[Velmonè] Nous nous sommes déjà rencontrées... [pv Angelina]

Une sorcière. Oui, c'est ce qu'elle est. Une sorcière qui a passé les dernières ennéades a raconter des histoires de pirates aux enfants et aux jeunes filles. C'était amusant. Elle perfectionnait ses histoires. Ce soir, elle pouvait s'attaquer à plus difficile que la populace. Raconter des histoires aux nobles, c'était une nouvelle expérience. Elle s'était contenté de s'introduire en écoutant les conversation, l'air de ne pas écouter. Puis à un moment, une jeune fille avait prononcé un mot et l'imagination de la sorcière s'enflamme.

- Oh, si vous saviez...

Et elle avait raconté une histoire. Une histoire qu'on lui avait déjà raconté. Mais la sienne était beaucoup plus amusante et épique, parce qu'elle avait beaucoup plus d'imagination. Son histoire était vive, amusante, elle mimait et changeait de voix en même temps que ses personnages. Sa description de la bataille fut criante de vérité, passant du héros au méchant, avec accessoires en bonus. Quelques uns avaient sursauté lorsqu'elle avait tiré son poignard de sa ceinture, mais ils s'étaient rapidement laissé prendre au jeu et avaient oublié que ça aurait pu être dangereux. Zoile n'y avait pas non plus songé. Son histoire avait été brève, mais elle impliquait des suites. D'innombrables suites. Et presque autant de versions d'ailleurs. Peu importe, les histoires sont infinies. Son héros préféré, c'est le Capitaine Sepiida. Il est de toutes ses histoires. Étonnant qu'elle raconte des histoires de pirates et non des histoires de sorcières. Hum, pas tant que ça, puisqu'elle avoue cordialement être née ici même, à Ydril, mais elle reste plutôt vague sur le reste.

Son public se disperse et elle les salut d'une révérence. Elle inspire profondément, elle replace ses cheveux en batailles et lisse les plis de sa robe. Elle range sa dague. Satisfaite, elle sourit comme si elle avait remporté une victoire.

- Hi hi hi hi, ricane-t-elle.

Elle se met en marche, fait quelques pas dans de faire un petit tour sur elle-même. Elle est de très bonne humeur. Elle pique quelques fruits sur le buffet pour grignoter et elle évite d'avoir la démarche parfaite d'une noble. Elle ne l'est pas. Pas du tout. Et elle ne veut même pas en avoir l'air. Pourquoi est-ce qu'elle le voudrait ? Elle n'est pas noble, c'est une sorcière.

- Hmmm mmmm mmm mm mm mmmm, chantonne-t-elle en attrapant un gobelet d'eau, parce que le vin lui fait tourner la tête, et en se réfugiant dans un coin.

Comme au début de la soirée, elle s'isole pour observer les convives. Habituellement, personne ne fait exprès pour s'approcher. Sauf lorsqu'elle raconte une histoire. Cette robe est très jolie, mais son manteau lui manque. Elle adore son manteau. Machinalement, elle caresse la pièce de cuir qu'elle porte toujours sur elle, cette fois à l'intérieur de sa manche. Du bout des doigts, sous le tissus de sa robe, elle en caresse les contours qu'elle connait par coeur. C'est une grenouille.

- Hum mmm m mmmmmm mmmm mm mm, poursuit-elle, mais elle regarde soudainement autour d'elle. Quelque chose la dérange. Elle se sent épiée, observée...

Angelina juste après la fin de son entrevue avec sa cousine Tibéria, se mit en quête d'Oschide. Elle voulait savoir si il avait pu parler a son père et par la meme si il avait quelques nouvelles rassurantes a lui donner sur Cornelia. Alors qu'elle cherche son ami des yeux, elle remarque un petit attroupement. Elle fait quelques pas vers ce qui semble etre le centre d'attention, soucieuse que quelqu'un puisse avoir besoin d'aide, mais tous semblent ravis, voir exaltés. bientôt elle contemple l'objet de cette agitation. Une jeune fille, une conteuse peut etre ? En tout cas elle semble totalement absorbée par son récit qu'elle débite a grand coups d'intonations et de gestes. La dame de Solaria s’apprête a détourner ses pas quand un reflet brillant attire son attention, la damoiselle tient une dague. Le visage d'Ange se crispe, il ne s'agit pas de n'importe qu'elle dague. Cette dague la, elle ne la connait que trop bien. Ses yeux s'égarent dans l’assistance, elle se surprend a le chercher. Cela est stupide, tant de le chercher que de croire qu'il pusse etre la. La jeune fille ayant captée toute son attention, elle l'écoute et bien sur ses mots ne lui sont pas étrangers. Cette histoire qu'elle raconte, elle la connait, a quelques détails changeant prés certes, mais elle l'a connait, elle en fut meme pendant un temps l'une des protagonistes.

Qui que soit cette conteuse, il ne fait aucun doute qu'elle connait Haize Sepiida. Rien que le nom suffit a réveiller les souvenirs du passé. Malheureusement ce sont les douloureux qui priment sur le reste, comprimant son cœur de sentiments qu'elle préférerait avoir oublier. Elle est guérie de cela se rassure t'elle, mais il n'en reste pas moins qu'il est désagréable d'y penser. Bientôt la damoiselle a finie son histoire, les gens se dispersent. Ange devrait faire de meme, poursuivre son chemin et l'oublier. Mais une lutte fait rage en elle, si elle connait Haize, si elle a sa dague alors elle saura lui dire ce qu'il est advenu de lui ou au moins si il est vivant. Car meme cela il n'a pas daigné le faire savoir. Mais c'est une triste habitude chez lui, comme celle de briser son cœur. Qu'importe le passé était le passé. Pourtant bien malgré elle, elle suit les pas de la damoiselle, la regarde un instant a distance, puis quelque chose la frappe. Son regard. Son regard ne lui ait pas étranger. Elle en reste d'abord interdite, les pans de sa mémoire se refusant a coopérer. Pourtant elle en est certaine, elle a déjà croisée ce regard. Probable que c'était il y'a de nombreuses années et que la conteuse n'était alors qu'une fillette, mais c'est un fait, elle l'a déjà vue. Ou ? Cela restait par contre un grand mystère.

Faisant fit de ses bonnes résolutions, elle se dirige finalement vers la demoiselle qui quelques instants plus tot était en train de joyeusement picorer sur le buffet et qui maintenant semble se terrer dans un coin. Un sourire. " Pardonnez moi de vous aborder de la sorte, mais vos yeux ne me sont points inconnus. Je jurerais les avoir contempler jadis, nous serions nous déjà rencontrées par hasard ? " La curiosité l'ayant emportée et poussée jusqu'a la damoiselle, il serait désormais difficile d'ignorer qu'elle pusse lui donner des informations sur Haize et ce malgré le fait qu'elle jurait grand dieux qu'elle se moquait bien de ce qui eut pu lui arriver, après tout lui se moquant bien de ce qui pouvait lui arriver a elle. Les dieux avaient parfois un curieux sens de l'humour, cela n'était pas nouveau. Quand vous pensiez avoir laisser le passé derrière vous, ils l'envoyaient a vos trousses pour qu'il vous rattrape. Mais elle ne laisserait pas cela arrivé, il lui avait fallut trop d'énergie et de larmes pour laisser le capitaine Haize Sepiida hors de sa vie et de son cœur. Que les dieux prennent dont acte qu'elle ne s'y laisserait plus prendre.

- Mmmm mmmmm mm m m m mm m mmmmm, poursuit-elle, l'air de ne pas voir celle qui s'approche.

Mais elle l'observait avec beaucoup trop d'insistance. Elle ne la regarde pas directement, mais de biais, la gardant à sa vue, mais sans poser les yeux sur elle. Elle la voir qui approche. elle la voit qui hésite. Elle la voit qui envisage de faire demi tour, mais qui finalement, approche et s'adresse à elle. Alors seulement la sorcière ose poser les yeux sur la femme. Ses yeux sombres la dévisagent, la scrutent avec le jugement impitoyable de la foule, comme si elle n'était pas la seule à la jauger. Le menton haut, la jeune fille prend le temps de la détailler avec plus de précision. Elles se connaissent ? Zoile la détaille, attentivement, de la tête aux pieds. Elle est très belle, mais cette couleur de robe ne lui va pas du tout. Ses cheveux sombres, ses yeux bleus comme des saphirs seraient nettement plus resplendissant dans un bleu profond, comme ses yeux, ou d'un rouge écarlate, pour le contraste.

- Jadis ? Il n'y a que les personnes âgées qui usent du mot jadis. Jadis s'est habituellement produit avant ma naissance ou du moins plus loin que mes souvenirs, dit-elle avec un sourire tout ce qu'il y a de plus perfide.

Zoile est une sorcière, et les sorcières ne sont habituellement pas très gentilles. Mais ce soir, elle a toutefois l'air d'une petite peste de la base noblesse. Mais c'est faux. Elle est une petite peste tout court. Et une sorcière, c'est vrai.

- Qui êtes-vous ? Peut-être que votre nom fera remonter des souvenirs ?

En fait, il y a bien un souvenir qui lui revient. Mais il est flou, il date d'une dizaine d'année... peut-être un peu moins, sur Meca. Mais le souvenir date surtout d'il y a moins d'une heure, tandis qu'elle racontait son histoire. Soudainement, tout le jeu de la noble qu'elle s'était dignement parée s'évapore comme la pluie sous le soleil.

- Vous avez aimé mon histoire ? Vous voulez que je vous la raconte encore ?

Elle agite les doigts, l'air ravi.

La jeune demoiselle la détaille sans vergogne. Ange la laisse faire sans ciller, question d'habitude. Elle a en effet l'habitude que les gens portent leurs attention sur elle, que ce soit par son appartenance aux Sotariel ou de par les tenues qu'elle affectionne d'ordinaire. Pendant ce temps la, elle ne se prive pas pour l'observer tout autant, essayant de faire remonter ses souvenirs. Il lui semble apercevoir un visage juvénile. Il lui semble meme que c'était a Diantra. Au château peu etre ? Alors qu'elle tente de percer ce mystère, la voix de la conteuse coupe le fil de ses pensées. Ange n'en perds pas son sourire. " Il semble bien que j'ai deja le double de votre age ou presque, alors ne suis je pas terriblement vieille en comparaison de vous ? " Répond t'elle simplement a sa pic sur l'emploi du mot jadis. Elle a de bien curieuses manières, peu amicales autant le dire. Barrière protectrice ou véritable personnalité, il est trop top pour le dire.

Elle demande son nom, un passage que la dame de Solaria n'aime pas trop d'ordinaire, mais peu de chances que cela suscite chez la demoiselle le genre de réaction qu'elle déteste, elle la lui donne dont. " Angelina de Solaria, mais appelez moi Ange. Et vous êtes ? " Elle est si proche de ce souvenir, peut etre que son identité l'aidera. Si tenter bien sur qu'elle est connue son nom. Son changement d'attitude est quelque peu déstabilisant, passant du froid au chaud a la simple idée de conter a nouveau son histoire. Bien décider a répondre a son impertinence, Ange lui déclare calmement, sourire aux lèvres. " Je n'ai point besoin de l'entendre a nouveau, elle me fut déjà contée maintes et maintes fois par son "héros. " Elle tait son implication dans une partie de l'histoire, cela n'est qu'un détail que la damoiselle n'a pas besoin de connaitre.

D'un coup d’œil, Ange désigne la dague. " Il m'étonne d'ailleurs que vous possédiez cette dague, quand on sait a quel point il y tient, je doute qu'il vous l'ait cédé de son plein gré. " Le ton est doux mais insistant, elle veut faire comprendre a la jeune fille, si elle ne le sait pas encore, qu'elle s'est probablement attirée de gros ennuis par le simple fait de posséder cette dague. " Il vous retrouvera .. Il le fait toujours. Qu'importe le temps que ça prendra, il surgira quand vous ne vous y attendrez pas et il récupérera ce qu'il considère etre a lui. " Maintenant elle est certaine qu'il est dans les parages, peut etre invisible mais alors qu'elle prononce ces mots, ça lui apparaît comme une évidence. Cette dague, il ne s'en serait jamais séparé et si elle lui a été dérobée, il doit suivre sa trace. Un pirate c'est très possessif avec son trésor. Elle est inquiète tant pour la jeune conteuse que pour elle meme. Elle a tiré un trait sur le passé c'est sur, mais elle n'est pas certaine d’être prête a le revoir. Puis sa maudite mémoire lui fait défaut, toujours pas moyen de se souvenir d'ou elle connait ce regard et pourtant elle sait qu'elle le connait.

Non, elle n'est pas si vieille. Tout dépend ou l'on se retrouve. Elle a certes plus ou moins le double de son âge, elle a raison. Elle n'est pas si vieille.

- Mais vous avez le double de mon âge, de mon point de vue, c'est vieux, dit-elle, mesquine.

Elle provoque la Dame, parce que les sorcières provoquent. Et parce que oui, elle la connait. Enfin, pas vraiment, mais elles se sont déjà croisées. Et pas qu'une fois. Son nom allume quelque chose de brillant dans le regard de la jeune sorcière. Oh oui, elle connait ce nom, ce titre. Elle connait surtout son surnom, son diminutif. Le nom résonne en une seule note dans sa tête faisant étinceler son imagination. Elle ne l'avait pas reconnue la première fois. Sur Meca, il y a un peu moins d'une dizaine d'année. Elle ne s'était donc pas nommée ? Peut-être, mais elle était sans doute trop jeune pour comprendre. Les yeux sombres de Zoile dévisagent ceux bleus de Dame Angelina de Solaria.

À Diantra. Dans le château de Lyhann, chuchote le grimoire aux limites de sa conscience

Oh, ce n'est pas le souvenir qu'elle en a. Elle n'avait que six ans à l'époque, mais si Lufotu le prétend, ce doit être vrai. Elle devra relire certaines pages semble-t-il. Lyhann, l'enfant qu'elle avait promis de protéger. Oui, il est évident que cette Dame connait les histoires, elle en fait partie. Mais la Sirène de Sepiida était nettement plus accrocheur que ce qu'il a lui même raconter. La sorcière dévisage Angelina, mais elle semble plus admirative que mesquine. Son imagination explose et ses prochaines histoires seront encore meilleures. Elle ne dit rien, elle ne réplique rien, parce que ses pensées sont occupées à façonner de nouveaux détails et à mémoriser les détails du visage de la Sirène. Jusqu'à ce que la Dame annonce qu'il reviendra la chercher. Elle porte la main à sa ceinture et pose les doigts sur Marion, pour la cacher. Elle recule d'un pas. Oh oui, elle connait le nom de la dague. Et elle sait que ce que dit Dame Angelina est vrai. Mais Zoile est une sorcière. Une sorcière des marais. Le sourire de Zoile revient. Ce sourire qui n'annonce rien de bon, comme un nuage sombre au loin, ou le roulement à peine perceptible du tonnerre.

- Vous avez raison, chuchote-t-elle, son propriétaire ne me l'a pas remise de son plein gré. Il ne l'a pas prit lors de son dernier voyage, lorsqu'il s'est perdu sur l'Eris, après avoir détruit la Marine Marchande. Le Capitaine Sepiida repose au fond de l'Eris, avec le Fossoyeur pour tombe. C'est l'histoire officielle. Bien sûr, j'évite de raconter cette partie de l'histoire, c'est tellement décevant. Je possède cette dague depuis cette époque, ment-elle avec assurance. Je doute qu'il vienne la chercher un jour ou l'autre. Sauf peut-être si je me noie en mer, alors je la lui céderai.

Et Zoile glousse comme une gamine, ce que, concrètement, elle est.

La demoiselle a de la répartie, du caractère, voila qui lui plait. Néanmoins elle semble aussi un peu mesquine. Ferait t'elle du mal intentionnellement. Pourtant le visage poupon qui sort de ses souvenirs est innocent, innocent et souriant. Mais d'un sourire dépouillé de malice, pas comme celui qu'elle affiche maintenant. Elle note qu'elle ne lui donne pas son nom, a quoi bon faire tant de mystères ? Se souvient t'elle au contraire de ce qu'elle raconte. Ange fixa la dague qu'elle essaye de cacher, trop tard. Elle pourrait bien la cacher avec toute la magie du monde qu'il finirait par la retrouver. Un pirate cela n'égare jamais son trésor. Il peut le perdre de vue, mais jamais on ne l'en dépossède. Combien de fois avait t'elle entendue ce genre d’anecdotes, de sa bouche a lui. Tout ça semble lointain, comme le souvenir d'une autre vie.

La conteuse, comment l’appeler autrement alors qu'elle se refuse a lui dévoiler son identité. La conteuse donc, brode une jolie histoire sur Sepiida, une histoire que tous ont tentés de lui faire avaler voila quelques années. Sauf que cette histoire est fausse et qu'elle est bien placée pour le savoir vu qu'elle le tient du principal intéressé. " Ah trop raconter des histoires jeune fille, on fini par y croire. " Elle secoue la tete. " Le capitaine Sepiida n'est peu etre plu, mais le propriétaire de cette dague n'est pas plus mort que vous ou moi et cette dague il y'a encore un an était sienne. " Elle ne prononce pas le Nom de Jameson Sickert, par ce que la petite impertinente ne le connait peut etre pas. Elle ne lui doit plus rien, entendons nous bien. Elle ne le protège pas, elle n'est simplement pas mesquine. Elle ne souhaite rien le concernant, ni bien, ni mal ou si peut etre qu'il reste hors de sa vie.  

Elle glisse un regard sérieux dans celui la damoiselle. " Un jour il va venir pour elle et si vous le connaissez aussi bien que le laisse entendre vos histoires alors vous meme vous le savez très bien. Probable qu'il est déjà après vous. " Que ne donnerait elle pas pour que la conteuse disparaisse loin de Soltariel, emmenant avec elle la menace de le voir surgir. " A défaut de me donner votre nom et si tenter que vous soyez capable de raconter autre chose que des histoires, dites moi dont plutôt la vérité. Comment avez vous obtenue cette dague et quand est elle entrée en votre possession ? " Le quand est important, cela lui révélera ce qu'elle se demande depuis une année tout en se refusant de l'admettre. Une autre question lui vient alors, mais sans rapport avec le pirate. " Zoile c'est la votre nom n'est ce pas ? "

Il lui suffit de prononcer ce nom pour que les souvenirs tombent en cascade dans son esprit. C'était bien a Diantra, c'était bien au château. Elle était demoiselle de compagnie de la reine Lilianna. A ce souvenir, le visage d'Ange se ferme, ses yeux se font tristes. Ce nom ramène avec lui bien d'autres, tous disparus aujourd'hui. La dame de Solaria chasse tout cela de son esprit et ajoute encore. " Nous nous sommes connues a Diantra, vous ne deviez guère avoir alors plus de 4 ou 5 ans. C'est auprès de la reine Liliana que j'ai croisée votre regard la première fois. " Cette fois, elle se souvient de tout. Et sans doute meme d'un peu trop. C'est le soucis avec la mémoire, parfois elle est récalcitrante pour une bonne raison et quand elle est déverrouillée, il est trop tard pour souhaiter qu'elle ne le fut pas.

Rho, mais qu'est-ce que Sepiida peut lui trouver. Elle est même pas marrante celle-là. Elle en sait beaucoup trop. Vexée Zoile affiche soudainement une moue boudeuse, croise les bras et pousse un soupire contrarié.

- Pfffff ! Elle secoue la tête. Vous n'êtes pas du tout marrante. Ma Sirène, elle est beaucoup mieux, dit-elle en précisant soudainement que la Sirène de Sepiida de ses histoires est l'Ange de Sepiida. Presque pareil au final. Elle a donc découvert que Sepiida n'est pas vraiment mort. Et elle sait de toute évidence qui il est maintenant. Wais, c'est vrai, vous en savez des choses, avoue-t-elle avec mauvaise humeur.

Puis Dame Angelina la fixe comme si elle lui faisait la morale ou alors quoi, elle essaie de lui faire peur ? Lui faire peur avec Sickert ? D'accord, les histoires de Zoile sont parfois terrifiantes. Sepiida était aussi parfois terrifiant. Mais Zoile a bien connu Sepiida, tout comme elle connait bien Sickert. Il ne lui fait plus peur. Enfin, si parfois, mais pas de la manière qu'use Dame Angelina pour lui faire peur.

- Vous essayez de me faire peur, Dame Angelina ? Elle sourit. Ce n'est pas très charitable de faire peur à une jeune fille.

La Dame lui pose des questions auxquels Zoile refuse de répondre en gardant le silence. Jusqu'à ce qu'elle la nomme par son nom. Les noms sont puissants. Mais elle a peut-être apprit son nom en bavardant avec les autres, puisque plusieurs le connaissent. Mais elle parle soudainement du château de Diantra. Ce sont de merveilleux souvenirs, bien que peu à peu, ils s'effacent. C'est effrayant de ne plus se souvenir. C'était tellement bien à cette époque. Tout était merveilleux. Toujours boudeuse, elle s'éloigne un peu, les bras croisés. Faisant fi de sa robe, Zoile se laisse glisser contre un mur et s'assoit à même le sol.

- Wais, c'est mon nom. Zoïle. J'étais effectivement au château de Diantra à cet âge. J'étais la demoiselle de compagnie de la Reine, annonce-t-elle froidement. Mais j'étais très jeune à cette époque. Mes souvenirs de cette époque ont presque disparu. Elle extirpe la dague et en caresse le tranchant. Mon souvenir de vous ne date pas de cette époque. Vous êtes venue sur Meca tenter de trouver la Diseuse de Bonne Aventure. Muelle, mon Mentor, y était. J'y étais aussi. Une sorcière, c'est ce qu'elle est. Elle a le même regard noir que Madame Ingrid. Des sorcières des marais. Elle a l'air triste, puis soudainement, elle se remet à sourire. Mais je suis de retour dans la noblesse. Et je compte bien en profiter cette fois. Elle se relève et dévisage Dame Angelina. Vous savez, Dame Angelina, vous avez parfaitement raison. Elle époussette sa robe. Je la lui est prise avant de quitter Thaar et également sa place sur le navire qui l'aurait conduit directement ici. Enfin, c'est pas vraiment sa place, il comptait se faire engager. Moi, j'ai d'autres arguments. Elle s'approche de Dame Angelina. Elle sait parfaitement qui est Dame Angelina. Elle lui sourit et sautille. Et s'il devait venir ici avant que je lui vole sa dague, que croyez-vous qu'il avait en tête ? Elle glousse comme une adolescente et d'un index amusé, elle lui tapote le bout du nez. Ce n'était pas pour moi à la base, glousse-t-elle.

Il est un peu difficile de suivre la jeune conteuse, tant dans les émotions qu'elle affiche que dans les propos qu'elle tient. Voila que désormais elle semble bouder et qu'elle est donc encore cette histoire de sirène ? Ange secoue la tete, une fois de plus, avant de déclarer simplement. " Si j'avais voulue vous faire peur, croyez bien que je m'y serais prise autrement. " Le ton est doux, pareil pour le regard, mais ses quelques mots sont porteurs de beaucoup de choses. La dame de Solaria est une pacifiste, mais elle a vue beaucoup de choses dans sa vie et a due en faire beaucoup d'autres pour survivre. " Quand a dire que vous etes une jeune fille, vous l’êtes peut etre en age Madamoiselle, mais il en est tout autre de vos manières ou de votre comportement. " Difficile de dire si elle la traite présentement de gamine ou si au contraire elle l'a juge assez manipulatrice et revêche pour avoir l'air plus vieille.

Vient le silence, puis finalement elle la voit se laisser glisser sur le sol pour s'y s'asseoir. Elle retient un sourire. Pas de faux semblant. Si elle n'apprécie pas tout les traits de caractère de la jeune fille, elle apprécie qu'elle n'use pas de faux semblant. Une pierre brute, non encore polie ou façonnée a l'instar de toute la noblesse présente ce jour. Viennent les révélations, ainsi dont elle ne s'était point trompée. Diantra, Liliana, les souvenirs d'une vie lointaine, d'une époque révolue et d'amitiés éteintes. Mais voila qu'elle évoque d'autres souvenirs, les réminiscences d'une époque bien pire. L'une des pires de sa vie. Ses propos quand a la noblesse portent a confusion, parfaite diversion contre les émotions qui menacent de la submerger. Elle dévisage désormais la conteuse d'un regard un peu moins doux se demandant si malgré son jeune age elle pusse avoir quelques mauvaises intentions. Elle n'était en tout cas assurément plus la douce petite fille de ses souvenirs.

Voila qu'elle se relève aussi soudainement qu'elle s'était laissée choir au sol. Bien qu'elle adopte ton et moue amusés, ses paroles sonnent comme des menaces. Oh pour n'importe qui, il s'agirait la de simples mots sans importances, mais pour la dame de Solaria cela mettait en évidence le danger de voir sa vie a nouveau volé en éclat. Il n'oserait pas. Pas après un silence d'un an. Une année visiblement passée a Thaar et non a se remettre d'une quelconque blessure dans le nord. Bien sur que si il oserait, il était un pirate, il se croyait tout permis, dont le fait de pouvoir disposer d'elle a sa convenance. Oui c'était un pirate et comme dit précisément il était très possessif avec son trésor, il pouvait le perdre de vue, mais jamais considéré qu'il n'était plus sien, que le dit trésor soit d'accord ou non d'ailleurs. Si son regard a du se troubler l'espace d'un instant, il est maintenant de marbre, sa voix est clair, son ton est fermé quand elle répond a son interlocutrice. " Et bien alors votre présence ici aura au moins le mérite d'apporter a sa visite en ses terres autre chose qu'une action veine. Car hormis sa dague, il ne trouvera rien ici qui n'attende son retour. "

C'était la un fait, elle était guérie de lui. Il lui avait fallut prés d'une décennie pour cela, mais c'était désormais chose faite et elle ne comptait pas faire machine arrière. Elle glissa son regard dans celui de la jeune fille, d'un air entendu. " La dame qui deviendra bientôt la maîtresse de cette demeure est ma cousine alors quelque soient vos projets concernant la noblesse, soyez avisée que vous si vous lui faites le moindre mal, vous aurez a en répondre devant moi. " Le ton est farouche, qu'importe que cette gamine impertinente se croit effrayante, si il y'a une chose qu'Ange sait faire c'est protéger les gens qu'elle aime. Quand on en a perdu autant qu'elle, cela devient vital, un réflexe naturel, une seconde nature. Cela vous attire la majeure partie du temps dans des ennuis dont vous vous passerez bien, mais tant que les êtres aimés vont bien, le reste vous importe peu.

Elle ne connaissait la Sirène qu'à travers ce que Sickert et Madame Ingrid lui avait raconté. Et Monsieur Belair. Et Monsieur Prewett. Mais maintenant, elle se retrouvait tout près. Quelles histoires merveilleuse tout ça allait créer ! Personne n'avait réussit à lui décrire aussi parfaitement la Sirène. Personne d'autre que l'Ange elle-même n'aurait pu. C'était merveilleux. La faire passer par quelques gammes d'émotions allaient rendre ses histoires encore plus réelles. Toujours jauger ses adversaires. À l'âge de Zoîle, on apprend. On apprend toujours, lorsqu'on est une sorcière. L'apprentissage ne se termine jamais.

- C'est parce que je suis tout juste entre les deux, Dame Angelina. Entre deux âges. J'en sais déjà beaucoup et j'ai encore tout à apprendre, chuchote-t-elle, comme un secret.

Elle semble soudainement sereine et ravie. Tout ça lui plait bien. Rencontrer en chair et en os sa propre héroïne, n'est-ce pas merveilleux ? Elle adore ça. Elle veut la faire parler, de tout, de rien. Elle veut qu'elle lui raconte des trucs. Des tas de trucs. Elle veut tout savoir.

- Oh, vous savez, je ne crois pas que ça l'empêchera d'essayer, dit-elle avec un sourire ravi. Il n'y a pas grand chose qui l'empêche de quoi que ce soit d'ailleurs, tant qu'il y croit encore.

Puis Dame Angelina l'informe que Tiberia est sa cousine et que si elle essaie de lui nuire, elle aura affaire à elle. Zoile est une sorcière. Elle a vécu des tas de choses malgré son jeune âge. Elle a même vécu avec des pirates. Dame Angelina est peut-être la Sirène de ses histoires, elle ne lui fait pas peur. Au contraire, elle la détaille avec une admiration non feinte.

- Je ne vois pas pourquoi j'aurais affaire à vous autrement que par l'affection commune que nous avons pour Tiberia. Nous avons fait le voyage depuis Thaar toutes les deux. Je n'ai pas l'intention de lui faire le moindre mal. Pourquoi est-ce que je ferais du mal à celle qui m'offre tout ça ? demande-t-elle en désignant tout autour d'elle. Oh, je n'ai aucun projet concernant la noblesse. Tiberia, par contre, elle en a des tas. Et je compte bien la soutenir et lui apporter tout ce que je peux lui apporter.

Et Zoïle offre à nouveau un magnifique sourire à Dame Angelina.

- Bien sûr, nous pouvons aussi devenir des amies, comme ça, nous aurons une autre manière d'avoir affaire l'une à l'autre et d'être amie avec celle qui m'a inspiré la Sirène, ce serait merveilleux, soupire-t-elle en fixant un regard admiratif sur l'une de ses muses.

Mesquine, boudeuse, joyeuse, colérique, impertinente. On ne manque pas d'adjectifs pour qualifier la jeune conteuse. Et tous plus contradictoires les uns que les autres, si bien qu'il est difficile de savoir si on la déteste ou si on l'adore, peut etre un peu les deux. C'est ce qui semble etre le cas pour Ange, si elle n'aime pas son coté sarcastique et brutal, elle ne peut s’empêcher de s'attendrir sur la damoiselle. Surtout quand elle sourit, ce sourire allié a son regard espiègle la rend adorable et Ange a bien du mal a faire taire les quelques bouffées d'affection qu'elle ressent pour la jeune femme et ce malgré l'agacement qu'elle lui procure par intermittence. Cette fille est un mystère. Haize aussi était un mystère dans leur début. Mieux vaudrait sans doute alors se détourner au vu de ce que ça lui avait coûté, pourtant elle reste la, elle l'écoute, elle apprends des choses. Ainsi dont elle est ici pour Tibéria, plus encore avec Tibéria. Preuve manifeste que sa cousine n'a pas changée autant que l'on pourrait le croire de par sa position actuelle. Cela lui met du baume au cœur. Elle adresse un sourire a son interlocutrice, toute lueur inquiète ayant quittée ses yeux.

" Amies, je ne promets pas que nous puissions l’être sans que prises de bec il y'ait au vu de nos deux caractères, mais l'idée est tentante. Vous me semblez une jeune fille pleine d’espièglerie. " Et aussi pleine d'histoire a raconter, voila pourquoi elle ajoute. " Bien que vos talents de conteuse soient formidables, je vous serais gré de ne pas les utiliser en ma présence. Ces histoires je ne les connais que trop bien. Elle font parties d'un passé révolu dont je n'aime guère a me souvenir. " Il sera déjà dure de savoir que sa dague serait non loin en permanence, la menaçant clairement de sa réapparition imminente, elle n'avait pas besoin en plus d'entendre son nom a tout va. Elle accroche son regard a celui de sa nouvelle "amie". " J'aimerais aussi que vous promettiez que quand il viendra, vous m'en avertirez. " Pas pour fuir, c'était fini ce temps la, simplement pour s'y préparer et faire face.

Elle aperçoit Oschide, a t'il pu parlé a son père ? Il lui faut en avoir le cœur net. " Je crains de ne devoir vous laisser maintenant. Cette discutions fut .. intéressante. Puisse t'il y'en avoir d'autres, je ne doute pas que nous nous croisions a nouveau d'ici le mariage. Puisque jusqu’à ce jour Ydril va retenir mes pas. " Un sourire. " Prenez soin de vous. " Ajoute t'elle encore avant de se détourner pour rejoindre son meilleur ami. A son approche, il sourit puis lui offre son bras, elle y glisse le sien et ils s'éloignent ensembles en murmurant. Bien que forte accaparée par les choses dont ils ont a discuter, elle n'est pas prête d'oublier sa discutions avec cette étrange et étonnante jeune conteuse.

Zoile continue de sourire. Son héroïne accepte d'être son amie, bien qu'elle la prévienne que leur caractère respectif risque de provoquer parfois quelques frictions. De toute manière, qui croit aux amitiés linéaires et sans frictions ? L'amitié provoque des frictions par défaut, c'est indissociable. Le contraire est morne et sans intérêt. Elle, espiègle ? Oh, sans aucun doute. Toutes ses amitiés sont teintes de conflits. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle est une sorcière.

- Vous êtes encore plus merveilleuse en chaire et en os, se conte-t-elle de répondre, le regard brillant d'admiration.

Mais Dame Angelina ne semble pas très enthousiaste à ses histoires. Zoïle esquisse une moue triste, avant de lever le menton.

- Les histoires que je raconte sont merveilleuses. Vous les avez vécu, Dame Angelina et ils sont peut-être parfois douloureux, mais aussi douloureux que puissent être mes souvenirs du Château de Diantra, les voir s'estomper dans ma tête est la pire chose qui puisse arriver. Ces souvenirs vous appartiennent. Aucun remords, aucun regrets, tout ce qui importe c'est de vivre. Mon premier conseil d'amie. Cessez de vous torturer, sinon vous deviendrez une vieille fille amère et malheureuse. Non, en fait, ce n'est pas un conseil, c'est une menace, dit-elle avec le sourire en prenant la main de Dame Angelina entre les siennes. Je vous demanderais de faire de même si jamais il découvre que vous êtes ici avant de me mettre la main dessus, parce que je ne crois pas que je sois sa priorité. Pas plus que Marion.

Dame Angelina prend congé, lui expliquant qu'elles se reverront peut-être au mariage puisqu'elle reste à Ydril jusque là. C'est une excellente nouvelle, se dit la jeune sorcière.

- Oh, j'espère que nous nous reverrons avant le mariage. J'y serai également, j'ai été invitée par la fiancée en personne ! dit-elle avec une fébrilité émerveillée. Oh, bien sûr que je prend soin de moi. Personne d'autre ne le fera à ma place. Gardez près de vous ceux qui prennent soin de vous, lui réplique-t-elle avant de la laisser partir.