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 Les voix de la discorde [Pv Entité]

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MessageSujet: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeMar 18 Oct 2016 - 22:34

Cinquième jour de la première ennéade de Favriüs de la 9ème année du 11ème cycle


[La veille...]

— Non, ça ne va pas du tout!

Tibéria semblait passablement agacée. Depuis près d’une heure, elle passait en revue l’intégralité de sa garde-robe avec Cassio et une esclave. Tour à tour, ils présentaient les robes que possédait la jeune femme désespérée de trouver une tenue convenable pour les négociations qui devaient avoir lieu le lendemain.

— Et celle-là?

— C’est ma robe de mariée!


— Ah oui, c’est vrai. Je la ferai bruler si c’est là votre désir.

Il la jeta négligemment dans un coin.

— Non! Non, ce n’est pas nécessaire. On pourrait peut-être simplement la modifier pour en faire une autre robe.

Cassio la regarda, dubitatif. Tibéria fit une grimace puis haussa les épaules en signe d’impuissance.

— Bon, ce n’est pas important pour l’instant. Il me faut une robe pour demain et je n’ai rien!

— Et celle-ci? Proposa l’esclave en lui montrant une autre tenue.

— C’est hors de question. Cette robe vient de Thaar. Je ne peux pas me présenter devant eux vêtue comme une étrangère!

— Elle n’est pas particulièrement choquante. Avança prudemment Cassio qui, malgré toute son affection pour Tibéria, commençait à perdre patience.

— Non, mais ils sont bien capables de le remarquer et de me le reprocher. Si je dois me présenter devant eux, ce sera dans des vêtements et des bijoux venant tous de Soltariel.


— Eh bien, si ça continue comme ça, c’est toute nue que vous les ferez vos négociations! Rétorqua Cassio qui, piqué au vif, en oublia la politesse.

— Cassio!

L’ancien esclave rougi.

— Mille excuses, duchesse.

Cassio était réellement mortifié, mais Tibéria comprenait son point. Elle devait arrêter son choix, car il se faisait tard et la rencontre était prévue dans la matinée le lendemain.

— Il me faut une robe de Soltariel. Quelque chose de simple, mais…

— Vous n’allez quand même pas vous présenter devant eux habillée comme une paysanne!

— Cassio! Non, je n’ai pas l’intention d’avoir l’air d’une paysanne, mais je ne veux rien d’ostentatoire. Si je me présente à eux vêtu comme une duchesse alors que je ne suis même pas reconnu officiellement par eux, ils pourraient le prendre comme un affront.

— Avec eux, un éternuement pourrait passer pour un affront.

— Eh bien, j’ai croisé Paolo di Pasi il y a quelques jours et il me semblait être un homme plutôt raisonnable, pour quelqu’un qui… qui fait incendier des cuisines.

Par un drôle de hasard, Pasi était celui qui avait procédé à l’arrestation d’Arichis d’Anoszia. Tibéria l’avait croisé au moment des faits ouvrant du même coup la porte à des négociations.

— Donc vous n’avez pas l’intention de porter votre collier demain?

— Il est effectivement dans la catégorie des choses à éviter pour demain…

Tibéria soupira longuement, oubliant momentanément de bien se tenir. Elle avait rarement été aussi nerveuse à l’exception peut-être de sa nuit de noces, mais c’était un stress différent de celui qu’elle ressentait présentement. L’esclave qui n’avait pratiquement pas parlé depuis le début de la soirée fouillait dans les tenues de sa maîtresse à la recherche de celle qui trouverait grâce aux yeux de Tibéria. Elle choisit une robe qui avait été repoussée dès le début, car Tibéria la trouvait trop démodée. Comme elle l’avait dit elle-même, elle n’avait pas l’intention d’avoir l’air une paysanne.

— Cette robe n’est pas mal. Avança-t-elle prudemment. Elle est facile à modifier pour la mettre au goût du jour et je pourrais aussi faire un joli ceinturon fait avec un peu de tissus de votre robe de marié qui irait juste sous la poitrine pour la mettre en valeur. Avec quelques pierreries brodées ici et là, je crois que ce serait parfait…

Tibéria et Cassio échangèrent un regard alors que la jeune femme attendait, mortifiée, le verdict de sa maîtresse.

— Oui, je crois que ça ira. Dit-elle enfin.

+++++++++

Finalement, elle avait une robe. L’esclave y avait passé une partie de la nuit, mais elle était parvenu à faire quelque chose de tout à fait convenable en respectant les critères de Tibéria : simple sans trop l’être. Elle avait cousu à l’ourlet ainsi qu’un bustier un ruban de tissus brodé de fils d’or absolument exquis. En termes d’accessoire, Tibéria avait opté pour un minimum de bijou en ne choisissant qu’un collier en or avec des boucles d’oreilles assorties. Un esclave était parvenu à maîtriser ses boucles en les coiffant sous la forme d’un chignon relâché. Elle avait fait aménager la salle du trône y faisant installer une grande table où ils prenaient place pour les négociations. Si Tibéria était installée au bout de la table, son fauteuil ne se différenciait en rien des autres. Évidemment, pour une question de sécurité, la garde ducale était également présente, se tenant discrètement près des murs ainsi qu’aux portes, prêtes à intervenir à la moindre alerte.

Ils arrivèrent enfin. Tibéria se tenait à l’autre bout de la pièce, un vague sourire aux lèvres. Elle avait les traits tirés par la fatigue et son teint était plutôt pâle, mais son regard était brillant et alerte. Les derniers jours avaient été grandement éprouvants pour la jeune femme et elle avait apprécié que Pasi tienne sa promesse en faisant taire les émeutiers. La ville était calme, mais ce n’était qu’une trêve de courte durée en attendant que le sort soit définitivement jeté. Évidemment, personne ne s’était attendu à un tel revirement de situation. Tibéria s’était tenue droite et avait fait un choix en étant loyale à son roi. Beaucoup l’avait applaudit, d’autres la condamnaient ouvertement, mais eux? Qu’est-ce que les Vrai Soltari en pensaient? C’était aujourd’hui qu’elle allait le savoir.

— Je suis heureuse d’enfin vous rencontrer. Je vous en pris, prenez place.

Sur la table, des boissons avaient été apportées pour désaltérer les convives. Si les discussions s’étiraient en longueur, de la nourriture avait également été prévue.

— Cette rencontre aurait dû avoir lieu plus tôt, mais les derniers évènements ont fait en sorte que ce fut impossible. Bon, maintenant que nous sommes autour de cette table, je tiens à dire que je ne suis pas là pour juger et condamner qui que ce soit. Je sais que vous avez beaucoup à dire et à reprocher sans doute. Néanmoins, je suis convaincu que nous avons un intérêt commun qui est Soltariel. Ça vous va? Bien, je vous écoute.
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MessageSujet: Re: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 22:17





Première ennéade de Favriüs, An 9.





Les hôtes posèrent chacun leur tour leur paire de billes fureteuses sur cette jeune femme qu'ils étaient venus rencontrer – pour la première fois au regard de certains – au siège même du pouvoir de leur Cité. La salle du trône de la demeure ducale avait été aménagée de façon à accueillir en son symbolique sein les échanges qui mèneraient – ou non, selon leur issue – à statuer de l'entité qui prendrait place sur l'imposante assise dominant le fond de la halle, à laquelle l'héritière Bérontii dévoilait sous le tissu les contours de sa chute de reins. Les hauteurs de la pièce résonnèrent du fracas des bottes contre le sol, ainsi que claquement des portes que l'on referma derrière-eux. Le quatuor de Vrais-Soltarii qui venaient ce jour visiter Tibéria affichaient sur leurs visages brunis de sardoniques sourires, amusés de la tournure – bien qu'à peine entamée – ironique de l'entrevue à venir, peut-être trop sûrs d'eux pour être véritablement honnêtes. Saluant de mouvements de tête les sentinelles qui ponctuaient chaque colonnade, les Suderons s'installèrent aux places jusqu'alors vacantes, soutenant des yeux celle qui était le centre de toutes les attentions.

« Dame Berontii. » Finit par répondre Paolo di Pasi tandis qu'il intimait d'un mouvement impérieux à l'un de ses collègues d'emplir les coupes du moût pourpre garnissant la tablée. « Certes, le plus tôt eut été le mieux pour les affaires qui nous concernent … Il faut croire que jusqu'à son ultime seconde de liberté, l'Anoszia aura été une énorme épine dans nos godasses, à tous. » Ses lippes s'étirèrent plus encore, l'un de ses confrères allant même à s'accorder quelques moqueries alors que l'homme cherchait à sonder les prunelles vives de leur interlocutrice. « Concernant les procès, je dois avouer en avoir déjà bien assez vu, ce en peu de temps. Si je puis me permettre, si vous n'êtes là pour juger, c'est que de la même façon que notre regretté Arichis, vous n'en avez le pouvoir, Madame. »
En le cas présent, c'était même plutôt l'inverse. Par là il annonçait subtilement la couleur. S'il s'était montré complaisant lors de leur dernière rencontre – alors qu'il revenait à Soltariel avec son conjoint captif – voir même compatissant au vu de sa situation, cette fois il ne comptait point la laisser mener le débat, comme la noble semblait décidée à le faire.

« Tibéria. Ne vous méprenez pas. Si cela nous va, je n'aurais exprimé nos conversations ainsi. Nous avons effectivement à parler, point à vous réprimander sur vos agissements. Nul ne devrait dicter la conduite d'une duchesse, n'est ce pas ? Car c'est ainsi que vous vous comportez, depuis notre précédant entretien. J'irai même jusqu'à dire que vous prenez du gallon en la matière, point tout à fait légitimée et s'exprimant déjà comme la Régente de la Cité ! » Ponctuant ses paroles de quelques gorgées, Pasi s'autorisa un taquin hors-propos. « Le vin a la décence d'être de chez nous. » Le seigneur branla du chef vers son voisin, Franco di Celini, aussi taciturne depuis leur arrivée que visiblement obtus à la remarque. Reportant son attention sur la ténébreuse donzelle, il enchaîna.
« Je fais en effet référence à votre plaidoirie de la veille, éclairant la noblesse soltarii de votre décision quant à la nomination de la Dame de Solaria comme ambassadrice, diplomate et conseillère ducale. Si quand on porta la nouvelle à ma connaissance je reconnais m'être senti … floué, j'ai fini par me convaincre que ce choix en était un bon. »
Elle en avait eu l'attitude, dans leur dos, du moins, délivrée de l'étreinte de leur regards. Alors qu'en ce jour elle s'exprimait comme cette timide demoiselle que la vie n'avait point endurci de sa cruauté.

« Nos intérêts demeurent inchangés, les vôtres ... semblent avoir évolués en notre sens, ainsi que celui de la Couronne. Votre prise de position lors du procès de Sire d'Angleroy a achevé de rallier à votre cause les ultimes circonspects de nos rangs. Pour autant, bien qu'il soit clair désormais, que vous n'êtes plus une créature de ce marionnettiste d'Arichis, l'ombre qu'il a jeté sur vous subsiste malgré son bannissement, nonobstant le verdict de l’audience de votre époux,  et ayant à cœur vos imminents projets, pourquoi ne pas profiter de votre visite à Diantra pour ….aviser la Haute-Prêtresse de vos déboires conjugaux ? Voilà qui arrangeait mieux encore nos affaires, oui. »
Les autres n'avaient daigné s'exprimer, laissant à Pasi le bon soin d'initier ces tant attendues négociations.



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MessageSujet: Re: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 11:54


Avant même qu’ils aient ouvert la bouche, il y avait chez ces hommes un net sentiment de victoire qui était impossible à ignorer. Ils s’avançaient dans la salle du trône d’un pas assuré comme des conquérants, Paolo di Pasi ouvrant la marche, venant sceller une victoire par un accord. Ils avaient effectivement gagné par un concours de circonstances aussi extraordinaires qu’inattendue et en les faisant venir pour des négociations, Tibéria reconnaissait en eux une force politique capable de nuire et avec laquelle il fallait traiter pour assurer une paix durable en Soltariel. Évidemment, c’était avec une fierté non dissimuler qu’ils se présentaient à elle, mais Tibéria n’avait pas l’intention de leur donner tout ce qu’ils voulaient sans discuter. Elle était prête à accepter certaines conditions et même faire des concessions s’il le fallait, n’étant pas aussi obtus qu’Arichis pouvait l’être, mais elle avait été la marionnette de l’Anoszia et elle n’avait pas l’intention de l’être à nouveau. D’un seul geste, Pasi invita ses hommes à s’assoir à la table et à servir le vin. La jeune femme en avait elle-même un grand besoin, mais pour les besoins de la cause, elle n’y trempa que les lèvres. S’enivrer devant eux n’était certainement pas une bonne idée.

Si Paolo di Pasi lui avait semblé de prime abord un brin compatissant, Tibéria comprenait maintenant qu’il n’avait affiché qu’une mine de circonstance et qu’elle pouvait mettre en doute sa sincérité. En fait, il avait certainement jubilé au moment de mettre la main sur l’Anoszia et d’être celui ayant précipité sa chute. Sans son intervention, il serait sans doute encore au large, préparant sa vengeance dans les jupes de sa maîtresse.

— Sans votre intervention, les choses auraient certainement trainé encore plus en longueur sans parler de la possibilité de graves représailles sur Soltariel si Arichis était parvenu à réunir ses alliés. Pour ce qui est de mon pouvoir… Elle laissa sa phrase en suspens pendant un bref instant, ne quittant pas des yeux Paolo. Nous sommes ici pour en statuer, n’est-ce pas?

Tibéria parlait calmement et avec assurance. Elle ne voulait pas se laisser intimider, mais elle devait avouer que cet homme avait une sacrée force de caractère qui imposait le respect. Ce n’était pas étonnant qu’il ait réussi à faire tant de bruit en ville et à la mettre sens dessus dessous. Même les hommes l’accompagnant buvaient ses paroles sans dire un mot.

— Vu la situation, j’ai pensé qu’il fallait bien quelqu’un pour tenter de mettre un peu d’ordre et réparer les bêtises qui ont été faites. Je me suis surtout employé à faire disparaître les traces d’Arichis d’Anoszia en vidant le bureau qu’il s’était fait installer. Fouiller dans ses papiers ne m’aura pas donné grand-chose sauf un bilan plus que complet des effectifs militaires du duché.

Évidemment, la nouvelle de la nomination d’Angelina au poste d’ambassadrice s’était rendu jusqu’à eux. Elle avait craint pendant un moment s’être trompé et avoir une nouvelle fois déclenché leur courroux, mais ils reconnaissaient son choix. Il serait faux de prétendre que Tibéria n’était pas soulagée de l’entendre. Elle aurait détesté devoir revenir sur sa décision seulement pour leur faire plaisir. La jeune femme tenait à avoir Ange dans son entourage. Sa gentillesse et son tempérament modéré et sa grande vivacité d’esprit faisaient d’elle une candidate idéale pour ce poste. De plus, elles partageaient également une vision commune pour Soltariel. En tant qu’ambassadrice, c’était un élément à ne pas négliger.

— Je vous rassure, l’idée derrière cette décision n’était pas de vous flouer en agissant dans votre dos. Il se trouve qu’Angelina se trouve déjà en Nanie pour mener des négociations au nom de Soltariel afin de rétablir les liens commerciaux là-bas. Je voulais rendre la chose officielle avant qu’elle ne rentre.


Elle s’abstint de dire que c’était Arichis qui avait eu cette idée à l’origine au cas que ça les fasse changer d’avis. Ils ne pouvaient quand même pas être contre l’idée de voir les opportunités commerciales de Soltariel s’étendre. Si Angelina parvenait à faire entendre raison à ces nains, ce serait une grande réussite pour le duché. Toutefois, Tibéria restait prudente quant aux chances de succès de la jeune femme. Selon ce qu’elle en savait, les nains avaient une dent contre eux en plus d’être particulièrement têtus. Elle avait hâte d’avoir un compte rendu de ce voyage.

Évidemment, Tibéria avait compris que le problème majeur des Vrai Soltari n’était pas nécessairement elle, mais bien Arichis. Arichis voulait le pouvoir et il l’avait presque obtenu. Pire encore, s’il avait réussi son coup d’État, son poids dans l’échiquier politique aurait été plus grand encore. Il avait utilisé Tibéria dans sa quête insatiable, mais il avait sous-estimé la jeune femme. Il pensait avoir épousé une jeune fille facilement manipulable, mais Tibéria avait des valeurs fermement ancrées en elle. Elle était capable de s’affirmer quand quelque chose allait à l’encontre de ce en quoi elle croyait profondément. Elle n’avait pas eu peur de prendre position le moment venu même si le tourbillon qu’elle avait alors déclenché l’avait presque emporté et qu’elle éprouvait des regrets devant l’étendue des dégâts causés. C’était une chose qu’Arichis paie pour son crime, mais que les enfants soient également touchés…

— J’ai été floué par Arichis, mais je reconnais avoir également des torts dans cette histoire. J’ai été sotte de croire que… enfin, ce sont des rêves de petites filles, je suppose. Vous n’avez pas besoin de me demander de divorcer. C’est quelque chose qui est déjà prévu et qui ne devrait pas être difficile à obtenir sachant que j’ai en ma possession la preuve qu’Arichis d’Anoszia avait une maîtresse. Évidemment, comme on me l’a si gracieusement fait remarquer hier, je ne peux pas prouver que quelque chose s’est passé entre le mariage et le moment de sa chute, mais le message était sans équivoque et laisse croire que ce n’était qu’une question de temps avant que ça arrive. Bien que j’espère vraiment que le divorce soit validé, la décision finale revient évidemment à la Haute Prêtresse.

La jeune femme espérait vraiment que le divorce soit prononcé sans plus de remous. La situation la mortifiait déjà assez comme ça. Elle avait été mariée que quelques ennéades et elle demandait déjà le divorce! Quelle image aurait la Haute Prêtresse d’elle? Tibéria n’osait pas y penser. Ce n’était pourtant pas de sa faute! Toutefois, elle trouvait intrigant que Pasi s’intéresse autant à sa situation matrimoniale. En divorçant, Tibéria serait à nouveau libre de se remarier bien qu’elle n’ait aucun désir de le faire dans l’immédiat. Elle avait bien trop peur que toute cette histoire recommence et qu’elle soit à nouveau le pantin d’un autre homme qui aura peut-être plus de chance qu’Arichis cette fois. Cette éventualité la faisait frémir.

— Le divorce prononcé, l’entreprise d’Arichis d’Anoszia à Soltariel sera officiellement terminée et nous pourrons passer à autre chose. Néanmoins, votre intérêt pour mon état matrimonial me surprend un peu.
Elle plissa légèrement les yeux. En fait, non… Divorcée, je serai libre de me remarier. Je suppose que c’est un fait qui vous a effleuré l’esprit, non?

Elle regarda un à un les hommes autour de la table. Tibéria n’était pas sotte à ce point. Pasi n’aurait pas soulevé ce détail s’il n’avait pas son importance dans les discussions à venir. Il avait peut-être même déjà une idée très précise sur la question. Son visage restait impassible, mais Tibéria sentait un nœud se former dans son estomac…
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MessageSujet: Re: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeMer 26 Oct 2016 - 22:17





Le Seigneur du Bétis l'avait laissé s'exprimer en retour, d'une traite, sans interrompre – ou presque, de quelques quintes de toux - son propos comme elle l'avait fait lors de ses primes répliques. L'air détaché devant les essais d'éloquence de cette ingénue suzeraine en devenir, à qui l'on excusait les maladresses par son jeune âge et son éloignement notoire du pouvoir, l'homme cherchait à poursuivre ses manœuvres d'intimidation visant à réduire les ultimes reliquats d'outrecuidance dont la jeune femme faisait preuve. Alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole pour orienter les suites de la discussion, se fut une autre voix qui s'éleva en lieu et place de son timbre chantant.

« Vous étiez alors bien crédule, Ma Dame, pour prétendre et surtout croire qu'Arichis puisse parvenir à ses fins. » Lança sèchement Camatara sans s'inquiéter d'avoir coupé la réplique de l'orateur. « Tout comme lui, vous omettez de prendre en considération ce qui aurait résisté sans mal à vos...projets. Si nous sommes les seuls à nous êtres exprimés, opposés aux combines de votre époux, nous incarnons la Voix du peuple de Soltariel. Peuple dont l'Anoszia n'a jamais eu cure .... ni peur, ce à tord. »

« Giacommo, mon ami. » Poursuivit Pasi en jetant un regard contrarié à celui lui faisant face. « Nous savons tous, autour de cette table, que les possibilités de succès étaient fort maigres, notre chère Tibéria partage désormais cet avis. Et effectivement, vous avez souhaité remettre à plus tard cet entretien quand je vous ai proposé d'en discuter, entretien dont vous connaissez effectivement l'issue. Du moins, la plupart des intentions. » A ces mots, un large sourire traversa la mine jusqu'alors éteinte de Franco di Cellini, qui détacha enfin ses pupilles de glace de son verre vide.
« Permettez moi de vous dire, Dame Berontii, que ce vous faites de votre temps libre au Palais ne nous intéresse guère … Surtout lorsqu'il s'agit de nettoyage de printemps un brin tardif. Est-ce ainsi que l'on opère, en ces territoires d'Estrevent ? Vous n'êtes pas sans savoir que si nous œuvrons à de quiets rapports à leur égard, le Soltaar ne conserve un souvenir agréable de Kahina d'Ys. Ce ne sont point là nos principes que de fermer les yeux et dissimuler les honteux agissements d'un homme fait ogre par l'avidité de sa concupiscence. Nous pensons au contraire qu'il doit servir d'exemple, pour quiconque projette de trahir la Royauté ou les valeurs de notre Cité. »

Les réponses de la belle avaient apparemment attisé les langues, celles-ci se déliant – non sans rudesse -, à mesure que les pourparlers cheminaient.
« Nul besoin de nous rassurer. Ce que nous voulions dire par là, c'est que vous ne vous êtes pas retenue d'agir en conséquence, Tibéria. Et si vos débuts étaient hésitants, vous avez les épaules stables, la carrure solide. Vous avez fait bonne impression auprès de la noblesse. » Les éloges n'avaient que peu de place dans l'échange, Marissi avait été jusqu'alors celui ayant le comportement le plus courtois avec la demoiselle.

« Si je ne puis qu'appuyer les propos de mes confrères, pardonnez leur tact … Personnel. » Chacun voulait avoir son mot à dire au cours de ces négociations, et bien que sur une même longueur d'onde, Pasi ne pouvait empêcher ses camarades d'apposer leur opinion ou de réagir à la défense de celle qui affrontait à elle seule quatre opposants.
« … Ainsi vous affirmez avoir de quoi ...faciliter le dénouement des entraves qui vous retiennent au Dragon Déchu, .. Mh … Oui...Intéressant... » Enchaîna le dignitaire en massant la pointe de son bouc, exagérant l'introspection quant à la révélation. « Néanmoins, permettez-moi plus de retenue que vous n'en accordez à vous même et votre entreprise. Encore une fois, votre exil vous a peut-être ouvert à des mœurs plus...paillardes, mais c'est bien le regard et la grâce de la Damedieu qu'il vous faut attendrir, point celle de son intermédiaire. Ne ménagez point vos prières, Tibéria, Néera reconnaîtra les siens. » Ce jugement là serait d'un ressort tout autre, tant espéré et loin d'être acquis. Si la motivation de la fleur semblait inébranlable, sa foi se verrait soumise à rude épreuve.


Alors celui qui jusqu'alors n'avait pipé mot, à peine esquissé une contestation se redressa pour lui faire face, au terme d'un intriguant silence.
« Vous me perturbez, Tibéria. » Trancha t-il avec fermeté d'une voix aussi froide que son regard polaire. « Tantôt vous vous exprimez comme une dame d'expérience, assurée, aux convictions contagieuses, pour ensuite prendre le voile du candide pantin. L'entreprise d'Arichis était déjà finie qu'à peine elle avait commencé. Comme le disait Paolo, c'est vous qui avez repoussé cette conversation alors qu'il en amorçait déjà la teneur. Et cette dernière fois, vous ne sembliez guère très ouverte à l'idée, pourquoi serait-ce une urgence pour vous maintenant que de vous remarier ? Et d'ailleurs, que savez-vous de nos exigences d'aujourd'hui ? Si nous avons de quoi visualiser vos projets, Dame Berontii, je gage que l'inverse n'est que peu probable, me trompe-je ? » Les mains croisées, Cellini conservait un visage fermé à la moindre émotion.


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MessageSujet: Re: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeMer 2 Nov 2016 - 1:36


Tibéria savait ce qui l’attendait en mettant les pieds dans cette salle. Ces hommes n’étaient pas là pour être gentils avec elle. Ils étaient là pour négocier et ils en profitaient pour la tester. Leur rudesse n’était qu’un infime exemple de ce qui attendait Tibéria à l’avenir. C’est pour cela qu’elle refusait de se laisser déstabiliser par eux et le meilleur moyen de passer au travers de cet entretien sans y perdre trop de plumes était de faire preuve de sincérité. Tenter de passer pour ce qu’elle n’était pas serait aussi stupide qu’inutile. Ces hommes en avaient vu d’autres. Ils n’auraient aucune difficulté à la percer à jour et à la trainer dans la boue le cas échéant.

— Oui, j’ai été naïve. Admit-elle sans détour. Je me suis trompée… Personnellement, je voyais dans ce mariage et dans cette entreprise, et je parle ici de monter sur le trône du Soltaar, l’occasion de réparer les bêtises de ma sœur Margueritte, jeune femme que vous n’avez certainement pas oubliée vu qu’elle a été duchesse. Avant que vous me le demandiez, je ne sais pas où elle se trouve. Des rumeurs rapportent qu’elle se trouverait dans le nord, mais le territoire est vaste alors autant dire que je ne sais rien. Jamais je n’ai pensé que l’on pourrait avoir des problèmes. Arichis me disait de ne pas m’en faire, qu’il n’y en aurait pas, car ses grands vassaux allaient l’appuyer et que tout ça n’était qu’une simple formalité. Je ne me suis pas posé plus de questions, car je n’avais aucune raison de ne pas le croire. Arichis d’Anoszia était un homme puissant à la tête d’une famille puissante et rien ne me poussait à remettre sa parole en doute. De plus, les arrangements avaient été faits par ma tante Octavia et elle n’aurait jamais accepté si elle-même n’avait pas cru cette histoire possible. Sincèrement, tout ce que j’avais en tête, c’était ce mariage. Maintenant que nous avons établi mon évidente naïveté dans les prémices de cette histoire, je crois que nous pouvons passer à un autre sujet.

Tibéria balaya la table du regard comme si elle les défiait d’en dire plus à ce sujet. Apparemment, c’était le moment où les langues se déliaient et tout le monde avait son mot à dire maintenant et la sévérité des opinions variait d’une personne à l’autre. Pasi souligna le fait qu’elle avait repoussé une première discussion entre eux, chose qu’elle ne pouvait pas nier, mais elle l’avait fait pour une bonne raison.

— J’ai repoussé une première rencontre, car je n’étais pas en état de mener des négociations. Je venais de trahir mon mari en refusant d’endosser ses actes. Lui qui m’avait si souvent répéter l’importance de la famille, je l’ai probablement frappé là où ça faisait le plus mal. Suite à cela, j’ai été quelques jours incapables de dormir. Donc, en refusant de discuter, ce n’était pas par désintérêt, mais parce que je devais prendre du recul. Une expression dit qu’il faut battre le fer quand il est encore chaud, mais ça ne s’applique pas à tout.

Elle eut envie de leur dire qu’elle avait planifié de les rencontrer bien avant la déchéance d’Arichis. En fait, dès les premiers troubles, elle s’était mise en tête de les réunir afin d’apaiser les tensions. Les choses ne s’étaient pas passées comme prévu et c’était tant mieux, car Arichis en aurait probablement profité pour les faire arrêter et les déposséder de leurs biens. C’était à l’avantage de tout le monde que cette rencontre n’a lieu que maintenant.

— Sa sentence servira d’exemple, c’est vrai, mais rien ne garantit que quelqu’un d’autre se croyant plus intelligent que lui ne tentera pas un coup semblable. Il faut rester vigilant.


Tibéria ressentait un certain malaise devant la satisfaction évidente de ses hommes face à la déchéance de l’Anoszia. Il avait fait quelque chose de grave, mais comme elle n’était pas du genre à se repaitre du malheur des autres, elle ne prenait aucun plaisir à le voir comme ça. Elle pensait également au reste de sa famille qui payait aussi pour les agissements de leur père. Ayant elle-même été bannie suite aux bêtises de sa sœur, elle comprenait trop bien le désarroi qu’ils ressentaient maintenant.

Parmi ces hommes, les opinions semblaient légèrement diverger. Si certains se montraient volontiers tranchants, d’autres étaient plus modérés, voire presque sympathiques. L’un d’eux en particulier s’exprimait avec courtoisie ce que Tibéria appréciait.

— Je n’ai jamais réellement été éduqué pour ce rôle. Au mieux, j’ai été élevée pour être une épouse, une parure que l’on exhibe dans les salons et qui doit, bien entendu, produire une panoplie d’héritiers. Cette description peut sembler réductrice, mais elle n’en reste pas loin de la réalité. Évidemment, je viens d’une famille puissante et riche. J’ai eu droit à une excellente éducation et les possibilités d’avoir un titre étaient là. C’était avant que Margueritte n’en fasse qu’à sa tête et qu’elle soit, elle aussi, consumée par sa soif de pouvoir. Je me demande si ce trône, à l’image du soleil, ne brule pas lui aussi ceux qui s’y approchent pour de mauvaises raisons.
Un faible sourire étira ses lèvres. Toutefois, ça ne veut pas dire que je ne suis pas apte à cette tâche. J’ai été naïve, certes. Toutefois, j’ai appris beaucoup de façon brutale ces derniers temps et j’ai également compris beaucoup de choses. Gouverner, ce n’est pas une question de jolies robes, de bijoux somptueux et d’une armée de serviteurs prêts à répondre à nos moindres désirs. Ce n’est pas avoir un gros château et un trône comme celui derrière moi où l’on s’assoit pour montrer que c’est nous qui décidons. Non… Gouverner, c’est prendre les décisions que personne ne veut prendre et de vivre avec les conséquences. Je crois avoir fait mes preuves sur ce point, non?

Ils pouvaient difficilement la contredire là-dessus, mais encore là, ça pourrait être surprenant. Tibéria avait fait le choix qui lui semblait juste et qui protégeait la majorité. Elle savait très bien que la cour royale n’allait pas laisser Arichis tranquille et que ce dernier allait offrir une farouche résistance si l’on tentait de s’en prendre à lui. Elle s’imaginait des mouvements de troupes, des soldats mourant pour une cause vide et, surtout, une population prise en otage. Maintenant, elle devait divorcer et si elle devait s’adresser à la Haute Prêtresse, c’est Néera qui allait se prononcer ultimement. Tibéria était un peu vexé qu’on sous-entende que ses mœurs soient devenues plus légères pendant son séjour à Thaar. Pour qui la prenait-il? Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose quand le seul homme du groupe n’ayant point dit un mot depuis le début de cette rencontre parla enfin. Son ton glacial fit tressaillir Tibéria. Il n’avait rien dit probablement parce qu’il attendait son moment. Il y avait quelque chose chez cet homme… Juste à le regarder, on sentait qu’il était quelqu’un de réfléchi qui ne gaspillait pas ses paroles contrairement à Tibéria qui avait la fâcheuse tendance à vouloir déblatérer dès qu’elle était un peu nerveuse comme maintenant.

— Je parlais d’un remariage, car je suppose que ça arrivera un jour, mais en toute sincérité, je n’en ai pas du tout envie. Cette éventualité me terrifie et le mot est faible. Vous avez vu ce qui est arrivé lors de mon premier mariage? Rien n’indique que ça n’arrivera pas encore et que, une fois de plus, je ne serais qu’un gentil pantin manipulé par quelqu’un de nettement plus influent. Oui, je suis fier de mes convictions. Oui, je suis capable d’occuper ce siège pour guider Soltariel dans une ère qui sera, je l’espère, prospère à tous les points de vue. Toutefois, je ne suis pas parfaite, j’ai des doutes et je peux me tromper. Quant à vos projets, Soltariel en est clairement le cœur vu que vous vous posez comme étant les représentants de son peuple. Maintenant, Arichis n’est plus là ce qui vous laisse tout le loisir de négocier, ce qui n’aurait pas été possible avec lui. À peine auriez-vous posé les pieds à l’intérieur du palais que vous auriez été arrêté et vous le savez autant que moi. Ensuite, vous tentez de déterminer si je suis digne d’être ce que je prétends être, ce qui, je suppose, est légitime. Pour ce qui est du reste, je dois vous avouer que je n’en sais rien.
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MessageSujet: Re: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeSam 5 Nov 2016 - 16:08





Si leurs éclats épars semblaient témoigner d'une dissonance, il n'en était rien. Chacune des voix de cette apparente discorde s'élevait pour illustrer les myriades de convictions qui formaient l'avis des Vrais Soltarii. L'un après l'autre, parfois sur un ton plus brusque ou emporté, les nobles s'étaient adressés à la jeune femme afin de l'éclaircir sur le fond de leur pensée, autant par soucis de confidence que de représentation. C'est qu'elle devait déjà s'y attendre, du moins s'y confronter. Les oppositions qui la défieraient ne seraient jamais juste pleinement hostiles, tout comme les cajoleries seulement sincères. Bien que sa défense fut amenée avec une certaine autorité ainsi qu'une fermeté non négligeable, la déroutante intervention de Cellini eut l'effet certainement escompté ; la faire toujours plus descendre du piédestal de ses acquis.
Scrutant ses camarades pour discerner qui allait renvoyer la balle à cette farouche donzelle, Paolo di Pasi se racla bruyamment le gosier pour leur signifier son intention.
« Si nous comprenons ce qui vous a poussé à … reporter notre entretien de ce jour, sachez Ma Dame, qu'il est des perfidies plus acceptables que d'autres. Nous ne sommes point sans cœur, nous ne vous reprochons pas de n'avoir donné suite immédiate à ma proposition lors de l'arrestation d'Arichis. Ce temps nous a permis de notre côté d'y voir plus clair, autant sur la situation que concernant nos desseins.... »

Ce qu'il s'apprêtait lui révéler là, nul n'en savait rien. Et d'ailleurs n'en saurait rien. Détaché du propos du seigneur, l'impassible Franco – certainement occupé à mûrir la réplique de Tibéria – trancha la tirade de son confrère par un nouvel aigre assaut.

« Il n’existe aucune espèce de garantie pour se prémunir de dégénérés de son genre. Ce que nous pouvons faire de mieux, c'est de ne point laisser le trône vacant, et désigner avec plus de finesse qui y siégera. » Lança t-il sur la même corde gelée, reprenant comme point par point les réponses de l'héritière. « Si vos mots sont justes, reconnaissez que votre définition est incomplète. Gouverner c'est aussi prendre les décisions que l'on doit prendre. Pour l'heure, la seule du genre était de réfuter au vu et su de tous votre soutien jusqu'alors indéfectible à l'Anoszia, vous exprimant alors pour la première fois par vos propres moyens, votre propre voix. Vos preuves sont encore à faire, mais j'admets que vous possédez l'étoffe pour officier comme duchesse. C'était une grossière erreur que vous considérer ainsi, Tibéria, un vulgaire falbala ne manifeste point son avis. Preuve en est votre abjuration publique, autant je pense, par sincérité que vous sauver votre jolie tête.
Et, … En ce qui concerne les agissements de votre sœur, vous vous doutez bien qu'aucun rapprochement ne nous a effleuré l'esprit, sinon nous ne serions là à disserter de votre place à la tête du duché. 
»
Laissant l'assistance pantoise au regard de ses propos mordants, l'homme s'envoya une rasade de sa coupe avant de s'extraire de son assise et se dresser de toute sa stature.

« Posséderiez-vous des dons divinatoires, Tibéria ? Pour en être ainsi convaincue. J'espère que vous avez conscience que vous êtes tombée sur ce que la Péninsule avait de pire à vous offrir. Oh, non pas qu'il n’existe point d'autres ambitieux prompts à user de vos titres et votre minois pour étendre leur influence, nous autres, créatures de Néera restons faibles devant ce que le destin nous fait miroiter. Nul besoin d'être parfait, comme vous dites, quel seigneur pourrait se targuer de telle vertu ? Gardez à l'esprit que vos hésitations ne doivent altérer votre jugement, ainsi que la dignité de votre menton, que l'on vous a appris à baisser au moindre claquement de doigt. Tout cela est derrière vous, maintenant. » Il reprit sa respiration, tournant le dos à la tablée pour s'avancer vers les hautes fenêtres avec nonchalance.
« Soltariel sera toujours, en effet, notre priorité. Ainsi que la votre, Dame Berontii. Car vous y régnerez. Tout comme nous en avions initié le projet, vous épouserez l'un des nôtres, une fois que la Damedieu aura pardonné vos égarements. Le Chef des Vrais Soltarii, afin que les ultimes relents de contestation volent en éclat. »  

Les brillantes prunelles de la demoiselle se posèrent sur Pasi qui répliqua par un large sourire amusé.
« Moi-même. » Acheva Cellini en se retournant pour la dévisager. « Marissi, ici présent, vous accompagnera à Diantra assister à l'élévation de la Haute-Prêtresse. Autant comme escorte que … Gage de votre bonne volonté. »



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MessageSujet: Re: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeDim 6 Nov 2016 - 11:41


Tibéria se maudissait intérieurement de ne pas avoir la même assurance à toute épreuve que manifestait ces hommes assis devant elle. Ils en avaient vu d’autres et étaient rompus aux affaires de la politique contrairement à Tibéria qui apprenait sur le tas. La leçon était difficile, bien plus que tout ce qu’elle avait vu avant, mais elle apprenait. Chaque rencontre et chaque discussion étaient autant d’occasions pour elle d’assimiler ce nouveau rôle. Elle avait encore beaucoup de travail à faire, mais ce n’était pas impossible à condition qu’on lui offre un soutien. Ça, c’était aux Vrai Soltari d’en décider.

Les discussions continuèrent. Tibéria écouta avec attention les paroles de Celini. Celui qui n’avait pas dit un mot au début s’exprimait maintenant sans retenue. Son ton était toujours froid, mais plus il parlait, plus Tibéria sentait un poids lentement disparaître de sur ses épaules. Son cœur battait plus vite dans sa poitrine sous l’effet de l’excitation. Était-il en train de dire qu’ils la reconnaissaient comme la nouvelle duchesse de Soltariel? Oui, c’était bien cela, mais ça aurait été trop facile sans imposer de condition et elle ne tarda pas à venir. Au fond, Tibéria le savait depuis le début qu’il serait question d’un remariage. Elle s’en doutait, mais elle ne voulait pas y penser. En fait, il en avait été brièvement question lors de sa rencontre avec Pasi lors de l'arrestation d'Arichis. Il avait parlé d'un Soltari, ce qui impliquait n'importe quel homme venant de Soltariel et pas nécessairement l'un des Vrai Soltari. Ils avaient décidé de joindre l'utile à l'agréable. N'étant pas réellement préparé à cela et considérant ce qu'elle avait dit un peu plus tôt à propos du mariage, l’entendre de la bouche de Celini lui causa un tel choc que son visage en perdit ses couleurs. Elle le regarda les yeux écarquillés comme si l’on venait de lui donner un coup dans le ventre. Pendant un bref instant, elle en perdit toute contenance et tout un flot d’émotions traversa son visage, dont la surprise et de désarroi. Ce n’était probablement pas une bonne idée de le dire à voix haute, mais c’était un plan qui aurait été digne d’Arichis d’Anoszia. En fait, leur approche n’était pas tellement différente du dragon déchu : ils approchaient Tibéria et lui offraient leurs appuis pour le trône conditionnel à un mariage avec le chef de leur groupe. D’ailleurs, ce détail la frappa avec tant de violence que lorsqu’elle ouvrit la bouche pour parler, la seule chose qui lui vint à l’esprit fut ces mots.

— Vous êtes le chef des Vrai Soltari?

Elle regarda Pasi sans cacher sa surprise puis à nouveau Celini en se demandant si elle n’avait pas raté un détail important quelque part. Toutefois, il y avait plus important que la véritable identité du chef. On lui imposait comme condition un mariage alors qu’elle venait de dire qu’elle n’avait pas envie de se marier pour des raisons évidentes. Si elle refusait cet arrangement, c’était le retour à la case départ. Elle pouvait toujours tenter de les prendre de vitesse et de les faire arrêter, tuant dans l’œuf leurs projets. La garde était ici. Si Tibéria le leur ordonnait, ils allaient l’écouter, non? Voilà, elle n’en était pas certaine. Si elle se levait en hurlant des ordres et qu’aucun ne bougeait le petit doigt, là c’est vrai qu’elle perdrait tout. Elle pouvait aussi simplement refuser, mais qu’est-ce qui se passerait ensuite? La ville serait-elle à nouveau assiégée par les manifestants? Pire encore, est-ce que la garde était de connivence avec eux et allait l’arrêter tout simplement? À ce point-là, plus rien ne la surprendrait. Non, une fois de plus, elle devait faire un choix. Il n’était pas plaisant, mais il lui était possible d’imposer aussi des conditions. Tibéria inspira profondément en rassemblant ce qui lui restait de sang-froid tout en résistant à une forte envie de hurler.

— Je vois… Êtes-vous certain de vouloir m’épouser? Je ne parle pas de ce que vous allez en retirer, mais le mariage implique beaucoup de... choses.

Tibéria pensait à la cérémonie, à la procession ininterrompue d’invités se courbant devant le couple nouvellement uni. Ces visages, elle les connaissait tous. Ils étaient là la première fois, ils seraient là la seconde fois. Qu’allaient-ils en penser? On parlait déjà dans son dos, des rumeurs contre lesquelles Tibéria ne pouvait pas grand-chose. Ça n’allait certainement pas aider sa cause et Celini sera probablement lui aussi un peu éclaboussé dans le processus. Un mariage impliquait aussi… Oh bon sang… une autre nuit de noces. Tibéria allait tourner de l’œil. Des points noirs dansaient dangereusement devant ses yeux ce qui n’était jamais un bon signe. Elle s’agrippa au rebord de la table qu’elle serra à s’en faire blanchir les jointures. Elle ne devait pas faillir. Tibéria le fixa en plissant légèrement les yeux et en prenant son air le plus solennel possible. Par Néera, que sa voix ne tremble pas!

— D’accord, j’accepte ce mariage, commença-t-elle d’une voix étonnement calme quoique un peu désincarné, mais à certaines conditions. Premièrement, je veux un délai. Il n’est pas question que vous sortiez d’ici pour crier sur la place publique que vous allez m’épouser. Je veux que l’on attende à la fin de Favriüs avant d’en faire l’annonce officielle. Ensuite, le mariage pourra avoir lieu avant la fin de l’automne ou au début de l’hiver. Nous discuterons des détails lorsque nous en serons là. Deuxièmement, par ce mariage, vous vous engagez à me reconnaître comme la duchesse, ce qui implique que vous serez mon consort avec tout ce que ça implique. Troisième et dernier point : jurez sur votre honneur devant moi et tous les hommes ici présents que par se mariage, vous vous engagez à protéger et à guider Soltariel au mieux de vos capacités et que vous ferez toujours passer les intérêts du duché et de ses habitants avant vos propres ambitions. En contrepartie, je m’engage à vous traiter comme mon égale, car même si officiellement vous serez mon consort, je vais faire confiance à votre jugement et vous serez aussi impliqué que moi dans les décisions à venir, pour le meilleur et pour le pire. Actuellement, vous comprenez, je l’espère, je ne suis pas dans les meilleures dispositions qui soient et je ne suis pas un morceau de viande que l’on peut disposer selon vos envies. Si ces conditions sont acceptables à vos yeux et que vous n’avez rien de plus à ajouter à ses négociations, je crois que nous pouvons disposer.

Tibéria hésita un moment, le regard fixé sur Celini.

— Si vous le désirez, pendant mon absence, vous pouvez venir vous installer au palais. Ça sera l’occasion d’apprendre à nous connaître… je suppose.

Ce mariage risquait de ne pas être agréable. Non seulement Tibéria le voyait venir de loin avec ses intentions, mais il lui faudra du temps avant de lui faire confiance. La seule chose qu’elle pouvait espérer maintenant c’est qu’il en soit parfaitement conscient et qu’il n’était pas uniquement le requin qu’il prétendait être actuellement.
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MessageSujet: Re: Les voix de la discorde [Pv Entité]   Les voix de la discorde [Pv Entité] I_icon_minitimeLun 7 Nov 2016 - 21:44





La surprise avait eu grand effet. Si les autres semblaient en tirer un certain contentement, Cellini, lui, demeurait ferme. L'entretien avait effectivement été amené sous la doucereuse appellation de négociations,  mais l'affaire se voulait plus complexe et subtile que cela ; Tibéria était d'ores et déjà Duchesse, et ce n'était point en loyaux vassaux que les Vrais Soltarii s'étaient présentés à elle, mais bel et bien en acteurs d'une contestation dont ils comptaient effectivement défendre le nom ainsi que les intentions. Cela, elle avait apparemment grand mal à l'intégrer. Le Seigneur du Bétis laissa de longs silences entre chaque intervention de la jeune femme, l'intimant alors à poursuivre et mener son propos à terme. Silencieusement, anodinement presque - alors qu'elle leur soumettait quelques naïves doléances – il reprit place pour la toiser d'une similaire hauteur. Ils ne lui étaient aucunement hostiles, et avaient conscience que ce qui avait été fait, décidé et titularisé ne pouvait être remis en cause, pour autant, il était hors de question de céder aux caprices d'une donzelle rêveuse en mal d'idéal. Autant lui couper les ailes au sortir du nid que de la laisser se faire abattre en plein vol.

« Il vous arrive de faire preuve d'habileté d'esprit, ou peut-être d'observation, Tibéria. » Répliqua t-il sèchement, comme agacé. « Et si c'était le cas, qu'est ce que cela changerait pour vous ? La portée des titres vous allèche t-elle autant que l'Anoszia, pour vous en inquiéter de la sorte ? Je suis effectivement le meneur de cette communauté, dans la mesure où il en faut un. L'avis de mes pairs m'est aussi précieux que mes propres idéaux. Et, dans cette histoire, il n'est nullement question de désir d'épousailles, pensez-vous sérieusement qu'il existe encore des alliances forgées autrement que par les intérêts ? Les responsabilités qui nous incombent empêchent tout bonnement cela. C'est le cas , d'ailleurs, de celle qui vous garrotte encore et toujours au serpent renégat. »
Ses doigts se croisaient puis se séparaient en un preste jeu trahissant sa probable contrariété. Ses traits impavides se durcirent un peu plus, une pointe de rouge orageux sembla illuminer un instant le cobalt de ses pupilles.

« Écoutez, Tibéria. » Reprit Cellini après avoir laissé planer un inconvenant arrêt, étudié. « Il est des choses dont vous venez de vous égosiller déjà aux ordres du jour. Quel valeur aurait-alors la promesse de faits présentement au cœur de nos préoccupations ? Vous savez comme moi que c'est la cité ainsi que le duché qui m'importent, nous importent d'ailleurs. Si vous en doutiez, Dame Berontii, c'est que vous n'avez point saisi notre cause. »
Cela était palpable, Camatara était lui aussi courroucé par les suppliques du tendron, de façon moins adroite que son comparse. Il avait menacé à plusieurs reprise, par de furieux grognements, d'objecter le discours de Tibéria bien avant qu'elle ne l'ai terminé.

« Je ne m'égarerai pas sur votre …. clémence. Et si vous convenez à cette union, vous n'avez guère le choix. Ne vous leurrez pas au sujet du pouvoir que vous pensez entre vos délicates mains. Peut-être devrions-nous même vous rappeler que si vous êtes et surtout restez Duchesse, c'est parce que nous vous y autorisons. En aucun cas car nous nous soumettons. Cependant, je m'engage comme vous le réclamez, à devenir votre consort, au regard de ces arrangements qui unissent nos attachements communs. Sachez aussi que, il n'est guère dans notre intérêt de révéler au monde la teneur de nos compromis, surtout au su de votre indisponibilité notoire. Ce délai que vous réclamez sera effectivement nécessaire, pour que vous meniez à bien cette entreprise de répudiation. Cela vous laissera le temps, je suppose, de vous faire à l'idée. L'oie blanche d'autrefois enchaînée au corbeau noir Arichis pourrait bien prendre son essor …. » Sa phrase disparut en un soupir, presque une rhétorique adressée à lui-même. Les quatre nobles se levèrent alors dans le vacarme des raclement de chaises, pour chacun leur tour l'honorer d'un urbain baise-main en prenant congé.

« L'invitation me flatte , mais, nous aurons tout le temps pour cela, lorsque le moment sera venu, et adéquat. » Acheva Franco en portant la main frémissante de sa désormais promise à ses lèvres figées.

Fin


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