Ce fut Driella qui vint la déloger de sa couche, antérieurement théâtre de quelques agitations. La sensation de s'y lever seule, sentant encore l'ombre de cette non-lointaine présence, la laissa un peu chancelante alors qu'elle posait avec prudence les pieds sur la duveteuse descente de lit. Sa jambe la suppliciait encore, néanmoins plus à cause de la rigueur physique de leur dernière fureur que des stigmates habituels. D'autres tétanies vinrent alourdir son difficile éveil. C'est qu'on faisait lever la maîtresse des lieux avant les premières lueurs de l'aube, afin de ne point condamner son acuité précaire. « Driella.. » Marmonna la grisonne en ouvrant ses paupières scellées. « Fais moi préparer un bain. Brûlant. » Se sentant pis que crasseuse après l'effervescence de la nuitée, un instant d'ablution lui serait bénéfique. « J'ai quelque chose à faire avant. Je serais de retour d'ici quelques minutes. » Laissant là sa suivante, la noirefle quitta sa chambrée prompte à se faire envahir d'aurore. Arrivée sur le palier, Shynrae eu un moment d'hésitation … Quel besoin avait-elle de quérir Velkyn ? Et s'assurer de sa présence ? Non. Il n'avait aucune espèce de raison de ne point s'y trouver, certainement affalé de toute sa masse sur le matelas, en proie à un profond sommeil. Reprenant sa traversée du manoir, elle se dirigea vers la Cour de Crabe, plus précisément aux écuries. Les rayons qui percèrent le rempart de sa main portée sur son front lui dévoilèrent les quelques traces laissées par les assauts du Prima ; des empreintes garances sur sa robe ,désormais caillées, révélant l'austère sort de celui qu'elle avait préalablement placé à sa porte. L'amorce de son agacement fut vite annihilé par la compagnie d'Ydan, déjà afféré auprès de l'étalon qu'elle avait offert au Haut-Prêtre. La vivacité de sa maisonnée avait de quoi la satisfaire. « Quant tu aura terminé, tu t'occupera de Draithe. Qu'elle soit disposée à être montée d'ici le milieu de matinée. »
La Sirène fit couler quelques filets humides sur ses bras rougis. Cela n'avait rien d'étonnant pour quelqu'un que l'on surnommait telle une créature marine, que de chérir le contact des ondes. Déjà embaumée des effluves salines de son baquet, elle arrosa copieusement la naissance de sa gorge de sa fragrance fétiche, ainsi qu'une pointe d'une autre essence, plus exceptionnelle encore. Enfin elle revêtit une prestante toilette de voyage, rehaussée par une coiffe d'ébène, drapée d'une guimpe. Il lui restait encore à faire, avant de laisser derrière sa demeure et son affaire. Bien que la période ne soit guère propice à la genèse de nouveaux traités, les récoltes s'agglutinant dans les greniers de Magsque avaient à subir les premières transformations du grand processus dont elle prenaient part. S'accordant un détour par un de ses nombreux bureaux, la sombre s'attela à la rédaction de quelques missives, destinées entre autre à ses fils ainsi qu'à de grandes pontes de sa clientèle, les informant de sa situation ou plus concisement de son indisponibilité soudaine. C'est que, jamais, l'elfe ne s'était accordée du temps pour ses propres occupations. Jamais elle n'avait laissé de côté ce qui animait son âme, dévouée à son commerce. « Dame Irvin... » La dérangea t-on tandis qu'elle relogeait sa plume dans l'encrier. « Son Excellence a quitté ses appartements. Nul ne sait où il se trouve à présent ... » « Sa monture, est-elle toujours à l'étable ? » Répliqua la Grise, tout de go. « ...Non. »
« Bien. Envoyez ceci dans les plus brefs délais. » Enchaîna t-elle comme si l'information était caduque, emplissant les mains de son domestique par les moult vélins. « Faites descendre dans le hall mes effets, amenez mon cheval devant le manoir. Ah, et … Héméra et Nyx seront du voyage, qu'elles soient aussi dans le vestibule quand je descendrais. » Bien que quasi-certaine de ce qu'on lui avait confié, elle ne put s'empêcher d'aller vérifier par elle même l'absence de Velkyn. La chambre était évidement vide, le linge de lit défait. La Doeben savait néanmoins où le débusquer. Après avoir fait regagné à Sulfurine la douceur de son fourreau de cuir, elle déboucha dans le cabinet d'entrée où l'attendaient ses demandes ainsi qu'une petite délégation. Sa fille Azadralvra en tête, la héla dès son approche. « Mère... Mère pourquoi tout ceci ? Vous qui n'avez jamais quitté la maison pour autre destination que le Nahl … Que ferais-je en votre absence … ? » « Il est des choses que tu ne peux comprendre, Aza. » « Mais Mère... » « Je compte sur toi. Que rien n'ai changé à mon retour. » Acheva l'impassible Sin'Do'Rah en attrapant au passage les chaînes reliées à ses fauves – fort calmes en cette matinée – avant de fouler le sol pierreux du seuil. « ….Faites bonne route, Mère ...Revenez...Vite... »
On la hissa sur Draithe, la plus docile et surtout paisible en présence des panthères de ses haridelles, tout comme on attacha ses paquetages contre les flancs de l'animal. Du haut de sa scelle, la Sirène tenait fermement les moult rennes de ses compagnons. Une menue talonnade plus tard et la remarquable équipée déambulait dans les venelles Thaaris, en quête d'un Daedhel aussi noir que le fond du Puy, juché sur un étalon de lumière pâle. Ce saisissant contraste lui sauta prestement aux yeux. « Je n'aurais songé que tu t'éloignes autant de moi, Velkyn. Je ne pensais pas t'avoir si ardemment chassé … pour mériter tel recul. » S'exclama t-elle en s'approchant. Avait-il aperçu les bêtes ? Rien sur son faciès n'établissait encore ce constat. « Me voilà prête à partir, à peine plus tard que tu le désirais, j'ose espérer. Ah et. Voici Nyx. » Ronronna t-elle avec douceur en montrant le félin opale puis la tachetée d'or. « Et Héméra. » Les prunelles turquoises le toisèrent non sans attention. « Mes compagnes depuis quelques temps. J'avais omis de te les présenter. Alors, où nous rendons-nous ? » S'inquiéta t-elle alors qu'il se dressait sur Vygaj et qu'ils entamaient un pas posé. « Khernal nous attend à la sortie la plus à l'est de la ville. » « La Porte de Valmar, donc. » Était-ce le temps – à peine supportable à l'orée du jour – où la bonne heure de leurs pérégrinations, qui rendaient la cité si peu grouillante, voir si inactive ? Ils traversèrent sans mal les quelques quartiers les séparant du lieu de rendez-vous, alternant un pas parfois vif à un petit trot. « Dis moi, Velkyn. Qu'as tu donc fait du guet que j'avais posté à surveiller ma chambrée ? » Lui demanda Shynrae qui ne pouvait retenir son interrogation – bien que ne souhaitant plus s’appesantir sur les faits de la veille – alors qu'au loin se dessinaient les contours des deux Drows avec qui ils voyageraient vers Sol'Dorn, eux aussi perchés sur des équidés, attendant leur imminente arrivée.
Dernière édition par Shynrae Irvin Sin'Do'Rah le Mer 7 Sep 2016 - 19:05, édité 1 fois
Velkyn Xaran
Drow
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Mar 6 Sep 2016 - 16:17
« Je te prierai de regagner tes appartements. Il m'était rigoureusement impossible de sommeiller auprès de feu mon époux, je ne vois pas pourquoi un amant jouirait d'un tel traitement de faveur. Nous nous retrouverons demain, à peine affectés, je l'espère, par les nouvelles clauses de notre alliance. » La vision du Prima regagnait la profondeur de ses pupilles froissées de sévérité, comme pour en mesurer la teneur de ses propos. Elle était fidèle à son franc parlé et même en ces conditions, faisait preuve d’une verve sans pareille, toujours en des mots brillamment choisis, et en cela Velkyn en tirait un mince et délicat amusement. Il constatait qu’en sa présence, depuis quelques temps, elle était prompte à laisser ses sentiments jacter, car ses yeux n’abondaient jamais dans le sens de ses paroles. Elle ne s’avouerait jamais soumise, ni chose de quiconque, sa fierté était un harnois impénétrable auquel la voix d’Uriz n’osait pas tenter une percée, en ce soir déjà fort bien mouvementé. Guidé par un élan de générosité, ou d’un geste influencé par quelques émotions refoulées, il ploya l’échine à sa volonté en quittant ses appartements sans autres ambages. Il s’était contenté que de lui souhaiter un sommeil prompt et réparateur, sans omettre d’ajouter qu’il serait tout près, si pour quoi que ce soit, elle requérait sa présence, évidemment tout ceci dicté non sans un sourire joueur. Il s’empara de sa paire de braie et disparu pour ne plus la tourmenter, une fois que l’imposant portail qui menait sur sa chambrette avait été franchi.
Une fois le confort de sa couche cossue retrouvé, il s’allongea de la même manière qu’il l’avait quitté une heure ou deux auparavant. Un bras se repliait pour lui servir d’oreiller, tandis qu’étendu sur le dos, il fixait l’étendu du plafond en se ressassant les derniers événements comme s’il cherchait quelque chose à leur reprocher. En son sens, il avait été trop doux, lui offrant la chance d’être comblée l’espace d’une nuitée par autre chose qu’un serviteur, ou par la présence d’une mitaine doucereuse aux doigts agiles, il se considéra l’acte en tant que tel comme d’une faiblesse. Ces douceurs, ce respect qu’il offrait aux femmes en sa couche, n’était réservé qu’à sa femme officielle. Alors qu’en vérité, il souffrait d’envie d’en faire autant avec la Sirène, ceci plus vrai encore depuis qu’il connaissait d’avantage sur elle, qu’elle n’en connaissait elle-même. Ces secrets qu’il avait enterré profondément jusqu’au jour où elle serait prête, agissaient comme un je-ne-sais-quoi qui inexplicablement, l’attirait vers elle.
Son sommeil fût certes bref, mais suffisant pour qu’il accepte la situation dans laquelle il s’était lui-même plongé, la main bien prise dans le tordeur de ses émotions et espérances. Bien avant que les employés du palais ne s’activent avant levé de la Reine, le guerrier s’offrit un tour aux cuisines où il en dévalisa pratiquement une armoire pour se sustenter. Une fois les restant de son en-cas laissé ci et là sur la tablée, il retourna dans la cabine de luxe qu’on lui avait prêté pour la nuitée pour se saisir de son arsenal. Loin d’être adepte d’interminables chevauchées à griller sous l’astre diurne, il s’équipa d’une armure composées de centaines de lanières de cuir clouté, couvrant sa nudité de son poitrail jusqu’aux avant-bras. Évidemment, il ancra contre son ceinturon de fer son braquemart fétiche et tint en ses immenses paluches, le tombeau de sa lame à deux mains ainsi qu’un pavois décoratif aux emblèmes d’Uriz et de Teiweon. Déambulant dans les dédales de couloirs du manoir, il trouva finalement la sortie qui menait à la cours où, à son heureuse surprise, Vygaj était déjà en train de se faire harnacher. Il s’en approcha d’ailleurs pour en apprécier une seconde fois la pureté de l’équidé, comme si la veille où il reçut le présent n’avait assez durer pour le faire en suffisance. Arrivé à son niveau, Velkyn placarda sa main contre le poitrail d’un des serviteurs qui s’affairait à terminer cette besogne, chassant sa présence d’une pression qui ne manquait pas de vigueur. « Va-t-en, je m’en vais terminer de le préparer. Va plutôt t’occuper du canasson sur lequel je suis arrivé. Ôtes-lui lui un poids des épaules et emmène le aux cuisines, la viande équine est très goûteuse, tu verras. » Tonna le Drow en direction du pauvre qui vraisemblablement, n’avait point pour coutume d’ingérer ce genre d’animal. Non pas traumatisé, mais évidemment perturbé, le valet disposa et laissa le Prima mettre point final sur la préparation de son pure sang. Son bouclier était rattaché au flanc droit d’icelui, de sorte à ce qu’il soit exposé à quiconque serait d’œil attiré sur sa monture. Quant à son épée bâtarde ainsi qu’à son autre fer raccourci de quelques dizaines de centimètres, le duo de fourreau était enroulé dans un drap couleur charbon et aussi raccordé à l’animal. Velkyn jeta un coup d’œil à l’hôtel où il avait séjourné brièvement, espérant y voir d’ores et déjà une silhouette certaine, puis quitta au trot pour se noyer dans les couloirs de pavé de la citée.
Il ne lui fallut pas grand temps pour qu’à ses trousses se lance une femme fièrement montée sur un équidé gardé de deux panthères enchaînées. Elles semblaient aussi dociles que des chatons naissants, suivant leur maîtresse les oreilles basses et sans montrer la moindre once d'animosité. Se pouvait-il qu'elle ait payé leur éducation par la blessure de sa jambe ? Après tout, elle ne s'était jamais prononcée sur les déboires de son échasse, mais la sachant loin des conflits armés, ce pourrait être plausible. Aussi préféra-t-il s'abstenir de commenter leur présence, considérant que même enchaînées, elles pourraient mettre en péril celle qui maintenait le fouet, et, si chose arrivait, il ne saurait se le pardonner. Il les tiendrait à l'oeil, c'était chose certaine.
Alors ses primes paroles étaient colorées d’une pointe d’amusement ? « Il faut croire que tu t’accordes moins d’importance que tu en a réellement à mes yeux, Shynrae. » En réponse ponctuée de sérieux.
Ils convoyaient donc ensembles paisiblement en direction de l’est dans une mélopée de sabots claquant à l’unisson contre le revêtement du sol. Elle le questionna évidemment sur l’embûche auquel il avait dû se frotter la veille pour parvenir à ses fins et, sans daigner lui offrir ne serait-ce qu’une œillade, il s’expliqua tout en poursuivant sa route en toute quiétude : « À notre naissance, notre Créateur nous a offert un brasero auquel il arrive, de temps à autre, qu’une flamme y naisse. Alors, il te faudra choisir à ce moment si, tu étoufferas cette flammèche d’une poignée de sable ou, à l’inverse, tu te laisseras consommer par elle, sans jamais te soucier de qui ou de quoi t’empêchera d’atteindre ce que tu désires. » Il marqua une pause à sa dernière tirade, poursuivant sur un timbre de voix profondément sérieux : « La vie d’un homme n’était pas cher payée pour assouvir ce besoin, cette envie cuisante d’aller déranger la quiétude de ton sommeil. Et si je me suis brûlé, je ne m’en suis pas rendu compte. » Masquant un sourire en continuant de fixer devant lui, tout en faisant référence à sa dernière métaphore et du fait qu'en sa nature, il cherchait toujours à se brûler. « Les voilà. »
Arrivés à leur niveau, il offrit un hochement du chef en guise de salutation à son frère d’arme. « Khernal, je te présente Shynrae, une très bonne amie à moi. Elle nous accompagnera jusqu’à Sol’Dorn … » Il avait appuyé sur les mots "très bonne amie", les laissa brièvement se présenter, s’offrir quelques œillades, puis poursuivait sans autres cérémonies « Sommes-nous prêts ? »
Khernal Baenfere
Ancien
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Ven 9 Sep 2016 - 5:23
"Le mépris dans la connaissance et l'ignorance mènent souvent au même point."
"A la bourse pleine" était un petit établissement confortable du quartier noble. L'auberge était tenue par un vieux tenancier bourru, qui accueillit les deux drows sans hausser le moindre sourcil. Il ne s'inquiéta pas plus de savoir qui ils étaient de ce qui faisait leur affaire dans sa ville. Il leur demanda sa solde, leur donna une chambre chacun et repartit surveiller son feu en bougonnant.
Khernal Ke'Nael et son sbire taciturne s'installèrent sur une table dans le fond de la taverne. Le premier affichait un sourire carnassier, le second un air grave. Il avait les yeux pâles et ses cheveux étaient gris. Son nez, incroyablement pointu, rivalisait avec ses oreilles en longueur. Il semblait sur ses gardes, les yeux balanyant le minuscule espace de l'établissement encore vide à cette heure.
"– Deux chopes de bière Thaaris ! " beugla le maître du C'nros.
Une serveuse en tenue frivole vint les servir. Elle leur glissa dans l'oreille une invitation pour le soir, moyennant monnaie. Khernal loucha mais ne répondit pas. Elle s'en alla sans demander son reste.
La nuit fut courte mais reposante. Ils avaient fixé leur rendez-vous pour le départ dès le lever de l'Astre d'Uriz. Les deux mages se levèrent aux aurores et partirent aux travers des rues de Thaar vers l'Est. Le Ditronw Da're fit voler une pièce d'argent aux pieds du palefrenier et rabattit son capuchon. Sans appréhender le moindre inconvénient dans son voyage, la prudence était tout de même de mise.
Sans plus d’encombre ils arrivèrent à la porte. Ils patientèrent là plusieurs minutes et, quand enfin le Héraut d'Uriz se fit voir dans la rue, ils purent voir qu'il était accompagné. Arrivé à son niveau, Khernal vit les deux drow dressés sur leur canassons, de belles bêtes de bonne facture. Velkyn lui glissa :
"– Khernal, je te présente Shynrae, une très bonne amie à moi. Elle nous accompagnera jusqu’à Sol’Dorn … "
Le Ditronw Da're grogna une approbation. Il étudia la jeune noirelfe. Une doeben. A cette constatation il réprima un reniflement de mépris. Il assura plutôt un sourire.
"– Shynrae. Heureux de vous connaître. "
Se tournant vers son frère d'arme, il lui lança un "Nous sommes prêts. En avant." et éperonna sa monture. D'un regard et d'un geste il envoya le sbire en éclaireur, façon de se protéger en gardant une discussion secrète.
"– Qu'amène une drow de Thaar jusqu'à Sol'Dorn ? Voudrait-elle relier avec ses vraies origines ? "
Velkyn Xaran
Drow
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Dim 18 Sep 2016 - 19:29
Une estimée amie, voilà la manière dont elle fût présentée. Voulait-il se railler d’elle en catimini, en omettant d’énoncer ses moult honorables titres ? À moins qu’il avait prédit que cela n’aurait eu d’importance pour son partenaire de guerre, lui de prime abord semblait partager son avis quant au peuple Doeb Lodias. Non, la vérité c’est qu’il l’avait présenté telle qu’elle était pour lui, ou du moins, ce qu’il acceptait de ressentir pour elle. Une brume épaisse et opaque ombrageait la toile de ses émotions, tant qu’il ne pouvait clairement affirmer ses inclinations face à elle. Ceci étant, le Haut-Prêtre commençait même à questionner les manières qu’il fallait adopter pour poursuivre son éducation, qu’elle ne soit pas compromise par le feu que pouvait s’emballer le flot de ses émotions. Une chaîne de montagne cotonneuse et immaculée se déplaçait au rythme du vent, surplombant les cieux de leur grandiose suprématie en nous privant, nous pauvres victimes, du bon temps. Or, l’air était chargé d’humidité et, au rythme des piochements de sabots qui sur le sol, faisaient soulever un peu de boue et de caillasse, une épaisse brume se dressait. Au dépit de la visibilité qui doucement mais sûrement s’amenuisait de plus en plus, l’intimité de leur balade gagnait en prospérité. D’une œillade discrète, il alla épier sa compagne, question de constater sur l’absence de clarté donnait un peu de répit à sa presque cécité, elle qui avait habitude de piéter à l’extérieur le chef couvert de quelques voiles à la mode. Khernal brisa le silence de leur convoi d’une question qui, d’un premier tir, atteignait le vif du sujet. Était-il au courant des desseins qu’il réservait à sa protégée ? Après tout, la chose ne serait pas banale, venant d’un mentaliste … « Si j’eus désiré qu’elle assimile d’un simple coup d’œil ce pourquoi en ses veines, coule ce sang qui fait d’elle ce qu’elle est, c’est au Puy que je l’aurais de suite menée. Mais compte tenu des prochains événements, je ne pourrai m’éloigner de l’Ithri’Vaan pendant l’espace d’un mois complet, j’en aie peur. Qui plus est, Sol’Dorn peut s’avérer constructive, voir même instructive. Quant à ta question, tu dis presque juste, n’est-ce pas Shynrae ? » Affirmait-il, en la consultant d’un regard qui hélas, n’avait pas son compagnon « le sourire ». Après qu’elle ait répondue, il poursuivait tout bonnement en poursuivant son trot. « Qui plus est, il me plaisait de lui faire rencontrer l’homme qui … récemment, fit couler le sang à ma dextre. N’es-tu pas quelqu’un qui mérite d’être connu ? » Évidemment en direction du Sorcier, cette fois la présence d’un infime sourire perché au coin des lippes. Plus que Ditronw’Dare, Khernal s’était avéré aussi être allié de qualité sur le champ de bataille. S’il ne peut encore affirmer qu’il soit de confiance, il connaissait autant sa valeur que sa qualité de Daedhel, il était pour lui un autre exemple à suivre.
Sans accrocs aucuns, leur avancée semblait aussi paisible que calme, bien qu’au loin on ne pouvait désormais plus apercevoir le guet qu’avait envoyé Khernal, tant le brouillard se montrait sauvage et agressif. Le trio resta soudé et bien que les chances qu’ils soient menacés frôlent le zéro, en manquant de subtilité, le Haut-Prêtre guettait sa protégée épisodiquement. « Et toi, tu me dis vouloir aller jusqu’en Sol’Dorn mais dis-moi, que cherches-tu à y faire ? Ne me dit pas que tu as pour desseins d’aller conquérir les cuisses de la Haute-Prêtresse d’Isten ? Ce castel a été maintes fois conquis et depuis, je ne sais plus même si le pont-levis invite quiconque s’y présente, tu n’auras pas grand résistance. » Se moqua le guerrier vers Khernal, l’œil brillant de malices. Connaissant son frère d’arme fort moins pieux qu’il ne l’était lui, ses motivations l’échappaient et sa curiosité le rongeait. Que pouvait-il lui aussi vouloir à ce simulacre de citée sombre ?
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Lun 19 Sep 2016 - 20:12
Velkyn avait cette fascinante propension à distiller moult anecdotes ou autres références religieuses à la moindre occasion, non sans que cela ne soit déplacé ou incohérent, mais toujours avec une foi caractéristique et apparemment inébranlable. Shynrae se sentait d'autant plus coupable devant autant de spiritualité qu'elle considérait les dires de son compagnon avec l'ignorance d'une païenne, la distance d'une souche qualifiée d'impure par la source originelle …. Leur union charnelle était-elle alors à imputer aux ordres d'Uriz lui-même ? Un instant la noirefle eut préféré que le Prima ne soit aussi pétri de dévotion, qu'il demeure un mâle aux instincts plus primitifs et moins … Symboliques. Ou plutôt symbolisés. La flamme dont il parlait était-elle une pulsion de mort, ou d'amour ? Elle n'en savait rien, et préféra répondre d'un vague grognement. « Tu n'as pas l'air d'en souffrir. » Siffla t-elle alors qu'ils abordaient leurs congénères.
Le Haut-Prêtre la présenta à leur sombre camarade, le dénommé Khernal, en des termes qui la firent gronder de l'intérieur. Shynrae, juste Shynrae. Était-ce la volontaire que d’omettre sa kyrielle de titres et ses nombreuses charges ? Lui qui savait sa réussite sa plus grande fierté ! Elle se mordit les lèvres de contrariété, plutôt que d'interrompre son très bon ami. La Marchande ne savait comment, mais elle ne laisserait son injure impunie. Le Ditronw Da're la salua en retour – ce à quoi elle répliqua par un bref mais respectueux hochement de tête - sans que la grisonne ne puisse réellement interpréter son comportement, puis leur harde de coursiers entamèrent un pas rapide en direction des plaines. La question qu'il asséna au vent – car celle-ci ne lui était pas plus adressée à elle qu'à son acolyte – tomba comme un couperet. L'intonation particulière des mots Drow de Thaar ne laissèrent que peu d'espoirs à Shynrae quant au jugement qu'il lui portait. Prompte à s'exprimer en revers, le Daedhel objecta en premier. Cette fois, en un discours plus que rassurant. Non qu'elle en doutait encore, mais constater qu'il défendait ses intérêts devant un autre Puysard l'emplissait d'un étrange et agréable sentiment. « Velkyn dit vrai, oui. Bien que je considère le Puy comme plus noble berceau, cela va sans dire. » Finit-elle part dire après l'avoir laissé terminer sa tirade. La Doeben ne savait trop qu'elle carte abattre, la complaisance ? Elle n'allait tout de même pas se laisser mépriser, voir pis insulter. D'autres de ce même sang prétendu si pur l'avaient encouragé à demeurer elle-même au devant des Drows d'Elda. Pour le moment la Sirène se contentait d'écouter d'une oreille passive les quolibets de son escorte, en l’occurrence concernant une résidente de Sol'Dorn, représentante du culte d'Isten la langoureuse. La remarque lui rappela les acidités qu'elle même avait envoyé à son cher complice, au sujet de son épouse légitime. Un sourire railleur lui étira les lippes tandis qu'elle détachait Nyx et Hémera de leurs entraves, les laissant ainsi talonner les chevaux.
Velkyn Xaran
Drow
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Sam 1 Oct 2016 - 2:38
Le faisait-elle exprès, pour toujours répondre exactement ce à quoi Velkyn espérait toujours ouïr ? À force de discutailler, au détour de moult réflexions quant aux allégeances dont elle lui faisait part, le sombre elfe commença à se questionner sérieusement sur la manière à adopter pour poursuivre son enseignement. D’un étrange et presque improbable coïncidence, comment pouvait-elle faire preuve des valeurs Eldéennes, en ignorant tous des divinités auxquelles celles-ci étaient rattachées ? Jusqu’à un certain point, parfois, il en venait même à se demander si leur relation n’était pas basée sur un voile fermement tissé de mensonges élaborés. Surtout considérant les vérités récemment découvertes sur les profondes racines de son patronyme, une infime possibilité persistait pour que ce scénario s’avère possible. Bien qu’après tout, eut été le cas, sa trace était tout de même d’ores et déjà entamée et a celle-ci, elle ne pourrait s’y désister. Mensonge ou vérité, savoir ou ignorance, par tans, au détour de quelques épreuves et enseignements programmées, il saurait à quoi s’en tenir d’elle. « C’est un berceau qui d’ailleurs te sera familier dans quelques années. Les paysages du Puy ont tout a envié à l’Ithri’Vaan, là-bas, tout n’est que désolation et ténèbres, cendres et poussières. Pourtant, jamais une Drow n’aura meilleur endroit pour fleurir et s’épanouir, car telle est notre maison ; Les Dieux en ont décidés ainsi. En cela, aucun Daedhel, ni même Doeben, ne peut le contredire. » Ses paroles furent lancées d’abord sagement, comme d’une leçon amicale puis, avec les mots se durcissait son timbre de voix, devenu pratiquement inquisiteur. D’une certitude accablante, Velkyn s’était exprimé en des termes qui semblaient ancrés en lui comme un dogme qui depuis sa tendre jeunesse, avait été assimilé puis entretenu jusqu’à cet exact moment.
Le trot reprenait en silence et sans trop tarder, alors que la brume s’intensifiait en épaisseur, ils firent leur entrée dans une forêt dont les arbres feuillus étaient munis d’une coloration hors de l’ordinaire, engendré par un automne désormais bien ancré. Du coin de l’œil, Velkyn veillait sur sa protégée qui fièrement chevauchait en entretenant un silence d’or. Étrangement, sans s’en rendre compte, il commença à triturer nerveusement un pan de sa tunique. Une paluche se glissa à l’encolure de son animal immaculé, question de lui faire entendre à ralentir et ainsi, venir se positionner près de Khernal, donnant la tête à une Shynrae qui poursuivait sans en faire de remarque.
« Elle n’a d’importance à tes yeux, mais tu te trompes : tôt elle le sera. Je peux compter sur toi pour intervenir, si jamais les choses tournaient mal ? » Chuchota le Prima envers son compatriote, l’œil brillant de malice, sans en ajouter d’avantage. Et comme de fait, peu de temps après sa messe silencieuse avec le Ditronw’Dare, ils arrivèrent à point nommé. Un quatuor de mercenaires naquit de la forêt, armé et déterminé de mener à terme le contrat qui saurait leur en mettre plein les poches.
Ils n’eurent pas même le temps de porter la première attaque, que Khernal dressa la main en épousant sans doutances, l’idée de les calciner sans autre forme de procès. Quelques braises formaient un berceau au creux de sa main mais se fit rapidement interrompre par le ténébreux Guerrier qui, d’un bras pesant, vint proscrire son aide. « Je veux qu’elle se débrouille. Je veux la voir ou bien souffrir ou vaincre. Qu’elle jouisse de la satisfaction qu’est de terrasser son ennemi. Tout ce que je te demande, c’est de ne pas la laisser mourir. » De vilaines paroles lancées vers son compatriote, masquant un manque flagrant de confiance envers sa protégée. Le combat s’engageait et désormais, Velkyn ne pouvait plus intervenir, trop distancé d’eux pour y arriver à temps. Seul Khernal pourrait rattraper le coup, si la Sirène se faisait couper la queue.
Autrefois, ce plan semblait parfait. C’était simple, certes, autrefois. Elle y aurait laissé la peau et cela ne lui aurait fait ni chaud, ni froid. Mais maintenant ? Alors qu’il en savait d’avantage sur elle, alors qu’il connaissait l’étendu de son potentiel ? C’était risqué.
« Uriz, ouvres les yeux car ta fille s’apprête à te faire honneur. »
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Lun 3 Oct 2016 - 9:18
Aucun ne pu discerner la moue sceptique qui lui altéra le faciès, à demi-masquée par son voile. Poussière et désolation ne lui évoquaient guère une destination attrayante …. Du moins pour ses intérêts géographiques. Shynrae ne savait d'ailleurs que peu de choses du Puy, ni vraiment à quoi s'attendre d'un tel lieu. Etait-il à l'image de ses sombres acolytes, dur et cabossé, dépourvu de fioritures ? Elle devait l'admettre ; il lui serait difficile de renier l'aisance de l'Ithri'Vaan civilisé, aussi Drow pouvait-elle devenir. La finalité de leur voyage lui donnerait déjà un aperçu de cet incertain futur qui s'approchait d'eux à pas de géant. De Sol'Dorn elle ne conservait que d’extrêmement vagues souvenirs, tenant plus pour des faits racontés que de réelles mémoires. « Alors c'est ainsi. » Ponctua l'elfe après son camarade, sans plus de convictions. La présence d'un autre Puysard rendait Velkyn plus fervent qu'il ne pouvait l'être. Jusqu'alors il ne l'avait guère habituée à tant de piété. Certes, le but de toute cette machination était de faire voir à l'inculte Doeben tous les pans de la cosmogonie Eldéene, mais chaque mot s'échappant de sa divine bouche s'inscrivait dare-dare dans sa foi inflexible, mettant Shynrae toujours plus en retrait de leur culture commune ; il était évident que le Ditronw Da're partageait le moindre de ses prêches.
Autour d'eux se profilait bien vite les contours d'une petite canopée qu'ils atteignirent promptement tandis qu'ils cheminaient à une allure pondérée, profitant alors des ombres de la futaie. Draithe suivait sans objection le tracé d'un sentier sillonnant la forêt, sans que sa cavalière ne s'offusque d'avoir pris la tête de leur insolite convoi, ses fauves la talonnant de près. L'intriguant répit de leur avancée cessa après quelques foulées, précipité par l'apparition soudaine d'un groupe de canailles qui leurs barrèrent la route. Sa jument, qui n'avait rien d'une monture de guerre, ponctua son brusque arrêt d'une violente cabrade mettant plus qu'à mal l’assiette de la Sirène, qui se retrouva à fouler le plancher des vaches depuis une position peu accommodante. Le salut de sa faible posture ne vint que de la présence et vive réactivité de ses compagnes, qui bondirent aussitôt sur les assaillants. Étrangement, les seuls accords de cet affrontement n'émanaient que des félidés qui grondaient furieusement entre coups de griffes et de crocs, les brigands, eux, n'objectèrent nul son ni même menace, se contentaient de batailler avec hargne. Un bref coup d’œil en direction de son escorte permit à Shynrae de constater l'impensable ; tous étaient arrêtés, en retrait, et jaugeaient avec une certaine ivresse – surtout pour le Haut-Prêtre – le déroulement du combat. Si l'envie lui prit de quémander l'aide de ses compagnons guerriers, la noirefle réalisa qu'il s'agissait non point d'une hasardeuse embuscade mais bien d'une énième odieuse manigance du Prima. Son regard assoiffé trahissait pleinement son implication dans la manœuvre, laissant la grisonne à un devoir qu'elle n'avait envisagé, ni désiré.
Une estocade infructueuse dirigée vers son flanc avachi la propulsa dans l'impératif de l'action, l'obligeant à se redresser précipitamment et dégainer Sulfurine qui palpitait dans son fourreau. Le martyr de sa jambe ainsi sollicitée manqua de lui faire perdre la conscience, que l'adrénaline de la rixe réussit à maintenir aussi éveillée que vaillante. C'est aussi qu'elle n'avait guère le choix. Par chance, deux des adversaires étaient déjà hors d'état de nuire, l'un se faisant dévorer par Nyx qui lui ôtait sans ménagement ces ultimes onces de vie, un autre rampant lamentablement vers le bas côté, aux confits du trépas au vu de la traînée grenat qui poursuivait son déplacement. Héméra se lança dans le dos d'un des combattants restant, alors que la Grise était aux prises avec le mieux armé de la formation. Ils échangèrent quelques coups que chacun para sans grand effort, alors que la cible du carnassier rendait ses derniers râles dans un chaos de cris stridents, avant que tous deux ne parviennent à percer la défense de l'autre. La lame Irvin s’enfonça sans résistance au niveau de l'encolure du diable, exposant ainsi l'Ondine au jaillissement d'un flot pourpre, tandis qu'elle tombait à la renverse, le flanc tout aussi sanguinolent. « Velkyn ! » Eut-elle le temps d'hurler avant de buter de toute sa hauteur contre la terre et ses multiples caillasses.
Khernal Baenfere
Ancien
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Mer 5 Oct 2016 - 15:28
"La velléité et l’oisiveté sont l’apanage des mauvais mages. La lâcheté et l’incompétence sont celui des guerriers. Mages du C’nros, si vous manquez à ces travers, vous êtes des hommes morts." Doctrine du C’nros.
Sa langue claquait, il persiflait. La peau noirâtre de la Shynrae ne suffisait pas, à ses yeux, à en faire un membre de sa race. Dans une société où le mérite forge les vies, où l’on se tient debout car ceux derrière soi sont tombés, une parvenue n’avait pas sa place. Même avec soie, dorures et parfum. La doeben devrait faire ses preuves pour mériter une once de son estime. Quelque était la valeur que Velkyn observait pour son « estimée amie », jamais cela ne remplacerait ce que Khernal pourrait voir ; il retint une nouvelle marque de mépris et détourna le regard. Pendant leur chevauchée, le Haut-Prêtre du Père des Batailles se révélait dans sa dimension la plus mystique, donnant à chacune de ses paroles une dimension divine, qui en apprenait beaucoup sur le bonhomme. N’ayant eu que rarement l’occasion de le voir dans un milieu si peu formel, le Ditronw Da’re écouta avec attention sermons et allusions religieuses.
Autour d’eux la brume épaisse les enveloppaient, s’enroulaient autour de leur trio et leur empêchait la moindre visibilité dans le lointain ; le sbire du C’nros n’était plus qu’une ombre dans une caverne avant de disparaître. A cette matinale levée, sur les routes la menace n’était jamais lointaine. Loin de s’en inquiéter, le mage raffermit tout de même son attention. Le dialogue entre Velkyn et Shynrae, dont il était finalement le seul destinataire, prit fin lorsque, un regard mutin de Velkyn s’inclina en sa direction, et sa boutade arriva à ses oreilles. Khernal s’esclaffa et lui rendit un sourire taquin.
"– D’autres cuisses que celles de _ plus ou moins ! _ chastes prêtresses sont à conquérir. Tu devrais pourtant être au courant de mes desseins, Velkyn. Une de nos connaissances respectives m’a fait profiter de ses services. Pour un coup totalement exorbitant, cela dit. "
Ce faisant, le Maître du C’nros désigna le lourd paquet à l’arrière du cheval, qui n’avait sans doute pas manqué d’éveiller les curiosités. Sans donner plus amples détails, ils reprirent le trot.
Les vastes plaines Estréventines laissèrent bientôt place à une forêt modeste, qui se parait des plus belles teintes de l’automne déjà avancé. Voyant le Haut-Prêtre s’approcher de lui, Khernal ralentit sa monture, la laissant souffler un peu.
"– Elle n’a d’importance à tes yeux, mais tu te trompes : tôt elle le sera. Je peux compter sur toi pour intervenir, si jamais les choses tournaient mal ?
Le Ditronw Da’re hocha la tête, devinant les projets de son compagnon. Son esprit effleura le sien à ce moment ; Khernal y sentit la détermination caractéristique du Prêtre. Comme annoncés par ces mots, les quatre mercenaires en tenue d’arme déboulèrent sur la route. Le mage tendit un bras, prêt à les arrêter dans leurs projets. Pris par l’ivresse soudaine de la bataille, il avait quitté le recul qui lui était familier, désormais remplacé par son comportement froid des combats. La main de Velkyn l’arrêta alors qu’un sort visait le première ennemi : « Je veux qu’elle se débrouille »
Les deux panthères de la doeben se jetèrent dans la mêlée, efficace à leur manière. Bien vite deux adversaires furent mis hors d’état de nuire, et un troisième allait les rejoindre sous peu. La marchande semblait ne pas trop mal se débrouiller, aux prises avec celui qui semblait être le chef de la petite troupe. Quelques secondes de combats se succédèrent avant que les deux trouvent la brèche dans le même temps. Shynrae, blessée au flanc, tomba à la renverse, entraînant avec son adversaire. Son cri résonna dans la forêt.
Avant que Velkyn n’ait pu se porter au corps à corps, une dague vola et se planta à la base du cou du brigand. Khernal afficha une moue satisfait quand à son lancer.
"– Encore une de tes combines pas vrai ? " adressa-t-il au Haut-Prêtre, en retrait.
Le mage mit pied à terre et se dirigea vers la jeune drow. Il ramassa sa lame dans le corps chaud du mercenaire et s’appliqua à faire remonter Shynrae sur le chemin. Il revint vers son cheval, pour voir que le paquet à l’arrière s’agitait. Avec sa lame encore sanguinolente de liquide pourpre, il déchira le tissu de jute. Il pencha son oreille au dessus de l’entaille, pour entendre l’elfe captif respirer. Puis il remonta en selle, peu soucieux du bien-être du prisonnier.
La forêt s’étira, sans que l’on pisse voir la moindre trace de l’éclaireur du C’nros. Khernal le vit enfin, à la lisière. Il talonna sa monture pour la place côte à côte avec celle du sbire. Le Ditronw Da’re obliqua le regard vers Shynrae, encore couverte de sang, afin que le mage prit conscience de sa bévue. Dégainant une lame de sa ceinture et, dans le même mouvement, projeta son bras en direction du visage drow, il barra le visage de ce qui serait plus tard une cicatrice en travers de la joue de l’incompétent.
"– Incapable. "
Velkyn Xaran
Drow
Nombre de messages : 371 Âge : 36 Date d'inscription : 02/03/2016
Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Lun 10 Oct 2016 - 20:07
Ses paupières se fermèrent, forcées par un je ne-sais quoi qui ne pouvait affronter un nouvel échec. Ou était-ce parce qu’il ne pouvait supporter de la voir criblée de nouveaux maux, suite à cet assaut que le Haut-Prêtre devina d’avance efficace ? Tapis dans la noirceur, les yeux toujours clos, ses oreilles frétillèrent lorsque son nom fut hurlé en panique. Interpellé comme si les conseillers de sa psyché s’étaient manifestés, sa poigne tritura les commandes de son équidé au poil immaculé en le forçant à s’avancer au pas de course. La terre se souleva sous la pesanteur des sabots et piochèrent jusqu’à ce qu’il arrive près de la scène où d’un bond, le guerrier se projeta au sol sans autres cérémonies. Son masque d’indifférence s’était fracturé à l’instant où elle avait lancé cette ultime supplique, laissant place à un Velkyn aux traits presque affligés de la voir ainsi étalée sur le sol terreux et humide. Les gens qui les entouraient s’évaporaient en d’opaques fumées, n’ayant plus de yeux que pour la Grisonne qui, réchauffée par un bain de sang sponsorisé par sa blessure, se tenait le flanc dextre. Ses billes rougeâtres tremblotaient de panique à la voir meurtrie par sa faute, tandis que ses mains ne savaient plus où se positionner. D’un mouvement manquant de fluidité, il ôta sa veste qu’il déchiqueta en de longues lanières de tissus, venant bander l’abdomen de la Sirène afin de panser sa blessure. Sa main rejoignit celle de la victime, près de la blessure encore vive, question d’appuyer avec assez de fermeté pour stopper l’hémorragie. Jusqu’à maintenant, aussi puissant que le Haut-Prêtre pouvait être, son regard n’avait croisé en aucune occasion celui de sa partenaire. Avait-il seulement paru aussi paniqué et faible qu’il était en ce moment ? Pour Khernal, décidément, cette femme devait masquer bien des secrets pour que le chef d’un Culte aussi dominant qu’Uriz s’agenouille à sa dextre pour s’assurer de son bien être. Ses lèvres remuèrent en de silencieuses paroles, qui toutefois parvinrent jusqu’aux oreilles de la Grisonne, se privant de nouveau de la clarté pour demander pardon. « Pardonne ton fils, Uriz. Je me suis trompé, depuis le tout départ je n’ai pas … J’ai tenté de faire d’elle quelque chose qu’elle n’est pas. Son cœur ainsi que son âme brûle ardemment mais point pour la violence, la guerre ou la mort, non. J’ai tenté de faire d’elle ce que je voulais, de la façonner à la manière des guerriers de l’Elda. Sa voie croise la mienne mais ne la jouxte pas, elle trouvera d’autres affinités avec tes filles et tes fils, Uriz. » Seulement ensuite, Velkyn osa affronter son regard qui courroucé comme jamais auparavant, l’aurait occis sur le champ s’il en avait eu la possibilité. Les lèvres serrées de douleur, mais d’avantage encore par la colère, lui cracha un mot en langue noire « Ushdui! » Sa patte d’ours toujours posée contre sa blessure, trépigna de surprise lorsqu’elle vociféra ce mot furibond. Elle se referma d’avantage contre la main de Shynrae lorsqu’elle surenchéri d’un duo de phrase qui le poignarda au cœur : « Je suis bien plus réelle que tes dieux Velkyn. Si j'accepte d'en reconnaître l'existence et d'en adopter les croyances, je pensais que tu ferais de même pour notre intégrité physique. Ce n'est ni Uriz, ni quelque entité du panthéon qui vient de m'attaquer. C'est Toi. » Si seulement il avait trouvait la force de lui dire qu’il l’avait imaginé vaincre ces trous de balle d’un revers de la main, les occire si fort qu’ils n’auraient pas même eut le temps d’en émettre le moindre son … Non, plutôt de lui faire le témoignage de ses songes, il se tut en lui donnant le point. Jamais il ne s’était senti aussi faible, aussi incapable de faire face à ses propres agissements.
Il se redressa finalement, mais point seul ; il porta main forte à Shynrae pour en faire de même et la soulever pour la remettre en selle. Lorsque les sbire s’approcha il les défia d’un regard si mauvais, qu’ils léchèrent le sol des yeux aussitôt de peur de s’attirer ses foudres. « Nous arrivons bientôt, de toute manière … » Lança-t-il simplement, lorsqu’il se mit à guider la monture de la blessée en marchant à sa dextre. Il alla poser confortablement son autre main au sommet de la garde de sa lame, sans rien dire d’avantage. Mais le voir désormais aussi protecteur, laissait croire qu’il s’en voulait, mais aussi qu’il ne laisserait plus jamais quelqu’un lever la main sur elle.
Plus jamais.
Shynrae Irvin Sin'Do'Rah
Ancien
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Mar 11 Oct 2016 - 10:11
La Doeben ne réalisa l'intervention du Ditronw Da're que lorsqu'il descendit de sa monture pour retirer son coutelas de la dépouille encore chaude du bandit. Sans un mot à son égard, ni quelque intention réconfortante, le sombre entreprit de la redresser, probablement afin que ces errements ne retarde point trop leur épopée. Le Haut-Prêtre ne donna guère de chance à la manœuvre, se jetant à son tour à terre, au devant de Shynrae, étendue, qui retenait d'une de ses mains le ruisseau purpurin s'échappant du haut de sa hanche. Tout aussi agité qu'elle, il s'attelait à déchirer des pans de son pardessus pour les appliquer contre l'estocade. Aussi impuissante qu'encore sous le choc, la noirelfe se laissa faire. Si jusqu'alors son compagnon se refusait à l'affronter du regard, trop concentré à la tâche mais surtout fuyant l'imminent courroux, il s'accorda une sorte de prière aveugle, surtout malvenue, qui acheva de libérer la fureur de la Sirène. « Taré ! » Fulmina t-elle, dans un souffle de hargne, d'une voix d'outre-tombe qu'elle même ne s'était jamais entendue exploiter. Le mâle lui pressa la poigne alors que l'elfe enchaînait de déverser son cruel fiel aux oreilles de l'assistance, tant elle ne pouvait contenir sa colère. Velkyn ne répondit rien, ne réagit nullement. Il semblait pis qu'inerte, l'ombre de lui même... Une fois sommairement pansée, les deux Daedhels soulevèrent sa carcasse affaiblie et la remirent sur l'échine de Draithe, qui ne cessait de renâcler depuis la fin du baroud. Quelques tapes affectueuses sur l'encolure de la bête suffirent à la rassurer. Le serviteur d'Uriz à ses côtés, la menant par la bride, ils reprirent leur itinéraire, non loin de l'officielle Route Capitale.
Contrairement aux paroles du Puysard, la troupe n'était guère disposée à rallier Sol'Dorn de suite. Si le voyage se voulait plutôt court pour un périple si culturellement étendu, il leur fallait encore deux belles journées de chevauchée pour voir se profiler dans les campagnes septentrionales les beffrois et autres tours de la forteresse. A l'orée du bois ils retrouvèrent un éclaireur du C'rnos, que Khernal accueillit avec autant de sympathie qu'il n'en dégageait pour Shyn. Cloîtrée dans ses pensées turbulentes, la Grise ne pipait mot et affichait une moue tantôt placide, tantôt bougonne à l'adresse de quiconque osait la quérir. Son mutisme semblait alors contagieux tant l'installation d'un camp de fortune, le frugal souper puis la nuitée se déroulèrent dans un silence de mort. Seuls les jeux bruyants des fauves ponctuaient les respirations contenues. La Marchande en voulait beaucoup à Velkyn, qui n'avait encore daigné s'excuser ou même s'exprimer quant à ses combines. Le Maître des Mages, lui, paraissait tout autant si ce n'était plus fermé encore. Tous deux palabraient de temps à autre, mais ne partageaient guère leurs entretiens avec la femelle. Ces heures passées à ruminer les agissements de son partenaire - ses partenaires même !- lui faisaient trouver le temps atrocement long. Ils n'arriveraient à la cité qu'au lendemain soir.
Khernal Baenfere
Ancien
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn Mar 8 Nov 2016 - 18:09
"On avait dit au mage que les armes étaient pour les forts, la magie pour les lâches, les faibles. Le mage avait répondu : – Mes sorts sont plus tranchants que ton épée, plus forts que ton bras, plus dur que ton plastron. Toi, tu es faible car tu as besoin d’une épée pour me tuer. A cela, le guerrier tira son arme et l’abatis sur le prétentieux. Il mourut dans un gargouillement de sang. "
Humilié par son officier, un éclair de haine passa dans les yeux du mage, et son regard fureta vers les deux drows à l’arrière, espérant qu’ils n’aient pas été témoins de la scène. Espoir inutile ; Khernal avait parlé suffisamment fort pour se faire entendre. Confronté au regard dur du Ditronw Da’re, le sbire baissa la tête et s’éloigna en talonnant sa monture. Khernal le regarda s’effacer dans le lointain. Dans une société où seuls les plus forts vivent et où l’incompétence est proscrite, il ne pouvait laisser passer ce genre d’écart. Et que l’embuscade n’ait été qu’une machination du Haut-Prêtre ne changeait rien. Le jeune drow avait appris une leçon qui ne lui avait couté « qu’une » marque indélébile sur le visage. Là où, au Puy, la mort l’aurait récompensé, il pouvait s’en sentir chanceux.
Se retournant vers son compère de bataille et sa compagne, il eut un hochement de tête accordé avec Velkyn. Son plan avait été une leçon pour tout le monde. Ensemble ils reprirent un trot maintenu.
Deux jours de voyage où le silence prédominait, entrecoupé de quelques palabres entre les Puysard, qui ignoraient volontairement Shynrae. A un seul moment, profitant que le Prêtre se fut éloigné de son amante, Khernal lui glissa quelques mots à l’oreille.
"– Tu as cherché à l’éprouver. Tu sais, maintenant, qu’au Puy elle n’a pas sa place. Si tu tiens à elle, n’oublie pas qu’elle n’est qu’une doeben. "
Il avait craché les derniers mots, mais avait caché son mépris derrière son chuchotement au ton indescriptible. Au vu de l’attitude protectrice nouvelle du drow pour sa protégée, Khernal savait qu’il ne ferait pas changer d’avis à son frère d’arme. Les faiblesses de la Grise Sirène sauterait aux yeux de n’importe quel guerriers, mais lui s’accrochait à elle.
"– Tu sais ce qu’on lui réserve, en Elda. "
Sur ce dernier avertissement il se tut, laissant Velkyn juger pour lui. Ses réflexions l’emmenèrent vers Tahly. Son étreinte lui manquait étrangement. Lorsque l’idée de passer ses envies entre les cuisses d’une Dornienne, il la repoussa immédiatement, sachant que cela ne lui apporterait aucun réconfort.
Les toits de la Cité Reniée apparurent aux yeux des trois Noirelfes. Avec un certain soulagement ils quittèrent leur monture pour les rues de Sol’Dorn. Posant sa main sur l’épaule du membru guerrier, Khernal annonça son propre départ à son affidé collègue. Sans un regard pour la doeben, le Ditronw Da’re avait saisi la bride de l’équidé et s’en allait de par les sinueuses rues bondées.
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Sujet: Re: Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn
Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn