent... J'ai pu osculter les trois elfes qui avaient emmené le protecteur Yeldoreï ici et concernant celui qui se tient debout auprès de soldats, il va bien. Il a pris un coup mais rien d'autre. Pour la jeune femme qui est assise près de la tente, elle a perdu la mémoire. Elle ne se souvient de rien, pas même de qui elle est. Mais avec un peu de temps je devrais pouvoir l'aider à la recouvrer, ce n'est que superficiel. Par contre, le guérisseur... hum... le concernant c'est autre chose. Il se mordit les lèvres avant de continuer. J'ai passé bien plus de temps que je ne le pensais à son chevet et il en ressort qu'il n'y a absolument plus aucune trace de son esprit. Je n'arrive même pas à ressentir le lien qu'il pourrait encore y avoir entre l'esprit et le corps. Donc soit l'esprit est parti sans pouvoir retourner à son corps, soit... soit il a été complètement détruit, ce que je redoute le plus. Quoi qu'il en soit il n'est plus désormais qu'un corps qui finira par mourir faute d'esprit."La nouvelle était mauvaise, tout aussi mauvaise que désagréable. Comment un mage avait-il en peu de temps détruit l'esprit d'une personne ? Il n'en savait rien, mais la seule chose qu'il se disait était qu'il devait y avoir une grande puissance ainsi qu'une forte volonté pour y arriver. Et si Neraën Yeldoreï n'arrivait plus à maîtriser la magie qui passait en lui, comme il y a trois cents ans... cela risquerait d'être plus grave que ce qu'il avait pu entendre à l'académie, maintenant que son corps était habitué à faire passer la magie. Et ils venaient d'en avoir une preuve accablante.
Dernière édition par Neraën Yeldoreï le Lun 15 Aoû 2016 - 18:41, édité 1 fois |
| | | Anorn
Ancien
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Dim 3 Juil 2016 - 23:52 | |
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Enfin, on l'avait emmené loin de tous. La démonstration de magie qu'il avait faite un peu plus tôt sur Halyalindë n'avait pas été appréciée par Anorn. Loin de là. Il avait alors eu deux elfes incontrôlables à gérer, parce qu'aucun autre n'avait été capable d'arrêter la Dame Protectrice à temps. Il avait été ébranlé par Neraën, n'avait pas pu intervenir avant lui. Celebrand n'avait pas été à même de le contrôler non plus et était arrivé ce qu'il redoutait. L'isolement avait été nécessaire, vital même. Anorn ne pouvait pas consciemment exposer d'autres elfes à un danger potentiel qu'il savait ne pouvoir contrôler. Il n'avait pas eu à gérer ce genre de comportement à Uraal, ne les avait pas réellement noté, bien qu'il y en ai eu. Il y en avait toujours, le champ de bataille traumatisait les combattants et chacun réagissait à sa façon. Chacun exprimait son mal être d'une manière différente. Mais il ne pouvait pas faire dans l'individuel, ne pouvait pas se soucier spécialement du bien être d'un elfe en particulier. Ce n'était pas son rôle. Finissant de soigner un mage victime de Neraën, il ressentit sans peine l'agitation qui provenait de la tente du Seigneur Protecteur d'Eteniril. Il ne tarda pas à s'y rendre, constatant par là même les dégâts qui avaient été causés, et il n'eut pas à attendre bien longtemps pour qu'on lui fasse un rapport relativement complet de ce qui venait de se passer. Il avait détruit des esprits. Un esprit, en tout cas. Et il avait attaqué les autres. Que lui fallait-il, pour qu'il arrête ? Pour qu'il cesse de détruire tout elfe se dressant à ses côtés ? Y avait-il réellement un moyen ? Personne ne semblait le savoir. - Très bien, je suppose que vous l'avez magiquement isolé ? Il n'a plus accès au flux ? N'attendant pas réellement la réponse puisqu'il la connaissait déjà, il se dirigea d'un pas assuré vers la tente. Avant d'entrer et de se couper de toute possibilité de façonner l'Art, il se planta devant une herboriste, réclamant herbes et mixtures. Cette dernière ne se fit pas prier pour aller lui rassembler ce qu'il avait demandé et, tandis qu'elle s'affairait au sein de la pharmacie, il se retourna vers son premier interlocuteur. - Je ne peux pas garantir que le Seigneur Yeldoreï n'est plus une menace pour son entourage. Il semble qu'il ait été considérablement contenu, mais je te demande de faire passer l'ordre de ne pas approcher cette tente à moins de deux mètres. Et encore, c'est très peu, mais je n'ai pas une très grande marge de liberté quant au périmètre que je peux imposer. Seuls les guérisseurs et les gardes sont autorisés à pénétrer dans ce périmètre. Fais donc en sorte de sortir tout le monde. Pour ce qui est des victimes de Neraën, je ne serai d'aucune utilité. Emmène les dans la section des mouroirs prévue pour ce genre d'accident. C'est tout ce que je peux faire à ce sujet pour l'instant.Et avant même d'entendre la réponse qui dut être formulée, il entra dans la tente. La première chose qu'il remarqua fut l'incroyable silence. Incroyable et pesant. Il ne lui fallut pas plus d'un instant pour ressentir le manque. Ainsi que la chape de plomb qui avait soudainement recouvert son cœur. Il avait soudainement l'impression d'être lourd, mais creux. Comme s'il ne pouvait plus se mouvoir correctement parce qu'on venait de lui arracher quelque chose de vital. Une grande inspiration vint emplir ses poumons et gonfler sa cage thoracique. Il ne sentait plus rien autour de lui. Il ne sentait plus personne. Et un instant, il se demanda si la mort n'avait pas tout recouvert. Si Tari n'avait pas fini par tout prendre, jusqu'à la dernière goutte de vie qui pouvait couler en chaque être. Une partie de lui s'était brisée et il lui fallut un certain moment pour que son attention puisse accorder de l'importance à autre chose. Neraën semblait relativement calme, étendu sur son lit, les yeux mi clos. Anorn n'aurait su dire à cet instant s'il dormait ou s'il était éveillé. Non seulement il n'entendait plus son cœur, mais il ne sentait plus son esprit. - Il m'était difficile d'imaginer combien l'absence de flux pouvait être pesante. Et effectivement, ça n'a rien à voir avec ce que je pouvais bien penser, c'est beaucoup plus douloureux. Enfin, je ne suis pas là pour parler de cela, dans quel état est-il actuellement ? Y a-t-il quelque chose que je puisse faire, si ce n'est veiller à ce qu'on le soigne au mieux ?Il n'avait plus aucune utilité ici. Leur lien n'était plus, l'Art n'était plus. Seul restait sa propre personne. Seule restait une moitié de lui. - HRP:
Désolée pour la médiocrité de la réponse, spécialement au début, j'avais pour ainsi dire pas d'inspi :/
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Ven 8 Juil 2016 - 8:46 | |
| C'était l'hiver ; il faisait froid. Ou plutôt Neraën avait froid, comme jamais auparavant : recroquevillé sur lui-même, il tremblait comme une feuille gelée soulevée par un vent glacial. Il était pâle comme la neige. Tout ce qui était autour de lui était blanc, faisant se demander au protecteur s'il n'était pas enfin arrivé dans le royaume des morts. Enfin... cela comptait-il vraiment ? Car, d'apparence, seul l'instant présent sembler compter pour cet être en piteux état. Des gouttes de transpiration perlant encore sur son corps, la respiration difficile, les cheveux désordonnés comme après une longue bataille, les membres frêles... Il était là. Neraën était toujours là, dans cet endroit étrange, loin de ces êtres de lumière comme si une brume épaisse venait de le séparer d'eux. Maintenant qu'un ne serait-ce court moment de répis s'offrait à lui, son esprit pouvait prendre du temps pour penser et essayer de comprendre la situation. Et il ne comprenait pas : tout ce qui s'était passé jusque là, les voix, les êtres, la douleur, le combat, la soudaine lueur blanche, cette salle immense dont il ne pouvait voir les bouts, la sensation de vide, le déséquilibre, ce froid intense... Non, tout cela n'était pas logique. Cela ne ressemblait aucunement à ce dont il avait pu rêver de par le passé. Il avait déjà cauchemardé de se battre pour une raison ou une autre et d'arriver à avoir du sang sur les mains, mais jamais ce liquide pourpre ne lui avait paru si réel. Le toucher désagréable, l'odeur peu ragoûtante, le goût de fer dans la bouche. C'était si réel... et malheureusement, il savait qu'il ne s'agissait pas de son sang. Que c'était le sang d'un être de lumière ; un être qui pouvait être quelqu'un qu'il connaissait. Alors qu'il était perdu dans la brume, assis sur le sol, des voix commencèrent à se faire entendre. Initialement lointaines, plus les mots étaient prononés plus elles s'intensifiaient. Anorn... l'une des voix était celle d'Anornedellon, il ne pouvait que la reconnaître. "Il m'était difficile d'imaginer combien l'absence de flux pouvait être pesante. Et effectivement, ça n'a rien à voir avec ce que je pouvais bien penser, c'est beaucoup plus douloureux. Enfin, je ne suis pas là pour parler de cela, dans quel état est-il actuellement ? Y a-t-il quelque chose que je puisse faire, si ce n'est veiller à ce qu'on le soigne au mieux ? *Anornedellon...* - Je ne pourrai aucunement être exact, la zone d'anti-magie m'empêche de pouvoir voir l'état de son esprit. Mais son esprit travaille beaucoup, contrairement à son corps, et peut-être même a-t-il pleinement conscience de ce qui l'entoure et de ce qui a pu se passer ces dernières heures. Ce qu'il vient de se produire n'est pas anodin... quelle qu'en soit sa raison, la puissance qu'il a déployée est bien plus forte que ce dont mes confrères l'avaient pensé capable. A voir maintenant si la zone d'anti-magie suffira ou non. Il paraitrait qu'il serait capable d'instaurer des liens avec les gens, je ne sais pas quelle force cela pourrait avoir. *Anorn !* - Quoi qu'il en soit, même s'il est un protecteur, s'il n'arrive pas à maîtriser assez rapidement et suffisamment sa relation à la magie pour arrêter d'attaquer ses propres frères vous pourriez être amené à prendre une décision..."Neraën releva enfin la tête, arrêtant de fixer son regard sur ses mains ensanglantées. Alors la pièce immaculée disparut et tout autour de lui devint flou. La douleur vint, étrangement tout aussi présente qu'absente, ce qui lui fit brusquement ouvrir les yeux sur un endroit assez terne et surtout flou. Il ne se sentait pas bien... vraiment pas bien... il ne savait pas bien, n'était plus en état de rien, comme si dès qu'une pensée traversait son esprit elle s'évaporait directement, avait froid... ou chaud. Tout n'était que du vide autour de lui, vide dans lequel il avait l'impression de tomber sans cesse. ~~~~~~~~ Alors que le mage de l'esprit venait de faire comprendre au régent qu'il se pourrait bien que ce dernier ait à décider du sort de leur patient commun, il s'avança jusqu'à se retrouver juste à côté du fameux Neraën Yeldoreï. Fameux parce qu'il avait régulièrement entendu parler de cet elfe à l'académie d'Alëandir, être qui avait été ouvert à la magie lors d'une bataille et qui depuis était suivi par le Chapitre Blanc, grâce à Celebrand. Un cas particulier qui faisait des ravages autour de lui, malheureusement. "Sinon, nous avons décidé avant que vous n'arriviez de le droguer afin qu'il ne puisse atteindre personne si jamais la zone d'anti-magie s'avérait ne pas être suffisante. Et puis cela l'aidera certainement à moins ressentir la douleur lorsqu'il se réveillera."Il ne pouvait rien faire d'autre. Le mage détailla les yeux mi-clos du protecteur et, après un instant, se décida à partir. Il avait d'autres patients à s'occuper, dont une jeune femme complètement perdue qui risquait de s'enliser dans la peur et la folie du fait de sa soudaine perte de mémoire si elle n'était pas prise assez tôt en charge. "Je vous laisse, faites ce que bon vous semble... je serais peut-être moins utile que vous sous cette tente. Si vous avez besoin de moi n'hésitez pas à me faire quémander."Puis il partit, ne se retournant pas pour remarquer que les yeux du blessé s'étaient soudainement ouverts. Ne restaient plus dans la tente qu'Anorn et Neraën. Il se passa un long moment pendant lequel l'etenirilien garda ses yeux fixés sur le toit de la tente, la respiration saccadée. Il ne semblait pas voir, du moins ne réagissait pas. Puis, comme pour signifier le réel retour du pauvre être, il se retourna soudainement sur le côté (du moins du peu qu'il put) pour rendre le peu qu'il avait dans l'estomac... aux pieds d'Anorn.
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| | | Anorn
Ancien
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Dim 10 Juil 2016 - 15:01 | |
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On lui disait qu'il allait peut-être devoir prendre une décision. Comme s'il n'en avait prise aucune jusque là. Comme s'il n'avait absolument pas été à la source de tout ce qui avait bien pu se passer au sein des mouroirs. L'absurdité de l'annonce mêlée au ton lourd sur lequel elle avait été prononcée avait laissé Anorn interdit. Que répondre face à tant sottise ? Rien, absolument rien. Il resta coi. Il n'aurait pu répondre que dans une froideur inutile, sans faire avancer la discussion. Et comme il avait déjà assez l'impression de perdre son temps, il n'allait certainement pas en rajouter. Y avait-il nécessité d'être pointilleux ? Non. Alors il ne le serait pas. S'entendre dire qu'il allait devoir prendre une décision n'avait rien d'extraordinaire, après tout. Et le mage avait bien mieux à faire que de retravailler sa façon de voir le monde. Il enchaîna donc sur les drogues qu'on lui avait administrées, dans le doute, et finit par lui dire qu'il pouvait bien faire ce que bon lui semblait. S'il avait été de nature impulsive, il en aurait certainement collé une à son interlocuteur, mais il se contenta d'un imperceptible serrage de mâchoire en attendant qu'il déguerpisse. Et avant qu'il ne puisse se retourner vers Neraën, ce dernier rendit le maigre contenu de son estomac à ses pieds.
A cet instant, il crut qu'il n'allait plus pouvoir se contenir. Il était à bout et on s'évertuait à le pousser plus encore. Etait-ce un jeu, un nouvel objectif ? Il déplorait l'égoïsme de ceux qu'il ne cessait d'aider, il déplorait leur absence de compassion et d'ouverture. S'il n'était pas là pour obtenir une quelconque reconnaissance, il avait tout de même besoin qu'on essaye de ne pas lui mettre des bâtons dans les roues. Il n'avait personne sur qui se reposer réellement, les soldats étaient détruits, les mages qui devaient l'épauler étaient pour la plupart trop intimidés pour être de réels soutiens et ses proches n'étaient pas là. L'absence d'Arwain commençait à se faire cruellement sentir. Et il pensa un instant quitter cette tente, pour rentrer à Alëandir. Il en avait envie, il en avait besoin. Mais il ne pouvait pas. Parce qu'il s'était engagé, parce qu'il était la figure principale des camps, des mouroirs et de tout ce qui touchait de près ou de loin à la gestion de l'après guerre. Il n'avait pas le droit de baisser les bras. Il se devait de faire bonne figure. Seulement là, auprès de Neraën, il ne réussit qu'à moitié.
- Ravi de voir que tu es réveillé, Neraën. On m'a dit de faire ce que bon me semblait, alors avant toute chose, je vais m’asseoir.
Tirant un tabouret auprès du Seigneur Protecteur, en évitant soigneusement ce qu'il venait de rendre, il s'y assit et passa lentement une main sur son visage. On l'avait fait venir pour rien. On lui avait demandé d'être là pour ''faire ce que bon lui semblait''. Ce qui l'irritait passablement.
- Nous t'avons placé dans une zone sans magie, pour éviter que tu ne blesses nos frères ou nos sœurs sans raison aucune. Je ne suis donc d'aucune utilité en tant qu'Archimage. Sans suis-je présent uniquement pour le lien qui nous unit. Enfin, as-tu besoin de quelque chose ? Sais-tu ce qui est arrivé, pourquoi nous avons du te mettre à l'écart ?
Ce n'était pas là son devoir, non. On avait besoin de lui aux mouroirs, on avait besoin de l'Archimage. Il n'avait pas de temps à accorder à autre chose, c'était là le travail de Celebrand, non ? Ce maître mage qui avait soudainement disparu, qui aurait du être à sa place à cet instant. Quand il sortirait d'ici, quand Neraën serait de nouveau dans les brumes de la drogue et qu'il ne pourrait plus tenir une discussion sensée, il irait le trouver. Pour lui donner sa façon de penser et pour lui ordonner de retourner auprès de l'ancien lieutenant. Parce que là était sa place. Il devait être disponible pour son élève, devait être présent à ses réveils, peu importait ceux qu'il pouvait bien faire à côté. Il y avait quelques siècles de cela, il l'avait pris sous son aile. Il l'avait accompagné dans son cheminement à travers l'apprentissage de la magie. Et aujourd'hui, il laissait Anorn s'occuper de lui, sous prétexte qu'ils avaient un certain lien ? Neraën n'était pas sa principale préoccupation. Contrairement à Celebrand. Le régent avait bien d'autres inquiétudes, bien d'autres cas à gérer. Il ruminait en attendant la réponse à sa question. Et la fatigue ne l'aidant aucunement, il avait perdu l'entier contrôle de ses expressions faciales. Ses lèvres tremblaient légèrement, par à coups, et ses sourcils étaient légèrement froncés. Mais après tout, quelqu'un y prêtait-il réellement attention ?
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Mar 26 Juil 2016 - 12:45 | |
| "Ravi de voir que tu es réveillé, Neraën. On m'a dit de faire ce que bon me semblait, alors avant toute chose, je vais m’asseoir."
Le ton blasé avec lequel ces paroles avaient été prononcées sonnèrent étrangement aux oreilles du protecteur. C'était comme si à chaque mot des cloches raisonnaient dans son esprit, échos à la fois lointains et à la fois si proches que la première chose qu'il eut envie fut de demander à Anorn d'arrêter de crier. Une fois que Neraën eut terminé de faire ressortir sa bile, son corps retomba mollement sur le dos. Cette position pouvait paraître être fort stable pour le blessé, mais en réalité rien n'en était : l'elfe avait l'impression de tomber ou de tourner, il n'en savait rien, alors que ses yeux voyaient toujours la même chose de manière relativement floue. S'assit une personne d'un âge mûr, aux cheveux blancs... et semblant fatigué. Neraën cligna de nombreuses fois des yeux, que ce soit pour chasser les gouttes de sueur de ses yeux que parce qu'il ne contrôlait pas tout à fait son propre corps. Il eut du mal à articuler les quelques mots qui suivirent.
"Anorn... c'est toi ?"
Il ne le reconnaissait pas, c'était un fait. Neraën voyait ce qui n'était pour lui qu'une enveloppe vide dont il reconnaissait le son de la voix. Il avait compris que la personne qu'il voyait était le régent uniquement parce que celui-ci avait mentionné le fait qu'il s'asseyait. Sinon, sans cette lumière qui le caractérisait tant, il ne l'aurait aucunement reconnu. Pourquoi ne le voyait-il pas normalement, d'ailleurs ?
"Nous t'avons placé dans une zone sans magie, pour éviter que tu ne blesses nos frères ou nos sœurs sans raison aucune. Je ne suis donc d'aucune utilité en tant qu'Archimage. Sans doute suis-je présent uniquement pour le lien qui nous unit. Enfin, as-tu besoin de quelque chose ? Sais-tu ce qui est arrivé, pourquoi nous avons dû te mettre à l'écart ?"
Il lui fallait comprendre tout... toutes les phrases, les mots prononcés, les implications de ceux-ci... et elles étaient étrangement très lourdes de sens. Neraën toussa fortement et longuement avant d'arriver à assez contrôler ses muscles pour pouvoir répondre autant que son esprit en était capable aux questions d'Anornedellon.
"Je ne te vois plus... j'ai... mal à te reconnaître."
Il toussa à nouveau, avant de déglutir comme s'il se retenait de vomir à nouveau. Sa tête se balançait de gauche à droite, ses sens cherchant en vain un repère stable.
"Il y avait des êtres... je me suis battu contre eux ; je ne sais pas bien pourquoi. Puis il y a eu la salle blanche... du sang, réel. Du sang... je ne comprends pas, Anorn. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. De l'eau..."
Il avait du mal à aligner plus longtemps ses idées. C'était un véritable exercice qui était loin de lui plaire, surtout que cela lui rappelait de mauvais moments de son passé. Toujours les mêmes ; ceux d'une bataille s'étant déroulée il y a trois cents ans.
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| | | Anorn
Ancien
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Dim 31 Juil 2016 - 16:59 | |
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Anorn sentait bien que Neraën était loin d'être totalement présent. Que d'avoir vidé le contenu de son estomac à ses pieds n'était pas signe partielle lucidité, bien au contraire. D'après ses dires, il peinait à le reconnaître. A le voir. A savoir qui il était avec certitude. Rien de bien étonnant, puisque leur lien n'était plus. Puisque plus rien d'autre que ses sens ne pouvait lui certifier qu'il s'agissait en effet d'Anorn. Et que ces derniers semblaient réduit à un strict minimum. Ses yeux se révulsaient parfois, faisant disparaître l'iris un instant, tandis que sa tête tanguais dangereusement. Son élocution était approximative, ses phrases peu construites, voire incomplètes. Il était dans un état de semi conscience, ne sachant sans doute pas où il était réellement, lui conformant qu'il n'avait que peu de souvenir de ce qui s'était passé.
- C'est bien moi, Neraën. Je ne suis pas surpris que tu ne me reconnaisses pas, la magie est absente, tu ne dois pas ressentir ce qui t'aide habituellement à identifier les gens. Mais ne t'en fais pas, cette situation est temporaire.
Du moins l'espérait-il. Devoir priver Neraën éternellement de magie revenait sans aucun doute à le tuer. A l'emprisonner, le restreindre, tant et si bien qu'il finirait par étouffer. S'amenuiser et disparaître. Il savait combien l'esprit pouvait être fort, la contrainte qu'il pouvait exercer sur le corps et sur la vie. Sur l'existence d'un être. Le sien avait été assez fort pour encaisser la perte successive de quatre êtres chers. Mais d'autres ne l'étaient pas tant. Notamment celui d'Aldartha. Qui s'était brisé aussitôt qu'il avait appris la mort de Glauriell. Ceux de ses parents, qui n'avaient pas supporté la disparition de deux de leurs enfants. Et pour qui la seule présence d'Anorn ne suffit pas à les maintenir en vie. Alors, comment pourrait bien réagir l'esprit de Neraën ? Si on le confinait, si on le privait de sens, d'interactions, de liberté ? Il n'en avait aucune idée. Ou plutôt, il en avait une qui ne l'enchantait guère.
- De l'eau dis-tu ? Je pense que tes souvenirs se mêlent. Si ce n'est pas le cas, tu as peut-être évité de justesse le Royaume de Tari, est-ce de ce genre d'eau dont tu me parles ?
Il ne lui répondrait sans doute pas, mais il posait tout de même machinalement la question. Il n'attendit d'ailleurs pas de réponse avant de reprendre la parole. Sur un ton plus bas, plus las. Comme s'il se répétait pour la énième fois, comme s'il était fatigué de tenir ce rôle une fois de plus. Et il l'était. Sa place n'était pas ici, pas au chevet de cet elfe. Pas là où la magie n'était plus, pas là où ne restait que le diplomate et le vieil elfe. On n'avait pas besoin de ceux là, on avait besoin de l'Archimage. Ailleurs, dehors.
- A vrai dire, ne réponds pas. Ce n'est pas une question très importante. Que tu ne te souviennes plus ce qui est arrivé il y a quelques heures ne me surprend guère. Non, ce qui me serait bien plus utile en revanche, c'est que tu me dises ce dont tu te souviens à mon sujet. Tu me connais, tout particulièrement puisque que tu te permets de m'appeler Anorn. Tu sais que je suis quelqu'un de relativement proche, j'imagine. Maintenant, te rappelles-tu connaître mes souvenirs, mon passé ? Ou n'en as-tu, à cet instant, pas idée ?
Il voulait savoir s'il pouvait brièvement aborder le sujet d'Aldartha. Ils n'avaient pas eu l'occasion d'en reparler depuis Alëandir et cela le tuait de ne pas savoir ce qu'il savait exactement à son propos. Ce qu'il en pensait, ses positions et ses questionnements. Il n'allait certes pas en tirer grand chose dans l'état, mais au moins espérait-il entendre le minimum. Un minimum qu'il souhaitait rassurant. Du plus profond de son cœur.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Mar 2 Aoû 2016 - 15:28 | |
| "De l'eau dis-tu ? Je pense que tes souvenirs se mêlent. Si ce n'est pas le cas, tu as peut-être évité de justesse le Royaume de Tari, est-ce de ce genre d'eau dont tu me parles ? A vrai dire, ne réponds pas. Ce n'est pas une question très importante. Que tu ne te souviennes plus ce qui est arrivé il y a quelques heures ne me surprend guère. Non, ce qui me serait bien plus utile en revanche, c'est que tu me dises ce dont tu te souviens à mon sujet. Tu me connais, tout particulièrement puisque que tu te permets de m'appeler Anorn. Tu sais que je suis quelqu'un de relativement proche, j'imagine. Maintenant, te rappelles-tu connaître mes souvenirs, mon passé ? Ou n'en as-tu, à cet instant, pas idée ?"
Non, ce n'était pas ça. Ce n'était pas qu'il avait vu de l'eau dans ses souvenirs, au contraire même : il n'y en avait pas. Alors que Neraën essayait tant bien que mal de chercher comment il pouvait se faire comprendre tout en ayant cette horrible sensation de tomber dans un puits sans fin, sa tête faisait de nombreux allers-retours fiévreux de gauche à droite. Des fois ce n'était qu'un petit hochement de tête, d'autres fois Anornedellon avait de quoi avoir l'impression qu'il allait lui-même se briser la nuque. Le régent dut attendre un petit moment avant que Neraën ne lève maladroitement le bras droit et fasse plusieurs tentatives avant d'enfin réussir à poser sa main bandée près de sa gorge.
"Non... pas ça... eau, b... boire."
Ce n'était pas une demande facile de la part de Neraën. Lui qui préférait généralement se faire mal plutôt que de devenir dépendant d'une personne, il comprenait bien qu'il n'avait pas le choix que de demander ne serait-ce qu'un verre d'eau. Le goût du vomi était absolument affreux et il se demandait comment il faisait pour toujours avoir Anorn à ses côtés alors qu'il avait l'impression de ne tenir sur rien. Donc arriver à attraper un verre... ce n'était même pas la peine d'y penser.
Par miracle, Anornedellon comprit où il voulait en venir et eut la gentillesse de bien vouloir l'aider à étancher sa soif, même si ce n'était pas avec grande joie - ce que l'esprit perdu de Neraën ne remarqua que trop peu. En fait, il ne comprit que son interlocuteur ne le faisait boire que lorsque ce dernier ne lui souleva la tête pour pouvoir verser le précieux liquide dans sa bouche. Lorsque le contact physique entre les deux elfes s'établit, le changement fut radical : la tête de l'etenirilien arrêta d'aller dans tous les sens, ses yeux purent à peu près regarder une direction en particulier et la cage thoracique se releva puis s'abaissa avec grande ampleur à plusieurs reprises, montrant que le jeune protecteur respirait mieux. Neraën ferma les yeux, savourant autant l'eau tombant dans sa gorge que la sensation d'avoir quelque chose de dur sous lui, et se laissa complètement faire. Certes il avait toujours du mal à aligner deux idées, sa tête avait tendance à bouger un minimum, il ne se sentait pas très bien et ses sens étaient brouillés, mais au moins... tout lui semblait si stable par rapport à avant ! Et il voyait réellement qu'Anornedellon était présent. Même si aucune lumière ne venait, il ressentait quelque chose, une présence. Pas comme si ce qui était auprès de lui n'était qu'une enveloppe vide. Après un signe de tête pour remercier le régent, Neraën répondit d'une voix faible.
"Je n'ai rien oublié, Anornedellon. Les souvenirs sont dans... le désordre, mais... ils reviennent. C'est... de la drogue, non ? Je... j'ai toujours... mal réagi... à ça."
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| | | Anorn
Ancien
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Lun 8 Aoû 2016 - 18:28 | |
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Il n'avait rien oublié. Evidemment, il avait associé bien hâtivement à sa confusion une certaine perte de mémoire. Alors que ce n'était absolument pas juste. Serait-ce parce qu'il l'aurait souhaité ? Cette hypothèse n'était pas improbable. Il aurait tant aimé avoir le choix, de lui livrer ou non son passé, de lui laisser prendre ou non connaissance de l'état de son frère, des circonstances exactes de la disparition d'une grande partie de sa famille. Certes les elfes qu'il avait côtoyés étaient au courant de la mort de sa sœur, de ses parents et de la subite retraite de son frère en Quatrième Saison. Mais qui savait réellement de quoi était morte Glauriell ? Qui savait combien de temps ses parents avaient passé à dépérir, laissant à Anorn le soin de préserver ce qui resterait de sa famille une fois qu'ils auraient disparu ? Qui savait avec certitude combien Aldartha avait été dévasté par la mort bien trop soudaine de leur sœur et dans quel état cela l'avait plongé alors ? Arwain le savait. Arwain et uniquement elle. Il avait pu choisir de lui dire, il avait pu construire l'histoire comme il l'entendait alors. Il avait pu lui livrer petit à petit ce dont il n'avait jamais alors parlé. Il avait pu se faire à l'idée que là n'était plus un secret épouvantable, mais quelque chose qu'il pouvait bel et bien partager. Avec la bonne personne. Avec celle qu'il aurait choisi par ses soins.
Il avait cette étrange impression d'avoir été pillé, violé, qu'on lui avait arraché contre son gré une partie de lui. Et pas des moindres. L'envie de faire en sorte que cela soit puni, que l'équilibre soit rétabli, était présente, quelque part. L'agacement exacerbé par la fatigue, l'absence de soutien notoire, l'incapacité à trouver dans ce campement une personne qu'il pourrait considérer comme son égal, la rendait plus forte encore. Il venait à se demander si le laisser respirer était une chose qu'il souhaitait réellement. Il savait que sur le papier, ce n'était pas de son ressort. Qu'un tel choix ne lui appartenait pas, qu'il ne pouvait prendre la décision d'une déesse. Cependant, il ne pouvait s'empêcher d'y penser. De considérer la chose comme une option bien réelle. Et bien présente. Qui pourrait se concrétiser dans l'instant qui allait suivre. Il n'y avait pas de magie ici, pas de regard indiscret. Personne pour l'empêcher de faire quoi que ce soit. Et puis, était-ce bien lui rendre service que de le maintenir en vie, dans son état ? Le faire souffrir, lui donner une existence dont il n'était même pas maître ? Il était un danger, pour lui même et pour les autres. N'était-ce pas son rôle que de protéger son peuple ? S'il continuait ainsi, l'escalade risquait d'être sans fin, et chaque fois il ferait un peu plus de mort. Jusqu'à ce que cela devienne impossible à gérer et qu'il extermine complètement leur race.
- C'est bien de la drogue, Neraën. Tu as fait bien trop de dégâts autour de toi pour qu'on puisse se permettre de ne pas prendre cette précaution. Celui qui a fait cette bulle d'antimagie ne devait pas être certain du résultat. Enfin, je ne peux rien pour toi, je ne suis qu'un Artisan privé de matière première, ici. Je suis désolé de t'imposer ma présence, d'ailleurs. Mais j'avais quelques questions. Une principalement. Concernant Aldartha. Que sais-tu exactement de sa situation actuelle ?
Il n'avait cure de le déranger ou non. De faire passer des questions d'ordre personnelle avant son bien être. Après tout, il ne pouvait rien pour ce dernier. Alors pourquoi s'en soucier plus que de raison ? Ce serait sans doute de l'hypocrisie et ce ne serait absolument pas utile. Non, actuellement la seule chose qui comptait, ou plutôt la seule personne était Aldartha. Il avait bien trop de fois priorisé autre chose, repoussé cet échange par crainte d'être entendu, ou d'entendre quelque chose qui ne lui plairait pas. Là il était certain que le brouhaha couvrirait leur discussion, que personne n'allait débarquer d'un instant à l'autre puisqu'il avait donné des ordres très clairs, et qu'il pourrait réagir correctement à une réponse qu'il jugerait trop dangereuse. Il avait déjà répondu vaguement quant à ses connaissances à propos de son frère, mais il lui fallait plus de précision. Etait-il possible qu'il connaisse leurs rituels ? Jusqu'où avait-il été dans sa mémoire, jusqu'à quand avait-il revécu sa vie ? Combien d'années étaient passées, combien de souvenirs pouvait-il se vanter de connaître ? Et quel jugement portait-il sur sa vie ? Parce qu'il était persuadé qu'il en portait un. Même inconsciemment. Qu'il analysait de fond en comble ce qui lui était arrivé, qu'il se comparait même peut-être à lui. Se disant qu'il aurait agit de telle ou telle façon, que ce qu'avait fait Anorn n'avait pas été la bonne chose. Qu'il aurait du tous les sauver, ou qu'il n'aurait pas du vivre. A quoi bon, lorsqu'on a échoué à protéger les siens ?
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Mer 10 Aoû 2016 - 22:30 | |
| Que savait-il sur Aldartha ? Que savait-il sur son frère ? Le sien ou celui d'Anorn ? Neraën tiqua un instant suite à la question, ne comprenant tous les propos du régent qu'une bonne minute après que ce dernier ait terminé de parler. Au nom d'Aldartha, ce furent des images et des sons qu'il ne souhaitait pas revoir qui capturèrent son esprit, de même que l'impression qu'il allait (ou avait ?) tué le jeune mage alors penché sur de nombreux livres. Il se retrouva un instant à nouveau dans cette salle où ne se trouvaient qu'un bureau et une chaise, vit Aldartha assis sur la chaise, la main d'une personne sur son épaule... Cette personne était lui, le regard froid mais l'air différent de ce qu'il était lui-même d'habitude, les yeux braqués sur l'esprit du Neraën impuissant face à la situation. Puis de l'étranger Neraën se mouvèrent rapidement, brisant définitivement la vie du mage. Il était lui. C'était lui qui l'avait tué, sans comprendre pourquoi.
Alors apparurent d'autres images, celles dessinées sur une multitude de feuilles de papier. Que sais-tu de sa situation actuelle ? Les feuilles passaient à une grande vitesse, les événements s'enchainaient... Aldartha n'était plus jeune ; il semblait même en être rendu à l'état d'un vieillard. Enfermé, protégé, incapable de bouger. Incapable de revenir, tout simplement. Ou seulement lorsqu'une voix particulière résonnait à son esprit. Les lèvres de Neraën bougèrent, comme si pour répondre à l'image qui passait devant ses yeux il essayait de s'adresser à l'être qui n'était plus tout à fait dans ce monde. La drogue n'aidant pas, quelques mots mal prononcés s'échappèrent de la bouche du blesser, qu'Anorn ne put vraiment comprendre. Il fallut un bon moment avant que le protecteur d'Eteniril ne revienne pleinement à la réalité.
"Ce que je sais... parti, loin... loin des autres, près de toi. Il écoute, ne participe pas. Tu le protèges. Beaucoup. Les autres... ils savent pas. Tu ne dis pas. Je sais... J'ai vu... je ne comprends pas, Anorn. Il était assis, jeune. Il souriait, Anorn. Il s'était occupé de moi. Il veut aller à la bibliothèque, s'en va... Il était à nouveau sur une chaise. Me regardait, avait peur. Derrière lui... Je ne l'ai pas tué, n'est-ce pas ? Cette personne qui me ressemblait, ce n'était pas moi ? Juste un cauchemar ? Il est toujours... toujours... où tu as décidé de le garder ?"
C'était une torture pour Neraën que de revivre ce moment, et Anorn pouvait ressentir que parler de cela n'était pas agréable pour son patient. En vrai, jamais Nerën n'aurait voulu parler de ce cauchemar à Anornedellon. Jamais. Mais la drogue était là, brouillant les souvenirs... et révélant ce que l'esprit de l'elfe faisait en sorte de rester au fin fond de son être.
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| | | Anorn
Ancien
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Lun 15 Aoû 2016 - 10:00 | |
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La difficulté que Neraën éprouva quand il répondit à sa question le conforta dans l'idée qu'il y avait bel et bien danger. Que quelque chose était arrivé ou allait arriver. Quelque chose qui ne serait pas pour lui plaire. La réponse commençait bien, pourtant. Il lui livrait seulement des faits, sans trop entrer dans les détails, lui donnant l'impression qu'ils n'avaient pas d'importance à ses yeux. Que tous leurs rituels, leurs habitudes, leurs discussion n'étaient pas d'ordre public, mais bel et bien privé. Mais quand il aborda un souvenir dont il n'avait pas connaissance, quand il insinua l'avoir tué, non, c'en était trop. Beaucoup trop. Il aurait encore pu se contenir, sortir sans un mot et ne jamais répondre à ces questions, sauf qu'il en rajouta une dernière. Juste une dernière qui le mit hors de lui. Là où il avait décidé de la garder ? Non, il n'avait pas décidé de la garder quelque part. Il n'avait pas décidé de l'enfermer, de le soustraire au monde, de le priver d'une quelconque liberté. Et pourtant, il sentait dans ces mots que c'était ce qui semblait être à Neraën. Se levant prestement, il prit une profonde inspiration qui n'augurait rien de très bon.
- Je ne comprends pas Neraën. Je ne comprends pas le discours que tu tiens là. Dois-je te rappeler que je suis un de ceux qui essaye de t'aider, un de ceux qui ne te regardent pas comme une erreur de la nature, une curiosité sans nom qui ne cesse d'évoluer dangereusement ? Dois-je te rappeler que je perds ici du temps pour m'assurer que tu n'es pas sur le point de rejoindre Tari ? Que je serais plus utile aux mouroirs, là où meurent sans doute une dizaine d'elfe en cet instant parce que je suis l'un des rares qui aurait pu les sauver ? Je ne crois pas que tu mesures l'étendue des services que je te rends ici. L'étendue des demandes et des besoins que tu crées. Tu me fais perdre du temps et pourtant je suis là. Comment interprètes-tu cela ?
Tu es un danger pour nous tous, un danger qu'on s'efforce de contenir et de comprendre. Mais tu n'es pas contrôlable, tu tues à tour de bras pour peu que la souffrance soit insupportable. Tu élimines des enfants de Kÿria pour te soulager de la peine que tu peux ressentir par moment. Ne crois-tu pas que la meilleure des solutions, objectivement parlant, serait de t'éliminer ? Tu es encore monté en puissance, Clebrand n'arrive plus à te contenir. Doit-on seulement espérer que ton cas s'améliorera, sans que tu ne retires encore la vie à un frère ? Si je décide aujourd'hui de t'envoyer auprès de Tari, ça ne serait pas bien difficile à justifier. Tu ne peux même pas te maîtriser toi même, alors à quoi bon vivre ? A quoi bon laisser vivre ce qui s'apparenterait à un psychotique meurtrier ? Ton peuple t'a choisi pour les guider, tout ce que tu leur offres c'est le sang et la folie ? Tu n'es pas digne d'être Seigneur Protecteur, Neraën. Tu me fais honte. Et tu me fais mal. Tu me fais mal en massacrant mes frères.
Un silence s'abattit alors dans la tente. Mais il n'en avait pas fini. Loin de là.
- Tu n'as pas tué mon frère. Tu n'as pas tué Aldartha, il n'a pas rejoint Tari, il est encore bel et bien de ce monde. Mais tu as tué plusieurs autres de mes frères et de mes sœurs. Je ne te dirais pas que c'est la même chose à mes yeux, loin de là. Seulement aujourd'hui, je sais que tu es capable de prendre la vie d'un autre, sans aucune raison, sans jamais prévenir. Que tu laisses seulement cette malédiction qui te hante s'abattre sur les innocents et blesser bien plus de personnes qu'elle le devrait. Alors je ne te dirais qu'une seule chose. Si tu t'approches seulement d'Aldartha, si tu essayes ne serait-ce que de le voir, tu le regretteras amèrement. Tu connais peut-être mon passé, tu connais peut-être mes actes. Mais tu ignores tout de la personne que je suis. Tu n'as jamais eu l'occasion de faire face à ma fureur et je te souhaite que ce ne soit jamais le cas. Approche toi de mon frère et tu découvriras un nouveau monde. Approche toi de lui et je ferai de ta vie un supplice. Tu prieras Tari pour qu'elle te prenne. Tu maudira Kÿria pour le corps qu'elle t'as donné. Tu maudiras Elenwë pour le souffle qu'elle t'a donné. Ai-je été assez clair ?
Le déferlement de colère froide s'arrêtait là. Il avait répondu et c'était ce qui importait. Il lui avait comprendre ce qui l'attendait s'il comptait s'amuser avec Aldartha. S'il comptait ne serait-ce que le voir. Jamais il ne permettrait une telle chose, jamais il n'exposerait son jumeau à de tels risques. Jamais il ne laisserait Neraën entrer en contact avec lui. Pour rien au monde. Et si on ne le retenait pas dans la tente, alors il passerait le pas de la porte sans plus de cérémonie.
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| | | Telenwë Neraën
Elfe
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Lun 15 Aoû 2016 - 17:14 | |
| Le contact s'était rompu, Anornedellon ne gardant absolument aucun contact physique avec Neraën. Alors le peu de stabilité qu'avait procuré leur lien si particulier s'effaça brutalement et le protecteur d'Eteniril recommença à tomber en chute libre, son esprit et ses sens devenant incapables de reconnaître pleinement tout ce qui l'entourait. Une chute qu'il ne comprenait pas, désormais qu'il avait pu avoir l'esprit assez clair pour tenir une conversation ne serait-ce que quelques instants. Et cet esprit, déséquilibré, trouva intuitivement refuge dans la pièce lumineuse qu'il s'était forgée à la fin de son cauchemar. Là où il s'était réveillé, là où il avait entendu des gens du monde réel parler, là où il s'était rendu compte que du sang coulait sur ses mains. Un endroit d'où il pouvait voir et écouter, où il n'avait plus cette sensation atroce de ne pas pouvoir se raccrocher à quoi ou à qui que ce soit. Enfin si, il pouvait se raccrocher à une personne... mais celle-ci était bien loin d'être disposée à l'aider au point où il en avait besoin.
Tout d'abord, Neraën ne comprit pas. Lui qui avait toujours fait en sorte de garder pour lui la série de cauchemars qu'il avait fait concernant Aldartha, il ne s'était pas rendu compte qu'à cause de la drogue il avait raconté beaucoup trop au régent qui, forcément, n'était aucunement prêt à accueillir de telles paroles. Aussi quand Anorn répondit aux questions de son patient avec une colère si froide que ses mots en devenaient des pointes de flèches acérées, Neraën resta un instant coi, avant d'enfin comprendre tout ce qui se tramait. Des larmes coulèrent sur son visage ; ses genoux flanchèrent ; son tein devint blafard, au point que sa peau se confondait presque avec la blancheur de son refuge. Les mots étaient durs, tranchants. Et sous chaque fait pouvant faire comprendre au guerrier qu'il avait échoué par rapport à une valeur, une mission qu'il s'était donnée, c'était comme si chaque mot prononcé par ce régent qu'il estimait tant était une lame de glace qui le transperçait de part en part tout en le déchirant.
Il avait tué de ses frères. Il avait laissé la magie le dépasser et comme il l'avait toujours craint cela n'avait engendré que la mort de personnes certainement innocentes. Même Celebrand n'arrivait plus à le contenir. Même son mentor, pourtant maître dans le domaine de l'esprit et personne étant la plus à même de réfréner sa magie. Et voilà... Trois cents ans. Trois cents années vécues pour rien, dont près de cent cinquante enfermée dans cette maudite académie d'Alëandir, à essayer tant bien que mal d'apprivoiser cette magie destructrice au point d'être devenu un elfe insomniaque ! Depuis trois cents ans à ne plus se sentir être soi-même, à faire constamment des efforts immenses que les autres ne remarquent même pas et que certains seraient tout à fait incapables de faire sur eux-mêmes ! Un temps appréhendé, éprouvé, renié, éprouvé à nouveau, éreinté, maudit, jamais aloué, pour être finalement perdu puis gâché, et tout cela pour quoi ?! Pour une simple bataille contre des drows ? Pour un simple sort lancé par l'un d'eux ? Non. Pour avoir ressenti ce à quoi les autres étaient sourds et pour être soi-même parti au-devant d'un danger bien plus important qu'il ne pouvait l'imaginer. Pour avoir soi-même détruit le focaliseur utilisé lors d'un rituel, sans savoir ce que cela ferait ou même, au final, avait fait. Pour ne pas avoir fait que partager, pour s'être donné dans le but de sauver ceux qui lui étaient confiés ainsi que ceux qui ne l'étaient pas. Pour s'être sacrifié, en somme. Et s'être sacrifié pour n'avoir plus aucun contrôle sur la magie, s'être sacrifié pour des gens qui étaient incapables de le voir comme un elfe mais toujours comme une curiosité, une aberration magique, un cobaye, une chose sur laquelle il était bon de discuter sans trouver de solutions, qui désormais le voyaient comme un être dangereux pour les autres qu'il valait mieux envoyer dans le monde de Tari ! Non ! Il ne pouvait pas... ce ne pouvait pas... c'était pourtant ce pour quoi il avait fait tout cela... au prix de son âme.
Il tomba. Allongé sur le sol glacial, ressentant son sang chaud couler de ses trop nombreuses blessures, Neraën éclata en pleurs. Il n'en pouvait plus, savoir lui avait fait trop de mal, les mots avaient été trop blessants. A cet instant précis, la seule volonté qui restait au protecteur était de pouvoir être hors de cette fichue zone d'anti-magie et d'utiliser, même sans le consentement d'Anornedellon, ce lien qui les unissait. Pas pour lire en lui, pas pour en savoir plus sur tout ce qu'il avait dit. Juste pour expliquer ce qu'il ne pouvait faire avec des mots, pour lui insuffler des images, des pensées peut-être, mais surtout toutes les sensations qui l'envahissaient. Pour qu'il comprenne réellement, quitte à lui dévoiler tous les souvenirs qu'il avait concernant son changement et tout ce qui s'était ensuivi. Un soubresaut avant le dernier râle. Qu'il arrête de souffrir autant, que cette malédiction cesse enfin, qu'il parte... que cette magie arrête d'apporter le malheur autour d'elle. Que ses cauchemars s'arrêtent. Et encore, Anorn n'en était pas rendu au sujet qui concernait son frère jumeau. L'assurance quant au fait qu'Aldartha était toujours vivant ne fut pas suffisante pour mettre du baume au coeur de Neraën, mais l'interdiction formelle d'approcher l'elfe et surtout la façon dont elle était prononcée furent une nouvelle plaie tout aussi béante que les plus profondes qui le meurtrissaient déjà. Aldartha... pourrait-il seulement comprendre un jour pourquoi c'était cet être qui apparaissaient régulièrement dans ses rèves depuis le conseil à Alëandir ?
"Anornedellon..."
Ce n'était qu'un mince filet de voix, si faible que le régent eut du mal à l'entendre. De l'extérieur, ou du monde réel en quelque sorte, suite au détachement qui s'était effectué entre les deux elfes le régent n'avait pu voir que le fait que l'esprit de Neraën était complètement perdu. Nulle larme de la part du blessé, ni aucun geste pouvant prouver qu'il était touché par les dires du régent d'une quelconque manière que ce soit. Et pourtant, le ton avec lequel Neraën prononça les quelques mots qui suivirent étaient tout à fait ceux d'une personne touchée au plus profond de son être.
"Pourquoi ne le fais-tu pas ?"
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| | | Anorn
Ancien
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| Sujet: Re: Deux êtres dans la brume {PV Anorn} [Terminé] Lun 15 Aoû 2016 - 18:35 | |
| Encore une question. Qui le retint le temps de la réponse. Dans sa voix il sentait le désespoir. Il sentait la souffrance et la déception. Mais il n'en avait cure. Il avait des principes et des valeurs qui ne souffraient aucune transgression. Il avait dans son tempérament cette rigueur qui ne pouvait être outrepassée.
- Je n'ai pas la prétention nécessaire pour me hisser au rang d'un dieu, Neraën. Je ne peux décemment pas m'accorder le droit de te retirer la vie, si Tari en a décidé autrement. J'aurais de bonnes raisons de le faire, mais elles ne sont bonnes qu'à mes yeux. Comment savoir si je ne laisserai pas là parler ma colère et non mon objectivité ? Comment savoir si la fureur que tu as créé en moi ne serait pas plus le guide de cette exécution que le désir de protéger mon peuple d'un danger ? Que l'importance que j'accorde à l'application de mes promesses et de mes devoirs ? Je ne peux le savoir sans en avoir discuté avec d'autres. Je ne peux prendre une décision seul à ce propos. Alors je ne t'ôterai pas la vie Neraën. Simplement parce que je ne peux me persuader que c'est là la chose à faire. Tu vivras encore, sois en certain. Parce que ton cas n'est pas au dehors la priorité. Parce que ton cas ne sera pas discuté demain, ni même dans les ennéades qui vont suivre. Mais il le sera un jour. Kÿria m'en est témoin.
Et sur ces mots, il quitta la tente. Il n'avait rien à rajouter, plus aucun temps à dilapider. Il savait qu'on l'attendait ailleurs, qu'on avait besoin de lui autre part. Que sa présence était requise officieusement, profondément souhaitée officiellement. Quand il rentrerait à nouveau dans les mouroirs, quand l'odeur âcre du sang, de la sueur et de la peur envahirait ses narines, alors il reprendrait une routine qu'il espérait le moins possible funeste. Mais dont il connaissait déjà pratiquement tout les rouages. Et sur laquelle il n'avait finalement qu'un maigre emprise.
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